SKALD: Huldufolk

Folk/Pagan, France (Decca, 2021)

Viking Memories en 2020 (chro ici) et l’Ep Winter songs en 2021 (chro là), un passage au Hellfest le 18 juin 2022 sous une temple blindée… Skald, depuis ses débuts remarqués, s’est toujours montré actif et créatif et continue d’avoir le vent en poupe (de drakkar, ah, ah!). La formation revient aujourd’hui avec Huldufolk, un nouvel album composé de 12 titres toujours inspiré par le folklore nordique. Si on n’est plus surpris par le style du groupe, le charme tribal de ce nouvel album fait toujours son effet, et le groupe parvient même à proposer une nouvelle forme de variété musicale. Il y a ici plus de voix, de timbres et de tonalités qu’auparavant, les chants masculins et féminins trouvant chacun leurs places dans ces invocations et appels à mère nature. Parfois sombres, à d’autres moments plus mélancoliques, la profondeurs de ces chants de prières autant qu’incantatoires sont d’une remarquable force apaisante. La variété des instruments apporte également toute une palette sonore invitant à la communion. Méditation et encens, voix hypnotiques et envoûtante, ce Huldufolk est une véritable invitation à la transe.

SKER: Insomnia

France, Rock déjanté (Ep autoproduit, 2023)

Alors là, les cocos, on attache sa ceinture et on s’accroche. parce que Sker, formé en 2017, déboule avec Insomnia, un premier Ep aussi direct qu’incisif ou brutal. Puisant autant dans le punk crado que dans le rock pas du tout fait pour les passages en radio, les 4 titres d’Insomnia, l’Ep en question, tabassent sec. Ca crache, ca déménage et on est vite plongés dans un univers de jobars. Le chant complètement allumé de Samantha frise la folie de bout en bout et se voit en tous points soutenu par des guitares incisives et tranchantes (Rémi et Loup) ainsi qu’une rythmique écrasante sinon oppressante (Kass à la basse et Enzo à la batterie). Le groupe ne propose guère de temps morts ou simplement propice au repos auditif tout au long des Hey girl ou des bien nommés In the void et Parasite. car avec tant de folie, nul doute que certains auditeurs à la sensibilité exacerbée auront ce terme en tête en écoutant ce disque! Disque qui se conclu avec un Feeling sorry qui ressemble à tout sauf des excuses sincères. Alors, oui, les cocos, on s’accroche et on pogote!

BALLS OUT: Volume 2 – Hot mom

France, Hard rock (Ep, Balls out rec., 2023)

Les voici de retour les furieux hard rockers de Balls out, un nouvel Ep sous le bras. Ce Hot Mom, volume 2 (ou l’inverse) reprend les choses où elles s’étaient arrêtées et nous propose 4 titres d’un rock furieux et sulfureux, qui démarre, étonnamment, à la Bon Jovi. Have a seat on me (clin d’oeil évident au Have a drink on me d’AC/DC) débute avec un riff qui évoque un certain Dead or alive. Le titre dans son ensemble est très américain, évoquant de grands espaces désertiques. Le morceau titre lui, retrouve l’univers tant apprécié du quatuor, rencontre toujours appréciée entre AC/DC et Motörhead avant de changer de registre. Bite the pillow est quand à lui speedé au possible, et la voix éraillée et enrouée du bassiste chanteur Patrick Gioan se fait également directe et agressive, parfaitement adaptée au genre. Blinded by the shot vient conclure cet trop bref amuse-gueule avec un imparable groove, et un break digne de ZZ Top. Hot mom, sous ses airs débonnaires de « on ne se prend pas la tête et on fait ce qu’on aime », nous entraine au fond d’un bouge mal aéré qui sent la bière tiède et les relents de cendres froides de cendriers jamais vidés. La variété de ces morceaux d’une complexe simplicité fait du bien à entendre. Du rock qui fait taper du pied et bouger du popotin avec efficacité.

PROJECT: The awakening

France, Metal (Blue lagoon records, 2023)

Troisième album pour les Frenchies de Project qui nous proposent avec The awakening un disque de metal progressif au démarrage tellement épileptique que l’on peut se demander quelle est l’intention du groupe. Heureusement, Down and dirty remet les choses au clair: un ensemble simple, rock n roll et direct. C’est chantant, entrainant et l’ensemble ne souffre que d’un air de légèrement « dépassé ». Cependant, le trio s’éclate et son propos, qui puise autant dans le rock 60’s que dans le hard de Deep Purple des 70’s ou le heavy 80’s. Fidèle au genre, Project varie ses – et nos – plaisirs avec 10 morceaux enlevés et entrainants, des guitares shreddées, un chant efficace et des ballades , un cocktail que les amateurs de classic hard rock apprécieront à sa juste valeur. Formé dans le courant des 90’s, il serait peut-être temps que le groupe dépasse le simple statut de Proje(c)t et qu’il s’offre une vraie projection (ouais, deux d’affilée, je suis en forme en ce début d’année!) vers un plus vaste public, car les amateurs de ce genre de heavy rock, il y en a.

EDENYA: Another place

France, Rock (M&O, 2023)

Commencer, ou presque commencer, cette année avec la douceur des paysages musicaux bucoliques de Edenya, quoi de mieux? Le groupe nous propose de découvrir Another place, un album composé de 10 titres aussi apaisants qu’aériens, légers et parfois mélancoliques. Romantique? Certes, mais pas que cela tant la formation explore des univers variés, folkloriques, celtiques, mélangeant aussi colère et complainte. Inside your walls, par exemple, ressemble à un règlement de comptes d’après une relation difficile avec un harceleur et la montée en puissance du titre évoque la saine colère libératoire d’une femme anciennement battue. La variété des instruments – voix et guitare, bien sûr, mais également cordes, piano… – transforme ce disque en un voyage doux et bienveillant, un voyage aux limites du rock, du prog et du folk. Un album reposant.

SINS OF SHADOWS: Imperium

France, Heavy metal (Autoproduction, 2022)

Il y a deux ans, en 2020 donc…, Sins Of Shadows nous présentait son premier album, The master’s way, que j’avais quelque peu démonté ici même, notamment à cause de la production indigne de son époque, tout en évoquant l’envie et le potentiel du groupe. Le groupe revient aujourd’hui avec Imperium et a visiblement – audiblement serait plus approprié – décidé de corriger certaines erreurs du passé. Dès les premières mesures de Ordinary men, on est entrainé dans cette furie de classic heavy metal qui nous replonge dans les 80’s et ses compositions variées, mélodiques et efficaces, son chant haut perché parfois approximatif qu’on aimait adorer ou détester. On retrouve la marque des plus grands, de Maiden (on peut même pousser jusqu’à la période Blaze Bailey) à Helloween en passant par la vague power metal scandinave et allemande. Les 9 titres alternent les tempi sans temps mort, recherchant l’efficacité. Cette fois encore, le groupe clairement ne cherche pas à réinventer le genre et veut simplement se faire plaisir, ce qu’il parvient à réaliser haut la main. Un album pas prise de tête pour un sou, qui fait secouer les crinière et taper du pied, on n’en demande pas plus. Et ça, j’approuve!

GRANDMA’S ASHES: This too shall pass

France, Rock/Stoner (2023, Autoproduction)

Allez, disons le tout net: si la bonne fée pouvait se pencher sur les cendres de grand-mère… Dès la première écoute de ce This too shall pass, Grandma’s Ahses, trio féminin formé en 2018 et déjà auteur d’un premier Ep, The fates, paru en 2021, se démarque d’une scène aujourd’hui par trop lisse et consensuelle. Les 13 titres de ce premier essais (dont 3 interludes absents de la version vinyle) explorent sans complexes divers horizons musicaux, allant du rock garage au stoner enfumé, en passant par un heavy rock aux limites du doom. Et quand ça castagne parfois, ben… ça pête sévère! On trouve aussi bien des traces du metal froid d’un Blue Oÿster Cult que le rock énervé de 4 Non Blondes. Le chant – dans un anglais plus que maitrisé – passe par des phases de douceur bienveillante comme il sait se faire langoureux ou mélancolique, souvent envoûtant et toujours soutenu par une basse ronflante et une batterie syncopée. Il y a dans cet album plus que de la simple complicité et complémentarité musicales. Avec This too shall pass, un album qui sait prendre des risques et sortir des sentiers battus (la réalisation de Fred Leblanc, impliqué avec Pogo Car Crash Control ou Toybloïd y est sans doute aussi pour quelque chose) Grandma’s Ashes se distingue de la jeune garde, interpelle et surprend. Et dans le paysage musical actuel – français ou international – ça fait du bien.

SLEEPING ROMANCE: We all are shadows

Italie, Metal progressif (Autoproduction, 2022)

Formé en 2013, les progueux italiens de Sleeping Romance nous ont proposé en fin d’année 2022 (octobre, je crois) We all are shadows, leur troisième album dont chaque titre est l’acronyme du nom de la chanson. Une intro narrée par la chanteuse Lina Victoria donne envie de se plonger dans le propos musical qui suit. L’influence d’Evanescence se fait sentir  dès SAM – Smoke And Mirrors – mais le groupe ne se contente pas que d’évidences. La suite mêle puissance et douceur, légèreté vocale et dynamisme musical. Un contrepied vocal est présent en arrière plan avec un chant guttural parfois discret et qui remonte en surface le temps d’une courte colère. Sleeping Romance lorgne ensuite vers les horizons tracés tant par Apocalyptica (la présence de cordes est souvent mise en avant) ou encore l’indus version Rammstein. La production est riche et généreuse mettant en avant chacun des instruments comme il se doit et si l’ensemble est bien foutu et très agréable à écouter, la personnalité de Sleeping Romance mériterait d’être plus encore explorée pour que le groupe se démarque vraiment de ses influences. Voilà toutefois un album que les amoureux de belles mélodies auront plaisir à découvrir.

SUN: Brutal pop 2

France, euh… ben, « Brutal pop », c’est écrit dessus… (autoproduction, 2022)

Brutal pop 2, le nouvel Ep de Sun, sous-entend qu’il y a eu une première salve. Bon, eh bien lançons nous dans cet Ep à la pochette aux couleurs de bonbon acidulé et… Comment dire? La miss possède une voix grave très agréable qui, lors de ses passages en un clin d’oeil de douceur à fureur, peut évoquer Mother’s Finest ou, plus contemporainement, Jinger. Car elle ratisse large, Sun. De la pop rageuse et acidulée à un rock nerveux, en passant par de la pop énervée ou sur fond de rythmes répétitifs et hypnotiques, sur fond de mélodies entrainantes ou de rythmes martiaux, Sun pourrait bien entrainer dans son monde un public varié et hétéroclite. Les influences sont en effet variées, allant de la dance 70’s (on trouve de belles influences Abba) au RnB d’aujourd’hui en passant par des choses bien plus heavy et brutales, grungy et punky. En voici une qui mérite de se faire connaitre, alors allez découvrir son Ep dont la sortie est prévue le 13 janvier !