SEPULTURA: Sepulnation – the studio albums 1998-2009

Thrash, Brésil (BMG, 2021)

Après un plus que très positivement remarqué Quadra, leur dernier album studio, et une compilation plus qu’intéressante (Sepulquatra, 2021) il est clair que la carrière de Sepultura a encore de beaux jours à vivre. Alors pourquoi ne pas jeter un coup d’œil dans le rétro? C’est ce que nous proposent aujourd’hui les Brésilien avec ce coffret minimaliste des 5 premiers album enregistrés par le géant Derrick Green après la séparation plus que virulente d’avec max C. Les fans et/ou retardataires pourront ainsi (re)découvrir Against (1998), Nation (2001), Roorback (2003), Dante XXI (2006) ainsi que A-lex (2009) dans des versions remasterisée. Les amateurs du groupe le savent: si, sur ses deux premières offrandes période Green, et malgré une puissance de feu sans doute encore plus puissante, on sentait la nouvelle formule se chercher – impossible de ne pas comparer ces nouveautés d’alors avec l’incontournable Roots (1996) – Sepultura commence à retrouver confiance en ses capacités avec Roorbach (sans doute le plus intéressant puisque le CD a été agrémenté du Ep Revolusongs) et plus encore avec Dante XXI sans toutefois atteindre le niveau d’avant. Mais peu importe, l’acharnement, les concerts explosifs, la gnaque et l’aura de Green permettront à Paulo Jr. et Andreas Kisser – ceci sans doute aussi allié aux choix pas toujours judicieux des frangins Cavalera dont un Max qui s’éparpille dans de (trop) nombreux projets – de rattraper leur retard et retrouver une place sinon sur e podium parmi les formations majeures du thrash, en tout cas, devant un Soulfly en perdition. Ce coffret sans fioriture (pochettes papier et CD sans aucun livret – un mini « récap » avec quelques photos d’époque aurait pourtant été agréable) va à l’essentiel (bon, il y a quand même plus de 80 titres) et est un bon moyen de se remémorer cette période de trouble dont le quatuor semble désormais bien loin. Les fans purs et durs se jetteront, eux, sur la version 8 vinyle de celle même compilation qui ne propose toutefois rien de plus…

Publié dans CD.

Interview: EXHORTED

Interview EXHORTED – Entretien avec Yves (chant). Propos recueillis par téléphone le 15 octobre 2021

Metal-Eyes : Je ne connais aucun de vos dix albums précédents (il se marre), par conséquent, peux-tu me raconter l’histoire du groupe ?

Yves : En fait, c’est le premier album… C’est un nouveau projet qu’on a monté il y a trois ans, juste avant le Covid. C’est un projet qu’on a monté à deux, d’où la pochette, l’illustration. On a pris le processus à l’inverse : on s’est dit qu’on était deux, qu’on avait ce qu’il faut pout au moins enregistrer une bonne démo, ce qu’on a fait et le reste a suivi. On a composé à deux, et ensuite, on s’est lancé dans les autres étapes avec Lionel. Eduardo est arrivé après. C’est Kevin, de Benighted, qui s’est occupé des batteries. Eduardo est arrivé après, mais c’est un membre à part entière du groupe, et c’est lui qui va assurer le live.

 

Metal-Eyes : Sur l’album, il est fait mention de 3 membres, chant, basse et batterie. Pourtant, sur ce disque, il y a quelques guitares, pas trop (il se marre de nouveau), qui s’en est chargé ?

Yves : Un guitariste de session. Pour le moment, le line-up n’est pas complet, on est en cours de recrutement. On se donne encore un mois pour trouver le bon.

 

Metal-Eyes : Comment décrirais-tu la musique d’Exhorted à quelqu’un qui ne vous connait pas ?

Yves : On inclut différents styles, mais, puisqu’il faut une étiquette, on est death metal. C’est du death, avec des influences diverses. Maintenant, quand on a composé, on l’a fait de manière totalement libre, en nous demandant simplement ce qu’on aime, ce qu’(on voudrait faire. On n’a pas vraiment réfléchi au style…

 

Metal-Eyes : Je trouve que, aussi bien dans le visuel que dans la musique, c’est aussi très hardcore…

Yves : Ah, oui ? intéressant ! Je pense que chacun peut avoir une perception différente du style. L’important, c’est que ça tape du pied et que ça secoue la tête !

 

Metal-Eyes : A mon avis, jusqu’à casser des nuques !

Yves (il explose de rire) : C’est ce qui se dit sur les réseaux sociaux, en ce moment, « casser des nuques » !

 

Metal-Eyes : Qu’avez-vous voul mettre dans cet album ?

Yves : Laisse-moi te dire : nous, on est des vrais fans de metal. On a voulu mettre ce qu’on aime, mais pas n’importe comment, pas dans un patchwork, non. On a voulu créer des atmosphères et des ambiances. On a mis des blast beats et des choses plus lourdes, on a mis ce qu’on aime, mais surtout, on les a équilibrées. Tu ne m’as pas encore posé la question, mais on l’a composé pendant la période Covid en nous demandant comment, pendant cette période pas drôle, on pouvait aller vers du positif.

 

Metal-Eyes : Je ne t’ai pas posé la question, mais en fait, je n’allais pas le faire, je n’y avais même pas pensé… Mais c’est bien, tu apportes la réponse. D’ailleurs, si tu veux, tu peux faire les questions et les réponses, c’est ton album !

Yves (rires) : C’est mieux si ça vient de toi !

 

Metal-Eyes : Il y a 9 titres sur cet album. Si tu devais n’en retenir qu’un pour expliquer ce qu’est Exhorted à quelqu’un qui ne vous connait pas, ce serait lequel ?

Yves : Oh, dur… J’adore les 9 titres. Chacun a un rôle à jouer…

 

Metal-Eyes : Je le comprends, mais tu dois inciter quelqu’un à aller plus loin. Un titre, tu lui dis : « écoute-ça, c’est ce qu’on fait ». Lequel ?

Yves (il réfléchit) : Ecoute, j’opterai pour Haunted house. C’est un peu un mix de tout ce qu’on a voulu mettre sur cet album, les atmosphères, les ambiances, on a voulu les faire cohabiter de manière naturelle. Même si Haunted house a un démarrage ultra bourrin, il est représentatif de ce qu’on fait, même s’il manque un peu de ce côté death mélo qu’on retrouve quand même. Ouais, ouais, Haunted house !

 

Metal-Eyes : Je trouve que, comme tu le disais, il n’y a pas que des parties speed et brutales, il y a des ambiances variées, lourdes et plus calmes, qui permettent aussi de respirer un peu.

Yves : Absolument. Il faut ça. On voulait faire cohabiter ces ambiances qui ouvrent sur d’autres choses, ça a fait partie de notre manière de travailler. Le Covid, tout ce temps qu’on avait à notre disposition pour composer, ça nous a drôlement aidés ! On a pu tester un tas de choses.

 

Metal-Eyes : Vous avez donc pu optimiser cette période compliquée pour tester et choisir ce qui finirait sur l’album.

Yves : Tout à fait, c’est complètement ça. On a fait les choses à l’envers, et ça a surpris des gens : on a travaillé avec un guitariste de sessions, un batteur de sessions, aujourd’hui on a un batteur, et le guitariste c’est pour bientôt. On a su utiliser la situation qui existait à ce moment-là…

 

Metal-Eyes : Vous parlez de quoi dans vos textes ?

Yves : De la vie… j’écris sur ce que je ressens, l’amitié, Haunted house parle des gens qui se barricadent derrière des murs infranchissables, God is mine, comme son nom l’indique, dénonce les côtés malfaisants de la religion, You’re my world est un morceau que j’ai écrit pour nos enfants… C’est un morceau que je voulais mettre sur l’album parce que quand on devient papa on n’est plus le même homme. Tous les thèmes qu’on aborde, c’est du quotidien.

 

Metal-Eyes : Y at-il des thèmes que vous souhaitez ne pas aborder, qui n’ont pas leur place au sein d’Exhorted ?

Yves : Non… non, je ne vois pas. L’intolérance n’a pas sa place, mais on estime que si tout le monde était un peu plus heureux, on aurait une société qui serait un peu plus heureuse…

 

Metal-Eyes : C’est une belle philosophie un peu utopiste…

Yves : Je suis d’accord. C’est un peu ce que je pensais quand j’avais 20 ans : « oh, dit, ce sera super dans 20 ou 30 ans ! On aura dégagé ça, ce sera plus pareil » et on se rend compte que c’est toujours là et c’est pas cool…

 

Metal-Eyes : Donc tu fais partie de ces personnes qui, comme moi, pensent que Les resto du cœur c’est quelque chose qui ne devrait plus exister ?

Yves : On est bien d’accord. Ça me fait mal au cœur de voir que les choses empirent…Pour revenir à ta question, on peu aborder tous les sujets. Je m’interdis de dire que je n’aborderai pas ça ou ça…

 

Metal-Eyes : Donc tu pourrais même aborder Donjons et dragons…

Yves (rires) : Oui, ce serait possible dans un prochain morceau : l’apport de Game of thrones, de ce que j’aime dans les TV shows, oui, pourquoi pas !

 

Metal-Eyes : Peux-tu penser à une devise qui serait représentative d’Exhorted ?

Yves : Euh… Puissant, généreux. On joue de la musique puissante et on veut tout donner sur scène. Mais une devise ???

 

Metal-Eyes : On peut garder les deux mots et dire « puissance et générosité ».

Yves : Puissance et générosité, voilà, on garde ça !

 

Metal-Eyes : Une dernière chose : qui sont ces vieux bâtards qui ne meurent jamais ?

Yves : C’est le titre de l’album. En fait, c’est un titre à deux niveaux : c’était pour marquer le retour des deux vieux que nous sommes, qui ont eu des expériences musicales antérieures. Pour marquer notre « retour aux affaires ». Et aussi pour marquer le fait que beaucoup de belles personnes, de bonnes personnes partent trop tôt, contrairement à certaines saloperies qui restent trop longtemps.

HEAVY WATER: Red city brick

Angleterre, Hard rock (Silver lining, 2021)

Tiens donc, nous étions passés à côté de celui-ci? Décidément infatigable, le père Biff Byford qui nous avait livré un School of hard knocks en 2020 ainsi qu’ Inspirations, le dernier album de Saxon composé de reprises en 2021. Heavy water voit l’inusable chanteur s’allier à son fils, Seb, déjà auteur en 2020 de Lost art of conversation, le premier album de son groupe Naked Six. L’alliance père-fils ou « comment nous occuper en temps de pandémie » fonctionne plutôt bien. Biff reprend ici la basse, Seb retrouve sa guitare, les deux se partageant le chant au travers de 10 titres aux influences variées. Du heavy répétitif (Solution) au très soft et 70’s (Follow this moment) en passant par des moments plus bluesy (Red city brick) ou plus actuels (Personnal issue n°1) ou au final trépidant (Faith), la famille se fait plaisir, simplement, sans chercher à réinventer quoi que ce soit. Ce Red city brick – qui se veut dans la continuité de School of hard knocks – se laisse écouter avec aisance. Le duo se trouve, se complète et se fait simplement plaisir. C’est tout ce qu’on demande avant un nouvel album de Saxon qui ne saurait tarder!