Metal, Finlande (E.a.r music, 2016)
Après un remarquable Colours in the dark et sa couverture flamboyante, Tarja revient avec The shadow self, album au visuel sobre, uniquement composé d’ombres et de lumières. Question: le contenu musical est-il aussi contrasté? Dès la première écoute, une chose semble évidente: Tarja, si l’on reconnait son style aisément, n’aime pas se répéter. Elle apprécie d’entraîner l’auditeur en terrain à la fois familier et partir en explorer d’autres. Innocence, parfait titre pour débuter ses prochains concerts, a des relents pop, la voix de la belle étant mise en lumière par les claviers et des chœurs légers. Le break, divagation pour piano solo, est suivi d’une reprise musicale évoquant une BO de film. Cette impression revient régulièrement (Supremacy, The living end ou Undertaker), mais Tarja sait aussi surprendre et prendre le risque de dérouter, comme avec Demons in you, qui débute avec une guitare très funky avant de devenir grosse et monstrueuse. Le chant plus pop que lyrique rencontre même ici son double démoniaque puisque des growls malsains viennent gêner la pureté du chant de la belle. Cet album est plein de surprises et nombre de titres de The shadowself semblent être le pendant de chansons figurant sur Colours in the dark: Demons in you évoque Victim of ritual, Supremacy rappelle les airs James Bondien de Deliverance, tandis que Diva pourrait être la suite de 500 letters et Falling from the wild a la sauvagerie et la rugosité de Never enough. Chacun de ces titres développe cependant une personnalité qui le rend unique. Tarja se fait aussi personnelle comme sur le très rock No bitter end, véritable appel au pardon (« Il y a une route pour chacun, car tous les cœurs peuvent pardonner ce qui a été fait, un vœu pieux, pour changer ») ou se fait règlement de compte, et c’est une évidence avec Diva (« On peut en rire maintenant, je me moque de poignards brûlants, de ceux qui me maudissent, me façonnent. Les lames se retournent contre vous »). Tarja pourrait se reposer sur ses acquis, sur ce que son public aime, mais non, elle réussit encore à surprendre, étonner et varier les plaisir. On ne peut pas dire que ses albums se suivent et se ressemblent, non, et The shadow self est là pour le démontrer. Un album aboutit, varié qui offre une belle palette musicale. En deux mots: une réussite.
Note: 9/10
Titre que je retiens: No bitter end