HRAFNGRIMR: Niflheims auga

France, Pagan/Neo Nordic (Autoproduction, 2024)

La musique pagan ou le folk inspiré des cultures scandinaves a encore de beaux jours devant lui. Nouveau venu sur la scène hexagonale, Hrafngrimr (prononcez: Raven Grimer, c’est, somme toute, assez simple non?) est un projet monté par Mattjö, ex-membre de Skald féru de culture nordique. Après avoir envisagé Hrafngrimr comme un collectif où les musiciens pouvaient entrer et sortir en fonction de leurs disponibilités, il a finalement décidé de structurer un vrai groupe auquel, à la suite d’une jam, il a inclus sa conjointe, la chanteuse Christine Roche, tous deux formant ainsi un duo vocal aux tonalités radicalement différentes. Avec Niflheims auga, Hrafngrimr propose un album de ce qu’il nomme du neo nordic. Au travers de 9 titres, le groupe explore la culture musicale viking tout en abordant des thèmes d’actualité. La lenteur rythmée de chaque chanson est mise en lumière par la lourdeur et la gravité des instruments typiques du genre – c’est à dire souvent créés pour un usage spécifique – et le mélange, la complémentarité des voix, celle profonde et grave de Mattjö et l’autre plus chaleureuse, voire rassurante de Christine – se révèle efficace de bout en bout. Avec ce premier album, Hrafngrimr nous invite à un voyage initiatique dans un univers encore méconnu. Laissez-vous tenter…

Interview: HRAFNGRIMR

Interview HRAFNGRIMR. Entretien avec Christine (chant) le 14 juin 2024

Pour commencer, Christine, peux-tu me répéter la prononciation du nom du groupe ?

Christine : Bien sûr : ça se prononce Raven Grimer. Une fois qu’on le sait, ce n’est pas compliqué (rires) !

Ce qui signifie « celui qui porte le masque du corbeau ». De quel masque s’agit-il, celui porté pendant la grande épidémie de peste ou s’agit-il d’autre chose ?

Christine : Non, c’en est un autre. Il s’agit plus du folklore scandinave et de toute la symbolique du corbeau qui était plutôt un oiseau messager.

Peux-tu me parler de l’histoire de Hrafngrimr ?

Christine : Le groupe a commencé en 2020, juste avant le Covid, je crois… C’est Mattjö qui est à l’origine du projet – je n’en fait partie que depuis 2 ans.

Mattjö étant un ex-membre de Skald.

Christine : Tout à fait. Quand Skald a été fini pour lui, il a monté Hrafngrimr avec des personnes qu’il avait dans son cercle de connaissances musicales pour créer un collectif. A la base, il voulait ce collectif avec des musiciens qui puissent aller et venir en fonction de leurs disponibilités et proposer un projet neo-nordique. C’est ce qu’il voulait à la base, mais il s’est vite rendu compte que ce choix n’était pas le plus opportun parce que ces personnes qui étaient dans le collectif n’étaient pas toujours là pour les bonnes raisons. Je ne connais pas tout l’historique, mais ces gens-là étaient dans le collectif et la difficulté principale était que plus il y a de monde, plus il y a de difficultés. On ne connait pas vraiment les gens et on découvre au fur et à mesure les personnalités de chacun.

Et toi, tu es arrivée dans ce « chaudron » il y a 2 ans…

Christine : Oui. J’avais fait quelques jams avec eux. Mattjö et moi, nous sommes en couple depuis 3 ans. J’ai d’autres projets à côté, je ne suis pas issue du monde pagan, je viens plus du punk, du rock et du metal. Du coup, c’est un univers qui m’était inconnu, je regardais ça de loin. Un jour, on a eu l’occasion de faire une jam après un évènement, ils m’ont fait intervenir, et après ils ont décidé, tous, d’un commun accord, de m’intégrer au groupe. 0 partir de là, on a travaillé les chants de manière différente avec Mattjö pour que ça devienne un duo vocal, et à partir d’août 2023, le collectif s’est transformé en groupe. Ça m’était très mal à l’aise, ce collectif, parce que je ne conçois pas qu’on puisse être interchangeable, aller et venir… Pour moi, il était important qu’il y ait un engagement personnel et que chaque membre du groupe soit un ingrédient obligatoire pour que ça devienne un cockatail réussi…

Qu’il y ait une complémentarité entre chacun…

Christine : Tout à fait ! On a, depuis août 2023, un groupe vraiment soudé. On a travaillé une nouvelle esthétique, on a bossé sur l’album, et là, on a travaillé tous ensemble. Avant, c’est Mattjö qui composait tout, mais là le processus a été tout autre puisque chacun a donné un bout de soi, on a coconstruit ensemble cet album, et chacun a mis un peu de son émotion dans l’album. Mattjö et moi avons beaucoup travaillé sur l’album, mais on a aussi travaillé avec Mustapha Kebal (Arkan) pour la compo et l’écriture des textes.

Dans ce groupe il y a aussi une particularité : un groupe, habituellement, ce sont les musiciens, mais sur votre bio, vous présentez également Sam et Clara qui sont deux danseuses. Elles font partie intégrante du groupe ?

Christine : Oui, principalement pour les festivals, quand la scène s’y prête. Parce que ça prend beaucoup de place ! Elles ne sont pas musiciennes, mais quand on fait des résidences, elles nous accompagnent pour répéter et intégrer leur danse à la prestation.

Comment déifierais-tu la musique de Hrafngrimr ? Pourquoi cette dénomination de « ,eo-nordique » ?

Christine : Alors… on est tous issus du metal et à l’époque il y a eu le Nu metal, neo metal. Au regard de la recrudescence des groupes pagan, dark folk… on a décidé de mettre en avant un style spécifique. Dans cet album, il y a des influences diverses, et c’est un métissage de nous tous. On ne se donne aucune limite, aucun protocole.

Alors comment décrirais-tu votre musique à quelqu’un qui ne vous connais pas de manière à l’inciter à vous écouter ?

Christine : Je la décrirais comme une musique très onirique et immersive, qui nous fait voyager à travers de multiples cultures, un peu comme les vikings lorsqu’ils parcouraient le monde… C’est une musique qui invite à la découverte de multiples cultures et horizons, une musique qu’on souhaite moderne. On a aussi décidé d’écrire nos propres textes – la plupart des groupes pagan s’inspire d’un livre ancien, pas nous – des textes qui font le constat de notre monde actuel à travers la symbolique et le folklore scandinaves, mais aussi avec le prétextes que  « nous sommes des êtres venus de Niefelheim, nous observons ce qui se passe dans Midgard » – le monde de s hommes. Dans la mythologie scandinave, il y a 9 mondes, on a choisi de venir de Niefelheim parce qu’il y a très peu d’écrits dessus. On s’est dit que c’est un bon terrain de jeu pour pouvoir y créer des choses. C’est donc un bon prétexte pour pouvoir apporter notre regard sur le monde, sur notre civilisation et ce qu’elle est en train de devenir…

C’est d’actualité…

Christine : Oui, totalement ! On veut aussi pouvoir aborder des moments qui nous traversent dans la vie, comme des joies ou la mort…

Cette mythologie scandinave, vous vous l’êtes appropriée comment ?

Christine : Je ne suis pas forcément la bonne personne pour en parler parce que j’ai découvert cette culture il y a peu de temps, il y a deux ans (rires). Mattjö , lui, est baigné dedans depuis tout petit, c’était un intérêt qu’il a depuis le plus jeune âge, la culture scandinave, les vikings, la reconstitution historique, c’est vraiment une de ses passions. Il me l’a transmise quand on s’est connus. Il est féru de toute cette culture, il a beaucoup de bagage littéraire autour de ça, et ce qui était assez marrant, c’est que quand il m’en a parlé, c’est venu à moi parce que j’ai des origines scandinaves. Ma grand-mère m’a laissé, avant de mourir, une broche qu’on lui a léguée : un drakkar de viking. Elle faisait partie d’une longue lignée de vikings. Dans mon puzzle, il me maquait toute cette partie qu’elle n’a pas eu le temps de me raconter.

Ce qui est une justification supplémentaire de ta présence dans le groupe.

Christine : Oui, mais ce qui justifie également ma présence c’est ma signature vocale qui est aussi totalement différente de ce qu’on trouve habituellement dans le pagan. J’ai une voix bien plus grave et rocailleuse, plus rock, et cette touche-là apporte aussi une couleur différente.

Vous allez cette année participer au Hellfest. Comment on prépare une date comme celle-là qui est importante dans la vie d’un groupe ?

Christine : Absolument. C’est énormément de travail. Ça fait plusieurs mois qu’on travaille sur ce concert. Ça demande beaucoup de rigueur, une hygiène de vie particulière, du sport pour être dans la meilleure condition physique parce que on va jouer 40 minutes, mais ces 40minutes, on veut qu’elles soient les meilleures possible, on veut se donner à 300% ! On fait aussi des résidences pour travailler ce concert qui aura lieu dans deux semaines maintenant.

Vous travaillez aussi le visuel, j’imagine ?

Christine : Oui, on aura des costumes beaucoup plus modernes. Il y aura cette touche pagan avec des os et des plumes, des choses qui font référence à la nature, mais il y aura aussi un côté plus contemporain, plus moderne à l’image et à l’esthétique visuelle durant le concert. Donc nos costumes seront beaucoup plus… 2024 (rires) !

Si tu devais ne retenir qu’un seul titre de votre album pour expliquer à quelqu’un ce qu’est l’esprit du groupe, ce serait lequel ?

Christine : Waow… C’est compliqué comme question, parce que chaque titre de l’album a une histoire différente, un tonalité émotionnelle différente…

Maintenant, tu n’as que 3’ pour convaincre, tu choisis quel titre ?

Christine : Euh… le premier, Niu bylgjur parce que c’est un mélange de tout ce qu’on va découvrir dans le reste de l’album.

Il y a un mystère sur votre dossier de presse que tu vas pouvoir m’expliquer : il y a, sur cette photo très sombre, une femme qui porte une sorte de masque métallique. De quoi s’agit-il ?

Christine : Alors, déjà, la femme c’est moi (rires)…

C’est un peu ce que je pensais…

Christine : Et il s’agit d’un masque, en effet. Un masque que j’ai commandé. On souhaitait que l’esthétique soit plus moderne, tout en gardant l’essence du folklore scandinave et ancestral. Ce que je remarquais dans les visuels des groupes pagan c’est que les femmes, ou les hommes, sont grimés de maquillage souvent du même type. Je ne souhaitais pas me maquiller de la sorte pour éviter d’ennuyer les gens et donner une touche un peu plus moderne. J’ai trouvé qu’il serait plus intéressant de porter ce masque, fait de métaux précieux. Il est orné de pierres. Il fait le lien entre l’ancien et le moderne, je trouve, tout en gardant les codes du passé. La photo de l’album, c’est mon costume de scène. J’ai une robe noire, très longue, mon masque et des dreads que je me fais poser et enlever pour les concerts… J’ai aussi des bijoux, des plumes, plein de petits trucs et gri-gris…

On sait qu’un groupe de rock, d’autant plus avec un premier album, ne vit pas de sa musique. Quelles sont vos autres activités dans vos autres vies ?

Christine : Mattjö est graphiste, Mus, aussi. Nicolas Derolin est intermittent du spectacle, donc il ne fait que ça. Hindrick est, je crois, programmateur en cybersécurité. Et moi, je suis psychologue clinicienne. Je suis vraiment dans l’humain, au quotidien. Je travaille avec des autistes, avec des enfants qui sont dans un autre monde, aussi (rires).

Quelle pourrait être la devise de Hrafngrimr ?

Christine : Je pense que… ça pourrait être la solidarité, la bienveillance, le respect et l’humanité…

C’est d’actualité aussi. En tout cas faisons en sorte que ce soit d’actualité.

Christine : Oh, oui ! C’est important.

Interview RED MOURNING

Interview RED MOURNING. Entretien le 31 mai 2024 avec JC (chant) et Seb (basse)

Red Mourning revient deux ans après Flowers and feathers avec ce nouvel album, Acoustic. Avant que nous n’en parlions, que s’est-il passé ces deux dernières années, comment avez-vous défendu votre précédent album sur scène ?

JC : Ce cinquième album électrique, metal a été un gros jalon dans la vie du groupe. Il y a eu les concerts, le Hellfest, des clips… C’était vraiment une super réussite pour le groupe. Derrière ça, on a développé notre facette acoustique. Sur Flowers and feathers, il y avait des morceaux entièrement acoustiques et on s’est décidé à se lancer dans ce filon qui nous plaisait. On a sorti un Ep de 5 titres acoustiques, et on a décidé d’aller au bout de l’exercice. On adore cette possibilité de nous exprimer comme ça, donc on est allés au bout de cette envie.

Flowers and feathers a reçu un accueil important, tu viens de le rappeler. Pourquoi avoir voulu sortir cet album acoustique maintenant ? Vous aviez besoin de vous ressourcer, de retourner vers vos racines blues et les faire sortir du bayou ?

Seb : Non, il n’y avait pas de volonté absolue de sortir un album acoustique, mais, comme le disais JC, on a sorti un Ep, juste avant Flowers and feathers, il n’est sorti qu’en streaming. On était plutôt contents du résultat et on trouvait qu’il n’était peut-être pas suffisamment mis en valeur. On a décidé d’enregistrer 5 titres supplémentaires qu’on allait rajouter à cet Ep pour avoir un album complet. Ce qui s’apparentait jusque-là à une sorte de parenthèses dans la carrière du groupe est devenu un album à part entière, aussi importante que les autres albums. C’est une phase de Red Mourning qu’on a poussée un peu plus loin comme on avait pu le faire sur d’autres aspects sur les albums précédents, en termes de prod, par exemple. La démarche est toujours la même, il y a une volonté de nous dépasser artistiquement et de donner un sens un peu inattendu à la démarche finale.

De surprendre le public. Il s’agit en fait de deux Ep que vous avez réunis…

Seb : Disons qu’on a élargi l’Ep précédent. On n’a pas sorti un deuxième Ep, on a complété le précédent. Mais, comme je te le disais, à part le streaming et quelques plateformes, il n’avait aucune visibilité. Là, on l’a sorti en physique, un vrai CD qui le met à égalité avec les autres albums du groupe.

Comment avez-vous sélectionné les titres que vous avez repris ?

Seb : C’est le fruit de différents tests, d’essais, de pertinence par rapport au résultat en acoustique. Par exemple, Come to bury : il y a eu plusieurs versions proposées par différents membres du groupe avec des réussites plus ou moins heureuses. En fonction de ce qui était proposé et des résultats, on sélectionnait ce qui nous plaisait. Le fil conducteur, c’était de faire des morceaux suffisamment originaux et indépendant de leurs sources électriques pour en faire de vraies entités qui soient écoutées telle quelle, sans forcément faire référence à la version électrique. Si tu ne connais pas le groupe, tu peux très bien supporter de les écouter et même les apprécier.

J’aime bien le terme de « supporter » … JC, tu as quelque chose à rajouter ?

JC : Il y a le fait de surprendre le public, mais c’est aussi plus la volonté de notre part d’explorer d’autres choses, de nous challenger, de garder des bols d’air frais en faisant de nouvelles choses, des choses originales, nous réinventer plus que de dire qu’on va surprendre le public ou lui plaire. On est très content de trouver des gens qui aiment ce qu’on fait, mais on le fait avant tout pour nous. Si quelque chose ne marche pas pour nous, on le met de côté.

Tu as retravaillé ta voix aussi, JC, elle est beaucoup moins agressive, beaucoup plus blues. As-tu dû fournir un travail vocal particulier ?

JC : C’est sûr que c’est une manière de chanter totalement différente. On a travaillé en studio avec Francis Caste qui nous aide beaucoup, sur chacun de nos albums, et qui m’a beaucoup guidé et poussé à découvrir une façon de chanter que je n’avais jamais utilisée. Il me disait de moins forcer, de mettre moins de grain, de chanter moins fort… et c’est vers ça qu’on s’est orientés. Je lui suis reconnaissant parce que c’est vraiment ce que je trouve beau, et c’est une vraie nouveauté dans ma manière de chanter.

Il y a beaucoup d’émotion dans ce que tu dis !

JC : Oui, mais une émotion contenue, par petites touches, avec moins de lâcher prise. Ou un lâcher prise différent, parce que quand on hurle dans le micro, on a certaines habitudes, on peut tout lâcher, tandis que là, c’est totalement différent.

Il y a une fidélité au producteur, Francis Caste, mais également au label, Bad Reputation…

JC : Oui, on est toujours avec le même label. Eric (Coubard, responsable du label) nous est fidèles, on lui est fidèle aussi. C’est comme ça qu’on envisage la musique : la vie du groupe, c’est des collaborations avec des gens de confiance, on a aussi croisé tout un tas de gens pas forcément recommandables qu’on a abandonnés au fil des années. On bosse avec des gens qu’on aime bien et qui bossent bien…

En gros, On ne change pas une équipe qui gagne.

Ensemble : C’est ça.

JC : Et de gens humains, des gens sympas, aussi.

Un groupe de rock, c’est aussi la scène. Comment envisagez-vous de défendre ces nouvelles versions tout en en proposant des versions plus rugueuses ?

Seb : En fait, ça fait déjà deux ans qu’on travaille le versant acoustique du groupe sur scène. On a fait pas mal de concerts, dont une grosse dizaine de concerts acoustiques. On a bossé notre son, on a accordé nos instruments un peu différemment, et on arrive à quelque chose d’assez concluant. On a fait une date pour la release party au Hellfest corner qui était plutôt concluante. Jusque-là, on était dans un processus amélioratif et là on est assez satisfaits de notre prestation. On va enchainer pas mal de dates qui nous permettront de pousser encore plus loin : plus d’émotion, la voix de JC, le feeling dans les cordes et les perçus…

Est-ce que, sur scène, vous vous dites parfois que tel morceau ne fonctionne pas aussi bien que ce que vous aviez prévu et vous le retirez de votre setlist ?

Seb : Oui, bien sûr. On s’y est accoutumés au fil des années, c’est un échange avec le public et avec nous-mêmes. On se rend bien compte s’il y a des choses qui marchent ou pas. On retente, parfois on réadapte et là, pour l’acoustique, c’est pareil : il y a des morceaux qu’on a déjà écartés et d’autres qu’on met plu sen avant. On va continuer de le faire à l’avenir. La dynamique humaine d’un concert acoustique n’est pas du tout la même que celle d’un concert metal. Le rythme est différent, on peut faire des pauses et papoter… C’est comme le reste, on est tout le temps en train d’expérimenter, de découvrir de nouvelles choses, d’apprendre…

Même si cet album acoustique ne représente qu’une parenthèse dans la vie du groupe, si vous deviez, chacun, ne retenir qu’un seul titre d’Acoustic pour expliquer ce qu’est Red Mourning aujourd’hui, ce serait lequel ?

JC : J’ai mon idée… Il y a un titre que j’adore, c’est White line. J’adorais la version électrique, mais je trouve cette version acoustique très réussie. Je trouve que c’est très relativement original d’un point de vue instrumental, il y a les guitares, l’harmonica et beaucoup d’émotion.

Seb : Moi, je dirai Come to bury parce que c’est un titre qui figurait sur le premier album et c’est un morceau, en électrique, relativement sauvage, qui ne baisse pas d’intensité du début à la fin. Ce qu’on en a fait en acoustique est tout aussi intense mais avec un versant totalement différent, avec un ajout de clarinette, et c’est assez inattendu. C’est un morceau qui fonctionne très bien sur album et en live. Il y a un mariage d’harmonies vocales qui lui rend vraiment justice. Je ne sais pas laquelle des deux versions est la plus intense…

Un groupe de rock, on le sait, ne vit que très rarement de sa musique. Quelles sont vos activités dans vos autres vies ?

JC : Je vais commencer par la blague : dans le groupe, il y a un acousticien. C’est Aurélien, notre batteur.

Seb : Il y a un coach sportif, Alexandre, notre guitariste, un électricien, JC, et moi, infirmier en psychiatrie.

Des métiers assez variés…

JC : Oui, mais c’est ce qui nous permet d’assurer un minimum de finance dans ce projet assez couteux en temps, en énergie et financièrement. C’est pas avec ce que Red Mourning nous rapporte qu’on pourrait ne pas bosser…

Question classique, JC, tu y as déjà eu droit : quelle pourrait être la devise de Red Mourning ?

JC : Euh… pour vivre heureux vivons cachés ? Non, c’est ma devise personnelle. Pour le groupe, il y a une recette pour la longévité du groupe, c’est qu’on se dit franchement les choses. En devise, on pourrait dire Pour vivre heureux, disons les choses.

C’est à peu près ce que tu me disais il y a deux ans : Soyons fidèles à nous-mêmes… C’est dans le même ordre d’idées.

JC : Oui, c’est vrai, et c’est ce qui fait qu’on fait quelque chose d’un peu différent.

Seb : Pour moi, « le roseau plie mais ne casse pas » !

Souhaitez-vous ajouter quelque chose à ajouter pour terminer ?

JC : Soutenez l’Ukraine !

Je ne sais pas si on a la solution, maintenant, si tu vas sur le site, tu verras que le logo est aux couleurs de l’Ukraine.

JC : Ah super ! Merci pour eux. Je ne suis pas Ukrainien, mais il faut les soutenir.

Interview: ORKHYS

Orkhys 2024 – Photo promo

Interview ORKHYS. Entretien avec Jean-Yves Châteaux (batterie) le 6 juin 2024.

Jean-Yves, la dernière fois que nous nous sommes vus, c’était pour votre concert au Dropkick d’Orléans. Depuis, vous avez publié Legends, votre nouvel album. Quels sont les premiers retours que vous avez eus ?

Il est sorti le 26 avril. Pour l’instant, les retours sont plutôt positifs. On a eu une chronique d’une personne qui n’a pas trouvé ça bien, il en faut aussi. D’ailleurs, c’est une chronique qu’on a partagée parce qu’on est preneurs de tout ce qui est constructif. Dans l’ensemble, ça a été bien perçu, il se vend plutôt bien. On essaie de le défendre sur scène et ça marche plutôt bien aussi (NdMP : depuis, deux dates ont été annulées indépendamment de la volonté du groupe).  Le merch n’est pas encore fait – on n’a pas encore trouvé le graphisme qu’on souhaite, mais ça ne va pas tarder.

C’est un album qui s’appelle Legends et qui contient 9 titres. Quelles sont-elles, ces légendes et qu’est-ce qui vous a poussés à faire un album autour de ces légendes ?

Il y en a plusieurs… En fait, Brice (guitares) s’occupe des compositions et nous soumet les morceaux. Quand il nous les soumet, on les écoute plein de fois pour voir ce que ça nous inspire. Là, Laurène, notre chanteuse qui s’occupe des textes, a proposé ces thèmes-là. On a tous trouvé que ça collait bien à la musique et on a gardé toutes ces thématiques.

Laurène est allée chercher ces légendes pas toutes très connues où ?

Elle est bretonne d’origine, avec une culture celte assez forte, culture qu’on retrouve dans la plupart des morceaux, à part le Draugar qui lui vient de chez les vikings. Ce personnage viking, on le retrouve dans une grande série qu’on a vue il n’y a pas longtemps dans laquelle on parle des marcheurs blancs (NdMP : il s’agit bien sûr de Game of thrones)

Avez-vous changé votre façon de travailler sur cet album, notamment parce que vous avez accueilli un membre supplémentaire : Henri, second guitariste.

On n’a pas fondamentalement chané la façon de travailler. Le seul truc que la présence d’un nouveau guitariste, dans la préparation de l’enregistrement, il a fallu que les deux guitaristes se mettent d’accord entre eux pour savoir exactement qui fait quoi. Brice se sent beaucoup plus confortable sur de la rythmique et Henri se sent mieux en lead. Donc la façon de s’organiser est venue assez spontanément. A part ça, le mode de travail est resté le même : Brice se charge des compositions, chacun échange et propose de changer des choses lorsqu’il pense que c’est nécessaire, la chanteuse définit les thèmes et les textes, et ensuite, on met tout ça dans le même bol pour voir ce qui se passe quand on mélange tout ça. Au fil des petits arrangements, on va enregistrer pour proposer ce qui, on l’espère, va vous plaire.

Brice s’occupe de la grande majorité des compositions. Orkhys présente aussi la particularité d’avoir une harpe. Comment ces arrangements sont-ils envisagés ? Brice pense-t-il d’office aux passages de harpe, Laurène propose-t-elle de l’inclure à tel ou tel moment ou est-ce un travail de groupe ?

Brice s’occupe de 99% des compositions, et il inclut aussi la harpe quand il pense que ça sert le morceau. Il cherche à construire quelque chose et si dans un morceau il y a besoin de la harpe, il compose la ligne de harpe. Parfois, il propose des choses qui sont difficilement jouables à moins d’avoir douze bras et, à ce moment-là, il y a une refonte de ces passages pour que ça fonctionne. Le principe de composition c’est ça : il compose des morceaux, nous les soumets et nous, on fait des propositions de changement si on estime que c’est nécessaire ou techniquement impossible à jouer. On part de là pour voir comment on va structurer les textes et la structure de l’album.

A part l’arrivée de Henri, le second guitariste, il y a une autre différence avec le premier album : vous avez inclus un titre en français. Pourquoi ce choix ?

Laurène, quand on préparait ce morceau, elle a senti que, sur ce morceau, c’est le chant en français qu’il devait y avoir. Au niveau de la prononciation de la langue, de son rythme, de ses sonorités, c’est ce qui collait, ce qu’elle percevait. Et je trouve que sa perception était juste, ça fonctionne bien.

Vous avez testé en anglais ?

Non, parce qu’on sentait que ça ne s’y prêtait pas du tout.

Comment analyserais-tu l’évolution d’Orkhys entre vos deux albums ?

Je pense que nous avons progressé au niveau précision et de la maturité des compositions. On a plus facilement trouvé notre place, et notre  rôle dans la structure. On a su tirer des enseignements de ce qu’on considérait être des petits travers, des petites erreurs sur le premier album. Ça n’est peut-être rien pour quelqu’un qui écoute l’album, mais nous, on se dit « ah, oui, il y a ce truc qu’on aurait pu faire comme ça. » Alors on a retravaillé tous ces éléments sur le nouvel album pour qu’on ne retrouve pas ces mêmes erreurs dans nos interprétations.

Ce qui a aussi permis une meilleure cohésion de groupe. Quel a été l’apport d’Henri ? Pour l’avoir vu sur scène, j’ai l’impression qu’il a une sacrée personnalité aussi !

(Rires) Ah, oui, oui ! Quand il est sur scène, il prend de la place ! Mais son jeu, qui vient surtout du death et du thrash, a permis de construire des riffs et des structures dans ces styles. Il y a un peu plus de passages black ou thrash qui n’étaient pas présents sur le disque précédent.

Le côté sombre se retrouve également sur les illustrations de vos pochettes très monochromes et sombres. J’imagine qu’il y a un choix artistique également ?

On était parti d’une page blanche… Brice avait gribouillé un arbre sur la gauche, un lac au milieu avec ce qui avait l’air de ressembler à une forme de cheval mais on n’était pas trop sûrs… On s’est dit qu’on n’allait pas mettre ça directement sur la pochette et on l’a confié à quelqu’un qui savait faire du dessin. Je pense que le résultat correspond à ce qu’on voulait : une pochette sur laquelle il y a plein de petits indices au sujet des légendes qu’on va raconter. 2Videmment, il y a les deux indices principaux au milieu de la pochette, c’est dur de les louper ! Mais il y en a d’autres sur les côtés. On avait même posté un truc sur Facebook où on disait que ceux qui trouverait tous les indices, on leur filait un disque. Personne n’a tout trouvé ! Il y a eu des personnes très proches… mais pas suffisamment.

C’est un album qui contient 9 titres. Si tu devais n’en retenir qu’un seul pour expliquer ce qu’est Orkhys aujourd’hui, ce serait lequel ?

Oh, la, la ! C’est très, très difficile…

C’est pas marrant de n’avoir que des questions faciles…

Ah… si, c’est mieux (rires) ! Je pense que je choisirai le dernier morceau, The infernal Kelpie, parce qu’il commence très gentiment, comme une ballade, et, tranquillement, il fini par s’énerver. Il y a de la harpe, quelques orchestrations, des parties plus énervées, un peu de black, un peu de thrash… C’est un mix relativement soft qui peut plaire à pas mal de monde. Et surtout, il y a dans ce morceau un des contrastes que je trouve vraiment trop bien : le chant est extrêmement doux, posé, calme, et quand on lit le texte, il n’y a que des horreurs (rires) !

On sait bien que, aujourd’hui, un groupe de rock, qui plus est de metal, en France vit très rarement de sa musique. Quelles sont vos autres activités, hors Orkhys ?

A part Laurène qui est prof de chant, prof de harpe et qui vit de la musique, tous les autres avons un job. Je fais le job extrêmement passionnant de responsable informatique. Ça fait maintenant 42 ans que j’use des claviers, et j’en ai un peu marre… Je réfèrerai faire de la musique à temps plein… Brice, lui, travaille pour une petite boutique qu’est la RATP en tant que, je crois, responsable de chantier. Henri, lui switche de job et je ne sais pas trop ce qu’il fait en ce moment, mais ça ne lui plait pas. Julien, notre bassiste est ingénieur dans une entreprise qui fabrique des machines qui servent à faire des prises de mesures.

Si tu devais maintenant penser à une devise pour Orkhys, ce serait quoi ?

Euh… « Libre quoiqu’il en coûte ». C’est d’ailleurs le thème du premier titre de l’album.

As-tu quelque chose à rajouter avant de terminer ?

Je vais dire ce que je dis souvent et que j’estime qu’on ne dit pas assez : je remercie tous les gens qui sont présents lors des concerts, qui achètent nos CD, du merch, qui parlent de nous… Sans eux, on ne serait pas là, et on leur doit le fait d’être là. Donc, oui, c’est normal de les remercier, ainsi que tous ceux qui, comme toi, prennent le temps d’échanger avec nous sur une journée comme aujourd’hui.

On prend aussi du temps sans doute parce qu’on apprécie aussi ce que vous faites…

Oui, mais ce n’est pas un dû, et ça ne coûte rien de dire « merci ».

NOURITURE: Barbara vol. 1 – pastèque planet

France, Rock barré (ils appellent ça du « mindfunk rock ») (Autoproduction, 2024)

Un point commun existe entre la musique et la bouffe: il y a de la junk food à consommer et à jeter comme il y a des choses qu’on prend le temps de digérer. Nouriture fait partie de la seconde catégorie dans son genre de musique… Le groupe a déjà publié un premier album en 2020, Kreg’s adventure et revient aujourd’hui avec Barbara vol. 1 – planète pastèque. Ne cherchez pas… Le combo français nous entraine dans ses délires sonores aussi interpelants que barrés. « Cette œuvre dantesque défie les conventions et vous invite à un voyage au-delà de l’ordinaire » dit le communiqué de presse. Tu m’étonnes! Une étrange pochette rose fuchsia, un démarrage tout aussi étrange avec des sonorités de réacteurs de vaisseau spatial, une musique qui démarre doucement avant de monter en puissance, une narration d’histoire, un phrasé rap et du chant torturé. On imagine parfaitement cet album illustrer un film qui mélangerait des univers SF à ceux de Tarantino (Pulp Fiction et Kill Bill ne sont pas loin), du western et des mondes post apocalyptiques, dans un esprit décalé à la Mike Patton meets Living Colour et qui m’évoque parfois 6:33. Ne cherchons pas à coller une étiquette à Nouriture, la formation se laisse porter par ses envies et parvient à proposer un album aussi intrigant et riche musicalement et émotionnellement. Il y a du rock, du punk, du funk, de la new wave, de la pop, du black, de… Bref, Nouriture ne se pose aucune limites, explore, teste et valide. Barbara et ne se digère pas en une écoute mais nous entraine dans des mondes complètement barrés et envoutants.

Interview: SIDILARSEN

Interview SIDILARSEN. Entretien avec Viber (chant, guitare), Didou (chan) et Marvyn (batterie). Propos recueillis au Rock In Rebrech’ 13 le 25 mai 2024.

Commençons avec l’actualité : après 15 années passées au sein de Sidilarsen, Samuel a décidé de quitter son poste de batteur. Non seulement était-il un membre originel du groupe, mais il est également le frère de l’un d’entre vous (Didou) et l’ami d’enfance de l’autre (Viber). Que s’est-il passé ? La crise sanitaire l’a amené à faire ce choix ?

Didou : Déjà, c’est au bout de 25 ans parce que, avant Sidilarsen, on avait commencé sous un autre nom. Donc on a vécu une très longue aventure ensemble. Le Covid a sans doute accentué certaines choses, mais il était arrivé au bout de cette vie sur la route. S’il avait pu faire Sidilarsen à la maison, il aurait certainement continué… Il avait besoin de faire ce choix, très douloureux pour lui, mais c’était une question de santé physique et mentale. Ça a été dur pour nous aussi, mais tout s’est passé en bonne intelligence et en bonne amitié. Il n’y a pas de rancœur, mais ça a été difficile. C’est un choix qui n’est pas tout blanc, même s’il a fait ce choix, il y a des moments où il en est triste et en même temps, il en est content. Aujourd’hui, il va mieux.

Je m’adresse à tous les deux – et je te poserai la même question après, Marvyn – comment avez-vous fait la connaissance de Marvyn et qu’est-ce qui a fait la différence entre lui et d’autres batteurs ?

Viber : Le talent ! (rires)

Ça, c’est du fayotage ou je ne m’y connais pas !

Viber : On a passé des annonces, en fait. On a fait u appel à candidatures pour voir qui avait envie de jouer avec nous et commencer à sélectionner. Quand Marvyn est arrivé, on lui a demandé de nous envoyer une vidéo avec une reprise d’un morceau. Ça nous a beaucoup plu et il y a une chose qui nous a marqués : quand on a discuté avec lui, ça s’est bien mieux passé que ce à quoi on s’attendait.

Didou : Il n’y a pas eu d’efforts à faire, on a joué un peu, et c’était naturel…

Donc d’un point de vue musical autant qu’humain…

Didou : C’est ça qui n’est pas forcément évident… Ça peut aller d’un point de vue mais pas de l’autre, bien que je pense que quand ça colle artistiquement, c’est qu’il y a quelque chose qui passe. Des connexions dans les choix artistiques, dans les envies, on se retrouve facilement.

Viber : La charte est assez complexe : il nous fallait quelqu’un qui ait un bon niveau technique, qui aime ce qu’on fait, capable de jouer au clic.

Didou : Il faut être carré pour faire du Sidilarsen…

Marvyn, comment as-tu connu Sidilarsen, comment as-tu découvert ce poste ? Déjà, quel âge as-tu ?

Marvyn : J’ai 25 ans. Je suis né après le groupe.

Didou : Et ça, ça nous plaisait.

Reprenons : comment as-tu découvert le groupe ?

Marvyn : C’est une bonne question, je ne sais pas si on m’a déjà demandé comment j’ai découvert Sidilarsen… J’ai toujours connu le nom qui est un de ceux récurrents en France. Mais je ne saurais pas te dire comment j’ai découvert. Je les suivais, mais je ne les avais jamais vus avant.

Maintenant, tu ne vois que leurs culs…

Marvyn : Oui, littéralement ! (rires)

Viber : Il faut préciser une chose : Marvyn est de Montpellier, donc il ne risquait pas de voiur Sidilarsen…

Marvyn : Vous y avez joué… quoi ? Une fois en 25 ans ? Montpellier, ce n’est pas forcément l’endroit le plus simple. Après, la candidature était sur les réseaux. J’ai postulé mais sans penser à une suite possible… je me disais que c’est un gros groupe, il va y avoir plein de gens qui vont postuler…

Viber : Il y a eu 60 candidatures…

Marvyn : Ah ouais ! Heureusement que je l’ai su après ! Ça a matché, on s’est rencontrés et ça a matché direct. On s’est rencontrés, on a pris décision qu’on passe l’été ensemble pour voir en condition réelles comment ça se passait, aussi bien sur la route qu’humainement.

Didou : Ça a été un peu dur pour Marvyn, cette sorte de « période d’essai », un peu comme dans une entreprise. On n’est pas une entreprise mais il y a des engagements. Si, on est un peu une entreprise, et il y a des choses bien dans les entreprises, aussi.On avait déjà eu des changements de line-up, on savait qu’on ne pouvait pas remplacer Sam comme ça. On voulait prendre du temps et Marvyn était d’accord avec ça. On part sur plusieurs dates, c’est pas simple, il y a une pression très forte, tu ne sais pas encore si tu vas rester ou non dans l’aventure… C’est particulier.

Viber : Nous, on avait vraiment besoin de cette garantie-là, on ne pouvait pas prendre ce type de risque, notre avenir en dépendait pas mal. On ne voulait pas faire comme certains groupes où le line-up change souvent… Un batteur tous les ans, non… On avait besoin de reconstruire une stabilité.

Il y a aussi un bassiste qui a changé en 2019, puisque Sylvain Sarrobert est arrivé dans le groupe. Vous pensez avoir enfin retrouvé cette satbilité ?

Didou : Complètement ! On a fait du bon boulot et on a appris à se connaitre. On s’est dit très tôt que Marvyn est la bonne personne, mais on s’est obligés à prendre du temps.

Et toi, aujourd’hui, tu te sens complètement intégré, Marvyn ?

Marvyn : Totalement. Et comme ils l’ont dit, il ne fallait pas s’emballer. C’était pareil pour moi, et c’était difficile parce que même avant les premières dates, je me disais que ça marchait trop bien. C’était génial, musicalement, humainement. Il fallait que ça continue comme ça, même si je voulais faire comprendre à tout le monde que ça pouvait ne pas continuer… On a très vite attaqué sur des émotions fortes, on a fait des festivals, il y avait des niveaux de concerts que je n’avais jamais atteints – j’avais des groupes locaux avant, mais rien de comparable ! Garder la tête froide. Mais (il s’adresse à Didou et Viber) quand on a fait un point au milieu de l’été, vous m’avez aidé à garder la tête froide.

Didou : Il y a cette simplicité aussi, on ne veut pas de ces gens qui se prennent la tête…

Revenons un peu en arrière : 2019 voit la sortie de On va tous crever. Avec le recul, on peut se dire que c’est un titre un peu prémonitoire puisque, quelques mois plus tard, il y a eu un confinement. Mais… hasard du calendrier, au début du mois de mars 2020, vous sortez la vidéo du titre On va tous crever. Coup sur coup… Vous n’avez pas un peu l’impression d’être responsables de tout ce merdier ?

Didou : Si, si, si, et on le dit : On vous a sauvés (rires) ! J’ai beau expliquer aux gens que c’est nous qui avons lancé le virus, ils ne me croient pas !

Pourtant, c’est vrai que tu as une tête de pangolin (rire général) !

Didou : Tout était calculé…

Vous étiez en relation avec la Chine…

Viber : Et au niveau du management, ça a été du haut niveau.

Donc vous assumez complètement cette responsabilité.

Didou et Viber : Oui, totalement (rires)

Plus sérieusement, la crise sanitaire est passée par là, elle a dû vous contraindre à annuler une partie de la promo et des concerts aussi… Quel impact est-ce que ça a eu sur les ventes de l’album ?

Didou : Bizarrement, pour Sidi, on a eu de la chance, contrairement à ceux qui ont sorti un album pile au moment de la crise. Nous, l’album est sorti 6 mois avant, donc il a eu une petite existence. Et comme tu l’as expliqué, paradoxalement, la crise a collé avec la thématique de l’album, et du clip. Bizarrement, le groupe a grossi pendant la crise sanitaire. Au final, on n’a pas trop ressenti de baisse. On a été très angoissés comme tous les artistes (Viber confirme), on se disait que peut-être on ne ferait plus notre métier. Il y a eu quelques mois où les artistes, tous, même les plus gros, se disaient que c’était peut-être fini. Et ça, ça laisse des traces, il y a des traumas qu’on sous-estime.

Les interviews que je pouvais faire à cette période, à distance, ce n’était pas du tout la même ambiance…

Didou : On est d’accord qu’on n’était pas bien, tous… Peur ou pas peur du virus, c’est pas ça, c’est l’ambiance globale qui était malaisante. Sans se lamenter parce que tout le monde était concerné à ce niveau-là, pas que les artistes… Mais, en tant qu’artistes, je parle de ce que je connais, on a eu très peur. Mais Sidilarsen… On a été très soutenu par notre public : les gens ont acheté du merch en ligne comme jamais. On a halluciné, on voyait qu’on n’avait plus rien, et, en fait, ça nous a tenus. On a trouvé de nouveaux modèles, on a même fait une bière Sidilarsen, on est devenus brasseurs… on a fait des trucs, on n’y pensait même pas. Et finalement, on a réussi à redémarrer la tournée On va tous crever comme si rien ne s’était passé… On a eu plus de monde dans les concerts, plus de monde qui chantait nos paroles et, ensuite, l’arrivée de Marvyn a continué d’alimenter cette dynamique.

 Donc, d’une certaine manière, vous avez tiré un bénéfice de la crise sanitaire…

Didou : Ça s’est passé comme ça…

Viber : On ne sait pas ce qui se serait passé sans le covid.

Didou : L’album On va tous crever avait très bien démarré…

Il y avait une dynamique en route, d’ailleurs, avec l’explosion de Dancefloor bastards, vous avez passé différents paliers.

Didou : Oui, il y avait déjà une dynamique, et là, on sent encore quelque chose de plus fort.

On va tous crever était un album assez pessimiste, entre le titre, les couleurs ternes et cette personne en train de s’enflammer aussi… Vous revenez avec Que la lumière soit, un esprit peut être un peu plus SF – la pochette m’évoque l’univers de Star Wars. Il y a cependant toujours cet engagement qui a toujours collé à la peau de Sidi. Qu’avez-vous voulu mettre dans cet album ? Un peu plus de lumière ?

Viber : Oui. Quand on a choisi ce titre, on avait décidé qu’on voulait mettre de la lumière…

Ça veut dire que votre engagement a changé ?

Viber : Non, ça n’a pas changé mais il y a peut-être une conscience sociale… On est sensibles à ce qui nous entoure, à la société dans laquelle on évolue – on évolue avec elle. Il y a eu beaucoup de choses qui se sont accumulées, personnellement, je me disais « c’est bon, il y en a assez ». Et il y a la guerre en Europe, au Moyen Orient, et plein d’autres endroits dont on parle moins. Donc on voulait un peu de lumière, parler de ce qui nous tient à cœur, de ce qu’on veut changer dans la société mais pas en accumulant de la violence et pas… plus de name-dropping, désignation. Tout est, aujourd’hui, très polarisé, et on ne voulait pas de ça sur l’album, on voulait vraiment que ce soit ouvert, que les gens puissent rentrer dedans. Il est sombre, mais je trouve aussi qu’il est rassembleur.

Didou : Si on se plonge dans les textes, souvent il y a des couplets très sombres et des refrains plus lumineux, positifs. Il y a plus de célébration, d’espoir : « on est tous ensemble et on va pouvoir se relever ». Il y a quand même une partie très dark… « Que la lumière soit » c’est aussi très ironique, ça évoque la part sombre de la lumière, mais aussi, on a pris le contre-pied total de On va tous crever… Quand on a choisi le titre, Que la lumière soit, ça m’a fait le même effet que quand on a choisi On va tous crever : Ouais, c’est bon ça ! (tous se marrent)

Justement, par rapport à ça, quel a été l’apport de Marvyn, un nouveau batteur au jeu certainement différent de celui de Sam, selon vous deux et aussi, selon toi Marvyn ?

Viber : Il y a effectivement un apport, même si Sam est irremplaçable, mais il n’est plus là…

Didou : On ne voulait pas d’un Sam 2, et en plus, ça nous aurait vite saoulés…

Viber : Le remplacer par quelqu’un qui fait une imitation, ça aurait été très con… Marvyn est arrivé avec sa personnalité, sa façon d’avancer, de bouger et de vivre la musique et d’insuffler une énergie très… personnelle et particulière.

Didou : Il y a cette année la patte de Marvyn.

C’est quoi, alors, « la patte de Marvyn » ?

Didou : C’est un petit truc… Il faut l’écouter (Marvyn rit).C’est difficile à définir…

Comme les guitaristes, chaque batteur a sa signature. Quelle st, Marvyn, ta signature, qu’est-ce qui te différencie de Sam et qui pourtant te permet d’être un membre à part entière de Sidilarsen ?

Marvyn : Ce qui me différencie de Sam ? C’est dur… Sam était connu pour être un métronome. Je pense l’être moins mais je tente des trucs qui parfois ne passent pas mais au moins, j’y vais !

Scéniquement, pour quelqu’un qui a vu l’ancien Sidi, on sait que Sam allait chercher le public directement sur scène. Est-ce que tu as ce même type de connexion, est-ce que tu quitte ton kit ?

Marvyn : Non, pas comme ça en tout cas, parce que, pareil, l’idée n’est pas de faire la même chose. On s’est posé la question. J’aime beaucoup l’énergie live et je l’interprète aussi à ma manière.

Didou : Ce que je vois, ce que je constate depuis les balances – mais je ne suis pas dans le public – c’est quelque chose de plus… libéré par rapport à Sam. Plus physique aussi. Sam était très concentré, très sec et physique aussi, ce qui a participé à la notoriété de Sidi aussi. Maintenant, quand il allait haranguer le public, c’est parce qu’il en avait besoin. Il était tellement dans son clic qu’il fallait relâcher. Il fallait qu’il libère un peu cette énergie. J’ai l’impression que Marvyn est déjà dans cette énergie, un peu moins dans le contrôle, mais c’est complètement subjectif. Il est moins cérébral…

Marvyn : C’est aussi ma façon de profiter du moment…

Didou : Quand on a auditionné des batteurs – on le savait parce qu’il y a des fois où Sam ne pouvait pas jouer et où il a été remplacé – ça ne collait pas. (A Marvyn) Tu as une frappe différente mais qui marche pour Sidi. Bien sûr, il y a des points communs, il fallait que ça colle, dont la fameuse frappe de caisse claire… Il y a beaucoup de batteur qui n’avait pas ça. Sam avait une frappe très…particulière qu’on voulait retrouver.

En dehors de l’arrivée de Marvyn, comment analysez-vous l’évolution de Sidilarsen entre On va tous crever et Que la lumière soit ?

Viber (d’un ton totalement détaché) : Alors… on arrive aux sommets… C’est l’Olympe (rire général) ! Comment on analyse ? Je pense qu’’il y a des choses qu’on a trouvé en nous et avec le public qui nous a permis de nous poser un peu plus. Le confinement a permis une introspection, un retour à la racine – pourquoi on est là, pourquoi on fait ça, et si on continue, on sait pourquoi on continue… On a répondu à plein de question. Le fait aussi de l’essor de notre notoriété avec cet album nous a vraiment fait du bien, je ne te le cache pas. Ça rassure te je pense aussi que cette période nous a permis de faire tomber des grillages qu’on se posait. On s’en est libérés, délivrés… Ce faisant, on était plus libres pour aborder les choses de manières plus sereines, plus faciles. Ça a été plus facile et… plus joyeux.

Didou : Oui, plus joyeux… C’est marrant de dire ça, mais…

C’est aussi un changement d’état d’esprit : le fait que vous soyez plus joyeux, rassuré, que le public vous a soutenus pendant la crise sanitaire… 

Didou : Le départ de Sam aussi… Il a fallu le digérer mais après, ça a été comme une sorte de libération, une seconde jeunesse…

Viber : On s’est aussi dit qu’après ça, il ne pouvait plus arriver grand-chose !

Didou : Aussi, Marvyn, Benben (Benjamin Lartigue, guitare) et Sylvain (Sarrobert, basse) se sont bien trouvés pour composer les instrus…

C’est un critère de s’appeler Benjamin pour être guitariste dans Sidilarsen ?

Viber : C’est obligé oui ! (Rires)

Didou : « L’esprit léger » qu’ils avaient tous les trois – je dis « léger » mais ils envoyaient du lourd – il ne se prenaient pas la tête alors qu’avant, dans Sidi, on se prenait beaucoup la tête… On ne se rentrait pas dedans, mais on se faisait des nœuds au cerveau. Le calcul, la compo… Eux, ils sont arrivés, et c’est plus simple. Nous (Vyvber et Didou), on accueille ça et on n’a jamais été autant dans la joie, comme le dit Viber, on n’a jamais été aussi bien quand on a posé nos textes et nos lignes de chant.

Si vous deviez, chacun, ne retenir qu’un titre de Que la lumière soit pour expliquer ce qu’est l’esprit de Sidilarsen aujourd’hui, ce serait lequel et pourquoi ?

Didou : C’est compliqué…

Marvyn : Logiquement, je pense au single, parce que c’est un peu l’approche qu’on a eu quand on a pensé au single à sortir pour présenter l’album. Il fallait quelque chose qui représente l’album et qui ait aussi sa propre personnalité : On revient sur terre, donc, parce qu’il y a un peu de tout ce qu’on retrouve sur l’album, un refrain épique qui rassemble, la partie un peu plus metal… un peu de tout !

Viber : Moi, ce serait Adelphité, pour le côté rassembleur et le coté, quand même, revendicatif. Il est mid tempo et bien lourd, et très mélodique. C’est des trucs qu’on n’arrivait pas à faire avant, qu’on avait essayé il y a longtemps mais un peu abandonné… Mais aussi par rapport aux impressions que j’ai reçues de gens autour de moi qui ne sont pas du tout dans le metal… Cet ensemble de choses, avec des influences assumées, qui me représente vraiment aujourd’hui. Un nouveau Sidi…

Didou : C’est difficile, parce que j’aurai répondu la même chose qu’eux deux. Je vais faire exprès de répondre différemment (rires). Je dirai Du sang sur les fleurs. En plus, c’est aussi un clip, et ces jours-ci, je trouve qu’il représente une nouvelle facette de Sidi. Même si on ne peut pas nous représenter avec un seul morceau, c’est un titre très changeant, très vivant. Sur ce nouvel album, et c’est aussi ce qui nous rend heureux, il y a beaucoup de morceaux qu’on estime « forts ». Il y a un bon paquet de titres qui nous tiennent à cœur et les gens ont l’air de bien recevoir ça.

Viber : Il y a des choses qu’on n’aurait pas faites avant, qui se justifiaient pour nous de manière différente. Là ce n’est plus le cas, ce n’était pas dur à faire, avec des passages plus posés, plus aérés.

J’ai l’impression qu’il y a aujourd’hui une belle unité dans le groupe, en tous cas, vous semblez satisfaits de l’arrivée de Marvyn. Si aujourd’hui vous deviez réenregistrer un des albums de Sidilarsen avec le line up actuel, ce serait lequel ?

Viber : Probablement Une nuit pour sept jours, parce que (Didou et Marvyn approuvent)… Tu es d’accord aussi ?

Marvyn : Oui, mais pas pour les mêmes raisons…

Viber : C’est un de nos albums les plus arrangés. On avait beaucoup travaillé sur le son et on a été déçus du mix…Au final, c’est trop brutal, c’est sec…

Didou : Ça manque de dynamique.

Viber : On a été frustrés. Après (se tournant vers Marvyn), vu de l’extérieur…

Ca a été ton choix, aussi, Marvyn…

Marvyn : Oui, parce que c’est un album de cœur dont je ne me lasserais jamais. Et je l’aime aujourd’hui avec ce son-là. C’est un plaisir coupable, mais ça serait moins bien, c’est juste pour dire « j’y étais » ! (Rire général)

Didou : Je dis la même chose parce que c’est vraiment l’album qui nous a le plus frustrés. Il y avait de belles choses dessus, premier album composé à 100% avec Benben qui avait apporté beaucoup de mélodie. On était dans cette fameuse période de « aucune limite à rien » on osait tout.

Marvyn : je le trouve plus dans l’esprit de ce qu’on fait maintenant, il est plus metal, et on est plus metal…

Didou : Je suis assez d’accord. Mais je sais que Sylvain et toi vous êtes d’accord là-dessus, même au niveau de la prod – et nous, on la trouve à chier…

En même temps, c’est souvent une impression qu’on retrouve de l’extérieur, il y a des dizaines d’albums qu’on pourrait citer qui plaisent au public mais pas aux musiciens…

Didou : Bien sûr, et c’est totalement subjectif.

Il y a de très belles dates à venir, un mois d’octobre bien rempli avec un Sidifest, un Olympia, une date avec Crisix aussi… Comment vous préparez toutes ces dates importantes pour Sidi ?

Viber : On a fait des résidences pour travailler la lumière, la scénographie, on a beaucoup répété…

Didou : A partir de maintenant, les meilleures répètes, c’est les dates.

Vous envisagez la possibilité, en discutant après les concerts de modifier la set list parce que tel morceau ne passe pas aussi bien que vous le pensiez ?

Didou : Ah oui !

Marvyn : On ne le fait pas à chaque date, mais presque…

Didou : On ne modifie pas forcément la setlist, mais on modifie soit des arrangements, soit des détails…On modifie beaucoup. On va même refaire des résidences après l’automne pour encore peaufiner le show. Cet album, on a envie de le défendre sur plusieurs années. Les gens nous disent « waow, c’est une belle tournée », mais en fait, non : ce n’est que le début ! On va le défendre longtemps cet album, il le mérite.

Vous allez le défendre longtemps : on le sait en France, rares sont les groupes de rock qui peuvent vivre de leur musique. Avez-vous, dans voos autres vies, des activités plus alimentaires ?

Didou : On a la chance, et on n’est pas beaucoup en France sur la scène metal, de pouvoir en vivre. On est intermittents du spectacle, et on a quelques plans à côté parce que Sidilarsen ne peut pas tourner tout le temps. Parfois, il faut se mettre en retrait. Il faut se poser, se retirer pour composer et dans ces moments-là, on n’a pas de cachets. Ceci-dit, on a maintenant la chance de travailler avec une maison de disque sérieuse qui nous donne un cachet pour le travail en studio, mais parfois on est obligés de compléter. En tant qu’intermittents, on a des plans « tech », toujours dans le domaine de la musique.

Marvyn : Pareil, je fais pas mal de plans « home tech » pour des groupes.

Didou : Sylvain et Benben aussi. On a la chance de pouvoir le faire, j’ai bien conscience qu’il y a pas mal de groupes pour qui ce n’est pas le cas, mais je peux te dire qu’on ne chôme pas. Parfois, on fait des   heures par semaine. On s’occupe de tout, on fait la com’, le management, le merch… C’est une boite, Sidilarsen. On a des réunions toutes les semaines, sauf quand on est en tournée où, là, on se voit tellement (rire général). On a le temps de parler dans le camion. Les gens ne le réalisent pas forcément, mais aujourd’hui, un groupe se gère sur un million de plateformes différentes, des réseaux… il y a toujours plus de trucs à gérer…

Viber : Toujours plus de trucs à gérer et moins de pognon qui rentre… le streaming vidéo, par exemple, ça rémunère zéro. L’ADAMI s’en plaint, il y a plein de choses qui ne sont pas mises à jour…

Terminons avec ceci : quelle pourrait être la devise de Sidilarsen en 2024 ?

 Viber : … Que la lumière soit !

Marvyn : Ça marche aussi en devise !

Vous avez quelque chose à rajouter ?

Didou : rendez-vous au Sidifest et à l’Olympia en octobre.

On va peut-être commencer par le Rock In Rebrech, ce soir, non ? (Rire général)

Didou : Oui, bien sûr, on passe tout à l’heure… à 23h30…

TRIGGER KING: The giant rooster Ep

France, Rock (Autoproduction, 2024)

Comme son nom l’indique, The giant rooster est un Ep. Composée de 5 titres, cette carte de visite des Rois de la gâchette, Trigger King – groupe formé à Mulhouse en 2021 – nous propose un rock à la fois épuré et plein d’émotions. Chaque titre a sa spécificité, nous replongeant dans diverses époques de rock simple et direct qu’on aime. C’est la rencontre entre le guitariste/chanteur à la voix sensuelle et suave Georges Baramki et Hugo Cladé, le guitariste aux riffs léchés et bluesy, sautillants et trépidants, qui lance ce projet auquel se joint la section rythmique (le bassiste Gilberto Izquierdo et le batteur Rémy Dutscher). Si le quatuor ne réinvente rien, il inclue tant d’âme dans ses sources d’inspirations qu’il crée son propre son. On navigue de BO de série télé des 90’s (Take me by surprise) et rock quelque peu psyché (Riding high) en passant par des sonorités plus rock US 70’s (Season in the sun), southern rock (Butterflies) ou la très jolie ballade sentimentale (Reaching for the moon), le tout chanté dans un anglais parfaitement maitrisé. Voici un disque si chaleureux et réussi qu’on a simplement envie qu’il continue encore et encore. Un de ces albums qui donnent simplement envie d’être réécouté pour le plaisir. Une réussite prometeuse qui, espérons-le, permettra à Trigger King de se placer sur le podium des futurs grands espoirs du rock international. Car, oui, il s’agit bien de ça, bien plus que de rock simplement étiqueté « français ». Un groupe à découvrir d’urgence.

BROK N FACE: Leave to live

France, Rap Metal/Metalcore (Ep, M&O, 2024)

Cinq petits titres qui bastonnent, c’est ce que nous propose BrokNFace, nouveau venu sur la scène dite Rap Metal/Metalcore mais qui n’est pas que ça. Les amateurs de Hip Hop énervé et de mangas seront aux anges à la découverte de ce Leave to live – belle philosophie que de « partir pour vivre », doux pendant de « Rester, c’est mourir un peu ». Les fans de Rise Of The North Star et consorts seront ravis de pouvoir enfin trouver un peu de concurrence car BrokNFace inclus plus que les simples références précités dans sa musique. Le chant allumé évoque parfois un Mike Patton déjanté (comment ça, c’est un euphémisme?) sur fond de guitares syncopées et de rythmiques décalées. Ou l’inverse. Ca donne l’impression d’aller dans tous les sens mais l’ensemble reste sous contrôle. Leave to live a besoin de temps pour être digéré, le groupe proposant une musique complexe qui doit se révéler brutalement sur scène. A découvrir.

Interview: PRINCESSES LEYA

Entretien avec (de gauche à droite sur la photo) Dédo (chant), Cléo Bigontina (basse), Xavier Gauduel (Batterie) et Antoine Schoumsky (Guitare, chant),. Propos recueillis au Rock In Rebrech 13 le 25 juin 2024

On n’a pas tous les jours rendez-vous avec une altesse royale. Alors quand elles sont quatre d’un coup, on sait qu’on va passer un bon moment. Avant d’enflammer le public du Rock In Rebrech, les Princesses Leya nous ont accordé une audience à leur image : fun et décalée.  

On connait l’un (Dédo) en tant qu’humoriste, l’autre (Antoine Schoumsky) comme acteur et doubleur, mais quelles sont les activités hors Princesses Leya des deux autres ?

Cléo : Je suis bassiste, des Princesses Leya et d’autres projets aussi.

Xavier : Je suis producteur de spectacles vivants, plutôt dans l’humour.

Tu produits les deux messieurs ici présents ?

Xavier : Entre autres, oui.

Antoine : En fait, c’est comme ça qu’on s’est rencontrés. Monsieur était mon tourneur quand je faisais mon seul en scène, je faisais le comique à une époque, et maintenant Xavier s’occupe du spectacle de Dédo. A un moment, on a tourné ensemble sous le nom des Insolents et c’est Xavier qui s’occupait de nous.

Les Insolents… Pourquoi les Princesses Leya, alors ?

Xavier : On cherchait un nom un peu féminin dans ce monde de metal, un peu trop masculin, et un soir, par hasard… enfin, « par hasard »… Quand Carrie Fisher est morte, j’ai envoyé un texto à Dédo en suggérant Princesses Leya…

Carrie Fisher est morte ???

Xavier : Ouais, je suis désolé. Fin de l’interview ! (Rire général)

Antoine : C’était il y a 7 ans en plus…

Dans l’univers des Princesses Leya… D’ailleurs, on dit Les Princesses Leya ou Princesses Leya ?

Antoine : C’est comme on veut. On est quatre princesses, quatre petites princesses…

Petites ?

Antoine : On fait pas 2m15, on n’est pas NBA non plus…

Xavier : Pas encore…

Antoine : On est des princesses de taille moyenne. Mais c’est long à dire. « Petites princesses » c’est mignon, « de taille moyenne », c’est chiant…

Cléo, comment es-tu arrivée dans ce groupe de trois mecs ?

Cléo : Ben… Parce que je suis bassiste et, du coup, ils cherchaient une bassiste, et j’ai passé une audition. Que j’ai a priori brillamment remportée puisque, en plus, je suis encore là, sept ans plus tard…

Xavier : Parce qu’il n’y avait que toi, aussi…

Cléo : C’est vrai.

Dédo : Elle aurait pu la louper en étant seule quand même…

Vous avez un peu d’actualité puisque, il y a quelques temps déjà, est sorti votre dernier album, The big bang therapy sur lequel on retrouve le côté décalé qu’on avait découvert sur le premier album. En revanche, c’est un album beaucoup plus musical, avec moins de sketches. Qu’est-ce qui vous a poussés à vous orienter plus sur la musique que sur les sketches ?

Antoine : Quand on a commencé avec le spectacle, on ne l’envisageait pas comme un groupe de musique mais vraiment comme un spectacle comme on a l’habitude de faire, un peu théâtral. Le premier album est arrivé un peu à cause du Covid, qui a mis un gros coup d’arrêt à nos activités, comme pour beaucoup de gens. Comme on est assez pro actifs, on s’est demandé ce qu’on pouvait faire. On s’est dit qu’on pouvait sortir un album des chansons du spectacle parce que beaucoup de gens nous le demandait à la fin. C’est après ce premier album, L’histoire sans fond, qu’on s’est dit que finalement on pouvait se comporter comme un vrai groupe. On a eu la chance d’être assez rapidement repérés et mis en lumière par le milieu metal – on a fait le warm-up Hellfest et des trucs comme ça. Au début, on n’assumait pas trop ce positionnement d’être « un vrai groupe » parce qu’on est un groupe parodique…

Vous n’assumiez pas quoi ? le « vrai » ou le « groupe » ? (Rire général)

Antoine : Un peu des deux…

Dédo : Il a raison, c’est venu de ça principalement. Et on a aussi fait une synthèse de ce premier album et de cette première grosse tournée où on s’est dit qu’il y avait peut-être un autre équilibre à trouver entre les parties théâtralisées et les parties musicales. Du coup, on a mis un peu plus de musique sur le deuxième album, et, à force, on s’est dit qu’on pouvait « assumer » un peu plus de composer des vrais morceaux. On n’est pas là, on l’espère en tout cas, que pour les blagues, on est aussi là pour la musique.

Composer de la musique, c’est une chose, écrire des sketches, c’en est une autre. Lier les deux dans l’esprit de Princesses Leya, encore autre chose. Comment vous y prenez-vous dans votre process non pas de composition mais d’écriture pour pouvoir lier les deux ?

Antoine : Pour nous, c’est les deux. On écrit des histoires, à côté on est scénaristes aussi. Tu écris une histoire sauf qu’au lieu de placer un dialogue, tu passes en mode chanson. Mais c’est le même principe. On écrit pour avoir cette théatralité, une rupture de rythme avec les blagues… C’est un autre ton…

Dédo : Les morceaux ont une certaine thématique, et par moment, on l’installe avec des passages un peu plus scénarisés, mais c’est assez fluide. Là, dans le spectacle, on se balade de dimension en dimension pour essayer de metaliser le monde et on a trouvé un lien logique entre les chansons pour articuler ça autour d’une histoire.

Justement, il y a une histoire de base, comment envisagez vous vos délires spatiaux pour les adapter sur scène.

Antoine : On l’envisage en fait comme une comédie musicale, c’est le terme qu’on employait au début. C’est un terme, tu meux tout mettre dedans, on n’est pas Kamel Ouali (rire général)

Xavier : Là tu as ouvert la porte !

Antoine : Faut pas nous embarquer sur Kamel Ouali !

Pourquoi donc ?

Antoine : Non, non, on peut faire des jeux de mots qui nous embarquerons jusqu’à jeudi prochain ! On est plus sur les comédies anglo-saxonnes, à Londres où c’est joué en live. Ils ont une culture pop rock qui est très présente. Je suis très intéressé par ces spectacles-là, leur scénographie…

Dédo : C’est vraiment pensé comme une comédie musicale ou une pièce de théâtre, en tout cas pour la partie « sho ». On l’a fait assez naturellement. Parfois, on illustrait l’histoire avec un semblant de scénario qui se dessinait et le groupe se retrouve avec différents éléments qui nous arrivent au fur et à mesure, et il y a une résolution scénique.

Antoine : Et ça reste simple, on n’a pas besoin de mettre trop d’artifices sur scène, trop de jeux de lumières.

Cléo : Déjà, il y a zéro décor, on est vraiment dans une configuration concert.

Zéro décor, mais il y a des tenues, un peu de visuel…

Antoine : Oui, mais ça tient vraiment plus sur le propos et sur ce qui nous arrive.

Dédo : Le véritable changement sur ce second show, c’est qu’on a un personnage extérieur qui interagit avec nous par le biais d’une voix. C’est le vrai changement par rapport au premier spectacle.

Simplement pour vous faire comprendre, je préfère le préciser, que j’ai attentivement écouté votre album…

Antoine : Ah ! Ça fait plaisir…

Je repends une phrase : « Vous aurez du succès et vous pourrez jouer dans des endroits dont vous ne rêviez même pas ». Euh… Rebréchien ?

Antoine (très sérieux) : Mais c’est dans la liste.

Des endroits dont vous ne pouviez pas rêver… (rire général)

Dédo : C’était impossible d’en rêver, c’est au-delà de nos rêves ! Parce qu’on ne pouvait même pas l’imaginer !

Antoine : Non.

Cléo : Impossible…

Xavier : C’est trop beau pour être vrai, en fait.

Le beau, tu le mets entre guillemets ?

Xavier : Non, non : B.O.

Il y a d’autres endroits comme ça aux quels vous ne pensiez même pas et qui se trouvent sur la liste des lieux de vos concerts ?

Cléo : C’est vrai, il y en a…

Antoine : On va retourner à la Ferté sous Jouarre, au Fertois fest 2024. J’en avais déjà entendu parler, donc je l’avais dans ma tête, je me disais « j’espère qu’un jour… » (tous approuvent).

Dédo : 2024 !

Antoine : Et je leur ai apporté du bonheur quand je leur ai annoncé : « Vous savez quoi ? On va jouer… à la Ferté sous Jouarre ».

Quelle a été votre réaction à tous, en entendant ça ?

Dédo : Moi, j’ai pleuré deux jours… deux jours d’affilée de… de toutes les émotions possibles. Déjà, il a juste dit « on va jouer à la… » J’ai commencé à pleurer… Ca m’a pris aux gorges… Oui, j’ai plusieurs gorges… Deux jours. Il m’a fallu deux semaines pour reprendre mes esprits.

Je suis obligé de rebondir là-dessus…

Dédo : Ouais.

Tu as plusieurs gorges…

Dédo : Ouais.

Profondes ?

Dédo : Nan. Tu as un problème, toi, tu fais des allusions !

Xavier : J’ai même pas entendu, moi…

Dédo : Quand on était à table, tout à l’heure, il avait des propos équivoques…

Moi ?

Dédo : Oui, oui…

Mais ça n’a pas été enregistré ! (Rire général) Sur le dernier album, si vous deviez chacun ne retenir qu’un seul titre…

Cléo : Oh, non ! Trop dur !

(Rire général suivi d’un joyeux bordel) Attends, laisse-moi finir !

Cléo : Non, non…

Est-ce que je vous interromps, moi ?

Cléo : Non, c’est vrai. Je suis désolée…

Donc, si vous deviez chacun ne retenir qu’un titre pour expliquer ce qu’est l’esprit de Princesses Leya aujourd’hui, ce serait lequel ?

Antoine : Big bang. Parce que l’album est une exploration du pourquoi l’univers part en couilles et que dans chaque univers où on va on ne trouve que des gens fracassés ou débiles, on se dit  qu’il faut trouver la raison pour laquelle l’humanité évolue toujours merdiquement, et il faut aller à la source : au big bang.

Xavier : Moi ce sera… Je ne me souviens plus de la question

Je reformule : si tu devais choisir un titre de l’album pour expliquer à quelqu’un ce qu’est l’esprit du groupe, ce serait laquelle ?

Xavier : Ah ! Alors ma préférée…

Pas forcément ta préférée, celle qui vous représente le mieux.

Xavier : Alors, je vais laisser la parole à Cléo et à Dédo, je réfléchis pendant ce temps…

Cléo : Je dirai Analphabet, ça résume bien le délire du groupe…

Antoine : Il y a un peu de débilité là-dedans, aussi…

Vous vous rendez compte que, si on change l’orthographe du mot on en change tout le sens, étymologiquement ? Analphabète, il y a An – dépourvu de- alphabet. En remplaçant le ph par un f, on a « anal », pas besoin d’explication, la note fa et « bête », idiot. Donc, « un imbécile qui fait de la musique avec son cul »…

Antoine : Ah, c’est un point de vue…

Dédo : C’est d’ailleurs ce qu’on aime, que chacun se fasse son interprétation. Il n’y a pas d’explication dans tout ce qu’on fait, mais si les gens trouvent ça incroyablement malin et intelligent, avec plaisir !

Mais tout ce que vous faites est incroyablement malin et intelligent !

Xavier : Oh, c’est gentil…

Cléo : Mais il dit ça parce qu’on est là

Exactement ! Cléo, pourquoi Analphabète ?

Cléo : Parce que je pense que ça représente bien le côté second degré du projet, on ne se prend pas la tête. On sait qu’on est des gens intelligents et qu’on peut rigoler de ces choses-là…

Vous êtes intelligents.

Cléo : Ouais.

Et vous avez cette intelligence, celle de l’autodérision.

Cléo : Complètement…

Dédo : Je vais en choisir une autre alors… Kangourou Garou, je pense, pour les mêmes raisons : il y a une thématique décalée et c’est un peu metal, ça part aussi sur autre chose musicalement, d’autres influences. Ça mélange plusieurs genres, plusieurs thèmes…

Cléo : Eh, mais moi, là je suis d’accord, en fait !

Xavier…

Xavier : Alors, je dirais Boulimie cannibale pour la simple et bonne raison que c’est ma préférée de mon groupe préféré, Princesses Leya

Cléo : Oh, c’est mignon…

Tu ne serais pas un peu fayot, toi ?

Xavier : Ecoute… Je laisse en décider les superbes personnes qui vont lire ton superbe article.

Quels sont les projets à venir pour Princesses Leya ?

Antoine : Il y a une tournée avec Ultra Vomit en novembre…

Ultra Vomit/Princesses Leya… on n’est pas du tout sur le même registre d’humour.

Antoine : Quand on a commencé, c’est là où on peut un peu se prendre la tête, on cherche des sujets. Il y a beaucoup de choises qui ont déjà été explorées dans le scato , les gros nichons et compagnie. On s’est demandé si cet humour-là viellii bien, on n’est plus tellement adolescents même si jeunes dans la tête. On veut réussir à faire un mix de paroles qui parlent de faits de société mais de manière légère. On essaie de ne pas trop aller vers un humour qui est déjà très bien fait par d’autres personnes.

Comment travaillez-vous ces sujets ? Est-ce que chacun arrive avec une idée de thème à aborder ? On pense à l’analphabétisme, mais aussi à la misère sexuelle dans Baise tout seul…

Antoine : On n’en débat pas… Ça vient tout seul, même si, naturellement, ça nous est déjà arrivé de travailler des chansons qui ne rentre pas avec le reste…

Qu’est-ce qui fait que ça va passer ? C’est d’abord votre ressenti ?

Cléo : Ça joue aussi, oui…

Antoine : C’est d’abord les compos. Ce n’est pas tant les thèmes que ce qu’on en fait. Quand on arrive avec des thèmes, on développe les paroles, parce qu’on a tel scénario. Entre la V1 et la version qu’on a enregistrée, il y a un grand écart.

Dans votre type de délire, il y a aussi la scène. Y at-t-il des morceaux que vous avez retirés parce que, contrairement à ce que vous imaginiez, ils ne fonctionnent pas si bien que ça ? Le public n’est pas aussi réceptif.

Dédo : On a essayé de voir quelle serait notre setlist préférée, et on a articulé le spectacle autour de ça. Mais je ne pense pas qu’il y ait un morceau spécifique qui ne passe pas…

Antoine : Il y a ce nouvel album, donc il faut quand même faire un mix entre les deux albums : il y a un bon nombre de nouveau titres, mais il a fallu nous demander ce qu’on gardait de l’ancien album. On sait que ces trois chansons là fonctionnent très bien, donc on les garde… Maintenant, avec le nouveau spectacle, on est beaucoup plus proche du concert que d’un spectacle musical, et on prend ce tournant de mettre la musique plus en avant que le théâtre. C’est plus une question de rythme : un spectacle doit avoir des moments d’émotion, ça part fort, il y a des moments de pause, ça repart…

Dédo : Trouver une homogénéité dans la setlist. Il faut faire en sorte d’équilibrer les moments calmes et ceux qui bourinent un peu plus.

Y-a-t-il des thèmes qui n’ont pas leur place dans Princesses Leya ?

Antoine : Non… Comme je le disais, la blague pour la blague, empiler des blagues et des jeux de mots, ce n’est pas ce qui nous intéresse. On aime bien l’idée d’un concept. S’il y a un troisième album, il faut qu’il y ait une histoire derrière.

Dédo : Le but, ce n’est pas d’être moralisateurs. Si on arrive à avoir un second degré de lecture, on est très contents. Il y a des gens qui choperont le truc, d’autres, pas du tout.

Xavier : Ca se trouve, le troisième album sera totalement absurde, il parlera des fourmis ou d’autre chose…

Ah ! Ca plaira à Bernard Werber !

Xavier : Il y aura toujours des gens pour voir quelque chose.

Antoine : C’est ce qui est rassurant : même si dans une chanson on n’avait rien à dire, il y aura quelqu’un pour nous demander : « mais qu’avez-vous voulu dire ? »

Quelle pourrait être la devise de Princesses Leya aujourd’hui ?

Antoine : Oh, la devise… (désigannt Xavier) C’est lui le spécialiste des devises…

Xavier : Ben… moi, j’aurai dis que c’est l’euro. La devise avec laquelle on nous paye…

Antoine : Je vais laisser les intellectuels y réfléchir…

Dédo : J’ai pas de devise… J’en ai jamais eue…

Xavier : Quel mytho…

Dédo : Ah, bon ? C’est quoi ?

Xavier : « Si c’est noir, c’est beau »

Dédo : Ah bon ? C’est le proc non ?

En même temps, Xavier est habillé tout en noir…

Cléo : Parce qu’il est fan de Dédo… (rires) Mais c’est vrai : pourquoi on n’a pas de devise ?

Antoine : Parce qu’on n’est pas un pays, on n’est pas un hymne, on n’est pas un sport…

Mais vous êtes un groupe ! Alors, avant de monter sur scène, est-ce que vous avez un rituel entre vous ?

(un joyeux bordel de quelques seconde où tous parlent en même temps)

Antoine : Attends : si tu veux de la résilience, fais un groupe de metal !

Développe…

Cléo : Ouh, là ! Mais nous on sait !

Dédo : Moi, je traie une vache avant chaque concert.

On va aller en chercher une dans le champ d’à côté…

Dédo : Mais c’est prévu…

Xavier : Moi j’enquille et je fais du fromage. Un fromage à pâte dure. On ouvre la fromagerie dans pas longtemps…

Cléo : Ben moi, j’aime bien le fromage…

J’aurai pas dû poser cette question…

Xavier : Vite trayé, vite affiné…

Souhaitez-vous rajouter quelque chose pour terminer ?

Antoine : Pardon ?

Je reprends : do you want to add something before we end the interview?

Antoine: Oh, you mean “a last word”? (Avec l’accent canadien) Je voudrais parler au public français de Rebrechien… Extraordinaire…

Cléo : Amazing…

Dédo : We love Rebrechien… We deeply love « Reb the dog »…

Vous avez visité un peu Rebréchien ?

Antoine : Oui, on a fait le tour. J’ai fait 20 mètres ! Un dernier mot ? Vive le steak à Kidiland (rire général) !

RUSTHEAD: Gear up

France, Hard rock (M&O, 2024)

Rock and roll! Rusthead débarque avec Gear up, un album 100% pur hard rock n roll qui lorgne totalement et sans complexes du côté d’Angus and co. La guitare craque comme une certaine SG, le groove imparable des riffs évoquent toute la période Bon Scott mais pas que. Formé en 2018 à Cherbourg, Rusthead aime le pub rock australien d’AC/DC, The Angels ou Rose Tattoo autant que le rock énervé made in USA, avec, par instants, de belles intonations sudistes. Loin d’être rouillé, le quatuor développe une énergie communicative, et les 9 titres de ce nouvel album, même s’ils n’inventent rien, sont tellement enjoués qu’ils sont taillés pour la scène. Un groupe sérieux qui ne se prend pas au sérieux (cf. la vidéo de I’m not a slave). A quand une tournée, les gars (et la fille)?