SUN: Krystal metal

France, Brutal pop (Autoproduction, 2025)

En 2022, nous avions été assez séduits par Brutal pop 2, l’Ep/démo de Sun qui nous permettait de découvrir une artiste versatile et quelque peu touche à tout. Sun revient aujourd’hui avec Krystal metal, un album complet d’une originalité et d’une efficacité remarquables. La jeune femme a parfaitement intégré l’ensemble de ses influences qui vont d’une pop énergique et mélodique à du metal bien burné. Dès Free your soul, on sait où on met les pieds. En tout cas, on croit le savoir tant la virulence de ses growls est puissante. Cependant, c’est pour mieux revenir à un chant doux et à des mélodies immédiatement mémorisables. Car c’est là la grande force de Sun: proposer des titres enjoués et entrainants sur fond de guitares rageuses et de mélodies efficaces, l’ensemble allant rencontrer aveuglément une brutalité soudaine. Il y a tout au long de cet album un mélange de pop et de metal enragé, virevoltant et saccadé. Les guitares sont déterminées et colériques, et les lignes vocales joyeuses, accompagnant avec bonheur des « Ohohoh » que le public chantera en concert balançant ses bras levés de gauche à droite (faisant, parions le, cette connerie de « coeur-avec-doigts » sur Warrior riot grrrl). Le morceau titre se fait martial et hypnotique, puisant autant dans l’esprit de Metallica que dans la folie d’Avatar tandis que Sirius love figurerait parfaitement au générique d’un film pour ados. Sun est douée, très douée même, son ouverture et ses inspirations musicales ont tout pour séduire un public varié. Alors, oui, plongez-vous dans ce Krystal metal, lumineux, attirant et séduisant comme le plus pur des cristaux et dur comme l’acier. Bravo.

LISATYD: Still

France, Stoner (Ep autproduit, 2025)

Après une intro planante, Loop, le morceau d’ouverture de Still, le nouvel album des Français de Lisatyd (acronyme de Life Is Shit And Then You Die, titre du premier Ep) s’enfonce dans les méandres éthérés d’un heavy stoner et psychédélique avec des sonorités extra terrestres. D’impros contrôlées en délires noisy, les six titres de ce nouvel Ep entraine l’auditeur dans un univers hors du temps. Grungy et crunchy, certes, souvent hypnotique et jamais dépourvu de mélodies, le quatuor sait lier efficacité, rugosité et densité. On remarquera l’évolution naturelle du groupe qu’on avait pu découvrir avec un première production en 2023. Si Lisatyd pouvait alors dérouter, il interpelait, aussi. On appréciait déjà, en effet, le côté décalé et planant de ses créations, deux paramètres à prendre une nouvelle fois en compte, la maturité du travail en commun en plus. Simon Garette (chant et guitare), John Babkine (guitare), Clément Verhaeghe (basse) et Angela Dufin (batterie) mettent chacun en commun leurs expériences acquises au sein d’autres formations d’univers variés. Etonnant et réussi.

SPLEENBREAKER: Human comedy

France, Rock (M&O, 2025)

Quatre chiens tout de cuir vêtus autour d’une table, une bière à la main, les « shades » rivées sur le nez… Pas de doute, Spleenbreaker est un groupe de rock sans doute énervé. Clairement, leur album Human comedy ne cherche pas à réinventer la machine à courber les bananes tant le groupe semle vouloir se faire plaisir en nous replongeant dans un passé rock et allumé. Pas psyché, simplement allumé. Nombre d’entre vous me connait suffisamment bien aujourd’hui pour comprendre pourquoi je passe sur le chant en anglais… y a du boulot, mais bon… Si les deux premiers titres me laissent froid, le chant à la Jim Morrisson et les ambiances à la The Doors de Mainstream m’interpellent avant que le groupe n’appuie sur l’accélérateur avec un Lust lover pas piqué des hannetons (plus tard, c’est un ton horrifique à la Alice Cooper sur Purge your brain qui me rappellera à l’ordre). Seulement, rapidement s’installe l’impression d’un manque. Si l’envie est là, si la guitare est saccadée et entrainante, si le groupe puise dans le blues et le hard vintage, il me semble manquer ce truc en plus qui ferait passer Human comedy d’album gentiment plaisant à bon disque de rock. Un album à écouter entre potes autour d’un apéro pour passer une bonne soirée.

LADY AHNABEL: La bionique

France, Power metal (M&O, 2025)

Le power speed metal a encore de beaux jours devant lui! Made in France ou pas… Ne serait-ce le chant souvent trop haut perché et qui reste ici incompréhensible (ce grand mal que nombre de groupes français cherchent à combler…) – je ne sais même pas quelle langue est utilisée jusqu’à Jeux d’enfants, moment de pause qui arrive assez tôt dans ce disque. On pourra porter un attention particulière à La bionique, nouvel album de Lady Ahnabel qui démarre avec des ambiances de fête foraine pour foncer ensuite dans le tas avec une impressionnante maitrise instrumentale. Musicalement, La bionique se pose là et fait sans doute aucun le job. Une ambition musicale comme on en voudrait plus en France, certes, mais je ne parviens cependant pas à franchir le cap de ce chant trop haut et agressif pour moi. Chacun pourra cependant apprécier en fonction de ses goûts.

BASIC PARTNER: New decade

France, Rock (Daydream music, 2025)

Intrigant et attirant album que ce New decade des Français de Basic Partner. Après un premier Ep paru en 2023 (Insomnia’s road), le groupe nous plonge dans des univers sonores qui évoquent autant la postwave des années 90 que le bordel organisé d’un certain punk ou encore l’esprit cinématographique cher à feu David Lynch. Hormi un chant anglais à retravailler, les 9 morceaux de cet album nous entrainent dans un passé pas si lointain. Pas metal pour un rond mais totalement rock avec des (grosses) touches electro et synthétiques, Basic Partner se pose comme un sérieux challenger du genre – qui a déjà à son actif d’avoir marqué les esprits des Transmusicales en 2024. Plutôt encourageant, non?

FAT BASTARD: Barely dressed

Belgique, Very Hard Rock (Autoproduction, 2025)

De la pochette au contenu, tout ici évoque le rock crade et direct qu’on écoute dans les bouges enfumés qui puent les relents de cendres froides et de bière tiède. Fat Bastard coche toutes ces cases, et ça tombe bien en ce qui concerne la bière, ils sont Belges! Formé en 2007, nos voisins ont déjà publié deux Ep – Feel the pain en 2013 et Junk yard fest en 2018, plus proche d’un album d’ailleurs avec ses 7 titres… Pas pressés les gars, mais le résultat est là: Barely dressed est un premier album explosif de bout en bout. Après un Never told me her name qui évoque plus les grands espaces des westerns chers à Morricone doublé d’ambiances à la Tarantino, You know you are gone dévoile le jeu du quatuor. Si le groupe n’est pas fan de Motörhead, on se pose des questions! Mais Fat Bastard ne copie pas, il pose sa propre pate sur des riffs et des rythmes puissants, simples et directs qui nous replongent parfois dans une forme de rockabilly (très) énervé. On y retrouve certes l’esprit de la bande à Lemmy toutes époques confondues avec un chant rocailleux Jorn Mazet) et, souvent, une touche punk ainsi que, parfois, un riffing (Jan Sommeryns) à la Fast Eddie (Hammer), mais aussi beaucoup de rage irrévérencieuse (à qui en veut-il avec ce Piece of shit explicite?). On ne sera guère surpris de découvrir un officiel hommage à Maitre Lemmy avec Mister Rock. Barely dressed est sans doute l’album de heavy rock qu’on attendait depuis longtemps, le genre qui ne cherche pas à faire de l’esbrouffe, qui va droit au but avec une monstrueuse efficacité, une rythmique de tous les diables (Geller Van Reeth à la basse et Kurt Pals à la batterie) et qui me donne une furieuse envie de découvrir les précédentes productions. Fat Bastard pourrait-il être à Motörhead ce qu’Airbourne est à AC/DC? En tout cas, la relève est assurée. A découvrir d’urgence et à consommer sans modération. On se fera également plaisir en allant visiter le site du groupe et lire son « personal rider » hilarant (quoique… certains adeptes de la bien-pensance et du politiquement correct vont encore trouver des conneries à en dire, c’est évident)! On vous voit quand en France, hein, dites?

CUTTING CORNERS: Trampoline park

France, Punk (Cutting Corner records, 2025)

Ils sont deux – Ricardo à la guitare et Tommy à la batterie, les deux se partageant le chant – et ils ont envie de foutre un joyeux bordel. Guitare, batterie et un chant énergique et entrainant, la recette est simple et bigrement efficace. Avec Trampoline Park, Cutting Corner scande sa joie de vivre et sa liberté. Les douze titres sont directs et d’apparente simplicité. Quoi de plus complexe que de reproduire à deux ce que des groupes complets font? Alors les deux ne se prennent pas la tête, vont à l’essentiel avec des mélodies chantantes et percutante. On trouve des traces de The Offspring ou de QOTSA et, plus proche de nous, certains passages évoquent Sticky Boys. Simple, sobre et efficace. Et si l’énergie est retranscrite de cette manière sur scène, on nous promet de bons, d’excellents moments.

BLACK RABBIT: Chronolysis

Pays-bas, Thrash (Ep Autoproduit, 2025)

Située dans la province de Gueldre, Apeldoorn est une commune néerlandaise qu’on ira volontiers visiter pour ses… Ouais, on s’en fout, en fait. En tout cas, c’est là que Black Rabbit, groupe de thrash/death a vu le jour à la veille des années 2020. Les cinq musiciens – Nino Thomas au chant, Jelle Brekelmans et Hidde Hofland aux guitares, Thijs Mulder à la basse et Koen van der Voet à la batterie – crée le concept du lapin noir qui donne son nom au groupe, sorte de bestiole maléfique qui vient hanter nos nuits. Un premier Ep en 2020 est suivi d’un album, Hypnosomnia en 2023 avant l’arrivée de ce Chronolysis explosif. En cinq titres, les Néerlandais nous démontre leur savoir faire et leur détermination. Ca thrashe dans tous les sens et ce disque m’évoque la folie contagieuse de Crisix. Oui, Black Rabbit emporte tout sur son passage, surtout son auditeur pris au piège dans un déluge de riffs et de rythmes assassins et « cauchemardesques ». On se déboite la nuque avec bonheur. Live, ça doit démonter sévère! Fun, rentre dedans et explosif, bravo!

THE LIGHT

Allemagne, Hard rock (Fastball music, 2025)

The Light, c’est la réunion en 2024 de trois musiciens diversement expérimentés – Nick Antonelli au chant, Holger Terhorst à la guitare et Alex Scherz à la basse. Né dans le sud de l’Allemagne, le trio a une idée précise d’où il veut mener sa musique et son auditoire: du rock musclé et mélodique tout en posant un regard quelque peu critique sur la folie de l’humanité. Le résultat, c’est ce premier album éponyme qui, s’il souffre parfois d’un manque de liant, parvient à mélanger d’évidentes influences à une identité propre. Ainsi, si Metallica est souvent évoqué tant par certains riffs que par le chant qui rappelle plus qu’à son tour James Hetfield, on trouve également des traces de Paradise Lost (période Draconian times et One second) – étonnant pour un groupe qui s’appelle La lumière! The Light ne s’enfonce cependant jamais dans la virulence du thrash et sait toujours rester mélodique. Ce premier album est au final un moment de fraicheur, agréable et mature – d’autant plus après une petite année d’existence.

REDEMPTION: The hard way

France, Heavy rock (Autoproduction, 2025)

Redemption, c’est une histoire de famille. Un père et ses deux fils unis par la passion du rock qui tâche, qui se lancent le défi de monter un groupe et qui se retrouvent sélectionnés pour jouer au Hellfest en 2018 avant de proposer un premier album, Three of a kind, en 2020. Le trio revient aujourd’hui avec The hard way, un nouvel album au titre explicite. La formation a muri son propos et propose des styles plus variés qui font toujours autant taper du pied. Malgré un anglais encore perfectible, Redemption développe et démontre tout son amour du gros rock, direct et franc. Si le trio nous replonge dans le heavy pur jus des 80’s, il le fait avec un son résolument moderne. Partout, on sent un inconditionnel amour pour les guitares grasses et les gros sons, les rythmes imparables, ainsi qu’un profond respect pour les anciens, d’AC/DC à Motörhead, le groupe rendant même une forme d’hommage à ces derniers en reprenant, accompagné d’une invitée de marque (Ruyter Suys de Nashville Pussy), un certain Overkill. The hard way est un album efficace de bout en bout. On les entend volontiers monter sur scène en scandant un graveleux: « Good evening! We are Redemption, and we are a familly. We also play rock’n’roll!«