Des guitares qui fusent, un chant clair et joyeux, des mélodies entrainantes… Tout est ici réuni pour que l’amateur de hard rock classieux et classique fasse un bond en arrière tout en restant les pieds ancrés dans son époque. C’est la recette que nous proposent les Allemands de Bowmen sur leur quatrième album, Mission IV. La mélodie est au cœur du propos musical, travaillée par des guitares aussi tendres qu’acérées. Bowmen, ce sont de vieux briscards (Markus Escher au chant et à la guitare, Jan Wendel à la guitare, Stefan Pfaffinger à la basse et Christian Tilly Klaus à la batterie) qui savent parfaitement concocter des chansons qui font mouche, quelque part entre hard rock et AOR, en y ajoutant une légère touche énervée façon grunge. Le groupe propose ainsi des titres riffus et énergiques (Demons, Said or done, Brocken man), d’autres plus foncièrement hard rock US (Fight the tide), de la tendresse (Hold me now, en version heavy ballad et repris dans une superbe version acoustique qui colle des frissons en fin d’album, Memories), lorgne parfois du côté de certains Australiens – on pense à ce riff répétitif et hypnotique sur Palace of the king qui évoque Thunderstuck. Les influences sont totalement assimilées, Bowmen ne cherchant jamais à imiter qui que ce soit et créant son propre univers sonore, d’une très belle efficacité, à l’instar de ce Rocket man enlevé et son irrésistible basse ultra groovy qui vient faire s’agiter les pieds sur le dance floor à mi parcours ou qui distribue des baffes en-veux-tu-en-voilà avec Black angel. Bowmen démontre une fois encore, si cela devait être nécessaire, que l’Allemagne du heavy rock ne se limite pas aux grands anciens qu’il est ici inutile de nommer. Aller, on en remet une couche pour énergiser la journée!
Soyons clairs: Slave To Sin est au metal ce que Metallica est à la techno. Le point commun, cependant, reste la volonté d’énergie et de puissance. Avec Control and beliefs, la formation lyonnaise démarre en trompe-l’oreille. Car Fake, première version, est un titre baigné de guitares rageuses, avec ce riff et cette rythmique hypnotiques. On pousse un peu plus loin avec What do you believe in?, morceau beaucoup plus électro aux guitares reléguées au second plan. Pourtant, la pêche est bien présente, tout comme sur Control qui traite de notre éternelle fausse croyance, celle qui nous persuade de pouvoir, à tort, tout contrôler. Hoping someday, plus soft vient clore le propos avant le bonus, la version electro de Fake. A quelques riffs saturés près, on est loin du metal. Très loin. Pourtant, Slave To Sin développe une forme d’énergie contagieuse qui donne envie de taper du pied. Et ça, ça donne envie d’en savoir plus. Mais sur le site web du groupe, on parle de musique et de projets, d’autres choses que de l’histoire du groupe… Etonnant.
Interview Kave Fest. Entretien avec Sélim, organisateur. Propos recueillis le 24 mai 2024
Le Kave Fest a lieu dans un peu moins d’un mois, du 21 au 23 juin prochain. Même si la promo a déjà commencé, ce n’est pas un peu tard pour en parler sur nos médias ?
En fait, non. On s’est rendu compte que le mois le plus crucial en termes de promo, c’est le dernier mois. Le passage à l’achat se fait le dernier mois, donc, non, je ne trouve pas que ce soit spécialement tard. On a beaucoup de promo ciblée, que nous faisons nous même en amont, mais quitte à se donner à fond, il vaut mieux faire la promo un mois avant et toucher des gens qui n’ont rien de prévus ce week end et vont se dire « ok, c’est bon ! J’y vais ! »
Dans la mesure où c’est la première fois que nous discutons, peux-tu nous rappeler l’histoire du festival ?
Le Kave Fest, c’est une histoire assez drôle, est né dans mon jardin ! On est une asso issue d’Ile de France – j’ai grandi à Chatou toute ma vie – et j’ai la chance d’avoir un jardin assez grand. A l’âge de 19 ans, j’étais batteur dans un groupe, et on s’est dit qu’on allait faire un festival. Au lieu d’aller dans les petits clubs et les bars et autres salles parisiennes emblématiques, je me suis dit qu’il y avait plus de capacité d’accueil dans mon jardin que dans ces clubs, que ça nous couterait 0 €, ce serait en open air, et on pourra vendre la bière et d’autres trucs. Du coup, on a organisé un mini festival en 2016 avec 150 personne. On gérait tout, à la fois la scène, la bière, la sécu, on a loué des toilettes… On a fait ça proprement. Le projet a grossi en 2019 puisqu’on a reçu 450 personnes dans le jardin ! A partir de là, on s’est dit que, dans un jardin, ça faisait beaucoup de monde ! On s’est demandé comment trouver le même esprit qu’à la maison – ce qui faisait le succès de l’évènement, c’était le côté très convivial et bon enfant, mes parents étaient dans le staff, mes potes du lycée aussi. Toutes les personnes qui nt bossé sur ce projet sont mes proches, je les connais très bien – et on a commencé à s’intéresser au château. On a rencontré le maire de Gisors de l’époque, qui était fan de metal et, en 2020, il nous a mis à disposition le château. Alors, 2020, 2021, les éditions ont été annulées à cause du Covid, mais malgré ces deux années d’absence, on a pu faire une édition dans le château de Gisors sur 2 jours avec 800 personnes par jour, donc 1.600 spectateurs. C’était le début de l’aventure : à partir de là, je me suis professionnalisé – je suis devenu chargé de production pour d’autres festivals et autres – et on a commencé à rentrer dans d’autres dimensions d’événements avec relations avec la Préfecture, etc. C’est donc là que l’histoire du Kave Fest version château est née. L’histoire veut que ça ait commencé de manière très familiale et conviviale, le crew est toujours le même depuis le jardin… Le gars qui tenait mon bar a l’époque aujourd’hui il fait « resto-bar » et il a un bar avec 12 barmen en front avec 12 tireuses à bière alors qu’à l’apoque, c’était une tireuse dans mon jardin ! Donc c’est tous ensemble qu’on a fait un pas en avant et qu’on a créé ce festival.
Ce sera l’édition numéro combien ?
Dans le château, ce sera la troisième. La septième si on compte celles de Chatou, mais j’ai du mal à les compter parce qu’il y a vraiment un gap en termes de travail et de production. Ce n’est plus pareil du tout. Il n’y a pas les mêmes enjeux, d’un point de vue financier ce n’est pas la même chose. La seule chose qui soit restée, c’est l’énergie. On travaille toujours pour avoir un festival dont l’ambiance est familiale et conviviale.
Comment sélectionnez-vous les groupes qui seront à l’affiche ?
On a une éthique : on veut un festival qui soit le plus éclectique possible, on veut avoir tous les sous genres de metal et de rock aussi, en tout cas, le plus possible. Vu qu’on a qu’une seule scène, alors qui dit sous genre différent dit artistes qui, chacun dans son genre, restent accessible. Je prends l’exemple de Sceptic Flesh : c’est un groupe de death mélodique qui a aussi des codes de heavy moderne dans ses sonorités. C’est un groupe qui reste accessible pour quelqu’un qui écoute Alphawolf ou du metalcore, par exemple. On construit l’affiche à partir de tous ces sous genres mais avec cette accessibilité et la capacité d’un public à se retrouver à écouter un peu de tout. C’est le premier élément, celui de la direction artistique. Le deuxième élément, c’est tout simplement le coté budgétaire. A partir du moment où on a réussi à booker nos têtes d’affiche, qu’on a négocié avec eux, qu’on a de bonnes offres, qu’on a pu négocier avec les bookers… Dès que nos têtes d’affiches sont posées, on va chercher les groupes intermédiaires, forcément moins chers, mais toujours avec l’idée d’avoir tous les sous genres à l’affiche. Si on réussi à négocier un Plini – qui n’est pas venu en France depuis un bail et qui est quand même une tête d’affiche costaude par rapport à notre taille -on sait qu’on va avoir une TA un peu prog. Donc on sait qu’on va devoir aller chercher des groupes un peu différents pour couvrir tous les genres. On cherche à avoir une complémentarité dans l’affiche.
Donc, contrairement à certains autres festivals très orientés vers un seul genre, folk, extrême ou autre, le Kave Fest cherche la variété. Il y a effectivement une belle variété de genres à cette affiche. Il y a un nom qui m’amuse bien, c’est Amical Tendencies, j’imagine que c’est un tribute ?
(il rit) Ouais ! Amical Tendencies, ce n’est pas un tribute, c’est un DJ set. En clôture de festival, le samedi soir, il va reprendre un peu tout, de l’électro au metal, ce qui permettra un lâcher-prise en fin de journée.
Aujourd’hui, quelle est la capacité d’accueil du Kave Fest ?
On n’aime pas avoir les yeux plus gros que le ventre, donc la première année on s’est limités à 800 personnes par jour. En 2023, on est montés à 1.200 personnes par jour, et on a fait sold out. Là, l’objectif est un peu plus gros, mais réalisable : 2.000 personnes par jour, donc 6.000 en tout.
Sachant que vous avez rajouté une journée…
Oui, on a rajouté une journée. L’avantage du château, c’est que c’est un « bac à sable », on peut en faire ce qu’on veut à partir du moment où on l’aménage intelligemment. La vraie capacité, sur le plan sécuritaire et structurel, c’est 3.500 à 4.000 personnes par jour. Nous, on ne veut pas remplir cette jauge parce qu’on n’en a pas la capacité, ce serait nous tirer une balle dans le pied. On y va petit à petit, et aujourd’hui, on en est à la moitié de la capacité du château, à 2.000 personnes par jour.
Ce qui permet de conserver un esprit familial…Pour quelle raison avez-vous rajouté une journée supplémentaire qui, de plus, est gratuite ?
Parce que ça tombe le week end de la fête de la musique. Pour être très honnête, ça s’est fait un peu par hasard : on savait qu’on allait passer à 3 jours à un moment, mais pas cette année. Mais avec les jeux olympiques… La flamme olympique passe au château de Gisors le 6 juillet, ce qui est notre week end habituel, le premier week end de juillet. On essaie de se placer stratégiquement par rapport au Hellfest, qui a décalé son week end au dernier week end de juin, et le week end du juillet, dernier un peu viable avant que les gens ne partent en vacances, c’est aussi la fête nationale, donc le château est pris par la ville… Le seul moment disponible était le week end des 22 et 23 juin. Le 21, c’est la fête de la musique, alors on a proposé à la ville de nous aider, financièrement, structurellement, pour intégrer une proposition gratuite de rock et de metal au public local. La ville nous a totalement soutenus, nous a aidés avec la communauté de communes, le département, on a reçu des aides pour cette journée-là. Très simplement, la ville a pris en charge la billetterie potentielle de a journée de vendredi pour pouvoir la rendre gratuite pour tous.
Pour participer à cette journée gratuite, il faut s’inscrire quelque part ? Ce qui vous permettrait d’avoir des prévisions de visites, ou alors vous allez recevoir tout le monde au fil de l’eau ?
On a une inscription automatique avec l’achat du pass 3 jours – qui est moins cher que 2 journées puisqu’il est à 66 euros contre 36 euros la journée. Sinon, on va le faire au compte-gouttes parce que le vrai public cible, c’est le public local qui a envie de découvrir le rock et le metal. Les curieux vont avoir envie d’aller au château de Gisors, certains n’auront peut-être pas de culture metal, mais dans les villes de provinces, les gens bougent beaucoup pour la fête de la musique. Nous, on veut s’inscrire dans cette idée-là : les gens arrivent au château, s’ils veulent entrer et rester une heure, deux heures ou la journée, ils sont bienvenus.
Pour des gens qui ne connaissent pas le metal, il n’y a guère que Storm Orchestra qui soit « accessible ». Des groupes comme Psykup et Novelist ça déménage !
Il y a aussi Oakman qui est plus accessible… Quoique, Novelist, avec sa nouvelle chanteuse, c’est fun aussi, plus simple d’écoute pour quelqu’un qui ne connait pas le metal. Il y a des riffs vénères, mais c’est plus accessible, et Psykup reste très énergique aussi mais avec un esprit décalé.
Dans les affiches passées, quels sont les 3 groupes que tu es très content d’avoir eu à l’affiche ?
Alors, c’est parfait, il y en a 3 que j’ai en tête ! Même s’il y a plein de groupes qui m’impressionnent. Mais il y en a 3 qui ont une histoire particulière : le premier c’est Landmvrks qu’on a signés en 2020 avant le Covid, avant qu’ils n’explosent. Ils ont quand même accepté de jouer le jeu en 2022. Ils ont fait la tête d’affiche alors qu’ils avaient bien grossis. Là, il y a un « petit flair », et je suis assez content d’avoir été fan et de les avoir repérés avant qu’ils n’explosent et de les avoirs eus quand ils ont grossis. Myrath… Je suis tunisien d’origine, et c’est un groupe de cœur qui fait référence à mes racines, je les ai découverts là-bas… C’est le plus gros groupe qu’on a reçus, il y avait une prod, un cracheur de feu sur scène, donc il y avait aussi des enjeux sécuritaires. Et Diablo Swing orchestra. On est les premiers à les avoir fait venir en France après 10 ou 12 ans d’absence. Je les écoutais au lycée et je savais qu’il y avait un vrai public qui les attendait. Même eux étaient surpris ! et la rencontre humaine était très sympa.
Et cette année, il y a un groupe que tu es particulièrement fier d’avoir signé ?
Pff… Si je dois en citer 3… Évidemment, Plini. Ils sont Australiens, c’est un groupe qui a une renommée mondiale plus qu’internationale. Fierté personnelle aussi avec Thrown (NdMP : je crois…) qui est un peu comme Lanmvrks un groupe que j’ai repéré relativement tôt et qui est en train de péter, et Ankor, un groupe espagnol avec une chanteuse. C’est rare un groupe aussi prometteur avec une chanteuse. Je suis très content de les avoir cette année parce qu’on ne sait pas si ce sera encore possible dans 3 ou 4 ans…
Quelles sont les valeurs que le Kave Fest veut mettre en avant ?
A la base, on est un groupe de potes, alors je ne sais pas si on peut parler de « valeurs » pour faire un festival. On n’est pas engagés dans une vie sociale, par exemple. Par contre, on a une éthique plus que des valeurs… Une éthique écologique, on est aidés par Ecofest qui donne des conseils à des festivals, qui fait un audit pour mettre en place des process écologiques dans nos actions. Evidemment, on a une éthique féministe, dans la programmation et dans notre équipe. Je l’ai dit, on est une équipe de potes et dans la bande, il y a des filles. Elles ont des responsabilités dans l’asso et elles apportent une sensibilité différente, vraiment. Un truc « débile » auquel je n’aurai jamais pensé : une de mes responsables a simplement suggéré d’avoir des tampons au cashless afin de pouvoir dépanner les festivalières. C’est vrai que jamais de ma vie je n’y aurai pensé… On pense aux bouchons d’oreilles, on a ce qu’il faut si tu es en galère, mais on ne pense pas à ça. Et c’est important… C’est évident pour des filles mais absolument pas pour nous, et ça fait du bien, ce genre de recul… Il y a aussi le côté home-made : on travaille avec un brasseur local, pour la bière et le cidre, il y a des artisans qui sont à l’entrée du village… Ce n’est pas tant le côté patrimoine que le fait de nous entourer de gens qui aiment leurs produits et qui ont une dimension humaine, artisanale de ce qu’ils font.
Quelles sont les activités extra-musicales que le festivalier peut trouver s’il a envie de faire autre chose que de simplement participer à des concerts ?
Très bonne question, puisque cette année on a décidé de mettre les bouchées doubles sur cet aspect. On n’a qu’une seule scène, donc les changements de plateaux varie entre 25 et 35’, donc des temps morts assez importants. On a toujours voulu proposer dans ces moments des choses intéressantes. A une époque, on avait uniquement le village avec stand de tatouage, boddy wrok shop et autres et cette année on a décidé d’avoir une deuxième scène – pas encore nommée mais qui pourrait s’appeler la Basse Kour – avec une cracheuse de feu, des spectacles d’hypnose, de magie, des bardes qui font des reprises rock avec des instruments médiévaux, des chevaliers – qui étaient déjà là l’an dernier mais qui reviennent avec un show encore plus grand – du tir à la corde, des jeux… C’est ce qui fait l’ambiance familiale du festival.
Le festival dure 3 jours. Où le public peut-il dormir ?
On a un camping qui est mis à disposition par la Fermette bio de l’Epte qui peut accueillir 300 personnes. C’est également eux qui nous fournissent les aliments pour la cuisine – on ne fait pas appel à des food trucks, on fait tout nous-mêmes – et le propriétaire de la ferme nous prête son terrain. Il a construit des toilettes sèches, fait des aménagements pour accueillir 300 personnes. C’est pas énorme, mais c’est pas mal non plus, on fait camper des gens là-bas. C’est un camping qui est un peu plus « chiant » que dans la plupart des festivals metal parce qu’il y a un couvre-feu. Moi ça me va : il y a des chèvres, des canards, des animaux qui dorment la nuit. Une ferme, quoi ! Donc on interdit l’alcool, le tapage nocturne après minuit… Le metalleux ont l’habitude des campings avec apéro et la fête toute la nuit, nous, non. On a déjà eu quelques commentaires négatifs du style « on peut pas s’amuser » mais dans l’ensemble, les gens sont plutôt content d’y être. C’est un lieu qui est calme, propre, en adéquation avec les valeurs de la Fermette et des gens avec qui on travaille.
Donc pas besoin de bouchons pour dormir…
Potentiellement il y a les coqs et le chèvres (il sourit). Je conseille quand même les bouchons, même s’il n’y a pas les apéros à 3 heures du mat’ !
Tu parles de couvre-feu, quelles sont les amplitudes horaires du Kave fest ?
On fait du 17h-1h du matin le vendredi, le samedi de midi à 1 heure et le dimanche de midi à minuit, avec ouverture des portes une heure avant le début des festivités. L’avantage du château de Gisors, c’est que c’est le terminus de la ligne J. Les gens peuvent venir directement de Paris. On a calé la dernière tête d’affiche afin que les gens puissent rentrer sur Paris après le dernier concert.
Le camping a une capacité de 300 personnes. Quid des non parisiens qui ont besoin de dormir ?
Eh bien… Hôtel, il y a beaucoup de gens qui dorment dans leur voiture aussi…
Novelist revient.
Ouais !
Vous leur filez une carte de fidélité avec un troisième gratuit ?
(Rires) Du coup, c’est eux qui nous font le troisième gratuit ! On aime bien faire revenir des groupes parce que parfois il y a des rencontres et des ententes cools. On essaie de ne pas trop le faire vis-à-vis du public mais avec une nouvelle chanteuse, un nouvel album qui arrive, ça fait du bien de les avoir de nouveau. Ils sont cools, et musicalement ils ont quelque chose de nouveau à proposer. Il y a Detvar aussi qu’on fait revenir, il y en a d’autres qui reviendront aussi.
Quelle est la typologie du festivalier type du Kave Fest ?
Je les aime bien nos festivaliers… J’ai un souvenir d’une chose qui m’a marqué : en 2022, on était épuisés avec l’équipe, on était en sous-effectifs et on ne s’attendait pas à autant de monde. On a un rituel avec l’équipe : à la fin de la journée, avant le DJ Set, je fais monter toute mon équipe sur scène et on fait un remerciement général et on dit au revoir au public. Ce soir-là, on était crevés, et j’ai demandé au public de bien vouloir ramasser ses déchets, les mégots, les éco-cups… sinon, c’est à nous de le faire le lendemain… Véridique : le lendemain matin, le site était nickel. C’est ce qui est beau avec le Kave Fest : malgré le fait qu’on se professionnalise, que le festival grossisse…, on a pour objectif de rester humain, proche, convivial.
Et le profil type du festivalier : jeune étudiant, quinqua, trentenaire, tranche d’âge, sexe, CSP… ?
Alors, on est sur 65/35% d’hommes /femmes, ce qui est plutôt bien dans notre milieu, et une tranche d’âge de 25 à 35 ans. Qui dit public metal dit aussi « un peu plus âgé » alors on a aussi des quadras. Un public relativement aisé, aussi. En termes de pouvoir d’achat en tout cas, on n’est pas sur un « public rap » avec des entrées à 10 balles et des consommations réduites. On n’est pas non plus dans le public « électro bobo parisien » et des pass à 70€ la journée… On a un public qui aime bien profiter, et nous on fait en sorte de proposer des produits de qualité.
Le public metal est aussi un public de passionnés et de collectionneurs. Au-delà du merch, le vôtre et celui des groupes, y a-t-il des espaces dédiés pour les rencontres avec les artistes ?
On essaie de manière assez… indirecte de pousser les artistes à aller profiter du festival. Ils ont bien sûr leurs loges et leur espace à part, mais on leur offre des tickets conso ^pour aller au bar. L’espace merch est aussi souvent géré par les artistes parce que sur un festival de cette taille, ils n’ont pas de gens pour s’en occuper … Donc, oui, je dirai que la rencontre est faisable. On ne fait pas d’espace signature, etc… C’est très personnel, mais je trouve qu’on perd ce côté humain du festival… Si quelqu’un fait la queue pour avoir 5’ avec un gars, même si je comprends le plaisir de rencontrer quelqu’un dont on est fan, je trouve ça bizarre, ce n’est pas dans l’esprit du festival. Maintenant, je comprends tout à fait l’intérêt de le faire quand tu es fan. Moi, je rencontre Ozzy Osbourne, je deviens fou ! Même si ce n’est que 30 secondes… Je préfère réussir à inciter les artistes, les mecs de Plini, d’Alphawolf et les autres, à aller prendre une bière avec le public dans le festival, passer la frontière artistes/festivaliers – ces mecs, ils aiment le son, eux aussi – et passer du temps avec le public.
As-tu des anecdotes croustillantes, as-tu eu des demandes particulières de certains artistes, des choses qui t’ont surpris ?
Je suis plus souvent surpris des demandes des petits artistes que des grands… Les têtes d’affiches, elles sont professionnalisées, elles savent avec quoi et avec qui elles signent. Je bosse souvent avec des bookers qui nous connaissent bien, comme Veryshow, et c’est carré. Il y a des attentes techniques, pratiques, qui vient nous chercher à l’aéroport, à quelle heure on arrive, à quelle heure on joue… Que ce soit clean, respectueux, qu’ils soient bien nourris… Ils ne me demandent jamais des quantités astronomiques d’alcool parce qu’ils ont un show à assurer. On est sur une très bonne gestion de ces artistes pro. Par contre, les plus petits groupes autogérés… Il arrive souvent qu’ils n’aient pas ces codes là et qu’ils aient des demandes… euh… ben, tu leur dis « les têtes d’affiches, on ne leur donne pas ça, alors pourquoi on le ferait pour vous ? » C’est plus maladroit qu’autre chose. Le premier point de désaccord, c’est le cachet. Parfois, tu as des artistes amateurs qui font des calculs erronés et qui te demandent des cachets à 4.000€ alors que c’est ce que tu mets pour une « semi » tête d’affiche, des groupes qui commencent à avoir une certaine notoriété. Alors pour un groupe d’ouverture… On discute, et on fini par se mettre d’accord. On peut aussi avoir des histoires de matériel technique surévalué. Parfois, il peut y avoir des exigences en matière de conso, certains veulent un open bar pour eux et pour leurs potes… Mais on parle de cas très isolés. Globalement, c’est plus de la maladresse, on discute, on leur explique et, le jour J, ça se passe toujours très très bien. On n’a jamais eu de difficulté avec des artistes. Si ! Il y a eu une histoire rigolote avec une danseuse qui n’était pas membre des groupes mais qui voulait repasser sa chemise… Elle a viré toute la table de catering pour repasser au milieu de l’espace catering parce qu’on avait oublié de mettre en place une dressing room. Une erreur de notre part, qu’on a corrigée bien sûr, mais au lieu d’en faire part à notre équipe – on aurait trouvé une table en 2 secondes – elle a viré toute la bouffe de la table…
Tu as parlé d’argent : quel est le budget d’un festival comme le Kave Fest ?
A 10% près, on est aux alentours des 200.000€. Ça varie entre 200 et 240.000 € en fonction des choses à peaufiner. Le budget est très précis sur le papier, mais il y a toujours des locations de dernière minute, des hôtels un peu différents… il y a toujours des réajustements ici et là. Et ça fait facilement 20.000 balles d’écart. Un budget qui, pour la première fois, inclus un mini salaire pour les membres du bureau. On a toujours été bénévoles, et cette année, on va reverser à tous les responsable une petite enveloppe, symbolique mais avec un budget total de 10.000 € pour les chefs d’équipe.
Le symbole du Kave Fest est un phénix. Ça vient d’où ? Le fait que le festival soit revenu à la vie après le covid, qu’il renait d’année en année ?
Tu veux la vraie histoire ? Elle n’est pas belle, mais elle est drôle… C’est une bande de potes le Kave fest, et cette bande de potes, elle est née dans la Kave du premier festival qu’on a fait dans le jardin. Une cave en pierre voutée, superbe, et on faisait toutes nos soirées dedans avec mes potes. On jouait aux jeux video, on faisait les cons et on buvait des bières. Il se trouve que la bière qu’on buvait a un phénix en logo. On s’est inspiré de ce logo de bière pour le Kave Fest – la cave avec un K, la bière un peu esprit festival et camaraderie…Il y a des gens qui nous disent qu’il faut qu’on change la « marque » du festival parce que, à part cette bande de potes, personne ne sait pour quoi ça s’appelle Kave Fest, mais j’aime bien cette histoire : une bande de potes partis de rien du tout et qui arrivent très loin.
Où en sont les ventes, un peu moins d’un mois avant le coup d’envoi ?
On en est à environ 60% de la capacité. Comme on vise les 2.000 personnes jour, on va remettre des places en vente. J’espère qu’on fera un sold-out, je le pense… Si on vend tout sur la première jauge de 1.500 personnes, on remettra quelques places en vente pour atteindre les 2.000.
As-tu quelque chose à ajouter pour conclure ?
Le Kave Fest, c’est un peu mon bébé, j’en suis très fier, et je suis mon premier public. Je pense qu’on a quelque chose de très particulier, dans l’esprit et dans l’ambiance parce qu’on un lieu extraordinaire – faut l’imaginer, quand tu arrives devant ces murailles ! – et on a une ambiance très particulière, avec cette bande de potes, les interactions avec le public… Tout le monde me le dit et je pense que lire ce que je raconte, c’est une chose, le vivre, c’en est une autre. Je vous incite tous à tenter l’expérience !
A l’image de la pochette, il n’est pas forcément nécessaire d’être totalement sobre pour plonger dans le propos de ce Fractured fate, album quelque peu allumé signé Chakora. Le quatuor allemand nous propose en effet un album totalement psyché, aux sonorités volontairement 70’s. On plonge dans un univers sonore qui évoque autant Hendrix que Hawnkwind ou encore un jeune Motörhead. Le chant, embrumé et rugueux se fait par instant plus « moderne » dans le sens hurlé et enragé du terme. Débuter avec une doublette composée de Jesus et de Muddy Waters n’a sans doute rien d’accidentel mais en tout cas, les jalons sont posés: du rock vintage, déjanté aux guitares aussi rugueuses que mélodieuses. Tout au long des 10 titres de cet album, Chakora nous entraine dans des univers datés -on a parfois l’impression que les musiciens se livrent à des joutes improvisées – tout en y incluant avec bonheur des touches exploratoires et contemporaines. La rage est telle qu’on peut aisément comprendre ce qui motive cette destinée fracturée… Une expérience hors du temps.
Interview SLAVES OF IMPERIUM. Entretien avec Matthew Barry (guitare lead) le 13 mai 2024
Comme c’est la première fois que nous parlons, commençons par la question la plus originale, décalée et rock’n’roll qui soit : Slaves Of Imperium c’est quoi, c’est qui, vous venez d’où ? Ça a été monté quand et pourquoi ?
Ah ouais… C’est une grosse question (rires) !
Je t’ai posé toutes les questions de l’interview en une seule !
C’est bien. Alors… Slaves Of Imperium s’est formé en 2019 à partir de deux autres groupes de la scène bretonne. On était tous dans d’autres groupes avant et on s’est rencontrés sur les scènes locales. On avait la volonté de créer quelque chose qui nous correspondait plus que ce qu’on faisait.
Vous étiez dans quels groupes tous ?
J’étais dans un groupe de reprises hard rock, Backstage, on tournait sur les scènes du Morbihan principalement. Cédric (Sébastian, chant), David (Péné, guitare rythmique) et Kristen (Gachet, batterie) étaient dans un groupe de metal symphonique, Inimorality. C’était sympa, mais ça ne nous convenait plus. On a monté Slaves Of Imperium ensemble pour subvenir aux besoins créatifs de chacun. Malheureusement… on a choisi le meilleur moment pour former un groupe, juste au début du Covid. Les concerts, c’était mort, donc on en a profité pour composer. Le premier album est sorti en 2022, le nouveau, New waves of cynicism est sorti le 15 mars. Il était déjà composé, un tiers ou à moitié, avant la sortie du premier album.
J’imagine que vous avez aussi pu tirer profit de cette situation afin d’avancer sur la cohésion du groupe et la composition…
Oui, ne serait-ce que d’apprendre à se connaitre musicalement. Au départ, les compos étaient basiques, histoire d’apprendre à jouer ensemble. Mais par la suite, une fois qu’on se connait un peu mieux, on compose des choses qui nous correspondent un peu mieux.
Le groupe a naturellement dû évoluer (il confirme). Quand j’écoute l’album, ça n’a rien à voir avec les styles dont tu parlais avec vos anciens groupes. Comment décrirais-tu la musique de Slaves Of Imperium à quelqu’un qui ne vous connait pas ?
C’est une musique qui est composée et mise au service de l’émotion qu’on veut véhiculer, avec des thèmes, des textes qu’on veut mettre en avant. On n’a pas de style… Enfin, si, il y a une base qui est plutôt death/thrash metal, du fait de nos influences respectives. Moi, j’écoute plutôt du thrash ou du death, Raphaël (Fournier, basse) écoute du black et du prog, on a tous nos influences… Pour autant, on ne cherche pas à rester dans un style spécifique, ce qui sort, c’est naturel.
Quels sont les thèmes « littéraires » que vous abordez ?
On a une influence qui est assez littéraire en effet. Notre chanteur, quand on lui demande quelles sont ses influences en musique, il va citer des écrivains… Les deux albums sont une suite logique, en fait : dans le premier album, on analyse les émotions de l’être humain, et on les décortique. Dans le second, on va encore plus loin et on regarde ce qu’il se passe dans notre cercle familial, privé. Et on se rend compte qu’il y a des horreurs abominables qui se passent parfois juste en bas de chez soi… et personne n’en parle, on ne s’en rend pas compte. On fait le lien avec ces deux albums entre l’humain et ce qui peut lui arriver de pire.
Le premier album c’était Observe. Analyze. Sanitize. qui est sorti il y a maintenant deux ans. Comment analyserais-tu l’évolution, humaine et musicale, du groupe entre ces deux albums ?
L’évolution humaine est logique : on commence à composer alors qu’on ne se connait pas… On se connaissait un peu, mais pas au niveau d’aujourd’hui. Plus on travaille ensemble, plus on sait ce qu’il faut faire pour que ça corresponde à chacun, et que ça intègre les envies créatives de chacun. Musicalement… Le premier album est, on peut dire, plutôt simple dans son approche. Justement parce qu’on ne se connaissait pas suffisamment. On avait un thème, des morceaux qui était composés un peu chacun de son côté. J’en avais composé avant même de monter ce groupe, Cédric aussi. On a mélangé tout ça comme on a pu. New waves of cynicism a été composé ensemble, avec l’expérience de chacun.
Donc c’est de ce côté qu’il faut chercher l’évolution, chacun ayant pris part à la composition et ayant pu donner son avis.
Exactement. Du coup, le résultat est beaucoup plus varié, contrasté, dynamique… lourd et sombre, aussi. C’est vrai que le premier album avait une base thrash bien présente, tandis que là, on n’hésite pas à briser les codes de notre genre pour mettre la musique au service de l’émotion qu’on veut véhiculer. Si on estime que le morceau, les paroles seraient mieux mis en avant avec une orchestration ou des arrangements autres que ce qu’on retrouve de manière classique, on le fait. C’est là-dessus qu’on a évolué. D’une part, c’est ce qui nous fait plaisir, et d’autre part, c’est ce qui rend notre musique intéressante, donc on va continuer dans ce sens. On n’a pas encore composé de morceaux pour un troisième album, mais on a déjà le thème, les textes sont quasiment terminés, on a des bouts de riffs… On ne va pas tarder à se mettre au travail et on ira encore plus dans ce sens, ne pas hésiter à incorporer d’autres influences, d’autres style que simplement du thrash et du death metal.
Avec quelques touches de black aussi, notamment dans le chant qui peut être très agressif…
Tout à fait, c’est un peu la patte de Raphaël, notre bassiste. C’est ce qu’il aime, le black !
Tu parlais du fait de constater ce qui peut se passer sur nos paliers. Au-delà de l’évolution musicale, tu peux envisager que vous puissiez pousser votre analyse de notre société actuelle encore plus loin ?
Justement, c’est ce qu’on cherche à faire. Je pense qu’à chaque fois qu’on avancera, on ira un petit peu plus loin à ce niveau. Le concept du troisième album est dans cette veine, on va chercher à aller plus profondément encore. On n’apporte pas des réponses, on est que des êtres humains, on s’interroge… Après chacun est libre d’interpréter les choses à sa manière. Quand on trouve un thème intéressant, on veut simplement le pointer du doigt, le montrer… « hé, oh… il se passe ça ».
Vous voulez montrer ce qu’il se passe. Etes-vous, individuellement, engagé dans des actions, les uns et les autres ?
Non, on ne peut pas dire qu’on soit engagés. On entend des histoires qui nous choquent… Les thèmes qu’on aborde, ce n’est pas des choses qu’on a forcément vécues individuellement, mais ce sont des histoires qu’on entend et qui nous font mal… Je ne sais plus quelle était l’idée de départ mais on se rend compte, avec le temps, que quand on compose la musique, c’est l’émotion qu’on ressent quand on apprend ce qui peut arriver près de chez nous qui est traduite, c’est le carburant de notre musique. Elle sort grâce à ça.
Il y a sur l’album un titre en français, Sarmat. Quelle était votre volonté en incluant ce morceau ?
Au départ, quand on a commencé à composer, notre chanteur a écrit directement en anglais. Ce n’est pas sa langue natale, mais tous les titres du premier album ont été composés de cette façon. Il s’est rendu compte par la suite que le fait d’écrire d’abord en français et qu’on traduise tous ensemble ensuite ouvrait beaucoup plus de portes au niveau du vocabulaire. Quand on a écrit Sarmat et qu’on l’a lu, on s’est dit que ça sonnait super bien en français. C’est une traduction qui aurait pu se faire, mais on aurait perdu quelque choses… Donc, on l’a laissé en français, et pourquoi pas, d’ailleurs ? On est un groupe français, alors, qu’est-ce qui nous empêche de le faire ? On souhaite quand même rester principalement en anglais car ça ouvre plus de portes à l’international. On restera là-dessus mais pourquoi pas, sur les prochains albums, avoir un ou deux morceaux en français. Il y en a déjà un qui est prévu parce que le thème le demande…
Ce qui signifie que Slaves Of Imperium a aussi des ambitions internationales (il confirme). Un groupe de rock, c’est aussi la scène, quels sont vos projets pour défendre cet album ?
Là, on vient tout juste de rentrer d’une tournée européenne, qui correspondait à la date de sortie de l’album. Le prochain objectif est de défendre l’album en France. Mais, entre la production de l’album, sa sortie et la tournée européenne, on n’a pas vraiment eu le temps de se projeter sur la fin d’année. On vient de rentrer, on se pose et on va organiser quelque chose en France pour la fin d’année, début d’année prochaine.
Vous revenez de tournée. Vous avez tourné où et avec qui ?
On l’a organisée seuls, cette tournée, on n’a pas accompagné d’autres groupe en tant que première partie. On a joué avec des groupes locaux : on est partis de Paris, on est ensuite allés à Berlin, Prague, Cracovie, on a fait trois dates en Roumanie, on a fait la Slovaquie, la Slovénie, l’Italie… tout ça en 15 jours trois semaines… On a fait, je crois, onze concerts d’affilée !
Vous avez bien bougé !
Oui, oui. On n’avait jamais fait autant de concerts d’affilée. On a commencé un peu fort !
C’était un autre rythme…
Exactement ! C’était très enrichissant d’un point de vue « musicien » mais aussi d’un point de vue humain. Ça nous apprend à travailler le live de manière beaucoup plus efficace : se mettre en place, faire les balances, monter et ramasser le matériel… C’est un bon entrainement pour la suite.
Et j’imagine que d’un point de vue humain ça permet de découvrir certaines qualités ou non qualités des uns et des autres…
Absolument, ça permet déjà de savoir si on se supporte dans un même véhicule, les uns sur les autres pendant trois semaines (rires) !
Si tu devais ne retenir qu’un seul titre de New waves of cynicism pour expliquer à quelqu’un ce qu’est l’esprit de Slaves Of Imperium, ce serait lequel ?
Waow, compliqué ! Un seul titre ? C’est compliqué parce que nos morceaux sont assez variés… Je ne sais pas s’il y en a un qui nous représente suffisamment… Après, on a fait un choix sur l’album, mettre Parasites en premier, parce que c’est un morceau qui rentre dans le lard tout de suite et qui reste assez riche en matière de composition. Oui, pour faire découvrir mon groupe à quelqu’un qui ne nous connait pas je pense que je dirai Parasites, mais, vraiment, la question est difficile…
Vous démarrez depuis quelques années avec ce groupe. On sait pertinemment qu’en France, un groupe de rock ne vit pas de sa musique. Quelles sont vos activités dans vos autres vies ?
On a tous nos boulots : je suis mécanicien, Raphaël est architecte, Kristen était boulanger mais il est en train de se réorienter, david est chauffeur poids lourds, et Cédric est responsable de ligne dans une usine agro-alimentaire.
Tu disais au début de notre entretien que vous ne vous connaissiez pas quand vous avez monté le groupe. Qu’est-ce qui fait que, à un moment donné, vous avez décidé de vous retrouver, de vous réunir autour de cette nouvelle entité ?
Pour être tout à fait honnête, c’est…
L’argent !
Ouais, carrément, oui ! Tout à fait (rires) ! Au départ, c’était vraiment parce que la scène dans notre localité était limitée, et on n’avait pas la possibilité de chercher d’autres personnes avec qui monter un groupe. Il n’y a pas 50.000 personnes dans notre coin qui voulaient faire de la musique… dès lors que tu rencontre quelqu’un qui est sur la même longueur d’ondes que toi, t’es obligé de tenter quelque chose. Pas sûr que tu aies une autre possibilité de le faire après… Coup de chance, on s’est rendu compte qu’on est vraiment tous sur la même longueur d’ondes, et on a de la chance de se trouver là !
C’est un peu un choix par défaut…
Je ne dirai pas « par défaut », même si je comprends ce que tu veux dire… Musicalement on savait qu’on allait pouvoir faire quelque chose. Humainement, c’est vrai qu’on ne se connaissait pas plus que ça, et… Oui, quelque part, c’est un peu « par défaut », comme tu dis, parce qu’on n’est pas très nombreux dans notre bled…
Si tu devais penser à une devise pour Slaves Of Imperium, ce serait quoi ?
(Rires) C’est compliqué encore comme question ! Je pense que chacun répondrait différemment…
Ça tombe bien, c’est à toi que je pose cette question !
Attends, il faut que je réfléchisse là… Une devise ? Vraiment dur… Si je devais être dans la déconne, je dirais « Live fast and die drunk », mais là, on n’est pas dans la déconne… (NdMP : en même temps, les gars ont fait produire des bières à leur nom)
Quoique, quelque part, c’est assez cynique…
Oui, c’est vrai, mais c’est un délire entre nous. Ce n’est pas ce que j’aurai répondu…
Tu as encore un peu de temps pour y réfléchir alors… Parlons de la pochette de l’album : elle présente deux personnages, un squelette habillé en costume, une autre personne, assez féminine et musculeuse, qui tient un couteau… Il y a une forme de dualité entre la confrontation de la mort et de la vie, la mort éclairée et la vie dans le côté sombre, la mort qui semble assez pacifique et la vie très menaçante avec son couteau dans le dos…
C’est intéressant d’écouter ta description… Il y a beaucoup de détails qui laissent libre court à chacun de se faire son interprétation. Pour ma part, ce serait une explication plus simple : cette image, pour moi, représente parfaitement le cynisme. Le fait d’avoir cette poignée de main et d’avoir un couteau dan s le dos… On sert la main à quelqu’un mais dans le dos, il y ale cynisme, le manque de confiance, la méfiance qui est là. C’est une image qui représente pour moi parfaitement le titre. Maintenant, il y a pas mal de détails, cette pochette est assez riche à ce niveau-là.
Les dys… Ces maladies liées à certains dysfonctionnements neurologiques telles que la dyslexie, la dysorthographie, la dyscalculie… Voici que l’on peut rajouter la Dysphorie, soit un « trouble de l’euphorie »? C’est en tous cas ce mot qu’ont retenu les Parisiens de Intrusive Thoughts, groupe formé en 2021, aujourd’hui composé des fondateurs Audric Auffray (basse) et Clément Bordiga (batterie), duo auquel se sont joints le guitariste Raphaël Perez et la chanteuse Sakina Hmito. Les quatre nous proposent un rock varié, juvénile et sérieux, inspiré du rock alternatif et du grunge des années 90. Les 10 titres alternent entre puissance et douceur, développant une énergie entrainante. Le chant de Sakina, dont l’anglais est parfaitement maitrisé, peut être doux comme il peut se faire plus hargneux, à l’instar des mélodies – ce passage du calme à la débauche à la fin de The pill ! Avec ce premier album, Intrusive Thoughts se place sur la ligne de départ des groupes espoirs – pas étonnant pour les lauréats du tremplin Phénix Normandie 2022. Malgré son jeune âge, Intrusive Thoughts présente tous les atouts d’un futur grand du rock français, exportable qui plus est! A découvrir et soutenir d’urgence !
C’est maintenant dans moins d’un mois que le Zénith de Nancy accueillera le Heavy Week End (du 21 au 23 juin) avec 11 groupes de la grande famille du metal réunis sur 3 jours.
Gérard Drouot Productions vient d’en dévoiler le running order à découvrir ci dessous.
Omerta… Un mot qui évoque la guérilla et le règlement de compte entre gangs mafieux… Pourtant, le nouvel album de coreux de Swarm semble bien loin de ces considérations, donnant plus l’impression, dans ses textes, de vouloir poser un regard sur l’humain, la société et le monde actuels. Un regard introspectif, aussi, sans pour autant porter d’étendard politique. Un constat violent qui démarre après Alsamt, une intro épurée aux sonorités orientales. Après… Mis à part Dead inside, temps calme de l’album, Swarm tabasse comme si sa vie en dépendait. Speed et rageur (Step by step, Clink and come end, Sorrow dies twice), le groupe explore avec bonheur diverses facettes d’un metal rugueux à la A7X ou autres Hatebreed avec quelques évocation d’un RATM, version guitares sans trop de rap. Toujours au taquet, le groupe se fait également particulièrement speed (My inner) ou syncopé (cette intro de Make your move!) sans oublier ses origine hexagonales avec ce premier paragraphe interrogateur de Soul square. Avec Omerta, Swarm continue de graver son sillon, de tracer sa route, brutalement et avec beaucoup de conviction.
Comment ça riffe! Charcoal, c’est la réunion de 4 passionnés de hard/heavy rock couillu qui n’a pour seul objectif que de faire s’agiter les tignasses et taper du pied. Alors – vous me connaissez – hormis l’anglais incompréhensible, les 6 titres de cet Ep, simplement et justement intitulé Rocks, embarquent l’auditeur sur les US highways autant que dans les banlieues crades d’un Londres qui n’est plus avec une bande son totalement et volontairement inspirée du heavy rock de la fin des années 70 ou du hard US de la première moitié des 80’s. C’est vif et vivant, et l’ensemble rend un bel hommage à tous les grands du genre, de Motörhead à Thin Lizzy ou AC/DC en passant du côté des Mötley Crüe, Ratt, Faster Pussycat… Les références aux grands anciens sont d’ailleurs évidentes rien qu’à la lecture des titres: Thin lady Lizzy, Fat bottom girl, Same old dance, même pas un jeu de pistes! Sans jamais se prendre trop au sérieux, Charcoal propose un rock des plus sérieux, et s’en amuse (preuve en est la vidéo pas du tout sérieuse de One night of rock n’roll). On met les potards à 10, on balance la sauce avec des guitares graveleuses, une double à la Animal Taylor, un chant rocailleux forgé à coup de clopes… On laisse le groove et l’énergie positive faire le reste.
Pour leur troisième album, les Franciliens de Demande A La Poussière se sont offerts un petit lifting avec l’arrivée d’un nouveau chanteur, Simon Perrin, qui tient également la guitare. Ce Kintsugi – soit « l’art du beau dans l’imperfection, la sublimation de ses blessures pour renaitre de ses cendres » – plonge l’auditeur, dès les premières notes de Inapte, dans les tréfonds d’une âme emplie de désespoir. Ne cherchons pas ici de lumière, le propos musical, lourd, lent et oppressant, et le chant, torturé et dépressif, lui ont simplement empêché tout accès tout au long de la presque heure que dure l’abum. Kintsugi est une œuvre qui interroge, qui pousse à trouver au fond de soi cette force et cette volonté d’aller au-delà des « facilités » d’un certain mal-être. C’est violent plus que brutal, en tout cas, ça secoue intérieurement, et c’est totalement sombre, sans aucun compromis. Amis dépressifs, passez votre chemin… Les autres, plongez dans cette noirceur interrogative.