Interview Kave Fest. Entretien avec Sélim, organisateur. Propos recueillis le 24 mai 2024
Le Kave Fest a lieu dans un peu moins d’un mois, du 21 au 23 juin prochain. Même si la promo a déjà commencé, ce n’est pas un peu tard pour en parler sur nos médias ?
En fait, non. On s’est rendu compte que le mois le plus crucial en termes de promo, c’est le dernier mois. Le passage à l’achat se fait le dernier mois, donc, non, je ne trouve pas que ce soit spécialement tard. On a beaucoup de promo ciblée, que nous faisons nous même en amont, mais quitte à se donner à fond, il vaut mieux faire la promo un mois avant et toucher des gens qui n’ont rien de prévus ce week end et vont se dire « ok, c’est bon ! J’y vais ! »
Dans la mesure où c’est la première fois que nous discutons, peux-tu nous rappeler l’histoire du festival ?
Le Kave Fest, c’est une histoire assez drôle, est né dans mon jardin ! On est une asso issue d’Ile de France – j’ai grandi à Chatou toute ma vie – et j’ai la chance d’avoir un jardin assez grand. A l’âge de 19 ans, j’étais batteur dans un groupe, et on s’est dit qu’on allait faire un festival. Au lieu d’aller dans les petits clubs et les bars et autres salles parisiennes emblématiques, je me suis dit qu’il y avait plus de capacité d’accueil dans mon jardin que dans ces clubs, que ça nous couterait 0 €, ce serait en open air, et on pourra vendre la bière et d’autres trucs. Du coup, on a organisé un mini festival en 2016 avec 150 personne. On gérait tout, à la fois la scène, la bière, la sécu, on a loué des toilettes… On a fait ça proprement. Le projet a grossi en 2019 puisqu’on a reçu 450 personnes dans le jardin ! A partir de là, on s’est dit que, dans un jardin, ça faisait beaucoup de monde ! On s’est demandé comment trouver le même esprit qu’à la maison – ce qui faisait le succès de l’évènement, c’était le côté très convivial et bon enfant, mes parents étaient dans le staff, mes potes du lycée aussi. Toutes les personnes qui nt bossé sur ce projet sont mes proches, je les connais très bien – et on a commencé à s’intéresser au château. On a rencontré le maire de Gisors de l’époque, qui était fan de metal et, en 2020, il nous a mis à disposition le château. Alors, 2020, 2021, les éditions ont été annulées à cause du Covid, mais malgré ces deux années d’absence, on a pu faire une édition dans le château de Gisors sur 2 jours avec 800 personnes par jour, donc 1.600 spectateurs. C’était le début de l’aventure : à partir de là, je me suis professionnalisé – je suis devenu chargé de production pour d’autres festivals et autres – et on a commencé à rentrer dans d’autres dimensions d’événements avec relations avec la Préfecture, etc. C’est donc là que l’histoire du Kave Fest version château est née. L’histoire veut que ça ait commencé de manière très familiale et conviviale, le crew est toujours le même depuis le jardin… Le gars qui tenait mon bar a l’époque aujourd’hui il fait « resto-bar » et il a un bar avec 12 barmen en front avec 12 tireuses à bière alors qu’à l’apoque, c’était une tireuse dans mon jardin ! Donc c’est tous ensemble qu’on a fait un pas en avant et qu’on a créé ce festival.
Ce sera l’édition numéro combien ?
Dans le château, ce sera la troisième. La septième si on compte celles de Chatou, mais j’ai du mal à les compter parce qu’il y a vraiment un gap en termes de travail et de production. Ce n’est plus pareil du tout. Il n’y a pas les mêmes enjeux, d’un point de vue financier ce n’est pas la même chose. La seule chose qui soit restée, c’est l’énergie. On travaille toujours pour avoir un festival dont l’ambiance est familiale et conviviale.
Comment sélectionnez-vous les groupes qui seront à l’affiche ?
On a une éthique : on veut un festival qui soit le plus éclectique possible, on veut avoir tous les sous genres de metal et de rock aussi, en tout cas, le plus possible. Vu qu’on a qu’une seule scène, alors qui dit sous genre différent dit artistes qui, chacun dans son genre, restent accessible. Je prends l’exemple de Sceptic Flesh : c’est un groupe de death mélodique qui a aussi des codes de heavy moderne dans ses sonorités. C’est un groupe qui reste accessible pour quelqu’un qui écoute Alphawolf ou du metalcore, par exemple. On construit l’affiche à partir de tous ces sous genres mais avec cette accessibilité et la capacité d’un public à se retrouver à écouter un peu de tout. C’est le premier élément, celui de la direction artistique. Le deuxième élément, c’est tout simplement le coté budgétaire. A partir du moment où on a réussi à booker nos têtes d’affiche, qu’on a négocié avec eux, qu’on a de bonnes offres, qu’on a pu négocier avec les bookers… Dès que nos têtes d’affiches sont posées, on va chercher les groupes intermédiaires, forcément moins chers, mais toujours avec l’idée d’avoir tous les sous genres à l’affiche. Si on réussi à négocier un Plini – qui n’est pas venu en France depuis un bail et qui est quand même une tête d’affiche costaude par rapport à notre taille -on sait qu’on va avoir une TA un peu prog. Donc on sait qu’on va devoir aller chercher des groupes un peu différents pour couvrir tous les genres. On cherche à avoir une complémentarité dans l’affiche.
Donc, contrairement à certains autres festivals très orientés vers un seul genre, folk, extrême ou autre, le Kave Fest cherche la variété. Il y a effectivement une belle variété de genres à cette affiche. Il y a un nom qui m’amuse bien, c’est Amical Tendencies, j’imagine que c’est un tribute ?
(il rit) Ouais ! Amical Tendencies, ce n’est pas un tribute, c’est un DJ set. En clôture de festival, le samedi soir, il va reprendre un peu tout, de l’électro au metal, ce qui permettra un lâcher-prise en fin de journée.
Aujourd’hui, quelle est la capacité d’accueil du Kave Fest ?
On n’aime pas avoir les yeux plus gros que le ventre, donc la première année on s’est limités à 800 personnes par jour. En 2023, on est montés à 1.200 personnes par jour, et on a fait sold out. Là, l’objectif est un peu plus gros, mais réalisable : 2.000 personnes par jour, donc 6.000 en tout.
Sachant que vous avez rajouté une journée…
Oui, on a rajouté une journée. L’avantage du château, c’est que c’est un « bac à sable », on peut en faire ce qu’on veut à partir du moment où on l’aménage intelligemment. La vraie capacité, sur le plan sécuritaire et structurel, c’est 3.500 à 4.000 personnes par jour. Nous, on ne veut pas remplir cette jauge parce qu’on n’en a pas la capacité, ce serait nous tirer une balle dans le pied. On y va petit à petit, et aujourd’hui, on en est à la moitié de la capacité du château, à 2.000 personnes par jour.
Ce qui permet de conserver un esprit familial…Pour quelle raison avez-vous rajouté une journée supplémentaire qui, de plus, est gratuite ?
Parce que ça tombe le week end de la fête de la musique. Pour être très honnête, ça s’est fait un peu par hasard : on savait qu’on allait passer à 3 jours à un moment, mais pas cette année. Mais avec les jeux olympiques… La flamme olympique passe au château de Gisors le 6 juillet, ce qui est notre week end habituel, le premier week end de juillet. On essaie de se placer stratégiquement par rapport au Hellfest, qui a décalé son week end au dernier week end de juin, et le week end du juillet, dernier un peu viable avant que les gens ne partent en vacances, c’est aussi la fête nationale, donc le château est pris par la ville… Le seul moment disponible était le week end des 22 et 23 juin. Le 21, c’est la fête de la musique, alors on a proposé à la ville de nous aider, financièrement, structurellement, pour intégrer une proposition gratuite de rock et de metal au public local. La ville nous a totalement soutenus, nous a aidés avec la communauté de communes, le département, on a reçu des aides pour cette journée-là. Très simplement, la ville a pris en charge la billetterie potentielle de a journée de vendredi pour pouvoir la rendre gratuite pour tous.
Pour participer à cette journée gratuite, il faut s’inscrire quelque part ? Ce qui vous permettrait d’avoir des prévisions de visites, ou alors vous allez recevoir tout le monde au fil de l’eau ?
On a une inscription automatique avec l’achat du pass 3 jours – qui est moins cher que 2 journées puisqu’il est à 66 euros contre 36 euros la journée. Sinon, on va le faire au compte-gouttes parce que le vrai public cible, c’est le public local qui a envie de découvrir le rock et le metal. Les curieux vont avoir envie d’aller au château de Gisors, certains n’auront peut-être pas de culture metal, mais dans les villes de provinces, les gens bougent beaucoup pour la fête de la musique. Nous, on veut s’inscrire dans cette idée-là : les gens arrivent au château, s’ils veulent entrer et rester une heure, deux heures ou la journée, ils sont bienvenus.
Pour des gens qui ne connaissent pas le metal, il n’y a guère que Storm Orchestra qui soit « accessible ». Des groupes comme Psykup et Novelist ça déménage !
Il y a aussi Oakman qui est plus accessible… Quoique, Novelist, avec sa nouvelle chanteuse, c’est fun aussi, plus simple d’écoute pour quelqu’un qui ne connait pas le metal. Il y a des riffs vénères, mais c’est plus accessible, et Psykup reste très énergique aussi mais avec un esprit décalé.
Dans les affiches passées, quels sont les 3 groupes que tu es très content d’avoir eu à l’affiche ?
Alors, c’est parfait, il y en a 3 que j’ai en tête ! Même s’il y a plein de groupes qui m’impressionnent. Mais il y en a 3 qui ont une histoire particulière : le premier c’est Landmvrks qu’on a signés en 2020 avant le Covid, avant qu’ils n’explosent. Ils ont quand même accepté de jouer le jeu en 2022. Ils ont fait la tête d’affiche alors qu’ils avaient bien grossis. Là, il y a un « petit flair », et je suis assez content d’avoir été fan et de les avoir repérés avant qu’ils n’explosent et de les avoirs eus quand ils ont grossis. Myrath… Je suis tunisien d’origine, et c’est un groupe de cœur qui fait référence à mes racines, je les ai découverts là-bas… C’est le plus gros groupe qu’on a reçus, il y avait une prod, un cracheur de feu sur scène, donc il y avait aussi des enjeux sécuritaires. Et Diablo Swing orchestra. On est les premiers à les avoir fait venir en France après 10 ou 12 ans d’absence. Je les écoutais au lycée et je savais qu’il y avait un vrai public qui les attendait. Même eux étaient surpris ! et la rencontre humaine était très sympa.
Et cette année, il y a un groupe que tu es particulièrement fier d’avoir signé ?
Pff… Si je dois en citer 3… Évidemment, Plini. Ils sont Australiens, c’est un groupe qui a une renommée mondiale plus qu’internationale. Fierté personnelle aussi avec Thrown (NdMP : je crois…) qui est un peu comme Lanmvrks un groupe que j’ai repéré relativement tôt et qui est en train de péter, et Ankor, un groupe espagnol avec une chanteuse. C’est rare un groupe aussi prometteur avec une chanteuse. Je suis très content de les avoir cette année parce qu’on ne sait pas si ce sera encore possible dans 3 ou 4 ans…
Quelles sont les valeurs que le Kave Fest veut mettre en avant ?
A la base, on est un groupe de potes, alors je ne sais pas si on peut parler de « valeurs » pour faire un festival. On n’est pas engagés dans une vie sociale, par exemple. Par contre, on a une éthique plus que des valeurs… Une éthique écologique, on est aidés par Ecofest qui donne des conseils à des festivals, qui fait un audit pour mettre en place des process écologiques dans nos actions. Evidemment, on a une éthique féministe, dans la programmation et dans notre équipe. Je l’ai dit, on est une équipe de potes et dans la bande, il y a des filles. Elles ont des responsabilités dans l’asso et elles apportent une sensibilité différente, vraiment. Un truc « débile » auquel je n’aurai jamais pensé : une de mes responsables a simplement suggéré d’avoir des tampons au cashless afin de pouvoir dépanner les festivalières. C’est vrai que jamais de ma vie je n’y aurai pensé… On pense aux bouchons d’oreilles, on a ce qu’il faut si tu es en galère, mais on ne pense pas à ça. Et c’est important… C’est évident pour des filles mais absolument pas pour nous, et ça fait du bien, ce genre de recul… Il y a aussi le côté home-made : on travaille avec un brasseur local, pour la bière et le cidre, il y a des artisans qui sont à l’entrée du village… Ce n’est pas tant le côté patrimoine que le fait de nous entourer de gens qui aiment leurs produits et qui ont une dimension humaine, artisanale de ce qu’ils font.
Quelles sont les activités extra-musicales que le festivalier peut trouver s’il a envie de faire autre chose que de simplement participer à des concerts ?
Très bonne question, puisque cette année on a décidé de mettre les bouchées doubles sur cet aspect. On n’a qu’une seule scène, donc les changements de plateaux varie entre 25 et 35’, donc des temps morts assez importants. On a toujours voulu proposer dans ces moments des choses intéressantes. A une époque, on avait uniquement le village avec stand de tatouage, boddy wrok shop et autres et cette année on a décidé d’avoir une deuxième scène – pas encore nommée mais qui pourrait s’appeler la Basse Kour – avec une cracheuse de feu, des spectacles d’hypnose, de magie, des bardes qui font des reprises rock avec des instruments médiévaux, des chevaliers – qui étaient déjà là l’an dernier mais qui reviennent avec un show encore plus grand – du tir à la corde, des jeux… C’est ce qui fait l’ambiance familiale du festival.
Le festival dure 3 jours. Où le public peut-il dormir ?
On a un camping qui est mis à disposition par la Fermette bio de l’Epte qui peut accueillir 300 personnes. C’est également eux qui nous fournissent les aliments pour la cuisine – on ne fait pas appel à des food trucks, on fait tout nous-mêmes – et le propriétaire de la ferme nous prête son terrain. Il a construit des toilettes sèches, fait des aménagements pour accueillir 300 personnes. C’est pas énorme, mais c’est pas mal non plus, on fait camper des gens là-bas. C’est un camping qui est un peu plus « chiant » que dans la plupart des festivals metal parce qu’il y a un couvre-feu. Moi ça me va : il y a des chèvres, des canards, des animaux qui dorment la nuit. Une ferme, quoi ! Donc on interdit l’alcool, le tapage nocturne après minuit… Le metalleux ont l’habitude des campings avec apéro et la fête toute la nuit, nous, non. On a déjà eu quelques commentaires négatifs du style « on peut pas s’amuser » mais dans l’ensemble, les gens sont plutôt content d’y être. C’est un lieu qui est calme, propre, en adéquation avec les valeurs de la Fermette et des gens avec qui on travaille.
Donc pas besoin de bouchons pour dormir…
Potentiellement il y a les coqs et le chèvres (il sourit). Je conseille quand même les bouchons, même s’il n’y a pas les apéros à 3 heures du mat’ !
Tu parles de couvre-feu, quelles sont les amplitudes horaires du Kave fest ?
On fait du 17h-1h du matin le vendredi, le samedi de midi à 1 heure et le dimanche de midi à minuit, avec ouverture des portes une heure avant le début des festivités. L’avantage du château de Gisors, c’est que c’est le terminus de la ligne J. Les gens peuvent venir directement de Paris. On a calé la dernière tête d’affiche afin que les gens puissent rentrer sur Paris après le dernier concert.
Le camping a une capacité de 300 personnes. Quid des non parisiens qui ont besoin de dormir ?
Eh bien… Hôtel, il y a beaucoup de gens qui dorment dans leur voiture aussi…
Novelist revient.
Ouais !
Vous leur filez une carte de fidélité avec un troisième gratuit ?
(Rires) Du coup, c’est eux qui nous font le troisième gratuit ! On aime bien faire revenir des groupes parce que parfois il y a des rencontres et des ententes cools. On essaie de ne pas trop le faire vis-à-vis du public mais avec une nouvelle chanteuse, un nouvel album qui arrive, ça fait du bien de les avoir de nouveau. Ils sont cools, et musicalement ils ont quelque chose de nouveau à proposer. Il y a Detvar aussi qu’on fait revenir, il y en a d’autres qui reviendront aussi.
Quelle est la typologie du festivalier type du Kave Fest ?
Je les aime bien nos festivaliers… J’ai un souvenir d’une chose qui m’a marqué : en 2022, on était épuisés avec l’équipe, on était en sous-effectifs et on ne s’attendait pas à autant de monde. On a un rituel avec l’équipe : à la fin de la journée, avant le DJ Set, je fais monter toute mon équipe sur scène et on fait un remerciement général et on dit au revoir au public. Ce soir-là, on était crevés, et j’ai demandé au public de bien vouloir ramasser ses déchets, les mégots, les éco-cups… sinon, c’est à nous de le faire le lendemain… Véridique : le lendemain matin, le site était nickel. C’est ce qui est beau avec le Kave Fest : malgré le fait qu’on se professionnalise, que le festival grossisse…, on a pour objectif de rester humain, proche, convivial.
Et le profil type du festivalier : jeune étudiant, quinqua, trentenaire, tranche d’âge, sexe, CSP… ?
Alors, on est sur 65/35% d’hommes /femmes, ce qui est plutôt bien dans notre milieu, et une tranche d’âge de 25 à 35 ans. Qui dit public metal dit aussi « un peu plus âgé » alors on a aussi des quadras. Un public relativement aisé, aussi. En termes de pouvoir d’achat en tout cas, on n’est pas sur un « public rap » avec des entrées à 10 balles et des consommations réduites. On n’est pas non plus dans le public « électro bobo parisien » et des pass à 70€ la journée… On a un public qui aime bien profiter, et nous on fait en sorte de proposer des produits de qualité.
Le public metal est aussi un public de passionnés et de collectionneurs. Au-delà du merch, le vôtre et celui des groupes, y a-t-il des espaces dédiés pour les rencontres avec les artistes ?
On essaie de manière assez… indirecte de pousser les artistes à aller profiter du festival. Ils ont bien sûr leurs loges et leur espace à part, mais on leur offre des tickets conso ^pour aller au bar. L’espace merch est aussi souvent géré par les artistes parce que sur un festival de cette taille, ils n’ont pas de gens pour s’en occuper … Donc, oui, je dirai que la rencontre est faisable. On ne fait pas d’espace signature, etc… C’est très personnel, mais je trouve qu’on perd ce côté humain du festival… Si quelqu’un fait la queue pour avoir 5’ avec un gars, même si je comprends le plaisir de rencontrer quelqu’un dont on est fan, je trouve ça bizarre, ce n’est pas dans l’esprit du festival. Maintenant, je comprends tout à fait l’intérêt de le faire quand tu es fan. Moi, je rencontre Ozzy Osbourne, je deviens fou ! Même si ce n’est que 30 secondes… Je préfère réussir à inciter les artistes, les mecs de Plini, d’Alphawolf et les autres, à aller prendre une bière avec le public dans le festival, passer la frontière artistes/festivaliers – ces mecs, ils aiment le son, eux aussi – et passer du temps avec le public.
As-tu des anecdotes croustillantes, as-tu eu des demandes particulières de certains artistes, des choses qui t’ont surpris ?
Je suis plus souvent surpris des demandes des petits artistes que des grands… Les têtes d’affiches, elles sont professionnalisées, elles savent avec quoi et avec qui elles signent. Je bosse souvent avec des bookers qui nous connaissent bien, comme Veryshow, et c’est carré. Il y a des attentes techniques, pratiques, qui vient nous chercher à l’aéroport, à quelle heure on arrive, à quelle heure on joue… Que ce soit clean, respectueux, qu’ils soient bien nourris… Ils ne me demandent jamais des quantités astronomiques d’alcool parce qu’ils ont un show à assurer. On est sur une très bonne gestion de ces artistes pro. Par contre, les plus petits groupes autogérés… Il arrive souvent qu’ils n’aient pas ces codes là et qu’ils aient des demandes… euh… ben, tu leur dis « les têtes d’affiches, on ne leur donne pas ça, alors pourquoi on le ferait pour vous ? » C’est plus maladroit qu’autre chose. Le premier point de désaccord, c’est le cachet. Parfois, tu as des artistes amateurs qui font des calculs erronés et qui te demandent des cachets à 4.000€ alors que c’est ce que tu mets pour une « semi » tête d’affiche, des groupes qui commencent à avoir une certaine notoriété. Alors pour un groupe d’ouverture… On discute, et on fini par se mettre d’accord. On peut aussi avoir des histoires de matériel technique surévalué. Parfois, il peut y avoir des exigences en matière de conso, certains veulent un open bar pour eux et pour leurs potes… Mais on parle de cas très isolés. Globalement, c’est plus de la maladresse, on discute, on leur explique et, le jour J, ça se passe toujours très très bien. On n’a jamais eu de difficulté avec des artistes. Si ! Il y a eu une histoire rigolote avec une danseuse qui n’était pas membre des groupes mais qui voulait repasser sa chemise… Elle a viré toute la table de catering pour repasser au milieu de l’espace catering parce qu’on avait oublié de mettre en place une dressing room. Une erreur de notre part, qu’on a corrigée bien sûr, mais au lieu d’en faire part à notre équipe – on aurait trouvé une table en 2 secondes – elle a viré toute la bouffe de la table…
Tu as parlé d’argent : quel est le budget d’un festival comme le Kave Fest ?
A 10% près, on est aux alentours des 200.000€. Ça varie entre 200 et 240.000 € en fonction des choses à peaufiner. Le budget est très précis sur le papier, mais il y a toujours des locations de dernière minute, des hôtels un peu différents… il y a toujours des réajustements ici et là. Et ça fait facilement 20.000 balles d’écart. Un budget qui, pour la première fois, inclus un mini salaire pour les membres du bureau. On a toujours été bénévoles, et cette année, on va reverser à tous les responsable une petite enveloppe, symbolique mais avec un budget total de 10.000 € pour les chefs d’équipe.
Le symbole du Kave Fest est un phénix. Ça vient d’où ? Le fait que le festival soit revenu à la vie après le covid, qu’il renait d’année en année ?
Tu veux la vraie histoire ? Elle n’est pas belle, mais elle est drôle… C’est une bande de potes le Kave fest, et cette bande de potes, elle est née dans la Kave du premier festival qu’on a fait dans le jardin. Une cave en pierre voutée, superbe, et on faisait toutes nos soirées dedans avec mes potes. On jouait aux jeux video, on faisait les cons et on buvait des bières. Il se trouve que la bière qu’on buvait a un phénix en logo. On s’est inspiré de ce logo de bière pour le Kave Fest – la cave avec un K, la bière un peu esprit festival et camaraderie…Il y a des gens qui nous disent qu’il faut qu’on change la « marque » du festival parce que, à part cette bande de potes, personne ne sait pour quoi ça s’appelle Kave Fest, mais j’aime bien cette histoire : une bande de potes partis de rien du tout et qui arrivent très loin.
Où en sont les ventes, un peu moins d’un mois avant le coup d’envoi ?
On en est à environ 60% de la capacité. Comme on vise les 2.000 personnes jour, on va remettre des places en vente. J’espère qu’on fera un sold-out, je le pense… Si on vend tout sur la première jauge de 1.500 personnes, on remettra quelques places en vente pour atteindre les 2.000.
As-tu quelque chose à ajouter pour conclure ?
Le Kave Fest, c’est un peu mon bébé, j’en suis très fier, et je suis mon premier public. Je pense qu’on a quelque chose de très particulier, dans l’esprit et dans l’ambiance parce qu’on un lieu extraordinaire – faut l’imaginer, quand tu arrives devant ces murailles ! – et on a une ambiance très particulière, avec cette bande de potes, les interactions avec le public… Tout le monde me le dit et je pense que lire ce que je raconte, c’est une chose, le vivre, c’en est une autre. Je vous incite tous à tenter l’expérience !
Billets en vente directement sur le site : www.kavefest.com