DEAD TREE SEEDS: Push the button

France, Thrash (2021, Music records)

Oh que voilà une grosse claque thrash qui se pointe! Droit dans ta face, sans temps calmes (ou presque – le break de No time to complain et l’instrumental The way to eternity, aérien, pause obligatoire dans ce maelstrom de fureur), les Français de Dead Tree Seeds ne font pas dans la dentelle. Formé sur les cendres de Triakhantos, Dead Tree Seeds publie, en 2013, un premier album (Seeds of thrash) avant de vivre de multiples changements de line-up – ce qui explique sans doute les 8 années qui séparent ces ceux albums. Peut-on dès lors parler d’un nouveau départ? Sans doute. Les dix titres de Push the button évoquent aussi bien Slayer qu’Exodus ou Metallica, Testament… Brutal sans perdre de vue la nécessité d’un rythme entraînant (certes plombé mais irrésistible), cet album aux références parfaitement assumées – le thrash naissant de la Bay Area teinté de death, de Tampa plus que de Suède – se révèle une franche réussite. Le son, clair et puissant, le chant, rugueux et rageur, les guitares, acérées et tranchantes, la rythmique, syncopée et épileptique… Il n’y a simplement rien à jeter dans ce nouvel essai – véritable coup de maître. Bravo!

Interview: POP EVIL

Interview POP EVIL : entretien avec Leigh Kakatay (chant). Propos recueillis par Zoom le 10 mai 2021

Pop Evil by ASHLEY OSBORN

Magie de la technologie, Skype, Zoom et autres plateformes nous permettent de nous entretenir à travers la planète plus aisément que jamais. En attendant de pouvoir nous retrouver en face à face, depuis plus d’un an maintenant, nous nous sommes réinventés et avons modifié nos manières de mener un entretien. « Clic », on allume la caméra et on peut avoir un semblant de face à face. Il est 11 heures du matin dans le Michigan d’où Leigh Kakatay, le fondateur et chanteur de Pop Evil assure la promotion du nouvel album du groupe. Pourtant… surprise ! J’allume ma caméra et lui m’annonce encore être en pyjama… Ça commence bien… Tu en fais souvent toi des promos imprévues encore en pyjama ? Allez, c’est parti pour un simple phoner. Mais agréable avec un bavard de chez bavard…

 

Metal-Eyes : Tout d’abord, Leigh, comment te portes-tu ?

Leigh KAKATAY : Je vais très bien ! C’est une période assez excitante, les shows commencent à être reprogrammés… Il semble que nous retournions vers quelque chose de plus normal… Et ça me va très bien.

 

Metal-Eyes : Versatile, votre nouvel album, suit l’auto-nommé Pop Evil paru en 2018. Quand avez-vous débuté l’écriture de ce disque ?

Leigh KAKATAY : Je crois que nous avons commencé début 2019 à enregistrer quelques démos. Jusqu’au produit fini qui sort maintenant il s’est passé pas mal de temps…

 

Metal-Eyes : Haley, votre batteuse, est Anglaise. Elle vit en Angleterre ?

Leigh KAKATAY : Oui, elle vit là-bas.

 

Metal-Eyes : Alors comment avez-vous travaillé pour cet album ? Il y a des moyens techniques qui le permettent aujourd’hui, mais la période ne se prête pas vraiment au voyages, depuis plus d’un an.

Leigh KAKATAY : C’est vrai, répéter est toujours un défi… Avant le Covid, nous avons pu le faire. Mais elle est si perfectionniste, même sur le back catalog de Pop Evil, elle veut que tout soit parfait. Elle répète et s’entraîne beaucoup. C’est avant tout du travail, mais quand ça matche avec quelqu’un, peu importe d’où vient cette personne. OK, les répètes sont délicates, mais on y arrive. Elle vient ici pour un bon moment afin de répéter, ensuite, nous partons en tournée. Nous voulions quelqu’un qui puisse jouer ces morceaux, qui soit un peu différent. Avant, c’était vraiment un club de gars du Michigan… Quand notre précédent batteur est parti, on s’est demandé ce qu’on pouvait faire de différent. Nous l’avons trouvée à Londres, et ça l’a fait. C’est notre second album avec elle, elle fait maintenant entièrement partie du groupe.

 

Metal-Eyes : C’est son second album avec vous. Comment analyserais-tu l’évolution du groupe entre Pop Evil et Versatile ?

Leigh KAKATAY : D’abord, je dirai qu’il est pus organique. Il y a cinq personnes dans le groupe et autant d’influences. Comme avec n’importe quel groupe, tu nous mets tous dans un studio, dans un esprit de répétition et voilà ce qui en ressort. Du point de vue « Pop Evil », nous avons repoussé nos limites. Nous faisons des meet and greet, là nous étions plus dans une approche « tête à tête », demandant à nos fans ce qu’ils attendent de nous. Il y a eu plus de demande de heavy et d’utilisation de guitare acoustique, et même des demande d’album entièrement acoustique. Des demandes opposées mais c’est cool… Avec cet album, nous avons voulu concentrer toute cette énergie que l’on retrouve sur les autres disques. Quand nous enregistrons des démos, nous y trouvons de l’énergie et ça nous plaît. Un jour, tu trouves un producteur qui ne connait peut-être pas ton groupe, et qui te demande de tout réenregistrer, de casser cette énergie. C’est quelque chose que je n’aime vraiment pas – l’expérience des albums passés. Nous avons voulu corriger cela et transformer cette énergie pour la scène. C’est une chose dont nous parlons toujours au sein du groupe : les concerts. Comment nous améliorer encore en concert, faire de notre expérience de tournées quelque chose d’encore plus excitant pour nos fans. Avec Versatile, nous savions que nous voulions quelque chose de différent. Cette énergie des démos… Quand tu es emballé par une démo, tu sais que c’est le résultat que tu veux obtenir. Et que nous enregistrions ici, dans le Michigan, ou à LA, c’est là-dessus que nous voulions nous concentrer. Nous ne voulions pas qu’un producteur entre et casse tout cela. Pour ma voix, nous avons enregistrer deux ou trois prises, nous avons pris de mes précédentes sessions aussi. Initialement, le chant est la partie la plus excitante pour moi, je n’intellectualise pas trop, je prends les choses comme elles viennent, je laisse ma voix aller là où les mélodies l’emportent. La plupart des prises de chant que tu entends proviennent des premières prises. Il n’y aurait sans doute pas la même sensation d’urgence dans mon chant s’il avait fallu faire plus de prises…

 

Metal-Eyes : Tu as dit que vous vouliez pousser vos limites mais aussi que les fans vous demandent des choses opposées. Vous vous appelez Pop Evil, tout est dit dans votre nom… De ce que j’ai pu entendre de votre nouvel album, il y a des passages très heavy et agressifs, d’autres plus pop. Qu’avez-vous mis dans cet album ?

Leigh KAKATAY : L’album est similaire aux hauts et aux bas de la vie… Je ne suis pas toujours en colère, ni toujours heureux… Il y a beaucoup d’entre deux. Nous jouons avec les émotions. Nous ne sommes pas le genre de groupe à toujours jouer la même chose. Il y a des tonnes de choses qui nous influencent. C’est pareil pour chacun des membres du groupe. Et puis, nous avons grandi, nous avons des familles, nous écoutons plein de musiques différentes ce qui a un gros impact sur nous. La musique du Michigan particulièrement. Si tu comprends, outre-Atlantique, les origines de la musique du Michigan, tu sais qu’il s’agit d’un marché test – comme tout le mid-West en réalité – pour la musique. Il se passe beaucoup de choses ici. Nous avons grandi sans beaucoup d’argent et sans réelles opportunités de faire des choses, avant tout parce qu’il fait froid six ou sept mois dans l’année… Tout ce que nous avions à faire en grandissant, c’était d’aller en concerts. Chaque fois que quelqu’un venait en ville, nous allions le voir live, il n’y avait rien d’autre à faire ! Ça nous a permis de regarder les groupes. Nous avons été très influencés par de nombreux groupes des années 90… Des groupes très mélodiques, groovy, mais on écoutait aussi des choses plus heavy, Metallica, ou d’autres plus metalcore. Quand nous avons monté ce groupe, la question était de savoir comment nous pouvions intégrer toutes ces influences, comment faire ressortir tout ce spectre d’influences et donner des concerts différents de ce à quoi le public est habitué.

 

Metal-Eyes : Il y a beaucoup de choses, là… Si tu devais résumer, et jouer ton rôle de vendeur, que dirais-tu pour me convaincre de courir acheter cet album à sa sortie ?

Leigh KAKATAY : Eh bien, je te dirais que c’est un album plein d’énergie, plein de groove. Si tu veux de la musique puissante sur laquelle tu puisses chanter, alors cet album est fait pour toi ! Et si tu es déjà fan de Pop Evil, alors, il s’agit là du meilleur album de Pop Evil

 

Metal-Eyes : Maintenant, si tu devais ne retenir qu’un titre de Versatile pour m’expliquer ce qu’est Pop Evil aujourd’hui, laquelle serait-ce et pour quelle raison ?

Leigh KAKATAY : Sans hésiter, je choisirai Breathe again. Cette pandémie nous a vraiment tous mis à genoux et rappelé ce qui est important dans la vie : faire ce qu’on aime. En ce qui nous concerne, écouter de la musique, découvrir de nouveaux groupes, continuer d’aimer les groupes que nous aimons… Simplement réapprendre à respirer de nouveau et ç a, c’est la camaraderie et fréquenter des gens. Aller à des concerts avec des gens que tu ne connais pas, découvrir des gens qui, eux aussi, aiment Pop Evil. Espérons que nous puissions nous retrouver, faire ce que nous aimons : aller en concerts, s’amuser…

 

Metal-Eyes : L’album débute avec Let the chaos reign. Y a-t-il un message particulier derrière ce titre ou est-ce lié à la pandémie ?

Leigh KAKATAY : En fait, il a été écrit avant la pandémie. Let the chaos reign fait référence à nos concerts : quand tu y viens, c’est un mosh-pit, un chaos contrôlé. Pop Evil est un croisé du metal, nous n’aimons pas le monde de la pop, c’est pour cela que nous avons choisi ce nom. Au début des 90’s, le rock perdait beaucoup de terrain, remplacé par la pop… Pour moi, Pop Evil était une sorte de leitmotiv qui me poussait à me lever le matin, à faire partie d’un groupe de rock pour lutter contre la pop… Je crois que ce nom nous a beaucoup aidé à trouver notre place, et à ne jamais prendre « non » comme une réponse. Le rock est très vivant, c’est une évidence ! Tu as assisté à un festival en Europe, alors tu sais de quoi je parle !

 

Metal-Eyes : Breathe again, comme tu l’as dit, semble avoir été plus inspirée par la pandémie que par la mort de George Floyd, par exemple…

Leigh KAKATAY : En fait, tout l’album a été écrit avant la pandémie. Mais c’est assez dingue de voir à quel point tout peut aujourd’hui avoir un sens différent, maintenant que nous vivons cette pandémie.

 

Metal-Eyes : De quoi traitent tes paroles ?

Leigh KAKATAY : J’aime transmettre des messages positifs. C’est quelque chose de commun au groupe. Aider une personne, le faire quand nous sommes en tournée, loin de nos familles et amis. Si nous parvenons à rendre une situation plus vivable pour quelqu’un à travers notre musique, c’est clairement une réussite.

 

Metal-Eyes : Y a-t-il au contraire des thèmes que tu ne souhaites pas aborder avec Pop Evil, des sujets que tu préfères éviter ?

Leigh KAKATAY : Je ne crois pas… Je suis toujours prêt à écrire si quelque chose de positif peut en ressortir. Nous essayons d’aider. Avec la pandémie et toutes les controverses actuelles, ça va être intéressant de voir ce nous allons pouvoir en tirer. Les sujets de la pandémie vont impacter beaucoup de monde, y compris les membres du groupe. Haley a été confinée en Grande Bretagne, j’ai à peine vu les autres membres du groupe…Nous ne nous sommes pas retrouvés depuis… janvier 2020 ! Ça va vraiment être intéressant de ressentir ces émotions quand nous allons nous retrouver pour écrire… Pour le moment, nous voulons simplement retrouver la scène.

 

Metal-Eyes : Il sera aussi intéressant de voir quelle sera votre énergie scénique une fois que vous rejouerez live (il approuve). Tu as justement dit que la situation s’améliore aux USA…

Leigh KAKATAY : Oui, je veux voir les choses positivement. Notre Etat a été gravement affecté par la pandémie, mais tout semble redevenir normal, les gens ressortent… J’espère retrouver une vie normale, comme tout le monde. Nous avons des dates bookées à partir de juillet, une tournée avec Shinedown. Des dates uniquement aux USA, des festivals. C’est un bon début.

 

Metal-Eyes : Quels souvenirs gardent-tu de votre dernier concert parisien, au Trabendo ?

Leigh KAKATAY : Je me souviens de beaucoup d’énergie. J’étais, pendant notre dernière tournée en France, super malade, j’avais une bronchite carabinée et il fallait que nous fassions avec ! Je me souviens de cette énergie, du public qui chantait les paroles avec nous. Notre public croît en France, c’est une bonne chose. Il nous a fallu du temps pour venir en Europe : nous étions coincés par un contrat discographique et il nous a fallu nous en tirer après le second album. Notre label actuel, eOne, est venu à notre secours, il a fallu négocier notre sortie. Nous n’avions pas les moyens financiers de venir en Europe à nos débuts, il nous a donc fallu du temps pour venir. Je suis très reconnaissant de cette croissance en Europe, nos fans y sont extraordinaires. Et la France nous a si bien accueillis que nous sommes impatients d’y revenir. Ce qui se fera vraisemblablement avec le nouvel album. L’Europe est terre de rock et nous sommes honorés d’y apporter notre petite touche.

 

Metal-Eyes : C’est intéressant de constater que de ton côté, américain, tu considères l’Europe comme un marché important alors que pour les Européens, le marché à conquérir, c’est les USA…

Leigh KAKATAY : Etant issu d’un groupe américain, nous voyons en effet l’Europe comme une terre de rock. Il y a une passion pour le rock et pour le metal différente de ce qu’il y a aux USA. Aux Etats Unis, il y a de plus grandes foules, de plus grands… tout est plus grand, mais ça peut ne pas être une bonne chose parce qu’il y a tellement « plus ». Les fans, avant la pandémie, avaient tendance à prendre les choses pour acquises : « oh, on ira voir ce groupe la prochaine fois qu’il passe » … J’ai l’impression que les Européens apportent vraiment leur soutien aux groupes qu’ils vont voir, ils comprennent les implications, financières ou autres, et je crois qu’ils ont plus de sympathie et de passion pour les groupes américains qu’ils soutiennent. Si nous donnons 3 ou 4 concerts en France, le public sera présent. C’est pareil en Allemagne, en Angleterre et partout en Europe. Je pense que la passion des Européens pour le rock et le metal est vécue différemment, et j’aime vraiment cela. Nous devions venir l’été dernier, pour la saison des festivals, mais le Covid a frappé et ça a ruiné pas mal d’opportunités de voir le groupe grandir outre-Atlantique. Je ne pense pas que nous puissions revenir avant 2022, à cause des restrictions de voyage… Personne ne sait vraiment ce qu’il en sera. Si nous pouvons venir avant 2022, tant mieux ! Il n’y a pas de meilleur endroit pour moi que les festivals en Europe !

 

Metal-Eyes : Tu constates aussi la différence de réactions entre les fans européens et d’autres ?

Leigh KAKATAY : Les fans français, anglais et allemands nous ont toujours super bien accueillis, avec passion. C’est sans doute parce qu’ils connaissent bien notre musique… Je compare toujours avec les groupes américains où nous avons toujours tournés, deux fois par an depui 2007. J’ai l’impression qu’ici c’est « montre-moi ce que tu sais faire » tandis qu’en Europe c’est « donne-moi ce que tu as » !

 

Metal-Eyes : J’aime cette façon de voir les choses !

Leigh KAKATAY : Tu sais, nous n’avons pas rencontré le succès rapidement aux USA, nous avons tourné dans des circuits… LA première fois que nous sommes allés en Australie, les salles étaient blindées… Notre premier concert à Paris, je me souviens d’avoir rencontré des journalistes qui m’ont averti : « ne le prend pas mal, mais le public parisien est très exigeant ». Ça m’a un peu foutu la trouille, je me disais que le concert allait être très difficile mais ça a été tout le contraire…

 

Metal-Eyes : Le public parisien a cette réputation : si le public ne t’apprécie pas, tu le sauras vite, autant que s’il t’apprécie… Je me souviens, il y a une vingtaine d’années, Sting a entamé sa nouvelle tournée par une semaine à Paris, déclarant que si ça ne marchait pas ici, il n’allait pas plus loin…

Leigh KAKATAY (il rit) : J’adore, vraiment ! Mais c’est vrai. La France en général est comme ça. J’ai toujours appris le Français à l’école. Du côté de ma mère, ma famille est canadienne, ils parlent tous français. J’étais le fainéant de la famille, mon français était pitoyable, un peu comme un touriste ! Je pouvais le comprendre, mais… J’ai toujours fantasmé « j’ai envie d’aller à Paris, visiter la France ». Et maintenant que j’ai eu l’occasion de venir y jouer, il y a beaucoup de choses que j’aime dans ce pays : la culture, les gens, les paysages… Quand tu es en tournée, il y a toujours ces paysages qui résonnent en toi, te frappent, et la France en fait partie.

 

Metal-Eyes : Nous arrivons à la fin de notre interview, alors quelle pourriat être la devise de Pop Evil ?

Leigh KAKATAY : Positivité, mon ami ! Tu sais, on a commencé il y a quelques temps, et nous voyons maintenant des gamins venir avec leurs parents. On a pu tourner avec des groupes légendaires comme Judas Priest, Poison et d’autres et tous disent la même chose : « nos fans ont grandi avec nous et ils élèvent leurs enfants avec nous ». Cela a toujours fait écho en moi. Que les groupes avec lesquels j’ai grandi disent cela…  Nous avons toujours voulu avoir du succès et avoir des fans à travers la planète… Mais notre véritable ambition, c’est simplement de pouvoir apporter quelque chose aux fans, partout dans le monde… Nous avons déjà tant voyagé à travers le monde, nous avons déjà eu tant de succès… Il faut mettre les choses en perspective : pourquoi tu voyages aussi loin, pourquoi tu passes autant de temps loin des tiens… Et quand tu vois les gens venir en famille, le gamin sur les épaules de son père, horns up en train de hurler, de chanter toutes les paroles, là, ça te donne un sourire intérieur, si large et profond que ça me rappelle moi, sur les épaules de mon père à un concert de Lynnyrd Skynnyrd chantant Freebird… C’est si spécial… Quand ta musique franchit les époques, que tu peux l’écouter avec tes enfants, c’est très cool…

 

Metal-Eyes : Une dernière chose, et c’est uniquement ta faute puisque tu l’as évoqué tout à l’heure (il rit) : quelle serait ta conclusion en français

Leigh KAKATAY : Ah, man… (En français) : Je voudrais jouer un concert – ou des concerts – en France.

 

 

WHILE SHE SLEEPS: Sleeps society

Angleterre, Metalcore (Spinefarm,2021)

Nommer son nouvel album en référence au fan club du groupe, c’est un bel hommage à ceux qui ont porté While She Sleeps depuis ses débuts en 2006. Ce nouvel album, Sleeps society, arbore fièrement la fanion du club et le metalcore incandescent des 5 de Sheffield. 10 titres d’une puissance et d’une rage quasi exemplaire. Quasi, car en reprenant les mêmes ingrédients que pour son précédent opus – So what? paru en 2019 – les Anglais marquent quelque peu le pas. Alors, oui, le metal core aux accents parfois électro, à la rage vocale intacte et aux guitares tranchantes fait mouche à tous les coups sans toutefois réellement surprendre. Un album efficace qui ne déroutera ni ne surprendra pas les fans. On ne parlera pas de ces crédits – le listing des membres de ladite Sleeps society sans doute ? – inscrits si petits à l’intérieur de la jaquette qu’il faut un microscope pour les déchiffrer! Ce n’est là qu’un détail qui ne détournera pas l’attention de ces mêmes fans de ce nouvel album.

Interview: Ayron JONES

Interview Ayron JONES (chant, guitare). Propos recueillis par Skype le 6 mai 2021

 

Il y a de bonnes surprises, parfois. Ayron Jones en fait incontestablement partie. A l’heure de notre apéro, lui, en direct Skype de Seattle, en est encore au café. Son premier album, Child of the state, qui parait le 21 mai, est une pépite aux références multiples. Un panel musical varié qui puise aussi bien dans le rock, le grunge, le funk. Metal Eyes a échangé sur de nombreux sujets avec ce jeune et talentueux musiciens aussi charmant que bavard. Une belle découverte musicale et humaine.

Photo promo

Metal-Eyes : Commençons par ceci : qui est Ayron Jones ?

Ayron JONES : Je ne suis qu’un gamin de Seattle qui, un jour, a pris une guitare et appris à en jouer ! Si on parle de mon passé, il n’y a aucune raison pour que je sois ici aujourd’hui, mais la guitare est devenue ma passion, mon amour… La musique et la guitare ont trouvé une place très spéciale dans ma vie, alors… voilà en gros qui je suis…

 

Metal-Eyes : Qu’est-ce qui t’a amené à attraper une guitare ?

Ayron JONES : Le hasard, mec, c’est arrivé comme ça ! Il se trouve que, à 13 ans, j’étais chez un ami qui avait une guitare, je l’ai prise et le reste… c’est de l’histoire ! Ça m’a semblé si naturel, je jouais dès que possible…

 

Metal-Eyes : « Le reste c’est de l’histoire » … Pourtant, tu vas sortir ton premier album, Child of the state…

Ayron JONES : Mon premier album important, oui…

 

Metal-Eyes : Donc l’histoire ne fait que commencer…

Ayron JONES : Absolument, oui…

 

Metal-Eyes : Nous ne connaissons pas en France, alors comment décrirais-tu ta musique à quelqu’un qui ne te connais pas ?

Ayron JONES : Je dirais Michael Jackson rencontre des guitaristes comme Jimi Hendrix et Kurt Cobain (il rit) !

 

Metal-Eyes : La description que j’ai notée est : Michael Jackson rencontre Prince, Rage Against The Machine et une part de la scène grunge des 90’s (il sourit largement).

Ayron JONES : Tu vois, on y est, toi et moi, on se rejoint ! C’est une très bonne description ! Je suis un enfant des 90’s et tous ces genres musicaux existaient au même moment. Tu rajoutes du hip-hop, du rock… Je suis redevable à tous ces styles musicaux !

 

Metal-Eyes : Les articles de presse que j’ai pu lire te comparent à la scène grunge. Comment l’expliques-tu, à quel point en es-tu proche, hormis le fait que tu sois aussi originaire de Seattle ?

Ayron JONES : Je suis très proche de la scène grunge, j’y suis très impliqué, notamment par le biais de mon association. J’ai travaillé avec de nombreux artistes de cette scène, je suis très impliqué localement.

 

Metal-Eyes : Tu as parlé de Jimi Hendrix… Non seulement était-il un guitariste gaucher, ce que tu n’es pas (rires), mais il était aussi Américain. Il a surtout révolutionné le monde de la guitare. Que considères-tu être ta touche personnelle de guitare ?

Ayron JONES : Oh, je dois beaucoup à Jimi, c’est évident, nous sommes issus du même quartier, tu sais, je côtoie sa famille qui m’encourage beaucoup. Ma touche personnelle ? je ne sais pas si j’ai assez de recul pour le dire… Mmhh… Je crois que je suis plus sur le fil que Jimi – et il l’était déjà énormément. Je n’ai pas vraiment grandi avec le grunge, mais je pense apporter ma touche à ce style, avec un peu plus de punk…Cependant, le jeu des accords, ce qu’il a développé, son jeu m’a particulièrement inspiré.

 

Metal-Eyes : Tu parles de bruit dans ta musique. La première chanson de ton album, Boys from the Pudget town, est très noisy, très agressive. Le reste de l’album est quant à lui très diversifié. Qu’as-tu voulu mettre dans cet album ? Il y a de la colère, de la douceur…

Ayron JONES : Oui… J’ai voulu mettre du contraste dans ma musique, différentes dynamiques. Pour moi, cet album représente le chemin que j’ai parcouru à la recherche de mon identité. On se cherche tout le temps… La vie que j’ai vécue a alimenté cet album avec toutes ces émotions. Parfois il y a de la colère, parfois de l’amour, parfois d’autres sentiments… J’ai simplement voulu mettre toutes mes émotions dans ce disque.

 

Metal-Eyes : Et tu te situes où émotionnellement en ce moment, en pleine pandémie ?

Ayron JONES : Je me sens bien en ce moment ! Mon premier album est sur le point de sortir, et je suis impatient de pouvoir de nouveau jouer pour le public, ce que je ne peux pas faire en ce moment.

 

Metal-Eyes : La pandémie a-t-elle eu une influence sur l’enregistrement ou la conception de cet album ? C’est désormais une question classique…

Ayron JONES : Elle a certainement eu un impact… Ne serait-ce que par le fait que toute ma concentration, mon énergie étaient centrées sur l’enregistrement, sans distraction possible. En d’autres circonstance, ç’aurait été « oh, je dois enregistrer ça maintenant, j’ai ce concert à tel endroit… » Mais non, tout ce que j’avais, c’était cet album sur lequel focaliser mon attention. La pandémie m’a permis de vraiment e concentrer sur cet album, et je lui suis redevable de cela !

 

Metal-Eyes : Parlons un peu de musique. Même si Mercy débute par les mots « see my brothers falling » (vois mes frères tomber), je peux imaginer que George Floyd est dans tes pensées…

Ayron JONES : Oh, oui, toujours !

 

Metal-Eyes : Mais pas seulement : tu parles aussi d’armes à feu et d’artillerie lourde. De quoi parles-tu plus précisément dans tes paroles.

Ayron JONES : Je suis un grand fan de mots… Comme je te le disais, j’ai grandi dans les années 90, avec le hip-hop, une époque dorée pour les paroles. J’ai toujours voulu proposer des textes qui amènent à réfléchir, plutôt que de tout livrer directement. Parfois c’est le cas, sur les chansons plus lentes. Mais sur Mercy, je voulais dire les choses telles que je les ressentais, dire ma vérité dans ma situation, faire en sorte de t’amener dans mon histoire, ma situation. Toutes ces paroles m’ont permis de m’exprimer, d’exprimer mon ras-le-bol de voir, chaque matin, quelqu’un comme moi battu ou tué, de vois des gens déshumanisés par l’autorité.

 

Metal-Eyes : D’un autre côté, y a-t-il des sujets que tu ne souhaites pas aborder aujourd’hui ?

Ayron JONES : je ne crois pas, non. J’ai atteint ce moment de ma vie où je me rends compte que même les gens de mon entourage ne me connaissent pas si bien. Ce disque est vraiment un moyen de m’ouvrir aux autres, pas de me cacher derrière une guitare, de me livrer et de raconter mon histoire. J’ai envie d’être comme un livre ouvert pour les gens… Donner la vraie image de qui je suis.

 

Metal-Eyes : Nous avons tous les deux dit qu’il y a du Michael Jackson dans ta musique et tu sonnes vraiment comme lui sur un morceau comme Take me away (il approuve). Ce que j’ai également noté, sur Supercharged, ton chant et ta guitare sonnent comme un autre chanteur noir : Lenny Kravitz.

Ayron JONES : Oui, oui… C’est marrant que tu dises ça parce que ce n’est pas volontaire. Ce qui est intéressant avec la musique c’est que tu avances dans la vie, et les choses bougent aussi. Un jour, on m’a demandé quel était le premier riff de guitare que j’ai appris. J’ai répondu Fly away, de Lenny Kravitz. Alors oui, Lenny Kravitz a fait partie de ma vie, m’accompagné depuis mon adolescence. J’ai écouté et analysé son travail, jusqu’à maintenant. Franchement, je me mentirais et je mentirais à tout le monde si je disais que Lenny Kravitz n’est pas une influence. Il est sans doute une des plus importantes influences de ma vie !

 

Metal-Eyes : Tu te rends compte que si je cite toutes ces références, c’est dans le seul but de te faire comprendre que j’ai écouté ta musique…

Ayron JONES : Ouais, mec, et je t’en remercie, c’est cool…

 

Metal-Eyes : J’ai dit « écouté », hein, je n’ai pas dit que je l’ai apprécié… (il explose de rire) Et naturellement, avec le décalage horaire, tu prends ton café, et pour moi, c’est l’heure de…

Ayron JONES : Ouais, c’est l’heure d’un whisky !

 

Metal-Eyes : Non, non, j’ai arrêté le whisky… J’y reviendrai mais pas tout de suite.

Ayron JONES : Oh… non, si tu arrêtes ces trucs, il ne faut pas y revenir…

 

Metal-Eyes : Ah, non, rien à voir, c’est juste qu’il faut que je diminue le sucre dans mon sang si je veux éviter le diabète. Un verre de vin, ça ira !

Ayron JONES : Ah, oui, ok…

 

Metal-Eyes : Revenons à ta musique si tu veux bien !

Ayron JONES : Oui, oui, ok !

 

Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’un titre de Child of this state pour expliquer ce que tu fais, laquelle serait-ce ?

Ayron JONES : Je pense… Mince, c’est compliqué, ça… Ah, shoot… Je dirai soit Take me away, soit My love remains, une des deux. Je penche plus pour Take me away qui résume en quelques sortes tout ce que j’ai accompli en musique jusqu’à présent. Tous ces éléments qui se mêlent et c’est toujours du rock.

 

Metal-Eyes : OK. Et si tu devais penser à une devise, laquelle serait-ce ?

Ayron JONES : Une devise ? Oh, mec, « ne sois pas un trouduc » (rires), ce serait ça ma devise ! C’est une des choses que j’ai apprises dans la vie : tout le monde dans sa vie a des opportunités. Certains les saisissent, d’autres non. Mais c’est autre chose de maintenir des relations tout en voulant réussir sa vie. La devise que je me suis toujours appliquée c’est d’être gentil, généreux et vrai envers les autres, ceux qui m’accompagnent. Ils sont tes pairs, tes égaux, alors maintenons de bonnes relations, c’est tout…

 

Metal-Eyes : « Ne sois pas un trouduc » peut être une devise personnelle ou plus générale, mais ça s’applique également à la politique (il approuve). Comment analyses-tu le changement entre 2020 et 2021 ? Suis mon regard…

Ayron JONES : Mince… Tu as des questions profondes, j’aime ça, mec ! Je ne vois pas tant de changement pour le moment. J’ai vu des petits pas, mais rien de vraiment palpable pour le moment, pas d’un point de vue politique, en tout cas. J’attends, nous attendons tous de voir un vrai changement…

 

Metal-Eyes : Mais ça ne fait que 5 mois que Biden est en poste…

Ayron JONES : Oui, c’est vrai, c’est vrai, il reste du temps. L’histoire de George Floyd… Le flic qui l’a tué vient de perdre le procès, mais il pourrait échapper à la prison. Et il pourrait faire appel, le système est ainsi fait. Même s’il y a des progrès pour condamner ces personnes qui commettent des crimes contre l’humanité (Note : ce n’est pas tout à fiat la définition officielle, mais je vois ce qu’il veut dire), il leur est impossible de vraiment décrocher, changer. Cet officier de police et ceux qui pensent comme lui vont continuer de commettre ces actes. J’apprécie les avancées, mais il reste tant à faire…

 

Metal-Eyes : De notre point de vue, ici en France, ce n’est pas que la police qui doit changer, c’est la population toute entière qui doit apprendre à voir les choses différemment.

Ayron JONES : Oui, absolument. Je suis entièrement d’accord.

 

Metal-Eyes : Il y a également une ballade sur cet album, My love remains. Pour qui ton amour demeure-il ?

Ayron JONES : Pour qui ? Mec, tu me poses de ces questions ! J’adore ça… Je ne sais pas si beaucoup de gens se rendent compte à quel point ton enfance détermine les relations que tu peux avoir ensuite. Que ce soit avec toi-même, avec tes parents, tes amis… Que se passe-t-il pour quelqu’un qui n’a pas eu de parents, qui n’a pas reçu de repères parentaux ? My love remains traite de ça, de la tristesse que j’ai ressentie de n’avoir pas reçu cet amour, cette relation qui m’a manquée. Cette chanson parle de cet amour que j’ai pour ma mère, pour mon père, qui sont des personnes que je n’ai jamais vraiment connues. Je continue de m’accrocher à cet amour même si je ne sais pas trop quoi en faire…

 

Metal-Eyes : Et c’est une réponse profonde et intense également…

Ayron JONES : Merci, mec !

 

Metal-Eyes : Culturellement, quelle est la situation actuellement aux USA ?

Ayron JONES : Culturellement ? Ça va, ça vient… Certains endroits commencent à rouvrir, mais pas partout. Les Etats-Unis, c’est un pays qui est vraiment divisé en 4 : nord, sud, est et ouest… Les Etats du sud de la guerre de sécession, ceux du nord de cette même période, et ils continuent plus ou moins d’agir de la même manière politiquement. En gros, les Etats du sud se dresseront contre toute mesure : ils ont déjà tout réouvert, « on s’en fout de vos consignes » … la côte ouest est plus raisonnable et respectueuse des règles pendant la pandémie… Bref, il y a de tout partout ! Mais je pense que les choses vont redevenir normales : les cinémas commencent à accueillir des groupes de personnes sur réservation… On va s’en sortir, à un moment ou un autre…

 

Metal-Eyes : Tu as des concerts prévus ?

Ayron JONES : Oui, j’ai quelques dates prévues en juin, une tournée en automne… Les choses se planifient petit à petit.

 

Metal-Eyes : Tu as déjà joué à l’étranger ?

Ayron JONES : Non, je n’ai pas joué à l’étranger. J’ai joué au frisbee à l’étranger, mais pas de musique (rires), mais j’en ai envie. J’en ai rêvé toute ma vie, principalement en Angleterre, en Europe, là où Jimi Hendrix a joué, Eric Clapton… J’ai toujours voulu jouer en Europe et voir la réaction des gens là-bas.

 

Metal-Eyes : L’album sort le 21 mai. Que dirais-tu aux gens, à part « je te collerai mon poing dans la figure » (rires) pour les convaincre d’aller acheter ton album ?

Ayron JONES : Ah, mec, c’est une question difficile ! J’en sais rien… « fume-ça et va acheter mon album » ! (rires)

 

Metal-Eyes : Et si je ne fume pas ?

Ayron JONES : Et si tu ne fumes pas (rires) ? Ok, alors… Que dirai-je ? Qu’avec la pandémie, il y a de nouvelles personnes qui sont en train de créer de nouveaux sons, et je suis l’une d’elles : nouveau son, nouveau mode de vie, et cet album en est l’introduction. Alors, donnez lui une chance et allez l’écouter !

 

Metal-Eyes : As-tu quelque chose à rajouter, Ayron ?

Ayron JONES : Rien de particulier, j’espère que les gens en France vont prendre le temps d’écouter et de découvrir ma musique, et j’espère vraiment venir jouer pour vous dès que possible et que nous puissions tous nous rencontrer. Merci pour cet échange, et… profites de ton verre de vin !

EGO KILL TALENT: The dance between extremes

Brésil, Hard rock (BMG, 2021)

Loin de réinventer un genre – du hard rock mélodique enjoué et entraînant – les Brésiliens de Ego Kill Talent proposent avec Dance between extremes un album rafraîchissant, carré et simplement réussi. Oui, on connait par cœur ces formules qui font mouche, ces riffs soutenu par des rythmiques dansantes et ce chant charmeur et accrocheur. On connait tellement bien qu’on pourrait vite se dire que cet album n’ira pas loin. Mais c’est sans compter sur la réelle efficacité de chacun de ces 12 titres qui explorent tour à tour le rock radio friendly sans être FM, le hard couillu et charmeur à la fois, la ballade incontournable. 12 morceaux qui font des clins d’oeil à l’auditeur qui se laisse prendre dans les filets. Et en redemande. L’album s’écoute d’une traite sans, temps mort, et chacun des morceaux proposés est un nouveau voyage. Après Sepultura et Angra, Ego Kill Talent est-il la relève du heavy rock brésilien? Ça y ressemble.

SERJ TANKIAN: Elasticity

USA, Rock Alternatif/Progressif (Alchemy/BMG, 2021)

Impossible d’évoquer Serj Tankian sans aborder le sujet System Of A Down? Tentons quand même… Après avoir quasiment enterré SOAD malgré une tentative de retour en live, le chanteur revient en solo avec Elasticity, un Ep de 5 titres qui n’auraient pas totalement dénotés sur un album de vous savez qui. D’ailleurs, ces morceaux, moins hard et plus rock, étaient à l’origine destinés à figurer sur un nouvel album de System. Le destin en a décidé autrement. Si le gaillard se fait plus rock, il reste bien allumé. Son chant navigue entre gravité et délire vocal et fait mouche à tout instant. Allant de rock symphonique en ballade, le chanteur laisse libre court à son imagination et sa folie qu’on aime tant. Certains pourront se plaindre qu’un Ep est trop court. Ils n’ont pas tort, loin de là. Mais ce n’est que le prélude à ce que Tankian nous promet pour 2021: deux albums, rien que ça! N’empêche que non, définitivement, il n’est pas possible de ne pas évoquer le chanteur sans mentionner son(ex) groupe…

THE LOSTS: Mystery of depths

France, Heavy metal (Autoproduction, 2021)

Cinq années séparent Mystery of depths de son prédécesseur, …Of shades and deadlands, paru en 2016. C’est long, mais j’imagine que The Losts aurait volontiers sorti cet album un peu plus tôt si un certain virus n’avait pas foutu le binz un peu partout… Les nordistes continuent d’explorer leur thème de prédilection en narrant la suite des aventures du peuple des Egarés, qui a donné son nom au groupe (oh?). Et la grande force de The Losts est d’avoir trouvé un juste équilibre entre ses influences et les divers genres qui font la richesse du metal. Fondamentalement heavy, le groupe navigue au travers de divers univers sonores, passant avec un réel bonheur du heavy pur jus au metal extrême. Le chant et les guitares nous proposent de nombreuses envolées dignes ici des fleurons du power mélodique, là des belles heures du heavy speedé. Le chant – un anglais parfaitement maîtrisé – est également puissant et varié. The Losts sait diversifier les plaisirs avec des influences sombres, racées voire même orientales… et parvient à conserver de bout en bout l’attention de son auditeur. 12 morceaux qui, si certains proposent des structures complexes et des rythmes variés, tapent juste là où il faut. Maintenant, une question: combien de temps faudra-t-il attendre la suite des errances sans fin de ce peuple perdu? Parce que Mystery of depths est dans la parfaite continuité de son prédécesseur, reprenant les mêmes ingrédients en les améliorant encore.

MOTÖRHEAD: Louder than noise… live on Berlin

Hard rock, Angleterre (Silver Lining, 2021)

Depuis le décès de Lemmy, on aurait pu s’attendre à des sorties régulières de lives et d’inédits de Motörhead. Pourtant, non… Car le dernier live remonte à 2016 (Clean your clock) et le dernier album à 2017 avec les reprises de Under Cöver. Alors autant dire que ce Louder than noise…live in Berlin fait, malgré une pochette d’un goût… euh… « douteux », un peu du bien. Car même si la lecture des titres est sans surprise – environ 9 morceaux identiques de live en live – force est de reconnaître que dès les premières notes de basse, et dès le tronqué « We are Motörhead », une chose est sure: putain, Motörhead, live ou studio, ça manque vraiment! Parce que ce live, enregistré le 5 décembre 2012 – soit pas dans les meilleurs jours de Lemmy, déjà très fatigué – à Berlin – en Allemagne, comme son prédécesseur, le sus-nommé Clean your clock – même s’il est loin d’être le meilleur que le trio nous ait offert (la faute à une setlist sans vraie prise de risque et à un groupe quasiment en mode automatique), ben, c’est du Motörhead et ça dépote grave du début à la fin. En tous cas sa version cd: 14 morceaux (plus 1 solo de guitare, String theory et un solo de batterie non répertorié)  parmi  lesquels, comme mentionné plus haut 9 figurent déjà sur le précédent live. Mais peu importe, la puissance est là, la frappe de Mikkey Dee puissante et sans faille, le soutien de Phil Campbell impeccable même si Lemmy semble en petite forme. Pas trop de communication avec le public mais… La version DVD est, quant à elle, clean, le son propre, l’image impeccable. Avec une bonne demi douzaines de caméras, le trio est filmé sous tous les angles, le public (dont une partie de la fosse baignée dans une lumière constante quelque peu dérangeante) agit en quatrième homme discret mais agité. Quelques surprises pointent ci-et là comme Over the top ou le moins courant You better run (ainsi que le sticker No One Is Innocent sur l’Explorer de Campell sur Going to Brazil en est une… Cocorico). Que penser de ce Overkill, final classique, en compagnie d’un Anthrax au complet, dont on ne pourra que déplorer le trop plein de stroboscopes qui empêchent de voir tout ce beau monde au mieux et dont on se demande aussi ce que fait Belladonna avec sa sacoche… Ceux qui ont assisté à un ou des concerts de cette tournée de 2012 se souviennent d’un groupe fatigué. On ne pourra ici que constater l’énergie retranscrite par le montage, qui rend entièrement justice à Lemmy – quasi immobile – et sa bande. Mais, fatigué ou pas, on s’en fout au final… Ce live vient simplement nous rappeler deux cruelles réalités: que Motörhead nous manque vraiment ainsi que les concerts… Putain d’époque. Vivement qu’on retrouve le chemin des salles et des décibels…

REDEMPTION: Three of a kind

France, Hard rock (Autoproduction, 2021)

Bien sûr, si on vous parle, aux plus anciens amateurs de hard rock et de heavy metal principalement, de Mama’s Boys, Van Halen, Rock Goddess ou, ceux là peuvent parler aux plus jeunes, DeWolff, vous comprenez le lien. Des fratries et sororités sont la base de ces formations. Redemption va plus loin encore puisqu’à la paire de frangins vient s’ajouter un papa. Une histoire de famille? Un chaperon de noir vêtu? Redemption, ceux qui y étaient s’en souviennent, a remporté le tremplin Voice of Hell et a eu le privilège de fouler la Mainstage 2 du Hellfest 2018. Aujourd’hui, après deux Ep, le trio nous offre Three of a kind, leur premier album autoproduit et attendu. De bout en bout cet album fleure bon le heavy rock vintage, gras et direct. Bien sûr, la forme trio et l’esprit crade et dans ta face fais penser à Motörhead, mais on n’a pas à faire à une pâle copie. Non, la famille Kuhn propose un condensé de heavy rock qui pue la bière et les relents de clopes, du genre qu’on joue au fond d’un pub malfamé. Bon, ça, c’est la version 70’s du genre qui a depuis évolué, mais l’idée est là. Au travers de 11 titres chantés avec une voix grave, puissante et profonde dans un anglais perfectible mais déjà très correct, le trio se lance corps et âmes dans l’aventure, pied au plancher sans regarder dans le rétro. Digne héritier de Motörhead, des Ramones ou encore de Danko Jones, Redemption fonce pied au plancher. Pas de fioritures, que du gros, du gras, du lourd, du direct. D’aucuns pourraient croire à un coup de pub, mais non, Redemption est un groupe à prendre très au sérieux, un de ceux qui risquent de redonner un sens au terme rock’n’roll.