MEAN TO YOU: What we could have been

Luxembourg, Metal (Ep Autoproduction, 2023)

A ses débuts en 2013, Mean To You était un groupe. Originaire du Luxembourg (je crois bien qu’il s’agit là de ma première chronique d’un groupe de ce petit pays plus connu pour le métal précieux de ses banques que pour celui musical qui accompagne nos journées), le groupe a implosé en 2016, laissant seul aux commandes le bassiste Mulles qui a décidé de continuer l’aventure en solo. Il occupe donc depuis de tous les postes de Mean To You et publie un premier Ep, Strong, en 2021 avant de proposer fin 2023 ce nouvel essai, What we could have been. Deux Ep aux titres qui peuvent résonner comme une forme de conviction pour l’un et de regret pour l’autre… Le multi instrumentiste regarde cependant plus devant lui et propose 6 titres puissants, forgés dans un metal moderne, explosif. Il n’y a pas un instant de temps mort, et l’on sent un musiciens influencés par le metal moderne des années 90/2000. Apparemment accompagné d’un second chanteur, le mariage des voix apporte une variété de couleurs aux compositions. De Trivial fantasy à Don’t look back en passant par Right now, Straight ahead ou Care (clairement, d’autres messages se cachent derrière ces intitulés…), l’ensemble bénéficie d’une production généreuse. S’il manque peut-être parfois d’une certaine maturité – j’ai l’impression par instants d’écouter l’album d’un jeune groupe qui n’a pas encore totalement trouvé son identité sonore – Mulles maitrise parfaitement l’art de riff qui tape fort et vient casser quelques cervicales. Ca charcute comme il faut, ça tabasse sévère et on se laisse rapidement emporter dans cette déferlante sonore de rage contrôlée.

HRAFNGRIMR: Niflheims auga

France, Pagan/Neo Nordic (Autoproduction, 2024)

La musique pagan ou le folk inspiré des cultures scandinaves a encore de beaux jours devant lui. Nouveau venu sur la scène hexagonale, Hrafngrimr (prononcez: Raven Grimer, c’est, somme toute, assez simple non?) est un projet monté par Mattjö, ex-membre de Skald féru de culture nordique. Après avoir envisagé Hrafngrimr comme un collectif où les musiciens pouvaient entrer et sortir en fonction de leurs disponibilités, il a finalement décidé de structurer un vrai groupe auquel, à la suite d’une jam, il a inclus sa conjointe, la chanteuse Christine Roche, tous deux formant ainsi un duo vocal aux tonalités radicalement différentes. Avec Niflheims auga, Hrafngrimr propose un album de ce qu’il nomme du neo nordic. Au travers de 9 titres, le groupe explore la culture musicale viking tout en abordant des thèmes d’actualité. La lenteur rythmée de chaque chanson est mise en lumière par la lourdeur et la gravité des instruments typiques du genre – c’est à dire souvent créés pour un usage spécifique – et le mélange, la complémentarité des voix, celle profonde et grave de Mattjö et l’autre plus chaleureuse, voire rassurante de Christine – se révèle efficace de bout en bout. Avec ce premier album, Hrafngrimr nous invite à un voyage initiatique dans un univers encore méconnu. Laissez-vous tenter…

DYSCORDIA: The road to Oblivion

Heavy metal, Belgique (Autoproduction, 2024)

Loin d’en être à leur coup d’essai, les Belges de Dyscordia reviennent, quatre ans après leur troisième album, avec The road to Oblivion, un album composé de 8 titres forgés dans un metal moderne. Mêlant avec bonheur des sonorités rugueuses à des tonalités plus soft, le groupe explore aussi bien le heavy metal dit traditionnel qu’il s’aventure aux limites du metal progressif. Tout au long des The Passenger, Oblivion (et son chant aux limites du black), de l’instrumental Interlude ou de The demon’s bite, Dyscordia, sans renier son identité musicale, égrène discrètement ses influences – qui vont d’Iron Maiden (via quelques cavalcades rythmiques) à Soen (quelques lignes de chant me rappellent Joel Ekelöf), en passant par Metallica ou Dream Theater, c’est dire la variété musicale du combo – au travers de guitares rapides et furieuses – au nombre de trois: Stefan Segers (qui growle aussi), Guy Commeene et Martjin Debonnet – et de fondations rythmiques puissantes forgées par le bassiste Wouter Nottebaert et le dernier arrivé, le batteur Chevy Mahieu. bien que puissant et déterminé, le chant de Piet Overstijns aurait mérité d’être mieux mis en avant par la production, par ailleurs moderne et efficace. Malgré cette faiblesse, The road to Oblivion a tout pour faire s’agiter les crinières et taper du pied. On comprend bien que Dyscordia, au fil des ans, ait su séduire le public de festivals aussi prestigieux que le PPM fest ou le Grasspop Metal Meeting. Il faut maintenant franchir les frontières du Bénélux, les gars!

Interview: HRAFNGRIMR

Interview HRAFNGRIMR. Entretien avec Christine (chant) le 14 juin 2024

Pour commencer, Christine, peux-tu me répéter la prononciation du nom du groupe ?

Christine : Bien sûr : ça se prononce Raven Grimer. Une fois qu’on le sait, ce n’est pas compliqué (rires) !

Ce qui signifie « celui qui porte le masque du corbeau ». De quel masque s’agit-il, celui porté pendant la grande épidémie de peste ou s’agit-il d’autre chose ?

Christine : Non, c’en est un autre. Il s’agit plus du folklore scandinave et de toute la symbolique du corbeau qui était plutôt un oiseau messager.

Peux-tu me parler de l’histoire de Hrafngrimr ?

Christine : Le groupe a commencé en 2020, juste avant le Covid, je crois… C’est Mattjö qui est à l’origine du projet – je n’en fait partie que depuis 2 ans.

Mattjö étant un ex-membre de Skald.

Christine : Tout à fait. Quand Skald a été fini pour lui, il a monté Hrafngrimr avec des personnes qu’il avait dans son cercle de connaissances musicales pour créer un collectif. A la base, il voulait ce collectif avec des musiciens qui puissent aller et venir en fonction de leurs disponibilités et proposer un projet neo-nordique. C’est ce qu’il voulait à la base, mais il s’est vite rendu compte que ce choix n’était pas le plus opportun parce que ces personnes qui étaient dans le collectif n’étaient pas toujours là pour les bonnes raisons. Je ne connais pas tout l’historique, mais ces gens-là étaient dans le collectif et la difficulté principale était que plus il y a de monde, plus il y a de difficultés. On ne connait pas vraiment les gens et on découvre au fur et à mesure les personnalités de chacun.

Et toi, tu es arrivée dans ce « chaudron » il y a 2 ans…

Christine : Oui. J’avais fait quelques jams avec eux. Mattjö et moi, nous sommes en couple depuis 3 ans. J’ai d’autres projets à côté, je ne suis pas issue du monde pagan, je viens plus du punk, du rock et du metal. Du coup, c’est un univers qui m’était inconnu, je regardais ça de loin. Un jour, on a eu l’occasion de faire une jam après un évènement, ils m’ont fait intervenir, et après ils ont décidé, tous, d’un commun accord, de m’intégrer au groupe. 0 partir de là, on a travaillé les chants de manière différente avec Mattjö pour que ça devienne un duo vocal, et à partir d’août 2023, le collectif s’est transformé en groupe. Ça m’était très mal à l’aise, ce collectif, parce que je ne conçois pas qu’on puisse être interchangeable, aller et venir… Pour moi, il était important qu’il y ait un engagement personnel et que chaque membre du groupe soit un ingrédient obligatoire pour que ça devienne un cockatail réussi…

Qu’il y ait une complémentarité entre chacun…

Christine : Tout à fait ! On a, depuis août 2023, un groupe vraiment soudé. On a travaillé une nouvelle esthétique, on a bossé sur l’album, et là, on a travaillé tous ensemble. Avant, c’est Mattjö qui composait tout, mais là le processus a été tout autre puisque chacun a donné un bout de soi, on a coconstruit ensemble cet album, et chacun a mis un peu de son émotion dans l’album. Mattjö et moi avons beaucoup travaillé sur l’album, mais on a aussi travaillé avec Mustapha Kebal (Arkan) pour la compo et l’écriture des textes.

Dans ce groupe il y a aussi une particularité : un groupe, habituellement, ce sont les musiciens, mais sur votre bio, vous présentez également Sam et Clara qui sont deux danseuses. Elles font partie intégrante du groupe ?

Christine : Oui, principalement pour les festivals, quand la scène s’y prête. Parce que ça prend beaucoup de place ! Elles ne sont pas musiciennes, mais quand on fait des résidences, elles nous accompagnent pour répéter et intégrer leur danse à la prestation.

Comment déifierais-tu la musique de Hrafngrimr ? Pourquoi cette dénomination de « ,eo-nordique » ?

Christine : Alors… on est tous issus du metal et à l’époque il y a eu le Nu metal, neo metal. Au regard de la recrudescence des groupes pagan, dark folk… on a décidé de mettre en avant un style spécifique. Dans cet album, il y a des influences diverses, et c’est un métissage de nous tous. On ne se donne aucune limite, aucun protocole.

Alors comment décrirais-tu votre musique à quelqu’un qui ne vous connais pas de manière à l’inciter à vous écouter ?

Christine : Je la décrirais comme une musique très onirique et immersive, qui nous fait voyager à travers de multiples cultures, un peu comme les vikings lorsqu’ils parcouraient le monde… C’est une musique qui invite à la découverte de multiples cultures et horizons, une musique qu’on souhaite moderne. On a aussi décidé d’écrire nos propres textes – la plupart des groupes pagan s’inspire d’un livre ancien, pas nous – des textes qui font le constat de notre monde actuel à travers la symbolique et le folklore scandinaves, mais aussi avec le prétextes que  « nous sommes des êtres venus de Niefelheim, nous observons ce qui se passe dans Midgard » – le monde de s hommes. Dans la mythologie scandinave, il y a 9 mondes, on a choisi de venir de Niefelheim parce qu’il y a très peu d’écrits dessus. On s’est dit que c’est un bon terrain de jeu pour pouvoir y créer des choses. C’est donc un bon prétexte pour pouvoir apporter notre regard sur le monde, sur notre civilisation et ce qu’elle est en train de devenir…

C’est d’actualité…

Christine : Oui, totalement ! On veut aussi pouvoir aborder des moments qui nous traversent dans la vie, comme des joies ou la mort…

Cette mythologie scandinave, vous vous l’êtes appropriée comment ?

Christine : Je ne suis pas forcément la bonne personne pour en parler parce que j’ai découvert cette culture il y a peu de temps, il y a deux ans (rires). Mattjö , lui, est baigné dedans depuis tout petit, c’était un intérêt qu’il a depuis le plus jeune âge, la culture scandinave, les vikings, la reconstitution historique, c’est vraiment une de ses passions. Il me l’a transmise quand on s’est connus. Il est féru de toute cette culture, il a beaucoup de bagage littéraire autour de ça, et ce qui était assez marrant, c’est que quand il m’en a parlé, c’est venu à moi parce que j’ai des origines scandinaves. Ma grand-mère m’a laissé, avant de mourir, une broche qu’on lui a léguée : un drakkar de viking. Elle faisait partie d’une longue lignée de vikings. Dans mon puzzle, il me maquait toute cette partie qu’elle n’a pas eu le temps de me raconter.

Ce qui est une justification supplémentaire de ta présence dans le groupe.

Christine : Oui, mais ce qui justifie également ma présence c’est ma signature vocale qui est aussi totalement différente de ce qu’on trouve habituellement dans le pagan. J’ai une voix bien plus grave et rocailleuse, plus rock, et cette touche-là apporte aussi une couleur différente.

Vous allez cette année participer au Hellfest. Comment on prépare une date comme celle-là qui est importante dans la vie d’un groupe ?

Christine : Absolument. C’est énormément de travail. Ça fait plusieurs mois qu’on travaille sur ce concert. Ça demande beaucoup de rigueur, une hygiène de vie particulière, du sport pour être dans la meilleure condition physique parce que on va jouer 40 minutes, mais ces 40minutes, on veut qu’elles soient les meilleures possible, on veut se donner à 300% ! On fait aussi des résidences pour travailler ce concert qui aura lieu dans deux semaines maintenant.

Vous travaillez aussi le visuel, j’imagine ?

Christine : Oui, on aura des costumes beaucoup plus modernes. Il y aura cette touche pagan avec des os et des plumes, des choses qui font référence à la nature, mais il y aura aussi un côté plus contemporain, plus moderne à l’image et à l’esthétique visuelle durant le concert. Donc nos costumes seront beaucoup plus… 2024 (rires) !

Si tu devais ne retenir qu’un seul titre de votre album pour expliquer à quelqu’un ce qu’est l’esprit du groupe, ce serait lequel ?

Christine : Waow… C’est compliqué comme question, parce que chaque titre de l’album a une histoire différente, un tonalité émotionnelle différente…

Maintenant, tu n’as que 3’ pour convaincre, tu choisis quel titre ?

Christine : Euh… le premier, Niu bylgjur parce que c’est un mélange de tout ce qu’on va découvrir dans le reste de l’album.

Il y a un mystère sur votre dossier de presse que tu vas pouvoir m’expliquer : il y a, sur cette photo très sombre, une femme qui porte une sorte de masque métallique. De quoi s’agit-il ?

Christine : Alors, déjà, la femme c’est moi (rires)…

C’est un peu ce que je pensais…

Christine : Et il s’agit d’un masque, en effet. Un masque que j’ai commandé. On souhaitait que l’esthétique soit plus moderne, tout en gardant l’essence du folklore scandinave et ancestral. Ce que je remarquais dans les visuels des groupes pagan c’est que les femmes, ou les hommes, sont grimés de maquillage souvent du même type. Je ne souhaitais pas me maquiller de la sorte pour éviter d’ennuyer les gens et donner une touche un peu plus moderne. J’ai trouvé qu’il serait plus intéressant de porter ce masque, fait de métaux précieux. Il est orné de pierres. Il fait le lien entre l’ancien et le moderne, je trouve, tout en gardant les codes du passé. La photo de l’album, c’est mon costume de scène. J’ai une robe noire, très longue, mon masque et des dreads que je me fais poser et enlever pour les concerts… J’ai aussi des bijoux, des plumes, plein de petits trucs et gri-gris…

On sait qu’un groupe de rock, d’autant plus avec un premier album, ne vit pas de sa musique. Quelles sont vos autres activités dans vos autres vies ?

Christine : Mattjö est graphiste, Mus, aussi. Nicolas Derolin est intermittent du spectacle, donc il ne fait que ça. Hindrick est, je crois, programmateur en cybersécurité. Et moi, je suis psychologue clinicienne. Je suis vraiment dans l’humain, au quotidien. Je travaille avec des autistes, avec des enfants qui sont dans un autre monde, aussi (rires).

Quelle pourrait être la devise de Hrafngrimr ?

Christine : Je pense que… ça pourrait être la solidarité, la bienveillance, le respect et l’humanité…

C’est d’actualité aussi. En tout cas faisons en sorte que ce soit d’actualité.

Christine : Oh, oui ! C’est important.

CATALYST: The age of rocketeers

Belgique, Death progressif (Autoproduction, 2023i

Un enfant qui joue sur une terre asséchée une « fusée » douteuse à la main, des cheminées qui fument au loin et des missiles qui décollent… Le cadre d’un constat quelque peu morbide de notre société est posé dès l’illustration de The age of rocketeers, le premier album des Belges de Catalyst. Formé en 2018 par deux ex-membres de Gitaron – les guitaristes Philip Pedraza et Aäron Onghena – Catalyst a complété son line-up avec l’intégration du frère d’Aäron, Benjamin Onghena à la basse et la « découverte » du chanteur Jeroen Van Ranst, issu de Monomad. Ce n’est qu’après l’enregistrement de deux Ep, en 2018 et en 2022, que le groupe intègre Sam Bogaert à la batterie et enregistre The age of rocketeers paru fin 2023. Les 9 titres proposés sont à la fois rugueux et mélodiques. Le chant de Jeroen est varié, passant de la douceur à la rage et la colère, et l’ensemble musical propose une palette de couleurs tout aussi variée. Les riffs concoctés par la paire de bretteurs incitent à se démonter les cervicales tout en réservant des moments de respiration, sorte de lueurs d’espoirs dans ce monde en perpétuelle destruction. Un album puissant et racé, en somme.

SHOCKER: Fractured visions of the mind

Metal Progressif, Belgique (Autoproduction, 2023)

C’est en 2018 que se forme Shocker, après la rencontre que font Sammy Peleman (chant, ex-After All et ex-September Sin) et Koen Vanasshe (basse, ex-Gae Bolga et autres) avec David Vandewalle (guitare). Après divers essais, le groupe se stabilise enfin et publie en 2021 un premier Ep, mais voit son batteur d’alors quitter le navire. C’est donc avec le guitariste et claviériste Chris Dedeurwaerder et le batteur Louis Genovese que Shocker enregistre Fractured visions of the mind, qui parait fin 2023 et que je découvre aujourd’hui. Tout au long des 9 titres de ce premier album, les Belges nous offrent un metal racé et puissant avec de jolies échappées dans les contrées du metal progressif. Tout au long des Shattered ou Injecting the parasite l’ombre de Queensrÿche et de Geoff Tate semble planer au dessus du groupe, tandis que le chant de Sammy rappelle également celui de Geddy Lee (Rush). Efficace de bout en bout, cet album évoque également par instants Deep Purple ou encore Iron Maiden. Chacun des titres se distingue des autres, dont le morceau éponyme au refrain direct et particulièrement efficace qui précède And so it has begun, une conclusion presque instrumentale seulement « dérangée » par quelques paroles éparses. Avec Fractured visions of the mind, Shocker nous propose un album très accessible et efficace, bien moins torturé que ne le suggère cette horrible pochette. Une superbe découverte à découvrir et à soutenir.

HELLFEST 2024: Le report

La Gardienne des Ténèbres

« Le monde a changé… » Les mots qui introduisent le premier volet du Seigneur des anneaux sont ici adaptés. Parce le Hellfest, aussi, a changé et change. D’année en année, le plus grand festival français de musiques extrêmes poursuit sa transformation et le monstre mue et évolue. Les changements sur le site, s’ils se font moins notables sont pour autant tout aussi remarquables. pour le plaisir des yeux et des oreilles, Metal-Eyes a sillonné le site de long en large, de fond en comble. En 4 jours, ce sont plus de 80 km parcourus, une paire de baskets HS, quelques 36 concerts couverts – avec, pour je crois la première fois depuis longtemps, toutes les scènes visitées, avec notamment un record pour la Warzone – trois saisons vécues en l’espace de ces 4 journées, des averses de dingue mais pas assez longues cependant pour que le site ne se transforme en terrain boueux. Et surtout, des rencontres, des retrouvailles, des découvertes à gogo. Un Hellfest intense et usant, mais c’est aussi ça! Comme il est impossible de tout relater ici, je vous invite à m’accompagner dans mes humbles souvenirs de ce dernier week-end en enfer!

The Sanctuary by night

Commençons cependant, comme il se doit, par les sources d’insatisfaction… Bien que l’orga ait annoncé une fréquentations de 240.000 festivaliers, on a bien souvent l’impression de côtoyer plus de 70.000 personnes par jour. Il n’y a pas qu’à simplement rajouter les invités, les médias ou les bénévoles, mais bien, semble-t-il, du public. En plus de ça, le journal régional s’en fera le relais, entre les files d’attentes pour aller se soulager la vessie – le Hellfest avait déjà bien travaillé le sujet, mais cette année, force est de constater, les longues files d’attentes en témoignent, qu’il y a eu un cruel manque de WC – et le fait de ne plus se voir proposer de « petits » formats de boissons – on oublie les 25cl au profit unique des pintes – une relation de cause à effet? – joue sans doute en ce sens. On notera également une sorte d’aspect plus « touristique » de la population. Certains pouvaient, à tort, reprocher, il y a quelques années au Hellfest d’être une sorte de Disneyland metal, on ne peut que constater qu’aujourd’hui on s’en rapproche de plus en plus, même dans un esprit post apocalyptique. Même si l’arrivée annoncée de la Gardienne des ténèbres, gigantesque création des machines de Nantes attire les regards, on ne peut que constater – déplorer diraient certains – le côté too much du Hellfest cuvée 2024, d’autant plus avec les annonces faites par Ben Barbaud à la fin du week end – Muse ou Coldplay pourraient y avoir leur place. Que le Hellfest soit plus populaire est une bonne chose, mais on a parfois l’impression que l’esprit originel de défenseur des musiques extrêmes a cédé le pas au profit du dieu marketing et/ou capital. Le Hellfest est devenu une marque commerciale à part entière, soit, mais lorsqu’elle se décline autant – pas un supermarché qui ne propose des dizaines de produits dérivés, principalement des boissons, de la bière au whisky, mais également des jeux, des aromates épicés… – on peut se demander où est passé l’esprit aventurier des débuts. La rançon du succès passe sans doute également par là.

Parmis les satisfactions, il y a ce constat que, enfin, Altar et MS1 ne jouent pas en même temps, ce qui permet une meilleure écoute. Logiquement, l’alternance se fait en respectant un rythme MS1/Temple et MS2/Altar tant que cela est possible, à savoir en journée. Egalement, les ombreux points d’eau sont facilement accessibles et permettent donc de s’hydrater comme il le faut.

Lemmy veille. Toujours.

Il n’empêche, la machine Hellfest propose une affiche variée qui, même si elle m’emballe moins cette année, a de quoi séduire tous les publics amateurs de musiques amplifiées, du plus mainstream au plus spécialiste .

Jeudi 27 juin

Le Hellfest commence désormais tranquillement le le jeudi après midi. Les portes ouvrant vers 14h, je fais tranquillement la route depuis Orléans pour trouver place au parking et récupérer sans pression mon accréditation. Le temps de dire un rapide bonjour aux quelques copains déjà présents, je file assister au premier concerts. Un coup d’oeil au Sanctuaire, l’espace merch officiel du Hellfest m’incite à ne pas prendre place dans le queue – il y en a déjà pour trois heures d’attente, alors qu’on circule très facilement du côté des espaces merch des artistes. Bien que The Sanctuary soit une superbe initiative, il semble nécessaire de repenser cet antre afin de fluidifier la circulation du public et faciliter ses achats. Sans doute peut-on imaginer un second temple?

Maintenant, les concerts. Sur la Mainstage 1, on a pu se défouler avec Slaughter To Prevail qui a démonté le public témoin d’exactions sans pareil. Quoique… Kerry King et sa troupe ont expliqué à l’ensemble du public n’en avoir rien à faire d’une retraite et revient aux affaires avec force conviction. Brutal et direct, le show de « l’ex »-Slayer a mis tout le monde d’accord. C’est peu dire que le gang ait mis le feu tant la pyro était de mise. Impressionnant retour!

Kerry King @HELLFEST 2024

Megadeth a aussi su se placer en maître incontesté du thrash classieux, mais, ayant vu la nouvelle formation de maître Dave Mustaine une semaine à peine plus tôt, j’ai préféré aller assister à un autre concert (ce que je ferai également pour Extreme et Tom Morello pour les mêmes raisons).

Du côté des tentes, malgré un propos musical explosif, j’ai trouvé Immolation très concentré et attentif à son sujet. Seuls quelques instants se sont révélés plus fulgurants pour un concert que d’aucuns pourraient qualifier de sobre.

Immolation @ HELLFEST 2024

Ce ne fut pas le cas des Mexicains de Brujeria qui, visiblement très attendus, ont donné une prestation des plus explosives d’un death grind aux relents simplement brutaux.

Brujeria @HELLFEST 2024

Il en est allé de même avec les très attendus Japonais de Crystal Lake qui ont proposé leur metalcore à un public des plus denses venu en nombre envahir la warzone. Circle pits et slams de rigueur ont émaillé ce concert haut en couleurs.

Crystal Lake @HELLFEST 2024

J’ai, cette année, quelque peu déserté la Mainstage 2. Une programmation attirante sur d’autres scènes explique en partie cette désaffection, mais un « détail » m’a quelque peu convaincu de m’en éloigner: désormais, la scène se situe à plus de 3m de hauteur et y faire des photos s’avère peu intéressant. Des bustes, des instruments coupés, une distance et un éloignement peu propice au plaisir de l’image. J’ai ainsi renoncé à assister aux concerts de Savage Lands – pourtant à découvrir – de Steel Panther – on sait à quoi s’attendre – Rhapsody Of Fire, malmsteen, Accept, Bruce Dickinson, Saxon, Frank Carter ou encore Corey Taylor. Mais les concerts auxquels j’ai pu assister, sinon photographier, valaient le détour.

A commencer par Landmvrks qui, même si je ne suis pas sensible à la musique, a simplement tout démonté et retourné le public avec une prestation explosive de bout en bout. C’est simple: la sécu a vraiment commencé à travailler avec Landmvrks qui a vu une nuée de crowd surfers se diriger vers la scène.

Landmvrks @HELLFEST 2024

Dropckick Murphys ne fut pas en reste, le rock punkisant et festif des Américains étant naturellement taillé pour la scène. Impossible de résister à cette folle envie de guincher! Même Al Barr, le chanteur a le regard ébahi en voyant un spectateur surfer sur la foule dans son fauteuil roulant. Déjà au contact du public, le chanteur tout souriant va le saluer et lui taper la pogne. ce n’est que le début d’un concert festif et explosif, celui qui clôt en beauté cette première journée.

Vendredi 28 juin

Le vendredi débutera sous Altar avec une première claque infligée par Karma Zero. Le public est déjà présent, et se prend lui aussi un bon coup derrière la tête.

Karma Zero @HELLFEST 2024

Je file sur MS1 retrouver les Français de 7Weeks qui donnent une jolie prestation devant un public encore épars – bon… quelques milliers de personnes à 11h du mat, on est souvent preneur. Axant son court set sur ses derniers morceaux, le trio séduit comme il se doit.

7Weeks @HELLFEST 2024

A coté, sur Main 2, ce sont les Espagnols d’Ankor qui délivre un set aussi enjoué que puissant. Le groupe mixte, qui existe depuis le début des années 2000, fait une belle impression et remporte incontestablement de nombreux suffrages.

Angkor @HELLFEST 2024

Je me laisse ensuite tenter par les Japonaises de LoveBites – et me surprends à penser que, depuis deux jours, je n’ai sans doute, et tant mieux, jamais vu autant de femmes sur les scènes du Hellfest. Toute de blanc habillées, les jeunes femmes présentent cette grande, très grande différence d’avec leurs consœurs de Baby Metal (passées la veille sur MS2) de vraiment jouer de leurs instruments. Une belle découverte visuelle sinon musicalement mémorable. Ce sera – malheureusement ou pas – ma dernière MS 1 du jour.

Love Bites @HELLFEST 2024

Je dois déserter le site et ne reviens que pour le set de Lofofora. Comme à son habitude, Reuno est enragé et, en ce week end électoral, n’hésite pas – le contraire eut été surprenant – à lancer messages et consignes. Mais, voilà que la scène est investie par deux femen, mini jupes et seins à l’air, armées de fumigènes et d’une banderole, scandant de longues minutes durant que « l’enfer c’est vous, nous c’est MeToo« . Une intervention planifiée qui casse le rythme du concert des Français, tous s’étant retirés de scène laissant les filles faire leur show – peu convainquant selon moi.

Lofofora @HELLFEST 2024
Lofofora @HELLFEST 2024

Les interviews commencent et je reviens sous Temple pour découvrir les Allemands de Kanonenfieber, formation spécialisée dans la première guerre mondiale dont les musiciens sont en uniforme et masqués. Un décor de tranchées, de barbelés et un canon qui tonne ajoutent un intérêt visuel au death/black du groupe visiblement attendu.

Kanonenfieber @HELLFEST 2024

Je zappe volontairement Steel Panther dont le show ne réserve guère de surprise sauf pour ceux qui découvrent le groupe live. Je leur préfère Satyricon qui remet aussi les pendules à l’heure sous Temple. On ne rigole pas à cette heure de la journée!

Satyricon @HELLFEST 2024

Après avoir couvert leur concert à Orléans, je ne pouvais rater le show de Shaka Ponk. Certains disent que Frah et sa bande n’ont rien à faire au Hellfest, Shaka leur démontre le contraire! La foule qui se masse devant la MS2 prouve bien l’intérêt public que suscite le groupe! Dommage seulement qu’il faille être sur liste pour les shooter… Je décide de m’apporcher de la scène et se frayer un chemin se fait en jouant des coudes. une foule remonte dans l’autre sens, mais, arrivé devant les barrières, je comprends pourquoi: les crowd-surfers n’arrêtent pas d’arriver par vagues entières, donnant un sacré boulot à la sécu, cette foule quittant les lieux le sourire aux lèvres. Comme toujours, le chanteur saute dans le public, se faisant porter par lui – on notera le final pour lequel deux cubes l’un sur l’autre lui servent de plongeoir sous les yeux ébahi d’un agent de sécurité qui semble se dire « nannn… il ne va pas faire ça?!? » – tandis que sa complice Sam va le narguer avec ses gentilles provocs. Sans conteste une des meilleures performances du week-end!

Le temps de remonter le courant, Machine Head est déjà sur scène devant un public tout acquis à sa cause. Visiblement, Flynn met le feu et retourne MS1, mais je n’assiste au concert que de loin… Dommage, Machine Head semblant plus qu’en excellente forme.

Samedi 29 juin

J’aime aller voir les groupes que je vais rencontrer… Même s’il y a parfois des ratés, je me lève tôt pour aller voir Darken. Las, le groupe ouvre la journée du samedi sous la pluie ce qui a sans doute calmé les (h)ardeurs de certains festivaliers. En plus, la tête d’affiche de ce soir a installé un gigantesque demi cercle… Metallica veut se rapprocher de son public mais impose une grosse distance aux autres groupes… Darken ne se laisse pour autant pas démonter et donne un set thrash et direct.

Darken @HELLFEST 2024

Mon regard est attiré par un duo qui, sous Temple, semble attirer les regard et attise ma curiosité. La journée s’annonce folk aujourd’hui et je découvre Eihwar aux tonalités nordiques et à la musique simplement envoutante. Les Français séduisent et marquent quelques points avec une prestation élégante.

Eihwar @HELLFEST 2024

Direction la Warzone pour aller soutenir The Dead Krazukies, là encore en belle forme. On sent les basques à l’aise et visiblement ils n’ont qu’une chose en tête: des circle pits et des wall of death, jeux auxquels le public se prête volontier dans la bonne humeur. Ce genre de punk là est fait pour mettre le feu à cette scène, et le pari est gagné.

The Dead Krazukies @HELLFEST 2024

Les Néo-Zélandais d’Alien Weaponry ont déjà fait connaissance avec le HF en 2022 et ne s’en laissent pas compter. Débutant leur set avec leur traditionnel Haka, ils ne se laissent pas impressionner par la-dite scène et investissent à loisir l’espace de Metallica pour aller chercher le public.

Alien Weaponry @HELLFEST 2024

Matthieu, transfuge de Skald, a monté son propre projet pagan viking avec son épouse, Christine. Le duo se partage le chant au coeur de Hrafngrimr (ça se prononce Raven Grimer, facile, non?), un groupe dont l’originalité, outre les instruments « sur mesure » est de comporter en son sein deux danseuses dont la gestuelle illustre chacun des titres et des musiciens provenant de divers groupes, dont Mus d’Arkan. Les chansons, justement, aériennes et légères, entraine l’auditeur dans ces univers nordiques. Encore une formation plus que séduisante évoluant dans un univers décidément très en vogue.

Hrafngrimr @HELLFEST 2024

C’est avec plaisir que je retrouve Anvil, pile au bon moment, Lips nous offrant son légendaire solo de guitare avec godemichet. Le trio est en forme et délivre un set fun et apprécié du public qui semble apprécier les facéties du bassiste édenté Chris Robertson.

Anvil @HELLFEST 2024

Enfin! Oui enfin! pourrais-je dire Car Black Stone Cherry reste un de rares groupes que je n’ai pas encore eu l’occasion d’acclamer sur une des scènes du Hellfest. mené par un autre Chris Robertson au chant et à la guitare, le groupe est lui aussi en forme et profite du soleil pour délivrer un set qui résume bien sa carrière. Steve Jewell, qui remplace Jon Lawhorn à la basse depuis son départ, a trouvé ses marques et s’est parfaitement intégré au groupe. Toujours aussi explosif, Ben Wells saute comme un cabris, arpentant la scène de long en large tandis que le batteur John Fred Young s’agite derrière ses fûts, bien éloigné du public. Un set un peu trop court, mais ce sont aussi là les règles d’un festival. Vivement un retour en salle!

Black Stone Cherry @HELLFEST 2024

Ce samedi est la journée la plus chargée en matière d’interviews. Une fois les premières faites, je préfère retourner vers la Warzone pour découvrir, enfin, le cultissime Didier Wampas Psycho Attacks. Une chemise de touriste exotique sur le dos, le gaillard propose un set fun et n’hésite pas non plus à se faire porter par le public aux anges. Rien de très sérieux dans sa musique, le groupe propose un set simplement fun et quelque peu irrévérencieux.

Didier Wampas Psycho Attacks @HELLFEST 2024

Je découvre ensuite, sur cette même scène et sous la pluie qui revient, Nekromantix, groupe au look piqué à Marlon Brando ou James Dean, proposant un rock vintage énergique joué avec une contrebasse forgée dans un cercueil par des musiciens peu sérieux (le batteur qui vient se poser devant la scène pour se laquer la banane…) maitrisant cependant leur sujet.

Nekromantix @HELLFEST 2024

Malgré la pluie qui se fait dense, la file de photographes et la foule qui prend place devant la Valley indique que Mr. Bungle est attendu. Si Mike Patton est attendu comme jamais, la troupe compte également en ses rangs de fines gâchettes: Scott Ian et Trey Spruance aux guitares, Trevor Dunn à la basse et Dave Lombardoo à la batterie pour un cocktail musical déjanté et envoutant. On ne s’y trompe pas, et la pluie n’empêche ni le public de rester, ni le groupe de s’éclater.

Mr Bungle @HELLFEST 2024

Je rentre de la Valley pour aller me protéger dans un espace VIP ultra blindé – l’espace presse a fermé ses portes comme tous les jours à 22h précises – y découvrir l’ami Erwan affalé qui a raté le groupe qu’il attendait pourtant avec l’impatience d’un gamin excité, et, comme de nombreux autres, patiente le temps que la météo se calme. Dans quelques minutes, Metallica sera sur scène et la foule commence a déserter le VIP pour aller braver les éléments. Oui, il est temps d’aller rendre hommage aux patrons, mais il s’avère rapidement compliqué de se faufiler assez près pour pouvoir vraiment voir ce concert. Alors j’écoute. De loin, et je regarde un peu ces écrans partagés qui ne laissent guère voir grand chose. Creeping death ouvre le concert avec détermination, et la suite est prometteuse. Mais quel intérêt de regarder des écrans? Je décide alors de quitter les lieux alors que les Horsemen annoncent leur désormais traditionnelle reprise: ce soir, il s’agit de… L’aventurier (Bob Morane) d’Indochine, groupe que je n’ai jamais aimé mais je ne peux que m’incliner devant le fait accompli: Metallica parvient sans peine, malgré une interprétation foireuse, à faire chanter en chœur 60.000 spectateurs, et ça, c’est fun. Las, la fatigue de la journée l’emporte et je rentre me coucher, renonçant à regret au concert de Saxon…

Dimanche 30 juin

Dimanche, dernier jour… Je commence la journée avec Sang Froid dont l’album proche de la new wave m’avait séduit et que je dois rencontrer un peu plus tard dans la journée. Un concert étonnant qui permet aux musiciens d’échapper à leur quotidien plus violent (certains viennent de Regarde Les Hommes Tomber).

Sang Froid @HELLFEST 2024

Direction MS2 pour assister à un concert étrange… Rapidement, je me demande ce que Hotwax fait là, ne parvenant pas à saisr l’intérêt de leur présence à Clisson. Un esprit à la L7, des clins d’oeil au punk féminin? J’ai sans doute raté quelque chose et je n’accroche pas.

Hot Wax @HELLFEST 2024

C’est donc sans regrets que je retourne sous les tentes, cette fois sous Altar, pour voir Deficiency, groupe que je suis depuis quelques temps mais que je n’ai pas encore vu live. Le moins qu’on puisse dire est que les Français connaissent également leur affaire et dépotent autant que possible.

Destinity @HELLFEST 2024

Après avoir erré sous les tentes, je me dirige vers MS pour voir les foldingotes de Nova Twins qui, avec leur funk groovy et metallique, et leur look un peu moins improbable qu’on aurait pu s’y attendre, séduisent la petite foule présente. Amy Love et Georgia South emportent tout sur leur passage dont de nombreux suffrages publics. En cinq ans – elles se sont déjà produites ici même en 2019 – les « jumelles » ont évolué pour le mieux et le prouvent aujourd’hui encore.

Nova Twins @HELLFEST 2024

Je file ensuite sous Altar où Karras remplace au pied levé Caliban. Comme me le dit un collègue photographe, à défaut de shooter Yann avec Mass Hysteria, on peut le photographier avec Karras, on fait donc du « Mass Karras »! Ce n’est pas le genre de la maison et le trio défonce tout pendant les 45′ qui lui sont allouées, entrainant avec lui un public aux anges.

Karras @HELLFEST 2024

Nous étions quelques uns à attendre avec impatience le passage des soeurs Wilson à Clisson… Et quelques uns à regretter que Heart annule sa venue. Alors, OK, Blues Pills est une valeur sure mais ne saurait remplacer les Américaines. Pourtant, comme toujours, les Suédois, menés par la toujours énergique Elin Larson, proposent un heavy rock groovy à souhaits qui, là encore, emporte le public dans un tourbillons dansant, sous le soleil qui plus est!

Blues Pills @HELLFEST 2024

Il reste quelques interview à faire, et la journée avance… Je prend enfin le temps d’aller faire un tour au Metal market pour y discuter de nouveau avec Saad Jones, l’écrivain m’annonçant s’attaquer enfin à son quatrième roman. un peu de lecture pour 2025? Espérons le. Je fini par quelques emplettes et file ensuite shooter ce qui sera mon dernier groupe de cette édition: Rival Sons, là encore très attendu par le public. Si les regards se portent comme toujours sur Jay Buchanan, chanteur aux pieds nus à la voix d’or, et son complice guitariste Scott Holiday, c’est un groupe tout sauf rival qui joue ce soir. Si certains ont fait part de leur étonnement quant au choix de faire jouer Rival Sons sur la Valley, les Américains assurent cependant ici une tête d’affiche remarquable. Auraient-ils cependant fait aussi bien sur une Main Stage? Pas sûr, alors prenons ici ce qu’il y a de bon, et de meilleur à prendre.

Rival Sons @HELLFEST 2024

Alors que je me dirige tranquillement vers la sortie, je saisi quelques instants de Foo Fighters . Pas assez cependant pour me faire une idée, suffisamment toutefois pour sentir le groupe délivrer un set propre et directement rock. Mais il est temps pour moi de reprendre la route. Alors que je chemine en direction de la voiture, je repasse dans mon esprit les instants forts de cette édition 2024 et les points à améliorer… Si l’ambiance générale a changé, pas forcément en mieux, j’ai pu passer beaucoup plus de temps avec les copains du monde entier – France, Espagne, Australie, Angleterre… – que d’habitude et faire de belles rencontres. Mais une fois encore, les kilomètres parcourus sont usant, et la dernière journée s’est avérée plus difficile que les années précédentes. Mais, une fois encore, le Hellfest, c’est aussi ça. Alors que les places de l’édition 2025 sont déjà parties, attendons maintenant les premières annonces pour la prochaine édition qui se tiendra du 19 au 22 juin 2025 – et dont l’ensemble des pass 4 jours ont, en ce 9 juillet, trouvé preneurs en moins de… 90′. Le Hellfest aligne décidément record sur record!

La Gardienne des Ténèbres

HEAVY WEEK END: report du dimanche 23 juin

Judas Priest @HEAVY WEEK END

Cette troisième journée promet d’être aussi passionnante que diversifiée avec 4 groupes d’horizons variés mais de nationalités plus restreintes puisque nous avons trois groupes américains (Ayron Jones, Tom Morello et Alice Cooper) et un seul anglais (Judas Priest).

Ayron Jones @HEAVY WEEK END

Décidément très en vue et très présent en nos contrées, c’est un Ayron Jones concentré qui a l’honneur de lancer la journée. Bob Lovelace, son bassiste est quant à lui, et comme à son habitude, une véritable pile électrique qui va chercher le public tandis que le guitariste Matthew Jaquette (absent lors du concert à l’Elysée Montmartre en octobre dernier) use de ses charmes et de son sourire pour séduire le public, malheureusement encore peu présent en ce milieu d’après midi.

Ayron Jones @HEAVY WEEK END

Ayron Jones a choisi d’aller à l’essentiel en concentrant son set sur les principaux morceaux de ses deux derniers albums en date, favorisant même Child of the state dont il présente pas moins de 5 extraits (Boys from the pugget sound, Emily, Supercharged, Mercy et Take me away), les trois autres morceaux (On two feet I satnd, Otherside – et sa partie reprise de Smells like teen spirit de Nirvana – et Blood in the water) provenant quant à eux du plus récent Child of the state.

Ayron Jones @HEAVY WEEK END

A force de fréquenter l’Hexagone, Ayron se plie au jeu de l’apprentissage de la langue, et, après On two feet I stand, s’adresse au public en Français: « Comment ça va? Ca va bien? » suffisant pour être acclamé avant de présenter ses compagnons de scène.

Ayron Jones @HEAVY WEEK END

Si une bonne partie du public semble découvrir la formation, elle semble également réceptive à sa musique, savant mélange de rock, de blues et de soul, qui puise autant chez Lenny Kravitz que Jimi Hendrix en passant par Prince ou Michael Jackson. Oui, il y en a pour tous les goûts et Ayron Jones se retire avec le sentiment du devoir accompli.

Ayron Jones @HEAVY WEEK END
Tom Morello @HEAVY WEEK END

Tom Morello prend la suite devant un public plus dense. Arrivant sur scène le poing levé, le guitariste engagé attaque son instrument sans pitié. L’attitude de l’Américain, comme à son habitude, mélange sérieux, engagement et rage.

Tom Morello @HEAVY WEEK END

On admirera tout au long de son set les immenses portraits projetés en fond de scène mais les spectateurs peuvent également se demander qui sont ces personnages, principalement africains ou afro-américains, et quel message Morello veut transmettre. Sans doute l’a-t-il verbalisé pendant son concert, et si tel est le cas, je ne l’ai pas entendu…

Tom Morello @HEAVY WEEK END

Pendant une heure, le quatuor délivre certains de ses titres les plus emblématiques que ce soit avec RATM, Audioslave, des reprises, ou encore sous son nom. Soldier in the army of love, Vigilante nocturno côtoient ainsi les classiques que sont Killing in the name, les medleys Bombtrack/Know your enemy… ou encore The ghost of Tom Joad et Power to the people. Le public est conquis et l’on ne peut que regretter un temps de jeu trop court… Tom Morello remercie ensuite Ayron Jones d’avoir ouvert et fait part de son honneur de partager la scène avec Alice Cooper et Judas Priest, « deux de mes groupes préférés de tous temps » et cède la place pour la suite.

Tom Morello @HEAVY WEEK END
Alice Cooper @HEAVY WEEK END

On attaque avec l’un des gros morceaux de la soirée. Alice Cooper joue ce soir pour la toute première fois de sa carrière à Nancy et réserve la surprise du décor, un gigantesque voile noir cachant la scène aux yeux du public. Puis, deux êtres masqués font sonner leurs cloches avant de s’emparer chacun d’un des cotés du voile, le faisant tomber. Une gigantesque une de journal apparaît, annonçant qu’Alice Cooper est banni de France, mais le héros sanguinaire apparait enfin.

Alice Cooper @HEAVY WEEK END

Le show est lancé et, si la setlist reste sans surprise, si le spectacle regorge des effets désormais classiques, le show et la mise en place des chacun des musiciens sont simplement impeccables et dantesques. Chacun des musiciens connait naturellement son rôle sur le bout des doigts, proposant une mise en scène énorme, qui emporte tous les suffrages.

Alice Cooper @HEAVY WEEK END

Là encore, les classiques – No more Mr. nice guy, I’m eighteen, Billion dollar babies, Welcome to my nightmare, Elected, Poison, Hey stupid!… – sont de sortie mais Alice nous réserve quelques surprises, se faisant notamment accompagner par son boa sur Snakebite.

Alice Cooper @HEAVY WEEK END

Les artifices classiques sont toujours d’une redoutable efficacité: le paparazzo trop insistant qui fini par se faire planter par Alice, l’infirmière assassinée, la femme SM prise à son propre jeu fouettée par Alice qui, un meurtre de trop, fini par être décapité sur la place publique avant de revenir, le monstre de Frankenstein… Le public est tellement aux anges que, contrairement aux soirs précédents, et profitant de l’absence d’un agent de sécu, un puis deux puis une dizaine de spectateurs décident de rejoindre la fosse. De l’autre côté, certains se voient empêchés ce même accès mais l’agent présent voit déferler des dizaines de spectateurs qui envahissent la fosse. Le pauvre bougre, dépassé par les évènements, semble lancer un appel au secours à l’orga qui fini par demander qu’on fasse sauter les chainettes…

Alice Cooper @HEAVY WEEK END

Retour au concert où tous les ingrédients attendus sont présents permettant à ce concert de remporter tous les suffrages. Sans aucun doute le meilleur concert de ce week end, à ce stade en tout cas!

Judas Priest @HEAVY WEEK END

Car il reste maintenant la tête d’affiche. Judas Priest est, depuis quelques temps, dans une forme remarquable comme les Anglo-américains l’ont encore démontré à Paris. Alors que le fort à propos War Pigs de Black Sabbath résonne (« generals gathering their masses… ») le public se masse devant la scène. Même si le spectacle prévu est identique à ceux de Lyon et de Paris – le groupe réuni devant le kit de batterie avant d’investir la scène.

Judas Priest @HEAVY WEEK END

Là encore, on n’a pas de surprise, la setlist présentant cependant quelques différences avec celle proposée à Paris en avril dernier. Ainsi, ce soir, Judas Priest a retiré Lightning strikes, Love bites, Saints in hell ou encore Crown of thorns les remplaçant par Riding on the wind, Sinner et Invicible shield. Cependant, les classiques sont fort heureusement au rendez-vous, le public reprenant avec force Breaking the law, Turbo lover Electric eye ou Living after midnight.

Judas Priest @HEAVY WEEK END

Rob Halford est dans une remarquable forme, tant vocale que physique, arpentant plus la scène que tournant tel un lion en cage, Richie Faulkner et Andy Sneap occupent chaque espace de la scène et ian Hill tabasse son espace comme jamais. Seul Scott Travis, malgré sa remarquable frappe, est un peu moins enthousiaste surtout lorsqu’il s’agit, comme c’est son rôle depuis longtemps, de demander au public s’il veut encore une chanson. C’est un faiblard « Nancy, what do you wanna hear? » qui est lancé avant de démarrer un Painkiller annonciateur de la fin du show.

Judas Priest @HEAVY WEEK END

Sans surprise, The Hellion/Electric eye est le premier titre du rappel et Faulkner nous gratifie même, sur Hell bent for leather et l’arrivée à moto de Halford d’un solo inattendu à ce stade du concert, avant que Judas Priest ne conclue la soirée avec le classique parmi les classiques Living after midnight.

Judas Priest @HEAVY WEEK END

Ce soir encore, Judas Priest a récolté tous les suffrages et mis tout le monde d’accord. Le groupe en a encore sous le pied et on espère bien pouvoir les retrouver encore une fois dans cette même forme.

Judas Priest @HEAVY WEEK END

Au moment de partir – et de clore ce report – un rapide bilan s’impose: le Heavy week end, malgré une trop faible fréquentation, a tenu toutes ces promesse: un lieu idéal, une capacité qui reste largement humaine pour un festival, un rythme permettant de voir l’intégralité des concerts… Les deux seuls points qu’il faudra revoir l’an prochain sont les tarifs des places en fosse qui, cette année, ont certainement freiné les envies d’une partie du public qui a préféré s’abstenir – et une beaucoup plus importante capacité en… WC, à répartir tout autour du site, sans doute, ce qui permettra, espérons-le, d’éviter que le public ne se rue pour se soulager à la fin des concerts, dans des files interminables, préférant se soulager le long de toutes les barrières possibles… Pour le reste, on ne peut que remercier et féliciter toutes les équipes présentes, GDP, sécurité, accueil, commerces… pour une organisation sans faille.

Judas Priest @HEAVY WEEK END

On attend maintenant avec impatience de connaitre les dates de l’édition 2025 ainsi que l’affiche. Les noms déjà retenus seraient du lourd… Comptez sur Metal Eyes pour se faire le relais de ces prochaines informations!

Merci à Anne-Lyse Rieu et Nicolas le Bouedec (GDP), Olivier Garnier (Replica promotion) et Sabrina Cohen Aiello (Verygroup) d’avoir rendu ce report possible

HEAVY WEEK END : report du samedi 22 juin

Pretty Maids @HEAVY WEEK END

Après une très belle première journée, nous profitons de la matinée et du début d’après midi pour flâner et déjeuner à Nancy avant de revenir sur les lieux du crime: le Zénith de Nancy. L’affiche du jour est plus dense puisqu’elle compte un groupe de plus, soit un total de 4 concerts dont nous allons pleinement profiter. Une journée variée puisque, contrairement aux autres jours qui proposent chacun 2 groupes américains, elle accueille quatre nationalités différentes. une jolie variété d’influences culturelles en somme.

Sortilège @HEAVY WEEK END

Décidément très en vue, les Français de Sortilège – qui ont récemment ouvert pour Scorpions et Deep Purple – ouvrent le bal. A peine installé derrière son kit, Clément Rouxel toise la petite foule pour la harranguer tandis que la paire de bretteurs Bruno Ramos/Olivier Spitzer s’installe avec concentration et que le toujours souriant bassiste Sébastien Bonnet arrive tranquillement.

Sortilège @HEAVY WEEK END

Le heavy metal chanté dans la langue de Molière attire naturellement les connaisseurs, d’autres découvrant ce groupe à la puissance de feu sans pareil. Le public massé devant la scène connait les textes sur le bout de la langue et il ne faut guère de temps à Zouille pour être soutenu par les fans. Le chanteur a aujourd’hui délaissé sa chemise à jabot à laquelle il a préféré un simple T-shirt, ce qui ne change rien à l’attaque puissante que le groupe propose avec un Amazone rapidement suivi d’un Phenix d’actualité.

Sortilège @HEAVY WEEK END

La production récente de Sortilège a su démontrer que le groupe, cette version du groupe, a encore des chose à dire, et les titres extraits de ses deux derniers albums se fondent à merveille parmi les classiques. Le public reprend en chœur et avec cœur les hymnes que sont Chasse le dragon ou Poséidon, réservant le même accueil à un sublime Délire d’un fou (poliment introduit par ces mots de Zouille: « sans faire de politique, vous ne trouvez pas qu’on est gouvernés par des fous? Il faudrait les enfermer et nous mettre à leur place, non? »).

Sortilège @HEAVY WEEK END

Las, Sortilège termine son set sous la pluie qui revient mais pas assez pour faire fuir les fidèles. Concluant son concert avec la triplette D’ailleurs, Vampire (Zouille va sucer le sang de Bruno Ramos pour l’occasion – et sans doute reprendre des forces), le chanteur, accompagné du public, met un terme au concert avec son habituelle version a capella introduisant l’intemporel Sortilège. Une mise en bouche des plus savoureuses pour entamer la journée!

Sortilège @HEAVY WEEK END
Pretty Maids @HEAVY WEEK END

Combien de personnes se sont-elles déplacées pour venir célébrer le retour en terres françaises des Danois de Pretty Maids? En tout cas, il y a du beau monde dans le public – on croise Sortilège au complet, ou encore Peter Scheithauer, guitariste fondateur de Last Temptation, Zaza Bathory, batteuse de Furies et d’autres encore. Les fans se massent au devant de la scène et acclament les musiciens qui arrivent tranquillement sur les planches l’un après l’autre avant d’ovationner Ken Hammer puis Ronnie Atkins qui se pointe en dernier. Le groupe attaque dans la foulée avec Mother of all lies et met tout le monde d’accord. Les 5 sont en grande forme et en veulent vraiment.

Pretty Maids @HEAVY WEEK END

Pandemonium, issu de l’album du même nom entraine la petite foule dans un tourbillon mélodique enjoué avant de voir Chris Laney quitter son poste derrière les claviers pour s’emparer d’une guitare et rejoindre la troupe qui entame le furieux classique Back to back, repris en coeur par le public.

Pretty Maids @HEAVY WEEK END

Autre classique fédérateur, Red hot and heavy recueille tous les suffrages. Ronnie Atkins va toujours chercher le public et s’adresse régulièrement à lui. A l’issue du titre, il exprime même son bonheur d’être enfin de retour en France: « C’est si bon d’être de retour en France, je crois que ça fait 6 ans que nous ne sommes pas venus! » En effet, le dernier passage dans l’hexagone remonte au mois de mars 2018 avec seulement 2 dates…

Pretty Maids @HEAVY WEEK END

Le soleil brille enfin à l’ouest, éblouissant une partie du public qui acclame pourtant la jolie ballade Please don’t leave me, reprise de John Sykes, titre qui termine avec une forêt de bras levés. Puis les affaires sérieuses reprennent avec Little drops of heaven suivi d’un Love game, premier extrait du légendaire Future world, titre mélodique à souhaits.

Pretty Maids @HEAVY WEEK END

Alors que retentissent les premières notes de l’incontournable Future world, une fan quitte son siège pour se précipiter vers la fosse, se glissant sous les chaines séparant les deux mondes et se voit arrêtée par un agent qui l’empêche, malgré ses supplique de passer et la renvoie à son siège. J’imagine la frustration lorsque, plus tard, lesdites chaines seront enlevées, laissant la foule envahir la fosse. Reste que, sans surprise, Pretty Maids remporte tous les suffrages. Une superbe prestation en somme, de bout en bout.

Pretty Maids @HEAVY WEEK END
Megadeth @HEAVY WEEK END

On l’a lu un peu partout: Megadeth est en forme. La fosse désormais bien rempli s’apprête donc à recevoir une claque et se prépare à acclamer les classiques incontournable de la bande à Mustaine. « Bring out your dead! » résonne annonçant le morceau d’ouverture du dernier album, The sick, the dying… and the dead!. Récemment arrivé dans le groupe, Teemu Mäntysaari est concentré et va se révéler une plus que très fine gâchette.

Megadeth @HEAVY WEEK END

Mustaine, tout de noir vêtu (avec, détail perturbant pour le regard des photographes, un bouton de chemise non attaché) est effectivement très en forme et nous offre une collection de titres certes sans surprise mais tellement efficace qu’ils écrasent tout sur leur passage.

Megadeth @HEAVY WEEK END

James Lomenzo se déchaine sur sa basse tandis que Dick Verbeuren inflige à sa batterie une frappe d’une puissance et d’une précision exemplaire tout au long des Angry again, Hangar 18 ou autres Sweating bullets, morceaux que le public reprend à tue-tête. Et enfin, les choses sérieuses débutent avec un, puis deux, puis trois crowd surfers qui viennent réveiller les agents de sécurité. une fois la machine lancée, difficile pour le public de s’arrêter même si le rythme est ici moins intensif qu’ailleurs.

Megadeth @HEAVY WEEK END

Megadeth continue sur sa lancée avec l’incontournable A tout le monde, dont Dave fait naturellement et sans avoir besoin d’insister chanter le refrain au public, avant un Tornado of souls exemplaire avant We’ll be back, le second et dernier extrait du dernier album. Simple, direct et efficace…

Megadeth @HEAVY WEEK END

L’orchestre symphonique retentit, annonçant évidemment Symphony of destruction annonciateur d’un concert qui touche à son terme, et, comme très souvent, suivi de Peace sells. La foule est dense et reprend chaque parole comme un seule homme, sachant que le concert va se terminer (trop) rapidement. En effet, Mustaine et sa bande quitte la scène une fois ce commerce de la paix terminé.

Megadeth @HEAVY WEEK END

Ce n’est évidemment que pour mieux venir achever ce superbe set avec Mechanix – nous ne ferons pas l’affront de rappeler l’histoire de ce titre… – et un dantesque Holy wars… the punishment due qui met tout le monde d’accord. Oui, Megadeth est – très – en forme et Dave Mustaine heureux de retrouver son public. Superbe concert!

Megadeth @HEAVY WEEK END
Deep Purple @HEAVY WEEK END

Bien que Deep Purple ait une relation plus que privilégiée avec la France depuis de nombreuses années, ce n’est, paradoxalement, que la troisième fois que le groupe donne un concert à Nancy, le dernier remontant à… 2007. Autant dire que les absents ont tort. Et si j’ai pu avoir quelques doutes quant au dynamisme du groupe – les derniers concerts auxquels j’ai assisté m’ont donné à voir un groupe fatigué prorposant un set ennuyeux – le Deep Purple 2024 se montre en grande forme. Sans doute est-ce-là l’effet de l’arrivée de Simon McBride il y a maintenant 2 ans qui apporte un regain de jeunesse?

Deep Purple @HEAVY WEEK END

En tout cas, les classiques sont; ce soir encore, de sortie. Deep Purple entame son concert avec les classiques Highway star, Hard lovin man et Into the fire, titre sur lesquels Ian Gillan donne autant de voix que possible, même si, depuis de nombreuses années, il ne peut pousser aussi haut que dans ses jeunes années. On note également avec satisfaction que le chanteur quitte moins la scène que ces derniers temps, se positionnant, pendant les parties instrumentales, entre la batterie de Ian Paice et les claviers de Don Airey.

Deep Purple @HEAVY WEEK END

Il profite cependant du solo de Simon pour se reposer, laissant le « jeune » guitariste impressionner le public par sa dextérité et sa précision. Vraiment, il n’a rien à envier à ses prédécesseurs! Le groupe le rejoint pour continuer avec Uncommon man que Gillan dédie à son frère Jon Lord et, regardant le ciel, lui dit simplement « We love you, Jon ».

Deep Purple @HEAVY WEEK END

Soutenu par l’animation visuelle projetée sur les écrans de fond de scène, Airey propose une longue introduction de Lazy, titre suivi du premier extrait de =1, dernier album du pourpre profond, en évoquant ses séjours en Hongrie et fait mine de franchir une porte en guise de présentation de Portable door, suivi d’un Anya de retour dans les setlist depuis deux petites années.

Deep Purple @HEAVY WEEK END

C’est maintenant au tour de Don Airey de proposer son solo aux claviers. S’il n’a pas l’aura de Lord, il offre un cocktail inspiré de sa carrière – on reconnaitra facilement des clins d’œil à sa période avec Ozzy – de ses influences classiques et pop, avec une version enjouée de En passant par la Lorraine de circonstance avant de continuer avec la seconde nouveauté, Bleeding obvious.

Deep Purple @HEAVY WEEK END

Alors que certaines familles commencent à quitter tranquillement le site, Deep Purple annonce la presque fin du concert en interprétant les incontournables Space truckin’ et Smoke on the water de manière magistrale, bien que l’on sente quelques défaillances vocales de Gillan. Ce morceau terminé, la foule part plus rapidement, manquant ainsi le rappel.

Deep Purple @HEAVY WEEK END

Pourquoi commencer avec Green onions, reprise de Booker T que DP avait mise de côté depuis 2014, va savoir… N’empêche, on se délecte du final composé de Hush et d’un Black night dont on ne saurais se passer. Ce soir, Deep Purple, qui a largement dépassé le demi siècle de carrière, s’est montré en bonne forme, proposant une setlist certes classique mais y incluant quelques titres plus rares. Et ça, c’est toujours bon.

Deep Purple @HEAVY WEEK END

HEAVY WEEK END: le report – Vendredi 21 juin

Le Heavy Week End… Une affiche de rêve que nous propose Gérard Drouot Productions une semaine avant le grand pèlerinage annuel des métalleux de l’autre coté de la France. Un festival qui se veut plus soft, et bien moins éreintant puisqu’on nous promet que le Zénith de Nancy n’aura qu’une seule scène, permettant ainsi au public de pouvoir profiter pleinement de chacun des 11 concerts de ce week end.

Contrairement à nombre de Zéniths de France, celui de Nancy présente la particularité d’être modulable. Ainsi, en retournant la scène, une ouverture à son arrière permet d’accueillir, en configuration mixte (gradins et fosse) environ 15.000 personnes dans un véritable écrin de verdure. Le Heavy Week End se veut ainsi un festival à taille humaine. Las, a peine trois semaines avant le coup d’envoi, de nombreuses places restent libres. La conjonction prix du billet – un peu cher, 111€ le jour en fosse – et le Hellfest la semaine suivante a sans doute freiné les potentiels festivaliers. Résultat, GDP annonce, le 10 juin, un nouveau tarif exceptionnel en fosse de… seulement 21€ par jour, ce ci « pour fêter l’été ». Une réduction de 80% qui vise, naturellement, à la remplir, cette fosse, mais un nouveau tarif qui pourrait aussi, on peut aisément l’imaginer, faire bondir ceux qui ont acheté leur(s) place(s) au prix fort. Sera-ce suffisant pour attirer plus de monde et éviter que les géants du métal ne jouent face à un parterre vide? La promotion disparait cependant rapidement, une opération éclair qui n’a sans doute pas assez duré.

Après une longue route sous une pluie battante – la météo annonce cependant des accalmies- c’est le soleil qui accueille notre arrivée à Nancy. Le temps de poser mes affaires, et me voici parti en direction du Zénith. La route est limitée à une voie, ce qui rend la circulation dense mais également fluide. L’accès aux parkings est aisé.

The Last Internationale @HEAVY WEEK END

J’ai le plaisir de retrouver bon nombre de copains d’un peu partout, dont certains que je n’ai pas vus depuis des lustres. L’ambiance générale est détendue tant au niveau du public que chez les autres intervenants – ou presque. Mais c’est sous un ciel grisonnant, devant un parterre dégarni et des gradins encore peu remplis que les New Yorkais de The Last Internationale investissent la scène. Nous avions pu découvrir le groupe lors de son passage au Hellfest en 2022 et la prestation avait emballé le public. Las, ce groupe fondé par la chanteuse Delila Paz et le guitariste Edgey Pires il y a maintenant plus de 15 ans va avoir le plu sgrand mal à dynamiser un public épars et peu réactif malgré les remarques qu’égrène Delila (faisant référence à Tom Morello qui dit que « ça n’a pas besoin d’être bruyant pour être heavy » ajoutant « mais ce serait bien que vous fassiez plus de bruit quand même » ou encore « c’est le festival le plus calme que je connaisse »…) Même quand Delila évoque Nina Simone, la gigantesque chanteuse de jazz américaine, elle ne reçoit que quelques retours polis… Et pourtant, la brune chanteuse possède une voix suave et puissante…

The Last Internationale @HEAVY WEEK END

Pas encourageant comme attitude, mais il en faut plus pour décourager le groupe qui affiche son humeur du moment – un drapeau palestinien sur le côté de la scène et la peau de grosse caisse flanquée d’un Cease fire en lettres capitales. Pour terminer le concert, Delila se saisit de la basse tandis que son bassiste s’installe aux claviers pour une fin simplement rock et énergique. Une mise en bouche sympathique maisun public pas encore très chaud.

The Last Internationale @HEAVY WEEK END
Extreme @HEAVY WEEK END

On passe à la vitese supérieure avec Extreme, que je n’ai pas vu depuis des lustres. Comme une première fois en somme. Et le message est clair à peine Gary Cherone monte-t-il sur scène: on va avoir droit à du show tant le chanteur se tord tel un Gary latex! Clairement, on change de registre et le festival monte en puissance devant un public plus dense sinon imposant.

Extreme @HEAVY WEEK END

Le fond de scène est explicite: l’illustration de la pochette du mythique Pornograffitti indique que le groupe souhaite mettre en avant son album le plus connu. Et ça démarre avec la triplette It(‘s a) monster et Decadence dance suivi de Kid ego issu du premier album des Américains.

Extreme @HEAVY WEEK END

Nuno Bettencourt est aussi bavard que démonstratif – sans frime aucune – alignant ses riffs et soli avec une diabolique précision, Pat Badger (basse) s’appliquant sous son Stettson tandis que, plus discret, Kevin Figueiredo martèle ses futs tenant la structure.

Extreme @HEAVY WEEK END

Le public n’a d’yeux pourtant que pour la paire Cherone/Bettencourt qui se donnent comme de beaux diables, ne laissant aucun instant de répit au public (sauf un moment moins intense sur , avec qui les deux communiquent beaucoup. Après Hole hearted, Nuno annonce que voici son « moment préféré du concert: je vais pouvoir m’asseoir! Et quand tu arrives à 58 ans, s’asseoir c’est aussi bon qu’un orgasme! » Il attaque alors un impressionnant solo à l’issue duquel il est rejoint par Gary Cherone qui annonce avec gravité: « je sais que c’est sensé être un concert heavy, mais le monde a aussi besoin d’amour » pour entamer More than words que le public connait par cœur. Les téléphone se lèvent pour immortaliser l’instant et, devant moi, j’aperçois Matthieu Drouot qui filme aussi, se tournant pour capter tout le public mais… Je crois apercevoir un regard interpellé. Rapidement, l’organisation décide de faire tomber le barriérage invitant le public assis à investir la fosse, ce qu’il ne se fait pas répéter.

Extreme @HEAVY WEEK END

Cherone rappelle au public qu’ils sont en mode « festival », avec un show écourté, souhaitant cependant pouvoir revenir rapidement avec un show complet. Extreme termine son show avec l’incontournable Get the funk out et un extrait du tout récent Rise. Voila la machine Heavy week end lancée, et la suite promet d’aêtre tout aussi belle.

Extreme @HEAVY WEEK END
Scorpions @HEAVY WEEK END

Ceux qui ont pu voir Scorpions ces dernières années savent que le groupe est en forme. Les Allemands sont de retour pour célébrer les quarantième anniversaire de Love at first sting, alors on sait déjà qu’on va avoir droit à une setlist de rêves.

Scorpions @HEAVY WEEK END

Un nuage de fumée envahi l’espace scénique, pendant que les premières mesures de Coming home ne se fassent entendre alors que la scène est encore vide. Dans la fumée, côté cour, apparait un Klaus Meine hésitant, qui a du mal a marcher. Il rejoint le centre de la scène avant que ne déboulent avec énergie ses compères.

Scorpions @HEAVY WEEK END

Après Gas in the tank, seul extrait du dernier album, Rock beleiver, Scorpions nous assène une collections de hits et de raretés (dont Crossfire, interprété pour la première fois sur toutes les dates de cette tournée ou The same thrill jamais interprété depuis 1984!).

Scorpions @HEAVY WEEK END

Les lumières sont au top, les illustrations qui animent l’écran de fond de scène superbes, et les instrumentistes sont vraiment en forme, Rudolf Schenker et Matthias Jabs investissant généreusement l’avant scène.

Scorpions @HEAVY WEEK END

Seul Klaus, s’il est en voix, confirme avoir pris un coup de vieux. S’agrippant au pied de micro, il se déplace lentement et, lorsqu’il s’adresse au public la voix chevrotante, il semble avoir besoin du soutien de son pied de micro, ne balançant plus – heureusement! – des baguettes par forêts entières.

Scorpions @HEAVY WEEK END

La foule compacte – on remarque ce soir que même les gradins sont désormais bien fournis, bien qu’on circule aisément – est toutefois à fond derrière ses héros légendaires acclamant aussi bien les classiques que sont Make it real, The zoo, Bad boys running wild que les attendues ballades Delicate dance, Send me an angel ou la nouvelle version de l’incontournable Wind of change dont le premier couplet a été modifié, ne parlant plus de la Moscova pour dénoncer l’agression russe envers l’Ukraine.

Scorpions @HEAVY WEEK END

Après The same thrill, Mikkey Dee nous assène un monstrueux solo de batterie d’une bonne dizaine de minutes qui, bien que totalement intégré à Scorpions, évoque, par le biais du juke box projeté, son glorieux passé avec Motörhead avant que Rudolf ne redéboule armé de sa guitare à fumée pour un Blackout (seul extrait de l’album éponyme) suivi de Big city nights, doublette annonciatrice de l’approche de la fin du concert.

Scorpions @HEAVY WEEK END

Etonnamment, le pubic commence à quitter les lieux lorsque le groupe quitte la scène avant de revenir pour un – court – rappel. Ben oui, il manque un titre quand même… Scorpions revient pour le très attendu et incontournable Still loving you qui voit, comme toujours, les couples s’enlacer, avant une superbe interprétation de l’explosif Rock you like a hurricane venant conclure un superbe concert. Nos héros vieillissants ont encore des choses à dire, alors profitons en.

Scorpions @HEAVY WEEK END

Au final, malgré une faible fréquentation globale – le public a miraculeusement grossi pour le concert de Scorpions – cette première journée a rempli toutes ses promesses. Celles d’un festival convivial, à taille humaine et permettant surtout, c’est bien le principal, de pouvoir assister à l’ensemble des concerts dans leur intégralité. Vivement demain!

Merci à Anne-Lyse Rieu et Nicolas Le Bouedec (Gérard Drout Productions) et Olivier Garnier d’avoir rendu ce live report possible.