HOWARD: Oscillations

France, Rock (Autoproduction, 2025)

Howard fait partie de ces groupes nés à la fin des années 2010 et qui ont vus leurs espoirs stoppés nets par la crise sanitaire. Après avoir sorti un premier Ep en 2018 – Howard I – le trio a publié en mars 2020 son premier album, Obstacle – quel ironie sarcastique que ce titre quand on y repense! – impossible à défendre correctement pour les raisons que l’on sait. Sans se décourager pour autant, Howard publie en 2022 son second essai, Event Horizon. Le public découvre un trio plus qu’influencé par les géants du rock des années 70 et confirme cet état d’esprit tout au long de Oscillations, son nouvel album paru fin mars. Loin de ne ses contenter que de reprendre des formules ayant fait leurs preuves, les musiciens (Jimbo Canoville au chant et à la guitare, Raphaël Jeandenand à la basse, orgue Hammond… et Tom Karren à la batterie et aux percussions) intègrent avec bonheur de nombreux éléments modernes qui offrent des touches électro à l’ensemble. En modernisant son propos, le trio offre à l’auditeur une plongée dans diverses émotions qui vont du calme à la tempête, de la rage à l’apaisement. Le groupe sera à découvrir lors du prochain Hellfest le samedi en ouverture de la Valley.

MEDICIS: Where we dive

France, Rock (Day Dream Music, 2025)

La jolie surprise que voici! Where we dive est le premier album des Nantais de Medicis, groupe formé au début des années 2020 et qui a publié un premier Ep éponyme en 2022. Au travers de 8 titres proposés à l’ancienne sur les faces A et B (d’un… CD!), Medicis développe un univers éthéré, bienveillant et entrainant. La voix de Julien (également bassiste), douce et suave, est soutenue par Victor, co-chanteur, guitariste et claviériste de la formation. Dès Boxes, on est séduit par les ambiances rock quelque peu énervé et pop sans être acidulé qui se mettent à crisser ou s’adoucissent au gré des envies de Medicis. Le groupe, également composé d’un second guitariste, Nicolas, et du batteur, Thomas, a décidé de raconter l’histoire d’une œuvre de musée qui peu à peu, prend conscience d’exister et de son envie de s’échapper de son cadre pour vivre au delà des simples regards des visiteurs. Un concept quelque peu original qui permet à la formation de divaguer et se laisser porter par ses envies d’explorations sonores. Les Nantais utilisent cette envie d’évasion de l’œuvre comme prétexte à explorer divers sentiments. Le résultat, enregistré en conditions live en à peine plus de… 2 jours!, est plus que séduisant et réussi, et Where we dive fait partie de ces albums à découvrir d’urgence.

Interview: HELM

Photo promo
Photo promo

Interview Helm. Entretien le 3 mars 2025 avec Boris (chant) et Fabien (basse)

Je découvre Helm avec votre Ep, Reflets irisés. Pour commencer, pouvez-vous me raconter l’histoire de Helm ?

B : Nous sommes 4 dans le groupe, Fabien et moi, ainsi que Théo à la guitare et Baptiste, le batteur. On s’est rencontré tous les quatre dans une association qui organise tous les ans des concerts pour les Resto du Cœur. C’est plus que des concerts, même, ce sont des spectacles puisqu’il y a 80 personnes sur scène. Au fil des années, on savait qu’on avait des références communes et on s’est demandé si, en plus du spectacle, on pouvait monter un groupe pour jouer de la musique plus proche de ce qu’on aime et moins « variété ». Le groupe est né en 2022.

Juste après la crise sanitaire.

B : C’est ça, après Covid. L’idée de base, en tout cas pour moi en tant que chanteur : je voulais proposer quelque chose qui se fait peu, c’est-à-dire du chant en français, penser les morceaux et le texte comme de la chanson française pure et dure. Mais une chanson française qui serait plus « extrême ». l’ADN du groupe c’est ce mix entre chanson française et metal, et la colonne vertébrale du style de metal qui nous parle, c’est du prog avec des incursions dans plein d’autres styles qu’on va s’approprier…

Vous êtes originaire d’où ?

B : On est Toulousains. Maintenant, 3 membres du groupe sont héraultais de naissance mais toulousains de cœur.

Le nom de Helm, vous l’avez choisi pourquoi ? De mon côté, ça évoque un peu un gouffre… Avec une musique plus lumineuse cependant.

B : Et ouais ! Un peu…

F : On n’a pas vécu la même histoire militaire que le gouffre de Helm… Pour nous, il y avait aussi la nécessité de trouver un nom qui ne soit pas à connotation française ou anglaise, de ne pas pouvoir directement « catégoriser » le groupe dans du français qui pourrait trop faire écho à « oh, c’est de la variétoche, j’y vais pas », mais pas que ce soit anglais pour ne pas se travestir. Helm, oui, on pense au gouffre, mais c’est court, plutôt accrocheur et ça correspondait à nos aspirations, c’est un nom qui rempli le cahier des charges. Et on trouve que ça nous correspond bien.

Vous venez de sortir un Ep. Il y a eu d’autres choses avant ?

B : C’est notre seconde sortie. Le premier Ep s’appelait Le passeur de corps qu’on a mis un an à préparer, on a tout fait avec nos petites mimines, le mix, le master, etc. Il est sorti en 2023. Le second, on a plus mis les soldats en ordre de bataille et on s’est entourés.

Comment analyseriez vous tous les deux l’évolution de Helm entre ces deux Ep ?

F : Comme Boris a dit, on a mis pas mal de temps à faire le premier. Les deux Ep avaient des objectifs différents : le premier, c’était de se découvrir, de découvrir la musique qu’on voulait faire ensemble. Le deuxième, on s’est dit qu’on avait encore des choses à proposer, on a des morceaux qui sont nés du live – trois morceaux sur cinq, je crois. Pourvoir écumer les scènes, pouvoir jouer, c’est une de nos aspirations principales. On a ajouté ce qu’il n’y avait pas sur ces bases de morceaux et qu’on voulait retrouver dessus. La différence d’approche, c’est au niveau de la manière de composer, qui a été plus dense, sur un temps beaucoup plus court. Humainement, on se connait mieux, on connaissait bien mieux nos rôles.

B : En plus, le second, en termes d’objectif… On a une approche particulière qu’on a voulu étirer au maximum. Je trouve que le second Ep va explorer d’autres choses, on voulait voir jusqu’où on pouvait aller pour atteindre des morceaux uniques, intéressant mais qui ne soient pas décousus.

Il y a 5 titres sur ce nouvel Ep, Reflets irisés. On trouve un peu de tout dans votre musique, du rock, du metal, du prog, des choses qui, pour moi, se rapprochent de la synth wave, de la chanson française aussi, surtout dans le phrasé des textes. Comment un groupe parvient-il à créer autant de diversité ? Vous avez une méthode particulière de composition, chacun participe ?

B : Les morceaux, on les écrit à deux, Baptiste et moi. Fabien et Théo interviennent en tant que « réactifs ». Ils vont réagir sur nos propositions et aiguiller le bateau, ou trancher lorsqu’on arrive à des points de désaccord. On compose beaucoup par « ping pong » : on écrit des morceaux entiers que l’on s’envoie, Baptiste et moi. Chacun le retravaille, l’amène dans une autre direction, et ce qui caractérise notre façon de faire c’est qu’on se pose toujours la question du rythme. Je ne parle pas du rythme de batterie, mais plutôt du flow. On essaie de regarder le morceau dans sa globalité et de déterminer quels sont les moments où on peu venir créer une fracture, une cassure. On joue beaucoup avec ça, ça nous fait plaisir, et souvent, lorsqu’on arrive sur un bridge, on se demande ce qu’on peu mettre comme bonbon qui va surprendre l’auditeur. C’est notre approche. Pourquoi on a autant de changement ? Parce qu’on essaie de visualiser la musique comme étant au service du texte. Nos textes sont assez narratifs donc on cherche, comme dans une BO de film, de souligner certains moments ou des émotions. Pour nous, le style musical est un outil pour souligner ça, on n’a pas peur de switcher radicalement.

Ça va en effet dans tous les sens mais de manière organisée. Quelles sont vos influences principales ?

B : Les miennes c’est Leprous, Maximum The Hormone, Poppy et, forcément, en tant que chanteur, du Starmania, Michel Berger, beaucoup de comédies musicales.

F : De mon côté, et je pense qu’on a tous cette influence en commun, il y a aussi Leprous, dans la manière d’orchestrer certaines parties. Ensuite, il y a du metal prog, du Haiken, du djent…

Si l’un et l’autre ne deviez retenir qu’un seul titre de cet Ep pour expliquer à quelqu’un qui ne vous connait pas ce qu’est l’esprit de Helm, ce serait lequel ?

F : Dans l’idée, je pense que Sacrés idoles peut être représentatif parce que c’est un des morceaux où l’on voit le plus ces cassures dont parlait Boris. Il y a une sorte de folie, il est assez naratif… C’est un bon résumé de ce que peut représenter Helm.

B : Moi, j’aurai dit Multiplier parce que c’est le premier single qu’on a sorti. Mais c’est pour les mêmes arguments que toi, Fabien. Ça marche pour les deux morceaux, mais Multiplier est un peu plus court, donc peut-être un peu plus abordable.

Pourquoi avoir choisi ce format d’Ep pour ces deux premières productions ?

B : Comme je le disais tout à l’heure, on a une formule un peu particulière, et comme le dirait Baptiste, un premier album, on n’en a qu’un seul. Et donc, il nous manquait un maillon avant d’attaquer le format album, on avait besoin de voir ce qu’était le pur jus de ce qu’on peut proposer pour aller vers un album qui sera surement plus… j’allais dire « cohérent », mais ce n’est pas le bon mo. Qui découlera plus d’une idée générale pour avoir une dizaine de morceaux qui feront un tout. Si tu prends Hotmailcore, c’est un morceau très rap – d’ailleurs c’est Fabien qui chante dessus. Ça nous faisait marrer, donc on l’a enregistré tel quel mais peut-être que sur un album on n’irait pas aussi loin… Je sais pas…

L’avantage de ce type de format c’est que vous pouvez, avec 5 titres, présenter une variété de visages, et lorsque l’album sortira, on sait aussi à quoi s’attendre…

B : C’est vrai. Ça nous permet aussi d’orienter vers ce que les gens auront préféré de l’Ep.

Quels sont les premiers retours de votre Ep ?

B : On en a eu quelques-uns et… On est un peu pris à notre propre piège : chacun a son titre préféré, ça dépend des goûts de chacun, mais ça ne m’aide pas à y voir plus clair… Tu en penses quoi, Fabien ?

F : Ce qu’on propose, du coup, est reçu de la même manière par le public. On a plusieurs choses à présenter, on a plusieurs directions qui nous animent et on se rend compte qu’il y a deux, voire trois morceaux différents qui sont les préférés. On n’a pas encore tiré les conclusions et je ne pense pas que ce soit trop grave s’il n’ya pas une direction précise qui se détache. On a le temps de faire vivre cet Ep, on saura tirer es conclusions par la suite.

Un groupe émergent ne vit pas encore de sa musique. Quels sont vos métiers dans vos autres vies à tous les quatre ?

F : On a trois ingénieurs et un développeur, Théo, le guitariste. On s’est rencontrés, on était encore étudiants. On a tous faits le même cursus, il y en a un qui est allé vers d’autres choses.

Pour terminer, quelle pourrait être la devise de Helm ?

B : euh… Ce serait une formule magique qui est dans le premier morceau : « si on pouvait se multiplier ». Pour nous, ce serait pas mal… Je sais pas si tu as mieux, Fabien ?

F : Mieux, là, non… Mais ce que tu dis, Boris, c’est aussi un peu le fil conducteur des thèmes abordés dans l’Ep.

//LESS: Crawl in the blur

France, Rock bruitiste (A tant rêver du roi records, 2025)

Comment ils sont énervés ceux-là! Entre rock barré, punk déjanté et irrévérencieux, rage, colère et bordel volontaire, les Français de //Less ne… laissent guère de place à la tranquillité. Ca speede, ça gueule et ça tabasse sec, mais il y a plus. On retrouve certains gimmicks des 90’s avec des guitares qui couinent et crissent, des rythmiques martelées – aussi bien la basse (deux, en fait, l’une tenue par le chanteur Romain Frelier Borda, l’autre par Adrien Moreau) que la batterie de Matthieu Couffrant – un chant qui vient de loin et un ensemble qui ne vise que la déflagration d’énergie. La surprise vient du fait qu’en réalité il n’y a pas de guitares, les deux basses créant un mur solide et puissant. Au travers de ses 10 titres (ce que contient la version que j’ai reçue dont le livret indique pourtant 12 chansons…), Crawl in the blur se révèle un véritable défouloir, sauvage, brutal et quelque peu hypnotique à la fois.

OBSYDIAN: Xplorating fate

France, Rock alternatif (M&O, 2025)

Ils sont trois. Trois qui veulent simplement se faire plaisir en proposant un rock énervé aux frontières du metal, du grunge et du punk. Au travers des 9 titres de Xplorating fate, son premier album, ObsYdian développe un univers énergique mais assez classique. Les guitares enragées accompagnent un chant (dans un anglais malheureusement difficilement compréhensible) mélancolique et quelque peu torturé. Si Nirvana n’est jamais très loin, ObsYdian dit s’adresser « aux esseulés, aux angoissés, aux écorchés vifs (…) qui cherchent réconfort et combativité« … Ceux qui, comme moi, ne se retrouvent pas dans ces catégories passeront sans doute un bon moment mais au final risquent de ne pas retenir grand chose… La musique d’ObsYdian, si elle n’est ni sombre ni angoissante, déploie cependant une réelle énergie qui mérite de prendre toute son ampleur sur scène.

BÏUR: Plus vite et plus fort

France, Rock (M&O, 2025)

Entre pop et punk, metal et rock alternatif, les Lillois de Bïur ne semblent nullement avoir d’autre prétention que de se faire plaisir en mélangeant les genres. Il y a autant d’irrévérence dans ce Plus vite et plus fort (qui démarre tranquillou pour mieux monter en puissance) que d’esprit rebelle. Sans jamais chercher à révolutionner le genre, Bïur parvient (presque) à faire passer la langue de bois pour de la poésie. Un chant mélancolique (on a parfois l’impression d’entendre Polnareff dans son Lettre à France) ou torturé à la Kemar (No One Is Innocent) accompagne des guitares simples, souvent volubiles et parfois aériennes. S’il est difficile de mettre une étiquette de genre musical, on passe un bon moment. Plus vite et plus fort mélange avec un certain bonheur des genres à priori opposés, et pourtant, ça fonctionne plutôt bien. Fun et irrévérencieux comme il faut.

THE DIRE STRAITS EXPERIENCE live à Orléans (Zénith, le 7 novembre 202

Quoiqu’on en pense ou en dise, quand on veut écouter en live la musique d’artistes ou de groupes qui ont disparu ou simplement décidé de mettre un vrai terme à leur carrière, assister au concert de tribute bands est un palliatif plus qu’appréciable. Parce que quand c’est bien fait, que ça ne dénature pas l’esprit originel du groupe, l’hommage est bien réel. Alors ce soir, direction le Zénith d’Orléans pour aller voir et écouter The Dire Straits Experience. Un Zénith, comme souvent pour ce genre de concert, en petite configuration puisque ce sont environ 2.000 spectateurs qui sont attendus ce soir.

Gaëlle Buswel @Zénith Orléans

En première partie, je découvre, seule en scène, Gaëlle Buswel qui s’empare de sa guitare, s’installe sur son tabouret et, déjà, armée d’un simple et éclatant sourire, harangue le public avec un direct « ça va, Orléans? » Tout au long de son set – bien trop court au final – la jeune femme va démontrer plus que son talent avec des titres folks et reprises rock.

Gaëlle Buswel @Zénith Orléans

Persuadée que le public connait son second titre, elle entame Cryin‘ (Aerosmith) avec sa seule guitare comme amie. Et clairement, elle fait le job. Non seulement musicalement – ils sont, d’habitude 5 sur scène, rappelle-t-elle (NdMP: le bon côté, c’est que ça fait des économies en factures d’hôtels, non?) – mais aussi en matière de relations publiques puisque tout est sujet à séduire les quelques 2.000 spectateurs présents ce soir.

Gaëlle Buswel @Zénith Orléans

Après avoir invitée son amie Aymen (qui a déjà participé, précise-t-elle, à deux tournées de la tête d’affiche) à la rejoindre le temps d’une chanson, une reprise de What’s going on (4 non blondes) Gaëlle Buswel conclu son set avec un exceptionnel gospel après avoir demandé au public, qu’elle va constamment chercher et solliciter, de « faire trembler le Zénith » . Lâchant sa guitare, debout, elle invite le public à taper des mains et chanter alors qu’en contre-temps elle tape du pied sur une peau de batterie donnant ainsi un effet proche d’un certain We will rock you. Exceptionnel moment de partage avant que la jeune femme (qui a notamment ouvert avec son groupe pour ZZ Top a Paris en 2019) ne quitte, trop tôt, la scène. Pour moi, Gaëlle Buswel fut une superbe découverte que j’espère revoir bientôt.

Gaëlle Buswel @Zénith Orléans

Il n’est pas encore 21 heures lorsque le Zénith est replongé dans le noir. The Dire Straits Experience est un projet qui a vu le jour sous l’impulsion de Chris White, saxophoniste – et plus encore – ayant rejoint le groupe de Mark Knopfler en 1986 pour l’album Brothers in arms et a accompagné le Dire Straits originel quelques années durant et souhaite perpétuer l’héritage de ce groupe incontournable ayant cessé ses activités en 1995.

The Dire Straits Experience @Zénith, Orléans

Ce soir, pendant un peu plus de deux heures, The Dire Straits Experience va combler un public autant fin connaisseur que simplement amateur qui attend les hits incontournables. Et là, on est servis, car des incontournables, il y en a, à commencer par Telegraph road qui lance superbement ce concert sobre et efficace tout à la fois avec force éclairs et tonnerre.

The Dire Straits Experience @Zénith, Orléans

La musique, quand elle est aussi bien interprétée, se suffit à elle même. Il n’y a pas d’artifices ni de décor, seuls les éclairages, superbes, viennent illustrer les chansons. Chris White a, comme il le dira à la fin du concert, trouvé une perle en la personne de Terence Reis qui tient le role de Mark Knopfler. « Jamais je ne pensais pouvoir un jour travailler avec quelqu’un qui ait la moitié du talent de Mark, et l’ai découvert Terence qui m’a prouvé le contraire« . Car, oui, sans pour autant égaler Knopfler, Reis parvient à convaincre par un jeu de guitare et un chant ultra fidèles à l’original.

The Dire Straits Experience @Zénith, Orléans

Si ces deux-là attirent tous les regards et les oreilles, ils sont superbement entourés du second guitariste, Richard Barrett, de deux claviers, John Maul et Michael Bramwell, du discret Yoyo Buys à la basse et du batteur Luke Naimi.

The Dire Straits Experience @Zénith, Orléans

Le public, assis, est sur sa réserve jusqu’à l’arrivée de Walk of life qui voit deux ou trois personnes quitter leur siège pour danser dans les travées. Et retourner s’assoir sagement dès la fin du titre laissant Romeo and Juliet continuer plus tranquillement. Si le public reste attentif sur The man’s too strong, il se réveille sur le final explosif de Private investigations mondialement connu.

The Dire Straits Experience @Zénith, Orléans

On retrouve un quatuor, tel que le fut Dire Straits à ses débuts, sur Wild west end et le moins connu Lady writer avant que le groupe ne se retrouve une nouvelle fois au complet pour entamer le final du concert avec Ride across the river suivi du très rock 60’s et ultra festif Two young lovers.

The Dire Straits Experience @Zénith, Orléans

Place au tiercé gagnant qui verra ensuite DSE quitter la scène, On every street, Brothers in arms et Sultans of swing qui voient, enfin, une grande partie du public se lever et rejoindre la fosse pour acclamer les héros du soir, présentés un à un par Chris White qui rappelle, non sans humour, que le groupe a récemment donné des concerts en Australie, en Nouvelle Zélande et même à Tahiti, précisant, sourire en coin, que « il faut bien que quelqu’un s’y colle, non? ».

The Dire Straits Experience @Zénith, Orléans

Mais il manque l’indispensable, l’incontournable hit qui fit mondialement exploser Dire Straits au milieu des années 80, qui permit, grâce (dans une moindre mesure, convenons en) à la participation de Sting, et au soutien plus que massif de MTV, à Knopfler et les siens de définitivement faire tomber les USA. Alors, après quelques courtes minutes d’absence, DSE offre Money for nothing avec une bonne part de liberté fun prise sur les paroles, suivi de l’instrumental Going home: theme of the local hero.

The Dire Straits Experience @Zénith, Orléans

Ce soir, The Dire Straits Experience a plus que fait le job. Je l’ai écrit, je réitère: même s’il ne s’agit « que » d’un tribute band, quand on souhaite écouter la musique d’un groupe disparu, qu’on ne pourra jamais voir en concert, des formations comme celles-ci sont un parfait substitut. Ce n’est pas et ne sera jamais l’original, mais en fermant les yeux, on s’y croirait. Alors ne boudons pas notre plaisir et sachons profiter aussi de ces moments de communion que nous offrent des musiciens de haut vol comme a su le faire ce soir The Dire Straits Experience.

The Dire Straits Experience @Zénith, Orléans

Merci à Oona et Gérard Drouot Production d’avoir rendu ce report possible

HARUN: Reboot

France, Rock (Autoproduction, 2024)

Les amateurs de sensations fortes made in par chez nous reconnaitront forcément Harun. Les autres se demanderont sans doute qui est ce guitariste qui pose sur une pochette sobre en noir et blanc, exception faite des nom, titre et une sorte de logo jaunes. Harun, de son nom Demiraslan, est notamment connu pour son implication avec feu Trepalium. Les Poitevins proposaient alors un metal extrême et sans concession. Depuis la disparition du groupe, Harun diversifie ses plaisirs. Après un premier album – In motion – paru en 2022, il revient aujourd’hui avec Reboot, un disque étonnant du fait d’une orientation musicale radicalement différente de ce à quoi nous étions habitués. Ici, pas de metal rugueux, non. On flirte plus du côté de sonorités électro et pop tout au long des huit titres qui, parfois, évoquent Tears For Fears. Pas surprenant de voir que le gaillard a même décidé d’en reprendre le gigantesque Shout qui clôt l’album. Harun teste différents styles et rapidement les Sleep, Get out, Lost in the light ou autre Release yourself se révèlent plus que séduisants. Mais Harun n’en oublie pas pour autant ses origines plus rock et le rappelle avec Almost dead. La variété de ce second essai apporte une touche de fraicheur bienvenue.

Duff McKagan live à Paris – Le Trianon, le 20 octobre 2024 (avec James And The Cold Gun)

C’est un Trianon quelque peu vide qui accueille ce soir Duff McKagan. La faute sans doute à un manque de communication dont le résultat est une salle correctement remplie mais sans plus. Le second balcon est d’ailleurs fermé ce soir. Mais le public présent a bien fait de venir car, au delà de célébrer le dernier album solo du bassiste de Guns n’ Roses, il découvre un groupe plus que prometteur.

JAMES AND THE COLD GUN

James and the Cold Gun (hasard du nom pour qui ouvre pour le bassiste des Guns?) est chargé de chauffer le public. On découvre un groupe rock direct, simple et sans fioriture, visiblement heureux d’être là. Très à l’aise, le chanteur communique beaucoup avec le public, l’informant qu’il s’agit ce soir de la toute première halte française du groupe originaire du Pays de Galles, encourageant la petite foule à hurler pour Duff McKagan…

JAMES AND THE COLD GUN

Pendant une demi heure, les deux James – Joseph et Biss, mais lequel chante reste un mystère… – et leur comparses délivrent un set carré et efficace à un public réceptif. Une bonne dose d’humour et d’autodérision (le chanteur parle de son français – « certains étaient ici pour le soundcheck? J’ai tenté quelques mots de français mais je me suis complètement planté! » – et préfère tendre le micro à son batteur avant de conclure avec une nouvelle salve d’encouragement pour la tête d’affiche. Une bien jolie découverte, en somme.

JAMES AND THE COLD GUN

C’est avec une dizaine de minutes d’avance que Duff McKagan et sa troupe investissent la scène du Trianon. Costume trois pièces, caché derrière ses lunettes de soleil, armé d’une guitare acoustique, Duff nous propose ce soir un concert qui se divise en deux parties distinctes: une soft et folk l’autre, plus courte, plus foncièrement rock.

DUFF McKAGAN

Le concert débute sous le signe de la tendresse aux accents country (Forgiveness) et folk dylanien (Chip away, This is the song). Le gunner fait honneur à son dernier album solo en date (Lighthouse) avec pas moins de 10 titres interprétés mais n’oublie pas Tenderness (5 extraits).

DUFF McKAGAN

Duff est, lui aussi, en forme et de bonne humeur. Il tombe les lunettes après I saw God on 10th street avant d’expliquer au public que « My français is pretty bad » et remarque que, ce soir, il y a de très nombreux jeunes dans le public. Et sans crier gare, voici qu’un tout jeune garçon monte sur scène sous le regard étonné du chanteur… qui fini par présenter Auguste au public.

DUFF McKAGAN

Le concert alterne ensuite entre titres plus rock (la reprise des Stooges, I wanna be your dog) et folk et, après I just don’t know, est interpellé par quelqu’un qui, du balcon, lui demande un médiator… que le chanteur lui envoie à 2 reprises… en ratant son coup. Des instants simples et funs qui caractérise ce concert familial et jovial. Au moment de changer de guitare, il explique oublier les mots des chansons, précisant que « ceux qui chantent avec moi doivent se poser des questions« … avant de demander le prénom de tel ou tel jeune qu’il repère dans le public. « Emilie? Oh, Emily in Paris! Je ne regarde jamais cette série, en plus, pourquoi je dis ça?« 

DUFF McKAGAN

« Ce soir, c’est une soirée particulière puisque Lighthouse est sorti il y a tout juste un an! Je ne le savais pas jusqu’il y a 25 minutes. » Oui, tu parles, mais tu sais aussi séduire le public et le mettre dans ta poche. Il fait ensuite une déclaration d’amour à son épouse avant de s’emparer d’une guitare électrique qui marque un tournant plus rock de la soirée.

DUFF McKAGAN

Just another shakedown remue le public qui saute avec l’incontournable I fought the law rendu incontournable par The Clash et You’re crazy, seul – et judicieuse – reprise de GNR avant un retour au calme qui voit Duff, enfin, tomber la veste.

DUFF McKAGAN

Lighthouse annonce l’approche de la fin du concert, et le gaillard parvient à continuer de captiver le public par son attitude simple, bienveillante et chaleureuse. Public qu’il invite à reprendre une partie du refrain, des « shine » émouvants à l’envi. On se délecte naturellement de la reprise de Heroes de David Bowie, un chanteur souvent évoqué par le le timbre de Duff ce soir, avant que Don’t look behind you ne vienne, comme sur de nombreuse dates précédentes, clore le concert.

DUFF McKAGAN

Clore? Est-ce l’accueil du public ou l’anniversaire de la sortie de l’album qui incite Duff McKagan et ses musiciens à revenir sur scène le temps d’un Falling down? Peu importe, le groupe nous gratifie d’un rappel venant mettre un terme définitif à cette superbe soirée, douce, tendre et simple. des concerts comme on n’en vit que trop peu.

DUFF McKAGAN

Merci à Olivier Garnier et Live Nation d’avoir rendu ce report possible.

TARAH WHO?: The last chase

France/USA, Heavy rock (M&O, 2024)

Après nous avoir présenté son nouveau groupe et, ensemble, parlé de son nouvel album lors du dernier Hellfest (cf. interview avec ce lien), penchons nous sur ce nouvel album de Tarah Who?, The last chase. Au travers de 10 titres (plus une intro nommée… Intro), la jeune femme livre sans détours ses aspirations Rock au sens le plus large. Tarah Carpenter nous avait montré une large palette musicale avec The collaboration project, et réitère aujourd’hui son propos tout en évoluant. Avec un nouveau logo à la Kiss, le message peut sembler évident: on va écouter du rock, heavy et entrainant. Certes, mais Tarah Who? va au-delà et, sans jamais tourner le dos à ses sources d’inspirations, sait varier ses plaisir en piochant tant du côté du rock groovy que du grunge plus énervé. Avec toutefois une ligne directrice: celle de mélodies entrainantes, presque dansantes, sans jamais tomber dans une sorte d’outrance gratuite et sans relief. Si, comme le dit la majeure partie des musiciens, Safe zone est une parfaite introduction à l’univers musical du groupe, les autres titres montrent l’ensemble des facettes d’un groupe au potentiel certain. Une formation qui mérite aujourd’hui plus que de simples premières parties. A ce titre, The last chase est un nom bien mal choisi tant on a envie de croire au départ d’une course de fond…