THE GROUND SHAKER: Rogue asylum

Suisse, Metal (Fastball music, 2023)

The Ground Shaker aurait pu ne jamais donner un successeur à Down the hatch, son premier album paru en 2017. Comme tout le monde sur cette planète, les Suisses se sont retrouvés coincés et frustrés à la maison. Ils ont cependant su mettre le temps à profit pour composer et enregistrer ce second album, Rogue asylum – titre approprié! – qu’ils nous livrent aujourd’hui . Un album puissant dont chacune des 13 composition est taillée pour les stades. De 88 strong as a lion à Day of sin, The Ground Shaker fait honneur à son nom. L’ensemble est puissant et entrainant, très inspiré de ce heavy US aussi roots que gras. Si le morceau d’ouverture est rentre dedans, la suite se fait variée et lorgne du côté des The Offspring autant que A7X ou même Alter Bridge, voire Blackstone Cherry. on n’est dès lors guère étonné de d’apprendre que Giro Reign (chant, guitares) a fait ses classes en Californie dont il a visiblement su s’imprégner de riffs, de mélodies et harmonies simple, efficaces, directs. Les accents parfois pop côtoient des passages hispaniques (Dragon in the sky) et d’autres plus guitaristiquement rugueux et hypnotiques (Ride on me), sans oublier le passage romantique et soft (Demons in my dream). Doté d’une production efficace et généreuse, Rogue asylum pourrait bien mettre The Ground Shaker sur les rails du succès. La voix chaleureuse de Giro, qui partage les guitares avec Dave Elgin, est parfaitement soutenue par une rythmique grasse et généreuse (la basse de Vortex Ram et la batterie puissante de Bat Ducora). Si The Ground Shaker parvient à trouver un écho à l’international – en commençant par l’Europe – il est plus que probable que nous tenons là un futur grand. A découvrir sans délai!

DIRTY VELVET: Far beyond the moon

Suisse, Doom (Fastball music, 2023)

Un œil qui semble à la fois saigner et regarder un univers qui ressemble à un écran de télé… C’est la pochette assez peu attirante que nous proposent les Suisses de Dirty Velvet pour illustrer leur premier album Far beyond the moon. Suisse? Krokus? Gotthard? Que nenni! Formé à Lausanne en 2019, le quatuor, après répétitions et quelques concerts à domicile, décide de se lancer dans l’aventure d’un album en fin 2022. C’est ce premier essai qui déboule aujourd’hui et nous présente une formation au son brut, aux compositions organiques, aux influences plus que vintage. On repart à la fin des années 60 et au cœur des 70’s. Moon, le premier morceau – pas un hasard s’il s’agit du premier, une invitation à aller largement au delà comme le titre de l’album – évoque immanquablement Black Sabbath, tant par ses riffs et rythmes lents, lourds et oppressants que par le chant plaintif et torturé. D’ailleurs, comme les fondateurs du genre, Dirty Velvet, c’est 4 musiciens: Sly Cuts à la guitare, Katy au chant, Garry à la basse et Gyles à la batterie. Quatre musiciens, une formule simple qui a fait ses preuves. Et même si le chant anglais est perfectible, les tripes de ce disques font mouche. Dirty Velvet puise son inspiration bien au delà du groupe de Tony Iommi. Sa musique, tout au long des 10 chansons évoque tour à tour Candlemass (ok, facile, les dignes héritiers du Sab’) que Blue Oyster Cult (Another reality me rappelle sur quelques plans un certain Astronomy) ou encore Pink Floyd. Même le son est quelque peu old school, ce qui participe pleinement au charme de ce premier album plus que réussi. Heavy, plaintif, psychédélique, hypnotique, aérien… il y a beaucoup à découvrir sur ce Far beyond the moon, premier essai réussi de Dirty Velvet.

 

DEVILSBRIDGE: Sense of…

Suisse, Metal (Fastball, 2022)

Jolie découverte que ce Sense of… de DevilsBridge. L’album explore le concept de la recherche de LA sensation au travers d’une intro de présentation et de 11 titres heavy, rugueux et racés. Une sensation, un mot, une chanson. On est bien au delà des 7 péchés capitaux ou des 7 vertus cardinales avec ces 11 sensations. De l’Illusion à la mort, en passant par la douleur, la réalité, l’Instinct ou la recherche de la Perfection, les Suisses, menés par la chanteuse Dani nous offrent une petite heure de ce métal puissant, enragé et compact. Musicalement, le groupe n’a rien de commun avec ses compatriotes de Krokus ou de Gotthard mais pourrait bien creuser le sillon avec autant de succès qu’eux. Le quintette explore divers univers du metal tout en gardant une ligne directrice avec pour mot d’ordre « efficacité ». Le chant peut être aussi agressif que teigneux ou narquois – à la manière d’une Robbie Zane (du regretté Shadow Queen) ou Joan Jett – soutenu par des guitares aussi incisives qu’agressives. DevilsBridge est sans doute la découverte metal de ce second semestre 2022. A suivre de près!

SILVER DUST: Lullabies

Suisse, Hard rock grandiloquent (Escudero reocrds, 2022) – sortie le 29 avril 2022

Les Suisses de Silver Dust nous proposent leur quatrième album, Lullabies. De nouveau composé par le frontman du groupe, l’exubérant Lord Campbell, ce nouvel opus propose 11 titres aussi grandiloquents que la pochette est sobre. Le ton grave, les instrumentations, les ambiances sombres, tout laisse penser à ces univers décadents et, justement, c’est un des titres de ce disque, Grotesque. Le décor sonore planté, on imagine aisément le groupe évoluer dans un décor quelque peu gothique et spectaculaire, une sorte de rencontre, visuelle et musicale, d’ailleurs, entre Al Jourgensen (Ministry) et Alice Cooper. Très bien mis en son, Lullabies mélange les influences allant d’une forme de dark wave à de l’électro proposant des chansons puissantes et enjouées, dont un Eternité chanté en français. Voici un album attirant comme il faut pour avoir envie de se plonger dans l’univers décalé de Silver Dust. Tournée à suivre?

ASKARA: Lights of the night

Suisse, Metal (2022, Fastball)

Après une intro au piano léger et guitares tourbillonnantes, Askara, en activité depuis 2013,  entre dans son sujet avec un metal épique et sombre, agrémenté d’un chant double: le côté guttural du bassiste chanteur Elia Schmidt et celui plus doux et clair de sa sœur Miril, également au piano. Le 11 titres entrainent l’auditeur dans cet univers familier de l’heroic fantasy proposant une musique à la fois sombre et lumineuse, mélodique et brutale sans être jamais speedée. On peut même être surpris par la lenteur de ces compositions, par la juxtaposition de ce tempo et de ces growls. Ce n’est pas le seul point d’étonnement: tout au long de ce Lights of night, second album du quatuor, Askara sait se faufiler en terrain plus risqué, à l’instar de ce To Alisa rock aux relents progs qui frôle les 9′. Bénéficiant d’une production exemplaire et d’un très bel artwork, Askara, avec son metal sombre et lent, s’adresse toutefois à un public précis. Difficile ingurgiter du premier coup, mais intrigant et attirant. A découvrir.

ZEAL & ARDOR: Zeal & ardor

Suisse, Black gospel metal (Autoproduction, 2022)

C’est désormais sous forme de groupe que se présente le Zeal & Ardor fondé par Manuel Gagneux. Souvenez-vous: le musiciens en répondant à des défis internet, est parvenu à mélanger divers styles musicaux a priori  incompatibles. Avec succès. Jusqu’au moment où il trouve son spot, son identité avec un mélange de black metal et de chant gospel et de negro spirituals. Ces chants typiques de noirs américains esclaves rythmant leur labeur en musique. Zeal & Ardor revient aujourd’hui avec un troisième album éponyme. Premier constat visuel: quelque soit le sens dans lequel on le prenne, cet album est le reflet de lui même, mélangeant noirceur et luminosité. Ce visuel se retrouve naturellement dans la musique du groupe. Les 14 chansons poussent encore plus loin le curseur de cette improbable fusion, alternant entre chant grave et profond sur rythmes lents et lourds et hurlements déchirant une nuit sans fin sur fond de blasts beats explosifs. L’ensemble est parfaitement dosé pour offrir à l’auditeur des temps de répits, de reprise de souffle, tout en ne proposant jamais du « que bourrin ». Le groove est omniprésent bien que parfois brutal. Cet album porte en titre le nom du groupe, signe d’un nouveau départ. En fanfare! A retrouver au Hellfest 2, le jeudi 23 juin sous Temple.

DEAD VENUS: Flowers & pain

Suisse, Metal (Autoproduction, 2022)

Echappée du groupe de metal suisse Burning Witches avec qui elle est restée de 2015 à 2019, Seraina Telli (chant, guitare et claviers) s’est entourée de André Gärtner à la basse et du batteur Mike Malloth au sein de Dead Venus, déjà auteur d’un album, Bird of paradise, paru en 2019. Le trio nous offre aujourd’hui ce Flowers & pain, un album à la fois torturé, alambiqué et intriguant, entraînant, voire envoutant. C’est peut-être là la plus grande difficulté que je rencontre avec cet album qui présente des morceaux courts variés et efficaces, allant droit au but (le single Lily of the valley en est un parfait exemple) et des morceaux longs, très longs, parfois trop (on parle quand même de plus de 8’30, et pas qu’une fois!) comme le morceau titre, Flowers & pain ou Plaything doll, quelque peu fourre-tout, chansons dans lesquelles on trouve du rock, du prog, des intonations jazzy et de la recherche de sons étranges. Des titres qui démarrent fort, pourtant, mais perdent en efficacité au gré du temps qui s’écoule. Dommage, car ils gagneraient sans doute en efficacité en étant scindés. On se concentrera donc plus sur les chansons les plus directes, qui elle interpellent et accrochent l’auditeur à l’instar de cet interlude rapide (50″) qu’est That creation qui évoque Faith No More ou Mr Bungle. Flowers & pain est un album qui nous montre les diverses facettes de Dead Venus qui semble encore chercher son identité musicale. Il y a de la matière, reste à faire un petit tri.

 

KROKUS: Adios amigos – Live @ Wacken

Hard rock, Suisse (Sony, 2021)

Wacken, 2019, Faster stage. Une des dernières dates de la tournée d’adieux des Suisses de Krokus dont le premier méfait remonte à la fin des années 70. Si le groupe s’est fait remarquer dès 1978, les similitudes avec un certain AC/DC ne lui ont pas toujours été favorables. D’ailleurs, Krokus a continué sa carrière en se concentrant sur les marchés accueillants, comme les USA, se faisant rare en nos contrées. Pourtant, en choisissant d’introduire son concert avec le plus que heavy et speed Head hunter, on se souvient que la formation de Marc Storace et Chris Von Rorh va bien plus loin qu’une simple comparaison avec le gang des frères Young, on imaginerait même volontiers le titre joué par Accept! En cet après midi ensoleillé, les six membres originaux du groupe se donnent à fond une bonne heure durant, alignant ses classiques (Long stick goes boom, American woman, Hoodoo woman…) dans une variété que le public apprécie visiblement. Winning man, Chris Von Rorh l’annonce, est dédié à Lemmy. Les effets sont peu nombreux – étonnamment, pas de pyrotechnie sur Fire, sans doute est-ce dû à un vent défavorable qui pousse les flammes vers les musiciens sur Long stick… Le groupe se suffit à lui même même si les musiciens restent sobres, exception faite de Mandy Meyer, sans doute le plus poseur et enjoué des guitaristes. Le son et l’image sont impeccables – seuls quelques effets vieillissants ont été intégrés ci et là – et l’on pourra simplement regretter qu’avec une aussi riche discographie, Krokus ait fait le choix de deux reprises (le classique parmi les classiques Rockin’ in the free world de Neil Young et le moins connu The great Quinn de Bob Dylan qui vient mettre un terme au concert). Ce live – Adios amigos – Live @ Wacken est proposé en double version CD et DVD – propose un groupe en pleine forme qui prend sa retraite… La puissance de l’ensemble laisse regretter de ne les avoir jamais vus live et fait exploser ce manque de plus en plus important des concerts… Vivement, oui, vivement que la vie d’avant reprenne un cours normal.

WAY OF CHANGES: Reflections

Metalcore, Suisse (Dark tunes, 2018)

Je croyais le metalcore disparu, et pourtant, les Suisses de Way Of Changes arrivent avec leur premier album pour me prouver le contraire! Reflections regroupe 10 titres aussi percutants que séduisant, si l’on ne s’arrête pas aux hurlements du premier titre, Carry on. Car Way Of Changes alterne et varie le chant, parfois virulent, à d’autres moments plus passe partout. Ce qui est cependant remarquable, c’est cette propension à composer des morceaux de pur metal,, du heavy « de tradition » et de moderniser ces compos pour en faire du neuf. Quand on leur demande quel titre est le plus représentatif de leur musique, ils réponde de concert Trapped, qui, en effet, inclus tous les éléments que l’on retrouve sur Trust, Meaningless, A patience’s end… On sourira aussi de ce léger accent dans le chant anglais mais on headbanguera bien plus encore. Reflections est une vraie carte de visite à découvrir au plus vite.

Interview: WAY OF CHANGES

Interview WAY OF CHANGES. Entretien avec Théo (chant, guitare) et Quentin (batterie). Propos recueillis au Hard Rock Cafe de Paris le 19 février 2018

Metal-Eyes : Devinez quelle est la première question que je vais vous poser…

Théo : Euh… De te raconter la formation du groupe ! Alors, on s’est formés en 2013, c’est moi qui ai lancé le projet. Je sortais d’un autre groupe plus heavy metal « classique » et j’avais envie de monter un groupe plus metalcore et j’ai diffusé des petites annonces. Elliot, notre autre guitariste, m’a contacté, ensuite, c’est Théo, puis Maxime à la basse et, tout à la fin, un peu plus difficile à trouver, c’était Simon, notre chanteur.

Metal-Eyes : Vous êtes Suisses. Votre ville d’origine c’est ?

Quentin : Lausanne.

Metal-Eyes : Quelles ont été les grandes étapes depuis votre formation ?

Théo : On avait décidé de révéler le groupe directement avec du contenu à partager. Don, on a préparé un Ep, qu’on a lancé avec le single. Ensuite, on a eu la chance d’avoir tout de suite de gros concerts, et une des grosses dates qu’on a faite, c’était le Summer Breakdown, un festival à Genève, où on a joué avec Benighted et Dagoba. Ensuite, la grande date, c’était vendredi dernier, le 16 février, avec la sortie de l’album. Un gros projet qu’on a travaillé depuis deux ans, voire plus.

Metal-Eyes : Alors ça fait quoi de voir son album enfin en bacs ?

Théo : On est soulagés…

Quentin : Oui, c’est un soulagement ! On a passé une année 2017 assez frustrante du fait que l’album était déjà prêt, musicalement, prêt à être pressé, mais on a dû attendre parce qu’on a cherché un label, ce qui a pris pas mal de temps. On a dû attendre 6 mois pour avoir enfin le produit dans les mains et c’est le début de l’aventure. On se réjoui de faire du live…

Metal-Eyes : Quand j’ai reçu l’album, la première chose que je me sois dite c’est que Way Of Changes, votre nom, ça sonne comme un message politique. Quelle en est la vraie signification ?

Théo : C’est une chose qu’on nous fait en effet remarquer… Les gens lisent Voie du changement, mais on n’a pas cette prétention ! Nous, on le voit plus comme la manière de changer des gens, cette façon qu’ont les choses de changer. Cet album, Reflections, parle justement de réflexions sur des modes de vie, des choix individuels et propres à chacun. C’est une réflexion sur le pourquoi les gens changent, pourquoi ils prennent certaines décisions, pourquoi ils vivent d’une certaine manière plutôt que d’une autre… Ca n’a pas la prétention de révolutionner quoi que ce soit..

Quentin : On ne veut pas changer la société actuelle, loin de là !

Metal-Eyes : Cet album mélange les aspects mélodiques d’un heavy moderne et la rugosité d’un chant extrême. Comment définiriez-vous votre musique pour quelqu’un qui va vous découvrir ?

Quentin : On a été, ou on s’est, classifiés nous-mêmes, Metalcore…

Théo : C’est vrai, et on en est bien conscient, que notre chant principal ressemble à du death ou même du black metal, les chants clairs se rapprochent du doom, les mélodies, comme tu disais, se rapproche du heavy, voire du metalcore des années huitante, nonante à là Insane. C’est toujours difficile de définir notre style de musique mais je dirais que c’est un mix entre les rythmes et la brutalité du hardcore et les mélodies presque metal mélodique.

Metal-Eyes : Justement, qu’est-ce qui vous a orientés vers le metalcore plus qu’autre chose ? Il y a quand même une belle variété musicale dans ce disque.

Quentin : Je pense que ça fait partie de nos influences, en tout cas, ce qu’on écoutait au début du groupe. On écoutait tous un peu la même chose, du Parkway Drive, August Burns Red… et on aimait bien ces riffs breakdown, qui bougent et aussi un peu catchy. On était aussi friands de cetet partie clean et mélodique, qu’il y avait peu dans l’Ep. Les gens ont bien aimé, nous aussi donc on en a mis un peu plus.

Metal-Eyes : C’est aussi une évolution, un mode de changement. Je voudrais qu’on parle un peu de la pochette : en dehors de la symétrie du losange, quel est le rapport entre le titre, Reflection, et ces plumes qui rappellent une revue du Moulin Rouge ?

Théo : Déjà, sur notre Ep, tous les artworks sont dessinés par Simon, notre chanteur. Il y avait déjà ces fioritures, ces espèces de feuilles ou plumes. On en avait aussi sur notre merch, donc on a gardé cette ligne directrice en jouant avec une réflexion, ce côté symétrique. Pour l’album, on voulait quelque chose de sombre et sobre, et mettre en avant ce losange qui est dans le logo du groupe. Comme c’est notre première production à sortir de Suisse, on voulait le mettre en avant. Cest beaucoup moins chargé que l’Ep, qui était pleins de détails en rapport avec les titres. Là, on voulait quelque chose qui soit plus aéré, passe partout.

Metal-Eyes : Je ne connais pas très bien la scène suisse, en dehors des groupes de ma génération comme Krokus, Gotthard ou Celtic Frost. Vous vous situez où, sur cette scène ? Comment est la scène metal en Suisse ?

Théo : Selon nous,e lle est un peu clivée entre la Suisse romande et la Suisse Allémanique, comme pour tout, tout est très séparé en Suisse !

Quentin : Selon les votations, la majorité sont des Suisses allemands, la minorité des Suisses romands.

Théo : C’est très différent… Au niveau de la scène, en Suisse romande, on la connait très bien, elle est très soudée, tout le monde se soutient, s’engraide, quelle que soit la populartité des groupes. D’ailleurs, nous, on a été très bien accueillis quand on est arrivés alors qu’on débutait vraiment. Par contre, c’est une communauté assez petite, on reconnait vite les gens quand on va à un concert, on les a déjà vus ! Côté Suisse allémanique, ça a l’air d’être un peu plus « ouvert » c’est-à-dire que les gens vont à des concerts sans forcément connaitre les groupes. Ca à l’air d’un peu mieux fonctionner…

Quentin : Il y a une partie qui est liée à la taille des scènes, nous, en Suisse romande il y a des grosses salles pour des grands groupes, ou des petits bars avec des mini scènes… Pour les groupes de taille moyenne comme nous, on a du mal à y jouer. Les grandes salles sont trop grandes, les petites sont trop petite… En Suisse allémanique, il y a beaucoup plus de salles de taille moyenne et je pense qu’ils ont beaucoup plus de facilité à organiser des concerts pour des groupes qui sont sur le point de passer semi pro…

Metal-Eyes : Vous parlez de scène tous les deux, un album, pour un groupe de rock, ça se défend sur scène. Quels sont vos projets à venir ?

Quentin : On a une tournée suisse qui a commencé au mois de février, qui s’appelle Out of control tour, et tourne avec deux autres groupes suisses allemands. On se déplace de ville en ville les week ends, jusqu’à avril. A chaque ville, un groupe local est invité.

Metal-Eyes : Et vous assurez la tête d’affiche ?

Théo : En fait, on est co-headliners : quand on joue du côté romand, c’est nous, du côté alémanique, c’est eux.

Quentin : Ensuite, on aura une tournée européenne en support d’un groupe un peu plus important, mais on y travaille encore. On a eu quelques propositions qu’on a malheureusement dû refuser à cause de nos plannings. C’est un peu difficile de se libérer tous en même temps vu qu’on travaille à côté, mais on devrait pouvoir annoncer des choses d’ici cet automne et explorer les pays frontaliers, limitrophes de la Suisse.

Metal-Eyes : Si vous ne deviez retenir qu’un seul titre de Reflection pour expliquer à quelqu’un qui ne vous connait pas ce qu’est Way of changes, ce serait laquelle ?

Théo : Peut-être Trapped

Quentin : C’est celui auquel je pensais…

Théo : Parce que il y a tout ce qu’on fait dedans. Il y a des parties guitares plus travaillées, qui parfois prennent plus de place que le chant, c’est-à-dire que les guitares mènent par moment le jeu, d’autres moments, c’est le chant domine complètement, des passages clean, un breakdown à la fin… Je pense que c’est un morceau qui nous représente assez bien

Quentin : Pareil, et pour les mêmes raisons.

Metal-Eyes : Si vous deviez choisir une devise pour le groupe, ce serait quoi ?

Quentin : Je pense que les trois choses qui ressortent souvent et qui nous correspondent le mieux, c’est « honnêtes, énergiques et bonne humeur ». Sur scène, on nous dit beaucoup « punaise, vous faites du metal et sur scène vous souriez tout le temps ! » En fait c’est parce qu’on s’éclate et on a envie de partager cette bonne humeur avec le public. C’est vraiment ce qui est important lors des concerts c’est que ce soit énergique et que ce soit la fêtes !

Théo : Voilà, que tout le monde passe un bon moment !

Metal-Eyes : Vous avez tous les deux passé la journée en promo, quelle a été la meilleure question, la plus étonnante, la plus surprenante, qu’on vous a posée aujourd’hui ?

Théo : Ah, c’est pas mal ça comme question… Par rapport au groupe, on nous a demandé si le groupe était démocratique… J’ai trouvé que c’était assez marrant comme formulation

Metal-Eyes : Surtout pour un groupe venant d’un pays dictatorial comme la Suisse…

Théo : On a répondu que oui, mais on n’en a pas besoin : on est sur la même longueur d’ondes, tu as pu le voir avec les deux dernières questions : il y en a un qui répond, l’autre est d’accord (rires) !

Metal-Eyes : Ca pourrait aussi se rapprocher d’une dictature…

Quentin : C’est vrai (rires). Tu ne le sais pas, mais après, on se tape ! Non, on est généralement tous du même avis, et c’était la volonté de ce groupe. On est un groupe d’amis, de potes, on s’amuse et ça va avec l’ensemble.

Théo : Quand j’ai créé ce groupe, je voulais vraiment que tout le monde tire la corde en même temps, pas qu’il y en ait un qui tire les autres vers le haut en disant « oin fait comme ci ou comme ça, et poas autrement ». Tout le monde a son mot à dire, tout le monde participe, même ce qui est dans les aspects extérieurs, comme l’organisation des concerts, comment on se déplace, comment on s’organise pour le matériel, pour les répètes. Chacun a sa tâche, sa spécialité et je pense que de cette manière on a aussi plus le contrôle.

Metal-Eyes : Donc c’est une histoire de couple à cinq.

Théo : Exactement

Quentin : Ménage à 5.

Metal-Eyes : « Ménage à 5 »… Ca fait beaucoup quand même ! Merci en tout cas de m’avoir reçu et bonne chance avec cet album.

Théo : Merci beaucoup !

Quentin : Merci !