SAINT AGNES: Bloodsuckers

Angleterre, Metalcore (Spinefarm, 2023)

Une brutalité exemplaire… Ils ne font pas les choses à moitié les Anglais de Saint Agnes et Bloodsuckers, leur nouvel et troisième album le démontre, dont une édition spéciale vient de sortir dotée de 4 titres bonus.. Tout au long des 11 titres, la bande menée par la hurleuse en chef Kitty A. Austen navigue entre metalcore et punk, flirte avec le grunge ou l’indus brutal. Saint Agnes ne passe pas par des détours improvisés, sa colère est exprimée dès les premières paroles du morceau titre et rien, ou presque, ne viendra calmer les ardeurs du gang. Les chevaux sont lâchés et ruent avec une envie frénétique de liberté. Mais Saint Agnes, ce n’est pas que de la rage et de la colère, loin s’en faut. Les variations vocales sont omni présentes, et, de la femme enfant à la femme enragée, tout y passe. Uppercut ici, tendresse là, Bloodsuckers propose une variété de tempi, d’ambiances inquiétantes et tendres à la fois. La ballade This is not the end – judicieuse respiration centrale – côtoie des Animals lourds ou des Bloodsuckers explosifs. Un cocktail aussi explosif que dangereusement attirant ou addictif. A voir en concert à Paris, aux Etoiles, le 6 février 2024 et au Hellfest le vendredi 28 juin pour réveiller Clisson depuis la MS2.

BLACK SPIDERS: Can’t die, won’t die

Angleterre, Heavy metal (Spinefarm, 2023)

Dans la veine « old school », ces dernières années nous ont plus habitués à un revival du southern rock ou du rock psyché/stoner. Avec Black Spiders, on replonge dans les premiers jours du heavy metal, celui auquel on ne collait pas encore systématiquement cette étiquette mais qui savait se faire aussi pesant qu’envoûtant avec ses relents psychédéliques qui sentent bon la consommation de certains produits. Les amateurs connaissent déjà cette formation qui n’a pu défendre son dernier album (Black Spiders, paru en 2021) comme elle l’aurait pu si la crise sanitaire n’avait bloqué le monde entier à la maison et rabattu les cartes du monde musical. Alors il est temps de se repencher sur le travail de cette brillante formation de Sheffield formée en 2008 et qui revient avec un album très justement et de manière très optimiste intitulé Can’t die, won’t die. Après une intro qui sonne comme une incantation hypnotique et répétitive invitant à assister à un cérémonial, Hot wheels lance la machine. Le rythme est enlevé, les riffs directs. Tout au long de l’album, on retrouve des rythmes enlevés, des riffs directs et un chant chaleureux, celui d’un Pete Spilby allumé. Sans jamais laisser tomber la pression, Black Spiders varie les plaisirs, passant d’un destroyer presque dansant à un Alright alright alright plus poppy, pour revenir à des règlements de compte (Traitor’s walk, A rat is a rat) ou terminer sur un explosif End of the world. Can’t die, won’t die est une nouvelle déclaration d’intention des Anglais qui doivent désormais trouver et consolider leur public. Quand bien même les Black Spiders ne réinventent pas le monde du metal, ils se donnent avec tant de belle et bonne volonté que l’on a envie de les suivre. Ils ne lâcheront pas l’affaire, et c’est tant mieux!

GHOST: Impera

Suède, (Hard) rock (Spinefarm, 2022)

On en aura lues des choses sur cet Impera, nouvel album de Ghost… « Déjà vu », « du réchauffé », « Sans doute le moins bon album du groupe »… Ok, soit, oui, mais… Ghost c’est le projet de Tobias Forge qui après avoir viré ses Nameless Ghouls de musiciens fait appel à une nouvelle équipe tout autant masquée. Il est et reste le seul maitre à penser de Ghost et, en tant que tel, sait parfaitement où il veut aller. Il flirte ainsi avec tout type de public, amateur de metal autant que de pop, et surtout, il envisage sa musique autour d’un visuel qui, lui, se renouvelle. Imperia voit disparaitre Cardinal Copia, apparu sur le prequel que fut… Prequelle en 2018. Papa Emeritus IV est définitivement plus moderne dans son look, débarrassé d’artifices et de tenues le gênant dans ses déplacements. Si musicalement Impera ne surprend guère, force est de le reconnaitre, le recette s’avère cependant rapidement efficace, voire addictive. Variant les rythmes et les ambiances, passant d’un rock entrainant à une pop légèrement acidulée ou un heavy plus sombre et inquiétant, Ghost parvient à capter l’auditeur même si, de prime abord, rien ne se retient aussi facilement que certains classiques. Pourtant, les Hunters moon, Spillways, Twenties sont taillés pour faire bouger – et c’est sans nul doute ce qui se passera en ce lundi pascal à l’Acccor Hotel Arena et sur le reste de la tournée de Ghost. Darkness at the heart of my love passe par le cap « inquiétant et oppressant » avant qu’on ne retrouve ces rythmes rock efficaces. Même si l’on n’est guère surpris, Ghost parvient encore à composer des morceaux efficaces, bien que17 les plus anciens fans attendent le retour de cet esprit subversif et metal du groupe. Un album en demi teinte qui prendra sans aucun doute une autre dimension en live.

WHILE SHE SLEEPS: Sleeps society

Angleterre, Metalcore (Spinefarm,2021)

Nommer son nouvel album en référence au fan club du groupe, c’est un bel hommage à ceux qui ont porté While She Sleeps depuis ses débuts en 2006. Ce nouvel album, Sleeps society, arbore fièrement la fanion du club et le metalcore incandescent des 5 de Sheffield. 10 titres d’une puissance et d’une rage quasi exemplaire. Quasi, car en reprenant les mêmes ingrédients que pour son précédent opus – So what? paru en 2019 – les Anglais marquent quelque peu le pas. Alors, oui, le metal core aux accents parfois électro, à la rage vocale intacte et aux guitares tranchantes fait mouche à tous les coups sans toutefois réellement surprendre. Un album efficace qui ne déroutera ni ne surprendra pas les fans. On ne parlera pas de ces crédits – le listing des membres de ladite Sleeps society sans doute ? – inscrits si petits à l’intérieur de la jaquette qu’il faut un microscope pour les déchiffrer! Ce n’est là qu’un détail qui ne détournera pas l’attention de ces mêmes fans de ce nouvel album.

SEETHER: Si vis pacem para bellum

Metal, Afrique du Sud (Spinefarm, 2020)

« Si tu veux la paix, prépare la guerre ». Ainsi va cette locution latine – Si vis pacem para bellum –  qui nomme le nouvel album des Sud Africains de Seether. Le message est non seulement clair, mais il est d’actualité. Et dès Dead and done, le morceau introductif, le ton est donné: des guitares furieuses, un rythme enlevé, un chant qui évoque toujours un certain Cobain cette fois doublée de colère non retenue. Le groupe franchit ici une nouvelle étape en proposant un hard rock grungy et sacrément burné qui, au cours des 13 morceaux ne se répète jamais. C’est puissant et direct, tout en restant mélodique. La pochette, version négative de Poison the parish (illustration blanche ensanglantée sur fond noir vs. illustration sombre sur fond clair). Le chant de Shaun Morgan – qui s’est également chargé de produire l’abum – est varié, hargneux, doux et enragé, autant que les guitares, qu’il tient avec Corey Lowery sont variées, aériennes et entraînantes. Seether n’a aujourd’hui pas le succès qu’il mériterait pourtant. Cet album, qui se laisse écouter d’une traite, est pourtant la preuve du gage de qualité et de variété qu’est Seether.

TYLER BRYANT & THE SHAKEDOWN: Pressure

Hard rock, USA (SPinefarm, 2020)

Tyler Bryant & The Shakedown a un rythme de publication discographique quasi unique en son genre. Moins de 18 mois après la sortie de Truth and lies, qui m’avait déjà sacrément marqué, les Américains reviennent avec un Pressure tout aussi réussi, varié et efficace en diable. Concocté à domicile en pleine période de lutte contre la pandémie, ce disque voit le groupe confirmer son potentiel et faire un pas de plus vers l’excellence. Les Shakedown s’amusent avec tout ce qui leur plait, du hard rock rageur (Pressure) à la ballade sensible, épurée et émouvante (Like the old me) en passant par le hard rock pur jus (Crazy days), le rock sudiste issus des bayous (Hitchhicker et sa bottleneck). Le combo sait aussi se faire simplement crade et direct (Automatic) ou amoureux de la country (Wildside) ou du blues (Misery). Jamais à court d’idées, le groupe ne laisse pas l’auditeur se lasser. Pressure pourrait-il être le déclencheur – enfin – d’un succès à grande échelle pour TBSD? Voici en tout cas un album, dont on ne jettera rien, qui séduira tous les amateurs de hard rock simple et efficace.

WHISKEY MYERS

Rock sudiste, USA (Spinefarm, 2019)

Horreur! Je ne découvre que maintenant cet album paru au mois d’octobre dernier… Et pourtant, j’avais tant craqué sur Mud, le précédent album des Texans de Whiskey Myers que je m’étais rapidement informé de leurs autres méfaits. Leur passage au club les Etoiles à Paris avait vu une foule de connaisseurs se masser devant la scène. Maintenant que voici ce nouvel album entre les oreilles, que puis-je en dire? Aussi blanc que le White album des Beatles, ce nouvel album éponyme pourrait-il connaitre le même « triste » sort? Les époques ont changé et la bande à Cody Cannon le sait bien, ce qui ne l’empêche nullement de nous offrir un petit chef d’oeuvre de rock mêlant sudiste, country, hard et autres influences parfois proches du funk. C’est simple, il y en a pour tous les goûts, avec parfois des clins d’œil appuyés, tant culturels que politique (Mona Lisa et son « on paye nos impôts et ils n’en veulent que plus »). Whiskey Myers met les pendules à l’heure en démarrant avec l’énergique Die rockin. Je m’amuse de voir accolés Rolling Stone, très country (que rejoignent Houston country sky, et Little more money et sa steel guitar), et Bitch, plus bluegrass et rock, ce dernier étant également une chanson des Stones. Mais il s’agit bien d’un morceau original, pas la chanson reprise par The Dead Daisies. Gasoline, furieux et enragé, pourrait servir à la bande son d’un Mad Max. Les chœurs féminins éparpillés tout au long de l’album apportent une touche soul parfaitement complémentaire. Il n’y a pas deux titres ici qui se ressemblent sans que pour autant Whiskey Myers ne s’éparpille. Bien au contraire, cette variété transforme cet album blanc en pur bijou de rock sudiste varié et enjoué. Un must qui, je l’espère, permettra aux Texans de franchir, en Europe et ailleurs, le cap du simple groupe underground.

AIRBOURNE: Boneshaker

Hard rock, Australie (Spinefarm, 2019)

Trois ans après un explosif Breakin’ outta hell, Airbourne revient avec Boneshaker, nouvel album estampillé « Rock’n’roll for life ». Comme avec d’autres, on sait à quoi s’attendre avec le gang des frangins O’Keefe. Une recette qui fonctionne de cette manière, il n’y a aucune raison de la changer.  Sauf que pour le coup, Matthew Harrisson a pris la place à la guitare de David Roads, qui a préféré retrouver, il y a maintenant quelques années, son ranch australien. A part ce nom, rien de bien neuf à l’horizon. Et c’est très bien ainsi. Quelque part entre l’éternelle dévotion vouée  à AC/DC et l’hommage perpétuel à Motörhead, Airbourne nous gratifie de nouveau de 10 titres d’un rock pur jus. Impossible de ne pas sauter ou taper du pied dès le morceau titre qui ouvre cet album sur des airs… d’AC/DC période Powerage. On a même parfois l’impression d’entendre deux des chanteurs du légendaire groupe Australien. Certains passages des deux poèmes qu’il n’aurait pas renié, Sex to go et Backstreet boogie, évoquent Bon Scott tandis qu’on a l’impression que son successeur, Brian Johnson hante Weapon of war. Mieux encore, l’intro de Blood in the water a des aspects inquiétants d’Alice Cooper. Switchblade angel plus up tempo sera sans conteste source de jumping intense en concert, ainsi que le dernier morceau, Rock’n’roll for life. Avec Airbourne, on n’a guère de surprise: de l’adrénaline en barre, du rock, du blues ultra vitaminé, le tout mixé dans le shaker de David Cobb, producteur désormais attitré du combo. Comme mentionné plus haut, il n’y a pas pas de changement notable, et, même si ce Boneshaker est encore plus marqué de l’empreinte AC/DC que ses prédécesseurs, c’est très bien ainsi. Car contrairement à d’autres, on n’attend pas autre chose d’Airbourne. Tant que les tripes parlent et que c’est fait avec passion et sincérité. C’est ici le cas.

TYLER BRYANT &THE SHAKEDOWN: Truth and lies

Hard rock, USA (Spinefarm, 2019)

Tyler Bryant & The Shakedown semble, malheureusement, faire partie de ces éternels groupes challengers qui ne parviennent pas à exploser malgré les indiscutables qualités des albums offerts au public et/ou les groupes prestigieux pour lesquels il a ouvert ces dernières années. Dans ce club, on trouve des  formations comme The Answer ou The Treatment, parmi d’autres… Je ne fais ici que le même constat qu’il y a deux ans, lors de la sortie de l’album éponyme que je considérais comme un nouveau départ. Le groupe a depuis tourné mais, las, rien ne semble pouvoir les faire passer au niveau supérieur. Ce Truth and lies, nouvelle livraison des Américains, s’inscrit toujours dans le hard rock vintage, un rock empli de ce blues qui nous emporte et de ces mélodies qui nous font nous agiter. Le groupe varie les plaisirs en proposant différentes approches, approchant parfois Led Zeppelin (Shape I’m in) ou Dylan (Judgement day) mais parvient surtout à trouver sa propre identité musicale et sonore avec l’utilisation de sons et une production résolument modernes. TBSD a cependant le propos grave, cet album reflète d’une certaine manière la désillusion tout en se voulant rester positif (Drive me mad). Amoureux du hard rock dit « classique », faites vous plaisir; TBSD vaut le coup d’être soutenu autant que faire se peut.

PUPPY: The goat

Hard rock, Royaume-Uni (Spinefarm, 2019) – sortie le 29 janvier

C’est sympa de débuter l’année avec un album aussi cool que The goat de Puppy. Déjà, porter pour patronyme le nom de « chiot » c’est tout mignon, en plus proposer une pochette rose, ça pose l’ambiance. Ok, celle-ci est agrémentée de bougies noires et d’un crane parmi d’autres objets, mais c’est cool. Tout autant que le contenu musical qui pioche autant dans le heavy traditionnel, lourd, gras et saturé de Black Sabbath, que dans celui plus moderne et chantant d’un Ghost, par exemple, en passant par une certaine idée du psychédélisme des 70’s. Les 44 minutes que durent ces 12 morceaux passent à une vitesse folle, Puppy nous entraînant avec une déconcertante facilité dans son univers. D’accord, Black hole, And so I burn, Bathe in blood ne réinventent pas la machine à courber les bananes mais il y a tant de plaisirs simples qu’on ne peut s’empêcher de trépigner, de chantonner et de suivre le mouvement. The goat est un vrai bon moment qui, si ça continue, annonce une belle année bien rock et roots. Bravo!