INTERVIEW: TARJA

Interview Tarja TURUNEN. Propos recueillis à Paris le 7 juin 2019

 

C’est une Tarja joviale et vraisemblablement fière de son nouvel album, qui paraîtra à la fin du mois d’août sur Ear music/Verycords, qui a reçu Metal Eyes dans le cadre d’un hôtel parisien. La Finlandaise, désormais installée en Espagne, nous dit tout au sujet de In the raw, et plus encore.

Metal-Eyes : Tarja, tu es ici pour parler de ton nouvel album In the raw, mais juste avant, si tu permets, il y a une question que j’ai voulu te poser depuis 3 ans…

Tarja : Vraiment ? Waow !

Metal-Eyes : Nous n’avions pas eu l’occasion de parler pour la sortie de The shadow self. Cet album me semble avoir été une réaction à Colours in the dark à plus d’un titre : tout d’abord le côté visuel, en noir et blanc, alors que Colours était très coloré. Certaines chansons semblent aussi être une réaction à d’autres figurant sur Colours. Par exemple : 500 letters dénonçait le harcèlement de certains fans (elle confirme) et  j’ai l’impression que Diva a été écrite en réaction à la réaction qu’aurait pu avoir un fan blessé par 500 letters, t’accusant de n’être qu’une diva capricieuse…

Tarja : Vraiment, c’est ton sentiment ? C’est très intéressant ! Fantastique, même ! C’est ce que j’adore, et tu es le premier à me faire part de ce sentiment ! C’est absolument fabuleux que tu aies eu cette impression, parce que c’est ton propre ressenti. Je dois te dire que c’était complètement différent pour moi, mais c’est exactement ce que je recherche avec mes chansons en général. Quand j’écris les paroles, encore plus avec le nouvel album qui est le plus personnel que j’ai écrit. Je fais attention à ne pas trop expliquer les paroles, afin que chacun puisse y réfléchir, y trouver ce qu’ils veulent. Tu as trouvé cette connexion, ce qui juste incroyable, je ne l’ai vraiment pas écrite dans ce sens…

Metal-Eyes : Et tu comprends le lien que je peux faire ?

Tarja : Oui, totalement ! Je peux tout à fait imaginer et comprendre. C’est superbe, c’est la magie de la musique ! C’est comme ça que ça devrait être pour chacun de nous : interpréter différemment les chansons. Ecouter de la musique est une expérience unique. Tu peux discuter des goûts, ne pas aimer la saveur de cette eau ou la musique que je fais.

Metal-Eyes : Ce qui est OK

Tarja : Oui, ça me convient parfaitement. Tu sais, avant tout, j’écris de la musique pour moi. Si mon travail me satisfait – et le mot « satisfaction », pour une perfectionniste comme moi… – eh bien, pour ce nouvel album j’ai pris du recul. J’avais besoin de casser mes filtres, de me confronter à mes peurs, mes doutes, tout à mon sujet. J’ai composé seule, j’avais tout ce monde de doutes face à moi et je savais que je devais m’y confronter. Je souhaitais voir si j’avais la capacité à me dépasser.

Metal-Eyes : Ce qui est le cas selon moi, après une écoute de ce disque dont nous allons parler dans un instant. Cependant, tu habitais en Argentine et tu as récemment déménagé en Espagne. Quelle en est la cause ?

Tarja : Je voulais raccourcir les distances. Je passe la majeure partie de mon temps en Europe, professionnellement. Alors les vols long courrier, depuis Buenos Aires, d’autant plus maintenant que nous avons une petite fille, et aussi vivre dans une aussi grande ville, j’avais un peu peur de laisser ma famille derrière moi dans cette ville de chaos. C’était trop me demander, je ne voulais pas ce poids là. Alors nous avons décidé de chercher un logement en Europe, et nous avons trouvé un superbe endroit en Andalousie, nous y sommes très heureux. Je crois que tout cela se ressent dans mon nouvel album. Parce qu’il s’agit de moi. Tout ce que je fais artistiquement est lié à moi. Tu peux ressentir, j’espère, la paix, principalement dans une chanson comme Golden chamber (elle rit).

Metal-Eyes : Juste avant de parler de ton nouvel album, comment décrirais-tu ton évolution musicale entre The shadow self et In the raw ?

Tarja : J’ai beaucoup tourné pour The shadow self, et je déplorais en même temps de ne pas être avec ma famille. Il y a eu un grand changement avant la production de l’album : ma fille de 4ans ½ est rentrée à l’école. Avant, elle a été un bébé en tournée, je l’emmenais partout avec moi. Ce changement m’a affectée, et soudain, elle entre à l’école. Elle n’est plus là, mon mari non plus, je me retrouve seule, ce qui a été un grand changement. Me retrouver dans cette nouvelle situation – qui n’a plus rien de neuf, je te rassure ! – m’a affecté de telle sorte que j’avais besoin de m’ouvrir et de sortir de ma zone de confort, de me débarrasser de mes craintes. Quand j’ai commencé à composer In the raw, la musique m’est venue très facilement : elle était puissante, et à chaque fois que je rentrais de tournée, je composais, au piano, j’ai enregistré beaucoup de démo, sans paroles, et j’avais le sentiment que la musique était très progressive. J’ai arrêté de tergiverser – « est-ce bon ? est-ce mauvais ? est-ce que je peux le faire ? oui, je le peux ! » – Je me suis libérée en matière de composition.

Metal-Eyes : Cela s’entend dès le premier titre, qui est vraiment très heavy. Tu y es accompagnée de Bjorn Speed Strid, chanteur de Soilwork, qui a cette voix particulière et puissante. Etait-il nécessaire selon toi d’ouvrir In the raw avec Dead promisses ?

Tarja : Quand j’ai mis toutes les chansons à plat, j’ai voulu que cette guitare puissante soit le guide de l’album. J’adore le son de la guitare électrique. J’aime composer les chansons avec mon guitariste. Alex et moi avons cette complicité. La raison pour laquelle je voulais ce titre est que j’avais besoin d’une chanson qui me soutienne, qui soutienne ma voix, m’entraine. Pas seulement la guitare, mais tout le groupe. Comme avec un orchestre symphonique. Tu es devant un orchestre de 68, 70 personnes et je sais qu’elles sont là pour me soutenir, et je veux ressentir la même chose avec un groupe de rock, toute cette amplification… Le son n’est pas naturel, on a des retours internes, c’est complètement différents de l’acoustique. Avoir cette puissance qui me soutient, juste là derrière moi, avec cette certitude que, si je me plante, ils sont là… Voilà pourquoi Dead promisses se trouve à cette place.

Metal-Eyes : Et que sont ces promesses éteintes ?

Tarja : C’est une histoire que j’ai écrite au sujet d’une personne très proche qui… qui s’est égarée. J’ai écrit cette chanson pour lui – ou elle – pour lui faire comprendre que la porte est toujours ouverte. C’est une chanson d’espoir. J’ai toujours cru en l’espérance… Il y a un moment dans ma vie, il y a longtemps de cela – tu sais de quoi je parle, ce moment où j’ai perdu tout espoir en l’humanité et l’amitié, quand j’ai tout perdu et que je ne savais plus comment faire confiance aux gens, j’ai eu le sentiment de trahison. Je ne savais pas où recommencer, mais j’ai retrouvé cette confiance, et je crois de nouveau en de belles choses. Je suis peut-être naïve en disant ça, mais je préfère voir le bon côté des choses.

Metal-Eyes : Concernant la musique, cet album me semble scindé en deux parties : un coôté très pop rock, ton chant y est pour beaucoup, et, je connais ton intérêt pour la musique de films, et il y a un bon nombre de chansons, You and I, The golden chamber, Spirits of the sea, par exemple, qui sont très cinématiques. Ce sont aussi les chansons les plus longues, les plus progressives. Avais-tu la volonté d’avoir cet esprit ciné dans tes chansons ?

Tarja : La musique de film est aujourd’hui une de mes plus grandes sources d’inspiration. Oui, cela me renvoie à mes premières amours musicales, avec la musique classique, le grand amour de ma vie. La musique de film y est lié. Et tout est si émotionnel, ça te transporte dans différents endroits, et parfois des lieux effrayants. Tu n’as pas forcément besoin d’images, mais si tu rajoutes des images à la musique, tu n’auras sans doute pas le même film…

Metal-Eyes : J’ai ce sentiment avec Spirits of the sea qui est très sombre et inquiétant et aussi Shadow play qui m’évoque un film de heroic fantasy à la Seigneur des anneaux ou Game of thrones. De la puissance suivie de temps calmes, des hauts et des bas…

Tarja : Oui, et ça fait beaucoup de bien d’entendre ça… Ces derniers jours, je commence à peine à avoir des avis, vos avis, sur ces nouveaux titres que personne n’a encore entendus. Ca me fait vraiment plaisir, et c’est exactement ce que je recherche. Je peints des tableaux quand j’écris des chansons, c’est très colorés, et je souhaite que les gens voient ces couleurs et puissent emplir leurs esprits de ces images. Mes chansons ont en effet beaucoup de lien avec le cinéma. Mes albums ont toujours été diversifiés. C’est comme ma culture musicale est ma main droite, ma culture rock, la main gauche, et elles sont en parfaite harmonie.  Mes albums changent la donne, aussi. Prends The golden chamber : il n’y a aucune guitare, pas de solo, c’est un superbe morceau d’orchestre.

Metal-Eyes : Deux notes, au piano, qui se répètent.

Tarja : Oui, la paix, la tranquillité. Tu peux la trouver en toute chose, si tu regardes bien, quelque chose de vraiment beau. Si tu observes bien, tu la trouveras

Metal-Eyes : Comment as-tu choisis les invités et quels musiciens t’accompagnent sur l’album en dehors des fidèles Alex Scholpp à la guitare et de Christian Kreschtschmar aux claviers et Max Lilja au violoncelle ?

Tarja : Il y a aussi mon équipe de rêve qui joue : Doug Wimbish, Kevin Chown sont là aussi. L’équipe est la même que d’habitude, en dehors du batteur. Il s’agit de Tim Schreiner qui joue avec moi depuis deux ans, sur les concerts. Un excellent batteur, c’est un vrai plaisir que d’avoir enregistré cet album avec lui. C’est très sympa de voir comment il travaille. Il fait partie de ces personnes qui me font oublier le travail au clic. Quand il joue, c’est simplement fantastique, il fait de la musique plus que de la puissance. En ce qui concerne les invités, ils sont tous très distincts, et j’ai été fan de chacun d’eux depuis longtemps. Nous sommes amies avec Cristina Scabbia depuis de longues années, et nous avons évoqué la possibilité de faire quelque chose ensemble. Il fallait simplement la bonne chanson. Tu sais, j’écris les chansons pour ma voix, je ne pense pas à qui pourrait interpréter telle ou telle partie. Alors quand il s’agit d’imaginer un chanteur, un homme, qui pourrait interpréter mes chansons… tadaaaa ! (Rires) C’est un vrai challenge. Björn et Tommy Karverik (Kamelot) m’ont tous deux dit « Euh… ça sort vraiment de mon champs habituel ! » mais ils ont fait un travail fantastique. Les chansons me parlent, je sens que j’aurais envie d’avoir un « partenaire de crime » pour celle-ci. Avec Cristina, c’est aussi rock que possible : guitare, basse et batterie. Et je l’ai laissée ainsi parce que la voix de Cristina mérite d’être vraiment mise en avant.

Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’une chanson de In the raw pour expliquer à quelqu’un qui ne connait pas ton travail ce en quoi consiste Tarja, ce serait laquelle ?

Tarja : Oh… Ce n’est pas évident, comment choisir ? Ca doit être un des morceaux symphoniques, avec ces orchestrations qui sont vraiment qui je suis, et ce font rock. Je pense à la dernière chanson de l’album, Shadow player. C’est une chanson que j’ai écrite entièrement seule. Au piano, l’instrument que j’utilise habituellement quand je compose. Quand j’ai terminé au piano, j’ai écouté le morceau dépouillé et j’ai entendu toutes ces orchestrations, explosives, se mettre en place, tout semblait déjà être en place. J’ai dit à mon mari que ça devait être la dernière chanson de l’album (rires). Un disque doit se finir ainsi !

Metal-Eyes : Tu as joué dans plusieurs salles à Paris – l’Elysée Montmartre, le Zénith, Bercy, le Bataclan, le Casino de Paris. Quelle est ta salle préférée ?

Tarja : Wouf, c’est difficile ! Toutes sont différentes. J’ai vraiment aimé le Casino, avoir les gens assis, aussi près. C’est vraiment différent. Comprend moi bien : j’adore voir les gens sauter, devenir dingues devant moi, dès que je fais quelque chose, j’ai un retour immédiat, et j’adore ça ! Mais j’aime aussi me donner à fond pour qu’une audience assise apprécie l’expérience et vive un concert rock différemment. Il faut aller chercher le public. Je crois que pour les spectateurs, c’est une expérience… choquante. C’est inhabituel, et les gens sont obligés de faire plus attention. Le Casino étant le dernier concert que j’ai donné à Paris fut une belle expérience.

Metal-Eyes : C’était vraiment une expérience étonnante pour un concert de rock. Et c’est vraiment sur les derniers morceaux que l’ambiance rock est arrivée, lorsque le public, enfin, s’est levé et s’est mis à bouger. Y a-t-il un endroit au monde, en revanche, où tu ne te reproduirais jamais ? Parce que l’organisation, parce que les conditions, ou parce que les gens sont stupides… (elle pouffe de rire)

Tarja : Waow… Tu en as encore des cures comme ça ? Quand l’expérience est mauvaise, tout disparait généralement avec le début du concert. Le public vient voir le groupe et transforme toute la merde en quelque chose de positif. C’est toujours ainsi. Bien sûr j’ai joué dans des endroits merdiques, dans des conditions chaotiques, avec des problèmes électriques et ce genre de chose. Mais le show commence et tout va pour le mieux ! (rires) Je ne me souviens pas d’avoir fini un concert en me disant que je ne reviendrais pas. A l’époque de Nightwish, quand on se battait tout le temps avec le matériel, les déplacements… Il y a des concerts en Finlande où je n’entendais même pas ma voix, le matériel n’était pas bon, j’avais peur de perdre ma voix. Mais c’est aussi comme ça que tu apprends. D’ailleurs, je suis toujours là ! (rires)

Metal-Eyes : Une dernière chose : quelle pourrait être la devise de Tarja en 2019 ?

Tarja : Oohh… Ma devise serait, toujours : « bats toi pour tes rêves ». Il faut aller au bout des choses…

TARJA: From spirits and ghosts (Scores for a dark Christmas)

Finlande (E.a.r music, 2017)

Oui, bon, je vous vois venir: vous parler de chants de Noël alors qu’on est en février, quel intérêt? Ben, z’avez remarqué la neige dehors (c’est mieux qu’ailleurs, c’est vrai!) ? C’est celle qu’on n’a pas eu à Noël alors je reviens sur cet album avec la météo… Et comme ça, on aura un peu d’avance pour décembre prochain ^_^. Paru en novembre dernier ce disque nous propose la facette traditionnelle de Tarja. On sait que la chanteuse diversifie ses projets, navigue entre projets metal et lyrique, et propose régulièrement un gala de Noël. Elle revisite ici 12 chansons traditionnelles de cette période occidentale de fêtes en y apportant, comme une marque de fabrique, une touche légèrement gothique. Bien sûr, nombre de ces chansons parleront surtout aux Anglo-saxons, moins aux Français, qui écoutent d’autres choses en fin d’année (Petit papa Noël, par exemple) mais certains titres sont mondialement célébrés, quelle que soit la langue. O tannenbaum (Mon beau sapin), Amazing Grace, O come, o come Emmanuel ou We wish you a merry Christmas se mêlent avec bonheur à d’autres airs de fête. la pureté de la voix de Tarja, de son interprétation et la production claire font que ce From spirits and ghosts apporte un moment de tranquillité et d’apaisement bienvenu. Un disque à écouter pas tous les jours, mais pas seulement à Noël, non plus.

TARJA live au Casino de Paris (le 9 novembre 2016)

tarja-paris-2016

Deux jours après avoir redécouvert cette belle salle qu’est le Casino de Paris – et pour un style à l’opposé de celui de Tarja (cf le report d’Amon Amarth), de nouvelles surprises attendent le public. Il avait été annoncé que les portes ouvraient à 18h30 pour un début de concert à 20h00. Qui ouvre? Aucune idée, mais je ne me suis pas particulièrement renseigné non plus. C’est donc, tranquillement, que j’arrive à la salle un peu après 19h00 pour découvrir le public dehors devant les rideaux toujours baissés. Ben… à quelle heure ils ouvrent? ers 19h30, le rideau se lève enfin, et, place en main, je me rends, avec les amis photographes vers les portes où un ouvreur nous demande d’attendre. Ce soir, le concert est assis, et placé. Pas complet, d’ailleurs. On nous rappelle gentiment que « les ouvreurs ne sont payés qu’au pourboire », phrase qu’on entendra plus que régulièrement. Mais quid pour les photos que nous devons faire? Depuis les sièges, éventuellement dans les allées mais sans gêner le public. OK, on se débrouillera. La sensation d’un concert de rock assis est étrange, d’autant avec un public bigarré – du couple sexagénaire de cadres au metalleux de base, tatoué, veste à patches et bière à la main, c’est un univers de contraste.

The Shiver

The Shiver

20h00, les lumières s’éteignent, des sons électroniques envahissent la salle. Un intro étrange qui cède la place à un groupe de rock qui est direct et énergique. The Shiver est un quatuor italien (semble-t-il) menée par Faith, chanteuse, occasionnelle guitariste et claviériste. Le groupe bénéficie de lights généreux et d’un son équilibré, et séduit rapidement le public. Le set d’une demi heure se termine comme il avait commencé, avec des sonorités électro, avant que les musiciens ne viennent saluer le public en lançant quelques T-shirts, baguettes et médiators. Sympa, d’autant que ce soir, sans explication, il n’y a aucun stand de merchandising.

SinHeresy

SinHeresy

Quinze minutes plus tard, la scène changée, floquée de chaque côté du logo du groupe, SinHeresy déboule. Etonnant de voir deux chanteurs littéralement opposés en tout sauf vocalement: une chanteuse, Cecillia Petrini, tout en finesse et un chanteur, Stefano Sain, une boule énorme. La surprise du clash physique passée, c’est la musique qui parle. Le groupe italien (encore? Oui) propose un heavy metal symphonique qui met largement en avant les voix puissantes et complémentaires de ses deux chanteurs, . Les autres musiciens occupent parfaitement un devant de scène en changeant de place, offrant des duos, présentant, tous, une belle complicité. Cecillia s’adresse au public avec quelques mots de français mais fait surtout souvent part de sa joie et s’enthousiasme facilement, comme après ce titre acoustique (aucune idée de la setlist, pardon) quand elle lance un « I’m happy! » le sourire jusqu’au oreilles. Sinheresy constitue ce soir une belle découverte qui donne envie d’en connaitre plus sur ce groupe prometteur. A suivre, donc.

TARJA

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Le public, toujours assis, accueille la maîtresse de cérémonie, qui, toute de noir vêtue, arrive après ses musiciens et ouvre son concert avec No bitter end. Comme à son habitude, Tarja sait, par sa gestuelle et l’expression de son regard, faire comprendre très rapidement au public à quelle point elle est touchée, heureuse d’être là, émue. Et le public lui donne raison, même s’il reste poliment assis! Il y a un peu de changement, toutefois à noter, principalement dans la disposition scénique puisque Max Lilja, le violoncelliste est désormais placé au centre de la scène, sans siège ce qui le rend plus mobile et visible. L’espace qu’il occupait précédement est quand à lui occupé par la claviériste Ckristian Kretshmarr. Tous deux, ainsi que l’inusable Alex Scholpp à la guitare, sont les plus fidèles lieutenants de Tarja. Car, oui, l’immense batteur Mike Terrana a quitté le navire et le bassiste est également nouveau. Huit titres extraits de son dernier album, The shadowself, sont proposés ce soir, c’est dire la confiance qu’a la belle en ce dernier album (No bitter end, Demons in you, The living end, Calling from the wild, Love to hate, Undertaker, Too many et Innocence), faisant la part belle au précédent opus également (500 letters, Lucid dreamer, Victim of ritual et d’autres sous forme de medley). Soit 11 titres plus deux medleys – dont un composé de 4 titres de Nightwish –  sur un total de

15 chansons interprétées. Reste 2 morceaux de ses autres albums. La mise en lumières est parfaite, le son, excellent sans être trop fort – agréable d’assister à un concert sans bouchons d’oreilles parfois… – et la complicité avec le public forte. Tarja aime lui parler, expliquer, comme pour introduire Calling from the wild, une chanson « pour notre

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mère nature qui ne va pas bien. Je peux faire quelque chose pour l’aider, nous pouvons tous faire quelque chose pour l’aider ». Calling… se termine par un long final instrumental, brutal qui permet à la chanteuse d’aller se changer une première fois. Elle conserve son rythme de 3 tenues par concert, et ce soir (trois tenues sombres), en robe, parviendra, en sautant sur Victim of ritual, à casser un talon pour finir pieds nus. Le temps d’installer le set acoustique, Tarja remercie Paris de l’accueillir depuis 20 ans. Puis, après Too many, les musiciens quittent la scène l’un après l’autre avant de revenir l’espace d’un rappel de trois chansons qui, enfin, voit se lever le public. L’ambiance devient, enfin, celle d’un vrai concert de rock. Une nouvelle fois, Tarja a offert un beau concert, chaleureux et réussi.

TARJA: The shadow self

shadow-self-tarja 2016Metal, Finlande (E.a.r music, 2016)

Après un remarquable Colours in the dark et sa couverture flamboyante, Tarja revient avec The shadow self, album au visuel sobre, uniquement composé d’ombres et de lumières. Question: le contenu musical est-il aussi contrasté? Dès la première écoute, une chose semble évidente: Tarja, si l’on reconnait son style aisément, n’aime pas se répéter. Elle apprécie d’entraîner l’auditeur en terrain à la fois familier et partir en explorer d’autres. Innocence, parfait titre pour débuter ses prochains concerts, a des relents pop, la voix de la belle étant mise en lumière par les claviers et des chœurs légers. Le break, divagation pour piano solo, est suivi d’une reprise musicale évoquant une BO de film. Cette impression revient régulièrement (Supremacy, The living end ou Undertaker), mais Tarja sait aussi surprendre et prendre le risque de dérouter, comme avec Demons in you, qui débute avec une guitare très funky avant de devenir grosse et monstrueuse. Le chant plus pop que lyrique rencontre même ici son double démoniaque puisque des growls malsains viennent gêner la pureté du chant de la belle. Cet album est plein de surprises et nombre de titres de The shadowself semblent être le pendant de chansons figurant sur Colours in the dark: Demons in you évoque Victim of ritual, Supremacy rappelle les airs James Bondien de Deliverance, tandis que Diva pourrait être la suite de 500 letters et Falling from the wild a la sauvagerie et la rugosité de Never enough. Chacun de ces titres développe cependant une personnalité qui le rend unique. Tarja se fait aussi personnelle comme sur le très rock No bitter end, véritable appel au pardon (« Il y a une route pour chacun, car tous les cœurs peuvent pardonner ce qui a été fait, un vœu pieux, pour changer ») ou se fait règlement de compte, et c’est une évidence avec Diva (« On peut en rire maintenant, je me moque de poignards brûlants, de ceux qui me maudissent, me façonnent. Les lames se retournent contre vous »). Tarja pourrait se reposer sur ses acquis, sur ce que son public aime, mais non, elle réussit encore à surprendre, étonner et varier les plaisir. On ne peut pas dire que ses albums se suivent et se ressemblent, non, et The shadow self est là pour le démontrer. Un album aboutit, varié qui offre une belle palette musicale. En deux mots: une réussite.

Note: 9/10

Titre que je retiens: No bitter end

HELLFEST 2016: Back from hell (Clisson les 17,18 et 19 juin 2016)

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Ouf, on l’a échappé belle… En ce lundi 20 juin, le retour du Hellfest – à la météo bien plus clémente qu’annoncée  malgré un vent froid, très froid, en soirée, c’est sous une pluie battante et irrégulière que je rentre à Orléans. Mais n’allons pas trop vite, revenons sur trois jours de fête du metal et commençons par le commencement.

Jeudi 16 après midi, me voici reparti pour une nouvelle aventure clissonnaise. Je dois avouer que lorsque l’affiche fut révélée, j’ai fait la fine bouche. Puis, au fur et à mesure que les infos tombaient, que j’organisais mon planning perso, les créneaux disponibles pour me poser un peu fondaient comme neige au soleil.  En tout cas les vendredi et dimanche, et, au final, ma moue s’est transformée en sourire de satisfaction: oui, c’est encore une superbe et riche affiche que nous propose le Hellfest pour sa onzième édition, intitulée Bloody Hell. Mais une inquiétude vient gâcher ce plaisir: la météo, de nouveau capricieuse et qui a quelque peu perturbé les festivités parisiennes une semaine plus tôt. Le trajet jusqu’en Bretagne est aujourd’hui régulièrement entrecoupé de gros épisodes pluvieux mais j’arrive sans encombre ni  embouteillage au parking que j’appelle « des vignes ». De nombreux véhicules, camping-cars et tentes sont déjà présents et installés.

Une fois mon bracelet récupéré, je me dirige vers le Metal Corner pour changer et charger mes cartes Cashless. Un peu d’attente, et c’est parti pour une première prise de température du site, dont la rue donnant accès à la cathédrale a été repensée, et présente un premier hommage à Lemmy. Puis je fais un tour à l’extreme market où, comme d’habitude, je ne cherche rien de particulier et, donc, risque fort de trouver quelque chose, et m’en retourne tranquillement vers mes pénates faire connaissance avec mes voisins avant de prendre un peu de repos. Place maintenant au Hellfest.

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VENDREDI 17 JUIN 2016

SONY DSCBloody Hell, c’est parti. Trois journées de fête du metal sous toutes ses formes. Car c’est bien ce qui rend le Hellfest particulier, tant pour les festivaliers que pour les musiciens: tout le monde trouve sa place, tous les styles sont représentés. Cette année, si la fête bat son plein, je relève un point de frustration et de déception: les grosses, énormes difficultés que les photographes accrédités rencontrons pour accéder aux deux Main Stages. Plus a journée avance, plus, naturellement, le public se fait dense et plus il est difficile et, surtout, désagréable de se frayer un passage, devant même subir les insultes des festivaliers pour qui ces bousculades n’ont rien de plaisant non plus. Ainsi, nous sommes plusieurs à partir de 16h à faire l’impasse sur tel groupe pour patienter – en discutant, piquant un roupillon, ou rigolant – afin de pouvoir shooter tel autre groupe. Ainsi, donc, cette difficulté de circulation (que l’organisation n’a, semble-t-il, guère envie de changer) nous force à faire l’impasse sur un certain nombre de groupes. Notons tout d’abord que le site a pensé à améliorer un point clé: l’accès à la Warzone. Loin du goulot d’étranglement de l’an dernier, l’accès est large, facile. Une statue à l’effigie de Lemmy domine la zone réaménagée en une sorte de camp de prisonniers ou punks et coreux de tout genre se réunissent dans un esprit toujours bon enfant. Hormis ce gros chantier, la déco reste plus ou moins identique, sauf pour l’apport de The Descent, un traversée en tyrolienne qui passe devant les mainstages et du côté VIP/Espace média où quelques nouveautés sont apportées. On peut comprendre que certains comparent le site du Hellfest à un Disneyland du metal,simpelment, c’est l’esprit de ce festival qui met en avant le travail de certains artistes qu’on ne pourrait voir ailleurs. Au moins, le site se renouvelle d’année en année.AMBIANCE 17-Marc-Patrick-Gatling

AMBIANCE 04-Marc-Patrick-Gatling

Witches

Witches

Reste que, ce Bloody Hell, d’un point de vue artistique, tient toutes ses promesses.  Hellfest 2016, ce sont bien sûr des concerts. En nombre, et peu m’ont déçu.  Vendredi matin, après être allé retrouver The Shrine, trio américain de heavy 70’s, largement influencé par Black Sabbath (écoutez The Vulture et vous comprendrez) que j’ai découvert une semaine plus tôt et qui termine aujourd’hui son set avec Waiting for the war, une reprise interprétée par Sagy (?), sorte d’Iggy Pop à la française « que vous connaissez tous! ». Euh, non, pas moi… Entre temps, , j’opte pour une douce fin de réveil avec les Français de Witches. Direction la Altar pour un décrassage auditif en règle. Les quatre sont en forme, ce que j’avais déjà constaté lors de l’Ultim Fest deux semaines plus tôt mais aujourd’hui, une petite demi-heure n’est sans doute pas suffisante pour convaincre, d’autant que le public n’est pas encore massif.

Je file ensuite, sous un soleil radieux, rejoindre la Main stage 1 et à quelques exceptions près, je resterais là aujourd’hui (la plupart du festival, en fait), le programme m’attirant plus qu’ailleurs. Je profite donc d’un temps un peu plus calme que nous propose Delain. Calme mais très enjoué, le groupe, qui occupe parfaitement la scène, est mené par une Charlotte qui s’adresse en français au public, séduit par une prestation trop courte et trop matinale. Delain nous promet toutefois un nouvel album pour la fin de l’été ainsi qu’une tournée à suivre.

Delain

Delain

Première déception du festival, pour des questions logistique et de sécurité, le set de Tremonti est annulé. Il semble que le groupe ait eu des difficultés à rejoindre le site, et, finalement, son set se voit recalé sous je en sais quelle tente plus tard dans la journée. Je passe donc au Hard Rock’n’roll de Nashville Pussy. Blaine Cartwright, chanteur et guitariste, annonce tout de go: « We are Nashville Pussy, and the party starts now! », Ruyter Suys, au T-shirt soigneusement découpé, fait le show, et la nouvelle bassiste, Bunny Buitrago, passe légèrement inaperçue au milieu de ce show simplement rock.

Nashville Pussy

Nashville Pussy

Tandis que je suis en interview avec Delain, j’entends Le Bal Des Enragés qui propose une set très metal, avec notamment une reprise de Ace of spades, Killing in the name et Antisocial et ne voit que la fin du set, animé, entre autres, par un Stéphane Buriez impérial. Naturellement, le groupe rend hommage à son cher Schultz disparu il y a peu.  Je reviens cependant pour découvrir un Halestorm au hard rock bluesy et racé généreusement offert par une Lzzy Hale à la voix rauque. Cependant, le solo de batterie est-il vraiment une nécessité lorqu’on bénéficie de moins d’une heure de jeu?

Mass Hysteria investit la Main 2 rapidement après. Déjà,sur facebook, circule la consigne de ne pas rater le neuvième titre, sur lequel Mouss et sa bande envisagent le plus grand Wall of death de l’histoire du Hellfest. Forcément, ça attire les curieux, d’autant que Mouss et Yann ont déjà chauffé le public en venant faire un tour en son sein réclamant un gigantesque circle pit autour d’eux. L’épreuve est difficile, et il faut quelques instants à Mouss pour reprendre son souffle (« eh, on n’a plus 20 ans! ») avant d’attaquer Une somme de détails.

Mass Hysteria

Mass Hysteria

Après cette chaude prestation, le soleil décide de venir saluer Anthrax qui offre une prestation similaire à celle d’une semaine plus tôt. Pas de surprise ici, le set est rodé et efficace, le public est massif, mais on est en droit d’attendre un peu mieux de la part des New Yorkais. Je refile ensuite en direction de la Main 2 où Turbonegro nous invite au royaume du mauvais goût et de l’approximation vestimentaire. Ici, rien de sérieux, etc’est bien ce qui fait le charme de cette formation à part. La vulgarité élevée au rang d’art, il fallait oser, peu s’y risquent, encore moins avec le savoir faire de Turbonegro dont les Turbojugend ne ratent pas une seconde.

Turbonegro

Turbonegro

Une petite escapade du côté de Altar me permet de voir pour la première fois Sacred Reich, un des éternels espoir de la scène thrash US. Ca commence tendrement pour finir en explosion sonore sur fond d’embrassades. Car dans ce monde de brutes, le chanteur fini par demander à chacun de se tourner vers son voisin pour lui offrir la douceur d’un câlin. Comme à la messe, et cette fête de l’enfer devient un havre de paix. Moment d’émotion tandis que pas très loin, The Melvins nous souhaite la bienvenue à sa façon (« Welcome to this concentration camp you call Hellfest! ») et nous propose un concert baigné de lumières rouges omniprésentes. Je n’ai jamais vraiment compris ce groupe,et ressort dubitatif pour retrouver une pluie qui tombe dru.

Sacred Reich

Sacred Reich

The Melvins

The Melvins

Après une petite pause me permettant de récupérer mon fils qui vient de passer sa dernière épreuve de bac, je file voir Bobby Blitz et son Overkill explosif. Rotten to the core, Feel the fire ou Fuck you font toujours le même effet, celui d’un poing reçu en plein ventre qui te coupe le souffle.

Overkill

Overkill

Puis vient le gros morceau: Rammstein. On ne circule plus sur le site tant la foule est dense au moment où commence le décompte de la dernière minute. Y a-t-il seulement encore du monde près des autres scènes? Un tel groupe propose un spectacle réglé au millimètre près, et c’est sans surprise que l’on retrouve les mêmes artifices qu’une semaine plus tôt. Et tout reste aussi intense et efficace, malgré un froid prenant. Les lights, la pyrotechnie, les artifices, les mimiques, et, surtout, la setlist… Tout fait mouche et vient compléter une première journée riche.

Reste, pour conclure, un Offspring à la setlist imparable, certes, mais que je trouve peu convainquant sur scène. Les punks US n’ont plus rien de dangereux, et je ne reste pas jusqu’au bout. Une collation chaude, et hop, au dodo. Retour demain.

SAMEDI 18 JUIN 

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Cette seconde journée est la moins chargée. Peu de groupes m’attirent vraiment et j’en profite pour effectuer quelques interviews. Lorsque j’arrive, c’est pour voir Loudness. Les Japonais ne se sont produits qu’une seule fois en france, à Paris, au milieu des années 80 en première partie de Saxon. Alors cette venue hellfestive prend la forme d’un happening et attire une belle foule. Le hard rock est typé 80, les guitares évoquant Eddie Van Halen et autres cadors du genre. Une belle réussite.

Loudness

Loudness

Voir The voice of rock se produire en matinée est injuste. Lunettes de soleil calées sur le nez, basse ronflante bien accrochée, Glenn Hughes fait son entrée au son d’une valkyrie conquérante et nous offre une flopée de classiques dont un superbe Mistreated. Le bassiste chanteur mérite toujours son surnom.

Glenn Hugues

Glenn Hugues

Je rate ensuite une bonne partie du set de Foreigner pour cause d’interview avec Loudness.  Je n’avais pas prévu d’assister à la prestation de Sick Of It All, mais les gaillards foutent un joyeux bordel, rendant même hommage à Twisted Sister.

Dans sa veste argentée, aussi brillante que le surfer d’argent, Joe Satriani vient donner une nouvelle leçon de guitare. Impeccable et appliqué, le guitar hero dispense ses morceaux les plus connus. Et si l’on peut se lasser de ce style qui s’adresse souvent plus à des musiciens qu’au grand public, on ne peut qu’être admiratif devant ce géant de la six cordes.

Joe SATRIANI

Joe SATRIANI

Sur la Mainstage 2, Disturbed surprend avec une reprise de The sound of silence et invite les trois membres fondateurs de SIXX: A.M.  à les rejoindre le temps d’un Shout at the devil repris par une foule enthousiaste. Et comme ça fonctionne, pourquoi se priver? Baba O Riley, popularisé par la série Les Experts Manathan, interprétée avec, en guest Glenn Hugues, avant une troisième reprise, Killing in the name (de Rage Against The Machine) qu’on entendra plus d’une fois ce week end. Une presta forte, des invités de marque, Disturded a su séduire.

Visiblement attendu, Within Temptation investi les lieux. Grosse scène, plateforme en hauteur, lights  et backdrop impeccable, le set est efficace et Sharon del Aden très en voix. Sans surprise, mais pour le plaisir de tous, elle s’offre un duo en compagnie de Tarja (qui passe le lendemain) sur Paradise (what about us). Décidément, les invitations aujourd’hui sont nombreuses, et c’est pas fini! Sharon est heureuse d’être là, partageant son admiration pour ce site à part.

Within Temptation

Within Temptation

Bring Me The Horizon connait un retard d’une quinzaine de minutes. Dès son arrivée pourtant, le vocaliste demande au public de se séparer pour un nouveau Wall Of Death. Brutal, criard, je ne trouve que peu d’intérêt à cette formation qui, d’ailleurs, n’attire que peu de photographes, qui préfèrent attendre la venue de Twisted Sister. Le public le sait: c’est la dernière tournée de Dee Snider et sa bande. Le blond chanteur est en forme et il mène son groupe à la baguette. bien que court, ce set couvre 40 ans de carrière, une vraie, pas comme, il n’a jamais eu la langue dans sa poche, ces « stars » de télé crochets. The Price est dédié à AJ Pero, qui, si Twisted avait dû choisir un autre batteur, ne voyait que Mike Portnoy pour le remplacer. Et Dee de continuer: « demain, c’est dimanche! Vous allez à la messe? Non c’est le Hellfest, vous êtes à la messe de Twisted Sister! » Après avoir fait chanter le public sur I wanna rock, plutôt qu’un rappel, le groupe invite Phil Campbell pour un Shoot ’em down et un Born to raise hell d’anthologie avant d’annoncer « nos adieux au Hellfest » avec SMF. Voilà. Twisted Sister vient de donner son ultime concert en France. Comme un clin d’œil à Motörhead, ce dernier show s’est tenu au Hellfest.

TWISTED SISTER

TWISTED SISTER

Quelques instants plus tard, c’est le feu d’artifices. On nous promet quelque chose de spécial, de particulier. Se pourrait-il que ce soit plus impressionnant encore que celui du dixième anniversaire? Court, dense, et de nouveau intense, le bouquet final en impose, tirant des ah! et des oh! du public. Et ce cadeau se termine avec deux « Lemmy » gravés en lettres de poudre qui scintillent brièvement dans les cieux. Puis, sur la mainstage 1, Phil Campbell s’adresse de longues minutes au public. Emu et émouvant. Un moment rare que seul le Hellfest semble pouvoir nous offrir.

Korn, qui clôt cette journée, ce n’est pas trop mon truc. Les ayants vus ici même l’an dernier et à Paris il y a une semaine, je décide de chercher à comprendre ce que mon fils trouve de si génial à Dark Funeral. Un peu de Black pour finir une belle journée, pourquoi pas? Seulement, décidément, je n’y pige rien… En plus, les musiciens me semblent trop statiques. Maintenant, le public semble enchanté, et c’est bien là le principal.

Dark funeral

Dark funeral

 

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DIMANCHE 19 JUIN 2016

Allez, hop, debout! C’est reparti pour une troisième journée, et celle-ci est prévue chargée. Avec en ligne de mire nos salutations à Black Sabbath qui dit donner son dernier concert français ce soir. Que de départs, dis donc! Ayant chroniqué le premier Ep de Raveneye, je décide d’aller voir ce que les gaillards donnent live. Et le trio se bouge, séduit un public encore épars. Le guitariste/chanteur s’offre même une rapide escapade dans la fosse sans oser aller dans le public. Il m’expliquera plus tard ne pas avoir osé car il s’est déjà fait remonter les bretelles par la sécu de certains pays. Une belle entrée en matière pour une journée qui s’annonce prometteuse.

Raveneye

Raveneye

Direction ensuite MS2 où Nightmare donne son premier concert avec Magali, sa nouvelle chanteuse. Force est de constater que la remplaçante de Jo Amore en a sous le capot et se donne à fond. « Il y a des Belges parmi vous? » Étonnante question d’un groupe grenoblois au public clissonnais, sauf que la demoiselle est, justement, Belge. Elle se rattrape et le public suit. Bon choix, bonne pioche et espérons que l’avenir sourit bellement à Nightmare

Nightmare

Nightmare

Je file pour une rapide interview avec Raveneye et revient pour le thrash punkisant de Municipal Waste. Ah, ah, ces gars sont décidément irrespectueux de tout, et lorsqu’ils annoncent au public qu’il leur reste 3 chansons à jouer, je regarde ma montre et me dit qu’elles seront très courtes. Mais non… Le second titre déborde sur leur horaire, et lorsque le chanteur annonce le dernier morceau, Municipal Waste se voit coupé de tout son, un organisateur faisant signe que non, définitivement non. Ils quittent la scène furieux, mais le Hellfest est réglé comme du papier à musique.

Enter donc, dans la foulée les Israéliens de Orphaned Land. « Shalom Hellfest », et c’est parti pour 40′ d’un hard folk enjoué et pacifique. « On s’en fout des politiciens, je vois un drapeau d’Israël et un autre du Liban. C’est ça qu’on souhaite » sont en gros les propos du chanteur. Il a raison, mais n’entrons pas ici dans un débat stérile. Laissons nous simplement emporter par ce moment de paix, festif et joyeux.

Orphaned Land

Orphaned Land

J’en ai déjà entendu parler, et je découvre aujourd’hui Vintage Trouble. Un mélange de Blues Brothers et de James Brown, une sauce rock meets funk qui prend immédiatement. Alors oui, cent fois oui, ce groupe m »rite d’être connu et reconnu. Une musique intemporelle offerte avec toute leur âme par des musiciens qui se donnent à fond. Ça groove, ce’est rck, c’est soul, et c’est émouvant lorsque le chanteur rend un bel, très bel hommage aux victimes des attaques d’Orlando et de Paris, ainsi qu’à toutes celles qu’il y a eu entre ces deux attaques ignobles. Vintage Trouble est mon coup de cœur de ce Hellfest 2016.

Vintage Trouble

Vintage Trouble

Je file ensuite jeter un œil à Dragonforce qui s’éclate sur scène. On le sait, le groupe international se vante d’être le plus rapide du monde mais ne confond jamais vitesse et précipitation. Tous prennent du bon temps, Frédéric Leclercq, le français du lot, est bavard s’amuse avec l’un des guitariste autant qu’avec le public à qui il rappelle que c’est aujourd’hui son anniversaire et qu’il faut lui offrir des bières. Bon enfant, la prestation n’en oublie pas pour autant le côté technique et pro des grands.

Dragonforce

Dragonforce

Ce week end aura vu passer la fine fleur de la rage et de la colère made in chez nous. Après Mass, c’est au tour de No One Is Innocent de venir hurler sa colère, la libérer. Ceux qui ont écouté ou vu Barricades Live, le dernier album du groupe, ne sont guère surpris de retrouver, bien qu’écourtée, une setlist quasi identique. Salvatrice, cette prestation explosive l’est assurément.

No One Is innocent

No One Is innocent

Je rejoint les photographes qui ne veulent pas rater Tarja, qui se présente sur scène toute de noir vêtue. Pas besoin d’être de fins observateurs pour remarquer un line-up à moitié remanié: plus de Mike Terrana à la batterie, seuls demeurent son guitariste et son violoncelliste. Un nouvel album arrive et une nouvelle tournée est promise par la belle qui ne se lasse pas de haranguer la foule toute à sa cause acquise.

Tarja

Tarja

La galère commence, et les photographes se mettent à faire le pied de grue. Je laisse passer Gojira qui propose le même set qu’une semaine plus tôt. Alors je patiente, prends mes aises  (je m’endors presque même, en tout cas pique du nez) en attendant que passe le temps. Puis me décide: après Blind Guardian, je ne refais plus la queue quand bien même j’eu souhaité en shooter quelques uns. Je profite donc, après un Blind Guardian qui ne me convainc guère (trop carré, sans doute, mais je ne suis pas assez fan non plus), de retrouver mon fils au milieu d’une foule de plus en plus dense.

Blind Guardian

Blind Guardian

La suite est vue de loin: Megadeth, impeccable, malgré, une nouvelle fois, un set identique à celui de Paris. Les classiques restent intemporels et je m’en délecte tout autant. Amon Amarth, propose aussi le même spectacle qu’à Longchamp. Et donc m’impressionne moins. Je trouve même les vikings moins convaincants qu’une semaine plus tôt. Sans doute l’effet de surprise n’est-il plus là. En revanche, Slayer, RAS. On sait à quoi s’attendre et le mur du son proposé en guise de claque fait toujours autant de bien. Enfin, la grand messe, ou son hors d’oeuvre, plutôt. Ghost propose ce soir un spectacle repensé par rapport à celui de Paris. Et la petite ville de Clisson peu glousser d’effroi ou hurler au scandale. Car ce soir, ce sont des nonnes qui viennent distribuer des capotes (noires, naturellement) au public, un Papa Emeritus 3 qui a retrouvé sa voix et qui dispense la « bonne » parole, et de chœurs d’enfants qui envahissent la scène. Tout est là pour faire de ce spectacle un des plus marquants – côté main stages – de ce Hellfest 2016.

Cependant, la grand messe a lieu maintenant: Black Sabbath vient faire ses adieux à la France. The end, pour Ozzy Osbourne, Tony Iommi et Geezer Butler. Démarrant avec le doomesque Black Sabbath, les Anglais délivrent un set simple, sans réelle surprise. Les classiques sont naturellement de mise, et Ozzy, toujours frappé, cherche à faire se lever les mains. Tony et Geezer, quant à eux, semblent simplement être là. Présents. ils jouent, sans extravagance. Chacun sa place. Heureusement, Ozzy est égal à lui même. Peut être même en fait-il un peu trop, souhaite-t-il trop que le public frappe des mains toutes les deux minutes…. Au final, ce sont de triste adieux que l’on nous propose. Et puis, franchement, pourquoi proposer un aussi long solo de batterie? S’il s’agissait de Bill Ward, soit, mais, malgré toutes ses qualités et tout son talent, Tommy Clufetos n’est pas un membre originel. Le mettre ainsi en avant permet sans doute aux autres de reprendre leur souffle… Alors oui, on a plaisir à écouter, chanter, une dernière fois Fairies wear boots, Iron Man, Paranoid, Children of the grave et halluciner sur Into the void, Snowblind, Dirty Women. Pour moi, cependant, malgré une setlist irréprochable, Black Sabbath fait bien de prendre sa retraite.

Scotché là depuis des heures pour ces adieux, la faim nous tiraille et nous en ratons ensuite King Diamond. Dommage. Le Hellfest se termine ainsi, avec en guise de souvenirs des décors revus et améliorés, des duos en veux-tu en voilà, des groupes au top. Et un agacement lié à une trop longue attente. L’année prochaine, on verra ce que ça donne. D’ici là, Bloody Hell, ça va saigner!

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Merci à Hellfest production, Roger Wessier, Olivier Garnier et les équipe du point médias, Elodie Jouault, Charles Provost, les gars de la sécu qui jamais ne se défont de leur bonne humeur!

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