ASH TWIN PROJET: Tales of a dying sun

France, Metal progressif (Season Of Mist/Klonosphère, 2025)

Tales of a dying sun est le premier album des Français de Ash Twin Project. Le quintette originaire d’Agen évolue dans un metal progressif qui évoque aussi bien Opeth que Tool tout en explorant d’autres horizons. L’intérêt du projet réside en ses oppositions, des contrastes réguliers d’influences diverses. L’élégance qui évoque Soen se confronte à la virulence et la brutalité du metal extrême et du hardcore. Si on est aujourd’hui plus qu’habitués à la dualité vocale « la belle et la bête »(Eglantine Dugrand et son invité Nicolas Lougnon), Ash Twin Project surprend par la brutalité de certains passages comme si on venait à s’écraser contre un mur de son qu’on n’a pas vu arriver. Les guitares de Robin Claude et Romain Larregain, aériennes et rugueuses à la fois, se frottent à ce mur rythmique concocté par la basse de Stéphane Cocuron et la batterie de Thibault Claude. Malgré ses seulement 5 morceaux, Tales of a dying sun est à considérer comme un véritable album: seuls deux titres durent moins de 7′ (The wilds et Isolation – 5’58 et 6’50), Sunless city culminant même à 9’16. Un premier album (doté d’une production à la hauteur des exigences du genre) comme une belle promesse, à découvrir.

HOWARD: Oscillations

France, Rock (Autoproduction, 2025)

Howard fait partie de ces groupes nés à la fin des années 2010 et qui ont vus leurs espoirs stoppés nets par la crise sanitaire. Après avoir sorti un premier Ep en 2018 – Howard I – le trio a publié en mars 2020 son premier album, Obstacle – quel ironie sarcastique que ce titre quand on y repense! – impossible à défendre correctement pour les raisons que l’on sait. Sans se décourager pour autant, Howard publie en 2022 son second essai, Event Horizon. Le public découvre un trio plus qu’influencé par les géants du rock des années 70 et confirme cet état d’esprit tout au long de Oscillations, son nouvel album paru fin mars. Loin de ne ses contenter que de reprendre des formules ayant fait leurs preuves, les musiciens (Jimbo Canoville au chant et à la guitare, Raphaël Jeandenand à la basse, orgue Hammond… et Tom Karren à la batterie et aux percussions) intègrent avec bonheur de nombreux éléments modernes qui offrent des touches électro à l’ensemble. En modernisant son propos, le trio offre à l’auditeur une plongée dans diverses émotions qui vont du calme à la tempête, de la rage à l’apaisement. Le groupe sera à découvrir lors du prochain Hellfest le samedi en ouverture de la Valley.

MEDICIS: Where we dive

France, Rock (Day Dream Music, 2025)

La jolie surprise que voici! Where we dive est le premier album des Nantais de Medicis, groupe formé au début des années 2020 et qui a publié un premier Ep éponyme en 2022. Au travers de 8 titres proposés à l’ancienne sur les faces A et B (d’un… CD!), Medicis développe un univers éthéré, bienveillant et entrainant. La voix de Julien (également bassiste), douce et suave, est soutenue par Victor, co-chanteur, guitariste et claviériste de la formation. Dès Boxes, on est séduit par les ambiances rock quelque peu énervé et pop sans être acidulé qui se mettent à crisser ou s’adoucissent au gré des envies de Medicis. Le groupe, également composé d’un second guitariste, Nicolas, et du batteur, Thomas, a décidé de raconter l’histoire d’une œuvre de musée qui peu à peu, prend conscience d’exister et de son envie de s’échapper de son cadre pour vivre au delà des simples regards des visiteurs. Un concept quelque peu original qui permet à la formation de divaguer et se laisser porter par ses envies d’explorations sonores. Les Nantais utilisent cette envie d’évasion de l’œuvre comme prétexte à explorer divers sentiments. Le résultat, enregistré en conditions live en à peine plus de… 2 jours!, est plus que séduisant et réussi, et Where we dive fait partie de ces albums à découvrir d’urgence.

CRICK FEST 4: Stratagème et King Crown live (Cléry Saint André, le 5 avril 2024, avec B3nzin et Prisma)

C’est une vraie bonne soirée à laquelle les quelques 200 personnes présentes ont assisté, ce samedi 5 avril à l’Espace Loire de Cléry Saint André. L’association Crick For Zik organisait en effet la quatrième édition du Crick Fest qui avait fait salle comble l’an dernier avec la présence de Sortilège en tête d’affiche. Moins connus bien que largement aussi expérimentés par leurs formations d’avant (Nightmare et Galderia, les (faux) Grenoblois de King Crown, groupe fondé par les frères Jo et David Amore, a été invité à reprendre le flambeau. Si les ventes ont eu un peu de mal à décoller, le public présent a pu et su profiter pleinement de la chaleur des 4 groupes présents ce soir.

Les célébrations commencent cependant backstage puisque KingCrown s’y voit remettre par Mister Khermit himself le Metal Award du meilleur album heavy prog et de la plus belle pochette d’album. Une belle mise en bouche pour le groupe, n’est-il pas?

Remise du Metal Award à KingCrown
B3nzin @Crick Fest 4

Arrivé tôt sur place pour pouvoir interviewer Stratagème et King Cown (entretiens à suivre), je trouve une équipe de bénévoles par monts et par vaux: il n’y a plus d’électricité dans les loges, les prises de courant, réfrigérateurs et chauffe-plats ne fonctionnent plus. Rallonges, recherches de panne (et du téléphone du responsable d’astreinte de la salle…), les équipes en charge vivent un bon moment de stress avant de découvrir, enfin, la cause et de pouvoir tout remettre en fonction.

Les locaux de B3nzin, trio rock bien énervé originaire de Jargeau (on n’y fait pas que des andouillettes!), sont prévus à 19h00 mais accusent un léger retard, la soirée étant introduite par le maitre de cérémonie et organisateur, Christophe Dannacker – par ailleurs guitariste de Prisma, qui nous confirme, déjà, la tenue d’une 5ème édition, le 4 avril 2026, avec, en tête d’affiche, un groupe étranger. Une date déjà enregistrée même sans connaitre les participants qui n’ont, pour l’heure, pas encore signé leur contrat.

B3nzin @Crick Fest 4

B3nzin ne se prend pas la tête et propose avec une plus que chaleureuse simplicité un rock énervé aux guitares qui évoquent AC/DC, aux mélodies bluesy empreintes de Led Zeppelin avec une personnalité propre, pop et rock, qui entraine le public dans son sillage. La bonne humeur est de mise, les gimmicks aussi. Bruno, le chanteur guitariste, grande asperge, joue de sa taille pour prendre des poses et occuper l’espace et la scène autant que possible. Séducteur, ses mots sont clairement destinés à séduire les filles de l’assistance – sans pour autant oublier les amateurs de rock de tous styles.

B3nzin @Crick Fest 4

Ses acolytes suivent clairement le patron, Gigi, le bassiste concentré évoluant sereinement sur les planches armé de son impressionnant instrument soutenu efficacement par le batteur, Clément. Pendant environ 45′, le groupe nous délivre un set carré et précis doublé d’un esprit bon enfant. Une très belle mise en jambes et, sans aucun doute possible, un groupe à revoir.

B3nzin @Crick Fest 4
Prisma @Crick Fest 4

Prisma, c’est l’habitué des lieux… Normal, Chris étant l’organisateur du Crick Fest, il en profite pour faire jouer son groupe. Pendant un peu moins d’une heure, le quintette – qui a vu son ex-claviériste venir à la rescousse pour cette date, le nouveau membre étant indisponible – nous offre un classic hard rock qui séduit et met tout le monde d’accord.

Prisma @Crick Fest 4

Si la setlist se voit écourtée d’un titre (Way of life passe à la trappe sans doute pour rattraper un peu le retard – raté…), Prisma nous offre ce soir deux nouveautés, Stay strong qui ouvre le bal et Masters of game, deux titres nous dévoilant une facette beaucoup plus dure et heavy, une orientation souhaitée par le quintette. On sent, tout au long de leur prestation, les cinq en parfaite harmonie et, comme tout le monde ce soir, heureux d’être là. B3nzin a chauffé la salle, Prisma maintient la température avant de la voir monter d’un autre cran. En attendant, allez les retrouver/découvrir à Paris avec Heartline. Ce sera le samedi 17 mai, au Backstage By The Mill.

Prisma @Crick Fest 4
Stratagème @Crick Fest 4

Les plus anciens d’entre nous se rappellent sans doute de Stratagème, groupe fondé en… 1970 qui a connu plusieurs incarnations avant de disparaitre pour mieux revenir au début des années 2010. Un premier album sous le nom seul de Stratagème (l’histoire complète sera à retrouver sous peu dans l’interview) parait en 2013, et quelques modifications de line-up nous font retrouver le groupe totalement modifié avec un nouvel Ep sous le bras, Endless journey. Et là, papy Gégé (Gérard Motté, bassiste et seul membre fondateur) s’est entouré de fines gâchettes.

Stratagème @Crick Fest 4

Butcho Vukovic, tout d’abord. Le toujours aussi sympathique chanteur prend toujours son pied sur scène. Il ne déroge pas à la règle, sautant, dansant et emportant le public avec lui, communiquant toujours avec simplicité et bienveillance. Il fait même part de son plaisir, et, ce qui est habituellement perçu comme démago pour séduire le public semble ce soir vrai, dit que c’est le meilleur concert que ce line up a donné jusque là. Le partage, échange et plaisir, une recette qui fonctionne à tous les coups!

Stratagème @Crick Fest 4

Cependant, Stratagème aujourd’hui, c’est aussi une paire de guitaristes parfaitement hors du commun, Sébastien Hérault et Marc de Lajoncquière. Et lorsque le talent se double de complicité, le résultat est explosif. Une petite démonstration met tout le monde d’accord: un Eruption (Van Halen) parfaitement exécuté par Sébastien que Maître Eddie n’aurait pas reniée. Ajoutons à cela quelques reprises qui font mouche (Panama (Van Halen), Rebel yell (Billy Idol) et une autre à venir) et mettent tout le monde d’accord, dont la bande de keupons qui pogotent et s’amusent tout au long de la soirée.

Stratagème @Crick Fest 4

Les titres originaux sont évidemment de la partie et Butcho se montre au top de sa forme, vocale et humaine – ah, ce Butcho qui demande au public s’il y a des amateurs de death metal et incite ses compagnons à tenter le coup! Ah, la réaction timide de Patrick Cazu derrière ses fûts et celle de Gégé qui proteste avec un « non, ça, c’est pas Stratagème! Pas du tout! » après un growl du vocaliste qui rappelle son passé punk avant de découvrir le hard rock avec Bon Jovi et de changer de chapelle.

Stratagème @Crick Fest 4

Le concert se termine aussi chaleureusement qu’il avait commencé avec une reprise de Celebration (Kool and the Gang) dans une version rock et électrisée reprise par un public conquis et aux anges. Oui, la température a quelque peu grimpé et la suite est tout aussi prometteuse.

Stratagème @Crick Fest 4
King Crown @Crick Fest 4

Après une interview quelque peu… remuante suivie d’une rapide session photos en tenue de scène, King Crown se voit introduire par Christophe. Les cinq investissent donc les lieux et, dès Magic stone, prennent le public à la gorge pour ne jamais relâcher la pression.

King Crown @Crick Fest 4

Les frères Amore ont vraiment fait le bon choix en s’entourant d’une équipe tout aussi jeune qu’expérimentée. LE résultat, c’est un concert explosif et jovial (cet échange entre Jo et un membre du public qui l’interpèle avec un « allez, tonton, oui c’est toi, tonton! » qui fait bien marrer le chanteur) de bout en bout.

King Crown @Crick Fest 4

Là encore, la communication avec le public est aisée et, même si l’horaire a poussé ceux venus en famille à aller coucher les petits, chaleureuse. On sent les musiciens parfaitement en phase – les guitaristes sont les meilleurs amis du monde, c’est clair. Pendant une heure trente, King Crown sape et met tout les présents d’accord. Et après le rappel, la fête continue!

King Crown @Crick Fest 4

L’énergie débordante se transforme à la fin du set en une invasion justifiée du stand de merch. Achats, photos, autographes, tout y passe pour mettre un terme à cette superbe soirée. On vous l’a dit? On remet ça l’an prochain, le 4 avril 2026, avec un groupe étranger en tête d’affiche. Qui? On le saura plus tard.

King Crown @Crick Fest 4
King Crown @Crick Fest 4

Merci à Christophe Dannacker et toute l’équipe de l’asso Crick For Zik, aux bénévoles et aux équipes de sécu de rendre ce genre de soirée possible.

DAMAGE DONE: Stranger skies

France, Progressif (acoustique) (Klonosphère, 2025)

Un peu de douceur dans ce monde de brutes ne pourra pas faire de mal. Malgré son nom, Damage Done nous conduit vers des cieux plus doux et étranges au travers des 7 titres de son album Stranger skies. Il y a du prog dans sa musique (Abyss, Stranger skies), de la country aussi (The fire), du rock (un peu partout), de la légèreté aérienne (A place to call my own qui clôt l’album du haut de ses presque 10′) et toujours ce feeling bienveillant malgré un chant aussi grave et profond que bienveillant. Le groupe formé en 2016 à Nantes par Romaric Lamare (chant et guitares) et Florent Saulnier (guitare, chant) a commencé par proposer des reprises acoustiques de titres grunge, rock et metal et a rencontré un certain succès. Après avoir proposé un Ep, The fire, en 2020, Damage Done connait des changements de line-up et intègre en 2022 le batteur Antoine avant que le bassiste Victor Pierard vienne compléter le combo en 2024, juste avant l’enregistrement de cet album. A gré des écoutes, on se plonge avec délectation dans ces espaces bien plus lumineux que la pochette ne le laisse supposer. Une superbe découverte et l’on ne peut que souhaiter voir Damage grandir et trouver son public dans et hors nos frontières.

https://youtu.be/tqmehpPB8EA

AREIS: The calling

France, Metal (M&O, 2025)

Un coup de vent, une bourrasque qui se transforme en tempête. Avec The calling, les Occitans de Areis présentent leur face la plus enragée, un hardcore rageur et brutal aux rythmes saccadés et au propos direct. Au travers de ces 10 titres, le groupe évite de passer par quatre chemins. Problème: on ne comprend pas un mots du chant dégueulé dans un anglais baragouiné avec une patate dans la bouche. Heureusement, musicalement, Areis nous entraine dans un maelström sonore, aux breaks et cassures de rythmes réguliers, l’ensemble par instants agrémenté de discrets claviers. Ces changements apportent des espaces d’aération bienvenus, mais sera-ce suffisant pour convaincre? Ceux qui recherchent de l’énergie pure seront sans doute servis malgré une sorte de répétitivité des plans. Areis se fond malheureusement dans la masse de ces groupes qui ne réinventent en rien un genre déjà exploré à l’envi mais qui doit, sans aucun doute son point fort, plutôt bien démonter les cervicales sur scène. Parce que l’énergie et l’envie sont bien là.

Interview: HELM

Photo promo
Photo promo

Interview Helm. Entretien le 3 mars 2025 avec Boris (chant) et Fabien (basse)

Je découvre Helm avec votre Ep, Reflets irisés. Pour commencer, pouvez-vous me raconter l’histoire de Helm ?

B : Nous sommes 4 dans le groupe, Fabien et moi, ainsi que Théo à la guitare et Baptiste, le batteur. On s’est rencontré tous les quatre dans une association qui organise tous les ans des concerts pour les Resto du Cœur. C’est plus que des concerts, même, ce sont des spectacles puisqu’il y a 80 personnes sur scène. Au fil des années, on savait qu’on avait des références communes et on s’est demandé si, en plus du spectacle, on pouvait monter un groupe pour jouer de la musique plus proche de ce qu’on aime et moins « variété ». Le groupe est né en 2022.

Juste après la crise sanitaire.

B : C’est ça, après Covid. L’idée de base, en tout cas pour moi en tant que chanteur : je voulais proposer quelque chose qui se fait peu, c’est-à-dire du chant en français, penser les morceaux et le texte comme de la chanson française pure et dure. Mais une chanson française qui serait plus « extrême ». l’ADN du groupe c’est ce mix entre chanson française et metal, et la colonne vertébrale du style de metal qui nous parle, c’est du prog avec des incursions dans plein d’autres styles qu’on va s’approprier…

Vous êtes originaire d’où ?

B : On est Toulousains. Maintenant, 3 membres du groupe sont héraultais de naissance mais toulousains de cœur.

Le nom de Helm, vous l’avez choisi pourquoi ? De mon côté, ça évoque un peu un gouffre… Avec une musique plus lumineuse cependant.

B : Et ouais ! Un peu…

F : On n’a pas vécu la même histoire militaire que le gouffre de Helm… Pour nous, il y avait aussi la nécessité de trouver un nom qui ne soit pas à connotation française ou anglaise, de ne pas pouvoir directement « catégoriser » le groupe dans du français qui pourrait trop faire écho à « oh, c’est de la variétoche, j’y vais pas », mais pas que ce soit anglais pour ne pas se travestir. Helm, oui, on pense au gouffre, mais c’est court, plutôt accrocheur et ça correspondait à nos aspirations, c’est un nom qui rempli le cahier des charges. Et on trouve que ça nous correspond bien.

Vous venez de sortir un Ep. Il y a eu d’autres choses avant ?

B : C’est notre seconde sortie. Le premier Ep s’appelait Le passeur de corps qu’on a mis un an à préparer, on a tout fait avec nos petites mimines, le mix, le master, etc. Il est sorti en 2023. Le second, on a plus mis les soldats en ordre de bataille et on s’est entourés.

Comment analyseriez vous tous les deux l’évolution de Helm entre ces deux Ep ?

F : Comme Boris a dit, on a mis pas mal de temps à faire le premier. Les deux Ep avaient des objectifs différents : le premier, c’était de se découvrir, de découvrir la musique qu’on voulait faire ensemble. Le deuxième, on s’est dit qu’on avait encore des choses à proposer, on a des morceaux qui sont nés du live – trois morceaux sur cinq, je crois. Pourvoir écumer les scènes, pouvoir jouer, c’est une de nos aspirations principales. On a ajouté ce qu’il n’y avait pas sur ces bases de morceaux et qu’on voulait retrouver dessus. La différence d’approche, c’est au niveau de la manière de composer, qui a été plus dense, sur un temps beaucoup plus court. Humainement, on se connait mieux, on connaissait bien mieux nos rôles.

B : En plus, le second, en termes d’objectif… On a une approche particulière qu’on a voulu étirer au maximum. Je trouve que le second Ep va explorer d’autres choses, on voulait voir jusqu’où on pouvait aller pour atteindre des morceaux uniques, intéressant mais qui ne soient pas décousus.

Il y a 5 titres sur ce nouvel Ep, Reflets irisés. On trouve un peu de tout dans votre musique, du rock, du metal, du prog, des choses qui, pour moi, se rapprochent de la synth wave, de la chanson française aussi, surtout dans le phrasé des textes. Comment un groupe parvient-il à créer autant de diversité ? Vous avez une méthode particulière de composition, chacun participe ?

B : Les morceaux, on les écrit à deux, Baptiste et moi. Fabien et Théo interviennent en tant que « réactifs ». Ils vont réagir sur nos propositions et aiguiller le bateau, ou trancher lorsqu’on arrive à des points de désaccord. On compose beaucoup par « ping pong » : on écrit des morceaux entiers que l’on s’envoie, Baptiste et moi. Chacun le retravaille, l’amène dans une autre direction, et ce qui caractérise notre façon de faire c’est qu’on se pose toujours la question du rythme. Je ne parle pas du rythme de batterie, mais plutôt du flow. On essaie de regarder le morceau dans sa globalité et de déterminer quels sont les moments où on peu venir créer une fracture, une cassure. On joue beaucoup avec ça, ça nous fait plaisir, et souvent, lorsqu’on arrive sur un bridge, on se demande ce qu’on peu mettre comme bonbon qui va surprendre l’auditeur. C’est notre approche. Pourquoi on a autant de changement ? Parce qu’on essaie de visualiser la musique comme étant au service du texte. Nos textes sont assez narratifs donc on cherche, comme dans une BO de film, de souligner certains moments ou des émotions. Pour nous, le style musical est un outil pour souligner ça, on n’a pas peur de switcher radicalement.

Ça va en effet dans tous les sens mais de manière organisée. Quelles sont vos influences principales ?

B : Les miennes c’est Leprous, Maximum The Hormone, Poppy et, forcément, en tant que chanteur, du Starmania, Michel Berger, beaucoup de comédies musicales.

F : De mon côté, et je pense qu’on a tous cette influence en commun, il y a aussi Leprous, dans la manière d’orchestrer certaines parties. Ensuite, il y a du metal prog, du Haiken, du djent…

Si l’un et l’autre ne deviez retenir qu’un seul titre de cet Ep pour expliquer à quelqu’un qui ne vous connait pas ce qu’est l’esprit de Helm, ce serait lequel ?

F : Dans l’idée, je pense que Sacrés idoles peut être représentatif parce que c’est un des morceaux où l’on voit le plus ces cassures dont parlait Boris. Il y a une sorte de folie, il est assez naratif… C’est un bon résumé de ce que peut représenter Helm.

B : Moi, j’aurai dit Multiplier parce que c’est le premier single qu’on a sorti. Mais c’est pour les mêmes arguments que toi, Fabien. Ça marche pour les deux morceaux, mais Multiplier est un peu plus court, donc peut-être un peu plus abordable.

Pourquoi avoir choisi ce format d’Ep pour ces deux premières productions ?

B : Comme je le disais tout à l’heure, on a une formule un peu particulière, et comme le dirait Baptiste, un premier album, on n’en a qu’un seul. Et donc, il nous manquait un maillon avant d’attaquer le format album, on avait besoin de voir ce qu’était le pur jus de ce qu’on peut proposer pour aller vers un album qui sera surement plus… j’allais dire « cohérent », mais ce n’est pas le bon mo. Qui découlera plus d’une idée générale pour avoir une dizaine de morceaux qui feront un tout. Si tu prends Hotmailcore, c’est un morceau très rap – d’ailleurs c’est Fabien qui chante dessus. Ça nous faisait marrer, donc on l’a enregistré tel quel mais peut-être que sur un album on n’irait pas aussi loin… Je sais pas…

L’avantage de ce type de format c’est que vous pouvez, avec 5 titres, présenter une variété de visages, et lorsque l’album sortira, on sait aussi à quoi s’attendre…

B : C’est vrai. Ça nous permet aussi d’orienter vers ce que les gens auront préféré de l’Ep.

Quels sont les premiers retours de votre Ep ?

B : On en a eu quelques-uns et… On est un peu pris à notre propre piège : chacun a son titre préféré, ça dépend des goûts de chacun, mais ça ne m’aide pas à y voir plus clair… Tu en penses quoi, Fabien ?

F : Ce qu’on propose, du coup, est reçu de la même manière par le public. On a plusieurs choses à présenter, on a plusieurs directions qui nous animent et on se rend compte qu’il y a deux, voire trois morceaux différents qui sont les préférés. On n’a pas encore tiré les conclusions et je ne pense pas que ce soit trop grave s’il n’ya pas une direction précise qui se détache. On a le temps de faire vivre cet Ep, on saura tirer es conclusions par la suite.

Un groupe émergent ne vit pas encore de sa musique. Quels sont vos métiers dans vos autres vies à tous les quatre ?

F : On a trois ingénieurs et un développeur, Théo, le guitariste. On s’est rencontrés, on était encore étudiants. On a tous faits le même cursus, il y en a un qui est allé vers d’autres choses.

Pour terminer, quelle pourrait être la devise de Helm ?

B : euh… Ce serait une formule magique qui est dans le premier morceau : « si on pouvait se multiplier ». Pour nous, ce serait pas mal… Je sais pas si tu as mieux, Fabien ?

F : Mieux, là, non… Mais ce que tu dis, Boris, c’est aussi un peu le fil conducteur des thèmes abordés dans l’Ep.

//LESS: Crawl in the blur

France, Rock bruitiste (A tant rêver du roi records, 2025)

Comment ils sont énervés ceux-là! Entre rock barré, punk déjanté et irrévérencieux, rage, colère et bordel volontaire, les Français de //Less ne… laissent guère de place à la tranquillité. Ca speede, ça gueule et ça tabasse sec, mais il y a plus. On retrouve certains gimmicks des 90’s avec des guitares qui couinent et crissent, des rythmiques martelées – aussi bien la basse (deux, en fait, l’une tenue par le chanteur Romain Frelier Borda, l’autre par Adrien Moreau) que la batterie de Matthieu Couffrant – un chant qui vient de loin et un ensemble qui ne vise que la déflagration d’énergie. La surprise vient du fait qu’en réalité il n’y a pas de guitares, les deux basses créant un mur solide et puissant. Au travers de ses 10 titres (ce que contient la version que j’ai reçue dont le livret indique pourtant 12 chansons…), Crawl in the blur se révèle un véritable défouloir, sauvage, brutal et quelque peu hypnotique à la fois.

CORPORAL PUNISHEMENT: Inverted demise

France, Death metal (M&O, 2025)

Depuis sa formation à Toulouse en 2019, Corporal Punishement propose un death metal speedé, direct et, cependant, empli de nuances. Rien ne sert de tabasser sauvagement, le groupe l’a bien compris. La période de crise sanitaire lui permet de peaufiner son sujet, de stabiliser son line up en 2021 et, après un Ep, The new plague, le groupe revient aujourd’hui armé de ce Inverted demise explosif. Les 11 titres évoquent tour à tour Death ou Morbid Angel, et, si la rythmique (Fabien Wheeler, membre fondateur, et François Bresson, respectivement à la basse et à la batterie) pilonne sévèrement, si le chant d’Alexandre Fischer, également fondateur, est rugueux comme l’impose le genre, Corporal Punishement sais mettre le pied sur le frein pour offrir quelques instants de respiration bienvenus. Ce n’est que pour mieux repartir avec des guitares qui charcutent (toutes deux tenues par Kevin Carrière et Félix Desfrances) . Brutal de bout en bout, ce premier album nous présente un groupe plein de promesses. A suivre, donc.

OBSYDIAN: Xplorating fate

France, Rock alternatif (M&O, 2025)

Ils sont trois. Trois qui veulent simplement se faire plaisir en proposant un rock énervé aux frontières du metal, du grunge et du punk. Au travers des 9 titres de Xplorating fate, son premier album, ObsYdian développe un univers énergique mais assez classique. Les guitares enragées accompagnent un chant (dans un anglais malheureusement difficilement compréhensible) mélancolique et quelque peu torturé. Si Nirvana n’est jamais très loin, ObsYdian dit s’adresser « aux esseulés, aux angoissés, aux écorchés vifs (…) qui cherchent réconfort et combativité« … Ceux qui, comme moi, ne se retrouvent pas dans ces catégories passeront sans doute un bon moment mais au final risquent de ne pas retenir grand chose… La musique d’ObsYdian, si elle n’est ni sombre ni angoissante, déploie cependant une réelle énergie qui mérite de prendre toute son ampleur sur scène.