SWARM: Mad in France

France, Metalcore (Autoproduction, 2023)

Mad in France est la nouvelle déflagration des Frenchies de Swarm. Un Ep de 6 titres qui foncent dans le tas, mélangeant metalcore et hardcore. Dès Another Choice, il est clair que ces gars sont dignes d’enflammer une Warzone de vouçavékelfestival tant la puissance du propos musical a tout pour faire craquer les nuques. Ca bastonne à tous les étages tout en lorgnant vers un thrash à la Slayer des débuts, du punk anglais ou un heavy d’antan. Malgré son titre qui sonne japonais, Sanbiki no saru est une explosion chantée en français. La rage vocale, d’ailleurs, ou plutôt la colère déterminée est en parfaite adéquation avec des compositions parfaitement maitrisées. Swarm nous avait épatés avec son précédent opus, les gars confirment ici leur potentiel. Si la puissance d’exécution est toujours là, le groupe sait varier ses interprétations en allant chercher des moments plus… heu… »calmes » pour mieux repartir. Et diantre que ça joue! Imparable de bout en bout, ce nouveau CD, bien que court, pourrait bien faire franchir à Swarm un pas décisif.

RED CLOUD

France, Hard rock (Autoproduction, 2023)

Formé en 2018 à la suite de la rencontre entre la chanteuse Roxane Sigre et le guitariste Rémi Bottriaux, Red Cloud ne stabilise son line-up qu’en 2021 avec l’arrivée, dans le désordre, du bassiste Maxime Mestre, du batteur Mano Cornet Maltet et de l’organiste Laura Luiz. Ce qui est une évidence dès The battlefield, le premier morceau – même avant, il suffit de se pencher sur le livret pour avoir quelques indicateurs – le groupe puise son influence au cœur du rock quelque peu psyché des années 70. Bien sûr, l’orgue évoque immanquablement Jon Lord et Deep Purple (qui a dit « redondance »?), les guitares cherchent du côté bluesy de Led zep ou plus heavy chez le Sab’, mais il y a bien plus. On ne s’encombrait guère d’étiquettes restrictives en ces temps immémoriaux où tout était prétexte à explorer de nouvelles sonorités. Il y a ici des clins d’œil à Janis Joplin ou, plus encore, Patti Smith dans le phrasé vocal, la gentille folie allumée du Greatful Dead, la marque pure rock d’AC/DC. Et on a de quoi rire en lisant le dossier de presse qui évoque des « influences plus modernes (DeWolff, Monster Truck ou Rival Sons) ». Si eux ne sont pas typés 70’s… Rien de surprenant, donc, et Red Cloud perpétue ce revival 70’s avec plus que brio. Le chant anglais est parfaitement maitrisé, la production est au top permettant à chacun des membres du groupe de s’exprimer librement. Les fulgurances guitaristiques sont mise en concurrence par des claviers hypnotiques et une voix chaleureuse. Avec ce premier album éponyme, Red Cloud a tout pour frapper un grand coup et séduire bien plus que les fans de 70’s. Quand la musique est bonne… C’est une de mes premières grosses claques de ce début d’année.

PRAETOR

France/Luxembourg, Thrash (Meatal East, 2023)

Praetor déboule à 200 à l’heure avec un premier album de thrash ultra speedé et redoutablement efficace. Amateurs de finesse, passez votre chemin, même si cet album en est bourré. Le son clair, le chant puissant et éraillé, les guitares qui cisaillent, les doubles grosses caisses, tout est réuni pour que les crinières s’agitent et que se brisent les nuques. De No return à Distant road, Praetor ne laisse pas une seconde de répit. Ca tabasse dans tous les sens avec une violence contrôlée et salvatrice. Il y a tout au long de cette sublime carte de visite des références et influences incontournables puisées dans le metal old school et le thrash des grands jours. On pense aussi bien à Death Angel que Nuclear Assault, Sepultura, Machine Head ou encore, dans certaines structures à Slayer ou même Maiden. La précision et la vitesse d’exécution sont d’une imparable brutalité – ces guitares de Noémie Bourgois me rappellent la folie de Sibylle Colin Toquaine (Witches) en plus rapide encore. Le groupe aurait pu speeder pied au plancher et foncer droit devant écrasant tout sans pitié mais a l’intelligence de ralentir par instants apportant ainsi quelques moments de respiration bienvenue. Formé en 2019, le quatuor fait preuve avec ce premier album d’une maturité exemplaire. Il ne fait aucun doute que nous entendrons rapidement parler de Praetor à qui de grandes scènes sont promises. Pas étonnant, là où tant d’autres s’autoproduisent, que Metal East, label qui monte, se soit penché sur son cas. Impeccable!

L’IRA DEL BACCANO: Cosmic evoked potentials

Italie, Doom/prog instrumental (Subsound rec., 2023)

Quelle découverte que ce L’Ira Del Baccano! Le quatuor italien nous régale avec ce nouvel album – qui semble être le troisième effort studio – Cosmic evoked potential. Composé de seulement 5 titres. certains seraient tentés d’appeler ça un Ep, mais avec quelques 40′ de musique, il s’agit en effet plus d’un album véritable. Quoiqu’il en soit, ce CD est une merveille d’instrumental progressif à laquelle la simple étiquette Doom ne rend pas justice. Il y a tant de pépites et de trouvailles musicales tout au long des 5 titres… Tout comme l’illustration de couverture – une œuvre signée Fabio Listrani qui évoque un univers dominé et observé par un Zeus qui ressemble étrangement à Rob Zombie… Débutant avec un The strange dream of my old sun, le groupe nous plonge dans son univers sonore à la fois spatial (Hawkwind et tout la vague psyché sont évoqués à plus d’une reprise) et heavy, se faisant ici puissant et là simplement envoûtant. On plonge dans cet univers sonore d’une remarquable et indiciblement attirante beauté sans pouvoir y opposer la moindre forme de résistance. On retrouve aussi des traces d’inspiration Pink Floydienne ainsi que d’autres plus proche de Dream Theater. La construction en plusieurs tableaux de chacun des titres fait que jamais l’auditeur ne se lasse, passant d’un univers sonore à un autre, d’une ambiance clame et feutrée à un décor de science fiction sans que L’ira Del Baccano ne se – nous – perde dans son propos. Une réussite de bout en bout et un coup de maitre instrumental pour un groupe qui mérite bien plus qu’une reconnaissance polie.

CARCARIASS: Afterworld

France, Metal (Autoproduction, 2023)

Personne ne l’avait vue venir, Carcariass pas plus que les autres. Lorsque le groupe a publié Planet chaos en décembre 2019, et en avait assuré la promotion un mois plus tard, qui pouvait se douter que notre monde allait justement sombrer dans le chaos d’une crise sanitaire mettant un coup d’arrêt brutal à tous les espoirs du groupe de revenir en force sur le devant de la scène? Trois ans plus tard, Carcariass nous propose un Afterworld bien nommé même si, contrairement à sa pochette, notre monde n’est pas à feu et à sang. Quoique… Mais c’est un autre débat. Ce nouveau disque nous propose 10 titres aussi mélodiques qu’entraînants, rythmés par une batterie hypnotique et un chant guttural engagé et doucement enragé. On appréciera rapidement le soin apporté au mélodies et aux arrangements qui sont partout finement travaillés. On est souvent proche du progressif – je détecte même quelques touches à la Pink Floyd et Rush – et les claviers, omniprésents mais discrets, apportent une forme de mélancolie à cet ensemble très réussi, qui parfois invoque le côté martial de Rammstein (Angst, ben tiens, un titre en allemand, comme par hasard! Mais chanté en anglais). Pour se convaincre du potentiel musical de Carcariass, de la diversités de ses influences, on peut aisément se plonger dans cet instrumental à tiroirs qu’est Fall of an empire qui démontre bien que le groupe est bien plus varié et fin que le death de ses origines. Afterworld est un album brillant et efficace qui confirme que l’on peut aujourd’hui plus que miser sur le retour de Carcariass, plus en forme que jamais. Bravo!

YOU ME AT SIX: Truth decay

Angleterre, « punk » pop (Underdog records, 2023)

Depuis sa formation au début des années 2000, You Me At Six, malgré une ténacité remarquable, 7 albums au compteur et un line-up assez stable, n’a jamais réussi à véritablement percer. Avec ce nouvel essai, Truth decay, le groupe parviendra-t-il à s’extraire de la masse? D’une durée d’un peu plus de 45′ pour 13 titres, le groupe nous propose une musique inspirée de ce punk popisant – ou de cette pop punkisante, au choix – tant prisé des ados un peu révoltés. Les 5 ont souhaité se replonger dans la musique avec laquelle ils ont grandi autant que dans leurs premiers albums pour en offrir un condensé à leurs fans. Le résultat est un album de rock festif et entrainant, du genre à être joué dans des stades devant des milliers de bras qui tanguent en cadence de gauche à droite. La production donne à l’ensemble une touche de bienveillance énergique au sein de laquelle, comme sur le morceau titre, trainent un peu de rage et de rugosité. Mais est-ce suffisant? Souvent trop consensuelle et « easy listening », ce Truth decay n’apporte rien de neuf dans le genre mais pourrait séduire des foules adolescentes (un peu comme le firent à une époque les One D). Il semble loin le temps où You Me At Six recevait le Kerrang ! Award du « meilleur groupe britannique » en 2011. Il n’est jamais bon de se reposer sur une (éphémère) gloire passée…

MONOLYTH: We’ve caught the sun

France, Metal (Autoproduction, 2023)

Il y a une quinzaine d’années, en les Parisiens de Monolyth proposaient leur premier album de thrash/death, Catch the sun. Après , moulte aventure – dont un autre album, A bitter end – A brave new world (2018) – le combo revient avec We’ve caught the sun. L’observateur averti remarquera rapidement quelques similitudes avec le premier effort du groupe puisque le tracklisting est identique. Eh oui, Monolyth a décidé de revisiter son propre répertoire et réenregistré l’ensemble des 10 morceaux en y incorporant de nouveaux éléments musicaux, un son plus actuel et une interprétation qui, sans doute, suit les humeurs de ses interprètes, humeurs qui ont évolué en plus d’une décennie. Si la brutalité et la rage sont « toujours » d’actualité – on retrouve ces guitares incisives, ce chant à la fois doux et enragé, ces rythmiques puissantes et variées – cette initiative permet à chacun de découvrir ce groupe plus finement pachydermique que simplement monolithique. Il y a naturellement du thrash à foison mais également des influences hardcore US et metalcore. S’il est difficile pour ceux d’entre nous qui sont passé à coté de son grand frère et se trouvent donc dans l’incapacité de comparer les deux œuvres, We’ve caught the sun se révèle rapidement un album redoutablement efficace, aiguisé et tranchant à loisirs.

SAXON: Paul QUINN dit « stop » aux tournées

L’annonce est  discrètement parue sur la page Facebook du groupe: Paul Quinn, le guitariste historique et cofondateur avec Biff Byford de Saxon a décidé d’arrêter les tournées intensives avec ses vieux complices – le groupe a un line up inchangé depuis 2009.

« Après beaucoup de réflexion, notre bon ami et compagnon guerrier Paul Quinn a décidé de se retirer des tournées de Saxon. Après de nombreuses années sur la route, avec son lot de stress et de fatigue qui accompagnent de longues tournées, Paul ne souhaite pas que sa performance en pâtisse et laisser tomber ses compagnons de routes et ses fans » – La suite du communiqué ci-dessous.

C’est donc un des piliers de Saxon, membre plus qu’actif depuis la création du groupe en 1976 et compositeur de riffs qui ont fait la légende des Anglais – inutile de les rappeler, j’espère – qui met un terme à ces longues tournées. Ceci ne remet donc nullement en cause la participation de Paul, aujourd’hui âgé de 71 ans (il est né à Barnsley le 26 décembre 1951), à la création de futurs albums, dont on attend désormais le successeurs de Carpe diem, très bien nommé en l’occurrence.

J’ai vu Saxon pour la première fois en 1981, au Pavillon Baltard, sur la tournée Wheels of steel, puis sur presque chaque tournée exception faite de la période que j’ai passée dans le Midi au cours des années 90 – période la plus creuse pour le groupe. Jamais le groupe ne m’a déçu live, donnant toujours, même aux plus jeunes, de vraies leçons de performances scéniques. J’ai pu rencontrer cet homme charmant et un peu perdu sur la tournée Call to arms – il n’en revenait pas que Saxon en soit déjà à son 19ème album… D’autres albums ont suivi depuis, et pas des moindres, quelques studios et de nombreux live – et je me suis entretenu avec lui pour la dernière fois lors de la promo du premier album de reprises, Inspirations, en pleine période de pandémie. Car même là, jamais Saxon, jamais Paul ni Saxon n’ont baissé les bras. Il arrive pourtant i moment où il faut savoir se retirer, et Paul estime visiblement que ce temps est arrivé.

En un mot comme en cent: Paul, merci pour ces plus de quatre décennies à nous concocter certains des hymnes les plus fédérateurs du heavy metal. Take care! On attend la suite avec impatience.

1er fév 2009 Paris Bataclan

12 mai 2011-Paris, Bataclan

24 nov 2014 – Paris, Bataclan

11 juin 2016- Download Paris

14 nov 2016 – Paris, Trianon

17 juin 2017 – Clisson, Hellfest

9 déc 2022 – Paris, Trianon

 

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KAMALA: Karma

Brésil, Thrash (M&O music, 2023)

Oh, punaise, comment ça bastonne sévère! Ils sont trois (ils ne sont « que « 3!), arrivent du Brésil, ont choisi le patronyme de Kamala et nous proposent aujourd’hui leur 6ème album, un Karma explosif à souhait. Dès Forgive the weak (qui aurait tout aussi bien pu se nommer Bury the weak), le ton est donné: une production parfaite qui met en avant une boucherie guitaristique que ne renieraient ni Machine Head ni Sepultura (tiens donc? D’autres Brésiliens..), une rythmique aussi oppressante qu’un bombardement en règles – cette frappe de Isabela Moraes – également aux chœurs (pour un apport de douceur). Les guitares taillent dans le gras avec une précision chirurgicale. Les 9 titres de ce Karma se révèlent d’une puissance et d’une efficacité sans pareille, et clairement, si, comme moi, vous découvrez Kamala avec ce déjà 6ème album, il y a fort à parier que vous voudrez en connaitre un peu plus. On les accueille quand sur nos scène en France? Ma découverte internationale de ce premier trimestre.

Interview: LODZ

Interview LODZ – Entretien avec Julien (basse) – Propos recueillis par téléphone le 23 février 2023

Photo promo LODZ 2023

Deux mois après la sortie de leur dernier opus, Moons & hideaways, Lodz s’attaque à la promo. Julien, le bassiste du groupe nous dit tout de ce nouvel opus mais… la communication très brouillée nous empêche de bien comprendre les premières minutes de nos échanges. Le temps que Julien récupère un autre téléphone, et c’est reparti !

Moons and hideaways est le troisième album de Lodz. Il y a eu de nombreux changements dans le groupe puisque toi-même, et le batteur êtes arrivés en 2018. C’est votre premier album avec Lodz ?

Oui, c’est notre premier album.

Tu connaissais déjà le groupe avant ?

Complètement. C’est un groupe que je suivais depuis longtemps et j’ai vu passer l’annonce disant qu’ils cherchaient un nouveau bassiste. Je me suis lancé et ça a tout de suite matché, que ce soit sur le plan humain ou musical.

Avec 2 nouveaux membres dans une formation, il y a forcément une approche différente. Toi qui connaissais déjà le groupe, comment analyserais-tu l’évolution de Lodz entre ses deux derniers albums ?

Je pense que je suis arrivé au bon moment parce qu’ils pensaient déjà changer musicalement. Dans leur fonctionnement, il y a vraiment eu un avant et un après, même pour la composition. Pour cet album, le processus a été complètement différent. On s’est posé la question de savoir ce que nous pouvions faire pour proposer vraiment la musique qu’on veut. Ça passait par un changement de méthode de composition qui consistait à s’isoler. On partait 3 ou 4 jours dans une maison à la campagne, on mettait les téléphones et ordis de côté et on ne faisait que composer et tester, jour et nuit. C’est nouveau, tester, prendre des risques, des riffs, les mettre dans tous les sens, chercher le son… C’est quelque chose qu’on n’avait jamais pu faire avant et qui est vraiment nouveau. Cet album, sonne un peu différemment, c’est un peu l’album de la maturité.

Tu me dis donc que chacun a son mot à dire dans la composition…

C’est ça, il y a une vraie cohésion. Olivier, notre guitariste, est très à l’aise avec tout ce qui est home studio, ce qui fait qu’on peut vraiment essayer beaucoup de choses en quelques clics. « Je voudrais bien voir ce que ça donne en deux fois plus long… » On peut tester et tout de suite mettre tout le monde d’accord.

Quel est ton cursus musical ?

Je suis bassiste depuis une quinzaine d’années. Je suis plutôt de l’école de la musique des années 90, Pearl jam, Alice In Chains, toute la mouvance grunge. Après, avec mon éducation musicale, je me suis rapproché des styles un peu plus extrêmes – je suis un grand fan de punk, hardcore – et le tronc commun dans tout ce que j’ai toujours aimé jouer c’est l’émotion, la sensation. Je n’étais pas forcément le plus grand fan de Katatonia avant d’entrer dans Lodz, mais dans un groupe comme Alice In Chains, une influence aussi, il y a beaucoup d’émotion, et c’est ce qui m’a plu dans Lodz. Ce sont des choses qu’on peut trouver dans différents genres de musique, même si l’émotion est intense de différentes manières.

Sur Ghost of confusion, j’ai noté des ambiances très atmosphériques (il confirme), et il y a un instrumental, Pyramids, qui ouvre cet album. C’est assez osé de débuter un disque avec un instru, qu’on trouve habituellement à mi-parcours…

Oui, c’est vrai que c’est osé, et c’est quelque chose qu’on n’aurait peut-être pas fait avant. Ca rentre dans la démarche dont je te parlais. Pas de tabous. Ça ne rentre pas dans les codes ? tant pis. Si ça nous plait, allons-y. Et je pense aussi à Fast rewind qui est presque indus, presque une ballade un peu amère, c’est un titre qu’on adore et qu’on a voulu placer dans l’album même s’il est différent de ce qu’on a fait jusqu’à maintenant.

Trois morceaux complètement différents… J’ai même trouvé des influences à la Pink Floyd, dans la légèreté des guitares, par exemple.

C’est clair, même si, aujourd’hui, on n’entend moins de groupe se dire influencés par les années 70. Pourtant, oui. C’est un bon rapprochement… J’en suis très friand et ça se retrouve dans nos compos.

Ca ne signifie pas, bien sûr, que tout soit influencé par le rock des 70’s. Il y a des choses beaucoup plus modernes, notamment dans les mélanges de chant – clair et très agressif. Il y a un parti pris, là aussi ?

Clairement. Pour autant, si on devait faire un titre uniquement en chant clair ou uniquement en scream, on le ferait. Ce mélange, c’est en effet un parti pris dans la mesure où on joue sur plusieurs émotions. Parfois c’est triste, parfois, plutôt déprimant, nostalgique. Là, le chant clair est parfait, tandis que les moments de colère, les moments plus intenses, le scream tient parfaitement son rôle.

Si tu devais décrire la musique de Lodz pour inciter quelqu’un qui ne vous connait pas à aller vous découvrir, que lui dirais-tu ?

Déjà, il ne faut pas qu’il ait peur d’aller remuer des émotions. Notre musique est très intense, volontairement. Il faut être prêt à faire un voyage, une sorte d’introspection, aller explorer tout ce qu’on peut ressentir. Tous… on parle de dépression, de nostalgie, de tristesse, des choses que tout le monde peut ressentir. Il faut aussi écouter le disque entièrement. On a eu beaucoup de chroniques qui disaient que c’est un disque à écouter d’une traite pour tout saisir.

Tu me parle de variété, d’introspection mais je n’ai pas le temps là… Alors, si tu devais ne retenir qu’un seul titre de Moons and hideaways pour expliquer ce qu’est aujourd’hui Lodz, ce serait lequel ?

Je dirais qu’il faut écouter You’ll become a memory, le second morceau. Le premier, c’est une introduction, mais celui-là, c’est un peu une carte de visite. On y trouve un peu tout ce qu’il y a dans l’album. On a aussi sorti un clip pour ce morceau, d’ailleurs. Je conseille donc à quelqu’un qui veut nous découvrir d’aller écouter ce morceau sur YouTube, et si ça lui plait, le reste lui plaira aussi, ce n’est que le développement de ce que l’on commence à aborder dans ce morceau.

J’avais en effet noté que c’est un titre plus heavy, puis il devient soft, il y a du chant clair, un refrain enragé, un mix vocal entre clair et guttural. J’ai même parfois l’impression qu’il y a plusieurs chanteurs, dont une femme. C’est le cas ?

Non… En fait, Éric, notre chanteur, a doublé énormément de voix pour avoir ce résultat. Sur scène, le guitariste se charge des chœurs, mais là, c’est 100% la voix d’Éric qui est parti dans plein de directions… Il s’est peu mis en danger, il a vraiment pris des risques par rapport à ce qu’il faisait maintenant.

La pochette de l’album, c’est l’œuvre de qui ?

Déjà, il y a cette présence féminine sur la pochette. C’est un peu le fil rouge, dans Lodz, il y a toujours eu une présence féminine. (Note de MP : là, je me dis qu’il n’a pas compris ou pas bien entendu ma question. Mais laissons, il apporte d’autres éléments) Je pense que c’est une forme de personnification de tout ce dont on parle en termes d’émotions. C’est un peu l’image du groupe, des paroles, de notre univers. Et cette porte, une seconde dimension qui symbolise cette invitation à nous rejoindre. Quand on ouvre le CD, on se retrouve à l’intérieur de cette dimension.

Un groupe de rock, c’est aussi la scène. Avez-vous des projets en ce sens ?

Absolument, ça commence à arriver et on est en pleine préparation. On a seulement annoncé notre participation à des festivale, dont un à Lyon, en juin, avec des noms comme Rotting Christ, Belphegor… Une autre date organisée par festirock, et là, on attend des confirmations mais d’autres dates seront annoncées dans les jours à venir. Nous, ce qu’on veut, c’est jouer… Notre groupe est encore indépendant, on a un super label, mais tout ce qui est booking, les contacts, les mails, c’est nous ! Si vous voulez nous voir jouer chez vous, envoyez-nous un mail, ce sera avec grand plaisir. L’idée, c’est de défendre cet album dont on est très fier. On est sur tous les réseaux – on n’a pas de site à proprement parler. On est assez facile à trouver même si on a un nom de ville polonaise…

Peux-tu imaginer une devise pour Lodz ?

Une devise ? Oh, la ! Tu me poses une colle là ! j’ai envie de dire « n’ayez pas peur »… de venir faire ce voyage avec nous, de vous ouvrir aux émotions. Oui, « n’ayez pas peur ».

Moons and hideaways est un titre assez mystérieux…

Oui… L’explication derrière tout ça ? La lune représente un peu ces humeurs que nous pouvons tous avoir, envers soi ou envers les autres. Les cachettes (« hideaways »), ce sont tous ces endroits où l’on peut se réfugier pour, au final, affronter tout ça.

C’est donc aussi en lien avec cette introspection dont tu parlais plus tôt…

Exactement…

Souhaites-tu ajouter quelque chose pour conclure ?

Je pense qu’on a fait le tour, je voulais juste saluer le travail qu’on a fait avec Nikita Kamprad, c’est le guitariste d’un groupe de Black metal qui s’appelle der Weg Einer Freiheit. Ils font un style complètement différent de ce qu’on fait mais, si nos styles sont complètement différents, il a une façon de travailler qui apporte une dynamique à notre musique. C’est quelque chose qui se perd un peu en ce moment. On lui a donc proposé, ça lui a plu, et il a accepté de produire notre album. Ca fait plaisir de travailler avec des gens qui travaillent « à l’ancienne »…

Ça veut dire que vous avez enregistré sur bandes ?

(il rit) Non, non, quand même pas ! c’st plus dans l’approche du mix, de faire le choix de privilégier ceci ou cela, le son naturel… Je trouve que le travail qu’on a fait avec lui est vraiment super. Alors, si des groupes cherchent un producteur, écoutez ce qu’il fait et contactez-le !