VOICE OF RUIN: Cold epiphany

Suisse, Death mélodique (Autoproduction, 2023)

Il y a des groupes comme ça, tu les découvres par hasard… Voice Of Ruin fait partie de ceux-là… et des bonnes surprises aussi. Formé en 2008 à Nyon, en Suisse, la formation publie son premier album, Morning wood en 2014, tourne en compagnie de Sepultura, Hatebreed, Children Of Bodom parmis d’autres et revient aujourd’hui avec son quatrième album, Cold epiphany. Le moins qu’on puisse dire est que ça thrashe sévère tout au long des 9 titres introduits par un calme instrumental, Prelude to a dark age. Le calme avant la tempête, car la suite speede, growle et tabasse sec. Rapidement, cependant, un constat s’impose: cet album s’il comporte nombre de qualités – des compos rentre dedans, parfois directes, à d’autres moment plus complexes, des riffs sur lesquels il est impossible de ne pas avoir son air guitar et de headbanguer en cadence, une production soignée… – recèle une faiblesse: j’ai parfois, souvent, l’impression d’écouter le futur album d’Amon Amarth. Le chant de Randy accompagné de ces guitares évoquent plus qu’à leur tour l’univers sonore de nos vikings préférés et, en même temps, Voice Of Ruin s’en distingue par l’utilisation de claviers. Si l’influence des Suédois est une évidence, d’autres références se font jour au gré des titres, sans pour autant être prégnantes: Nightwish et le metal symphonique dans certaines orchestrations, des intros qui évoquent ici Judas Priest (Dreadful tears, sur lequel intervient Anna Murphy pour les parties de chant clair), Slayer un peu partout, Sepultura (Deathstar rising et son intro quelque peu tribale) ou encore, dans une moindre mesure, Metallica. Mais que demande-t-on, au final? Cold epiphany est un album plus qu’énergique, souvent explosif, très bien produit et qui ne lasse pas un instant. Un album plus qu’efficace.

GREEN LABYRINTH: Sequences

Suisse, Power prog (Fastball music, 2023)

Green Labyrinth existe depuis déjà 2008. Après avoir sorti un premier album en 2014 – Shadow of my past – la formation subit quelques changements de personnel et revient aujourd’hui avec Sequences, son nouvel effort composé de 9 chansons. Lorgnant du côté du metal progressif tant par la longueur de certains titres (2 seulement sont sous les 6′) et ses constructions parfois à tiroirs, puisant certains aspects épiques dans le power metal, Green Labyrinth nous propose un album à la production léchée et soignée. Seulement… Rapidement l’impression qu’il y a trop de tout s’installe: le chant de Sereina Schoepfer, trop opératique, les instrumentations de david Vollenweider (guitare) et Tom Hiebaum (claviers) techniques et alambiquées, et la rythmique de Stephan Kaufmann (basse – apparemment un homonyme de l’ex-batteur d’Accept) et Maetthu Daetwyler (batterie) puissante mais trop varié ne parviennent pas à capter mon attention. Et malheureusement, à vouloir trop bien faire, le combo nous noie dans trop de démonstration, trop de complication et de complexité là où épurer, simplifier les plans de guitares, le chant ou la rythmique  permettrait d’aller à l’essentiel avec efficacité. Je lâche au bout de 3 morceaux. Dommage…

THE GROUND SHAKER: Rogue asylum

Suisse, Metal (Fastball music, 2023)

The Ground Shaker aurait pu ne jamais donner un successeur à Down the hatch, son premier album paru en 2017. Comme tout le monde sur cette planète, les Suisses se sont retrouvés coincés et frustrés à la maison. Ils ont cependant su mettre le temps à profit pour composer et enregistrer ce second album, Rogue asylum – titre approprié! – qu’ils nous livrent aujourd’hui . Un album puissant dont chacune des 13 compositions est taillée pour les stades. De 88 strong as a lion à Day of sin, The Ground Shaker fait honneur à son nom. L’ensemble est puissant et entrainant, très inspiré de ce heavy US aussi roots que gras. Si le morceau d’ouverture est rentre dedans, la suite se fait variée et lorgne du côté des The Offspring autant que A7X ou même Alter Bridge, voire Blackstone Cherry. on n’est dès lors guère étonné de d’apprendre que Giro Reign (chant, guitares) a fait ses classes en Californie dont il a visiblement su s’imprégner de riffs, de mélodies et harmonies simple, efficaces, directs. Les accents parfois pop côtoient des passages hispaniques (Dragon in the sky) et d’autres plus guitaristiquement rugueux et hypnotiques (Ride on me), sans oublier le passage romantique et soft (Demons in my dream). Doté d’une production efficace et généreuse, Rogue asylum pourrait bien mettre The Ground Shaker sur les rails du succès. La voix chaleureuse de Giro, qui partage les guitares avec Dave Elgin, est parfaitement soutenue par une rythmique grasse et généreuse (la basse de Vortex Ram et la batterie puissante de Bat Ducora). Si The Ground Shaker parvient à trouver un écho à l’international – en commençant par l’Europe – il est plus que probable que nous tenons là un futur grand. A découvrir sans délai!

DIRTY VELVET: Far beyond the moon

Suisse, Doom (Fastball music, 2023)

Un œil qui semble à la fois saigner et regarder un univers qui ressemble à un écran de télé… C’est la pochette assez peu attirante que nous proposent les Suisses de Dirty Velvet pour illustrer leur premier album Far beyond the moon. Suisse? Krokus? Gotthard? Que nenni! Formé à Lausanne en 2019, le quatuor, après répétitions et quelques concerts à domicile, décide de se lancer dans l’aventure d’un album en fin 2022. C’est ce premier essai qui déboule aujourd’hui et nous présente une formation au son brut, aux compositions organiques, aux influences plus que vintage. On repart à la fin des années 60 et au cœur des 70’s. Moon, le premier morceau – pas un hasard s’il s’agit du premier, une invitation à aller largement au delà comme le titre de l’album – évoque immanquablement Black Sabbath, tant par ses riffs et rythmes lents, lourds et oppressants que par le chant plaintif et torturé. D’ailleurs, comme les fondateurs du genre, Dirty Velvet, c’est 4 musiciens: Sly Cuts à la guitare, Katy au chant, Garry à la basse et Gyles à la batterie. Quatre musiciens, une formule simple qui a fait ses preuves. Et même si le chant anglais est perfectible, les tripes de ce disques font mouche. Dirty Velvet puise son inspiration bien au delà du groupe de Tony Iommi. Sa musique, tout au long des 10 chansons évoque tour à tour Candlemass (ok, facile, les dignes héritiers du Sab’) que Blue Oyster Cult (Another reality me rappelle sur quelques plans un certain Astronomy) ou encore Pink Floyd. Même le son est quelque peu old school, ce qui participe pleinement au charme de ce premier album plus que réussi. Heavy, plaintif, psychédélique, hypnotique, aérien… il y a beaucoup à découvrir sur ce Far beyond the moon, premier essai réussi de Dirty Velvet.

 

DEVILSBRIDGE: Sense of…

Suisse, Metal (Fastball, 2022)

Jolie découverte que ce Sense of… de DevilsBridge. L’album explore le concept de la recherche de LA sensation au travers d’une intro de présentation et de 11 titres heavy, rugueux et racés. Une sensation, un mot, une chanson. On est bien au delà des 7 péchés capitaux ou des 7 vertus cardinales avec ces 11 sensations. De l’Illusion à la mort, en passant par la douleur, la réalité, l’Instinct ou la recherche de la Perfection, les Suisses, menés par la chanteuse Dani nous offrent une petite heure de ce métal puissant, enragé et compact. Musicalement, le groupe n’a rien de commun avec ses compatriotes de Krokus ou de Gotthard mais pourrait bien creuser le sillon avec autant de succès qu’eux. Le quintette explore divers univers du metal tout en gardant une ligne directrice avec pour mot d’ordre « efficacité ». Le chant peut être aussi agressif que teigneux ou narquois – à la manière d’une Robbie Zane (du regretté Shadow Queen) ou Joan Jett – soutenu par des guitares aussi incisives qu’agressives. DevilsBridge est sans doute la découverte metal de ce second semestre 2022. A suivre de près!

SILVER DUST: Lullabies

Suisse, Hard rock grandiloquent (Escudero reocrds, 2022) – sortie le 29 avril 2022

Les Suisses de Silver Dust nous proposent leur quatrième album, Lullabies. De nouveau composé par le frontman du groupe, l’exubérant Lord Campbell, ce nouvel opus propose 11 titres aussi grandiloquents que la pochette est sobre. Le ton grave, les instrumentations, les ambiances sombres, tout laisse penser à ces univers décadents et, justement, c’est un des titres de ce disque, Grotesque. Le décor sonore planté, on imagine aisément le groupe évoluer dans un décor quelque peu gothique et spectaculaire, une sorte de rencontre, visuelle et musicale, d’ailleurs, entre Al Jourgensen (Ministry) et Alice Cooper. Très bien mis en son, Lullabies mélange les influences allant d’une forme de dark wave à de l’électro proposant des chansons puissantes et enjouées, dont un Eternité chanté en français. Voici un album attirant comme il faut pour avoir envie de se plonger dans l’univers décalé de Silver Dust. Tournée à suivre?

ASKARA: Lights of the night

Suisse, Metal (2022, Fastball)

Après une intro au piano léger et guitares tourbillonnantes, Askara, en activité depuis 2013,  entre dans son sujet avec un metal épique et sombre, agrémenté d’un chant double: le côté guttural du bassiste chanteur Elia Schmidt et celui plus doux et clair de sa sœur Miril, également au piano. Le 11 titres entrainent l’auditeur dans cet univers familier de l’heroic fantasy proposant une musique à la fois sombre et lumineuse, mélodique et brutale sans être jamais speedée. On peut même être surpris par la lenteur de ces compositions, par la juxtaposition de ce tempo et de ces growls. Ce n’est pas le seul point d’étonnement: tout au long de ce Lights of night, second album du quatuor, Askara sait se faufiler en terrain plus risqué, à l’instar de ce To Alisa rock aux relents progs qui frôle les 9′. Bénéficiant d’une production exemplaire et d’un très bel artwork, Askara, avec son metal sombre et lent, s’adresse toutefois à un public précis. Difficile ingurgiter du premier coup, mais intrigant et attirant. A découvrir.

ZEAL & ARDOR: Zeal & ardor

Suisse, Black gospel metal (Autoproduction, 2022)

C’est désormais sous forme de groupe que se présente le Zeal & Ardor fondé par Manuel Gagneux. Souvenez-vous: le musiciens en répondant à des défis internet, est parvenu à mélanger divers styles musicaux a priori  incompatibles. Avec succès. Jusqu’au moment où il trouve son spot, son identité avec un mélange de black metal et de chant gospel et de negro spirituals. Ces chants typiques de noirs américains esclaves rythmant leur labeur en musique. Zeal & Ardor revient aujourd’hui avec un troisième album éponyme. Premier constat visuel: quelque soit le sens dans lequel on le prenne, cet album est le reflet de lui même, mélangeant noirceur et luminosité. Ce visuel se retrouve naturellement dans la musique du groupe. Les 14 chansons poussent encore plus loin le curseur de cette improbable fusion, alternant entre chant grave et profond sur rythmes lents et lourds et hurlements déchirant une nuit sans fin sur fond de blasts beats explosifs. L’ensemble est parfaitement dosé pour offrir à l’auditeur des temps de répits, de reprise de souffle, tout en ne proposant jamais du « que bourrin ». Le groove est omniprésent bien que parfois brutal. Cet album porte en titre le nom du groupe, signe d’un nouveau départ. En fanfare! A retrouver au Hellfest 2, le jeudi 23 juin sous Temple.

DEAD VENUS: Flowers & pain

Suisse, Metal (Autoproduction, 2022)

Echappée du groupe de metal suisse Burning Witches avec qui elle est restée de 2015 à 2019, Seraina Telli (chant, guitare et claviers) s’est entourée de André Gärtner à la basse et du batteur Mike Malloth au sein de Dead Venus, déjà auteur d’un album, Bird of paradise, paru en 2019. Le trio nous offre aujourd’hui ce Flowers & pain, un album à la fois torturé, alambiqué et intriguant, entraînant, voire envoutant. C’est peut-être là la plus grande difficulté que je rencontre avec cet album qui présente des morceaux courts variés et efficaces, allant droit au but (le single Lily of the valley en est un parfait exemple) et des morceaux longs, très longs, parfois trop (on parle quand même de plus de 8’30, et pas qu’une fois!) comme le morceau titre, Flowers & pain ou Plaything doll, quelque peu fourre-tout, chansons dans lesquelles on trouve du rock, du prog, des intonations jazzy et de la recherche de sons étranges. Des titres qui démarrent fort, pourtant, mais perdent en efficacité au gré du temps qui s’écoule. Dommage, car ils gagneraient sans doute en efficacité en étant scindés. On se concentrera donc plus sur les chansons les plus directes, qui elle interpellent et accrochent l’auditeur à l’instar de cet interlude rapide (50″) qu’est That creation qui évoque Faith No More ou Mr Bungle. Flowers & pain est un album qui nous montre les diverses facettes de Dead Venus qui semble encore chercher son identité musicale. Il y a de la matière, reste à faire un petit tri.

 

KROKUS: Adios amigos – Live @ Wacken

Hard rock, Suisse (Sony, 2021)

Wacken, 2019, Faster stage. Une des dernières dates de la tournée d’adieux des Suisses de Krokus dont le premier méfait remonte à la fin des années 70. Si le groupe s’est fait remarquer dès 1978, les similitudes avec un certain AC/DC ne lui ont pas toujours été favorables. D’ailleurs, Krokus a continué sa carrière en se concentrant sur les marchés accueillants, comme les USA, se faisant rare en nos contrées. Pourtant, en choisissant d’introduire son concert avec le plus que heavy et speed Head hunter, on se souvient que la formation de Marc Storace et Chris Von Rorh va bien plus loin qu’une simple comparaison avec le gang des frères Young, on imaginerait même volontiers le titre joué par Accept! En cet après midi ensoleillé, les six membres originaux du groupe se donnent à fond une bonne heure durant, alignant ses classiques (Long stick goes boom, American woman, Hoodoo woman…) dans une variété que le public apprécie visiblement. Winning man, Chris Von Rorh l’annonce, est dédié à Lemmy. Les effets sont peu nombreux – étonnamment, pas de pyrotechnie sur Fire, sans doute est-ce dû à un vent défavorable qui pousse les flammes vers les musiciens sur Long stick… Le groupe se suffit à lui même même si les musiciens restent sobres, exception faite de Mandy Meyer, sans doute le plus poseur et enjoué des guitaristes. Le son et l’image sont impeccables – seuls quelques effets vieillissants ont été intégrés ci et là – et l’on pourra simplement regretter qu’avec une aussi riche discographie, Krokus ait fait le choix de deux reprises (le classique parmi les classiques Rockin’ in the free world de Neil Young et le moins connu The great Quinn de Bob Dylan qui vient mettre un terme au concert). Ce live – Adios amigos – Live @ Wacken est proposé en double version CD et DVD – propose un groupe en pleine forme qui prend sa retraite… La puissance de l’ensemble laisse regretter de ne les avoir jamais vus live et fait exploser ce manque de plus en plus important des concerts… Vivement, oui, vivement que la vie d’avant reprenne un cours normal.