Quand on choisi pour patronyme Bomber, impossible pour l’amateur de ne pas penser à Motörhead. La promesse est belle tant le groupe de Lemmy a eu – et a encore – une influence déterminante dans l’univers du metal. Le groupe fut formé à Lille en 2013 et a déjà proposé un premier album, Sommation, en 2018. En 2023, alors en plein enregistrement de son nouvel album, Bomber voit Hugo Belval, son bassiste d’alors, quitter le projet. Il est rapidement remplacé par Léo Vuylsteker qui rejoint ainsi le guitariste/chanteur (« hurleur enragé » même) Jürgen Wattiez, le guitariste Vianney d’Alessandro et le batteur Romain Iricio. C’est ce line-up qui finalise l’enregistrement et nous propose aujourd’hui l’explosif Cages and windows. Alors, on passera sur l’anglais à ch..r pour mieux se concentrer sur le propos musical qui lui cartonne sévèrement! Autant influencé par le thrash de la Bay Area des incontournables Slayer/Metallica/Exodus que celui plus moderne et destructeur de Nuclear Assault ou Sepultura ou que par le hardcore new-yokais de Cro-Mags ou Agnostic Front, le quatuor nous propose 11 titres aussi directs qu’efficace. Oh, cette batterie à la « Dave Lombardo meets Phil Taylor« , oh, ces riffs tranchants à la « Kirk Hammett visits Kerry King« ! Et que dire de cette saine et libératrice brutalité qui sait également puiser un peu de calme reposant auprès des géants du heavy metal 80’s, Motörhead ou Priest en tête. Bomber parvient à mixer l’ensemble de ses influences pour offrir un résultat d’une redoutable et explosive efficacité. « Somme heads are gonna roll », chantait Halford? Des nuques vont aussi se briser ! Cages and windows est sans conteste la première grosse claque de cette année 2025.
Formé en 2007 du côté d’Antwerp, nos voisin belges d’Objector ont déjà un album à leur actif, Social intolerance paru en 2018. Six ans après (encore des pas pressés de proposer des nouveautés…) et sans doute après quelques modifications du line-up d’origine, les thrashers se rappellent à notre bon souvenir avec un Ep aussi court que brutal. Une fois l’intro passée (qui nous apprend, attention, exclusivité!, que Bock, guitariste et chanteur veut mâcher du bubble gum), Slave new world est une explosion de colère non contenue qui évoque tout au long des 4 titres le thrash le plus vindicatif de la Bay Area. On pense naturellement à Exodus, Death Angel ou encore Slayer – cette batterie explosive à la Dave Lombardo! – mais également à Tankard, compatriotes d’Objector aussi férus de thrash que d’humour potache (et de bière, « occasionnellement ») – on appréciera les chaussettes claquettes au verso du cd… Que du bon goût! Musicalement, cependant, rien à redire: les guitares charcutent à tous les étages autant que la voix hurle sa colère sur fond de rythmiques qui pilonne un champ de bataille. C’est direct, franc du collier, dans ta face et ça décrasse quelque peu les oreilles. Une bonne claque pour se réveiller en douceur…
Interview Death Decline. Entretien avec Fab (guitare) le 25 octobre 2024
Nous allons parler de votre nouvel album, Patterns of an imminent collapse. Mais d’abord, commençons avec ceci pour les observateurs : il s’agit de votre quatrième album – sortis en 2015, 2018, 2021 et cette année. Un album tous les 3 ans donc. C’est un rythme que vous vous êtes donné ?
Ouais, exactement (rires) ! Non, pas du tout, c’est surtout lié au rythme auquel on parvient à produire les albums, le temps qu’il nous faut pour composer assez de titres. C’est le rythme qu’on arrive à assurer plutôt qu’un « plan ». Toujours est-il qu’on essaye d’être régulièrement présent et d’avoir toujours quelque chose à proposer, de ne pas se faire oublier trop longtemps de manière à rester dans la tête des gens…
Trois ans, même si c’est un peu long, ça reste un rythme qui permet aux gens de savoir quand attendre de la nouveauté…
Après, comme tu le dis, nos quatre albums sont sortis avec ce délai, mais ce n’est pas quelque chose à quoi on tient particulièrement. Peut-être que vous aurez des surprises à l’avenir…
Que peux-tu nous dire au sujet de ce nouvel album pour nous convaincre d’aller l’acheter ?
Si tu aimes le thrash moderne avec une pointe de death metal, avec un son bien catchy et puissant… Eh bien, écoutes : cet album peut te plaire… Ça décrit un peu cet album.
C’est vrai que vous êtes dans une veine thrash très costaud, plus proche même du death. Tu aurais d’autres termes à utiliser pour décrire votre musique à quelqu’un qui ne vous connait pas ? Quand j’écoute cet album, ce n’est pas que du « bourrinage », il y a des aspects un peu plus… « mélodiques » …
Tu peux le dire, on a toujours incorporé dans nos albums des éléments qui peuvent être taxés de « mélodiques ». En soit, ce n’est pas une insulte. On tient toujours à amener ce côté, ça fait partie du son de Death Decline d’apporter des riffs mélodiques et des passages plus cools. Le but, ça n’a jamais été de proposer des albums qui bourrinent du début à la fin… Ce ne sera jamais dans l’optique du groupe, et comme tu le dis, il y a encore sur cet album pas mal de passages mélodiques qui alimentent des moments plus durs, pour les mettre aux standards de Death Decline.
Comment analyses-tu l’évolution de Death Decline entre A silent path, votre album précédent, et Patterns of an imminent collapse ?
Entre les deux, je pense que nous avons une évolution assez constante et logique. On ne force pas les choses, ça se passe assez inconsciemment. On a du mal à analyser les choses de manière plus techniques, on compose comme on le sent, pas en pensant à un moule ou un style musical en particulier. A partir du moment où on aime bien un riff, on compose un morceau à partir de ce riff. Ça amène des palettes vocales différentes, en fonction des morceaux et des sujets qu’on traite. C’est quelque chose d’assez naturel… Au niveau sonore, aussi, on a encore évolué un peu. C’est vrai que l’album peut paraitre plus direct et en même temps plus mélodique… En tout cas, on est totalement satisfait de l’évolution du groupe et de ce nouvel album.
Il y a un certain équilibre puisque le groupe n’a pas changé de line up ces trois dernières années. En revanche, The silent path est sorti en pleine crise sanitaire qui peut avoir eu un impact. Cette dernière a-t-elle eu un impact sur votre façon de faire ?
Je ne pense pas, pas dans les titres qu’on compose… Je pense plus dans notre méthode de travail et de composition : on avait dû s’adapter à l’époque et on a conserver certaines façons de faire. On s’est rendu compte qu’il y avait des choses qu’on avait mises en place pour The silent path qui fonctionnait plutôt pas mal – entre autres le fait de travailler les préproductions chez nous, bien avant l’album, chose qu’on ne faisait pas sur les deux premiers albums. On s’est un peu formés sur le sujet, on a investi dans du matériel pour faire des préprods chez nous et ça nous apporte quelque chose qu’on n’avait pas avant : une idée plus précise de comment el morceau va sonner avant d’entrer en studio.
Quels sont les sujets dont vous traitez ? Un titre comme celui de cet album (Les signes d’une chute imminente) c’est très positif, très enthousiasmant comme notion…
(Rires) Ben, écoute, j’ai envie de te dire qu’on ne fait pas du funk non plus (rires) ! Les sujets qu’on abordent ? Globalement les comportements humains, dans leurs mauvais côtés… Ça peut être au niveau social, écologique, des sentiments… On brosse un portrait qui peut paraitre pessimiste, nous, on a plutôt l’impression qu’il est réaliste. Comme je sais qu’Alexis, au chant, a tendance à écrire des paroles pour quelles soient libres d’interprétation pour l’auditeur. Il va composer se paroles d’une manière ouverte à l’interprétation.
Y a-t-il des thèmes qui selon toi, selon le groupe, n’ont absolument pas leur place dans Death Decline ?
Je pense que pour traiter d’un sujet il faut déjà qu’on soit tous à peu près raccord pour le traiter. On est plutôt ouverts à parler de tout, il n’y a pas de tabou. Je n’ai pas un sujet en tête qu’on n’évoquerait pas… On n’évoquera pas frontalement la politique. On n’est pas apolitique mais on ne donnera pas notre avis, ce n’est pas la vocation du groupe. Ce n’est pas le propos du groupe de partager des opinions politiques.
On parle de la pochette un peu ?
Oui…
Je pense que personne n’a dû vous le dire, mais elle m’évoque un peu celle de Quadra de Sepultura, surtout le verso qui représente un crane. Il y avait une volonté de faire un clin d’œil à Sepultura ?
Alors, vu que Sepultura a annoncé sa fin de carrière après ce dernier album, c’était purement volontaire pour prendre leur place sur la scène internationale (rires) !
L’ambition est là, claire et précise !
Tu parles au futur Andreas Kisser (rires !) Non, non, pas du tout ! On a déjà dit à Alexis, notre chanteur, qu’il ressemble à Max Cavalera, ça reste raccord ! Plus sérieusement, on reste clients et fans de Sepultura mais on n’a pas pensé à cet album au moment de faire faire l’artwork par Stan W. Decker, qui s’occupe de nos pochettes depuis le premier album. L’idée, c’était d’avoir quelque chose de thématique, une sorte d’écusson, une plaque de marbre… Quelque chose de frontal, un emblème… On n’avait pas, au départ, évoqué la pièce de monnaie mais ça rentrait dans les codes. Quand Stan nous a proposé cet artwork, on l’a trouvé tellement efficace qu’on est resté dessus, on n’a pas changé. On se doutait bien que le rapport avec Sepultura se ferait mais il n’y avait pas une volonté de s’influencer d’eux…
Surtout que le personnage que l’on voit de profil est identique à celui de The silent path – j en’ai pas les autres pochettes sous les yeux. C’est une sorte de mascotte ce personnage cornu ?
Oui, si tu regardes les deux premiers albums, tu verras qu’il est également présent, de façon plus humaine, plus… distinct. Sur The silent path, il est plus comme une statue, une divinité qui s’élèverait au-dessus des hommes. C’est un peu une mascotte et c’est une volonté de notre part de conserver ce personnage avec des cornes qui peut apparaitre sous plusieurs formes. C’est quelque chose d’assez classique sur la scène metal que d’avoir un personnage récurent qui apporte une identité visuelle.
Au verso, à la place du cou, il y a une sorte de mappe monde qui est, j’imagine, en lien avec le titre de l’album…
Euh, ouais… alors là, si tu veux… On a donné toute notre confiance à Stan qui a travaillé de concert avec Alexis pour créer toute une identité visuelle qui comme vraiment aux sujets abordés.
Si tu devais ne retenir qu’un titre de ce nouvel album pour expliquer aux gens ce qu’est aujourd’hui Death Decline, ce serait lequel ?
Elle n’est pas facile, ta question, parce que l’album a été composé pour que chaque morceau soit complémentaire, du coup, chaque morceau apporte quelque chose au spectre sonore de Death Decline et de cet album… C’est vrai que ce n’est pas une question facile…
Tu as 5’ pour me convaincre d’écouter le reste de l’album…
(Rires) Alors, sur Towards void and oblivion tu trouves beaucoup d’éléments qu’on aime développer : de la mélodie, des changements de rythmes, d’ambiances, des riffs thrashy bien rentre dedans… C’est un morceau qui est catchy, brutal, en même temps mélodique et incisif. Je pense qu’il représente plutôt bien ce qu’on est capables de faire… Sinon, tu as aussi un morceau comme…
Non, non ! Je n’en ai demandé qu’un ! Ne cherchez pas à négocier, Monsieur, ça ne marche pas ici !
(Rires) Alors Towards fera l’affaire !
Quels sont les 5 albums que tu as le plus « bouffés », usés jusqu’à la corde dans ta vie ?
Il y aura, concrètement, en premier lieu Ride the lightning de Metallica – ça reste mon album fétiche tous groupes confondus – Il y a aussi Bonded by blood d’Exodus…
On est dans les origines du thrash…
Ouais, exactement. Je suis plutôt fan de thrash, on va dire que c’est moi, le « parrain thrash » du groupe… Ensuite, il y a Defenders of the faith de Judas Priest. Après, qu’est-ce qu’il pourrait y avoir ? Le premier Led Zeppelin ? Oui, carrément… Il y a aussi… Leprosy de Death, et sans doute Killers d’Iron Maiden que j’ai énormément écouté étant jeune…
Ça en fait six…
Ouais, ben… tu choisiras (rires) !
Monsieur est dans la négociation aujourd’hui ! On le sait, un groupe de rock en France, d’autant moins de metal et encore moins dans votre style, ne vit pas de sa musique, ou très rarement. Quelles sont vos autres activités dans vos autres vies ?
Moi, je suis électricien du bâtiment, Alexis est chef cuistot, il tient une cave à bières et une taverne rock/metal sur Châlons sur Saône. Alex, à la basse, est mécanicien de formation, Jordan, à la guitare, est informaticien, et Arnaud, notre batteur, est pour l’instant ouvrier viticole.
Vous avez des concerts prévus pour les mois à venir ?
Là, on a pas mal enchainé… On était le week end dernier à Martigues pour une super date, on a fait la Vapeur à Dijon, le Ferrailleur à Nantes pour la release party… On bosse d’arrache-pied pour composer une tournée digne de ce nom pour 2025… Vous allez pouvoir nous voir aux quatre coins de la France en 2025 !
Il n’y a pas que les coins, en France, il y a tout l’intérieur ! Moi, je suis carrément dans le Centre…
Tu veux qu’on joue où, du coup ?
Je suis à Orléans.
Ça fait partie des villes qu’on essaye de faire depuis un moment. Ça devrait se faire…
Pour terminer, si tu devais penser à une devise pour Death Decline, ce serait quoi ?
Je ne sais pas… C’est peut-être classique mais je dirai « Strike hard, strike fast »
Interview Bone Ripper. Entretien avec WD Glashouwer (chant). Propos recueillis par Zoom le 10 octobre 2024.
Comme c’est la première fois que nous échangeons, peux-tu me raconter l’histoire de Bone Ripper ? D’où venez-vous, quand vous êtes-vous formés, pour quelle raison ?
WD : Beaucoup de questions ! Nous venons du nord des Pays-Bas, nous sommes originaires de Harlingen. Bone Ripper est né il y a maintenant deux ans, mais le groupe n’est pas si jeune que ça. Nous faisions partie d’un groupe avant, Manu Armata, un groupe hardcore qui a démarré en 2007. Le groupe était composé de 4 personnes – un batteur, un bassiste, un guitariste et moi au chant. Le guitariste a décidé d’arrêter et on s’est demandé si on cherchait un autre guitariste pour continuer avec Manu Armata ou si on décidait de laisser tomber le groupe pour faire autre chose… Ce que nous avons décidé, c’est d’intégrer deux nouveaux guitaristes, il y a toujours le batteur, le bassiste et le chanteur d’origine. Pour nous, il s’agissait d’une nouvelle opportunité puisque nous avions passés 15 ans avec seulement un guitariste, nous avions développé une certaine forme de hardcore et là, nous avons eu l’occasion de faire les choses… pas différemment, mais avec plus de possibilités puisque nous avons choisi de travailler avec deux guitaristes. On peut explorer d’autres horizons. Aussi, le guitariste de Manu Armata était un membre fondateur, alors on a décidé de ne pas continuer sous ce nom. On ne veut pas finir comme ces groupes qui n’ont plus qu’un membre original et continuent d’utiliser le même nom. Donc, on a choisi de devenir Bone Ripper. Le groupe n’a certes que 2 ans d’existence mais dans la réalité, nous avons près de 17 ans d’expérience !
Comment décrirais-tu la musique de Bone Ripper ?
Nous, on appelle ça du hardcore metallique ! C’est toujours du hardcore mais il y a plus d’éléments, d’influences metal, comme les riffs de guitares, la double grosse caisse… Avant, on était plus dans l’esprit direct des groupes de hardcore new-yorkais.
Quand j’ai écouté votre album, j’ai perçu beaucoup d’influences thrash, Exodus, Metallica, Slayer, tout ce metal de la Bay Area mélangé au hardcore…
Oui, je vois ce que tu veux dire. Je pense que pour beaucoup de ces groupes, le chanteur a une influence sur le genre. Je suis un chanteur hardcore, et j’ai le sentiment d’avoir un certain flow, je cherche des airs sur lesquels le public peut chanter avec nous, on fait souvent ça dans le hardcore. Si tu écoutes le metal plus classique, il y a plus de cris, moins « d’hymnes ». C’est une chose fondamentale dans le hardcore. Notre guitariste vient du metal, et je pense qu’il est très inspiré par ces groupes de thrash old school, comme il est attiré par des groupes plus modernes, bien sûr. Il y a une vraie combinaison de tout ça chez nous, et j’entends souvent les gens me le dire. Je ne peux le nier, il y a des influences thrash. Mais, tu sais, pour moi, il est toujours difficile de placer une étiquette sur ta musique.
C’est en tout cas de l’énergie pure. Cet album est rapide, puissant, énergique et direct. Il dure à peine 25’.
Je sais ! Il y a beaucoup d’albums metal avec de chansons qui durent 5 ou 6’. Dans le hardcore, on peut même avoir des titres qui ne durent qu’un ou deux minutes (rires) ! L’album n’est pas long mais il dure selon moi juste ce qu’il faut.
La première fois que je l’ai écouté, j’en attendais plus. Je me suis dit : « quoi ? Déjà fini ? » J’en voulais plus !
C’est plutôt un bon signe, non ? Je veux quitter les gens quand ils en veulent un peu plus. Je l’ai vécu aussi, il y a des disques dont tu voudrais entendre plus de choses. Mais il y a aussi ceux où, après six ou sept chansons, tu décroches. Il y a tant d’album avec, quoi ? Huit chansons, plus une intro, un interlude, donc il y a dix titres mais seulement huit chansons. Les gens, quand ils aiment, ils en veulent toujours plus, et c’est toujours bon à entendre.
D’après ce que je sais, il y a 3 frères dans le groupe.
C’est exact, oui.
Comment travaillez-vous ensemble ?
Ça va tout seul. Visiblement, je suis un de ces frères (rires) ! L’un des guitaristes est mon frère, et le batteur est mon plus jeune frère. Il était également l’un des fondateurs de Manu Armata, donc je jouais déjà avec lui depuis 15 ans. Avec mon autre frère, je jouais dans un autre groupe en tant que bassiste quelques années. Tu sais, quand il y a ce genre de fratrie, on écoute souvent le même genre de musique, on fait partie de groupes. On n’a jamais vraiment eu l’occasion de faire quelque chose ensemble alors on s’est dit que ça pouvait être l’occasion de pouvoir, enfin, jouer ensemble entre frères ; Le truc marrant, c’est que le guitariste qui a quitté Manu Armata est revenu un an plus tard, a réintégré le groupe parce que le guitariste qui jouait dans Bone Ripper avec mon frère a fait un burn-out et il ne pouvait plus continuer. Donc j’ai demandé à notre ancien guitariste… Tu sais, j’ai bossé avec lui dans deux ou trois groupes, on a commencé ensemble quand j’avais 13 ans, j’en ai aujourd’hui 44… On fait de la musique ensemble depuis près de 30 ans et, en fait, c’est un peu comme si lui aussi était un autre de mes frères.
C’est donc plus une fratrie qu’une dictature, Bone Ripper…
Exactement. Il n’y a pas le big boss du groupe. Quelqu’un doit s’occuper du business et tout le monde suit. Mais si quelqu’un n’est pas d’accord, nous en discutons. Il n’y a jamais de clash, ça marche très bien comme ça.
Un groupe de rock, est aussi destiné à jouer sur scène. Quelle est la situation de Bone Ripper de ce point de vue ? Est-ce que le nom de Bone Ripper a fait son trou et avez-vous la possibilité de donner des concerts et quels types de shows donnez-vous ?
Manu Armata était un nom assez connu sur la scène métal des Pays Bas, on a aussi beaucoup joué en Europe. Maintenant, ce n’est pas comme si on l’avait simplement remplacé, mais c’est plus facile pour nous, en tant que groupe, de ne pas avoir à tout recommencer et jouer dans des pubs ou au bar du coin de la rue devant trois personnes. Non, ça a plus été : « oh, ils ont un nouveau groupe ? Qu’ils viennent jouer ici ! » Ça a donc été relativement plus facile, et on a déjà donné beaucoup de concerts par ici, dont des festivals, mais aussi en Allemagne… Les gens commencent à citer le nom de Bone Ripper grâce à ces concerts.
Avec un album qui ne dure que 25’, j’imagine que vous intégrez aussi quelques titres de Manu Armata dans vos sets ?
Non, non ! En fait, si, on en joue un (rires) ! Mais c’est juste parce que l’ancien guitariste est revenu. En gros, ce que nous sommes aujourd’hui, c’est Manu Armata avec un guitariste de plus ! Lorsqu’il est revenu, nous avons décidé d’intégrer une chanson de notre ancien groupe. Mais nous avons aussi sorti l’an dernier, en janvier, un Ep de 6 titres, donc on a celles-ci et le 8 titres de l’album. Quand on s’est lancé dans l’aventure Bone Ripper, nous devions nous assurer d’avoir suffisamment de nouveau matériel pour pouvoir donner des concerts. Nous ne voulions pas nous retrouver en studio de répètes pendant deux ans avant de pouvoir jouer. Quand on a commencé, on avait déjà des chansons composées et on a décidé de faire un Ep qui permettait aux gens de découvrir le groupe avant de venir en concert. On a immédiatement commencé à travailler sur notre album, World ablaze, immédiatement après.
De quoi traitent les paroles de l’album ? Son titre est déjà très explicite…
Je parle de beaucoup de choses… Le titre de l’album est, comme tu le dis, un message en soi. Les guerres qu’il y a dans le monde, les politiques de droites qui montent partout, le réchauffement climatique, la discrimination… Je travaille ces thèmes individuellement et il y a une autre partie de mes paroles qui sont assez négatives mais je ne veux pas que les gens ne voient que le côté négatif. Alors j’écris aussi des textes au sujet de victoires dans nos vies, de victoires dans nos combats, face à l’adversité. Ce ne sont que des choses que je vis et rencontre, des évènements qui se produisent autour de moi, dans le monde…
Y a-t-il des paroles ou des thèmes qui n’ont pas leur place chez Bone Ripper ?
Non, je ne crois pas. J’écris sur des thèmes qui me concernent. Je n’évite rien, je ne me dis pas que je ne peux aborder tel sujet… J’écris avec mon cœur.
Et les autres membres du groupe, de cette fratrie, ont-ils un mot à dire s’ils ne sont pas d’accord avec les paroles ?
Oui, bien sûr, s’ils ne sont pas d’accord, on peut en parler. Mais jusqu’à présent, ils sont d’accord avec ce que j’écris. Aussi, lorsque j’écris, on se retrouve et je leur explique le thème, ce que les paroles signifient pour moi, le pourquoi et le comment de ce texte. Tu sais, on est 5 dans ce groupe et chacun, naturellement, a son opinion. Nous allons cependant dans le même sens, ce n’est pas comme si dans le groupe il y avait quelqu’un d’extrême droite et quelqu’un d’extrême gauche. Il y a des perceptions différentes, mais on a des idées communes à la base. Depuis tout ce temps, ils me connaissent et savent ce que je pense. Bien sûr, si je commençais à écrire des texte sur la suprématie blanche, ils me demanderaient tous « mais c’est quoi cette merde ? » (rires) !
Pour quelqu’un qui ne vous connait pas, si tu devais ne retenir qu’un seul titre de World ablaze pour expliquer ce qu’est Bone Ripper aujourd’hui, ce serait lequel ? Celui qui vous représente le plus.
Je pense que ce serait Fear of death. Il y a tous les éléments musicaux qu’on trouve chez nous, et, en ce qui concerne les paroles, elles semblent sombres mais dans l’ensemble c’est une chanson assez positive. L’un dans l’autre, c’est un choix qui montre ce qu’on cherche à faire la plupart du temps.
Je ne connais pas la situation musicale aux Pays-Bas excepté pour certains groupes. Vous vivez de votre musique ou avez-vous d’autres métiers à côté ?
Bien sûr, on travaille à côté. Personnellement, j’ai un studio d’enregistrement à côté, c’est ma principale source de revenus, mon occupation principale. Les autres ont aussi un travail régulier. Notre batteur est graphic designer, il travaille pour une agence marketing, il réalise des logos et des sites web. Eric, notre guitariste, travaille pour une entreprise qui fabrique des gros appareils frigorifiques. Mon frère, l’autre guitariste est un manager pour une industrie agro-alimentaire, des produits laitiers…Le bassiste fait différentes choses : on partage le studio d’enregistrement, il fait aussi du commerce en ligne dans la fabrication de mobilier en bois, et il travaille en free-lance pour une entreprise qui fabrique des gobelets en plastique, ceux que tu trouves en festivals. C’est une entreprise qui collabore avec la plupart des grandes équipes de foot aux Pays-Bas et de grands festivals.
Quels sont maintenant les 5 albums que tu as le plus écoutés dans ta vie ?
Waow ! Pour moi, tout a commencé avec Madball, Demonstrating my style. Un autre album qui m’a beaucoup influencé, c’est In this defiance de Strife. Ensuite… j’écoute beaucoup de hardcore des 90’s, mais ces 2 dernières années j’ai vraiment craqué pour Straight From The Path, Lionheart est aussi un des groupes que j’apprécie. Comme je fais beaucoup de production, j’écoute beaucoup d’albums dont j’aime le son. Oh, c’est une question difficile (rires) !
Je l’aime bien ! Retourne dans ton passé, c’est là qu’on les trouve généralement…
Oui… Il y a bien les premiers albums de Terror… Hatebreed, aussi, j’écoute beaucoup Hatebreed. Mais j’écoute aussi beaucoup de punk et de skate punk… Maintenant, le plus important pour moi reste Madball, c’est le groupe qui m’a donné envie de me lancer.
Quels sont les projets de Bone Ripper pour 2025 ?
Le principal, comme toujours, c’est de pouvoir donner de bons concerts et rencontrer des gens. Nous sommes 5 avec chacun des obligations, ce qui nous empêche d’organiser une grande tournée. Mais pour 2025, on voudrait faire quelques festivals, ce qui est en cours, et on voudrait aussi pouvoir tourner en Allemagne, au Danemark, un peu plus à l’étranger, un ou deux week-ends.
Vous avez signé avec une agence de booking ?
Non… Manu Armata avait signé avec un label français je crois, mais avec Bone Ripper, nous avons décidé de tout faire nous-mêmes. Nous avons simplement recruté Mike (Mikede Coene, Hard Life Promotion) pour s’occuper des relation médias pour nous. Pour le reste, c’est nous qui faisons tout.
As-tu quelque chose à rajouter ?
Non, merci pour cette interview, c’était une conversation sympa. J’invite simplement les gens à écouter notre album – on peut le trouver sur Spotify…
Et achetez l’album !
Oui, achetez-le, mais si vous ne le pouvez pas, écoutez-le sur Spotify, ça nous rapportera 0,0001 euro. Si les gens apprécient l’album, c’est le principal. Si vous pouvez venir nous voir en concert, si vous pouvez nous booker pour un concert aussi, nous serons là !
Ils ne sont pas là pour rigoler, nos amis allemands de Exa! Dès les premières mesures de Return to madness, les Berlinois nous font entrer dans leur boucherie sanglante. Le riff est tranchant autant que rapide et précis, le chant rugueux et la rythmique martèle sans relâche. On pense immédiatement à une rencontre entre Slayer, Exodus et Testament pour les (une partie des) influences d’outre-Atlantique, et à Sodom ou Kreator, grands pourvoyeurs et défenseurs du thrash teuton. Exa sait cependant varier ses plaisirs – et le notre – en proposant des titres aux tempi variés, et cette alternance permet de ne pas fatiguer l’auditeur trop rapidement. Formé au lycée en 2016, le groupe sort Ignite en 2018, Ep leur valant d’être élu meilleur espoir par les lecteurs de Metal Hammer et lui donnant par la suite l’opportunité d’enregistrer un premier album, Cut the past. Aujourd’hui composé du guitariste chanteur Tom Tschering du guitariste rythmique Johannes Lortz, du bassiste Tamino Bosse et du batteur Leon Pester (aucun lien familial connu avec notre Lorie nationale !) Exa démontre, et avec quel brio, sa maitrise et son amour du thrash old school. La production sans faille est moderne tout en rendant hommage à l’esprit conquérant 80’s, Exa apportant sa personnalité (une basse slappée dans le thrash, pas si fréquent, hein?) Le sérieux du groupe lui a permis de signer avec un tourneur en 2023. Espérons que ce dernier permette au quatuor de franchir les frontières afin de nous rendre visite. Un espoir à prendre très au sérieux. EN tous cas, la relève est assurée!
Amis mélomanes amateurs de douces harmonies, laissez moi, je vous prie, cordialement vous inviter à passer votre chemin. Car en à peine 25′, les Néerlandais de Bone Ripper – un nom parfaitement adapté – parviennent à transformer votre salon en antre des enfers. Comment ça tabasse sévère! Composé de 10 titres ravageurs, World ablaze a tous les ingrédients pour briser des nuques: des titres expéditifs – pas un n’atteint les 3′ – savamment brutaux et entrainants à la fois, un chant rugueux et rageur, des riffs qui cisaillent et taillent dans le gras… Si le groupe des frères Glashouwer (WD au chant, Jeljer à la guitare et Kees-Jan à la batterie) se définit comme hardcore, les références au thrash des vieux jours sont omniprésentes et parfaitement intégrées. On pense en effet à plus d’une reprise à Slayer (cette batterie à la Dave Lombardo!), Testament , Death Angel ou encore Exodus. L’album laisse l’auditeur exsangue… et on en redemande, un peu frustrés par cette fin qui arrive aussi brutalement que les morceaux nous démontent la tête. Il va sans aucun doute falloir suivre de près ce groupe à qui on ne peut que souhaiter un avenir musical sanglant.
Interview Eight Sins. Entretien avec Arnaud (guitare), Loic (chant) et Mike (basse) le 28 juin 2024 au Hellfest (Clisson)
Pour commencer, une question toute simple : quel est votre retour de votre prestation de ce matin ?
Arnaud : C’était… mortel…
Mike : C’était incroyable…
Loïc : On a ouvert la Warzone à 11 heures, et c’était… incroyable !
Vous avez réveillé la Warzone.
L : Exactement, on leur a mis un bon coup de trique ! Le public était mortel. Magnifique ! Une warzone pleine, donc…
A : Et un public fou, aussi ! Ils ont fait des doubles circle-pits… Merci le Hellfest, c’était incroyable !
Pour vous, c’est une expérience unique, alors ?
Tous : Ah, ouais, c’est sûr !
L : C’était les montagnes russes de l’émotion. Surtout à peine réveillés !
A : On s’est levés à 6 heures…
Vous n’êtes pas arrivés directement de Grenoble ?
A : Non, on est arrivés mercredi.
(A Loïc) : Comment tu as appelé Grenoble ?
L : « La cuvette de chiottes de la France ». Géographiquement, c’est une cuvette, on est entre les montagnes, donc, c’est notre petite blague, on l’appelle la « cuvette de chiottes » entre nous. Mais c’est des toilettes sèches parce qu’on a un maire écolo (rire général) !
Ceci étant, après cette belle presta, quels sont les retours que vous avez eu depuis la sortie, il y a quelques mois, de votre album, Straight to Namek ?
L : On s’était parlé au téléphone à ce moment, et on a eu de bons retours depuis. Le fait qu’on soit là aujourd’hui te prouve qu’il a plutôt tapé là où il fallait. On a plein de festivals prévus, ça bouge beaucoup… De beaux retours !
La suite de cet album est déjà en préparation ?
L : Bien sûr ! On a déjà des compositions prêtes, ça va arriver tranquillement. On y va tranquillement, à notre rythme, parce que ça ne sert à rien de se presser. Chi va piano va sano !
Quand on manie à ce point l’humour sur scène, comme vous l’avez fait ce matin, ça demande beaucoup de travail, de réflexion en amont ?
Mike : Là, tu sais à qui t’adresser (il désigne Loïc)…
Vous avez bien joué le jeu, aussi…
L : C’est mes potes ! On est vraiment un groupe d’amis !
M : On est bon public aussi !
L : C’est mon caractère, je suis quelqu’un de rebondissant, dans tous les sens du terme : rebondi et rebondissant ! Ils me laissent faire, je ne sais pas comment te dire : c’est pas un truc qu’on travaille plus que ça, c’est juste nous… Si on se recroise tout à l’heure, je te raconterai aussi plein de conneries, j’arrive pas à m’en empêcher. C’est peut-être une maladie (rires).
Et au boulot, ça donne quoi ?
L : Ben, heureusement que je fais du tatouage, parce que je peux rigoler avec mes clients. Mais si je devais travailler pour une banque… Je suis un calvaire pour ma collègue de travail – que je fais beaucoup rire et que j’embrasse. C’est compliqué de travailler dans la même salle que moi, mais on se débrouille.
Allez, quelques questions Hellfestives : si vous étiez chacun un animal, vous seriez quoi ?
L : J’aime bien ces questions chelou… Un pangolin. Un genre de pomme de pin mais qui bouge !
A : Et qui refourgue des virus !
L : C’est pas pour les virus, c’est parce que c’est le chainon manquant de la vie, le truc il est chelou. Moi aussi !
M : Comment tu m’appelles, Loïc ? Le suricate ? Parce que j’observe tout… Ça me faisait chier au début mais je crois que ça me va bien, en fait !
L : Il est là, sur son petit terrier… Il scrute…
A : Je sais pas, la bête du Gévaudan…
Un diable de Tasmanie…
L : Ouais, c’est plus un diable de Tasmanie, Arnaud ! En tout cas, c’est un animal !
Si vous étiez un roman ? On passe aux choses sérieuses…
L : Je vais pas te dire Roman Polanski, ça va m’attirer des ennuis…
M : Un Romans sur Isère !
L : Putain, il me l’a piquée ! On a un consortium d’humoristes ! Je crois que je serai un truc que j’ai lu quand j’étais gamin, sur les momies, qui m’avait passionné, je l’avais lu en une heure de temps. Sans doute Victor Hugo, je ne sais plus…
M : Je le dis sinon je vais oublier : je pense que je serai Bilbon le Hobbit.
L : Ouais, c’est un gars de la nature…
A : Tu vois sa barbe ? Il a la même aux pieds…
M : Je suis un peu Gandalf en version comique…
L (à Arnaud) : Et toi, quel roman ?
A : Moi ? Je sais pas lire, alors je ne peux pas répondre à cette question (rires)…
Là, c’est un peu plus dans l’esprit du groupe : si vous étiez un héros non pas de BD mais de manga ?
L : Ah, ça restreint mon choix, du coup !
M : Moi, je serai Vegeta, un personnage de Dragon Ball Z. L’anti héros, en fait…
L : Je serai aussi dans Dragon Ball, je serai Boo, parce que c’est le gars sympa, il mange tout, il est drôle… Et toi ?
A : One Piece, obligé : je serai Sanji.
Et si vous étiez un film ?
L (sans réfléchir) : je serai Priscilla, folle du désert. Mon film préféré pour les meilleures punchlines du monde ! C’est une histoire de transformistes sur les routes en Australie, et à chaque fois qu’ils ouvrent la bouche, c’est pour recaler quelqu’un. C’est phénoménal ! Du talent à l’état pur.
A : Jurassic parc. Ca m’a tellement marqué quand j’étais gosse…
L : Depuis, il a un kif sur les reptiles…
M : Moi, je serai l’alarme fatale, la parodie de L’arme fatale. Incompréhensible et drôle à la fois.
Si vous étiez un plat alimentaire ?
L : Oh, putain…
A : Un tajine ?
L : Non, pas un tajine, c’est pas mon truc… Ce que je préfère, c’est les ribs. Je dis ça, parce qu’on les voit pas mes ribs, mes côtes, je suis jaloux !
M : Je serai un rougail saucisse, parce que c’est ma spécialité. Ma femme confirme. Pimenté à souhait !
A : Mais faut nous inviter ! Moi, je dirai un Bo Bun, parce que j’adore ça, j’adore la bouffe asiatique !
Une boisson ?
A : Un Jack Daniel’s
L : Un Bloody Mary, bu à la paille. A siroter en soirée, au calme, avec une paille et une ombrelle !
On m’en a filé un, un matin, croyant que j’avais une gueule de bois en me disant « ça va te soigner ».
L : Ça t’a soigné ?
Non… J’avais pas de gueule de bois !
M : Je serai une limonade, référence à Afro Samourai, pour ceux qui connaissent. J’adore la limonade…
Un objet ?
L : Une cuvette de chiotte… Pour voir des visages toute la journée…
A : Une table… Parce que je suis con comme une table, il parait !
M : Un (Note : un truc pas compréhensible à l’enregistrement)
L : Parce qu’il travaille le bois comme personne… Il a touché ma poutre…
Un pays ?
A : La France… J’aime bien la bouffe française aussi.
L : Moi je serai neutre, je serai la Suisse. Parce que c’est joli et ils ont plein de thunes !
M : Je crois que je serai le Guatemala, par ce que… c’est le premier pays qui me vient à l’esprit…
Un monument ?
L : La tour Perret à Grenoble. C’est un peu comme la tour de Sauron, il ne manque que l’œil qui flambe. C’est une belle tour de notre ville.
A : Un monument… Le pont de la Bourg à Bourgoin Jallieu (Note : aucune trace de ce pont trouvée, sans doute une appellation locale ?)
M : je ne sais pas… Un truc transparent…
L : Une vitre ! Il a pas d’idée…
Une devise ?
L : On peut la faire à trois, celle-là : Beers and moshpit (ils approuvent)
Mais pourquoi la bière ?
M : Parce que tu ne vas jamais dans un moshpit sans ta bière.
L : Tu pogotes et tu la renverses. Après, tu vas en acheter une autre. C’est ça, l’économie de festivals, ils le font exprès !
Avec Poseydon, le label Necktwister porte parfaitement bien son nom. Formé en Belgique en 1992 par le guitariste Alan De Block, Poseydon connait plusieurs changements de line-up avant de proposer son premier album en 2016. il faudra cependant pas moins de 7 ans à Alan pour donner un successeur à Masterpiece. Aujourd’hui composé du hurleur enragé Tom Lenaerts, d’un second guitariste – Leander Karageorgos – et d’une section rythmique plus que massive – le bassiste Jeroen Bonne et le marteleur furieux Jef Boons – Poseydon délivre un Through the gate of hatred and aversion qui replonge l’auditeur dans les plus brutales heures du thrash qui déboite. Et là, pensez à mettre la sécurité à votre matériel de découpe parce que ça charcute sévère! Après une intro inquiétante – qui pourrait évoquer l’ambiance du film d’épouvante Fog (Carpenter)- Poseydon entre dans le vif du sujet avec un Awakening the gods explosif. Les guitares sont aussi ravageuses que le chant est puissant et enragé. Malin, Poseydon, s’il ne met jamais le pied sur le frein, propose des rythmes variés permettant de ne pas sombrer dans une forme de répétition stérile. Au contraire, le groupe tape fort et explore divers horizons. impossible de ne pas penser à ces riff d’un jeune Metallica furibard, à la puissance d’exécution sans pitié d’un Slayer naissant, à la rage tribale d’un Sepultura qui n’a pas encore conquis le monde… Loin de ne se cantonner qu’au thrash, le groupe explore également le death, évoquant aussi bien Deicide que Death Angel ou même Nuclear Assault. Rien, absolument rien dans ces 10 titres ne laisse indifférent. C’est (très) brutal et construit comme une véritable machine de guerre. Si Through the gate of hatred and aversion n’est pas à mettre entre toutes les oreilles, ça fait mal par où ça passe. Et ça, ben… ça fait un bien fou!
Interview SLAVES OF IMPERIUM. Entretien avec Matthew Barry (guitare lead) le 13 mai 2024
Comme c’est la première fois que nous parlons, commençons par la question la plus originale, décalée et rock’n’roll qui soit : Slaves Of Imperium c’est quoi, c’est qui, vous venez d’où ? Ça a été monté quand et pourquoi ?
Ah ouais… C’est une grosse question (rires) !
Je t’ai posé toutes les questions de l’interview en une seule !
C’est bien. Alors… Slaves Of Imperium s’est formé en 2019 à partir de deux autres groupes de la scène bretonne. On était tous dans d’autres groupes avant et on s’est rencontrés sur les scènes locales. On avait la volonté de créer quelque chose qui nous correspondait plus que ce qu’on faisait.
Vous étiez dans quels groupes tous ?
J’étais dans un groupe de reprises hard rock, Backstage, on tournait sur les scènes du Morbihan principalement. Cédric (Sébastian, chant), David (Péné, guitare rythmique) et Kristen (Gachet, batterie) étaient dans un groupe de metal symphonique, Inimorality. C’était sympa, mais ça ne nous convenait plus. On a monté Slaves Of Imperium ensemble pour subvenir aux besoins créatifs de chacun. Malheureusement… on a choisi le meilleur moment pour former un groupe, juste au début du Covid. Les concerts, c’était mort, donc on en a profité pour composer. Le premier album est sorti en 2022, le nouveau, New waves of cynicism est sorti le 15 mars. Il était déjà composé, un tiers ou à moitié, avant la sortie du premier album.
J’imagine que vous avez aussi pu tirer profit de cette situation afin d’avancer sur la cohésion du groupe et la composition…
Oui, ne serait-ce que d’apprendre à se connaitre musicalement. Au départ, les compos étaient basiques, histoire d’apprendre à jouer ensemble. Mais par la suite, une fois qu’on se connait un peu mieux, on compose des choses qui nous correspondent un peu mieux.
Le groupe a naturellement dû évoluer (il confirme). Quand j’écoute l’album, ça n’a rien à voir avec les styles dont tu parlais avec vos anciens groupes. Comment décrirais-tu la musique de Slaves Of Imperium à quelqu’un qui ne vous connait pas ?
C’est une musique qui est composée et mise au service de l’émotion qu’on veut véhiculer, avec des thèmes, des textes qu’on veut mettre en avant. On n’a pas de style… Enfin, si, il y a une base qui est plutôt death/thrash metal, du fait de nos influences respectives. Moi, j’écoute plutôt du thrash ou du death, Raphaël (Fournier, basse) écoute du black et du prog, on a tous nos influences… Pour autant, on ne cherche pas à rester dans un style spécifique, ce qui sort, c’est naturel.
Quels sont les thèmes « littéraires » que vous abordez ?
On a une influence qui est assez littéraire en effet. Notre chanteur, quand on lui demande quelles sont ses influences en musique, il va citer des écrivains… Les deux albums sont une suite logique, en fait : dans le premier album, on analyse les émotions de l’être humain, et on les décortique. Dans le second, on va encore plus loin et on regarde ce qu’il se passe dans notre cercle familial, privé. Et on se rend compte qu’il y a des horreurs abominables qui se passent parfois juste en bas de chez soi… et personne n’en parle, on ne s’en rend pas compte. On fait le lien avec ces deux albums entre l’humain et ce qui peut lui arriver de pire.
Le premier album c’était Observe. Analyze. Sanitize. qui est sorti il y a maintenant deux ans. Comment analyserais-tu l’évolution, humaine et musicale, du groupe entre ces deux albums ?
L’évolution humaine est logique : on commence à composer alors qu’on ne se connait pas… On se connaissait un peu, mais pas au niveau d’aujourd’hui. Plus on travaille ensemble, plus on sait ce qu’il faut faire pour que ça corresponde à chacun, et que ça intègre les envies créatives de chacun. Musicalement… Le premier album est, on peut dire, plutôt simple dans son approche. Justement parce qu’on ne se connaissait pas suffisamment. On avait un thème, des morceaux qui était composés un peu chacun de son côté. J’en avais composé avant même de monter ce groupe, Cédric aussi. On a mélangé tout ça comme on a pu. New waves of cynicism a été composé ensemble, avec l’expérience de chacun.
Donc c’est de ce côté qu’il faut chercher l’évolution, chacun ayant pris part à la composition et ayant pu donner son avis.
Exactement. Du coup, le résultat est beaucoup plus varié, contrasté, dynamique… lourd et sombre, aussi. C’est vrai que le premier album avait une base thrash bien présente, tandis que là, on n’hésite pas à briser les codes de notre genre pour mettre la musique au service de l’émotion qu’on veut véhiculer. Si on estime que le morceau, les paroles seraient mieux mis en avant avec une orchestration ou des arrangements autres que ce qu’on retrouve de manière classique, on le fait. C’est là-dessus qu’on a évolué. D’une part, c’est ce qui nous fait plaisir, et d’autre part, c’est ce qui rend notre musique intéressante, donc on va continuer dans ce sens. On n’a pas encore composé de morceaux pour un troisième album, mais on a déjà le thème, les textes sont quasiment terminés, on a des bouts de riffs… On ne va pas tarder à se mettre au travail et on ira encore plus dans ce sens, ne pas hésiter à incorporer d’autres influences, d’autres style que simplement du thrash et du death metal.
Avec quelques touches de black aussi, notamment dans le chant qui peut être très agressif…
Tout à fait, c’est un peu la patte de Raphaël, notre bassiste. C’est ce qu’il aime, le black !
Tu parlais du fait de constater ce qui peut se passer sur nos paliers. Au-delà de l’évolution musicale, tu peux envisager que vous puissiez pousser votre analyse de notre société actuelle encore plus loin ?
Justement, c’est ce qu’on cherche à faire. Je pense qu’à chaque fois qu’on avancera, on ira un petit peu plus loin à ce niveau. Le concept du troisième album est dans cette veine, on va chercher à aller plus profondément encore. On n’apporte pas des réponses, on est que des êtres humains, on s’interroge… Après chacun est libre d’interpréter les choses à sa manière. Quand on trouve un thème intéressant, on veut simplement le pointer du doigt, le montrer… « hé, oh… il se passe ça ».
Vous voulez montrer ce qu’il se passe. Etes-vous, individuellement, engagé dans des actions, les uns et les autres ?
Non, on ne peut pas dire qu’on soit engagés. On entend des histoires qui nous choquent… Les thèmes qu’on aborde, ce n’est pas des choses qu’on a forcément vécues individuellement, mais ce sont des histoires qu’on entend et qui nous font mal… Je ne sais plus quelle était l’idée de départ mais on se rend compte, avec le temps, que quand on compose la musique, c’est l’émotion qu’on ressent quand on apprend ce qui peut arriver près de chez nous qui est traduite, c’est le carburant de notre musique. Elle sort grâce à ça.
Il y a sur l’album un titre en français, Sarmat. Quelle était votre volonté en incluant ce morceau ?
Au départ, quand on a commencé à composer, notre chanteur a écrit directement en anglais. Ce n’est pas sa langue natale, mais tous les titres du premier album ont été composés de cette façon. Il s’est rendu compte par la suite que le fait d’écrire d’abord en français et qu’on traduise tous ensemble ensuite ouvrait beaucoup plus de portes au niveau du vocabulaire. Quand on a écrit Sarmat et qu’on l’a lu, on s’est dit que ça sonnait super bien en français. C’est une traduction qui aurait pu se faire, mais on aurait perdu quelque choses… Donc, on l’a laissé en français, et pourquoi pas, d’ailleurs ? On est un groupe français, alors, qu’est-ce qui nous empêche de le faire ? On souhaite quand même rester principalement en anglais car ça ouvre plus de portes à l’international. On restera là-dessus mais pourquoi pas, sur les prochains albums, avoir un ou deux morceaux en français. Il y en a déjà un qui est prévu parce que le thème le demande…
Ce qui signifie que Slaves Of Imperium a aussi des ambitions internationales (il confirme). Un groupe de rock, c’est aussi la scène, quels sont vos projets pour défendre cet album ?
Là, on vient tout juste de rentrer d’une tournée européenne, qui correspondait à la date de sortie de l’album. Le prochain objectif est de défendre l’album en France. Mais, entre la production de l’album, sa sortie et la tournée européenne, on n’a pas vraiment eu le temps de se projeter sur la fin d’année. On vient de rentrer, on se pose et on va organiser quelque chose en France pour la fin d’année, début d’année prochaine.
Vous revenez de tournée. Vous avez tourné où et avec qui ?
On l’a organisée seuls, cette tournée, on n’a pas accompagné d’autres groupe en tant que première partie. On a joué avec des groupes locaux : on est partis de Paris, on est ensuite allés à Berlin, Prague, Cracovie, on a fait trois dates en Roumanie, on a fait la Slovaquie, la Slovénie, l’Italie… tout ça en 15 jours trois semaines… On a fait, je crois, onze concerts d’affilée !
Vous avez bien bougé !
Oui, oui. On n’avait jamais fait autant de concerts d’affilée. On a commencé un peu fort !
C’était un autre rythme…
Exactement ! C’était très enrichissant d’un point de vue « musicien » mais aussi d’un point de vue humain. Ça nous apprend à travailler le live de manière beaucoup plus efficace : se mettre en place, faire les balances, monter et ramasser le matériel… C’est un bon entrainement pour la suite.
Et j’imagine que d’un point de vue humain ça permet de découvrir certaines qualités ou non qualités des uns et des autres…
Absolument, ça permet déjà de savoir si on se supporte dans un même véhicule, les uns sur les autres pendant trois semaines (rires) !
Si tu devais ne retenir qu’un seul titre de New waves of cynicism pour expliquer à quelqu’un ce qu’est l’esprit de Slaves Of Imperium, ce serait lequel ?
Waow, compliqué ! Un seul titre ? C’est compliqué parce que nos morceaux sont assez variés… Je ne sais pas s’il y en a un qui nous représente suffisamment… Après, on a fait un choix sur l’album, mettre Parasites en premier, parce que c’est un morceau qui rentre dans le lard tout de suite et qui reste assez riche en matière de composition. Oui, pour faire découvrir mon groupe à quelqu’un qui ne nous connait pas je pense que je dirai Parasites, mais, vraiment, la question est difficile…
Vous démarrez depuis quelques années avec ce groupe. On sait pertinemment qu’en France, un groupe de rock ne vit pas de sa musique. Quelles sont vos activités dans vos autres vies ?
On a tous nos boulots : je suis mécanicien, Raphaël est architecte, Kristen était boulanger mais il est en train de se réorienter, david est chauffeur poids lourds, et Cédric est responsable de ligne dans une usine agro-alimentaire.
Tu disais au début de notre entretien que vous ne vous connaissiez pas quand vous avez monté le groupe. Qu’est-ce qui fait que, à un moment donné, vous avez décidé de vous retrouver, de vous réunir autour de cette nouvelle entité ?
Pour être tout à fait honnête, c’est…
L’argent !
Ouais, carrément, oui ! Tout à fait (rires) ! Au départ, c’était vraiment parce que la scène dans notre localité était limitée, et on n’avait pas la possibilité de chercher d’autres personnes avec qui monter un groupe. Il n’y a pas 50.000 personnes dans notre coin qui voulaient faire de la musique… dès lors que tu rencontre quelqu’un qui est sur la même longueur d’ondes que toi, t’es obligé de tenter quelque chose. Pas sûr que tu aies une autre possibilité de le faire après… Coup de chance, on s’est rendu compte qu’on est vraiment tous sur la même longueur d’ondes, et on a de la chance de se trouver là !
C’est un peu un choix par défaut…
Je ne dirai pas « par défaut », même si je comprends ce que tu veux dire… Musicalement on savait qu’on allait pouvoir faire quelque chose. Humainement, c’est vrai qu’on ne se connaissait pas plus que ça, et… Oui, quelque part, c’est un peu « par défaut », comme tu dis, parce qu’on n’est pas très nombreux dans notre bled…
Si tu devais penser à une devise pour Slaves Of Imperium, ce serait quoi ?
(Rires) C’est compliqué encore comme question ! Je pense que chacun répondrait différemment…
Ça tombe bien, c’est à toi que je pose cette question !
Attends, il faut que je réfléchisse là… Une devise ? Vraiment dur… Si je devais être dans la déconne, je dirais « Live fast and die drunk », mais là, on n’est pas dans la déconne… (NdMP : en même temps, les gars ont fait produire des bières à leur nom)
Quoique, quelque part, c’est assez cynique…
Oui, c’est vrai, mais c’est un délire entre nous. Ce n’est pas ce que j’aurai répondu…
Tu as encore un peu de temps pour y réfléchir alors… Parlons de la pochette de l’album : elle présente deux personnages, un squelette habillé en costume, une autre personne, assez féminine et musculeuse, qui tient un couteau… Il y a une forme de dualité entre la confrontation de la mort et de la vie, la mort éclairée et la vie dans le côté sombre, la mort qui semble assez pacifique et la vie très menaçante avec son couteau dans le dos…
C’est intéressant d’écouter ta description… Il y a beaucoup de détails qui laissent libre court à chacun de se faire son interprétation. Pour ma part, ce serait une explication plus simple : cette image, pour moi, représente parfaitement le cynisme. Le fait d’avoir cette poignée de main et d’avoir un couteau dan s le dos… On sert la main à quelqu’un mais dans le dos, il y ale cynisme, le manque de confiance, la méfiance qui est là. C’est une image qui représente pour moi parfaitement le titre. Maintenant, il y a pas mal de détails, cette pochette est assez riche à ce niveau-là.
Les voici enfin de retours, nos thrashers fous de Dead Tree Seeds! Leur nouvel album, Toxic thoughts, pourrait se résumer ainsi: ça thrashe sévère! Et l’on aurait envie de répondre, genre Rostand: « Ah, non, c’est un peu court, jeune homme! On aurait pu dire… Oh, diable! Bien des choses en somme. En variant le ton: Poétique: « Aimez vous tant les furieux Slayer qu’un hommage vous leur rendez en une heure? » Prévenant: « D’inspiration je ne vous donne tort tant le chant évoque Kreator ». Dramatique: « Aucun vent ne peut de ce pas pousser l’esprit si présent de Metallica ». On pourrait continuer ainsi longtemps tant ce Toxic thoughts rend un chaleureux hommage à nos grands anciens sans jamais bassement les imiter. Car il y a tout au long de cet album une vraie personnalité, une puissance sans égal qui déboite en cadence maxilaires et cervicales. Tu te prends ces 10 titres – 9 plus l’intro – en pleine face sans jamais, ou presque, pouvoir reprendre ton souffle. Fort heureusement, Dead Tree Seeds nous offre un instant de répit avec une ballade judicieusement placée à mi-parcours. Hein, quoi? Une ballade, mais ça va pas la tête, non? Ce qui se rapproche le plus d’une ballade c’est une partie plus proche des instrumentaux des débuts de Metallica, certes, mais ballade? Ca va pas, non? Dès les premiers accords, DTS chope l’auditeur à la gorge et ne relâche jamais la pression. Ca tabasse sec et sévère et ça démonte sa mère ! Amateurs de thrash old school, foncez, vous ne serez pas déçu.