THE WEALTHY HOBOS: Ticking twelve

France, rock (Autoproduction, 2023)

The Weealthy Hobos – en français, les clochards riches – est un groupe français qui a vu le jour au début des années 2010. Après un album, Everybody needs some change en 2014, et un Ep, Piece of chic en 2017, le groupe disparait, aidé récemment par une certaine crise sanitaire. Mais l’appel du blues et de la soul est plus fort et Sacha Burtin (chant, guitares, harmonica) et Antoine « Slim terrorizer » Gomila (batterie, percussions) décident de remettre le couvert sous la forme d’un duo qui s’adjoint les services de nombreux musiciens avec qui ils enregistrent un nouvel album, Ticking twelve. « Twelve » comme, entre autre, les douze titres de ce nouvel album qui transpire le blues, la soul, le funk et le hard rock vintage de tous ses pores. Dès l’introductif Trick me like a girl, nos clochards nous invitent à la table du fond d’un vieux bar enfumé, aux cendriers qui débordent de mégots (de clopes ou de joints, va savoir…) et qui puent la cendre froide, une table qui poissent sous les verres de whisky et les bocks de bière tiède. La voix rauque et grave de Sacha Burtin a été passée au papier de verre et apporte ces touces plus que chaleureuses à l’ensemble des titres – quand bien même je ne comprenne guère ses paroles en anglais, mais cette fois, qu’importe!. The Wealthy Hobos ne se posent pas la question d’une étiquette ou d’un genre musical, bien au contraire. Le duo puise son inspiration autant du côté de James Brown que de David Bowie ou Black Sabbath ou un jeune AC/DC. Les choeurs et les cuivres rappellent les plus grandes heures de la Motown, la gravité du chant et la saturation des guitares replongent l’auditeur au coeur des 70’s aussi flamboyante que psychédéliques. Ticking twelve est un album de pur revival avec une véritable identité sonore. Car si ces clodos aiment clairement ce rock old school, ils y apportent avec finesse et détermination leur personnalité propre et leur touche personnelle, fiasant de ce nouvel album un pur et simple moment de plaisir.

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Interview KORITNI

Interview KORITNI – entretien avec Lex Koritni (chant) – propos recueillis le 16 mai 2023

Koritni 2023 © Nidhal Marzouk

Lex, nous échangeons aujourd’hui pour que tu puisses nous parler du – enfin, après 5 ans d’attente – nouvel album de Koritni, Long overdue. C’est bien ça ?

Exactement ! Ça fait 5 ans, en effet ! Je n’étais pas en train de méditer en forêt…

C’est pourtant ce qu’on m’a dit…

(Rires) J’étais peut être en forêt saoul et inconscient, mais pas en méditation. Même si, parfois, j’aime prendre le temps de méditer…

Long Overdue arrive 5 ans après Rolling, ton précédent album. Entre-temps, il y a eu le passage du Covid, qui a sans doute affecté la conception de ce nouvel album, et du groupe qui a vu de nombreux changements. Comment as-tu vécu ces 2 années de crise sanitaire ?

En réalité, le Covid a été incroyable pour moi ! J’ai apprécié chaque minute de la crise sanitaire, vraiment. A la fin de 2019, j’ai acheté une maison, j’ai quitté un appartement de merde à Paris, et je suis arrivé en pleine forêt, à côté de Saint Germain en Laye. Je pensais qu’il me faudrait un an et demi, deux ans pour rénover cette maison. J’ai un jardin, je suis à 2 minutes à pied de la forêt. Le Covid m’a donné la possibilité de travailler dans la maison. Personne ne pouvait travailler… Si… mon épouse pouvait travailler de la maison, moi pas. J’ai pu tout rénover en 6 mois au lieu de deux ans. J’ai pu installer un barbecue, j’ai acheté un chien, je me suis occupé de son dressage, ce qui n’était pas pénible parce que j’étais présent H24 pendant 2 ans, on a fait un bébé et j’ai une fille, ce qui est génial, et… J’ai fait un album ! Ça m’a donc permis de me poser, réapprendre la guitare – j’ai toutes les infos sur comment jouer dans la tête mais mes muscles et mes mains sont si paresseux qu’ils ont tout oublié ! Ça m’a donné plein de temps pour me réentraîner et composer un nouvel album. Si tu peux écouter cet album c’est grâce au Covid (rires) !

Le groupe a changé depuis Rolling. Comment analyserais-tu l’évolution du groupe entre ces deux albums ? j’imagine que l’apport de nouveaux musiciens a eu un impact sur le processus d’enregistrement…

Pas vraiment, en fait… Je suis un super enfoiré de dictateur totalitaire…Il y a une raison pour laquelle je produis chacun de mes albums… C’est moi qui suis en studio pour enregistrer, pour obtenir le son. C’est la raison pour laquelle cet album sonne comme un disque de dictateur, je suis le capitaine du navire. J’ai tout écrit, j’ai programmé la batterie, j’ai enregistré la basse… puis j’ai tout donné aux musiciens. Heureusement, la batterie sur l’album est meilleure que ce que j’aurai pu programmer, car il y a aussi la personnalité du batteur. Ce qui importe pour moi, en matière de batterie, c’est la construction du rythme, le groove de la basse et les riffs de guitare. Les musiciens ont apporté leurs couleurs mais ça sonne toujours comme un album de Koritni car je suis le maître à bord et… c’est mon nom sur le disque ! Si je faisais partie d’un autre groupe dont je ne serai que le chanteur, ça pourrait sonner différemment. Pour ce nouvel album, j’ai tout écrit à l’exception de Funny farm qui a été composé avec Tom Frémont – c’est un super guitariste et un très bon ami. Pour le prochain album, on travaillera différemment, je pense. Je trouve que ce groupe sonne vraiment bien, on a répété ensemble et tout le monde est plus que compétent. Donc le prochain album, nous le travaillerons ensemble, ce ne sera plus seulement moi en tant que trou du cul totalitaire ! Tom et moi avons déjà écrit deux morceaux ensemble, et on va continuer avec le groupe.

Donc il y aura un peu plus de démocratie sur le prochain album…

Va te faire foutre, non, il n’y aura pas de démocratie ! (Rires) Mais il y aura plus d’apport et d’échange d’idées. Les paysans lèveront la main mais je les écraserai quand même (rires) !

Et ton évolution entre ces deux albums ?

Je n’en vois pas vraiment, il y a toujours une partie de titres électriques, d’autres plus soft… Je ne réfléchis plus en termes de satisfaction des fans, je cherche d’abord à me faire plaisir, et c’est déjà assez compliqué ! Si ça plait aux fans, tant mieux, sinon… Je fais de mon mieux, en tout cas. Ce n’est qu’un moment de ma vie, de ce que je vis. La seule véritable évolution musicale, si tu compares à Green Dollar Colour, mon premier groupe, ou Lady luck, mon premier album avec Koritni… J’étais un gamin, tu écoutes certains titres, et tu te dis : « ok, sympa ». Il y a plus de maturité et, depuis Game of fools, je crois que j’ai trouvé mon identité vocale. Depuis, je continue sur le même chemin musical, et c’est toujours la même destination. Je crois que je n’ai pas tant évolué, j’ai plutôt trouvé une méthode qui me convient pour écrire de la musique avec mes tripes et mon âme et me donner à 100% pour ceux qui apprécient ce que je fais.

Imaginons que quelqu’un découvre Koritni aujourd’hui, comment lui décrirais-tu ta musique pour le convaincre d’écouter Koritni ?

Hum… Je crois que je commencerai par lui dire d’aller chercher une bière fraiche, qui est indissociable du rock – un peu comme cette putain de musique électro l’est de l’ecstasy… On a besoin de drogues pour écouter de la musique de merde un peu comme on a besoin de bière pour écouter du rock et du blues. Prends une bière, monte le son, et laisse-toi porter ! C’est l’esprit de Koritni, et de n’importe quel groupe de hard rock, Airbourne, AD/DC, The Poor, Angel City, Rose Tattoo… Si tu n’aimes pas la bière et le rock, ce n’est pas une bonne idée ! Le rock et la bière, c’est un peu comme des patates et du fromage à raclette : ça fonctionne à tous les coups !

Tu l’as précisé : tu as acheté une maison en France, où tu vis depuis plus de 10 ans. Comment va ton français aujourd’hui ?

(En français) C’est pas mal. Cette année j’ai fait toutes mes interviews en français… sauf avec toi !

(Reprise en anglais) Si tu devais ne retenir qu’un titre de ce nouvel album, Long overdue, pour expliquer à quelqu’un ce qu’est Koritni aujourd’hui, lequel choisirais-tu ? Pas ton préféré, simplement celui qui vous représente le plus ?

Je dirai No strings attached, qui est aussi un de mes préférés. Parce qu’il débute avec Tom Frémont qui joue un putain de blues lent, un peu comme une chanson de Popa Chubby avant de monter en puissance. Je trouve qu’il y a du blues, un putain de rythme, une mélodie au top, et tu ne peux pas t’empêcher de taper du pied. Et tu ne peux pas t’empêcher d’aller ouvrir ton frigo et choper une bière (rires). Je pense que c’est une bonne introduction pour n’importe qui ne connait pas Koritni. C’est à la fois basique et technique.

L’album contient 12 titres et débute justement avec No strings attached. Est-ce aussi un moyen de dire « bon vent » à tes anciens compagnons de jeu ?

Non, mais c’est un point de vue intéressant, une bonne analogie. Je la garde, j’aime bien l’idée ! Ce n’était pas mon idée à la base, mais, oui ! c’était bien mon message (rires) ! En anglais, « no strings attached » signifie plutôt la liberté sexuelle, le libertinage. Mais mon idée c’était plutôt qu’on est comme des marionnettes, alors coupons nos liens et vivons librement. Il y a plusieurs interprétations possibles, mais ce que j’avais en tête c’était plutôt ça. Il y a des journalistes qui ont mis le doigt sur d’autres interprétations auxquelles je n’avais pas pensé, et elles fonctionnent aussi. C’est bien là le but d’écrire des chansons, de l’art en générale : une fois que j’ai terminé ma chanson, chacun l’interprète comme il le souhaite. Parfois mieux que moi ! Je préfère largement ton interprétation qui est bien plus intelligente que ce dont j’avais l’intention (rires) !

No strings attached peut aussi faire penser aux cordes de guitares. Mais s’il n’yen a pas, sur quoi joues-tu ?

Je suis le chanteur, alors j’en ai rien à foutre (rires) ! Maintenant, on peut aussi penser aux cordes : power chords, cordes vocales, allez, on peut explorer cette idée aussi !

Quelle pourrait être la devise de Koritni en 2023 ?

La devise de Koritni ? Ah… Tu a des questions emmerdantes, mec ! Je dois étudier pour répondre à ce genre de connerie ! Je n’ai pas de réponse toute faite… « Entrons tous dans cette pièce, jouons de la musique, donnez-moi la chair de poule et buvons un coup après la répétition ! » On n’a pas de devise, même si à la fin de chaque concert je termine en disant « Vous avez été géniaux, nous avons été Koritni ». Le public est toujours au top, et c’est à lui de décider qi on a été bons ou pas.

Un concert est prévu aux Etoiles à Paris le 2 juin. Quels sont vos autres projets de concerts ?

Après ce concert, on file en Espagne pour un festival à côté de Bilbao, un autre à Mulhouse… Ce sont pour le moment les seules dates annoncées mais d’autres sont en cours. Je suis mauvais avec les chiffres, je suis musicien, je ne sais compter que jusqu’à 4 ! On a un groupe WhatsApp et notre management nous propose des dates. Chacun répond OK ou pas en fonction de ses disponibilités. Il y a cependant d’autres dates qui arrivent.

Vous êtes toujours signés par Verycords, avec qui vous travaillez depuis 2012…

Oui, à peu près. Je ne suis pas capable de compter aussi loin ! Mais c’est une super équipe ! Un journaliste m’a rappelé il y a peu que nous étions la première signature de Verycords ! Les gens qui travaillent là-bas, les filles, l’équipe, ce sont vraiment des gens super, ils nous ont toujours soutenu depuis le premier jour. Pas de pression, un appel de temps en temps pour vérifier si je suis toujours en vie, et je pense que notre relation est faite pour durer. Je ne peux rien dire de négatif à leur sujet.

As-tu quelque chose à ajouter pour conclure ?

Non… Je crois que nous avons fait le tour… Tu m’as posé quelques questions agaçantes, qui m’ont donné l’impression d’être naze, mais je t’en remercie, ça change des questions de merde habituelles ! Encore une fois, si tu veux découvrir Koritni, commence par quelque chose de cool, du blues, Gary Moore, et monte en puissance avec AC/DC, Airbourne puis nous, et va choper une bière !

 

 

 

PLEDGE OF HEALING: One step closer

France, Rock progressif (Autoproduction, 2023)

Pledge Of Healing est né de la rencontre entre Claire Sergue (chant, claviers) et Cyril Devalez (guitare rythmique, claviers) en 2021. Chacun est rapidement séduit par les qualités de l’autre et tous deux décident de monter un groupe qui leur permette de répondre à leurs aspirations musicales. Ce premier album, One step closer, propose 9 titres à la fois tendres et rock, neuf chansons qui cherchent à peindre des ambiances feutrées, rassurantes et bienveillantes. Sans doute le résultat d’une naissance en pleine période de crise sanitaire, prenant le contre-pied de nombre de formations qui ont laissé leur frustration s’exprimer… Ici, tout est thérapeutique, aérien et relaxant. Le chant doux de Claire est superbement accompagné de mélodies tendres sans jamais être sirupeuses. L’ensemble est léger et aérien, Pledge Of Healing s’inspirant de formations comme Anathema ou Pink Floyd pour exprimer ses émotions. L’album a été enregistré avec Alex Soubry (guitare), David Hazak et Laurent Leyder (basse), Cyril s’étant chargé de la programmation batterie. One step closer est l’album réfléchi de musiciens matures et le résultat est une superbe carte de visite dont on attend maintenant de retrouver la retranscription sur scène. Pour les Orléanais, ils seront à l’Astrolabe le 1er juin. C’est gratuit, allez-y!

KRYSAOR: Foreword

France, Power metal (M&O music, 2023)

Quand on nomme son premier album Foreword – « préface » – c’est qu’on a bien l’intention d’ajouter d’autres chapitres à son histoire. Et dès les premières mesures de Celestial sanctuary, qui introduit ce disque, il est clair que Krysaor veut impressionner. Le groupe a été fondé par le batteur Arnaud Carnielli qui s’est adjoint les services de Christophe Laurent à la guitare, Jules Brosset à la basse et Varenfel aux claviers. Des noms encore peu connus mais qui devraient sortir de l’ornière avec ce disque superbement produit sur lequel on retrouve au chant l’arme (pas si) secrète dégainée par Arnaud, Gus Monsanto, ex-Adagio et Revolution Renaissance entre autres. Le groupe propose un heavy metal très inspiré dans ses lignes de guitare par un Iron Maiden très actuel, ainsi que par toute la vague du power allemand, ultra rythmé et efficace, celle du metal symphonique grandiose et, parfois, grandiloquent, ainsi que par le metal épique qui fleure bon l’heroic fatansy. Krysaor ne se lance cependant pas tête baissée dans les morceaux longs… Seuls trois d’entre eux dépassent les 6′ ce qui, dans le genre, reste parfaitement raisonnable. On sent tout au long de ces quelques 40′ que totalise Foreword une envie de donner le maximum. Oui, la production est soignée et généreuse, les compos efficaces et les mélodies finement pensées accompagnées d’une rythmique entrainante et puissante. Avec cette première carte de visite, Krysaor perpétue un genre qui n’a pas encore dit son dernier mot.

 

Interview ASTRAYED PLACE

Interview ASTRAYED PLACE – entretien avec Maxime (guitare rythmique) le 5 mai 2023

Astrayed Place vient de sortir son album Edge of the mist. C’est la première fois que nous parlons, alors que peux-tu me dire au sujet de l’histoire et de la formation du groupe ?

Je vais te résumer le parcours parce que je suis arrivé plus tard… Astrayed Place est un groupe qui s’est formé au lycée vers 2015 et s’est stabilisée avec 7 membres qui ont sorti un Ep, Memento mori. Un Ep assez juvénile, avec des aspirations très Linkin Park, ce qu’on pouvait écouter à l’époque. Je suis arrivé au moment de l’Ep The fall, sur lequel je n’ai pas trop mis ma patte. Il est sorti en 2020… Après, il y a eu le confinement. On commençait à travailler sur Edge of the mist et le confinement nous a bien freinés… On en a chacun profité pour s’améliorer et on est revenus avec plein d’idées, de technique… Edge of the mist est un album assez complet. On pourrait croire que ça part dans toutes les directions, mais ce sont plutôt des dérapages contrôlés. On ne voulait pas s’enfermer dans un style contrôlé mais plutôt montrer les différentes facettes des styles qu’on veut faire.

Alors, justement : comment décrirais-tu la musique d’Astrayed Place à quelqu’un qui ne vous connait pas et qui voudrait vous découvrir ?

Alors, ça, c’est la question difficile aujourd’hui… Décrire le style est compliqué parce qu’on a tellement d’influences différentes… C’est vraiment un mix de choses calmes et énervées, mais on n’a pas de style vraiment défini. S’il faut vraiment ettre une étiquette, je pense que Metal alternatif çapasse bien.

Oui, un peu passe partout, en fait. C’est plus que ça : quand j’ai écouté l’album, j’ai entendu du prog, du heavy traditionnel, du death, du thrash (il approuve) … Bref, vous ratissez assez large…

On n’a pas voulu s’enfermer dans un style. On a voulu garder une ligne directrice, mais si on a envie que l’album sonne thrash, on y va !

Tu as un peu plus participé à la composition de l’album. As-tu apporté quelque chose de plus au groupe depuis ton arrivée, selon toi ?

Quelque chose de plus ? Non, je ne pense pas. On propose des démos, tous, et soit la démo est validée par l’ensemble du groupe et on y apporte plus de chose, notamment du chant, soit elle reste dans les tiroirs et on peut la ressortir plus tard en la retravaillant. Il n’y a qu’un morceau qui ait été fait à l’envers, l’exception à la règle : Broken flower est le seul morceau pour lequel on a eu les paroles et on a mis la musique après. D’autres, comme Voices, sont simplement sorti d’un riff au cours d’une jam, et le reste est venu après. Mais certains, on a mis des semaines avant de les finaliser…             

Donc, il n’y a pas de règle particulière… Puisque décrire la musique est assez complexe, si tu devais ne retenir qu’un seul titre de Edge of the mist pour décrire à quelqu’un ce qu’est Astrayed Place, ce serait lequel ?

Alors là, la réponse va changer en fonction du membre à qui tu poses la question. Pour moi, celui qui serait le plus représentatif, c’est Waves of pain. C’est vraiment la fusion de tout ce qu’on peut faire : il y a de la mélodie, du growl, du chant plus cool, ça booste, c’est plus lent, on y trouve vraiment tout.

Vous avez un chant double…

Sur l’album, il y a même un chant triple… Sur Reflections, on a trois chanteurs, mais malheureusement, un des chanteurs a quitté le groupe après avoir enregistré toutes ses parties. Il a préféré ne pas continuer l’aventure… Il ne reste plus que deux chanteurs, et on est bien à 6. Et franchement, on est un petit groupe, et trouver des salles où on puisse avoir de la place à 7, c’est pas évident…

Et ça fait moins de frais en hôtel et en nourriture (il se marre). Comment, en dehors de la perte d’un chanteur, comment analyses-tu l’évolution du groupe entre The Fall et Edge of the mist ?

La courbe est vraiment montante. Il n’y arien à voir entre les deux, on a beaucoup pris en maturité, chacun de notre côté, que ce soit au niveau personnel ou instrumental. J’aime bien dire que c’est comme un escalier : en bas, il y a Memento mori, on commence à monter et il y a The fall et en haut, on a Edge of the mist.

Mais vous n’êtes pas encore arrivés en haut de l’escalier… Pour le moment, il y a ce Edge à défendre

On veut d’abord le défendre, on y a mis beaucoup de temps et d’énergie, c’est un projet dont on est vraiment fiers.

Un groupe de rock c’est également la scène. Quels sont vos projets pour défendre cet album ?

On a déjà une date le 28 mai au Klub, à Paris. On attend d’autres dates, et on a vraiment envie de le présenter. On adore être face au public, et déjà avant la sortie, on en jouait deux ou trois morceaux et les gens ont vraiment aimé.

Tu te rends compte qu’une date au Klub, à 6, vous remplissez déjà la salle ?

(Rires) Ah, donc tu connais ? Oui, en effet, mais on a l’habitude des petites salles, et le Klub, l’ambiance monte vite. On trouvera bien quelque chose pour être à l’aise…

Si tu devais penser à une devise pour Astrayed Place, ce serait quoi ?

Euh… Pas facile… Il y a un truc qu’on se dit, et ça pourrait être ça : Between soft and fury, cross the mist.

Donc la brume est quand même dangereuse (il rit). As-tu quelque chose à rajouter pour conclure cet entretien ?

Pas spécialement, mais si vous voulez nous faire des retours ou des commentaires à l’écoute de l’album, n’hésitez pas à nous contacter sur nos réseaux, ça nous fera très plaisir de vous répondre !

 

NOVEMBRE: Inox

France, Metal (Autoproduction, 2023)

Inox est sans doute l’album le plus à part, différent, original qu’il m’ait été donné d’écouter cette année. Novembre, avec ce premier album, surprend autant qu’il peut déranger. Son metal est – et se veut – clairement décalé. Entre des ambiances sombres et oppressantes et des textes moins chantés que clamés d’une voix inquiétante et rappée, le duo se différencie par une approche esthétique sonore et textuelle unique en son genre. Le conteur vient hanter vos nuits et s’en vient perturber le passage du marchand de sable… Si l’univers de Wormfood me vient à l’esprit, Novembre développe un monde et une identité à part. Les ambiances pesantes et anxiogènes sont tout autant le fait des arrangements et constructions des compositions que des textes volontairement sombres et horrifiques. Force est de constater que Novembre ne laisse pas indifférent, et ça, c’est le signe que le groupe a atteint son objectif. Car qu’on aime ou pas, Inox fait de l’effet. Après la mise en son, qu’attendre de la mise en scène? A suivre…

CRITICAL PINT: Thirst of all

France, Heavy rock (M&Omusic, 2023)

La pinte critique… ou celle de trop! Rien que le nom du groupe – Critical Pint – et celui de son premier album – Thrist of all (qui me rapelle le Thirst world war d’Hemoragy…)- sont des invitations à se plonger tête la première dans un univers un peu jobard. Dès Temptation, qui ouvre ce CD, le message est – ou semble être – clair: nous sommes aujourd’hui en présence d’une bande de potes amoureux du hard rock gras, biéreux et de papier de verre (de verres tout court, d’ailleurs) cher autant à AC/DC qu’à Motörhead (il fallait l’oser, cette association!), de ce heavy rock direct et sans fioritures. D’entrée de jeu, l’ensemble m’évoque le trio frenchy de Sticky Boys. Des guitares franches et directes, un chant qui sent le relent de clopes. Puis, les morceaux défilant – il y en a 11 – on découvre plus de variété et de… « finesse » qu’une simple et pale copie des groupes mentionnés plus haut. Critical Pint puise son inspiration dans les grands classiques du hard et du metal, se faisant même parfois l’ombre de Black Sabbath avec des approches parfois plus que doom. A d’autres moments, on revisite l’école psychédélique ou celle plus country, même si cela est plus discret. Si on apprécie la rugosité du chant rapeux, on aurait aimé un anglais plus compréhensible mais c’est bien la seule vraie faiblesse de cet album bourré de références et gorgé d’un amour du rock simple et direct. Même si Critical Pint est loin de réinventer le genre – le cherche-t-il seulement? J’en doute – il est impossible de rester impassible pour les amateurs du genre. Fun et efficace!

Interview: CARCARIASS

Interview CARCARIASS – entretien avec Pascal (guitare) le 28 avril 2023

Retrouvez aussi la chronique d’Afterworld ici

Avant de parler du nouvel album de Carcariass, je voudrais faire un rapide retour en arrière. Planet chaos était sorti fin 2019, j’avais pu en parler avec Raphaël (basse) fin janvier/début février 2020 à Paris et puis, personne ne la vue venir, il y a eu la crise sanitaire. J’imagine que, pile au moment de soutenir un album, ça a dû vous frustrer, ce Covid…

Ça, on peut le dire… C’est arrivé pile au mauvais moment, on avait pas mal de dates de bookées, on était fins prêts pour démarrer les concerts et tout s’est arrêté d’un coup. Maintenant, tous les groupes étaient logés à la même enseigne, bien sûr, mais ça nous a bien frustrés, pas mal démotivés, aussi, surtout que personne ne savait comment ça allait se terminer… Je ne me suis pas découragé, j’ai commencé à travailler sur de nouveaux morceaux, j’ai repris ma gratte, j’ai bossé sur l’ordi… J’ai composé tout Afterworld en quelques mois… C’était assez incroyable, d’autant que je suis vraiment parti d’une page blanche. Autant Planet chaos était plus l’accumulation de plans que j’avais gardés pendant nos 10 ans de break, là c’était la page blanche. Tout est sorti comme ça, c’était incroyable. Comme si j’étais possédé, je ne sais pas ! Quelque chose de magique.

Avant de parler du contenu musical, est-ce que le titre, Afterworld, a quelque chose à voir avec la crise sanitaire ?

Consciemment, je ne sais pas. Inconsciemment, je pense que oui, on a tous vécu la même chose, les mêmes doutes. C’est vrai que le titre et les paroles… Tout a été quelque part influencé par la situation. La musique, aussi, peut-être, pour le côté plus dépressif qu’il y a.

Je n’ai pas vraiment ressenti d’aspect « dépressif ». Tu le traduis par quoi ?

(Il rit) Ok… alors, c’est un échec (rires). C’est un peu lié au feedback que j’ai eu, si tu ne le trouve pas dépressif, tant mieux. C’est plus dans les compositions un peu plus tristes, mélancoliques…

Mélancoliques, peut-être… Mais « dépressif » n’est pas le premier adjectif que j’aurai utilisé.

Chacun a son ressenti. Je le vois un peu dépressif, les autres membres du groupe le verront différemment.

Au-delà de ce terme « dépressif », comment analyserais-tu l’évolution de Carcariass entre vos deux derniers albums ?

Je pense qu’il y a une certaine continuité entre ces deux albums. Sur Planet chaos, la grande nouveauté c’était l’arrivée de Jérôme. Pour celui-ci, on a vraiment exploité ses capacités de chanteur. Quand Jérôme est arrivé pour Planet Chaos, l’album était presque terminé. Ce qui s’est passé, c’est qu’on a fait un test pour un morceau avec lui, et on a été assez enthousiastes par rapport à ce qu’il avait fait et on lui a demandé s’il voulait essayer d’autres morceaux, ce qu’il a accepté. Du coup, on a tout enregistré avec Jérôme, on l’a intégré au groupe. Il ne s’y attendait pas, et ensuite, on a raté plein de concerts, on a travaillé sur cet album et cette fois, j’espère qu’on va pouvoir l’exploiter et le défendre sur scène.

Pour quelqu’un qui ne connaitrait pas Carcariass, comment lui décrirais-tu votre musique pour l’inciter à vous écouter ?

Déjà, il ne faut pas nous coller d’étiquette… On essaie avant tout d’accentuer le côté musical des choses, ce qui passe avant tout. On cherche à faire une musique qui inspire des images aux gens, tout en gardant un certain punch pour que les gens ne s’endorment pas.

On a non seulement ce titre d’album, Afterworld, qui est également la chanson qui clôt l’album, l’illustrations très post apocalyptique, les titres eux-mêmes – No aftermath, Angst, Fallen empire… Quels sont les thèmes principalement abordés par Carcariass dans cet album ?

En règle générale, ça tourne autour de la SF, de la maladie, la drogue, des trucs très joyeux… On n’a rien inventé, on n’essaie pas de faire passer de message particulier.

Dans ce cas, prenons les choses dans le sens inverse ; y a-t-il des thèmes qui n’ont pas leur place au sein de Carcariass ?

Alors, là, oui… Il y a quand même quelques règles : tout ce qui est politique, religieux, qui pourrait être sujet à conflits, on essaie d’éviter. On est là pour faire de la musique, pas pour se prendre la tête. On reste dans un cadre assez neutre, liés à la SF, ce qu’on partage avec tous les membres du groupe. Le sujet est assez vaste…

Est-ce que le fait d’intégrer un nouveau membre a changé votre façon de composer ?

Oui, clairement. Déjà, à l’époque de Planet Chaos j’avais un peu changé mon approche : je composais la musique entièrement et ensuite, avec Raphaël, on posait les lignes de chant. Je cherchais un semblant de structure… Pour le dernier, avec un super chanteur, il fallait vraiment l’impliquer et le mettre en avant. J’ai fait des compos un peu plus « classiques » dans la structure, tout en gardant pas mal de parties mélodiques, et Jérôme a apporté ses lignes. Avant, Raphaël, qui est bassiste, avait une approche plus foncièrement death. Et c’est pas facile de concilier le chant et son instrument. Là, il se concentre sur sa basse et Jérôme se charge du reste, vocalement. De temps en temps, en live, il fait les backing vocals et ça donne un résultat sympathique.

Tu parles de la scène… Quels sont vos projets ?

Pour le moment, on n’a rien de confirmé. La reprise est un peu compliquée, surtout depuis Covid… S’intégrer dans les festivals, c’est difficile, ils sont complètement full… La dernière date qu’on a faite, c’était à Genève en première partie de Samael. C’était très cool, la première fois qu’on présentait Afterworld sur scène et on a eu des retours très positifs du public. Je pense que ça va être encore difficile cette année, peut-être l’année prochaine et pour tous les groupes.

Si tu devais ne retenir qu’un titre de Afterworld pour expliquer à quelqu’un ce qu’est Carcariass aujourd’hui, celui qui est le plus représentatif, ce serait lequel ?

Là c’est difficile… L’album est assez varié ? Lequel serait le plus représentatif ? Je dirais – c’est aussi mon préféré, mais je pense que tu vas aussi me demander quel est mon préféré…

Non, pas du tout, seulement le plus représentatif, c’est tout !

Alors je dirais Identity, parce qu’il a toute la structure des anciens morceaux de Carcariass et tout ce qui fait le Carcariass d’aujourd’hui, avec le chant de Jérôme et des structures actuelles. No aftermath, c’est un titre avec deux plans, ce qu’on n’a jamais fait avant, mais il n’est pas représentatif de l’esprit d’aujourd’hui. Identity est plus adapté. Et c’est celui que je préfère…

Si tu devais penser à une devise pour Carcariass, ce serait quoi ?

« Toujours s’améliorer ». Ça a toujours été le cas, et ça le reste : je travaille toujours mon instrument, je veux que les autres dans le groupe le fasse aussi pour être toujours meilleurs. Toujours faire mieux, et j’espère qu’on ne s’arrêtera pas de si tôt.

 

 

THE SOUND COMET: Soundcheck

France, Rock (M&O music)

Avec son premier Ep, Soundcheck, le quintette français The Sound Comet propose 5 titres à la fois légers et puissants, influencés autant par le rock alternatif que le progressif. La formation semble puiser son inspiration au cœur des toutes les époques du rock, de la fin des 60’s à nos jours. On y trouve en effet des aspirations floydiennes et presque psychédéliques (When I’m gone), d’autres plus éthérées et post new wave (A moth to flame), voire grungy et punkisante (Jelly Roger, quel fine piraterie dans ce jeu de mots, j’adore!). La douceur est aussi de mise avec la semi ballade très US sounding Meaner & uglier ainsi que l’hypnotisme  d’un riff répétitif et envoûtant qui vient, avec Same wolf, clore cetet très jolie carte de visite. The Sound Comet nous offre 5 facettes de ses capacités et aspirations sonores qui donnent tout leur sens au titre de cet Ep. Plus qu’un simple soundcheck, ce disque est une belle introduction à un univers musical qu’on devine riche et très prometteur. Rock, certes, et surtout simplement juste.