NEAR DEATH EXPERIENCE: Brief is the light

France, Doom/gothic (M&O, 2024)

Ne pas se fier aux apparences… Eviter les préjugés, aussi. On aurait pu croire, avec un tel patronyme, que Near Death Experience, groupe formé à Nantes en 2022, officie dans le metal extrême et brutal. Que nenni, bien au contraire, le groupe explorant l’univers de son nom. Son premier album, Brief is the light, Propose 10 titres qui, chacun à sa manière, évoque le thème et aborde les témoignages de ces mystérieuses expérience de mort imminentes. Le doom sied à merveille à l’esprit de cet album intriguant, évolue entre l’univers de Paradise Lost et de Metallica, en passant du côté de Katatonia. Si l’album est dans son ensemble sombre, il y a de la lumière au bout de ce tunnel. Le seul défaut réside dans le chant féminin (malheureusement, la bio reçue de quelques lignes ne donne aucune information concernant le line-up…) qui manque parfois de rondeur et dont les paroles sont difficilement compréhensibles. L’ensemble, cependant, reste à la fois lourd et puissant et NDE nous propose au final un album interpelant.

LUCIDE: L’adversaire

France, Rock (M&O, 2024)

Voici un album intriguant. Autant on se laisse facilement entrainer par les rythmes enjoués et parfois obsessionnels de L’adversaire, autant le duo qui compose Lucide interpelle par des explorations mi prog mi étranges. Incontestablement, Lucide ne peut laisser indifférent grâce à des compositions parfois ensoleillées, parfois sombres. Le chant à deux offre une palette vocale aussi joyeuse que torturée. Oui, L’adversaire est un album de paradoxes qui mêle jour et nuit, yin et yang, tendresse et mélancolie. Si le chant, déterminé, manque parfois un peu de puissance, voire de justesse, les dix titres s’écoutent aisément sans lasser l’auditeur. Une jolie découverte.

RIFFLESS: Ghost is a woman

Belgique, Hard Rock (Ep, M&O, 2024)

C’est en 2020 que se forme Riffless sous l’impulsion du multi instrumentiste JP Devox et du chanteur Benoit Patigny. Les deux sont bientôt rejoints par le guitariste Vincent Fis, les bassiste Jean-Philippe Dirix et le batteur Marcus Weymaere avec lesquels ils commencent à composer, répéter et diffuser leurs productions sur le web où ils rencontrent un certain succès. un premier album, Yes I sold my soul for rock n roll, voit le jour en 2022 avant que le groupe ne revienne avec cet Ep, Ghost is a woman. Clairement influencé par le rock n roll énergique, les 4 titres proposent des riffs simples, directs et efficaces qui ne veulent que faire taper du pied. Le chant, dans un anglais totalement maitrisé, est rugueux à souhaits, la voix de Benoit semblant forgée à coups de clopes et d’alcool. A mon goût, il ne manque qu’une chose à Riffless : un peu plus d’énergie et de hargne dans l’exécution de ces chansons par ailleurs joviales et entrainantes. Mais une chose est certaine, c’est que ce genre de rock est parfaitement taillé pour la scène!

SLAVES OF IMPERIUM:New waves of cynicism

France, Thrash/Black (M&O music, 2024)

Les esclaves de l’empire… Slaves Of Imperium est un groupe fondé en 2019 en Bretagne, entre Vannes et Lorient qui a déjà publié un premier album, Observe. Analyse. Sanitize. en 2022. Si ses influences vont de Machine Head à At The Gates, si le groupe propose des structures directes et dans ta face, des riffs ultra tranchants et efficaces, une rythmique qui martèle sa mère, il est impossible de ne pas faire le lien entre ce thrash/death et le Black metal d’un Behemoth ou d’autres dans de nombreux passage des vocaux. Ce chant, hargneux et déterminé, qui se fait parfois clair (Beating session, Aftermath, Equation of the void et plus) est étrangement, par instants, limite juste et proche de la rupture dans un esprit mélancolique et torturé. Slaves Of Imperium semble toutefois déterminé et son propos musical ne laisse guère de doute quant à ses intentions. C’est brutal, certes, certains soli évoquant surtout le heavy metal classique. Ceux qui me connaissent le savent, je suis loin d’être fan ultime de metal extrême. Pourtant, ici, serait-ce un bon signe?, je suis arrivé au bout de l’album sans envie d’interrompre son écoute. Même si ça bourrine sévère, il y a une variété de tempi et d’influence suffisamment vaste pour que que chacun puisse trouver ses marques et ses repères. SOI nous offre même une version acoustique du morceau titre de son premier album pour clore ce nouvel essai, cette version m’évoquant directement Solitude de Candlemass. Seul point de frustration: le livret indique les compositeur et auteur, mais on ne trouve rien, ni sur le dit livret, ni sur internet (FB, linktr.ee, site du label…) quant au line-up actuel… On est en France, hein…

FIFTY ONE: Love/hate

France, Punk/Thrash (M&O, 2024)

En ouvrant son album avec l’instrumental Adios motherfucker, le groupe de punk rock Fifty One (à ne pas confondre avec la formation hard rock Fifty One’s kidnapée au début des années 2000 après quatre albums) se pose comme une formation thrash explosive. Pourtant, dès Stroke of midnight, le groupe s’oriente vers ce punk rock US festif et télévisuel. Ne serait-ce – encore une fois, comme trop souvent avec les groupes hexagonaux – ce ridicule accent anglais qui vient gâcher mon écoute, la Californie, le soleil et la fête sont au rendez-vous. On cite les influences? Fifty One s’inspire directement de ses ainés, Sum 41, The Offspring ou Green Day en tête. Musicalement enjoué, ce Love/hate bénéficie d’une production soignée qui rend justice au genre. Le groupe ne réinvente rien mais met tant de cœur à l’ouvrage que l’on a envie de les soutenir. On a envie de sauter, chanter et surfer… Reste un détail à travailler pour séduire un public étranger.

ANTHARES: After the war

France, Thrash (M&O, 2024)

Ils sont sérieux, ces Bretons? Comment ça thrashe sévère ce After the war, quatrième album d’Anthares ! C’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleurs plats, dit-on. On dit aussi que ce n’est pas au vieux singe qu’on apprend à faire la grimace. Anthares entre dans ces deux catégories. Le groupe se forme en 1994 à Morlaix, en Bretagne, publie Eps et album, tourne avant de se séparer au tournant du millénaire. Le trio d’origine, Fanfan (guitares), Fanch (batterie) et Phil (basse) décident de remettre le couvert en 2013 et sont rejoints par Julien (chant) et Tanguy (guitare). Ensemble, ils publient To my last breath en 2014 et Addicted to chaos en 2019, se produisent en 2014 au Hellfest et se forgent avec le temps et les concerts une solide réputation. C’est encore plus déterminés que les cinq d’Anthares se rappellent aujourd’hui à notre bon souvenir avec After the war qui prend l’auditeur à la gorge du premier au dernier riff – sans parler de cette pochette plus démoniaque que tout ! C’est simple: la fureur ne subit qu’un « temps calme » au milieu de Lost (plus heavy que thrash, avec un peu de clarté dans le chant. Mais tout est relatif) tant l’ensemble est puissant. Les riffs, directs, incisifs et tranchants, le chant agressif, hargneux et déterminé, la rythmique dans ta face qui pilonne comme une batterie de missiles, tout est réuni pour que se cassent les nuques. Circle pits assurés ! De Arise the war cry à After the war, aucun des neuf titre ne laisse indifférent. On se demande simplement pour quelle raison Anthares se fait aussi rare…

ROLLYWOODLAND: Dark fate for judgement day

France, Hard rock (M&O music, 2024)

Ca commence avec une intro que les amateurs de SF – et des concerts d’Airbourne – connaissent bien. Le thème générique de Terminator ouvre ce Dark fate for judgement day des Français de Rollywoodland dont le premier album, Appetite for seduction, avait vu le jour en… 2012. Les voici donc qui reviennent, plus d’une décennie plus tard, avec un nouveau méfait sous les bras, un album de 15 titres (Judgement day, l’intro, inclus) dans un esprit potache et décalé. On sourit au démarrage avec les Ugly, No shit (on the sidewalk) – un coup de gueule personnel comme nous l’explique le leader du groupe (interview à suivre) – ou autre Nunchaku qui évoquent aussi bien Steel Panther (sans les références sexuelles) que les plus récents Princesses Leya. L’ensemble fleure bon l’amour du heavy rock 80’s, du hair metal, certes, seulement voilà… Rapidement la recette retombe comme un soufflé qu’on aurait trop fait attendre. Même si Rollywoodland n’a pas la prétention de renouveler le genre, et malgré la chasse aux références distillées tout au long de cet album, il manque ce petit grain de folie, cette étincelle, qui (me) donnerait envie d’écouter ce disque d’une traite. Même si le tout est très correctement produit, et réserve quelque très agréables surprises (comme cette reprise de Michael Jackson, Another part of me), je passe un bon moment sans que pour autant quoi que ce soit ne m’envahisse l’esprit. Dark fate est un album de pure détente qui donne envie d’être réécouté, et, finalement, on ne lui en demande finalement pas plus.

SATRA: Sands of time

Finlande, Metal symphonique (M&O music, 2024)

Le propos est clair dès les premières mesures de From the night, morceau d’ouverture de Sands of time: Satra évolue dans le registre du metal symphonique classieux, celui de Nightwish ou d’Evanscence, deux références immédiates. Le son est propre, le chant de Pilvi Tahkola clair et bienveillant. Mais loin de se contenter de naviguer sur les eaux des groupes précités, les Finlandais explorent des horizons orientaux, asiatiques… et s’amusent des différentes cultures intégrées à leur musique. Toutefois, malgré des compositions ultra carrées et entrainantes, il est difficile pour Satra de se défaire de ses influences, un peu encombrantes. Mais je me laisse entrainer dans cet univers apaisant avec bonheur tout au long des Golden city, Stars, Secret place et autres Shadow engine. Si le groupe a trouvé son registre mais pas encore tout à fait une identité sonore et musicale qui lui soit propre, Sands of time fait partie de ces albums vers lequel on revient facilement et avec plaisir. Pas étonnant que Therion les embarque sur les routes (à découvrir ce 25 février à la Machine du Moulin Rouge à Paris)

EVE’S BITE: Blessed in hell

France, Heavy metal (M&O music, 2024)

Formé à Saint Etienne en 2014 par le guitariste chanteur Olivier Jourget, Eve’s Bite publie 2 Ep (Dive into the vice en 2015 et Holy waters en 2017) avant de voir sa section rythmique jeter l’éponge en 2018. Il faudra à Olivier de la patience, deux années de patience, avant de compléter sa formation aujourd’hui composée de Anthony Coniglio à la seconde guitare, Nicolas Matillon à la basse et Laurent Descours à la batterie. Deux années puis un covid… mais rien ne semble vouloir entamer la volonté du leader dont le groupe revient aujourd’hui avec un album complet, Blessed in hell. Amoureux du heavy 80’s, foncez! Car si les influences sont évidentes – au hasard, Iron Maiden, Judas Priest, Metallica, Megadeth, Motley Crue, Ratt, sans parler de Skid Row (ce chant à la Sebastian Bach qui manque cependant parfois d’un peu de précision mais quand même…), voire même l’influence d’un Existance de plus en plus en vue – elles sont parfaitement intégrées à un ensemble entrainant. Ce Blessed in hell monte en puissance, fait taper du pied et secouer la tête. Alors s’il y a quelques défauts (une ballade pas forcément nécessaire, un chant parfois mal maitrisé, des arrangements qui pourraient être mieux arrangés), si les Stéphanois ne réinventent rien, on se laisse facilement prendre au jeu de Eve’s Bite. C’est frais, ça déménage et on n’en demande pas plus. De l’envie et du plaisir.

DEEP WITHIN

USA, Metal (M&O music, 2024)

Fondé à Los Angeles en 2020, Deep Within développe son concept visuel et musical avant de s’engager sur les routes et d’entrer en studio pour nous proposer aujourd’hui ce premier album auto-nommé. Dès le morceau d’ouverture, Fractured, le ton est donné: les Américains proposent un heavy metal burné, doté de riffs efficaces qui fait s’agiter les crinières jusqu’à… jusqu’à ce qu’intervienne ce qui fait office de chant. Une voix rageuse, hurlée proche du black metal parfois qui rentre dans le tas et dans le lard. Mais bientôt, Deep Within interpelle et surprend en variant ses plaisirs: dès On coming storm, le groupe propose une variété de chants, débutant ici avec ces voix typique du heavy US mélodique moderne avant de s’orienter vers du black que rencontre une voix féminine claire et bienveillante, transformant sa musique en un metal hybride, pêchu et riffu à souhaits. On retrouve ci et là des traces d’Evanscence, d’Iron Maiden ou encore d’Amon Amarth, des montées en puissances efficaces et de purs moments de headbanging et neckbreaking (Ground, Time machine, Valhalla, Strong arm ou encore le morceau éponyme) ou d’autres plus simplements joyeux et festifs (Devil’s den). Ce premier essai, réussi, est une invitation à taper du pied et se révèle efficace de bout en bout. Belle découverte!