ASTRAYED PLACE: Edge of the mist

France, Metal (M&O music, 2023)

Ca démarre sur une intro aérienne, aux tonalités « écolos », comme un message à la planète. Inert city continue avec douceur et bienveillance, introduisant un doux chant, calme et posé avant de monter en puissance. Deux voix se mèlent – masculine et féminine – avant que la rage ne se glisse dans cet ensemble attirant. Le chant guttural est contrebalancé par celui plus maternel et des guitares à la fois légères et déterminées. Rapidement, Astrayed Place fait preuve d’une variété musicale qui le place dans la catégorie un peu fourre-tout de metal moderne. En mélangeant ses influences progressives, thrash et death, douces et extrêmes, en passant du calme à la tempête sur fond d’alternance entre riffs efficaces et rythmiques rentre dedans, le groupe s’adresse à un vaste public. Une faiblesse réside cependant dans un chant pas toujours juste et qui peut donner l’impression de manquer de puissance (Slaughter the ants m’irrite quelque peu) face aux déflagrations et à la brutalité directe de certains titres. Mais quand la rage est là, ce défaut est rapidement mis de côté (Death blossom) dès que le groupe se lance dans ces échappées belles où la vélocité se dispute l’explosivité rythmique. Les breaks qui font s’agiter les crinières sont judicieusement placés permettant de moments de respiration bienvenus. Astrayed Place pourrait bien se faire un nom sur la scène du metal extrême. Un groupe à suivre.

LES ACTEURS DANS L’OMBRE : Angie – NRV Promotion

Metal Eyes a décidé de se pencher sur certains acteurs de l’ombre. Ou plutôt, les acteurs dans l’ombre. Dans l’ombre des artistes qu’ils mettent en avant. Dans l’ombre volontairement, donc, mais qui pourtant, jouent un rôle primordial. Car si on connait les musiciens qui nous font rêver, leurs managers ou certains géants de l’organisation de concerts ou de festivals, et encore…, d’autres restent plus discrets, se mettant entièrement au service de ceux qu’ils représentent. Il en va ainsi des agents qui prennent sous leur aile nombre d’artistes. Et là, tout le monde est sur le même pied d’égalité car la notoriété d’un artiste ne se fait pas sans travail. Les seuls réseaux sociaux ne suffisent pas, un réseau relationnel adapté est plus que nécessaire. Nombreux sont les groupes à envoyer liens et/ou CD sans savoir exactement à qui il s’adressent, sans savoir exactement sur quel créneau tel média intervient ou pas? Un bon agent, un bon représentant saura quoi envoyer à qui  et inversement, se tissant un réseau de fidèles chroniqueurs, de relais d’information, tissant une toile solide. C’est ce qu’il se passe avec Angie, fondatrice de NRV promotion qui, du haut de son même pas quart de siècle, nous raconte son parcours. Une première d’une, espérons le, longue série.

J’ai reçu un premier album de NRV promo fin 2021, mais nous n’avons jusqu’ici jamais eu l’opportunité de nous rencontrer ou d’échanger. Alors, commençons par ceci : Angie, peux-tu te présenter : qui est-tu et quel est ton parcours ?

Hello ! Je suis Angela Dufin (Angie), j’ai 24 ans et je suis manageuse et attachée de presse pour des groupes de rock / metal en développement. Le nom de ma structure que j’ai créée en 2019 est NRV Promotion. Au départ, je suis musicienne (batteuse principalement mais j’ai aussi fait du chant, du piano, de la guitare…). Je ne me voyais pas vraiment en faire mon métier, et je me suis dirigée vers une école de commerce après le BAC pour faire de la finance… et j’ai vite déguerpi car je n’y ai pas trouvé ma place ! Je me suis donc renseignée sur les métiers qui existait autour de la musique (ce à quoi je n’avais jamais pensé avant, autre que le métier de musicien) et j’ai compris que la communication pouvait me mener à plusieurs métiers dans ce secteur, j’ai donc fait un BTS Com’. C’était vraiment top, j’ai appris beaucoup là-bas et j’ai pu faire mon premier stage en tant qu’attachée de presse dans la musique. En parallèle, j’étais aussi bénévoles dans une association de concerts dans le 92, je m’occupais de la com’ et j’ai rencontré de nombreux groupes aussi par ce biais qui ont commencé à me demander de m’occuper d’eux. Et ça a commencé comme ça. J’ai créé NRV à la fin de mon BTS, en développant ensuite mon activité en parallèle de la suite de mes études à la FAC. J’avais un groupe qui s’appelait SLURP aussi à cette période et donc qui me prenait aussi du temps, on faisait beaucoup de choses ! J’ai terminé mes études l’an dernier avec un master spécialisé dans les industries culturelles, que j’ai conclu avec un dernier stage chez PIAS, en tant qu’attachée de presse également. Aujourd’hui je vis entièrement d’NRV Promotion, et je fais toujours un peu de musique à côté pour le plaisir !

 Combien de personnes composent-elles l’équipe ?

Je suis toute seule.

Quelle est la vocation première de NRV ?

Je veux accompagner des groupes à se développer, à franchir des étapes. Ayant déjà été plusieurs fois à leur place, je trouve essentiel d’avoir parfois quelqu’un d’extérieur au groupe pour s’occuper des choses que l’on a envie de déléguer en tant que musicien, ou bien trancher sur certains choix … En promo, c’est différent. Je suis là vraiment pour défendre un album pour qu’on en parle et pour aider le groupe à gagner en crédibilité ! J’ai aussi cette envie hyper forte de valoriser la scène française et soutenir le rock ici. On a vraiment de supers groupes ici, et je veux contribuer à faire connaître cette scène et l’aider à perdurer et si possible s’exporter également.

Et sa stratégie ? Comment touches-tu et sélectionnes-tu les groupes ? Vas-tu les démarcher ou est-ce eux qui te contactent ?

Ce qui est important pour moi c’est de garder une cohérence dans les esthétiques musicales et de continuer à faire ce qui me plaît. Essayer aussi de fédérer la scène de l’intérieur, entre les groupes, pour créer des liens et s’entraider. J’ai eu plutôt de la chance car la plupart des groupes avec qui je travaille aujourd’hui’ sont venus me chercher en entendant parler de ce que je faisais. Ça se fait vite via le bouche à oreille, les réseaux sociaux etc… Pour le management, je fonctionne vraiment au coup de cœur. Il faut que la musique me touche aux tripes au point que j’ai envie de remuer ciel et terre pour faire connaitre un groupe et bien sûr, il y a l’humain. Il y a des groupes que j’ai rencontré et j’ai su instantanément que ça allait fonctionner. Pour la promo, pareil j’écoute l’album et s’il me plaît et que le planning colle avec le mien je vais dire oui, sinon je vais passer mon tour ! C’est dur de défendre un projet pour lequel on n’a pas eu de coup de cœur soi-même. Ça m’est arrivé aussi d’aller vers des groupes moi-même, après un concert que j’ai aimé par exemple, mais ça reste plus rare.

 Concernant les médias, même question : comment les « sélectionnes »-tu ? Plus particulièrement, comment as-tu connu Metal-Eyes et qu’est-ce qui t’a donné envie de m’envoyer un premier CD, puis de continuer ?

Je cible les médias en fonction des groupes et de leurs styles. Au fil du temps, je commence à connaître aussi les goûts des différents journalistes pour savoir ce qui leur plaira ou non (même si on a quand même souvent des surprises !). Je t’avoue ne plus me souvenir de comment j’ai découvert Metal Eyes car ça commence à faire un bout de temps mais il y a eu une grosse partie « dénichage » de médias dans notre métier, surtout au début pour construire notre base de données. Sur internet d’un webzine à un autre, les recommandations sont plutôt bien faites et ça nous aide à trouver de nouveaux médias ! Quand c’est le cas, je leur écris et présente ce que je fais puis j’envoie des CDs en fonction si je vois qu’on me le demande. Ensuite, on continue en fonction de l’implication / les retours des médias. Avec Metal Eyes, ce qui est cool c’est que tu as chroniqué quasiment tous les CDs que je t’ai envoyés il me semble donc que forcément je ne m’arrête pas ! 😉

 J’imagine que NRV, pour une visibilité maximale, est présent sur les réseaux sociaux. Où peut-on s’informer au sujet de NRV et te contacter ?

Oui bien sûr ! Sur Facebook, Instagram et Linkedkin également au nom d’NRV Promotion. Pour me contacter, par mail : angie.nrvpromotion@gmail.com avec une demande précise, liens d’écoute, planning, bio etc …

 Que recherche un groupe qui signe avec NRV, que lui proposes-tu comme accompagnement ?

Ça va dépendre des groupes, ils ont plus ou moins des besoins différents auxquels je vais m’adapter. Je propose deux types d’accompagnement : le management et les relations presses. Par contre, je m’occupe aussi de la RP des groupes dont je fais le management !

Les RP consistent à promouvoir une sortie (single, clip, ep ou album ou une tournée) auprès des médias adaptés sur une période donnée. Je travaille toujours en amont de la sortie d’un disque évidemment

Le management c’est vraiment un accompagnement global qui consiste à développer le groupe par tous les moyens possibles : définir une stratégie / un planning, démarchage pro (pour trouver d’autres partenaires type tourneurs, labels etc), gestion avec des échanges avec des prestataires, la communication (réseaux sociaux, pub digitale, création de contenus type photos/ vidéos /bannières promo …), rechercher des dispositifs d’accompagnements / financements … C’est hyper vaste ! Je suis là à toutes les étapes du projet.

Comme je n’ai plus de places en management, il m’arrive maintenant de faire des séances de conseil d’1h en visio avec d’autres groupes qui cherchent des réponses, conseils en stratégie / communication / planning etc… Ce sont des séances ponctuelles et je ne m’engage pas en dehors de celles-ci.

Je propose aussi depuis peu, avec un partenaire réalisateur (Rolling Ferret Films, Simon Dagallier), la production / réalisation de clips et de live session. C’est une autre branche d’NRV, on a fait des clips pour Liquid Bear, Howard, Kugelblitz …

Quels sont tes concurrents (et néanmoins certainement amis) sur ce marché ?

C’est dur de parler de « concurrents », haha ! Je vois plus ça comme des confrères / collègues ! Je pense à Yann Landry et Eloa Mionzé avec qui je m’occupe en ce moment de la promo du Motocultor. Ou encore à Elodie Briffard, Floriane Fontaine, Clément Duboscq.

Qu’est-ce qui te distingue de ces amis concurrents ?

Chacun a ses propres goûts musicaux surtout puis aussi le réseau peut différer selon les attachés de presse. Certains sont plus « généralistes », d’autres plus « niche », ou les deux ou encore certains d’entre nous ne s’occupent que de la France, d’autres de l’Europe. Evidemment, comme on est tous indépendants, chacun a aussi sa manière de travailler et de voir les choses, j’imagine !

 Sans indiscrétion, financièrement, combien un groupe doit-il débourser pour ces services ?

Pour la promo d’un EP-album, il faut compter à partir de 1500-1700€, puis ça va varier en fonction du nombre de singles, du style du groupe (ciblage niche ou généraliste). Pour un single/clip, autour de 350€.

Par quel biais peut-on entrer en contact avec NRV promo ?

angie.nrvpromotion@gmail.com

Parmi les albums que tu m’as envoyés depuis deux ans, il y a une nette tendance au classic rock/ hard rock, ou rock vintage (Grandma’s Ashes, Red Cloud, Sweet Needles…) Est-ce un critère de sélection et y a-t-il des genres musicaux ou des groupes avec lesquels tu ne voudrais pas/pourrais pas travailler ?

C’est vrai qu’au fil des années, j’ai eu l’occasion d’affiner l’esthétique des groupes avec lesquels je travaille. J’aime rester dans ce registre car c’est la musique que j’écoute principalement mais je ne suis pas fermée. J’aime aussi beaucoup le garage / surf rock comme GURL que j’accompagne également ou encore Cheap Teen. J’accompagne aussi Sierra qui fait de la synthwave et qui est vraiment intéressant à travailler car ça parle autant aux médias électro que metal ! Globalement j’aime tout ce qui touche au rock et au metal, particulièrement le stoner/doom/ psych -prog rock, le rock alternatif, le blues rock, le garage … Par contre, tout ce qui est rap ou hip hop / pop / variété etc ., je ne pourrais pas le travailler car ce n’est pas le même réseau de médias.

 Tu viens également de signer ton premier groupe étranger, les Italiens de L’Ira Del Baccano. Comment cela s’est-il fait ? As-tu une démarche commerciale à l’international ?

« Signer », pas vraiment car c’est en promo donc une prestation auprès de leur label Subsound Records. D’habitude c’est Floriane Fontaine qui travaille avec ce label mais comme elle ne pouvait pas le faire cette fois-ci, elle a redirigé le label vers moi. Ça faisait longtemps que je n’avais pas travailler sur une promo Europe, d’habitude je préfère me concentrer sur les médias français. Comme je suis seule, ça fait une charge de travail conséquente supplémentaire de faire les médias européens également. Mais ici comme c’est un groupe de niche, instrumental doom, il y avait moins de cibles donc c’était faisable ! Et ça m’a fait super plaisir de le faire

 Quelles sont tes grandes fiertés jusqu’à aujourd’hui dans ce métier ?

Cette année je m’occupe de la promo du Motocultor ! Sinon, de manière générale ma fierté c’est les groupes dont je m’occupe qui me la font : par exemple les Grandma’s Ashes qui font une Maroquinerie en avril et qui cassent tout avec leur premier album et des dates qui pleuvent, Howard qui a rempli le Backstage à Paris en janvier pour sa release party, Decasia qui joue au Hellfest cette année … je ne vais pas tous les citer car il y a eu beaucoup de réussite cette année pour chacun des groupes mais c’est ce genre de choses qui me rendent vraiment fière du chemin qu’on a parcouru ensemble. Ensuite, bien évidemment, avoir de plus en plus de groupes qui me contacte pour leur promo notamment certains qui ont fait leur petit bonhomme de chemin comme Dirty Deep ou Les Lullies, ça me fait super plaisir !

 Enfin, question que je pose à tous les groupes avec lesquels je m’entretiens : quelle pourrait être – ou quelle est – la devise de NRV ?

Franchement je sais pas trop, aha! Je n’y ai jamais réfléchi … Je vais plutôt parler de valeurs comme la persévérance, la passion et la motivation 🙂

 Les derniers mots sont pour toi si tu as quelque chose à rajouter.

Merci beaucoup de t’être intéressé de si près à NRV et mon parcours, ça m’a fait plaisir de répondre à tes questions ! Ainsi que pour toutes les chroniques des albums que j’ai pu t’envoyer !

Slurp – Terrasse du Trabendo – 2020

APEX ORIGIN: Beyond a lifetime

France, Prog (Autoproduction, 2023)

Quel dommage… ce chant mélodique gâché par un mix le mettant au second plan et dans un anglais quasi incompréhensible… Dommage car la voix est puissante et atteint des notes haut perchées. Et puis, la lecture du track listing au dos de la pochette est très prometteuse d’un esprit romanesque et inventif, la pochette dépliée mélangeant fantastique et navigation maritime période « gallions majestueux ». Clairement, ce Beyond a lifetime donne envie de se plonger dans l’univers d’Apex Origin. Un album écrit comme une pièce de théâtre ou un opéra en 5 actes précédés d’une Ouverture et conclus par un Final. Les influences du groupes sont à chercher aussi bien du côté des géniteurs du hard rock – Led Zeppelin – dans les fulgurances guitaristiques et bluesy, et des géants du metal progressif – Dream Theater – dans la puissance recherchée et la technique musicale. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si on trouve deux morceaux intitulés Blue Dream (et ses clins d’œil à Satriani) et Blue Zep… Si l’on met ce chant de côté, on ne peut qu’admirer le sens de la composition à la fois complexe et passe partout, dans un esprit démonstratif de technique sans être pour autant donneur de leçons. Apex Origin propose également un titre chanté en français – La haine reine II – qui sonne plus pop rock que profondément progressif. L’album qui dure pas loin d’une heure s’écoute d’une traite. On tient sans doute ici – à un détail près – un futur grand du genre.

EMBERS

France, Rock (Autoproduction, 2023)

Formé en 2022, Embers est un duo qui nous propose déjà un premier Ep de 6 titres. Six titres d’un rock simple, torturé et mélancolique. Dès Babayaga – cette figure slave, sombre et maléfique, qui envahit les cauchemars des enfants sages – le duo nous replonge dans une forme de new wave à la guitare claire et au chant plaintif. On est également par instants entrainés dans une forme de rock alternatif, celui qui se base sur des riffs incisifs et directs, sans chercher à faire de l’esbroufe. Il y a cependant comme un manque à cet ensemble, une sorte de liant, une certaine puissance qui transformerait cet essai en vraie promesse. Oh, certes, il y a de la variété dans le propos musical, de l’envie, des compos dans l’ensemble bien ficelées, mais, bien qu’il ne s’agisse « que » d’un Ep, je décroche. Peut-être est-ce le fait du duo, il manque la chaleur et l’apport de deux ou trois instrumentistes supplémentaire, d’un esprit de groupe. Le son ne peut cependant être pris en défaut, l’Ep ayant été enregistré chez et par Francis Caste au studio Sainte Marthe. Et en règle générale, le gaillard sait ce qu’il fait, alors… on retente le coup?

BLACK HAWK: Soulkeeper

Allemagne, Heavy metal (Fastball music, 2023)

Ce n’est pas au vieux singe qu’on apprend à faire des grimaces, ni au vieux loup de mer qu’on apprend à naviguer… Black Hawk est une formation allemande qui s’est lancée dans l’aventure en 1981 et a sorti son premier album, First attack, en 1989. Une période où le metal allemand et le heavy international avaient fait leurs preuves. Black Hawk est revenu aux affaires en 2020 avec Destination hell, bien nommé, le hasard d’une pandémie ayant changé tant de plans… Reste que Black Hawk nous propose aujourd’hui ce Soulkeeper également très bien nommé tant le groupe donne dans un heavy classieux des plus efficaces bien que traditionnel, puisé au cœur des 80’s – sans une once de nostalgie pour autant – de la NWOBHM et de la vague speed metal allemande. La puissance des rythmiques et de certains chœurs et refrains lorgnent sans conteste du côté de Gamma Ray (Soulkeeper et sa vidéo qui me fait marrer, tournée dans 4m²…) – le chant de Udo (Bethke, pas l’autre!) s’approche d’ailleurs dans sa tessiture de celui de Kai Hansen – les déflagrations de la batterie d’Ovidiu Zeres soutenu lourdement par l’entrain de la basse de Michael Wiekenberg sont typiques de ce speed metal d’un « Helloween meets Sodom » et les riffs d’airain qui charcutent et cisaillent tout à la fois de Wolfgang Tewes sont dignes des plus grandes heures de Judas Priest (donc encore récentes…), Maiden ou encore Tokyo Blade. Black Hawk, et c’est la grande force de ce Soulkeeper, sait composer des chansons entrainantes aux refrains fédérateurs. Impossible de ne pas reprendre celui, imparable, de War zone ou de We stay strong, parmi d’autres. Le groupe rentre dans le lard avec une subtile brutalité et beaucoup de conviction et, sans avoir la prétention de réinventer le genre, propose un album d’une exemplaire efficacité. A découvrir et soutenir d’urgence!

 

Premier concert metal pour l’ARCHE de Villerupt (54)

Encore une structure culturelle qui franchit le pas! L’arche de Villerupt (54) accueillera le 11 avril prochain son premier concert metal! A l’affiche, rien moins qu’Amenra, Hangman’s Chair, Der Weg Einer Freiheit et, en tête d’affiche Igorr dans le cadre de sa tournée européenne Distortion tour.

Pour obtenir un billet et toutes les infos relatives à ce happening, rien de plus simple: il suffit de cliquer sur ce lien: Billetterie Arche

Toutes les infos se trouvent également sur la page Facebook de l’Arche.

Quelques infos pratiques pour se rendre à l’Arche:

Esplanade Nino Rota

54190 Villerupt

Accès véhicules pour parkings P1 et P2 par :

Rue du moulin – 54190 Villerupt (en contournant le parking du supermarché Norma)

Autoroute A30 sortie 8 – Crusnes puis D27

Accès piétons et vélos par :

Rue Émile Curicque – 54190 Villerupt

 

PARIS TRIBUTE FESTIVAL: les 19, 20 et 21 mai à Paris

PARIS TRIBUTE FESTIVAL

Du 19 au 21 mai prochain, par le truchement de k prod et Rage Tour, le Bataclan va accueillir le premier Paris Tribute festival. Au total, ce sont 6 groupes, 6 tribute bands, qui vont célébrer ecrtaines des plus grandes formation de notre histoire: Queen, AC/DC et Michael Jackson auront l’honneur des têtes d’affiche via God Save The Queen, TNT et This Is Michael. Il seront soutenus par Osiris, The Roadies of the D et What’s Love, tribute respectifs de oasis, Tenacious D. et Tina Turner. Autant dire que ce sont trois soirées de fête que le public s’apprête à vivre!

billeterie et info ici: Pass 3 jours – Billetterie vendredi Billeterie samediBilleterie dimanche

 

 

 

ASYLUM PYRE: Call me inhuman – The sun – The fight – part 5

France, Heavy/power metal (Autoproduction, 2023)

La princesse couronnée a tombé le masque à gaz pour devenir une carnassière ensanglantée. Call me inhuman est le nouvel album d’un Asylum Pyre dont le précédent opus, N°4,  avait tout pour faire exploser le groupe mené par le guitariste Johann Cadot et la chanteuse Ombeline « Oxy heart » Duprat. Seulement… l’album sort en 2019 et la formation ne dispose que de quelques mois pour le défendre. Moins d’un an après sa sortie, la France et le monde sont mis sous cloche, arrêtant net des efforts pourtant prometteurs. Mais cette période ne semble pas avoir pour autant freiné les envies et les ardeurs de nos Frenchies qui, avec cette 5ème partie, continuent et renforcent leur œuvre au discours écologique très actuel, encore plus, d’ailleurs, quand on voit l’état de notre monde et la nature qui, jour après jour, reprend naturellement le dessus sur notre inhumanité. Asylum Pyre nous revient dans une forme éblouissante et nous propose 12 nouveaux morceaux forgés dans un metal qui puise autant au cœur (pas celui de la pochette!) du heavy traditionnel que dans le power classieux. Dès Virtual guns, le groupe nous prend à la gorge avec son intro tribale hypnotique qui précède l’arrivée d’une guitare tout en puissance. Tout ici nous entraine dans une nature cinématographique meurtrie, celle de La forêt d’émeraude (John Boorman, 1985) ou d’Avatar (James Cameron, 2009), une nature meurtrie qui appelle au secours sans être écoutée. Les mélodies font mouche et rentrent dans la tête comme de trop rares morceaux savent le faire. Asylum Pyre travaille chaque détail de cet album avec une précision exemplaire, sans s’imposer de limites. Il y a ici de la cornemuse, là, de l’électro, par ici des influences pop, d’autres instants, nombreux, sont foncièrement metal, parfois growlées… Chaque morceau est prétexte à trouvaille et étonnement, l’ensemble se dégustant avec bonheur et, malgré le sérieux du propos, délicatesse. la nouvelle vie d’Ombeline, son séjour en, si je me souviens bien, Bosnie, a-t-elle eu une influence sur la composition et l’écriture (There I could die peut être interprété de différentes manières…)? On pourrait le penser à l’écoute de ces instants joviaux et heureux qui apportent une lumière salvatrice à cet ensemble pourtant grave et parfaitement produit. Car là aussi, le son est généreux. Un son qui illumine, ou serait-ce l’inverse, le chant d’une Ombeline qu’on dirait touchée par la grâce, un chant puissant, mélodique, rageur, déterminé et envoûtant. Avec Call me inhuman, Asylum Pyre signe la suite d’un doublé magnifique digne des plus grands. Foncez et… Tree your life !

 

Interview: JIRFYIA

Interview JIRFYIA. Entretien avec Ingrid (chant), le 1er mars 2023

On ne va pas revenir sur l’histoire de Jirfyia, le précédent disque, Still waiting était présenté comme un Ep, mais avait la longueur d’un album.

On a fait un Ep, Wait for dawn, en 2019, et en 2020, année du confinemiinn (elle rit), on a réussi à composer et enregistrer un album, Still waiting.

Qui était cependant présenté alors comme un Ep, d’où le fait que je dise que ce nouveau disque est votre premier album… Ce disque est autonommé, cela signifie-t-il que ce soit un nouveau départ, post confinement ?

Alors, il n’est pas autonommé… c’est un peu plus subtil que ça puisque sur la pochette, il y a un W, qui est le titre de l’album. On a gardé cette lettre qui est l’initiale de Women – femmes en anglais – qui est la thématique principale de ce disque, la condition des femmes à travers le monde. Chaque morceau traite du point de vue d’une femme, réelle ou fictive. Chac=que chanson est le portrait d’une femme.

Puisque nous sommes dans l’explication du concept de l’album… La pochette m’évoque un temple ou une sorte de pyramide moderne, SF. Quel est justement le concept de cette pochette ?

En fait, c’est l’ami d’un illustrateur qui avait travaillé avec Born From Lies, le précédent groupe de Jérôme et Pascal. Cet illustrateur n’étant pas disponible, il nous a donné le contact de Quentin, qui travaille dans le milieu du jeu vidéo, principalement dans les décors. On a beaucoup parlé des femmes, l’album en parle mais je ne voulais pas qu’on mette une femme sur la pochette, il fallait quelque chose de plus symbolique. Au départ, on lui a fait part de plein d’idées, et il nous a fait quelque chose qui ressemblait un peu trop à ce qu’on voulait mais n’était pas ce qu’on voulait… (rires) Ce n’était pas super bien parti, et on lui a simplement dire de faire ce qu’il ressentait et de nous le proposer. Il nous a sorti ça, et je trouvais l’image asse forte. Ce n’est pas mon imaginaire mais ça crée cet univers qui permet de rentrer dans l’album. La femme est juste suggérée en haut de cet escalier.

En même temps, si on pense pyramides, on fait le lien avec l’Egypte plus qu’au Louvres, et on imagine volontiers Cléopâtre – et il y a un lien avec votre musique. Pourquoi cette volonté de mettre en avant la femme sur cet album ?

C’est venu après discussions. Sur le précédent album, il y avait un titre qu’on adore jouer sur scène, Silently, qui abordait la question de l’interdiction de l’avortement dans un pays comme le Salvador, qui mène des femmes en prison à vie, qui sont même parfois dénoncées par leur médecin traitant, parfois. C’est un thème qui me touche naturellement. Ensuite, c’est quelque chose qui est naturellement revenu dans nos discussions, à la fin du confinement, période où on a eu plus de temps pour lire ou voir des films. J’avais vu ce film, Le bal des folles, et le premier morceau, Asylum, en est complètement inspiré. Le bal des folles est lui-même adapté d’un roman du même titre qui parle des femmes qui, il y a une centaine d’années en France, étaient envoyées à La Salpêtrière, alors un asile pour femmes, qui, sous couvert d’expérience, était à remettre dans le droit chemin… C’était aussi un asile où on envoyait les jeunes filles de bonne famille dont on voulait se débarrasser… Je trouvais ça très fort et je me suis dit « pourquoi pas, à travers chaque chanson, raconter des histoires de femmes, réelles ou fictives ». Il y en aune sur une militante afghane, par exemple. Il n’y a pas que des victimes, on n’a pas voulu avoir de discours… « misérabiliste », on y a fait attention. Il y a d’autres points de vue, des femmes de pouvoir, comme sur Sister in blood. On a imaginé la sœur de Kim Jong un, le dictateur nord coréen et on s’est demandé si, dans l’ombre de son frère, elle n’était pas plus maligne que lui, si elle ne visait pas encore plus le pouvoir, ce que, de naissance, elle n’a pas eu…

C’est intéressant de parler d’elle, d’autant plus en ce moment où on voit Kim Jong Un mettre en avant sa fille…

Oui, on l’a vu, et c’est dingue parce que la chanson était déjà enregistrée quand il a commencé à montrer sa fille. Ça promet une guerre des clans à la Game of thrones… Avec les reines qui s’entretuent… C’est aussi le sort d’une partie de ce monde qui se joue à travers cette tragi-comédie familiale… Mais ça reste des histoires de femmes et la question de leur place dans ce monde de pouvoir…

Parlons un peu de musique. Jirfyia est un groupe de metal avec pas mal d’influences orientales, d’où, encore une fois ce clin d’œil à la pyramide dont nous parlions un peu plus tôt. Maintenant, si tu devais me vendre cet album, que m’en dirais-tu ?

Euh… ce sont 8 chansons construites comme des petits films avec des moments de tension et de repos bien définis, toutes les nuances qu’il faut pour découvrir la psyché de chaque personnage. On a rajouté des instruments qu’on n’attend pas forcément dans le metal – des violons, violoncelles et trompettes – qui nous amènent ailleurs et servent de moments de calme et d’introspection et qui rajoutent à cette dramaturgie qu’on a voulu créer sur chaque morceau.

Et si tu devais décrire l’évolution de Jirfyia entre Still wating et W ?

Je dirai qu’on s’affirme plus dans le sens où il y a toujours eu ces textes militants, sur l’écologie ou le capitalisme destructeur. C’est quelque chose qu’on voudrait et qu’on va assumer plus. On ne veut pas passer pour des donneurs de leçon et on a fait attention à ce qu’on écrivait sur des sujets un peu casse-gueule en essayant de ne pas porter de jugement, de faire preuve d’empathie à chaque situation et chaque personne, et, à travers ça, on cherche à donner envie à chacun de réagir et d’agir plus.

Pour l’enregistrement, vous avez de nouveau travaillé avec Andrew G. aux Hybride studio, qui est au final un autre membre de l’équipe…

Oui, quasiment (rires) ! Il est très sollicité et demandé dans le milieu du metal et du death metal. Je crois qu’il n’avait pas l’habitude de travailler avec des voix féminines, et il a compris, nous a amené à forger notre son de manière élégante et efficace. Donc pour l’instant, avec lui, c’est une équipe gagnante, donc pourquoi changer ?

Pour cet album, Ingrid, tu t’es laissée influencer par quoi ?

Ouh, là… Le metal ce n’est pas vraiment mon bagage à la base… Il y a un groupe que j’aime beaucoup et… presque honteusement, je ne les ai découverts que l’an dernier au Hellfest, c’est Lacuna Coil. J’ai beaucoup aimé cette harmonie entre les deux chants, et le côté visuel qu’on cherche aussi à amener un peu plus sur scène. On a créé un petit personnage qui arrive sur scène, un peu plus marqué par l’esprit metal. Je ne suis pas vraiment influencée par ce milieu, je ne suis pas une metalleuse pure et dure même si j’ai quelques références. Mais il y a tout un… bestiaire du metal que j’essaie d’éviter et qu’on veut interpréter différemment. Le nom du groupe, qui est celui d’une météorite, j’ai imaginé qu’elle s’était réincarnée en déesse… Justement, on en revient aux femmes… Une espèce de déesse des tourments qui, en arrivant sur Terre, voit cette espèce de foie. Elle n’a pas envie de se battre mais elle ne veut pas se taire…

Vous prévoyez des concerts en soutien de ce nouveau disque ?

Oui, il y a quelques dates qui arrivent, dont une à la Péniche Antipode de Paris le 26 avril, et on a aussi contacté des bookers – on est chez Splintering booking agency – qui nous prennent dans leur rooster et on espère pouvoir aller présenter ce disque sur scène partout en France… Tu es sur Orléans ? Il y a le Dropkick à Orléans, non ?

Oui, une petite salle en sous-sol qui chauffe très vite, avec les loges dans un couloir, mais une scène très sympa.

Il y a plein de groupes qui y jouent, on devrait avoir une date là-bas, il y a de quoi faire !

Si tu devais ne retenir qu’un seul titre de W pour expliquer à quelqu’un ce qu’est Jirfyia aujourd’hui, ce serait lequel ?

Sur ce projet-là, je pense que ce serait Asylum. C’est celui qui a le plus d’instruments différents, et c’est un condensé de ce qu’on fait de mieux. C’est ce qui nous représente aujourd’hui le mieux. Et si on l’a mis en premier, ce n’est pas un hasard…

Pour terminer, quelle pourrait être la devise de Jirfyia ?

La devise ? Ah… pour un groupe militant comme nous en plus, je ne sais pas, « levez le poing », Rage Against The Machine… Ce serait dans cet esprit là : « gardez l’émotion et la rage au cœur », voilà !

 

 

ABHCAN: Build & break

France, Heavy metal (Ep, M&O, 2023)

Abhcan est un groupe parisien qui a déjà publié un premier album, The Pit, en 2020. Trois ans plus tard, le groupe revient avec ce Build & break, un Ep de 5 titres qui lie la puissance du heavy metal traditionnel à des sonorités plus modernes. Fondé en 2000, le groupe est rejoint en 2017 par Lina au chant (elle tient également le micro de Sleeping Romance depuis peu, cf notre récente interview) aussi doux et bienveillant, acidulé et presque pop, que brutal et rageur à la Alicia Whit-Gluz. Bien que le site du groupe ne mentionne pas d’autre vocaliste, il est difficile de croire que Lina soit seule au micro, passant d’un registre à un autre avec une facilité déconcertante. La belle est cependant accompagnée par des guitares inspirées par la NWOBHM (Maiden n’est jamais très loin) autant que par un thrash naissant de la Bay area. Si l’on pourra regretter un certain manque de rondeur et de générosité dans la production, les cinq titres foncent dans le tas avec une énergie non feinte. Simplement, malgré une bonne volonté évidente, et bien que l’envie et le savoir faire soient là, il manque ce quelque chose qui pourrait donner à Abhcan une vraie identité sonore et le distinguer de cette scène metallique hexagonale plus que vivante mais décidément très encombrée. Le potentiel est là, la concurrence aussi…