MATW: Through the looking glass

France, Metal (Ep Autoproduction, 2023)

MATW c’est l’acronyme de Me Against The World. C’est aussi le nom d’un quatuor fondé à Marseille qui, avec son « Ep » Through the looking glass, propose un metal hybride qui puise dans nombre de styles énervés, voire enragés. Les 8 titres de ce disques (d’où le fait que EP soit noté entre guillemets – avec des titres qui vont jusqu’à 6′ parfois, on est plus proche d’un album que d’un simple Ep) puisent autant dans le metalcore que dans le punk, le hardcore ou le neo metal et fait quelques incursions dans le metal dit plus « traditionnel ». MATW s’aventure sur divers terrains de jeu sans complexe et parvient à saisir l’auditeur à la gorge (Spoiled, Endless disease) autant qu’il sait se faire séducteur (l’outro romantique de Never look down II, les choeurs doublés du morceau titre) et propose avec un naturel remarquable une variété d’ambiances de laquelle chacun pourra trouver son son. Ce nouvel essai (après Find your way, Ep de 2013, et MATW, premier album en 2015), ce disque quelque peu voyeur (le titre signifie « à travers le miroir sans tain ») présente ce qu’il faut pour avancer d’un grand pas sur l’échiquier.

HELLFEST XVI: la galerie de jeudi 15 juin 2023

Retrouvez ici le report complet du Hellfest XVI

Retrouvez ici le report complet du Hellfest XVI

CORVIUS: Signals

France, Metal (Autoproduction, 2023)

Il y a des mystères comme ça, genre la découverte récente de cet album de Corvius pourtant sorti au mois de janvier… Le groupe fut formé en 2018 avec dans l’idée d’allier metal et cinéma. Un esprit prog qui se traduit sur Signals par le biais d’instrumentations variées puissantes et parfois symphoniques. Si l’album démarre avec une mise en place d’ambiances feutrées, le groupe entre dans le vif du sujet avec un metal à la fois rugueux et aérien aux tableaux sonores qui évoluent au fil du morceau. Le chant alterne ici entre voix féminine lyrique – qui parfois m’agresse les tympans – et masculine avec des hurlements black ou death. La suite introduit d’autres tonalités vocales sur fond musical à la fois symphonique et metal, heroic fantasy et SF. C’est bien là l’objectif de Corvius que de créer non pas un mais des univers sonores aux travers de ces tableaux qui, s’ils ne sont pas toujours faciles à suivre, présentent une palette suffisamment vaste pour que l’auditeur ne s’ennuie pas. Et si l’on peut espérer à l’avenir une meilleure maitrise de l’accent anglais, Corvius a le profil d’une formation à la musique digne d’illustrer une épopée sur grand écran. A noter que si Signals est naturellement disponible en version CD, il en existe également un pendant visuel DVD avec making of i tutti quanti. A chacun de choisir, sonc!

PHIL MANCA: Layers of pain

France, Heavy metal (Autoproduction, 2023)

Si son nom reste confidentiel, Phil Manca a un CV long comme le bras… De Renaud Hantson à ERA en passant par des BO de films (dont un certain Les visiteurs), le guitariste compositeur est un musicien accompli qui publie aujourd’hui un troisième album sous son nom. Composé de 9 titres, Layers of pain permet à Phil Manca d’offrir à son auditoire un condensé de ses influences. Celles-ci vont du heavy pur jus – heavy, pas thrash ou extrême, hein! – au blues, le tout doté d’un son contemporain. En 4 titres, le gaillard explore une grande partie de son savoir faire et de ses amours musicales. The race is on (titre oh combien approprié) est une entrée en matière véloce et entraînante. Le gaillard manie le manche avec brio et est accompagné par une équipe redoutable dont un chanteur, Josselin Jobard, qui maitrise parfaitement la langue de Shakespeare. La suite se fait plus douce, le metal cédant le pas au hard rock puis à la heavy ballad et au blues que n’aurait pas renié Gary Moore. Tout au long de Layers of pain, Phil Manca varie les plaisirs heavy rock, interpelle et secoue les tignasse. C’est carré, fichtrement bien fait et produit pour un résultat enjoué et plein d’entrain. Tellement bien fait, d’ailleurs, qu’il es difficile, à l’écoute de cet album, de croire qu’on a à faire à un artiste autre qu’Américain…

Interview découverte: KRASHKARMA

Interview KrashKarma. Entretien avec Niki (batterie, chant) et Ralf (Guitare/basse et chant)

Il y a des groupes comme ça, tu n’en as jamais entendu parler et tu te demandes comment ça se fait. Quelques heures avant le début du la 12ème édition du festival Rock In Rebrech, je contacte KrashKarma pour demander une interview. A l’improviste et à l’arrache. La réponse arrive rapidement avec une affirmation enthousiaste. Sur place, Metal-Eyes découvre un groupe, un duo, aussi charmant et bavard que scéniquement imparable. Interview découverte d’un groupe à l’avenir certain avant un concert qui restera – devrait rester – dans mon top 3 de cette année.

C’est la première fois que nous nous rencontrons, alors que pouvez-vous me dire au sujet de l’histoire de KrashKarma ? Je sais que le groupe s’est formé aux alentours de 2005…

R : Non, plus tard… KrashKarma s’est formé vers… 2009. Nous nous sommes rencontrés en 2005, nous avons commencé à jouer ensemble en 2006, et ensuite on a débuté KrashKarma en 2009.

Sous forme de groupe, vous étiez 4 ou 5, je crois ?

Tous deux : nous étions 4.

Et maintenant, vous êtes un duo… Entre temps, vous avez enregistré 3 albums et il y a un nouveau qui arrive…

N : Il sort le 23 juin, absolument !

R : On a sorti notre premier Ep – 7 titres, on peut presque dire un album – en 2007 et notre premier vrai album de 12 titres en 2010. Le suivant est sorti en 2015, un autre en 2018 et un dernier Ep en 2020. Le nouvel album arrive enfin maintenant.

N : le dernier album, Morph, est le premier album en tant que duo. Les autres albums étaient ceux d’un groupe.

Qu’est-ce qui vous a amenés à passer d’un groupe à un duo ?

R : Tout d’abord, en tant que groupe, on devait beaucoup voyager. On voyage beaucoup entre les USA et l’Europe. Nous vivons à Los Angeles mais réussir à avoir tout le monde au même moment aux USA ou en Europe était compliqué. On a fini par avoir des équipes différentes en Europe et d’autres aux USA.

N : Ralf et moi sommes ceux qui avons toujours écrit et composé la musique, en fait.

R : Nous avions des équipes à faire voyager des deux côtés et à un moment, on a décidé de ne rester qu’à 3. Sur scène, je voulais toujours mettre le feu et avoir quelqu’un pour jouer les parties compliquées (Niki rit). Plus le temps a passé, plus nous devions voyager et plus il est apparu évident que je devais jouer toutes les parties de guitares. Nous sommes passés de 4 à 3. Puis en 2015 on a sorti Paint the devil. On a eu beaucoup de promotion à la radio, on a fait une grande tournée des Etats-Unis, et notre bassiste d’alors n’a pas pu obtenir un visa pour venir d’Europe. Nous avons embauché un nouveau bassiste pour la tournée mais ça n’a pas fonctionné… On a recruté un autre bassiste en vue de cette grosse tournée. Et ce dernier, le premier jour de la tournée (Niki rit)…il s’est blessé le dos !

En fait, c’est de là que vient votre nom ! Vous crachez le karma des gens ! (rire général)

R : On a dû conduire de LA à Chicago. 30 heures de conduite ! Arrivés à Denver, il ne pouvait plus sentir ses jambes…

N : On a dû porter notre matériel pour la première fois en début de tournée, et je pense que la blessure qu’il avait a simplement empiré… Quand tu restes assis dans un van pendant 15 heures, tu peux ressentir ce genre de choses. On a su que ça n’allait pas fonctionner.

R : On est arrivés à Chicago, on l’a déposé, puis on a appelé tous ceux que nous connaissions mais personne n’était disponible. On a décidé que je devais aussi tenir la basse… J’enregistre toutes les basses sur les albums, donc je savais déjà quoi jouer. Pour la première fois sur cette tournée, nous avions des enregistrements. Je ne jouais pas de la basse, mais on a décidé de placer le kit de batterie de Niki à l’avant de la scène, elle chante et je chante. C’est comme ça que nous avons fait cette tournée. Et puis, pour pouvoir jouer de la basse, j’ai créé cet instrument : j’ai mis toute la basse sur une seule corde et j’ai pu créer Ms Frankenstein. C’est vraiment là qu’est né KrashKarma, et c’est comme ça que les gens ont vraiment commencé à nous connaitre : nous deux.

N: On a eu un tel retour des gens. On a joué devant les plus larges audiences que nous ayons connues, juste après avoir conceptualisé et créé cette image. On l’a imaginée et on a joué pour la première fois devant 5.000 personnes. Après, nous voulions simplement faire mieux encore, ne pas jouer avec des bandes, que les gens puissent voir ce que deux personnes seules peuvent réaliser en simplifiant les choses au maximum. C’était notre vision de notre groupe. Quelque chose d’unique, que nous n’avions pas encore fait…

R : Aussi, l’enregistrement de nos albums doit être représentatif de ce que nous faisons sur scène. On a super producteur qui réussi à reproduire tout ça !

Vous jouez du metal. Clairement (ils approuvent). Habituellement, un groupe de metal c’est guitare/basse/batterie, parfois des claviers, mais vous non. Tout ce qu’on entend sur scène, c’est vous et rien d’autre ?

Tous deux : oui.

Comment décririez-vous la musique de KrashKarma à quelqu’un qui ne vous connais pas ?

N : Comment la décrire ? Déjà, nous sommes deux. Quand tu écoutes de la musique, tu ne sais pas combien de personnes il y a dans le groupe. Nous sommes avant tout des compositeurs, et en tant que tels nous voulons que notre musique botte des culs ! Créer de la musique que les gens vont adorer. Ce que nous voulons, c’est que l’on puisse retrouver en live ce qu’il y a sur disque. Avec un chanteur et une chanteuse, nous pouvons créer le son que nous voulons dans ce genre, et jouer avec nos voix. Nous avons beaucoup de liberté bien que nous soyons réduits à un duo. Très intéressant. Notre jeu de scène est aussi important. Tout ne tourne pas qu’autour de nos chansons, le show est important également ! Je viens à l’avant, il saute de la batterie, on saute partout et on passe du bon temps ! Beaucoup d’énergie que nous voulons partager avec toi !

Vous avez des voix différentes : toi, Ralf, une voix puissante et parfois hurlante, Niki une voix plus douce mais pas toujours. On pourrait vous comparer à la belle et la Bête ?

N (elle rit) : Oui, mais qui est qui ? On ne le sait jamais, ça dépend de notre humeur ! C’est la même chose avec le Krash et le Karma, le Yin et le Yang…

R : Tout tourne autour de la dualité…

Que pouvez-nous dire au sujet du nouvel album ? Comment s’appelle-t-il ?

N : Il s’appelle Falling to pieces, comme la première vidéo, il y en a une autre.

R : Quand on a commencé, à 4, j’étais au centre et Niki chantait aussi. Depuis que nous  nous travaillons à 2, il est évident que nous nous partageons le chant : Niki chante 50% et moi aussi. Je présentais aussi toute la musique et les chansons, alors j’ai voulu mettre Niki en avant. Après tout, nous sommes le seul groupe à avoir une batteuse et chanteuse, personne d’autre ne le fait dans le metal ! Le premier album que nous avons enregistré à deux s’appelait Morph, mais le titre complet était Morph into a monster. C’est l’idée du voyage que nous avons fait jusqu’à devenir ce monstre qu’est KrashKarma. Ce soir, tu va voir notre nouveau backdrop avec une représentation de Frankenstein, et un corps avec 4 bras et 2 jambes, ce qui, en gros, représente le monstre que nous sommes. Il y a un peu de Shiva qui danse et quand elle arrêtera de danser, ce sera la fin du monde ! Avec ce nouvel album, nous avons voulu pousser les limites de ce que deux personnes peuvent faire. On ne voulait pas ajouter encore et encore des guitares.

N: On utilise la technologie pour ce qu’elle nous apporte aussi.

R : On se lance aussi des défis pour aller plus loin.

Comment décririez vous l’évolution du groupe entre Morph et Falling to pieces ?

N : On est clairement plus heavy, et nous sommes plus techniques aussi.

R : Nous sommes plus techniques, oui ! Nous aimons les chansons accrocheuses, avec un couplet sympa, un refrain entrainant… On aime aussi la musique suédoise, comme In Flammes, Soilwork, le death mélodique. On en écoute beaucoup, comme des nouveaux styles.

N : Je crie aussi plus, ce qui est nouveau pour moi. Je n’étais pas familière de ce style de chant avant et c’est aussi une nouveauté pour cet album.

Qu’avez-vous appris à votre sujet en enregistrant ce nouvel album ?

N : A croitre et à grandir, ne pas être effrayé de tester des choses. On a toujours des craintes mais ce que la vie nous apprend c’est à aller de l’avant et grandir, mûrir.

R : Avec chaque album, on enregistre un paquet de chansons. Pour celui-ci, on a dû en composer environ… 30, il y en a donc certaines qui ne finissent pas dessus. Parfois, on trouve une chanson bonne mais il manque quelque chose, alors on y revient quelques jours plus tard pour tenter de nouvelles choses. Chaque album est une nouvelle expérience, on ne s’assied pas pour répéter ce que nous avons déjà fait, nous tentons de nous améliorer.

Vous sélectionnez aussi les chansons qui finissent sur l’album en envisageant la scène, donc ?

R : Oui. Quand tu verras le show ce soir…

Non, je ne reste pas ! (rire général)

R : Au revoir, alors ! Tu verras un show avec beaucoup de choses et quand tu te réveilleras demain matin, tu vas te souvenir de certains moments et de certains airs (NdMP : tu ne crois pas si bien dire, Ralf !) C’est notre objectif en montant sur scène. Quand on écrit une chanson, on se demande ce qu’on va pouvoir faire sur scène. Par exemple, il y a sur le nouvel album cette chanson, Tap dancing through minefields. Niki sait faire des claquettes, alors on a pensé à une chanson sur laquelle Niki pourrait en faire, sauter de sa batterie et faire un solo de claquettes.

C’est vraiment un show visuel…

R Totalement. C’est comme cette chanson, Fireball : je joue de la guitare et de la basse tout en jouant aussi de la batterie. Niki joue d’un vieil instrument du 16ème siècle…

Ne me dites pas tout, je veux des surprises aussi !

R : elle là on ne la jouera pas ce soir, on n’a pas ce qu’il faut. Mais il y a Girl with a hammer qu’on va jouer : Niki est à la batterie, elle chante, et elle saute par-dessus avec un marteau. Il y a aussi…

N : Ne lui dit pas tout, il l’a demandé ! (rires)

Vous avez déjà, je crois, joué une fois en France…

N : Nous avons déjà fait une petite tournée en France, on a donné 9 concerts. Mais c’est notre première fois dans la région orléanaise. On a rencontré notre manageur qui a eu cette idée de nous faire venir dans un pays comme la France. Pourquoi pas ? Allons-y, et c’est comme ça que nous avons commencé en France. La tournée de janvier était super, les Français sont adorables et on a envie de grandir ici aussi. Il y a une bonne connexion.

Et qu’en est-il aux USA ? Vous vivez de votre musique ?

R : Oui, on en vit, les Etats Unis, c’est très grand, et on a un bon following qui fait que nous pouvons tourner régulièrement.

N : Les USA sont tellement vastes qu’on peut ne pas jouer au même endroit deux fois dans l’année…

Si vous deviez ne retenir qu’une chanson de votre nouvel album pour expliquer aux gens ce qu’est KrashKarma aujourd’hui, laquelle serait-ce ?

N : Je dirai Voodoo devil drums. Parce que je suis batteuse (rires), il y a un solo de batterie au milieu, c’est un titre heavy, on peut danse r dessus, je crois que c’est le titre que tout fan de KrashKarma aimera et qui nous représente le mieux aujourd’hui.

R : Aussi, ce titre parle d’une épidémie de peste à Strasbourg au 16ème siècle. Une autre connexion avec la France ! Il semble que les malades dansaient jusqu’à la mort…

N : Tout nous fait revenir vers la France ?

Quels sont vos prévisions de tournée ?

N : Nous allons beaucoup tourner cette année, nous allons faire la navette avec les USA deux fois !

R : On va jouer en Europe, beaucoup, on va ouvrir en Allemagne pour Butcher Babies, on va faire le Metal Cruise en Norvège, revenir en Allemagne, on a des dates aussi en Finlande, et tout commence aujourd’hui ! Aujourd’hui, c’est la première date de la tournée !

Un peu de stress, surtout avec le nombreux public présent aujourd’hui (les deux rient) ?

R : La pression, elle est surtout avant, avec la préparation, le backline, les instruments, l’équipe, les aspects légaux, le merch…

N : Mais une fois que nous sommes sur scène, dans notre élément, le stress disparait.

R : pour moi, le stress a disparu hier quand nous sommes montés dans le bus. Je suis vraiment heure car maintenant, je vais pouvoir me lâcher !

Une dernière chose : quelle pourrait être la devise de KrashKarma ?

R : Vit l’instant et sois quelqu’un de bien. Si tu es une mauvaise personne, ça va vite se retourner contre toi : ton karma va revenir avec un crash !

N : Vit l’instant et apprécie le voyage, c’est tout !

R : c’est comme notre nouveau single, I survived the afterlife. Qui sait ce qu’il y a dans le monde d’après ?

Ça me fait penser à une autre chanson : quand avez-vous commencé à penser à ce nouvel album, avant ou après la pandémie ?

R : Avant, bien avant !

N : Avant, mais beaucoup de choses ont changé. On envisageait un Ep au départ, mais ensuite on avait du nouveau matériel, d’autres idées…

R : Nous voulions sortir ce disque à l’été 2020…

N : Mais il ne s’appelait pas Falling to pieces

R : Pas encore, mais on avait le principal. On a renoncé à sortir un album en pleine crise sanitaire. Alors, on a sorti des singles. Ce faisant, on composait d’autres titres. Puis on avait une tournée, on a préféré ne pas sortir l’album à ce moment… Et on a écrit de nouvelles chansons qui sont devenues Falling to pieces

Avez-vous quelque chose à ajouter pour terminer ?

N : Que tout le monde aille nous découvrir sur les réseaux sociaux, suivez-nous, et venez nous découvrir sur scène. Venez nous rencontrer, nous adorons parler avec nos fans ; Au-delà de tourner, nous aimons rencontrer des gens, tout simplement.

R : Vous nous trouverez toujours à notre stand de merch !

 

ROCK IN REBRECH 12: le report

 

Retrouvez ici la galerie complète du festival

Rebrechien est une commune de quelques 1500 habitants située dans le Loiret à à peine 20 km d’Orléans. Une commune qui, depuis bientôt 15 ans, à l’initiative de l’association No Mad Music et sous l’impulsion de son président Arno Walden, organise chaque année le festival Rock In Rebrech. Au départ simple tremplin d’une journée pour jeunes formations de rock, le festival a vu ses ambitions croitre avec le temps et a reçu des groupes à la notoriété plus importante. On peut citer Satan Jokers, Vulcain, une jeune Laura Cox ou les plus expérimentés Cock Robin, Chris Slade Timeline ou encore le très sympathique Marco Mendoza.

Pour la sixième fois de son existence, le festival se déporte en extérieur sur le très agréable terrain sportif de la commune, terrain qui jouxte la salle polyvalente qui fait office de refuge pour les artistes conviés. Et pour la première fois, le festival est payant, mais d’une simple participation aux frais (8 euros/jour ou 14 euros les 2 jours…). Des tarifs plus que raisonnables mais la population jusqu’alors habituée à entrer gratuitement boude un peu, déserte et/ou fait demi tour en arrivant aux caisses. C’est bien dommage…

Dommage, car non seulement le site est accueillant et agréable, le soleil est au rendez-vous, les food trucks variés et en nombre, des stands d’onglerie et de tatouage ainsi qu’un simulateur de conduite sont aussi de la partie, mais surtout, les groupes sont accessibles directement à leur stand de merch… Tout est réuni pour faire de ces deux jours un moment très convivial, familial et agréable, mais, en ce vendredi, le site reste trop déserté. Tant pis pour les absents, car ceux qui sont venus en auront pour bien plus que leur argent! Dommage aussi, car cette édition fut marquante à plus d’un titre, elle fut celle « des premières fois »: première tournée de The Prize, première date de Malemort depuis la sortie du superbe Château Chimères et qui ce soir joue sans bassiste, première date de la tournée de KrashKarma, première venue des Croates de Jelusick et peut être première venue des Montpellierains de Headkeyz.

The Prize @Rock In Rebrech 12, 2 juin 2023

Ce vendredi débute avec The Prize, groupe récemment formé par le guitariste frapadingue Christophe Godin, son complice de Mörgbl, le batteur Aurel, et l’ex-chanteuse, première chanteuse d’ailleurs, de Nightmare, Maggy Luyten. Pendant une heure, le groupe nous offre un heavy metal varié et puissant, Maggy allant chercher le public là où il se trouve, assis sur les bancs à siroter des bières.

The Prize @Rock In Rebrech 12, 2 juin 2023

Le quatuor nous offre une prestation joyeuse et radieuse comme le temps, jouant la plupart des titres de son premier album éponyme (seul Where rivers flow pt 1 n’est pas de la partie), agrémentés d’une reprise au message à peine caché avec The show must go on de Queen. Assurément un très bon concert pour introduire ce week end offert par un groupe jovial et simplement heureux d’être sur scène. Une très bonne mise en bouche.

The Prize @Rock In Rebrech 12, 2 juin 2023

 

Malemort @Rock In Rebrech 12, 2 juin 2023

Nous l’avons évoqué, Malemort revient enfin sur scène. Xavier, le chanteur, nous l’expliquait lors de la promo de Château Chimères, (cf. l’interview avec ce lien) le groupe a été remanié ne conservant en son sein que les deux Sébastien aux guitares et lui, ayant alors déjà une idée de quelle section rythmique les accompagnerait live. Le public va pouvoir découvrir cet après midi Romain – déjà connu pour son travail avec Bukowski – mais aura la surprise de voir un quatuor, le bassiste s’étant blessé au poignet et ne pouvant être de la partie. Xavier le notera d’ailleurs expliquant que le groupe joue aujourd’hui avec des basses préenregistrées. Un sacré exercice de précision qui explique sans doute que Malemort ne joue que 40′.

Malemort @Rock In Rebrech 12, 2 juin 2023

Un set court mais efficace, le groupe puisant dans ses deux derniers albums, laissant naturellement une bonne place à son dernier avec pas moins de 6 titres (Les grands ducs, Pyromane blues, Maldoror, Semaphores, Quelle sorte d’homme et Je m’en irai). Ball Trap est quant à lui représenté par les désormais incontournables que sont Carnaval cannibal, Madame, Mon nom et Cabaret Voltaire. Même le tout premier album de Malemort est de la partie avec un titre, Le domaine, sans doute moins connu que le reste.

Malemort @Rock In Rebrech 12, 2 juin 2023

Là encore, le groupe est en forme, heureux de retrouver une scène. Et franchement, l’énergie dégagée par Xavier et ses compères est belle à voir, Malemort ne comptant pas ses efforts pour séduire le public que le chanteur vient d’ailleurs taquiner devant les barrières. Allez, maintenant, une tournée! A noter que ces deux premiers groupes seront à l’affiche du New Blood Fest de Culoz (https://www.facebook.com/NewBloodFest/)

Malemort @Rock In Rebrech 12, 2 juin 2023

KrashKarma @Rock In Rebrech 12, 2 juin 23

Encore peu connu en France, KrashKarma va se révéler LA sensation du festival. Le groupe m’ayant mis l’eau à la bouche au cours d’une interview quasiment improvisée (je leur ai demandé le matin même et obtenu un OK quasi immédiat, interview à découvrir avec ce lien), impossible de ne pas aller découvrir en live ce duo de L.A. composé de la batteuse chanteuse Niki et du bassiste/guitariste (tout ensemble, oui)/hurleur, Ralf. Un duo « belle et la bête » dont on ne sait pas vraiment qui est la belle et qui est la bête…

KrashKarma @Rock In Rebrech 12, 2 juin 23

Tout commence dès le stand de merch d’où sort Niki tambourinant sur sa caisse claire et appelant le public. Elle est bientôt suivie par Ralf, porte-voix à la bouche haranguant les présents et conviant tout le monde à les suivre. Les deux font le tour du stade, bientôt suivis de tout le public qui vient se masser devant la scène, naturellement attiré par cette introduction. Ce public ne décollera pas pendant les 90′ qui suivent.

KrashKarma @Rock In Rebrech 12, 2 juin 23

Ils ne sont que 2, et pourtant… l’énergie déployée est monumentale. Ne connaissant pas la discographie du désormais duo, je découvre KrashKarma au gré des titres au chant partagé. Agressif et doux à la fois, chacun joue tour à tour son rôle de bon et de brute. Le truand est quant à lui mis de côté tant cette prestation est vraie.

KrashKarma @Rock In Rebrech 12, 2 juin 23

Ralf présente ensuite le duo, précisant que « je suis Krash, elle est Karma ». Le show est à la hauteur des espérances. Tout y passe… Ralf présente au public son instrument fait sur mesure, Mrs Frankenstein: « vous voyez, ici, un switch, là un autre. Le premier c’est pour la guitare (démonstration), l’autre pour la basse (blong blong blong). Et je passe de l’une à l’autre« . Un mini solo lui permet de mettre des sons sur ses propos quand il ne se prend pas pour Jimi Page ou Apocalyptica avec son archet!

KrashKarma @Rock In Rebrech 12, 2 juin 23

Puis c’est au tour de Niki qui saute au dessus de sa batterie, descend dans le public, l’invite à s’assoir le temps d’une douceur qui la voit danser, un gant à la main projetant des lasers dans le public, déjà sous le charme et bientôt conquis avant de la raccompagner sur scène.

KrashKarma @Rock In Rebrech 12, 2 juin 23

La folie continue de plus belle, Niki s’emparant d’une énorme masse (que pourrait bien jalouser Gloryhammer…) sautant au dessus de son kit pour frapper la terre avec hargne… Le show se termine avec un duo exsangue et ravi qui non seulement vient saluer le public mis l’invite à le rejoindre au stand de merch après le concert. Ce qu’il se passe, le barnum du duo étant quasiment pris d’assaut par les nouveaux fans venus demander autographes et photos autant que se procurer des souvenirs. Un moment exceptionnel – et, encore une fois, un duo à découvrir au travers de cette interview découverte !

KrashKarma @Rock In Rebrech 12, 2 juin 23

Impureza @Rock In Rebrech 12, 2 juin 2023

La tête  d’affiche, ce sont les locaux d’Impureza. Malemort ayant décallé les heures de passage, c’est bien plus tôt que Impureza monte sur scène après avoir pris le temps d’installer tranquillement son décorum – deux superbes pieds de guitare et basse, ornés de feuilles et de cranes (piqués dans les catacombes?)

Impureza @Rock In Rebrech 12, 2 juin 2023

Le groupe de death metal monte sur scène devant un public épars mais un public d’amateurs de sensations fortes. Et les orléanais lui en donne pour son argent. Mais un groupe de death en tête d’affiche d’un festival qui se veut familial est un choix risqué. Il est plus que temps que les enfants aillent se coucher et le public quitte petit à petit le site. Les amateurs, eux, profitent de ces déflagrations musicales et vocales constantes.

Impureza @Rock In Rebrech 12, 2 juin 2023

Cette première journée, si elle fut une déception en matière de fréquentation, est une vraie réussite artistique. La suite, demain, sera-t-elle du même niveau? Nous le saurons bientôt, pour le moment, un peu de repos est bienvenu!

Impureza @Rock In Rebrech 12, 2 juin 2023

La satisfaction, ou plutôt le soulagement pour l’orga, s’installe à l’arrivée sur le site en ce samedi. En effet, la foule est déjà bien plus importante, environ, à vue d’oeil, trois fois plus de monde que la veille. Mais, las, déçus par la fréquentation du vendredi, la moitié des food trucks ont désertés les lieux. Tant mieux pour ceux qui restent, philosopherons-nous.

Taxiphone @Rock In Rebrech 12, 3 juin 2023

Le soleil est toujours au rendez-vous pour accueillir Taxiphone, groupe parisiens de reprises de Téléphone, mythique groupe de rock adulé par de nombreuses générations. Le quatuor, tout de noir vêtu, profite d’une bonne heure, voire plus, pour enchainer les tubes du quatuor français (bon, ici, Corinne a pris un sacré coup…) avec envie. Si la voix du chanteur évoque celle de Jean-Louis Aubert, elle apparait bientôt moins juste. C’est un peu irritant, Aubert n’étant déjà pas, selon moi, le plus grand vocaliste qui soit.

Taxiphone @Rock In Rebrech 12, 3 juin 2023

 

Les interprétations de Hygiaphone, Crache ton venin, Faits divers, La bombe humaine, Au coeur de la nuit, Argent trop cher, New York avec toi…, si elles sont fidèles aux originaux restent malheureusement trop linéaires. Le groupe précise jouer des morceaux très connus, d’autres moins, d’autres encore mois « mais si vous connaissez celui-là, vous pouvez chanter avec nous » avant d’entamer un Cendrillon très attendus. Mais on aurait aussi apprécié une prise de risque avec des chansons en effet beaucoup moins connues du grand public (Un homme+un Homme, Facile, Ne me regarde pas/regarde moi, Prends ce que tu veux parmi d’autres) que les amateurs auraient appréciés, d’autant plus qu’Arno les invite a jouer un rappel. Un set sympathique, sans plus.

Taxiphone @Rock In Rebrech 12, 3 juin 2023

 

Headkeyz @Rock In Rebrech 12, 3 juin 2023

Headkeyz joue dans un autre registre. Le groupe de Montpellier propose un metal moderne qui mélange metalcore, pop, rock rugueux dans un esprit très festif. Tout au long  de son set, le quintette se donne à fond et attire à lui un public plus jeunes et plus proche de son esprit musical.

Headkeyz @Rock In Rebrech 12, 3 juin 2023

C’est carré, bien fait, techniquement maitrisé, et scéniquement, les cinq se montrent très à l’aise et complices. Musicalement, cependant, j’ai parfois l’impression d’entendre une BO de série comme Friends ou Beverly hills tant les styles sont variés. Parfois doux et tendres, à d’autres moments énervés, voire carrément hors de contrôle, le mix de chant clair (dans un anglais parfaitement maitrisé, en tout cas sur scène) et guttural passe largement l’épreuve de la scène. Même si ce n’est pas mon genre de metal, on a peut-être ici un futur grand.

Headkeyz @Rock In Rebrech 12, 3 juin 2023

Jelusick @Rock In Rebrech 030623

La « sensation » du jour, c’est la venue des Croates de Jelusick. Je n’en ai jamais entendu parlé, mais quelques recherches font ressortir que: 1/le chanteur à remporté l’Eurovision junior il y a des années de ça. Je m’en tape. 2/Il a intégré un certain Whitesnake et a pu soutenir David Coverdale au chant. Et voilà qui m’intéresse plus. Jelusick monte sur scène à la nuit tombée, un énorme backdrop en fond de scène en effet très inspiré de la pochette de l’album éponyme de Whitesnake de 1987. Et dès le premier titre, le message est clair; la tête d’affiche de ce soir vient clore ce festival avec un hard rock léché et efficace.

Jelusick @Rock In Rebrech 030623

Pendant plus d’une heure, le quatuor Croate propose un de ces sets qu’on n’oublie pas: parfaitement en place, jouant avec le public, Dino Jelusick s’occupant des claviers en plus du chant se fait séducteur et n’a aucune difficulté à atteindre son objectif.

Jelusick @Rock In Rebrech 030623

Son guitariste, Ivan Keller, s’il a sa personnalité propre, adopte des poses qui évoquent bien souvent un certain Doug Aldrich. Sa maitrise de la guitare et du shred, ses accélérations/freinages impressionnent autant que son occupation de l’espace scénique et sa complicité avec le bassiste nouvellement arrivé dans le groupe et qui a appris le répertoire en à peine une semaine!

Jelusick @Rock In Rebrech 030623

Mario Lepoglavec, quant à lui, martèle ses futs avec l’aisance des plus grands. un groupe qui se révèle plus qu’efficace et à l’attitude plus que professionnelle. Le public n’est pas dupe, il sait assister ce soir à un évènement rare. Jelusick semble en effet parfaitement maitriser l’art du show, tant dans les poses que dans le choix des titres, prenant son public à la gorge avec des morceaux de hard puissants avant de retomber et proposer temps calme et ballade pour mieux repartir. Un show comme on les aime, en somme! un show qui se termine avec un public sous le charme qui n’attend que de pouvoir rencontrer ses nouveaux héros. Ceux d’un groupe à suivre, assurément.

Jelusick @Rock In Rebrech 030623

Si les chiffres de fréquentations restent décevant, ce Rock In Rebrech a tenu toutes ses promesses artistique. Bien que… Le format « week end » pourrait-il gagner à ne se produire que sur une journée? J’aurai en effet adoré une journée avec 6 groupes (pas de groupe de reprises), une seule scène (ça permet de respirer et de rencontrer les groupes), deux révélations (KrashKarma – toujours pas remis!) et Jelusick, des retrouvailles et découvertes (Malemort, The Prize, Headkeys) et un Impureza en milieu de journée (pour maintenir le public éveillé!)… Peut-être à réfléchir pour la 13ème édition. En attendant, on ne peut que féliciter Arno Walden et ses équipes ainsi que la municipalité pour l’organisation exemplaire de cette manifestation. A titre personnel, je les remercie de m’avoir permis de recevoir la plus grosse claque de ces dernières années avec un KrashKarma qui entre sur mon podium des meilleurs concerts de l’année. A l’année prochaine!

Jelusick @Rock In Rebrech 030623

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LOUD.ANONYMITY: N.U.A.N.C.E.s

France, Metal (Ep, autoproduction, 2023)

Il y a des jours comme ça, tu chopes un CD, tu as un a priori en regardant la pochette (genre: « …mouais, encore un boys band qui veut se la jouer metal »), tu le glisses dans le lecteur sans en attendre grand chose (qu’attendre en effet d’un « boys band »?) et à peine le premier morceau débute-t-il que tu te dis: « woah! c’est quoi ce truc? » Loud.Anonymity m’a, une fois n’est pas coutume, permis de – obligé à – remiser mes a priori au placard. Le trio toulousain a vu le jour en 2016 et compte en son sein le chanteur guitariste Arnaud Freageac, le hurleur bassiste Matthias Zanin et le batteur Gauthier Trumel (oui, j’ai compté, ça fait bien un trio de 3). Loud.Anonymity publie un premier album – Eponym – en 2016 suivi d’un Ep – Al[ego]ry – fin 2020, deux disques que je vais sous peu rechercher… Car leur nouvel Ep, N.U.A.N.C.E.s, est une merveille de heavy rock enragé teinté de punk et bourré de bout en bout cette énergie brute et lumineuse qui donne simplement envie de taper du pied et de se casser la nuque. Les 6 morceaux de ce disque sont d’une remarquable efficacité, mêlant une certaine forme d’irrévérence punk à l’entrain d’un pop rock énervé, le tout parfaitement mis en son (mais moins en couleurs… impossible de lire ce qui est écrit en tout petit au dos de la pochette en mauve sur mauve foncé…) On ne peut – je ne peux – que visualiser le trio se défonçant sur scène et épuisant son public. Loud.Anonymity nous propose un condensé rock énergisant et brutal à la fois, et franchement, ça fait un bien fou! Rock on!

Orkhys, Hevius et Arae live au Dropkick: la galerie

Retrouvez ici le live report du concert

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Interview ASTRAYED PLACE

Interview ASTRAYED PLACE – entretien avec Maxime (guitare rythmique) le 5 mai 2023

Astrayed Place vient de sortir son album Edge of the mist. C’est la première fois que nous parlons, alors que peux-tu me dire au sujet de l’histoire et de la formation du groupe ?

Je vais te résumer le parcours parce que je suis arrivé plus tard… Astrayed Place est un groupe qui s’est formé au lycée vers 2015 et s’est stabilisée avec 7 membres qui ont sorti un Ep, Memento mori. Un Ep assez juvénile, avec des aspirations très Linkin Park, ce qu’on pouvait écouter à l’époque. Je suis arrivé au moment de l’Ep The fall, sur lequel je n’ai pas trop mis ma patte. Il est sorti en 2020… Après, il y a eu le confinement. On commençait à travailler sur Edge of the mist et le confinement nous a bien freinés… On en a chacun profité pour s’améliorer et on est revenus avec plein d’idées, de technique… Edge of the mist est un album assez complet. On pourrait croire que ça part dans toutes les directions, mais ce sont plutôt des dérapages contrôlés. On ne voulait pas s’enfermer dans un style contrôlé mais plutôt montrer les différentes facettes des styles qu’on veut faire.

Alors, justement : comment décrirais-tu la musique d’Astrayed Place à quelqu’un qui ne vous connait pas et qui voudrait vous découvrir ?

Alors, ça, c’est la question difficile aujourd’hui… Décrire le style est compliqué parce qu’on a tellement d’influences différentes… C’est vraiment un mix de choses calmes et énervées, mais on n’a pas de style vraiment défini. S’il faut vraiment ettre une étiquette, je pense que Metal alternatif çapasse bien.

Oui, un peu passe partout, en fait. C’est plus que ça : quand j’ai écouté l’album, j’ai entendu du prog, du heavy traditionnel, du death, du thrash (il approuve) … Bref, vous ratissez assez large…

On n’a pas voulu s’enfermer dans un style. On a voulu garder une ligne directrice, mais si on a envie que l’album sonne thrash, on y va !

Tu as un peu plus participé à la composition de l’album. As-tu apporté quelque chose de plus au groupe depuis ton arrivée, selon toi ?

Quelque chose de plus ? Non, je ne pense pas. On propose des démos, tous, et soit la démo est validée par l’ensemble du groupe et on y apporte plus de chose, notamment du chant, soit elle reste dans les tiroirs et on peut la ressortir plus tard en la retravaillant. Il n’y a qu’un morceau qui ait été fait à l’envers, l’exception à la règle : Broken flower est le seul morceau pour lequel on a eu les paroles et on a mis la musique après. D’autres, comme Voices, sont simplement sorti d’un riff au cours d’une jam, et le reste est venu après. Mais certains, on a mis des semaines avant de les finaliser…             

Donc, il n’y a pas de règle particulière… Puisque décrire la musique est assez complexe, si tu devais ne retenir qu’un seul titre de Edge of the mist pour décrire à quelqu’un ce qu’est Astrayed Place, ce serait lequel ?

Alors là, la réponse va changer en fonction du membre à qui tu poses la question. Pour moi, celui qui serait le plus représentatif, c’est Waves of pain. C’est vraiment la fusion de tout ce qu’on peut faire : il y a de la mélodie, du growl, du chant plus cool, ça booste, c’est plus lent, on y trouve vraiment tout.

Vous avez un chant double…

Sur l’album, il y a même un chant triple… Sur Reflections, on a trois chanteurs, mais malheureusement, un des chanteurs a quitté le groupe après avoir enregistré toutes ses parties. Il a préféré ne pas continuer l’aventure… Il ne reste plus que deux chanteurs, et on est bien à 6. Et franchement, on est un petit groupe, et trouver des salles où on puisse avoir de la place à 7, c’est pas évident…

Et ça fait moins de frais en hôtel et en nourriture (il se marre). Comment, en dehors de la perte d’un chanteur, comment analyses-tu l’évolution du groupe entre The Fall et Edge of the mist ?

La courbe est vraiment montante. Il n’y arien à voir entre les deux, on a beaucoup pris en maturité, chacun de notre côté, que ce soit au niveau personnel ou instrumental. J’aime bien dire que c’est comme un escalier : en bas, il y a Memento mori, on commence à monter et il y a The fall et en haut, on a Edge of the mist.

Mais vous n’êtes pas encore arrivés en haut de l’escalier… Pour le moment, il y a ce Edge à défendre

On veut d’abord le défendre, on y a mis beaucoup de temps et d’énergie, c’est un projet dont on est vraiment fiers.

Un groupe de rock c’est également la scène. Quels sont vos projets pour défendre cet album ?

On a déjà une date le 28 mai au Klub, à Paris. On attend d’autres dates, et on a vraiment envie de le présenter. On adore être face au public, et déjà avant la sortie, on en jouait deux ou trois morceaux et les gens ont vraiment aimé.

Tu te rends compte qu’une date au Klub, à 6, vous remplissez déjà la salle ?

(Rires) Ah, donc tu connais ? Oui, en effet, mais on a l’habitude des petites salles, et le Klub, l’ambiance monte vite. On trouvera bien quelque chose pour être à l’aise…

Si tu devais penser à une devise pour Astrayed Place, ce serait quoi ?

Euh… Pas facile… Il y a un truc qu’on se dit, et ça pourrait être ça : Between soft and fury, cross the mist.

Donc la brume est quand même dangereuse (il rit). As-tu quelque chose à rajouter pour conclure cet entretien ?

Pas spécialement, mais si vous voulez nous faire des retours ou des commentaires à l’écoute de l’album, n’hésitez pas à nous contacter sur nos réseaux, ça nous fera très plaisir de vous répondre !

 

NOVEMBRE: Inox

France, Metal (Autoproduction, 2023)

Inox est sans doute l’album le plus à part, différent, original qu’il m’ait été donné d’écouter cette année. Novembre, avec ce premier album, surprend autant qu’il peut déranger. Son metal est – et se veut – clairement décalé. Entre des ambiances sombres et oppressantes et des textes moins chantés que clamés d’une voix inquiétante et rappée, le duo se différencie par une approche esthétique sonore et textuelle unique en son genre. Le conteur vient hanter vos nuits et s’en vient perturber le passage du marchand de sable… Si l’univers de Wormfood me vient à l’esprit, Novembre développe un monde et une identité à part. Les ambiances pesantes et anxiogènes sont tout autant le fait des arrangements et constructions des compositions que des textes volontairement sombres et horrifiques. Force est de constater que Novembre ne laisse pas indifférent, et ça, c’est le signe que le groupe a atteint son objectif. Car qu’on aime ou pas, Inox fait de l’effet. Après la mise en son, qu’attendre de la mise en scène? A suivre…