Interview: DIESEL DUST

Interview DIESEL DUST. Entretien avec Raphaël (guitariste) le 23 décembre 2024

L’abum est sorti au mois de mai, mais ce n’est pas votre premier album. Le groupe s’est formé du côté de Lyon vers 2006, avant même…

Oui, le groupe existait déjà avant que ne l’intègre, c’était un groupe de reprises. J’ai rejoint le groupe en 2006.

Et en 2006, un album, Ghost dance, est sorti, suivi d’un autre en 2010, Second life, et après… plus rien… jusqu’à 2021/22. Que s’est-il passé pendant ce long break ?

Eh bien, on s’est mis en pause parce que notre chanteur était parti et quand on change deux fois de chanteur en peu de temps… ça m’a fatigué, et j’avais envie de monter autre chose. J’ai monté un théâtre et j’ai pris neuf années de repos psychologique, physique et moral pour travailler dans mon théâtre. C’était un repos musical, surtout !

Qu’est-ce qui a motivé le retour de Diesel Dust ?

Il y a plusieurs choses : je commençais à manquer de scène, de guitare… Après, le Covid est arrivé et mon père est décédé durant cette période et c’est là que je me suis remis à écrire. J’avais des choses à dire à mon père, j’ai écrit des textes mais sans musique, pour moi, les textes ne veulent rien dire, donc j’ai aussi composé la musique. J’en avais deux ou trois de prêtes et j’ai rappelé Nico, l’harmoniciste en lui proposant de reprendre. Il a hésité à peu près deux secondes et demie avant de me dire « oui ».

Il y a d’autres membres des « origines » ?

Non, il n’y a que Nico et moi.

Donc, le Diesel Dust 2021, c’est une version 3.0 puisque tu es arrivé après les débuts du groupe. C’est vraiment le renouveau de la formation…

Carrément. Notre ancien batteur a des soucis de santé et ne peut plus jouer, notre bassiste a des problèmes personnels… C’est pour ça qu’on a cherché d’autres membres. Le batteur, je jouais avec lui dans un groupe qui s’appelait Dead Cause, il connaissait le bassiste qui nous a rejoint. Le chanteur, je l’ai rencontré par hasard en écoutant des gens parler disant qu’il avait une belle voix mais pas de groupe, alors je l’ai contacté. Ça a été relativement simple et l’entente est tellement bonne que ce n’est plus un groupe, c’est carrément une famille !

L’album du retour, c’était Just before, suivi assez rapidement après par Between before and after, qui est un titre assez mystérieux. Peux-tu nous l’expliquer ?

Il annonçait en fait que les musiciens changeaient… Donc c’était après le début du groupe… et avant la fin…

Et maintenant, on n’est pas encore à the end, c’est Just another day… juste un autre jour. Quels sont les retours que vous avez eus de ce… On doit dire le troisième album ou le cinquième ?

Oh, je dirai plutôt le troisième, c’est vraiment le troisième que j’écris. Et ce sera la dernière mouture de Diesel Dust, il y aura d’autres albums si, comme c’est prévu, on reste ensemble. Je pense qu’on a gagné en maturité grâce à l’apport de chacun : notre batteur fait du metal dans un autre groupe, notre guitariste fait du Satriani, le bassiste joue dans un groupe de jazz rock et de punk et le résultat de toutes ces influences, c’est qu’on a fait un album que je trouve plutôt riche. La fan base qui nous suit depuis le début, tout le monde dit que c’est le meilleur album qu’on ait fait… Ça me va bien pour l’instant (rires) !

Toutes les influences dont tu parles, on ne les ressent pas vraiment parce qu’on sent surtout une culture très imprégnée de rock sudiste…

Ben… c’est le but ! Diesel Dust est un des cinq ou six groupes de rock sudiste français qui soit référencé. On ne voulait pas non plus quitter ce domaine-là, on peut tout mettre dedans. Le rock sudiste c’est une musique qui est généreuse, et aujourd’hui encore, on peut se permettre sur scène de faire des chorus de 8’ sans que personne ne trouve à y redire. Je pense qu’on a modernisé le style sur cet album, mais il reste un style aux grandes effluves 70’s. Tu peux te permettre d’allonger un morceau avec le public sans que ça ne gêne qui que ce soit, on n’est pas prisonnier des séquences… Il n’y a jamais un concert qui ressemble à un autre.

Quels sont les thèmes que vous abordez ? A la lecture des titres, on sent que c’est très culture US, les pochettes sont toujours en lien avec la culture indienne également…

Sur tous les albums, j’aborde tout le temps la culture amérindienne, dans le sens « défendre les Indiens d’Amérique ». J’ai lu les écrits de Sitting Bull, et je suis tombé raide de surprise devant la qualité de la poésie qu’il pouvait donner alors qu’il était en train de se faire massacrer. Je parle aussi beaucoup de la planète parce que notre génération est sans doute celle qui a commencé à prendre conscience qu’on mettait tout en l’air et que nos enfants allaient souffrir. Chaque album a sa chanson sur le thème, là, c’est Walking alone qui parle d’observer nos enfants marcher là où il n’y a plus rien… Après je parle beaucoup d’actualité ou de sujets qui me touchent, comme le décès de mon père. Just another day est une chanson très spéciale puisqu’elle parle du suicide de mon frère de sang et après il y a la violence faite aux femmes ou d’autres choses encore. Women est une chanson humoristique où j’inverse les rôles et je demande ce que c’est que ce monde où la violence envers les hommes est telle que tu ne peux même plus faire un compliment à une femme sans te faire engueuler (rires). Tu ne peux même plus dire « bonjour »… On va peut-être se faire lyncher. We ill never die aborde le thème de ce souhait d’immortalité, et nous, les musiciens, on a cet avantage que, même dans deux siècles, peut-être que quelqu’un retrouvera nos albums et nous écoutera, nous fera revivre. C’est une forme d’immortalité.

Il y a aussi N.I.C.O (Now I Carry On). Est-elle en rapport, est-ce un hommage à ton harmoniciste ?

Oui, c’est exactement ça, parce que, quand je l’ai appelé, il a mis deux seconde et demie pour me dire « oui, j’attendais que tu m’appelles » ! Même si le groupe s’est arrêté, on tapait souvent le bœuf tous les deux. Oui, c’est un hommage, jouer avec lui, c’est du bonheur, on est toujours du même côté sur scène et on reste les deux piliers de ce groupe…

Si tu devais ne retenir qu’un seul titre de Just another day… pour expliquer à quelqu’un qui ne vous connais pas ce qu’est Diesl Dust aujourd’hui, ce serait lequel ?

Ah… C’est compliqué… Mais je ferai peut-être écouter We will never die parce qu’il y a de la mélodie, du pseudo metal et beaucoup de recherche harmonique dans les chorus de guitares. Ça représente assez bien ce qu’on est.

Il y a un autre titre qui m’épate, c’est le morceau titre qui clôt l’album : il commence tranquillement et c’est une longue montée en couleurs. Comment l’avez-vous travaillé, parce qu’il est assez complexe ? J’ai l’impression que c’est un patchwork d’idées qui fonctionnent très bien ensemble…

J’ai voulu raconter la vie de mon ami qui s’est suicidé, et tout le texte est une sorte de prière, de regret de ne pas avoir été là au bon moment. Quand quelqu’un fait quelque chose comme ça, on regrette toujours de ne pas avoir été là… En fait, j’ai voulu résumer se vie… C’était quelqu’un qui avait des colères mémorables qui nous faisaient rire. La montée du chorus, c’est un peu sa colère – et je suis persuadé que c’est dans la colère qu’il a eu ce geste. La fin du morceau, un peu à la Pink Floyd, c’est vraiment un cri qui annonce la fin de l’album, la fin de vie, la fin de tout… La dernière phrase est dite par une femme, c’est sa veuve qui la prononce. C’est un morceau qui a été écrit comme un roman.

Ça monte plus en intensité qu’en puissance ou en couleurs… Non, c’est un morceau qui monte en gravité, je dirai…

C’est ce qu’on cherchait, et si tu le ressens comme ça, c’est parfait, c’était le but…

J’imagine qu’un groupe comme le votre ne gagne pas sa vie, alors quelles sont vos autres activités à chacun ? Tu as ton théâtre, et les autres ?

Il y a deux électriciens, le batteur et le bassiste – ils travaillent dans le même domaine, alors ils se comprennent très bien en musique aussi (rires) – notre chanteur est forestier, il travaille dans la recherche d’essences futures pour contre-carrer le réchauffement climatique, notre harmoniciste a son entreprise dans les fruits de mer, il forme les gens à respecter, comprendre et bien vendre les fruits de mer. Notre guitariste est prof de musique et je dirige un théâtre.

Si tu devais maintenant penser à une devise pour Diesel Dust, ce serait quoi ?

Euh… « Toujours honnête, toujours droit ». C’est exactement à l’image de notre musique et de nos textes, sincères jusqu’au bout.

Pour terminer, quels sont les 5 albums que tu as le plus écouté, le plus usés, dans ta vie ?

Ce n’est pas dans l’ordre précis mais je dirai : Physical graffiti de Led Zeppelin, made in Japan de Deep Purple, les System Of A Down, tous, parce que je trouve ce groupe d’une créativité et d’un niveau fabuleux… Agents of fortune de Blue Öyster Cult – mon jeu de guitare est très inspiré, à 80%, par Buck Dharma, et… Last rebel de Lynnyrd Skynyrd. C’est sans doute ceux-là que j’emmènerai sur une ile déserte…

C’est pour ça que je ne pose pas cette question d’ile déserte : si elle est déserte, il n’y a pas d’électricité, alors prendre des albums… As-tu quelque chose à rajouter pour terminer ?

Pas grand-chose sauf qu’il est temps que la France se réveille un peu… Il y a beaucoup de groupes en France qui mérite de vivre de leur musique – notamment Diesel Dust mais on est loin d’être les seuls… C’est dommage de voir ces groupes disparaitre et être remplacés par des « musiques » qui ne ressemblent à rien… Je ne citerai personne…

Séance de rattrapage: DIESEL DUST: Just another day…

France, Rock sudiste (Brennus, 2024)

Après avoir mis le pied sur le frein pendant de nombreuses années – le groupe formé à Lyon en 2008 a publié deux albums en 2009 et 2011 – Diesel Dust est revenu aux affaires en 2021 avec Just before… et plus récemment (en mai de cette année) Just another day… un album de 11 titres aux évidentes influences sudistes. On y retrouve tous les éléments qui font la chaleur de cette musique et Diesel Dust ne cache jamais ses influences. Celles-ci vont, oh, surprise!, de Lynyrd Skynyrd aux Allman Brothers en passant par Blackfoot et autres Molly Hatchet. Just another day… voit les musiciens se faire simplement plaisir. Après tout, de vieux briscards comme eux n’ont sans doute pas envie de perdre du temps à prouver quoi que ce soit à qui que ce soit, alors ils vont à l’essentiel. Ou presque, car les morceaux durent rarement moins de 5′ (seul Women est « expédié » en 4 petites minutes et 53 secondes) pour un total avoisinant les 70′ (le groupe conclue avec le morceau titre, véritable montée en puissance et en groove qui frôle les 10′), ce qui rend l’ensemble long, peut-être un peu trop. Si l’accent de Maxime Guichardant est correct, le chanteur est à mes oreilles souvent difficile à comprendre, mais la chaleur de l’ensemble, qu’on à plaisir à écouter en une ou plusieurs fois, est présente partout, des titres plus rock aux plus tendres moments. L’ajout de choristes ne surprend pas – elles sont 4. Si l’harmonica est un instrument (soufflé par Nicolas Ciolfi) partout présent, le groupe (les guitaristes David Benon et Raphaël Porcherot, également aux claviers), le bassiste Mickaël Duvernay et le batteur Denis Josserand), les titres sont naturellement orienté vers ces guitares qui remuent la poussière des routes américaines et ces rythmes qui donnent envie de jouer des poings. Sans révolutionner le genre, Just another day… remet le southern rock au goût du jour.

BLACKBERRY SMOKE: You hear Georgia

USA, Southern rock (3 legged records, 2021)

Enfin ! Oui, il est enfin là ce nouvel album des Américains de Blackberry Smoke. You hear Georgia, le successeur d’un Find a light (2018) qui finissait de placer le groupe de Charlie Starr et son rock sudiste chaleureux parmi les cadors du genre. Ce nouvel album, trois années et une pandémie plus tard, est celui de la consécration. En bon sudistes qu’ils sont, les gars nous proposent un rock à la fois authentique, débridé et entrainant. Composé de 10 titres pour un total de 40’ – ni trop ni trop peu – You hear Geogia est une invitation au voyage, un voyage musical dans ce sud profond, dans ce blues et ce rock simples et vrai. Le morceau titre, d’ailleurs, est une vraie déclaration, Starr et les siens clamant indirectement et fièrement leur identité et revendiquant la fierté de leurs origines (bien au-delà des JO de 94 ou de l’Etat d’origine de King, Martin Luther King). Tout ici respire la sincérité et l’envie de vivre, simplement et réellement. Moins durs que leurs voisins de Black Stone Cherry (eux aussi ont sorti un album portant le nom de leur Etat d’Origine, Kentucky…) et plus empreint de country, Blackberry Smoke, avec ce huitième album s’inscrit définitivement parmi les incontournables groupe du genre. C’est frais, et ça fait du bien !

ROBERT JON & THE WRECK: Last light on the highway

Rock sudiste, USA (autoproduction, 2020)

Le rock sudiste a cette force de savoir être un genre transgénérationnel. Pour peu que l’on aime le rock, le blues, la soul, alors il est aisé de se laisser emporter par des riffs simples et vraies. Robert Jon & The Wreck (RJTW) viennent encore nous le prouver avec Last light on the highway, leur Xème album. Voici encore une formation obscure connue des seuls initiés et qui mérite vraiment de trouver un plus large public… Mais ces mecs en veulent! Ce nouvel album sort un an à peine après leur dernier effort, Take me higher. Les 11 titres évoquent toute l’histoire du Southern rock surprennent par instants en évoquant Phil Collins ou John Cougar Mellencamp. Tant dans le chant que musicalement, d’ailleurs, le groupe puisant dans le royaume du bon gout populaire, entraînant, rythmé et joyeux. Avec ses inspiration soul, rock et pop, ses guitares qui craquent ici et se font légères, ses chœurs chaleureux, ses claviers discrets et sa rythmique directe et efficaces, RJTW va plus loin que le simple rock sudiste et s’adresse à un large public avec l’envie de le faire bouger. Impossible de rester de marbre… Un album sans autre prétention que de se faire et de faire plaisir, Last light on the highway s’écoute au volant sur une longue route et aide à faire défiler les paysage. Un disque pour s’évader.

HOGJAW: Way down yonder

Rock sudiste, USA (Snakefarm, 2018)

Amoureux de rock sudiste, offrez donc une oreille à ce Way down yonder, septième album des Américains de Hogjaw, littéralement traduit par « mâchoire de porc ». Rien que ça, ça a du mordant, version le supplice que promet Mason Verger à Hannibal Lecter. Revoyez vos classiques. La guitare est sautillante, trépidante, évoque parfois sans complexe le ZZ  Top des 70’s/80’s, le Blackfoot première période, et pioche volontiers du côté des Allman Brothers, Lynyrd Skynyrd et autres Molly Hatchet. On ne la fait pas aux gars de Peoria, en Arizona. Leur rock sent le soleil, le mauvais whiskey, le crottin de cheval, bref, ça sent le vécu, le vrai, les tripes. Si Dark horse se démarque avec un tempo ralenti comme un cheval essoufflé et un chant à la Michael Poulsen (Volbeat, oui, la comparaison est osée!), si l’on se demande ce qu’est ce North Carolina way (vu par des gens de l’Arizona, ça intrigue), si l’on se plait à parler pêche (Talk about fishin’) ou de Redemption et donc de religion, Hogjaw nous offre simplement un album « nature », varié et dépouillé. Pas de gros effets, pas de frime, du direct, de la gratte, une basse et une batterie et c’est tout. Efficace, sobre, Way down yonder est une réussite qui enchante ce début d’année.

Interview: HOGJAW

Interview HOGJAW : rencontre avec JB (chant, guitare) et Elvis (basse). Entretien mené le 14 novembre 2017 chez Gibson France, Paris.

 

metal-eyes: Pour ne rien vous cacher, je viens de découvrir Hogjaw avec l’album à venir, Way down younder. Il s’agit de votre 6ème album déjà, mais quelle est votre situation en France ?

Elvis: On a joué quelques fois en France, au moins une fois sur chaque tournée. On nous connait un peu par endroits. Nous sommes un groupe de rock qui joue fort. On est principalement connus pour faire partie de la scène rock sudiste, grâce au magazine Dixie qui nous a consacré un article en 2008, et ça a servi notre réputation.

JB: Ca c’était au début, oui… Depuis, il y a des fans en France que nous avons appris à connaitre, directement ou via Facebook, les réseaux sociaux. Ils nous ont beaucoup soutenus au fil des ans et certains nous ont conviés à venir jouer ici, en France.

Elvis: On a joué au Festi Rock festival, qui ne regroupait que des groupes de rock sudiste.

metal-eyes: Comment décririez-vous l’évolution de Hogjaw entre Rise to the mountains, votre album précédent, et Way down yonder, qui parait début 2018 ?

JB: Chacun de ces disques  été fait avec Jimmy Dows. On a travaillé en tant qu’équipe avec lui, à mettre les choses en place. Maintenant, je pense que le principal avec Way down yonder est que nous testons plus de choses vocalement, et nous avons « tenté » de maintenir les guitares autant que possible du point de vue de leur puissance pour faire de la place au travail sur le chant. Sur certains des morceaux…

Elvis: Je n’y avais pas pensé comme ça, c’est intéressant…

JB: Je pense que c’est une progression naturelle, comme on dit. On souhaite vraiment explorer les capacités vocales…

Elvis: C’est la première fois qu’il y a 3 chanteurs lead sur un de nos albums. Ça apporte de la variété, qui n’était pas là avant. Jimmy a un style qu’il n’y avait pas sur les albums précédents, et les morceaux qu’il a écrits apportent, beaucoup de gens nous le disent, une touche différente.

JB: Ce n’est que l’évolution du groupe au fil du temps. Pourquoi le nier ?

metal-eyes: Certains groupes s’en sortent très bien en faisant toujours la même chose…

JB: Oui.. On fait plus ou moins la même musique, mais on tente des choses. On cherche à rester nous-même, rester intègres par rapport à nos valeurs, mais en cherchant un peu de nouveauté. Donc, il faut tester les capacités du groupe.

metal-eyes: L’album propose une variété de thèmes et de tempi. Qu’avez-vous mis dedans ? En dehors de ces nouveautés vocales, dont vous venez de parler.

JB: Je ne sais pas s’il y a une formule pour l’expliquer, mais notre musique est née de jams. Tout dépend de l’esprit général lorsqu’on a commencé à écrire. Telle chanson est un peu plus sombre, telle autre plus rapide, plus lente… Je ne dirais pas que nous avons planifié ce que nous souhaitions composer, nous terminons avec ce que nous avons ! Le temps qu’il faut pour composer, arranger, et c’est fait !

Elvis: On ne commence presque jamais avec une personne qui écrit une chanson et demande au reste d’entre nous de jouer dessus. Tout commence par une idée, puis une autre vient s’y greffer… JB écrit la plupart des textes, j’en écris certains, le batteur, Kowalski, aussi et tout cela contribue à l’ensemble. Kowalski a une très bonne approche et n’hésite pas à nous dire de couper tel partie en deux, de virer ça ou de travailler ça…

JB: En ce qui concerne les guitares, c’est nous, guitaristes qui trouvons des riffs cool, et le batteur nous dit « cool, essayons ça ! » C’est vraiment un effort de groupe, collectif, on ne peut pas dire que c’est principalement le travail de l’un ou l’autre. Ca ne fonctionnerait pas…

metal-eyes: Si vous estimez qu’une idée est bonne, tout le monde travaille dessus.

JB: Exact. Ça a fonctionné depuis nos débuts et c’est une chose que nous ne changerons jamais.

metal-eyes: Parlons de quelques chansons : To hell with the rest débute en sonnant comme du ZZ Top des années 80. (JB rit et acquiesce). Quelle importance a ce groupe dans la vie de Hogjaw ?

JB: ZZ Top ? Une très grosse influence, je dirais. On cherche à choper ce truc qui les distinguait à la fin des 70’s, début 80’s. Cette chanson de Hogjaw débute avec ce type de riff et c’était incontestablement volontaire ! On adore simplement le groove qui en ressort. Il y a peu de groupes qui osent jouer de vrais riffs à la guitare, aujourd’hui. Il y en a, mais pas autant que dans les années 80.

Elvis: Et c’était une décision consciente et commune de chercher des tonalités passées, des 80’s, fin 70’s.

metal-eyes: Et comment avez-vous atteint ce son ? En enregistrant sur du vieux matériel analogique ou plutôt moderne ?

JB: La technologie est moderne, mais nous avons utilisé de vieux amplis et une approche de l’enregistrement « à l’ancienne ».

Elvis: oins de gains, ce qui permet à plus de sons de passer…

JB: ET pas de post production. On cherche à trouver la bonne tonalité, et quand on la trouve, on fonce. Pas d’égalisation à mort, on appuie sur le bouton et ça roule !

Elvis: Les guitares ressortent vraiment bien sur le CD.

metal-eyes: C’est quoi, le North Carolina way ? Je suis originaire de cet Etat, alors, expliquez moi !

JB: C’est une longue histoire que je vais raccourcir : cette chanson parle d’un de nos bons amis qui vit en Caroline du Nord. Il s’appelle, on l’appelle, Uncle Buck, de son vrai nom Scott Howard. Aux débuts du groupe, en 2009/2010, on a organisé une tournée, nous-mêmes. Il nous a dit « allez, venez jouer ici, je vais m’occuper de vous ! » On ne connaissait pas le gars, on ne l’avait jamais rencontré et il nous a traités comme si on faisait partie de la famille. Depuis cette toute première rencontre, il nous traite comme sa famille. On retourne chez lui pour jouer…

metal-eyes: Elvis: Tous les ans, ou une année sur deux, il nous fait venir en Caroline du Nord poru jouer. Et entre ces moments, c’est lui qui vient en Arizona pour nous rendre visite. On a passé des vacances ensemble, on a assisté à des concerts ensemble, on l’a emmené avec nous en tournée en 2015 pendant un mois… Il partageait notre van…

JB: En gros, c’est tout le respect qu’on doit à cet homme, tant il a fait pour nous. C’est une ode à la vie, au rock’n’roll way of life, la vie simple près d’un lac, comme la sienne…

Elvis: Un lac qui s’appelle High rock lake.

JB: Tout ça a été inspiré par sa vie, son mode de vie. Qui est exactement notre façon de vivre en Arizona. Trouver quelqu’un comme ça, dans le monde de la musique, c’est assez spécial.

metal-eyes: Et ça correspond à ce que vous mettez en avant sur votre site, cet esprit familial, une bande de pote qui font les choses comme on les fait en famille.

JB: C’est comme ça que ça devrait toujours être.

metal-eyes: Dark horse est un titre plus lent, Presque doom…

JB (il rit): En effet, oui! Il y a ce feeling… Tu le décrivais bien, tout à l’heure, Elvis…

Elvis: On ne fait pas que jouer du rock sudiste, c’est une ligne directrice, ok. Quelqu’un nous demandais quel genre de groupe nous sommes. Eh bien, nous ne sommes pas un groupe de rap, ni de stoner, nous sommes un groupe de rock sudiste. Seulement, nous jouons différentes choses : du heavy rock, du rock, de la country, du country rock… Et parfois notre côté metal ressort, comme c’est el cas sur Dark horse. C’est une chanson qui a ce feeling qui me fait penser à un vieux morceau d’AC/DC : tempo plus lent, thème plus sombre…

metal-eyes: AC/DC qui aurait rencontré Black Sabbath…

JB: oui, Black Sabbath, bien sûr!

Elvis: On l’a laissé s’exprimer sur ce titre, et JB a ensuite écrit les paroles, qui sont sombres et collent à la musique. Dès le départ, on savait que ce titre devait se retrouver sur l’album, parce qu’il est vraiment différent. Certains de nos fans vont adorer ce morceaux, d’autres risquent de le zapper quand ce sera son tour… Mais je crois qu’un bon nombre de nos fans vont l’adore, parce que, comme nous, ils aiment aussi des choses plus heavy. Et on le met sur notre album si on le souhaite !

metal-eyes: On vit toujours dans des pays libres !

JB: Oh oui, on vit dans des pays libres, et la musique devrait aller partout.

metal-eyes: Redemption est, par son titre, très biblique et la religion a une place très importante dans le sud des USA. Quelle est la place de la religion dans votre musique ?

JB: Je ne dirais pas que la religion a une part importante. Nous sommes spirituels, mais pas vraiment religieux, pas dans un sens organisé, en tout cas.

Elvis: Cette chanson parle plus de la rédemption individuelle de chacun.

JB: Elle parle de ce que nous cherchons tous, individuellement. C’est comme… comment dire ? Comment je pourrais me repentir, de quoi ? Et comment le ferait Elvis, ou toi. Nous l’avons plus abordé comme une expérience, voir ce que nous pouvions en faire

Elvis: Avec 3 chanteurs dans la même chanson…

JB: Oui, et les paroles qui traitent de rédemption, de ce que ça signifie pour nous. Elle n’est pas censée avoir de connotation religieuse. Mais nous ne sommes pas du tout un groupe religieux. Spirituel, oui, pas religieux. Nous avons tous des passés différents, j’étais catholique, baptiste comme mon père, j’ai grandi avec, et j’ai choisi en grandissant de ne pas suivre ces préceptes. Je crois en ce en quoi je crois, et c’est tout. Aucun de nous ne veut imposer quoi que ce soit aux autres. Ça te concerne, c’est personnel.

metal-eyes: Un autre sujet : Brown water traite du whisky.

JB: Absolument !

metal-eyes: Et tu en bois en ce moment. Je ne connais pas de whisky d’Arizona, alors êtes-vous plus Jack du Tennessee, Jim du Kentucky ou un autre ?

JB: Je préfère jack du Tennessee. Je suis né en Caroline du Nord, mais j’ai vécu pas mal de temps dans le Tennessee. Nous sommes des rats de l’air force, nos parents en faisaient partie et j’ai pas mal bougé. Le whisky nous a suivis… On a plusieurs chansons à ce sujet, plutôt le côté festif.

Elvis: Dans le rock sudiste, le whisky est une constante… regarde combine de chanson lui a consacré Lynyrd Skynyrd!

JB: Quelle que soit la manière d’en parler, ça me va! Attention, je ne prône pas la consommation d’alcool, simplement le fun.

Elvis: On l’appelait « eau de vie » avant ! Et c’est exactement ce que c’est, la vie.

metal-eyes: Vous parlez beaucoup de vie, de plusieurs manières. Talk about fishing, qui clôt l’album, est une pure chanson country.

Elvis: Chaque album a une chanson qui n’a que pour but de s’amuser.

JB: On s’enregistre, et on l’offre en bonus, sit u veux.

Elvis: En général, on les enregistre en dehors du studio.

metal-eyes: il y a une raison à ça?

Elvis: oui, parce que nous l’avions fait sur le premier album avec une chanson qui s’appelle Cheap whisky, que nous avions enregistrée après.

JB: Sur un vieux magnéto 4 pistes!

Elvis: Et on a continué de proposer, comme un projet en totale autonomie, sans producteur, rien que pour nous, le fun.

JB: Et cette chanson a été faite chez un ami, avec plein d’instruments. J’ai appris un peu de banjo pour l’occasion, c’est simplement fun.

metal-eyes: ça l’est, et ça dit en filigrane, « voilà, l’album se termine ». Quel a été, pour chacun de vous, le premier choc musical, le groupe ou l’artiste qui vous a fait dire « voilà ce que je veux faire » ?

JB: C’est une super question…

Elvis: Pour moi, c’était Kiss: j’étais gamin, et j’ai vu Kiss à la télé. Mes parents et mes grands-parents ont détesté. Je ne le savais pas à l’époque… C’était en 76, lors d’une émission spéciale halloween et ils ont joué God of thunder et Detroit rock city. J’ai dit « voilà, c’est ce que je veux faire, quoi qu’il arrive ». j’ai acheté les disques de Kiss, les figurines ; les lunch boxes… Tout. Ma sœur et mon oncle étaient musiciens, ils jouaient tout le temps de la musique et me donnaient des disques de Pink Floyd, Led Zepelin, les Doobie Brothers. J’écoutais tout, mais le premier qui m’a vraiment marqué, c’est Kiss. Je voulais faire ce que ces gars faisaient.

JB: Étrangement, moi ce serait plus Hank Jr. Étrangement parce que c’est de la country. Mais là où j’ai grandi, c’est ce que nous écoutions. Mon père était un grand fan et il y avait toujours de la musique. Quand tu es jeune, tu ne fais pas le tri, tu écoutes ce que tes parents écoutent. Ce n’est que lorsque j’ai commencé à jouer de la guitare que je me suis plus intéressé à ce que faisaient les autres, dans les 80’s. Ensuite, il y a eu AC/DC, et là, le choc… C’est devenu de plus en plus heavy, Iron Maiden et autres.

metal-eyes: Quelle pourrait être la devise de Hogjaw aujourd’hui ?

Elvis: La devise? Intéressant…

JB: On ne nous l’a pas encore posée, celle-là, c’est bien. Garde quelques armes secrètes, c’est bien !

Elvis: Ce n’est pas vraiment une devise, mais on dit souvent « get some ! » C’est le titre d’une de nos chansons qui dit « fonce, et fais les choses »

JB: Aujourd’hui… « Fais ce que tu veux ! » On a eu des devises en tournée, du style « ne le fais pas » ou « pourquoi le faire si ce n’est pas fun ». Le diable est dans les détails, alors positivons.

metal-eyes: Si vous deviez ne retenir qu’un titre de Way down yonder pour décrire ce qu’est Hogjaw aujourd’hui, ce serait laquelle ? (ils réfléchissent tous deux quelques instants)

Elvis: Je choisirai Way down yonder

JB: Moi aussi, juste parce qu’il y a tout dedans.

Elvis: Oui, elle est puissante, il y a différents passages, elle raconte une histoire…

JB: On y a mis un peu tout ce qu’il y a sur ce disque, c’est pour ça qu’on l’a choisie comme titre, aussi.

metal-eyes: Comme je découvre le groupe : Hogjaw m’évoque le sort que voulait faire subir Mason à  Hannibal Lecter. Y a-t-il un lien ou le nom du groupe n’a rien à voir,

JB: Aucun rapport, mais c’est intéressant. Hogjaw est un vieux terme du sud qui a deux significations : un, c’est une façon de dire que quelqu’un mange trop, sans penser aux autres. Deux, c’est vivre avec excès : manger, boire, se marier, vivre, le tout avec excès.

metal-eyes: Une toute dernière chose : Quelle a été la meilleure question, la plus surprenante, que l’on vous ait posée aujourd’hui ?

JB: Aujourd’hui ? La devise, mon gars ! Pas forcément la meilleure mais la plus intéressante. Ça nous change et nous force à réfléchir un peu…

Elvis: Oui, je le rejoins…On va peut être adopter cette devise.

BROKEN WITT REBELS

Rock sudiste, Royaume-Uni (Snakefarm, 2017)

Allez, on va faire un joli package de rock sudiste moderne… Au regard du nombre de sorties récemment proposées, on pourrait monter un festival « Spinefarm/Snakefarm »! Attention à ne pas faire une overdose. Heureusement, Broken Witt Rebels, nouveau venu sur la scène southern rock, varie les plaisirs, piochant autant chez les indispensables Lynyrd Skynyrd, Blackfoot ou Molly Hatchet que dans le rock énervé des 60’s époque Woodstock, que dans le blues ou la soul pur jus. On pourrait même croire à un clin d’œil à Joe Satriani sur les premières notes de Guns, qui devient pourtant rapidement plus rock pop. Cette variété assumée – qui provient sans doute des origines britanniques du groupe – enrichi ce premier album au chant embué (ah cette voix ravagée par la clope et le mauvais whisky!), aux guitares enlevées, simples et sans fioritures, aux rythmes d’une redoutable efficacité. Si la ballade Getaway man est plus traditionnelle, on admire le groove des Loose change, Georgia pine, Breathless… La surprise nous attend aussi avec ce Wait for you inspiré que ne renierait sans doute pas Coldplay, en énervé… Snakefarm se fait décidément, semble-t-il, un devoir de nous trouver des groupes qui jouent avec leur tripes, à l’ancienne et sans prise de tête…

WHISKEY MYERS Live à Paris (Les Etoiles, le 31 mai 2017)

Ils n’étaient pas annoncés ( à part sur le flyer à peine diffusé…), mais les Anglais de Buffalo Summer ont été forcés d’annuler leurs concerts prévus en première partie de Whiskey Myers sur les dates allemandes, hollandaises et française. La faute à une panne de camion les empêchant de facto de circuler. Ils n’étaient pas annoncés, mais c’est dommage quand même…

Ce désistement laisse donc la possibilité aux Texans de Whiskey Myers de proposer un concert de plus de deux heures. Ce n’était sans doute pas prévu, et c’est une bonne chose tant le dernier album en date, Mud, a marqué votre serviteur. C’est la première fois que je me rends aux Etoiles, salle parisienne proche de la gare de l’Est, sa capacité est d’environ 300 personnes. Ce soir, Les Etoiles, ou plutôt Whiskey Myers, affiche complet. Faut-il croire que le public parisien attendait cette première apparitions des Américains dans la capitale avec impatience! Car, oui, c’est le premier concert que donnent Whiskey Myers à Paris. C’est également la dernière date de la tournée européenne.

La scène est aussi étroite que profonde. Devant, le trio de guitaristes. Derrière, le batteur est entouré du claviériste/saxophoniste/violoniste et, relégué au fond, du bassiste. Forcément, autant de monde sur une scène aussi petite, ça limite la mobilité. Mais les deux heures qui suivent sont roots. Simplement. Whiskey Myers se concentre naturellement sur le superbe Mud, son dernier album en date dont sont extraits plusieurs morceaux (In the river, Mud, Frogmand, Stone...). Bien qu’il manque un peu de communication avec le public, ce concert est chaleureux, terrien, plein de feeling et de jolis moments d’impro.

Whiskey Myers s’impose live, même si l’on regrette quelques moments un peu faibles (sans doute une ballade de trop qui a casé un rythme enlevé), et l’on attend maintenant un retour en nos contrées dès que possible. Une belle soirée, roots et rock comme on aime!

 

WHISKEY MYERS: Mud

whiskey myers 2017Hard Rock, USA (Spinefarm, 2016)

Cet album est une petite merveille. Pardon: je trouve que cet album est une petite merveille. Une perle de hard rock sudiste qui sent le bayou. Mud, le nouvel album de Whiskey Myers, est bourré de ces moments qui attirent et éveillent. Dès le premier titre, On the river, le groupe me saisit par l’utilisation d’un violon qu’accompagne une guitare claire. Puis Cody Cannon pose sa voix. Étouffée, rauque et embuée… L’ensemble respire la joie de vivre, une joie qui monte en puissance malgré la tristesse que peut apporter le violon. Puis, au fil des chanson, d’autres éléments apparaissent au fil des Mud, Lightning bugs and rain, Deep down in the south: les chœurs très soul et gospel, splendides et superbement utilisés, l’orgue et les cuivres s’imbriquent tous à merveille dans cet ensemble qu’on imagine volontiers dans un bouge crasseux du fin fond du Sud profond des USA. Whiskey Myers joue de ce rock sudiste qui sent la crasse, les effluves d’alcools et de cendres froides qui se joue dans un club au fond des bayous (pour un groupe texan…) Album dense, Mud ne perd jamais l’auditeur J’écoute cet album de bout en bout, un sourire aux lèvres et me dandine à chaque instant. Mud renferme tous ce qui fait un grand album et Whiskey Myers évolue en totale liberté, sans jamais se répéter. L’osmose entre les 7 (oui, sept! A la Lynyrd Skynyrd, un vrai gang!) musiciens est palpable, transformant cet album en une oeuvre sincère, organique, riche en couleurs musicales qui donne envie de se plonger dans le reste de l’oeuvre de ce groupe que l’on découvre seulement aujourd’hui, en France…. A écouter sans modération.

Note: 9,5/10

Site web : www.whiskeymyers.com 

BLACKFOOT: Southern native

blackfoot-2016Hard rock, USA (Loud & proud, 2016)

 Pour beaucoup, Blackfoot est avant tout le groupe du chanteur guitariste Rickey Medlocke. Accompagné de Charlie Hagrett (guitare), Greg T. Walker (basse) et Jackson Spires (batterie), Rick, comme on l’appelait dans les 80’s, avec ses complices de Blackfoot proposaient un rock sudiste efficace et sans fioriture. Le quatuor a même offert au cours de cette décennie l’indispensable trilogie animalière composée de Strikes, Tomcattin’ et Maurauder, ainsi que l’un des meilleurs albums live de l’époque, Highway song live. Medlocke est ensuite allé rejoindre les rangs de Lynyrd Skynyrd, en conservant les droits du nom de Blackfoot. Et ce que Kiss avait un temps envisagé, Medlocke le réalise aujourd’hui: après quelques années d’absence, Blackfoot revient, réinvestit les studios et propose un nouvel album. Chouette! (non, ce n’est pas la suite de la trilogie mentionnée plus haut!) Mais, oh, surprise!, Blackfoot n’est aujourd’hui composé que de nouvelles têtes: Rickey a décidé de remettre le destin de son groupe entre les mains d’un jeune quatuor composé de Tim Rossi (chant et guitare), Brian Carpenter (basse) Matt Anastasi (batterie) et Rick Krasowski (guitare et chant) qui nous proposent aujourd’hui Southern native. Simplement, ils ne sont pas lâchés dans la nature seuls: Medlocke est partie intégrante de la composition (il cosigne 6 des 10 morceaux) et produit l’album. Il se pose en guide pour le futur et gardien du passé et de l’esprit Blackfoot. On remarque aussi que Al Nalli, producteur du Blackfoot classique, est producteur exécutif; l’ancienne garde veille donc au grain. Tim Rossi s’implique également en nouveau leader en co signant 4  titres plus 1 dont il est entièrement responsable: Diablo loves guitar, instrumental doux placé en dernier. Le résultat est, de prime abord, parfaitement probant: Need my ride met les choses au poing – « on fait du rock, mec! », Southern native, s’oriente plus vers la mélodie sudiste, Everyman piochant dans le blues. Call of a hero, plus intimiste, est un joli clin d’oeil puisque la chanson traite de l’émancipation d’un jeune homme, de son passage à l’age adulte. Whiskey train, Take me home, Satisfied man ou Ohio, une reprise de Neil Young, propose tout autant de variété. C’est sans doute la faiblesse de cet album: Blackfoot semble ne pas encore avoir choisi quelle orientation musicale adopter. Rock, oui, mais plus hard ou plus southern? La première moitié est efficace, la sortie également, mais il y a un léger flottement, une petite lassitude à mi chemin. Reste que la production est moderne, mettant en avant la fraîcheur du jeu des musiciens. Le nouveau Blackfoot semble sur de bons rails, l’héritage de la tribu d’origine en de bonnes mains.

Note: 7,5/10

Titre que je retiens: Need my ride