Rencontre avec Joacim Cans (chant) et Pontus Norgren (guitare) (HAMMERFALL). Propos recueillis à Paris, le 6 septembre 2016
Metal-Eyes : Selon vous, Hammerfall en 2016, c’est quoi ?
Joacim : Ouh… Je pense que nous sommes en réalité plus forts que jamais. (r)Evolution était une vrai claque, même pour nous, et revenir avec autant de…hargne, tant d’énergie. Nous avons conservé cette énergie et l’avons retranscrite sur ce nouvel album, et je crois que c’est ce que nous sommes. C’est ici et maintenant. Nous sommes une bande de jeunes hommes en pleine forme, voilà ce que nous sommes.
Pontus : Pour moi, c’est pareil. Nous avons trouvé une recette pour conserver cette énergie. Comme l’a dit Joacim, après le break, nous avons trouvé ce rythme, et cette formule, pour renforcer cette énergie, éviter de retomber dans les vieilles habitudes, et ce genre de choses. Faire un pas en avant.
Metal-Eyes : Ce break était donc nécessaire pour la survie de Hammerfall ?
Joacim : Plus qu’on ne pourrait jamais l’imaginer…
Metal-Eyes : Dans deux ans, Hammerfall célèbrera son quart de siècle, Joacim, tu fais partie du groupe depuis maintenant 20 ans. Pouvais-tu imaginer toujours faire partie de Hammerfall il y a 20 ans ?
Joacim : Non… En fait, ce n’est pas évident… J’essaie de vivre une année à la fois. Quand nous avons publié le second album (Legacy of kings en 1998) je me suis rendu compte que quelque chose de spécial se passait. J’ai pris, dès lors, les choses un album à la fois. Je ne pense pas qu’on s’attendait à être à ce niveau, en tout cas. Que Hammerfall soit toujours présent, oui, mais continuer de tourner à travers le monde, pour des gens qui nous aiment vraiment… Nous avons su nous distinguer, faire évoluer ce genre, c’est ce que nous sommes. Je suis toujours aussi fier d’être présent après 20 ans !
Metal-Eyes : Dans quel sens vous distinguez vous?
Joacim : Nous faisons la musique que les gens veulent entendre. Notre dernière tournée est celle qui a rencontré le plus de succès. Aujourd’hui, il y a déjà beaucoup de places vendues pour notre tournée à venir… Les gens ont envie de vois Hammerfall.
Metal-Eyes : A ce sujet, il n’y a pas de date prévue en France. J’imagine que d’autres concerts vont être ajoutés ?
En choeur : Oui !
Joacim : Le Stade de France n’était pas libre… (rires) On veut garder un certain niveau, et ce n’est pas toujours facile. On a une grosse production, un camion… Et dans certaines salles, on ne peut rien utiliser. C’est très frustrant, tant pour nous que pour les fans. Il vaut mieux qu’ils se déplacent, pas trop loin, parfois. On cherche une salle de bonne taille à Paris. Il reste une date libre sur le planning, pour Paris.
Metal-Eyes : Comment décririez-vous, tous les deux, l’évolution de Hammerfall entre (r)Evolution et Built to last ? Le break fut nécessaire, vous êtes revenus avec énergie, cependant, il y a une évolution entre ces albums.
Joacim : C’est comme un bon champagne (rires)! Nous avons mûri pendant deux ans, maintenant nous sommes devenus vintage (rires des deux) !
Metal-Eyes : Bon, au revoir alors!
Joacim : Non, sérieusement…Je pense que… C’est difficile à décrire. On vieilli et plus on vieilli, mieux on sait ce que l’on souhaite faire et obtenir. Je pense que nous avons simplement développé… La formule que nous avions développée sur (r)Evolution, nous l’avons reprise et poussée plus loin. Disons à tous les niveaux : la composition, les différents producteurs impliqué… Qui fait quoi, à quel moment, qui s’occupe de la batterie, de la guitare, du chant ? Qui s’occupe du mixage ? Et, aussi, le fait que nous ayons changé de label nous a donné une nouvelle énergie. Nous avons besoin d’un label qui croit que Hammerfall est encore un groupe d’avenir. La différence principale, c’est qu’aujourd’hui nous savons ce que nous voulons faire pour le reste de nos vies en tant que musiciens.
Metal-Eyes : Au sein de Hammerfall ? J’imagine que cette « recette » dont vous parlez ne serait pas utilisée au sein d’un autre projet.
Joacim : Au sein de Hamerfall, oui. Hammerfall, c’est Hammerfall. Oskar a formé ce groupe en 1993, je suis arrivé en 1996 et nous avons en quelques sortes tout redémarré. Nous l’avons fait parce que nous adorons le heavy metal. On nous demande souvent « pourquoi ne jouez-vous pas la musique que le public veut entendre ? » Eh bien, parce que nous jouons la musique que nous aimons. A mon avis, c’est ça, cette recette, celle du succès.
Metal-Eyes :Une nouvelle fois, le titre de l’album sonne comme un message, « Hammerfall n’est pas près de disparaitre ».
Joacim : Oui, mais pas que… L’album est constitué de 10 chansons solides, 10 chansons qui ne seront pas oubliées de si tôt. Cet album, je l’espère, est là pour rester, et on s’en souviendra après la disparition du groupe. Hammerfall a pour principe de se battre pour le metal et rien d’autre. Cela aussi est fait pour durer. Ça fait 20 ans que ça dure.
Metal-Eyes : Comme je vous l’ai dit avant de débuter cette interview, je n’ai pas encore eu le temps de vraiment écouter Built to last. Que pouvez-vous me dire pour me convaincre de l’acheter ?
Joacim : Dans ce cas, normalement, tu sais ce qu’est Hammerfall. Mais si tu n’as jamais écouté le groupe auparavant, alors, voici : il s’agit de pur heavy metal, avec des mélodies, de l’émotion. Si tu veux des chansons accrocheuse, des mélodies entraînantes, de solos de guitares bien exécutés, du gros son, alors tu devrais écouter Hammerfall. Nous sommes un de ces groupes qui étaient présents au milieu des années 90 pour ouvrir les portes à une nouvelle vague de… à la « nouvelle vague de la nouvelle vague du heavy metal » pour ainsi dire !
Pontus : Hammerfall a toujours fait la même chose, a publié son premier album taillé dans le roc, et ce fut comme une déclaration : du metal avec des mélodies.
Metal-Eyes : Il y a en effet des chansons qui sont taillées pour la scène et écrites pour faire participer le public.
Joacim : Oui, le premier single qui sort en septembre, Hammer high, est selon moi un titre très efficace. Quand le public écoutera cette batterie au début puis la mélodie, les fans vont devenir dingues !
Metal-Eyes : Si vous ne deviez retenir qu’un titre de ce nouvel album pour décrire ce qu’est Hammerfall aujourd’hui, quel serait-il?
Joacim : Encore une question difficile… Nous avons publié cette lyric video il y a quelques semaines, pour Sacred vow. Je pense que ce morceau possède l’énergie, la variété, les chœurs, le chant haut perché, je pense que cela résume plutôt bien ce que nous sommes aujourd’hui.
Metal-Eyes : Pontus, ton avis?
Pontus : Je suis d’accord, parce que cela donne une bonne idée de ce qui arrive. De ce que les fans vont découvrir, bientôt.
Joacim : oui, Sacred vow représente bien le groupe.
Metal-Eyes : PArlons de vos concerts: il y a toujours un spectacle avec Hammerfall, prévoyiez vous quelque chose de spécial ? Pour votre passage au Stade de France ?
Joacim : (rires) Nous devons rester simples… Comme tu l’as dit, nous avons toujours quelque chose de particulier, de théâtral. Quand nous avons commencé à tourner, en tête d’affiche, nous utilisions de la pyrotechnie, ce que personne, à l’époque, ne faisait. Maintenant, tout le monde es’en sert, alors on s’est dit « trouvons autre chose ». Alors, bien sûr, nous défendons un nouvel album, nous allons inclure de nouveaux titres, et c’est une bonne chose pour de nombreuses personnes. Il y a toujours une nouvelle génération de fan qui assiste à nos concerts, des gens qui voient Hammerfall pour la première fois. Nous devons simplement leur montrer ce qu’est Hammerfall : de l’énergie, et nous invitons les fans à participer, à faire partie du spectacle, ce qui est, je pense nécessaire. Car ils nous donnent quelque chose, et nous leur rendons, ça nous booste tous. C’est un échange. Si tu ne comprends pas le concept, sans doute devrais-tu plus participer, t’investir…
Metal-Eyes : Qui dessine vos costumes? Et comment décidez-vous de ce que vous porterez sur scène ?
Joacim : (à Pontus) Comment choisis-tu, toi ?
Pontus : Moi, un string en cuir ! (rires) avec des piques !
Joacim : à l’intérieur !
Pontus : On travaille avec plusieurs designers. Bien sûr, nous avons des idées, chacun de nous ; Je travaille, Joacim aussi, avec un gars de Malmö, en Suède, qui nous aide à finaliser nos idées. A la base, les idées viennent de nous, plus ou moins. Même s’il s’agit de cuir. Nos costumes de scène sont individuels, mais partent d’une idée, plusieurs que l’on met en commun.
Metal-Eyes : Toujours, j’imagine, dans l’esprit visuel de ce qu’est Hammerfall?
Joacim : Oui, nous avons besoin de… On ne pourrait pas monter sur scène n’importe comment.
Metal-Eyes : Vous ne pourriez pas monter sur scène en string…
Joacim : Sous nos pantalons en cuir, oui! On doit trouver ce qui correspond à l’image de Hammerfall. Plus tu vieillis, plus délicat tu deviens… Je ne peux pas ressembler à quelqu’un qui va au carnaval !
Metal-Eyes : Certains l’ont fait…
Joacim : Et beaucoup se sont plantés… Dans le groupe, nous avons des personnalités très différentes. Oskar aime porter du cuir, des chaines et ce genre de choses, et ça marche pour lui. Si je portais ça, j’aurai l’air ridicule, parce que je suis un peu plus… disons bien habillé, version metal.
Metal-Eyes : Conventionnel, donc?
Joacim : Oui, c’est ça.
Metal-Eyes : Hammerfall dispose désormais de 10 albums dans lesquels choisir ses morceaux. Comment décidez-vous de votre setlist ?
Joacim : Autour d’un verre de champagne et de gants de boxe !
Metal-Eyes : Et celui qui gagne…
Joacim : Impose aux autres!
Metal-Eyes : J’imagine que pour votre plaisir, il faut renouveller les chansons, certaines doivent être jouées, parce que le public les attends. Comment choisissez vous les autres ?
Joacim : Parfois, tu dois faire des sacrifices. Pour moi, on se pose la question : allons-nous faire une tournée « greatest hits » ? Chaque tournée est un « greatest hits tour », car nous jouons au moins une chanson de chaque album, ou deux. Evidemment, nous mettons en avant le dernier album, avec deux chansons au début du concert, pour ensuite explorer les morceaux plus anciens, et le concert termine avec cette explosion de hits – si on a des hits…J’aime aussi surprendre le public comme sur la dernière tournée ou nous avons joué This enemy is necessary qui est un de nos gros succès. Elle a été jouée en seconde position, ce qui a fait délirer les gens. Maintenant, avec 10 albums, nous devons retirer quelques chansons, mais on doit rendre les gens contents, nous devons trouver de la satisfaction…
Pontus : et garder assez d’énergie sur l’ensemble du concert.
Joacim : Les gens doivent être surpris.
Metal-Eyes : Techniquement, y a-t-il des chansons que tu ne peux plus interpréter ? Et, pour tous les deux, y a-t-il des chansons que vous voudriez ne plus jouer car vous vous en lassez ?
Joacim : Je ne suis lassé d’aucune chanson. On a joué Hearts of fire tant de fois, mais, à chaque fois que nous la jouons, les fans deviennent dingues. Et cette réaction, ils chantent, dansent, c’est pour ça que nous avons écrit cette chanson. Et nous en sommes fiers ! Bien sûr, il y en a qui sont plus compliquées à interpréter live, comme celles avec un chant très haut. Elles pourraient me faire du mal vocalement, mais…
Metal-Eyes : Tu peux encore toutes les chanter aujourd’hui, donc ?
Joacim : Oui… Peut-être pas Sacred vow, en fait
Metal-Eyes : Pontus, ça fait moins longtemps que tu es dans le groupe, y a-il des chansons, auxquelles tu n’as pas participé, par exemple, que tu voudrais ne plus interpreter?
Pontus : Ca n’a pas d’importance… Je suis arrive dans le groupe en 2009, et, si je regarde les anciens titres… Il y en a tant! Et je ne crois pas que nous ayons tout interprété.
Joacim : Il y a encore des chansons qui n’ont pas été jouées live…
Metal-Eyes : Ca pourrait constituer une belle surprise pour le public…
Joacim : Oui, ça pourrait l’être. On en a parlé récemment, d’ailleurs…
Pontus : Jouer des morceaux que personne ne veut entendre !
Joacim : Exactement (rires) !
Metal-Eyes : Sans doute le public apprécierait-il de les entendre live aussi.
Pontus : Nous pourrions jouer n’importe quelle chanson live, aujourd’hui, sans probleme mais, comme nous l’vons dit, trouver une setlist signifie trouver le bon rythme, le bon équilibre. On ous reprochera toujours de n’avoir pas joué telle chanson, on nous demandera pourquoi telle autre n’a pas été jouée, et c’est normal : nous avons désormais presque… 120 chansons ! Le truc c’est de trouver… Je crois que nous avons surpris le public la dernière fois en jouant un medley, ce que nous n’avions jamais fait avant. Extraire de très bonnes parties de chansons que nous n’aurions pas le temps de jouer en entier…
Joacim : Et là, il s’agissait principalement d’un medley de riffs de guitars, sans chant, et le public, malgré tout, est devenenu dingue.
Pontus : Et ils ont pug outer des chansons impossible à jouer, ells durent 6, 7 minutes et ça bouffe trop de temps. Il y a des obligations, un timing, et ce genre de choses. On verra ce que nous ferons pour la prochaine tournée. Peut-être ferons quelque chose de similaire…
Joacim : Au moins, nous devons montrer que nous osons tenter quelque chose de neuf, live. On n’a pas besoin d’ajouter de la pyrotechnie, des explosions de gaz, il y a d’autres moyens d’innover pour un spectacle.
Metal-Eyes : Quand vous n’êtes pas en tournée, comment aimez-vous occupier votre temps?
Joacim :Boire du champagne, beaucoup de champagne! (rires)
Metal-Eyes : Celui-ci est ton champagne, c’est ça? (je désigne sa pinte de bière)
Pontus : (rires) Oui, c’est mon champagne!
Joacim : Un très mauvais champagne…. Je cours beaucoup, j’essaie de courir trois fois par sempaine pour rester en forme. J’ai vu mes amis, à l’age de 45 ans, grossir, vraiment… Avoir des problèmes cardiaques, de cholestérol… ; J’ai décidé de m’assagir et de prendre soin de moi. Mais : j’adore le champagne et c’est devenu un nouveau hobby.
Metal-Eyes : (à Pontus, toujours en désignant sa bière) Et toi, comme le dissent les Américains, tu pourrais dire “Older, Budweiser”…
Pontus : Excatement, exactement. (rires)
Metal-Eyes : Qu’aimes-tu faire?
Pontus : Je suis un dingue de technologie, je m’occupe beaucoup de musique: je produis beaucoup, j’ai mon proper studio, je fais beaucoup d’enregistrements live en accompagnant d’autres groupes. Je suis dans le business tout le temps quand je suis off. Lorsque je suis à la maison, je travaille avec des entreprises spécialisées dans le son…
Metal-Eyes : Une dernière chose: y-a-t-il des endroits dans Paris où vous aimez passer un peu de temps quand vous avez un peu de repos?
Joacim : On n’a jamais de pause quand on vient à Paris, malheureusement. J’aime marcher dans Paris, flaner, c’est une ville faite pour marcher. A chaque fois que je veux aller aux catacombes, c’est fermé ! Mais c’est un lieu que je veux vraiment visiter. J’aime marcher le long de la Seine, observer, c’est… superbe.
Pontus : Oui, Paris est une ville faite pour la marche, c’est vrai. On a vu Montmartre, mais n’avons jamais visité…
Joacim : Ah, si, j’adore les terrasses d’angles de Paris, c’est genial!
Metal-Eyes : Qu’est-ce qui les rend si particulières?
Joacim : Parce que ça n’existe pas en Suède! Tous les bars, petits restaurants avec ces terrasses en angles, ou même, ces tables intérieures qui te permettent d’observer deux côtés… On n’a pas ça en Suède. C’est limité, « non, non, non … »
Metal-Eyes : Merci à tous les deux. Avez-vous une dernière chose à dire pour nos lecteurs ?
Joacim : J’espère que vous aimerez le nouvel album. Dans le cas contraire…. « Shit happens ! » (rires). Non, comme je l’ai dit, nous sommes encore jeunes d’esprits et…
Pontus : … avons la chance de pouvoir continuer de faire ce que nous faisons.
Joacim : Mais jamais sans les fans !