En 2022, nous avions été assez séduits par Brutal pop 2, l’Ep/démo de Sun qui nous permettait de découvrir une artiste versatile et quelque peu touche à tout. Sun revient aujourd’hui avec Krystal metal, un album complet d’une originalité et d’une efficacité remarquables. La jeune femme a parfaitement intégré l’ensemble de ses influences qui vont d’une pop énergique et mélodique à du metal bien burné. Dès Free your soul, on sait où on met les pieds. En tout cas, on croit le savoir tant la virulence de ses growls est puissante. Cependant, c’est pour mieux revenir à un chant doux et à des mélodies immédiatement mémorisables. Car c’est là la grande force de Sun: proposer des titres enjoués et entrainants sur fond de guitares rageuses et de mélodies efficaces, l’ensemble allant rencontrer aveuglément une brutalité soudaine. Il y a tout au long de cet album un mélange de pop et de metal enragé, virevoltant et saccadé. Les guitares sont déterminées et colériques, et les lignes vocales joyeuses, accompagnant avec bonheur des « Ohohoh » que le public chantera en concert balançant ses bras levés de gauche à droite (faisant, parions le, cette connerie de « coeur-avec-doigts » sur Warrior riot grrrl). Le morceau titre se fait martial et hypnotique, puisant autant dans l’esprit de Metallica que dans la folie d’Avatar tandis que Sirius love figurerait parfaitement au générique d’un film pour ados. Sun est douée, très douée même, son ouverture et ses inspirations musicales ont tout pour séduire un public varié. Alors, oui, plongez-vous dans ce Krystal metal, lumineux, attirant et séduisant comme le plus pur des cristaux et dur comme l’acier. Bravo.
Week end du 8 mai oblige, le centre ville est quelque peu bloqué par les défilés et commémorations. Alors il faut tourner en espérant trouver une place… et une fois cela fait, longer les barrières jusqu’à pouvoir les franchir afin de traverser et rejoindre l’antre Dropkick où Headcharger doit se produire ce soir.
Heureusement, il fait beau, et, une fois arrivé sur place, l’ambiance est tout aussi chaleureuse. Le temps que Yeti, groupe orléanais qui joue ce soir les chauffeurs de salle, termine ses balance, je retrouve Romain Neveu, bassiste et membre fondateur de Headcharger, pour une interview des plus sympathiques – à suivre.
Yeti @Dropkick Orléans
Initialement annoncé à 21h30, Yeti investit la scène avec… une demi-heure d’avance. Le trio propose un rock varié qui se rapproche par instants d’un hard rock virulent. Pas bien grave, le public ayant déjà investit la petite salle. C’est donc devant une grosse poignée de spectateurs que le trio se démène.
Yeti @Dropkick Orléans
Ce n’est pas la première fois que Yeti joue au Dropkick et le groupe a visiblement quelques fidèles. Pendant pas loin de 45′, la bande chauffe salle et public comme il se doit au son d’une bonne quinzaines de titres qui piochent dans le rock, le grunge et le metal. Darken, The maze (qui n’ont, respectivement rien à voir ni avec le groupe ni avec le dernier album de Trank), Strong man ou encore un Yeti song repris par le public, le groupe fait le job. Un bien beau début de soirée, en somme.
Yeti @Dropkick Orléans
Headcharger @Dropkick Orléans
Changement de plateau, dernières balances… Le public revient tranquillement pour accueillir un Headcharger très en forme. Autant j’avais trouvé le groupe distant lors de leur dernier passage au Hellfest en 2022 – un certain Snakepit ne facilitant sans doute pas les choses – autant on sent ce soir les 5 au taquet. Si Sébastien Pierre (chant) et Romain Neveu (basse) sont les deux piliers fondateurs et immuables du combo, ils savent pouvoir compter sur le soutien des deux David (Rocha et Valléeà aux guitares et d’Antoine Cadot à la batterie.
Headcharger @Dropkick Orléans
Pendant un peu plus d’une heure, la vaste discographie des Caennais est passée en revue, du plus récent Sway (Insane, Wake up and run, Against the storm) aux plus ancien Watch the sun (Up to you) ou l’éponyme Headcharger (Falling asleep in masses). Le public est pris à la gorge dès le début, Sébastien et les siens ne relâchant la pression qu’en fin de set.
Headcharger @Dropkick Orléans
Pendant un peu plus d’une heure, le quintette offre un set puissant à un public plus que réceptif. Quand bien même la moyenne d’âge est élevée, ce dernier est le véritable sixième homme de la soirée, dansant, pogotant, se bousculant (se faisant bousculer, aussi) et répondant aux diverses demande d’un Sébastien très en voix.
Headcharger @Dropkick Orléans
Là le public s’accroupi pour mieux sauter, là, il se met à danser langoureusement ou encore furieusement sur You wanna dance qui vient clore de manière explosive ce concert plus que chaleureux, simple, enragé et efficace.
Headcharger @Dropkick Orléans
Malgré l’heure tardive, dès la fin du concert, c’est une jolie foule qui se masse devant le stand de merch attendant impatiemment l’arrivée des héros du jour. Headcharger a démontré ce soir être toujours habité et avoir besoin de cette proximité avec le public qui fait les grands souvenirs. Une très belle soirée comme on peut très souvent en vivre dans nos petites salles de province!
Il y a trois ans, nous avions pu découvrir Silver Dust avec Lullabies, un album que je qualifiais alors de « grandiloquent ». Autant dire que mes attentes avec Symphonies of chaos, le nouveau méfait des Suisses sont assez élevées. Commençons par le visuel puisque les Helvètes ont décidé de prendre le contrepied en choisissant une pochette noire et rouge, en opposition avec la sobriété d’avant. Musicalement, le groupe de Lord Campbell, âme pensante du combo, nous offre 12 titres tout aussi exubérants qu’innovants. La grandiloquence est naturellement toujours de mise – un état d’esprit chez Silver Dust, semble-t-il – et l’ensemble est parfaitement produit. Le groupe touche à tout et explore tous les styles, alliant metal parfois brutal à des ballade revigorante, un esprit théâtral – le groupe développe aussi un véritable identité visuelle – à une rigueur presque militaire. « Touche à tout », certes, mais sans jamais se perdre en démonstrations inutiles, et ça, c’est une vrai force. Silver Dust mérite vraiment qu’on se penche sur son cas d’urgence.
Issu de leur rencontre en 2015, Kryptoportikus est le projet commun du producteur/guitariste Chris Techritz et du vocaliste Franz Herde, ex-membre de Sieges Seven. Si tous deux ont un passé certain, je suis ici quelque peu gêné car si, musicalement, le duo nous replonge sans hésiter dans le metal des années 80 et le prog plus proche des années 90/2000, avec des airs qui rentrent dans la tête, je trouve le chant souvent exagérément poussé, maladroitement haut perché, pas toujours en phase avec le propos musical. Résultat: un chant qui m’agresse bien plus qu’il ne me séduit. Ce n’est que mon ressenti et chacun se fera sa propre opinion. Musicalement, toutefois, Dark rainbow, l’album de cette collaboration, tient vraiment la route, les plans de guitares évoquant aussi bien le progressif susmentionné que certains aspects thrash old school. C’est précis, aussi véloce que souvent raffiné et toujours précis. La production, elle aussi, est au niveau exigé par le genre. Mais voilà: je ne parviens vraiment pas à adhérer à cette voix qui vient gâcher mon plaisir tout au long des 12 morceaux (exception faite de l’intermède Medusa’s speech narré par une femme) que renferme l’album. Dommage. Ou tant pis…
Derherold est le projet du multi-instrumentiste suisse Olav Däumling qui offre un triptyque nommé Arcanum. Le concept est basé sur l’histoire du Herold – le hérault – personnage fictif défini comme un « noble paria » dont le voyage vise à lier la musique à son public au travers de différents éléments artistiques. Les 14 chansons du premier volet, Arcanum 1 – the rage, puisent dans un metal/rock très varié. La puissance est toujours de mise, le chant d’Olav (parfois presque faux) imprégné de sombre colère, et l’ensemble navigue sur une variété de sonorités toutes aussi théâtrales les unes que les autres. Du shock rock au progressif, en passant par une forme d’irrévérence verbale, Derherold interpelle autant qu’il surprend tant par sa personnalité propre que par ses influences, parmi lesquelles on retrouve ZZ Top, Dream Theater, Alice Cooper ou Pink Floyd. La musique ici ne se suffit pas et le concept Arcanum est accompagné d’une BD explicative illustrant, sur la base d’un jeu de tarot, chacune des chansons, actuelles et à venir. Une édition limitée avec le premier volet de la saga mais consultable sur les réseaux sociaux. Une découverte intrigante dont on attend maintenant la suite avec impatience.
Impossible, dès les premières mesures de 6 feet under de ne pas penser à Evanescence. Entre le rock entrainant, le chant féminin plein de douceur, tout évoque, à un autre niveau, le groupe d’Amy Lee. Pourtant, tout au long de Rebirthed, son premier album, After Us All s’en détache par ses approches différemment pop. Si les guitares sont toujours aussi rageuses qu’enjouées, si le chant est entraînant, si les mélodies lorgnent du côté suave et soft pop, les Français parviennent à créer un univers acidulé et amer à la fois. Cette amertume, c’est un phrasé anglais agréable mais une difficulté à comprendre les paroles, une voix douce et haut perchée sur fond de guitares et de rythmes enjoués. Seulement, voilà: l’éternelle question: si je passe un très agréable moment, à la fin, je retiens quoi? De jolies mélodies, certes, un ensemble pas désagréable, mais que me reste-t-il en tête? De l’envie, du savoir faire, oui, il y en a. Oui, mais… Comme l’ont si souvent écrit mes enseignants: « peut mieux faire, doit persévérer ».
La lecture des titres laisse aisément croire que Andromeda, le nouvel album des Français de March Of Scylla, est un concept centré autour de la mythologie grecque. Les dix titres développent des ambiances lourdes, sombres et martiales. Le chant quelque peu torturé, parfois enragé, de Florian Vasseur, s’il souffre d’un trop moyen accent anglais, est mis en scène au gré des besoin de chaque titres. De l’incompréhension à la colère sur Ulysse’s lies à la douceur de Blaast en passant par les abymes de Cosmogony, tout y passe. Musicalement, les guitares de Christopher Fraisier – parfois étonnamment étouffées – sont soutenues par une section rythmique (la basse de Robert Desbiendras et la batterie de Gilles Masson) aussi puissante que martiale. Tant mieux, car illustrer les aventures d’Achille ne saurait passer par trop de bienveillance. L’ensemble est nappé de claviers, enveloppant la brutalité générale d’une forme de douceur et de fragilité. Avec une production signée Francis Caste – Andromeda a été enregistré, oh, surprise!, au studio Sainte Marthe- on a la promesse d’un bon moment à venir. Et que penser de cette sublime illustration, œuvre de Pierre Gacquer? Un superbe album, aussi bien visuellement que musicallement.
Ils le disent eux-mêmes, mais peut-on vraiment parler de « reformation » en ce qui concerne les Bordelais de Silicium? Lancé vers 2005, le groupe a publié un premier Ep en 2008, Linked to the machine, avant de disparaitre… pour revenir en 2022 avec un line up plus que remanié. Aujourd’hui Guillaume Roget (guitare), le seul membre originel de Silicium s’est adjoint les services de son frère Maxime (guitare, Droste), Arthur Nouhaud (chant, Albercave), Thomas Darracq (basse, Theorem) et Antoine Fourré (batterie, Ex-Exocrine). Sous cette forme, le groupe compose Apocalyptic scheme, un nouvel Ep de 5 titres tous aussi furrieux et enragés que groovy comme il faut. Le chant enragé propose un mix entre hardcore et death metal, soutenu par des riffs tranchants et une basse groovy qui apporte un peu de rondeurs à l’ensemble. Car au-delà des grognements d’Arthur, Silicium varie les tempi offrant ainsi une jolie palette de couleurs à l’ensemble. Loin de ne faire que bourriner, Silicium propose une musique puissante qui sait proposer des temps de repos rendant l’ensemble très efficace. A quand la suite?
En 4 titres, Kaederic invite l’auditeur dans un voyage sonore et quelque peu introspectif. Le premier Ep du groupe, comme l’évoque son titre – It comes from the inside – autant que sa pochette torturée, propose une sorte de concept traitant de la souffrance mentale et des combats d’un homme pour s’en sortir. Pour cela, Kaederic utilise diverses sonorités allant de la douceur d’un Nemesis qui débute sur des sonorités folk celtiques avant de s’enfoncer dans la noirceur brutale d’un cri intérieur de souffrance personnelle qu’on n’ose avouer en public. Au travers de ses 4 courts morceaux, Kaederic nous invite à voyager au travers de l’inquiétude (The dark side of my mind), de l’apaisement et du délire (Sisyphean dance) et de la brutalité d’un combat salvateur (Spit my fire, à la fois brutal et tribal, électro et hypnotique comme une transe). Jamais répétitif, Kaederic nous offre une carte de visite aussi intrigante qu’attirante. De celles qui donnent envie d’en connaitre plus… Une suite est-elle à venir?
Z Family a été formé par le guitariste Yves Terzibachian, le fameux « Z », qui, après avoir formé The Coyote Desserts, fit un passage au sein des brutaux Dagoba. Il retrouve par la suite le batteur des Coyotes, Benjamin Surrel, avec qui il se lance dans l’aventureZ Family en 2015. Après ses deux premiers chapitres, Z Family met le pied sur le frein avant de revenir aujourd’hui avec Chapter III: The drak awakening, un album composé de 7 titres qui explorent, à l’instar de la pochette, divers univers musicaux. On passe du heavy US moderne à des ballades douces et tendres (Lost in the shadow – 28/01/2005 qui clôt le CD. Une palette variée qui évoque aussi bien le heavy taillé pour les radios (le morceau titre) ou les rythmes martiaux chers à Powerwolf et consorts (Fractured et son intro acoustique qui m’évoque Queensrÿche). Z Familly lorgne même du côté de la new wave (Edge of the world) et, naturellement, de ses principales influences qu’on retrouve tout au long de l’album. Si celles-ci vont de Korn à Alice In Chains, Z Family ajoute une touche de stoner, une grosse dose de groove et crée des ambiances aussi spatiales qu’entrainantes.