HOWARD: Oscillations

France, Rock (Autoproduction, 2025)

Howard fait partie de ces groupes nés à la fin des années 2010 et qui ont vus leurs espoirs stoppés nets par la crise sanitaire. Après avoir sorti un premier Ep en 2018 – Howard I – le trio a publié en mars 2020 son premier album, Obstacle – quel ironie sarcastique que ce titre quand on y repense! – impossible à défendre correctement pour les raisons que l’on sait. Sans se décourager pour autant, Howard publie en 2022 son second essai, Event Horizon. Le public découvre un trio plus qu’influencé par les géants du rock des années 70 et confirme cet état d’esprit tout au long de Oscillations, son nouvel album paru fin mars. Loin de ne ses contenter que de reprendre des formules ayant fait leurs preuves, les musiciens (Jimbo Canoville au chant et à la guitare, Raphaël Jeandenand à la basse, orgue Hammond… et Tom Karren à la batterie et aux percussions) intègrent avec bonheur de nombreux éléments modernes qui offrent des touches électro à l’ensemble. En modernisant son propos, le trio offre à l’auditeur une plongée dans diverses émotions qui vont du calme à la tempête, de la rage à l’apaisement. Le groupe sera à découvrir lors du prochain Hellfest le samedi en ouverture de la Valley.

DEATHTURA: Faith?

Belgique, Thrash (Autoproduction, 2025)

Même les amateurs les plus patients seront surpris du retour des Belges de Deathtura. Le groupe formé en 2013 a livré en 2015 son premier album (Psychotic disaster) avant un second essai en 2018 (Division). Depuis… Silence radio. Pendant 7 années. Jusqu’à l’arrivée de Faith?, le nouvel album paru fin février. Le groupe dit avoir voulu prendre « le temps d’explorer et questionner (son) univers musical pour en extraire le réel sens de (ses) idées« . Le résultat est là, brutal et direct. Teinté de touches industrielles, les 10 titres taillent dans le gras sur fond de chant enragé (Bastian Flames) soutenu par la rugosité des guitares tenues par Arnaud Bomans et Jeffrey Limage. Malin, Deathtura ne se contente pas que de foncer dans le tas, proposant des rythmes toujours puissants et variés (Guillaume Jacques à la basse et Niko Mike D. à la batterie) et des choeurs à faire chanter les foules. Si les Belges ne cherchent pas la finesse, leur propos s’avère rapidement bigrement efficace et explosif. Un retour qu’il faut désormais confirmer sur scène sans doute.

//LESS: Crawl in the blur

France, Rock bruitiste (A tant rêver du roi records, 2025)

Comment ils sont énervés ceux-là! Entre rock barré, punk déjanté et irrévérencieux, rage, colère et bordel volontaire, les Français de //Less ne… laissent guère de place à la tranquillité. Ca speede, ça gueule et ça tabasse sec, mais il y a plus. On retrouve certains gimmicks des 90’s avec des guitares qui couinent et crissent, des rythmiques martelées – aussi bien la basse (deux, en fait, l’une tenue par le chanteur Romain Frelier Borda, l’autre par Adrien Moreau) que la batterie de Matthieu Couffrant – un chant qui vient de loin et un ensemble qui ne vise que la déflagration d’énergie. La surprise vient du fait qu’en réalité il n’y a pas de guitares, les deux basses créant un mur solide et puissant. Au travers de ses 10 titres (ce que contient la version que j’ai reçue dont le livret indique pourtant 12 chansons…), Crawl in the blur se révèle un véritable défouloir, sauvage, brutal et quelque peu hypnotique à la fois.

FANALO

France, Hard rock classieux (Klonosphere, 2025)

Attention, futur géant en vue! Loin d’être un novice, le guitariste Fanalo, après de multiples et variées collaborations, nous offre aujourd’hui son premier album qui pourrait rapidement devenir une pierre angulaire de son œuvre. Le gaillard se pose là dès le morceau introductif, un Tribes instrumental de plus de 7′ qui présente un virtuose doublé d’un créatif. Car si l’on reconnait l’influence des incontournables Steve Vai et Joe Satriani, Fanalo (à la ville Stéphane Alaux, on zappe le « Sté » pour garder le reste, malin…) joue sur la diversité de ses influences, puisant autant dans un hard rock festif que dans un metal aux consonnances progressives, ajoutant ci et là quelques touches plus FM voire électro (Moon, Rebirth). Puis arrive Hate for sale, premier morceau chanté, aussi enjoué que dansant et la machine est lancée. Fanalo s’est entouré d’une pléiade d’invités aussi prestigieux que Jeff Scott Soto, Ron Thal ou encore notre Butcho national et nous offre 10 titres que ne renierait aucun groupe américain. Doté d’une production parfaite, le résultat est bluffant de bout en bout. Un vrai must!

AMON SETHIS: Part III – Dawn of an apocalyptic world

France, Metal progressif (Autoproduction, 2025)

Epique, progressif, agressif et lourd. Après nous avoir proposé un flashback historique avec Part 0 – The queen with golden hair en 2020, nos égyptologues préférés d’Amon Sethis reviennent à la charge avec Part III – Dawn of an apocalyptic world. Toujours axé autour de l’histoire de l’Egypte antique, plus précisément des 6ème et 7ème dynasties, Amon Sethis parvient à recréer des ambiances aussi épiques avec des envolées pharaoniques et lourdes comme une marche d’esclaves. La force d’Amon Sethis, c’est cette capacité à proposer une variété de styles qui tous s’unissent dans une même quête, celle de transmettre cette histoire qui fascine tout autant qu’elle reste méconnue. Les arrangements, s’ils se perdent parfois dans une complexité propre au genre, font passer l’auditeur de l’ensoleillement à la noirceur, de la douceur orientale à la brutalité d’une marche forcée. Construit comme un véritable conte auquel participent plusieurs invités qui ont leur propre rôle, Dawn of an apocalyptic world, s’il manque encore de ce petit truc qui ferait la différence, s’écoute avec bonheur et curiosité et, pour les amateurs du groupe, s’intègre parfaitement dans la continuité discographique des Français. une belle œuvre, ambitieuse et très bien produite – avec un nécessaire livret explicatif et joliment illustré – qui sort de ce qui nous est habituellement proposé, et est donc à soutenir.

TUNGS10: Chronicles of the living

France, Indus (Indus, 2025)

A ma connaissance, les Français de Tungs10 n’ont rien publié depuis The lost manuscript, album paru en 2019. Six années ou presque se sont donc écoulées, dont un passage au travers d’une crise sanitaire qui, elle commence à dater et ne peut donc plus être une excuse valable. On pourrait aisément imaginer que ce temps puisse avoir été mis à profit pour concocter un album puissant et efficace. La pochette, premier contact avec Chronicles of the living, donne une première bonne impression. Simple et élégante, elle donne enviie d’explorer cet album. Sans surprise, Tungs10 continue sur la voie du metal industriel avec des riffs épileptiques et saccadés. Cependant, plus personne ne sera surpris par le mélange de voix claire, douce et plus brutale de Madeleine Kowalczyk et de son compère guitariste Cédric Andreolli, tous deux soutenus par une rythmique quelque peu déjantée (Sébastien Morvan à la basse et Charles Peureux à la batterie) et les guitares déterminées de Pierre-Yves Jaouen. Seulement, voilà: la production souffre d’un manque de rondeurs et d’ampleur donnant une impression de « trop vite fait »… Dommage, vraiment.

FIND MY NAME: Syndromes

France, Metalcore (Ep, Autoproduction, 2024)

Quatre ans après un premier Ep, les Franciliens de Find My Name sont revenus fin 2024 avec Syndromes, un nouveau court qui vient confirmer leurs appétences pour le Metalcore. Tout au long des 5 titres, le groupe surfe sur les terrains chers à Linkin’ Park ou Lamb Of God. C’est brutal et direct, et l’alternance de chant hurlé et plus doux, masculin enragé et féminin plein de tendresse apporte un contraste qui interpelle. Bardés de riffs nerveux, les morceaux explorent aussi bien le neo que le death metal et lorgne même parfois du coté du thrash. Malgré la variété de cet Ep et malgré une réelle volonté de bien faire, Find My Name semble peiner à trouver le petit truc qui le démarquerait du reste de cette scène (très) encombrée. Syndromes est certes bien fichu et sait se faire entrainant sans toutefois se parvenir à se distinguer véritablement. Sans doute y a-t-il là un objectif à se fixer: trouver sa réelle identité sonore.

SILICIUM: Apocalyptic scheme

France, Groove metal (Autoproduction, 2024)

Ils le disent eux-mêmes, mais peut-on vraiment parler de « reformation » en ce qui concerne les Bordelais de Silicium? Lancé vers 2005, le groupe a publié un premier Ep en 2008, Linked to the machine, avant de disparaitre… pour revenir en 2022 avec un line up plus que remanié. Aujourd’hui Guillaume Roget (guitare), le seul membre originel de Silicium s’est adjoint les services de son frère Maxime (guitare, Droste), Arthur Nouhaud (chant, Albercave), Thomas Darracq (basse, Theorem) et Antoine Fourré (batterie, Ex-Exocrine). Sous cette forme, le groupe compose Apocalyptic scheme, un nouvel Ep de 5 titres tous aussi furrieux et enragés que groovy comme il faut. Le chant enragé propose un mix entre hardcore et death metal, soutenu par des riffs tranchants et une basse groovy qui apporte un peu de rondeurs à l’ensemble. Car au-delà des grognements d’Arthur, Silicium varie les tempi offrant ainsi une jolie palette de couleurs à l’ensemble. Loin de ne faire que bourriner, Silicium propose une musique puissante qui sait proposer des temps de repos rendant l’ensemble très efficace. A quand la suite?

NEXT DEED: The soldier – act 1

Luxembourg, (Heavy) Rock (Autoproduction, 2024

Arrivant tout droit du Luxembourg – le pays (plus connu pour ses banques que pour ses musiciens heavy), pas le jardin parisien (qui abrite le Sénat…) – Next Deed s’est formé en 2021 par la guitariste/choriste Sue Scarano et le batteur Lou Metz qui se sont adjoint les services de Kevin Roy (guitare), Romain Haas (basse) et Alain Hertges (chant). Le groupe a déjà publié un Ep en 2023, New beginnings et revient aux affaires avec The soldier – act 1, un Ep de 5 titres. « Act 1 » car il s’agit du premier de cinq volets consacrés de l’oeuvre de Georg Büchner, Woyzeck datant de 1836. Le groupe veut « explorer la maladie mentale, les relations interpersonnelles et les ressentiments à travers le regard de ses divers personnages ». Next Deed propose un rock heavy et entrainant, plus enjoué que les sujets traités, qui lorgne parfois du côté légèrement progressif du genre. Si le chant manque parfois un peu de rondeurs et de conviction, voire de justesse, la variété des styles approchés rend l’ensemble plaisant sans pour autant révolutionner le genre. Des riffs tranchants et des harmonies léchées sur fond de rythmiques efficaces donnent envie d’aller plus loin. Le format Ep donne la possibilité de proposer des nouveautés régulières, alors une question se pose: à quand l’acte 2?

UNCUT: Space cowboys

France, Stoner (Autoproduction, 2024)

Uncut s’est formé en 2016 dans la région poitevine et propose rapidement un rock qui se veut déjanté et qui cherche à mélanger le blues US au rock grungy des 90’s. Après avoir tourné avec Klone en 2019, le trio composé de chanteur et guitariste (« baritone guitar ») Alexy Sertillange, du guitariste Enzo Alfano et du batteur Pablo Fathi publie un premier album, Blue , en 2020 et revient aujourd’hui avec un Space cowboys quelque peu allumé. Sur fond de rythmes puissants et parfois oppressant, le groupe s’enfonce dans une forme de stoner rock avec des titres souvent allumés. Des riffs et rythmes inspirés par Black Sabbath côtoient des parties instrumentales plus directes et souvent étranges, des parties qui explorent de nombreuses possibilités. Agressifs et lourds, les morceaux souffrent cependant de ce que je considère comme deux faiblesses: un anglais difficilement compréhensible si on n’a pas le livret sous les yeux et trop de complexité dans les constructions. Et en voulant trop explorer et emprunter des chemins tortueux, Uncut m’a égaré… Le trio est soutenu par la Klonosphère, tant mieux, car le collectif a toujours été de bon conseil. Il faut en profiter. Je retenterai de mon côté plus tard…