Hard Rock, France (Axe Killer, 2016)
Océan, c’est géant. Oui, je sais, la rime est facile. D’apparence en tout cas, tout comme le sont, nous en reparlerons, les paroles de C’est la fin…, le nouvel album du légendaire groupe français. Nous avions laissé Océan (et oui, ça s’écrit avec un accent, c’est Georges Bodossian himself qui me l’a confirmé!) il y a presque 20 ans, après l’enregistrement de Ton dernier acte que le quatuor d’alors avait offert sur le double album « tribute » to Trust, et, plus près de nous, lorsque Axe Killer avait publié, en 2010, un superbe coffret, Océan Story, live and more regroupant sur 4 cd l’ensemble des travaux studio et nombre de titres live, rares et inédits. Les amateurs du groupe attendaient depuis longtemps le retour discographique d’Océan (dont le dernier album studio est sorti en 1981) et les fans connaissent déjà le « nouveau » chanteur (ça fait quand même quelques années qu’ils bossent ensemble), Steph Reb pour l’avoir vu à plusieurs reprises sur scène. Aujourd’hui, ce retour se concrétise par ce nouvel album, C’est la fin… Un disque qui démarre par un morceau hargneux, La haine, direct et d’une durée de quelques 7′, il fallait oser! La hargne est là, l’envie et la passion, intactes, également. Les titres s’enchaînent, parfois entêtants (Désillusion), par moments narquois et légers (Fidèle à son nom). Seul Instinct animal marque moins les esprits, plus traditionnel et convenu, moins surprenant. Comme il en a été fait allusion, derrière des paroles de prime abord faciles se cachent un véritable sens du texte et de l’engagement: le très sexuel et métaphorique Rouge lézard, le direct et engagé Tu n’penses qu’à ta gueule (et son excellent « La lutte des classes n’existe plus au bord de la piscine », j’adore!) ou le finalement optimiste La mort rôde autour de nous en sont de parfaites illustrations. Derrière ces textes réfléchis pour être retenus et percutants se cache une véritable machine à riffs. Georges Bodossian fait des merveilles et n’a rien perdu de son efficacité ni de son sens de la mélodie rentre dedans et mémorisable. A ce titre, on retiendra le très rythmé et entraînant – autant musicalement que verbalement, d’ailleurs – Je crois que tu aimes ça, simplement irrésistible, ainsi que T’as rien trouvé qui évoque immanquablement, sans la montée en puissance qui le caractérisait, Qu’on me laisse le temps, chef d’oeuvre absolu du quatuor datant de 1981. L’album se conclue par le morceau titre, C’est la fin… une chanson ouvertement mélancolique qui pose un regard désabusé, fataliste et tristement réaliste sur notre monde et notre « humanité ». Comme un voile qui s’ouvrirait vers l’espoir d’un nouveau départ. Ce nouveau départ, avec un chanteur à qui peut être aussi puissamment rock que ses accents pop sont passe partout, car, oui, répondons maintenant à la question que tout un chacun se pose: Steph Reb est le digne successeur de Robert Belmonte (et ne nous étalons pas plus, ses qualités vocales parlent d’elles-mêmes) et le groupe nous offre aujourd’hui une des ses meilleures réalisations. C’est la fin…? Non. C’est une renaissance!
Note: 9/10
Titre que je retiens: Je crois que tu aimes ça