EXISTANCE: Wolf attack

France, Heavy metal (Autoproduction, 2021)

Le ton est donné dès le départ: la puissance du cri poussé par Julian Izard (chant et guitare) invoque directement le Metal God, tandis que les guitares se disputent les grands anciens. Clairement, cette dernière mouture d’Existance est l’avenir du metal français. D’ailleurs, le terme « français » est ici en trop tant le groupe a un son, une attitude, une identité musicale d’envergure internationale. La jeune garde a été bercée au son du metal principalement européen de l’âge d’or. On entend sur ce nouvel album Wolf attack, tout au long des Highgate vampire, Death bringer, Preacher of insanity tout l’amour voué à Judas Priest, Iron Maiden, Accept… mais aussi des références plus US à Dio ou Twisted Sister à travers Power of the gods ou You gotta rock it, voire au rock direct américano-européen sur les plus calmes rock n roll et Jenny’s dream. Comme le résume Antoine (guitares), « c’est un album assez varié du fait de nos influences communes mais aussi de ce que chacun de nous apprécie de son côté. On a voulu varier les plaisirs en gardant une certaine cohérence. Je crois que nous y sommes parvenus, mais ça, ce sera aux auditeurs d’en juger. ». Et, en effet, impossible de ne pas trouver ces influences qui ratissent du hard rock au heavy metal, passant même par la case power ballad.  Il aura fallu cinq ans à Existance pour donner un successeur à Breaking the rock (2016), période qui voit l’arrivée de Géry Carbonelle à la batterie – après la sortie de ce Breaking the rock. Wolf attack est également le premier album du groupe produit par François Merle (Manigance). Pourquelle raison avoir décidé de travailler avec un producteur? Géry reconnait que « ce n’est pas vraiment nous qui avons décidé… C’est François qui est venu nous voir cherchant à savoir si nous avions un producteur pour notre futur album. Il voulait nous aider à passer un cap et c’est quand l’album a été finalisé qu’on s’en est rendu compte. oui, on a passé un cap, au niveau du son et sur pas mal de point. Il est venu nous voir sur la tournée en 2018, il a fallu qu’on se rencontre, on a fait un essai chez lui qui a été concluant. Si l’album sonne comme ça aujourd’hui, c’est en grande partie grâce à lui ». Antoine ajoute que le groupe ne disposait « que de deux semaines pour travailler chez lui, donc, ça a tété des journées hyper intenses. On a pris le temps d’écouter ses conseils. Il nous a vraiment apporté beaucoup tant sur la façon d’enregistrer que dans la méthode. Avec Breaking the rock, on avait nos petites habitudes, on était à la maison… Là, il nous a fait des suggestions, tenté ça ou ça, il nous disait « On essaye, si ça ne vous plait pas, on tentera autre chose ». Résultat: il n’y a pas un faux pas sur cet album qui, naturellement, est un hommage au regretté Didier Izard, le père de Julian, ancien chanteur d’un H-Bomb mythique dont il est plusieurs fois référence . Déjà, le titre de l’album et son illustration rappellent évidemment le titre Le loup et la reprise de Gwendoline – seul titre chanté en français – qui clôt Wolf attack. Ces deux références qui renvoient à un Attaque qui distingua jadis H-Bomb. Hormis cet hommage justifié et naturel, Existance signe, avec Wolf attack, un des meilleurs album metal de l’année, une perle de puissance, d’efficacité et de créativité. Bravo!

Entretien Zoom effectué le 21 octobre 2021 avec Géry et Antoine

BALLS OUT: Get dirty, vol. 1

France, Hard rock (Autoproduction, 2021)

Ca commence avec Back to real et son riff couillu à la AC/DC, incontestable influence de Balls Out, quatuor hard de chez nous avait déjà fait parler la poudre avec Let me in (I know someone inside) et répète ici son propos. Cet ep de 4 titres puise toujours, dès Back to real (vidéo ci dessous, avec la participation d’un certain Mean man, aka Chris Holmes) dans ce hard rock aventureux, irrévérencieux et bigrement efficace de la fin des années 70, direct, efficace, chantée d’une voix rauque, biéreuse et crade. Le nerveux Get dirty (wild and nasty), nerveux et saccadé précède un El guapo gonzo qui lorgne de nouveau vers les Australiens mais également du côté de, ce n’est guère surprenant vu le titre, Ted Nugent, en tout cas sa meilleure période (les… 70’s). L’esprit de Motörhead n’est jamais loin non plus grâce à ces guitares qui évoquent aussi le regretté Fast Eddie. Balls out termine, trop tôt, trop vite, avec Big load, plus hypnotique, à la Rolling Stones meets Kiss. Quatre titres, c’est court, on en rependrait volontiers une dose de ce rock imparable qui fait oublier le reste. Allez, un effort, un album, et vite, svp!

SKALD: Winter songs

France, Folk (Decca, 2021)

A peine un an après un Viking memories confirmant le potentiel de la formation folk, Skald nous propose Winter songs, un Ep 5 titres. premier constat: Pierrick Valence n’est plus lié à Skald. En tout cas, il n’est pas mentionné dans le line-up. Il ne reste donc que la chanteuse Justine Galmiche et le multi instrumentiste Christophe Voisin-Boisvinet. Comme l’indique le titre de ce nouvel opus, Winter songs traite de l’hiver, et plus précisément du 21 décembre, date de son solstice, lorsque la lumière annonciatrice de renouveau que les peuples nordiques célébraient pas moins de 10 journées durant. La voix envoutante de Justine se marie parfaitement à la douceur des cordes – dont luth et harpe que l’on distingue aisément. Les amateurs de culture scandinave reconnaitront ici deux morceaux traditionnels (Villemag og manhild et Pat maelti min modir) et deux nouvelles versions de Run et Grotti, ne laissant place qu’à une nouveauté, Jolanott qui ouvre cet Ep contemplatif et envoutant. Un disque à écouter au coin du feu qui réchauffera nos longues soirées hivernales.

DOWNRIGHT MALICE: Mechanica temporis

France, thrash (Autoproduction, 2021)

Franchement, il y a des groupes comme ça, tu demandes comment tu as fait pour passer à côté. Downright Malice en fait partie et je remercie Didier (guitare) de m’avoir fait découvrir son groupe. Mechanica temporis est – déjà ! –  le cinquième album du combo fondé en 1987 dans le Haut Rhin. Après deux démos, le groupe publie in doctrine… nation, son premier album en 1995, avant une longue pause de 6 ans. Le retour est marqué par un Ep en 2001. Puisant autant dans le heavy que le thrash ou le death, lorgnant parfois du côté du black, les 10 titres de ce nouvel album, inspiré par les grands classiques du genre, de Judas Priest à Slayer ou Exodus, se révèlent rapidement d’une redoutable efficacité. Une des cause en est la présence de deux chanteurs (Cliff et Cyrille) aux styles différents et totalement complémentaires et qui apporte du contraste à chacun de ces neckbreakers. Ce n’est cependant pas suffisant et l’on ne peut qu’admirer la puissance des compositions. Les guitares rapides, heavy, saccadées, charcutent à l’envi, les rythmiques (Aris à la basse et Olivier à la batterie) en acier trempé et la variété des tempi transforment cet album en une machine à faire headbanguer. Un véritable appel à circle pit tout au long de ces 10 morceaux imparables. L’album peut être commandé sur la page FB du groupe pour 10€ port compris. Faites vous plaisir! Et Downright Malice… Vous aussi, faites nous plaisir avec un peu plus d’un album tous les 4 à 6 ans. « M’enfin! »

DEATH DECLINE: The silent path

Death, France (M&O, 2021)

Il porte bien son nom, ce troisième album des Français de Death Decline. The silent path voit le groupe s’enfoncer dans son univers en proposant plus que de la simple bourrinerie bien orchestrée. Comme dirait Raoul Volfoni, « Faut bien r’connaître, c’est du brutal… » Fabien, le guitariste du combo décrit The silent path comme étant « plus diversifié, plus catchy, plus… tout, en fait. Le but n’était pas de faire un Thousand faces of lies part 2. Mais il garde vraiment ce qui fait le son de Death Decline« . Et cette brutalité? « Pourquoi pas. On sait qu’on propose une musique rapide, directe, tranchante, mais on a aussi voulu inclure cette part de nuances à notre musique. » Si un troisième album est toujours celui du défi, il permet ici au groupe d’aller « plus loin au niveau des compositions et du rendu sonore« . Force est de constater que la production rend hommage au propos de l’album et sait jouer avec chacun des instruments. On remarquera évidemment le chant si varié d’Alexis Fleury qu’on pourrait croire qu’ils sont plusieurs à jouter vocalement. Mais non, il n’y a bien qu’un seul vocaliste à la palette si large qu’il s’adresse aux amateurs de chant hurlé, growlé, clair, bref à toutes les sensibilités. « C’est aussi quelque chose qu’on a voulu travailler, cette versatilité vocale. Ne pas se borner à un seul type de chant. Le but c’est de rendre justice à la musique« . Le groupe a travaillé avec Arnaud, un nouveau batteur qui « a une approche différente de la batterie, il ne vient pas de la même scène que César. Son style de jeu a forcément contribué à faire de The silent path ce qu’il est par son approche plus groovy, plus percutante te directe« . Résumer la musique de DD à du death est trop réducteur. On y retrouve aussi du thrash old schoo à la Slayer, Testament, Exodus, d’autres moments plus foncièrement hardcore. « ces groupes que tu cites sont très importants pour moi, que ça transpire dans la musique, c’est naturel. On n’a pas forcé les choses, le but était d’écrire les meilleurs morceaux possible, et qu’ils nous plaisent avant tout ». Au delà de la musique, il existe un trait d’union visuel entre chaque album du groupe: cette mascotte, sorte de déesse maléfique, cornue, imposante qui n’a pas de nom. « C’est vrai qu’on a tenu à garder l’identité visuelle qu’on a développée dès le premier album. ça passait par ce personnage qui est ici représenté sous une forme différente de nos deux premiers albums. ça me fait plaisir que tu reconnaisses cette identité visuelle en tout cas! On est tous un peu fans de ces groupes qui ont ce même type de démarches, inutile de les citer, tu t’en doutes… » Sans surprise, c’est encore l’œuvre d’un certain Stan W. Decker avec qui DD travaille depuis les débuts du groupe. Le groupe a terminé l’enregistrement quelque jours avant le second confinement: « Il a fallu rentrer assez vite chez nous… Mais on a pu terminer dans les temps et atteindre l’objectif qu’on s’était fixé, malgré le contexte« . S’il est un titre qui est « peut-être le plus représentatif de l’album, celui qui brasse le plus d’influences, ce serait Jackals. On y retrouve le riffing typique de la scène thrash, des influences plus mélodiques. C’est un morceau qui correspond bien à l’album« .  ça tombe bien, c’est le véritable premier morceau, celui qui suit une intro plus symphonique et qui lance la machine de guerre. une guerre qui trouve une pause avec un Exile plus clame et nuancé, ballon d’air frais au milieu d’une salve d’explosions sans merci. Death Decline est un groupe soudé dont la devise pourrait être celle des mousquetaire : « un pour tous, tous pour un! C’est un peu con, mais ça nous ressemble bien… » Avec The silent path, les amateurs de heavy direct et burné vont se prendre une vraie baffe, celle qui réveille et remet les neurones en place. Imparable!

DUST IN MIND: Ctrl

France, Metal indus (Dark tunes, 2021)

Les Strasbourgeois de Dust In Mind reviennent avec Ctrl, un quatrième album puissant et varié. Doté de 10 titres forgés dans le metal industriel, Dust In Mind explore pourtant de plus larges horizons. Selon Jennifer Gervais, l’une des deux voix du groupe –  qui, contrairement à ce que certains voudrait laisser croire, n’est pas celle qui qui illustre la couverture de l’album – Ctrl est plus aboutit que son prédécesseur. « Cette fois, je suis sortie de ma zone de confort, j’ai testé des choses au chant que je ne pensais pas être capable de faire, comme monter très haut. Damien aussi s’est plus diversifié, proposant plus de voix claires et moins de growls« . L’album ne manque cependant pas de cette dualité aujourd’hui classique, « mais pas dans notre genre musical. Je pense que ce double chant est ce qui nous différencie des autres groupes de cette famille musicale. On va plus loin que de l’indus classique« . Un des moments marquants de Ctrl est ce passage du calme Freefall au très brutal W.G.A.C.A. qui démarre avec une mise aux poings vocale de Damien: « c’est ce que nous voulions, passer de cette pause à mi-parcours à quelque chose de plus violent. Damien lâche tout et on repart pour un tour! » Ctrl propose ainsi une variété de tonalités toujours teintées de ces aspirations à la Ministry ou Rob Zombie, en explorant plus avant. On ne pourra que remarquer, également, la vidéo réalisée pour Synapses entre les beaux salons de l’hôtel de ville de Strasbourg d’où e groupe est originaire (« la ville nous a toujours soutenus et mis des lieux à disposition« ) et la tour Eiffel, étonnamment vide. Ce qui, d’ailleurs, fait la fierté de Jennifer – et, j’imagine du reste de l’équipe : « On y a pensé, on voulait une image représentative de la France, et j’ai envoyé un mail, long, expliquant qui nous sommes, que le groupe est plus connu en Allemagne qu’en France, qu’il nous fallait être identifiable en tant que groupe français. J’ai plus tard reçu un appel et la personne me demande ce que nous avons comme budget… Clairement, rien, on est une association sans grands moyens. « Ok, venez la semaine prochaine, avant la réouverture au public. Vous aurez une heure« . Une heure entre notre arrivée au pied de la tour et notre redescente, une heure pour monter le matériel, la batterie, tourner, démonter et revenir au pied de la tour Eiffel. J’ai appelé les gars, on a répété ce que chacun devait faire, et quand on est arrivés, chacun savait exactement ce qu’il devait faire. On a eu, je crois, un quart d’heure de tournage, et presque tout ce qu’on a filmé se trouve dans le clip. Comme quoi, ça prouve bien que quand tu as des projets, si tu y crois, que tu oses, alors tout peut se réaliser! » Ctrl est un album à l’image de cette leçon de vie: ambitieux, parfaitement produit, aux chansons variées et puissants qui devrait aider Dust In Mind à, enfin, toucher un plus vaste public à domicile.

Propos de Jennifer Gervais recueillis le 5 novembre 2021.

ADX: Étranges visions

France, Heavy metal (Ultim records, 2021)

« Bonjour Phil! ADX revient avec un nouvel album de 10 nouveaux titres que personne dans le monde n’a encore jamais entendu!

-Ah, ah! Alors la base des titres a déjà été écoutée « par la terre entière » comme tu le dis, mais c’était l’opportunité, depuis 30 ans, de sortir la version française de l’album » 

Eh oui, si Etranges visions est le nouvel album d’ADX, il ‘na rien de véritablement neuf puisqu’il s’agit des réenregistrements de Weird visions, le seul album que Phil, Dog, Deuch, Betov et Marquis ont enregistré en anglais en 1990. C’est la formation actuelle (les immuables chanteur et batteur accompagnés des guitaristes Niklaus et Neo et du bassiste Julien) qui a réenregistré ces 10 pistes avec des textes français. Et plus: « La base des morceaux est identique mais certains, riffs, certains solos différents, une ligne de chant forcément différentes avec un chant français adapté pour les morceaux. » Sorti au moment de la chute du mur de Berlin, les textes alors envisagés ont légèrement évolués, notamment pour mieux coller à ces nouvelles versions. Qu’on pu apporter les deux « nouveaux » guitaristes qui ne figuraient pas sur l’enregistrement original? « Ils ont gardé les memes bases mais ont adapté les phrasés. Il se sont très bien entendus pour partager les solos et approter chacun leur patte, remodeler le tout, apporter certaines rythmiques qui n’y étaient pas ». L’album a été enregistré chez l’incontournable Francis Caste, une nouvelle fois. « C’est le troisième qu’on enregistre avec lui. Ce qu’il a apporté? C’est une dynamique au niveau du son, un mixage avec un son actuel et, il y a un tel engouement musical chez lui, il a su faire ressortir certaines choses qu’il n’y avait pas avant. »  Autre incontournable en France, c’est l’illustrateur Stan W. Deker qui a retravaillé la pochette originelle tout en en conservant l’esprit. « On lui a demandé de mettre sa patte et on voulait la guillotine, qui ne figure pas sur la première version. Il a modernisé cette pochette en conservant les détails et l’esprit ». Une nouvelle fois, ADX est passé par le financement participatif. Je rappelle à Phil que ce fut déjà le cas pour Bestial qui, comme le groupe l’avait expliqué lors de notre rencontre à Châteauroux en février 2020, était déjà prêt, le financement devant alors servir à offrir plus aux « financeurs ». Est-ce également le cas? « Là, ça a été fait pendant, on a lancé le financement participatif en cours d’enregistrement. L’avantage, c’est que c’est réconfortant de savoir qu’il y a des gens qui nous soutiennent, qui nous accompagnent. Et tout le monde y gagne, on sait que le produit sort dans de bonnes conditions. Les paquets sont en cours de préparation, chacun va le recevoir avec ce pour quoi il a participé. » Je demande à Phil si l’album sera signé par chacun des membres. « Oui, oui, bien sûr, c’est un minimum. D’ailleurs, on ne va leur envoyer que ça! ah, ah! » Trois instrumentaux figurent sur Etranges Visions accompagnés de 7 chansons dont on distinguera Sacrifiés pour la cause et Terre de colère sur lesquelles, aux côtés de Julien, intervient Deuch, le bassiste originel. Marquis, décédé, ne pouvant naturellement pas poser sa patte, reste à savoir si Betov a été invité. « On l’a contacté, mais il était occupé, il n’a pas pu se libérer ».  Le chant en anglais est-il définitivement mis au rebut? « Il y a une époque, on s’est posé la question – anglais ou français – et on s’est vite aperçu que les seuls que le chant en français dérangeaient, c’étaient les journaliste français. Là, on a donné des concerts au Japon, en Allemagne, on a même joué pour la première fois en Suède pour Bestial, et le chant français ne gêne personne. Maintenant, on ne se pose plus la question… » Si ADX se bonifie avec le temps et si on retrouve l’esprit musical des dinosaures de la scène metal française, pour Phil, Génération perdue  est représentatif de ce qu’est le groupe aujourd’hui. Ce qui, naturellement, n’ôte rien à la puissance du reste de l’album. Dog reste une machine de guerre rythmique qui tient la baraque, Julien renforçant cette structure pour la blinder tandis que Niklaus et Neo apportent technique, vélocité précision et un brin de folie rendant ces titres particulièrement actuels. Et Phil… Une voix identifiable qui se bonifie avec le temps. Etranges visions s’inscrit parfaitement dans la continuité des productions d’ADX. Une devise pour terminer? « Une devise? « Tant qu’on peut le faire, on le fait! » Ca fait un peu bourrin, mais on n’est peu de choses, alors on y va ». Mot de la fin qui confirme que nous pouvons, devons, profiter de ce qu’ADX peut nous offrir, et ça relève du meilleur!

Propos de Phil (chant) recueillis par téléphone le 29 octobre 2021

ORKHYS: A way

France, Metal symphonique (Autoproduction, 2021)

A peine un an après nous avoir présenté les fruits de son travail via un Ep, Awakening, les frenchies d’Orkhys reviennent avec un premier album, A way. En deux mots, soit « un chemin ». Jean-Yves, le batteur de la formation à la harpe – belle manière de se distinguer, nous présente ce nouvel effort qui confirme les espoirs placés en son groupe. Huit titres composent ce petit album composé en plein confinement entre deux concerts (« on a eu la chance de pouvoir en donner« ). Le line up a évolué avec l’ajout de Henri, second guitariste, « ce qui va nous permettre de pouvoir faire sur scène ce que nous ne pouvions faire avant. sans compter que ses influences, plutôt thrash death vont se ressentir sur les prochaines compos. C’est quelqu’un avec qui, en plus, le courant passe très bien« . L’album propose des titres assez variés « dans la continuité de ce qu’on a proposé sur l’Ep tout en étant beaucoup plus riches« . On le sait désormais, la harpe est un élément qui distingue Orkhys, apportant une touche de cordes et un esprit celtique inhabituel. Plus encore, chaque morceau propose une ambiance particulière, du morceau éponyme, calme, qui introduit le disque à des passages plus speedés (A brand new world, The devil and the impudent), Blood ties réunissant au travers de ses 10′ un condensé de tout ce que le groupe peut proposer. Démarrant de manière légère et bucolique, le morceau monte en puissance, le chant n’arrivant qu’au bout de 4′. « Je pense que c’est en effet celui qui représente le mieux ce qu’on a voulu faire… Il y a du heavy, du pagan, du black, du death, des passages blastés… Et au niveau du texte, c’est un morceau très très violent » Les observateurs remarqueront que les deux disques commencent par la lettre A, mais le groupe a aussi voulu une continuité dans l’artwork. Et si les trois premier titres commencent aussi par un A, « c’est plus le fruit du hasard. on se penche sur les ambiances, et les morceaux, l’un à la suite de l’autre sont reliés« . démarrant avec le morceau éponyme, intro instrumentale, A way continue de manière plus speedée et brutale (A brand new world). Le groupe a varié les plaisirs et cherché « à mettre tout ce qu’on ne trouve pas chez les autres. Notre idée, c’est de faire la musique qu’on aimerait bien qu’on nous propose. Quand on compose, on voudrait bien que ça marque les gens, qu’ils vibrent. » On remarquera aussi cette reprise de The clansman revisité avec brio. Pourquoi cette reprise? « Il y a Brice qui est un grand fan de Maiden, et une chanteuse qui a craqué quand elle a vu le groupe sur scène. On a voulu le reprendre à notre sauce, avec de la cornemuse, de la harpe. Je trouve que ça fonctionne plutôt bien ». Le chant de Lorène est d’ailleurs ici plus grave et plus profond, plus fluide et passe partout, et lorsque je précise à Yves que je préfère cette manière de chanter au reste plus aigu – trop aigu pour moi, si haut que je le trouve agressif – il  me précise que « Lorène va en effet travailler cette voix plus grave, c’est une piste qu’on explore ces temps-ci, une piste qu’on a commencé à envisager« . Orkhys teste, ose et réussit à surprendre avec des titres variés et conclue avec The devil from a brand new world qui, s’il mélange deux titres de l’album se base sur les orchestrations de ces mêmes titres, sans chant, sans bases, simplement parce que ces arrangements fonctionnent. Original et bienvenu, Orkhys progresse. A way est à découvrir et Orkhys est à soutenir.

Propos recueillis le 22 octobre 2021 par téléphone.

NEW FAVORITE: Chasing light

France, Rock (Ep, Autoproduction, 2021)

Un peu plus d’un an après nous avoir présenté leur premier Ep furieux, le trio bien de chez nous New Favorite revient avec un nouvel Ep. L’énergie et la fureur sont toujours au centre de ce Chasing sun chaleureux et brillant, le propos se faisant plus rock teinté de punk que hardcore. Résultat? Un Bad milk explosif, un Demon au tempi variés, un God speed punkisant à la guitare moderne, un Sick for sleep rock furieux et rentre dedans avec un pont – on parle de sommeil – cauchemardesque et un Fire, sweet fire  hypnotisant, à la fois lent et speed, le tout chanté dans une langue de Shakespeare parfaitement maîtrisée. Une sacré bonne gifle et une plus qu’agréable surprise, New Favorite mérite toute notre attention. Cinq titres, cinq thèmes, cinq singles potentiels. Le nom du groupe pourrait bien devenir réalité. Bravo, j’adore!

YNGWIE MALMSTEEN: Parabellum

Hard rock, Suède (Mascot, 2021)

Deux ans après son album presqu’entièrement consacré à des reprises de classiques – et franchement pas une réussite – que peut-on attendre de celui naguère considéré comme un prodige? Parabellum est là pour nous rappeler qu’Yngwie Malmsteen est loin d’avoir dit son dernier mot. Ok, je sais, cet album est sorti au mois de juillet dernier, mais voilà, Mascot l’a également édité sous forme de coffret, objet de mon propos. Un objet sympa qui fleure bon la séduction des fans, ce dernier étant rempli de goodies comme on les aime, jugez-en par vous-même: ce coffret – en édition limitée – comporte, en plus du CD de 10 titres, un sticker, une carte postale reprenant l’illustration de couverture, un sachet de 3 médiators et deux sous-bocks. Les fans apprécieront sans doute plus ces gadgets que le CD lui même, quoique… Force est de constater que Malmsteen, auto centré sans doute, devrait se décharger de certaines tâches, notamment celle de producteur. une oreille extérieure est plus que souvent bienvenue et cela aurait bien servi le guitariste qui, de plus se charge de tous les instruments hormis la batterie, confiée à Lawrence Lannerbach. Et si j’avais été surpris par son chant sur l’album précédent euh… un vrai vocaliste aurait bien mieux fait l’affaire ici car l’ensemble manque cruellement de puissance. Le reste est comme on peut l’imaginer: une profusion de notes savamment agencées, une technique irréprochable, des titres speedés ou plus mid tempo de haute volée, une ballade agréable. Si Parabellum se laisse agréablement écouter, il n’est pas encore l’album qui redonnera au Suédois son statut d’antan.  Mais il y a du mieux, alors profitons-en!