SO FLOYD live à Orléans (le Zénith, 14 mai 2023)

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Alors que Roger Waters est en pleine tournée d’adieux, So Floyd, le tribute français à Pink Floyd, investit les Zéniths de France avec bonheur. Les dates s’accumulent pour rendre hommage à l’un des plus prestigieux groupes de rock progressif de tous les temps. Ce 14 mai, la troupe investit la salle orléanaise pour le dernier concert de cette première partie de tournée. Un peu moins de 4.000 spectateurs se sont donnés rendez-vous pour assister à un show tout simplement exceptionnel.

18h, un dimanche… C’est tôt pour débuter un concert, mais la salle se remplit tranquillement. C’est pourtant précisément à cette heure là que monte sur scène le duo Jühne qui nous offre une demi-heure d’un rock soft et tendre. Lui – Jühne – aux claviers et au chant et son complice, Laurent, à la guitare et au chœurs savent concocter ses airs bienveillants et rassurants.

Juhne, Zénith d’Orléans, 14 mai 2023

Certes, ce n’est pas le genre de musique qui donne envie de pogoter, mais étant donnée la configuration de la salle qui accueille une grande majorité de quinquas et sexagénaires – il y a heureusement des plus jeunes en nombre, seuls ou en famille – le public est assis, attentif et rapidement réceptifs à ces douces mélodies, Jühne venant même le taquiner en fin de set pour le faire chanter, sans avoir besoin de trop insister!

Juhne, Zénith d’Orléans, 14 mai 2023

Jühne séduit et joue aussi son rôle de chauffeur de salle, surtout en fin de concert où il insiste bien sur « ce que vous allez voir ensuite, avec So Floyd ». Il invite aussi le public à venir à la rencontre des musiciens après le concert de So Floyd. Une très jolie découverte à suivre de près.

Juhne, Zénith d’Orléans, 14 mai 2023

Bine qu’en configuration réduite, c’est une salle bien remplie qui accueille So Floyd. Si j’avais déjà pu assister à un concert d’un autre tribute au Floyd ici même il y a un peu plus d’un an, c’est ce soir l’occasion de pouvoir constater de visu ce qui peut différencier ce type de formation. Tant du point de vue de la setlist – les groupes se contentent-ils seulement des grands classiques ou osent-ils la prise de risque – que scéniquement – une répétition des visuels classiques de Pink Floyd ou tentative d’originalité? Mais ce soir, c’est de la tête et des épaules que So Floyd arrive en première place.

SO FLOYD, Zénith d’Orléans, 14 mai 2023

Ce soir, clairement, il y a du show, de la lumière, de la mise en scène. Le concert débute par l’arrivée discrète des 11 musiciens qui semettent en place alors que l’écran circulaire projette des images de la désolation de notre planète. Entre fonte des glaces polaires, incendies, guerre… l’engagement du Floyd est toujours d’une triste actualité.

SO FLOYD, Zénith d’Orléans, 14 mai 2023

Le public, principalement des connaisseurs du Floyd, apprécie d’entrée Sorrow et il ne lui faudra que deux ou trois titres pour être à fond dans ce show. Si So Floyd a vu sa réputation croitre aussi rapidement, c’est bien parce que les 11 musiciens mettent les petits plats dans les grands. Le son est puissant et clair à la fois et les lumières majestueuses. Si Gabriel Locane, l’un des chanteurs, ne communique que peu avec le public (quelques « ça va Orléans? »), il se met en scène et varie les costumes au gré des chansons.

SO FLOYD, Zénith d’Orléans, 14 mai 2023

Si, naturellement, les quatre albums majeurs du Floyd sont à l’honneur – Dark side of the moon (1973) qui célèbre cette année son cinquantième anniversaire avec 5 extraits, l’incontournable The Wall (1979), aujourd’hui encore l’album le plus vendu des 70’s, avec 6 extraits, Wish you were here (1975) avec 3 reprises et Animals (1977 qui se voit honoré avec 1 morceau – So Floyd nous offre aussi quelques extraits moins connus du grand public, comme Have a cigar ou Pigs on the wing.

SO FLOYD, Zénith d’Orléans, 14 mai 2023

Le chant partagé entre Gabriel et Jean-Philippe Hann, qui forme avec Alain Perez une exceptionnelle paire de guitaristes, rend vraiment hommage au Floyd des origines. Mais surtout, au delà de simplement faire honneur à Pink Floyd par des interprétations rien moins que parfaites, la troupe apporte sa personnalité et sa touche personnelle, notamment par le biais de costumes, décors et éclairages parfaitement en accord avec l’esprit originel qui font vraiment le show.

SO FLOYD, Zénith d’Orléans, 14 mai 2023

Le public est déjà conquis lorsque retentissent les tintements de pièces de la caisse enregistreuse annonciateurs de Money. La clameur lance une série de classiques (Shine on you crazy diamond, In the flesh, Hey you…) mais n’a cependant rien de commun avec celle qui accueille les trois parties de The wall qui voient, naturellement, le public reprendre en choeur et avec force voix les parties originellement chantées par des enfants) alors que Gabriel trône derrière son pupitre de dictateur.

SO FLOYD, Zénith d’Orléans, 14 mai 2023

Un show grandiose qui se conclue avec Comfortably numb qui voit une boule à facette descendre du plafond du Zénith et s’ouvrir en libérant des fumées. puis le groupe au complet, accompagné de Jühne, vient saluer le public, Gabriel (moment exceptionnel, le groupe ne s’exprimant que rarement comme nombre de tribute bands) présentant tour à tour chacun des musiciens – tous  trépignant de satisfaction – remerciant l’équipe technique – 40 personnes qu’il ne parvient pas à citer de peur d’en oublier – avant de rappeler, ou simplement d’expliquer , que ce soir, c’est le dernier concert de la tournée qui reprendra en novembre. C’est donc un groupe satisfait du travail accompli qui invite le public à venir échanger, prendre des photos, discuter dans les travées du Zénith avant de rentrer.

SO FLOYD, Zénith d’Orléans, 14 mai 2023

So Floyd nous a ce soir offert un concert d’une exceptionnelle qualité et il serait plus que regrettable de ne pas aller les soutenir sur les dates déjà annoncées à partir du mois de novembre prochain. Si jamais un tribute band ne remplacera le groupe d’origine, il n’en demeure pas moins vrai que ces formations sont à la musique contemporaine ce que l’opéra ou le théâtre sont aux grands classiques de la musique, de la tragédie, de la comédie ou du drame: ils perpétuent un héritage dont on ne saurait autrement profiter. Après tout, je n’entendrais jamais Mozart, Wagner ou Beethoven interpréter leurs œuvres, alors, rendons hommage à ceux qui rendent hommage. Vraiment une superbe et plus que mémorable soirée!

SO FLOYD, Zénith d’Orléans, 14 mai 2023

SO FLOYD, Zénith d’Orléans, 14 mai 2023

Merci à Myriam Astruc d’avoir rendu ce report possible.

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ORPHEUM BLACK: Release party à St Jean Le Blanc (45) le 4 mai 2023 avec Jekyll Wood et Esprit d’Escalier

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Le Festival O’Tempo qui se tient tous les ans à Saint Jean de Braye a décliné son offre et propose désormais « Les concerts by O’Tempo ». C’est dans ce cadre que l’équipe O’Tempo et VVMS, qui produit l’évènement, accueille ce 4 mai 2023 les locaux d’Orpheum Black qui présentent à leur public Outer Space, leur nouvel album qui ne sort que le lendemain.

La région orléanaise est pleine de ces salles de spectacles plus que respectables tant dans leur capacités que les conditions d’accueil, d’accessibilité, de stationnement et des scènes que les groupes peuvent vraiment investir. L’espace Montission, que je découvre ce soir, est de celles-là: une capacité de 1000 places, une scène haute, large et profonde, des éclairages variés, nombreux, un accueil chaleureux, un espace bar et merch – on ne regrettera que le fait qu’aucune nourriture autre que barre chocolatée et chips ne soit proposée au public.

Si les préventes affichent un peu moins de 200 places, la salle finira plus que correctement remplie avec quelques 300 entrées payantes, un chiffre plus que satisfaisant pour un plateau sans véritable « grand nom » même si certains des membres d’Orpheum Black ont déjà une jolie réputation derrière eux.

Jekyll Wood St Jean le Blanc 4 mai 2023

A 20h, le public découvre Jekyll Wood, un homme pas orchestre mais musicien touche à tout. Seul avec sa guitare (ses guitares) derrière son micro, il sélectionne ses samples sur la machine qui l’accompagne, proposant un pop rock varié et très enjoué. Derrière lui, 5 mannequins dont les têtes ont été remplacées par des éclairages forment un décor des plus originaux.

Jekyll Wood St Jean le Blanc 4 mai 2023

Le public encore épars est rapidement invité – dès la fin du premier morceau – à se rapprocher et à participer, à taper dans les mains au rythme des lumières et des beats. Le gaillard est à l’aise, et développe un indéniable capital sympathie autant par sa simplicité que par la variété des chansons proposées. tout au plus pourrait-on reprocher de parfois ne plus savoir ce qu’il joue vraiment mais le résultat est là. Jekyll Wood propose une musique accessible, enjouée et un visuel original et marquant.

Jekyll Wood St Jean le Blanc 4 mai 2023

 

Esprit d’Escalier St Jean le Blanc 4 mai 2023

C’est vers 21h que monte sur scène Esprit d’Escalier. Concentré, le groupe des « guitaristes sans têtes » comme j’ai envie de les appeler (cf les photos des instruments) propose un heavy progressif pas toujours facile d’accès mais varié et très travaillé. Les structures complexes se disputent d’autres passages plus grand public ou plus thrashisant. On pense à Opeth ou, plus récemment, Haken, parmi d’autres. Le chant clair est puissant et l’ensemble du groupe, bien que toujours appliqué, entraine une bonne partie du public avec lui.

Esprit d’Escalier St Jean le Blanc 4 mai 2023

La mise en son et en lumières de l’ensemble ajoute à ces effets d’ambiances recherchés par ce type de musique, Esprit d’Escalier – un nom qui mérite explication… – offrant des titres longs et à tiroirs. Un « incident » vient cependant marquer le show, le batteur, dans son empressement ou simplement parce que mal calé, voit s’effondre sur le côté une de ses cymbales – heureusement en fin de titre. Mais ça ne le perturbe guère Un groupe qui s’apprivoise certainement en plusieurs étapes et écoutes et qui mérite qu’on se penche dessus. A suivre, sans aucun doute.

Esprit d’Escalier St Jean le Blanc 4 mai 2023

 

Orpheum Black – Outer Space release party – Saint Jean le Blanc, 4 mai 2023

Le nombre de photographes présent est clairement inhabituel pour un groupe de cette envergure. Clairement, il se trame quelque chose.  Si la salle est loin d’être pleine, la scène attire tout de suite mon regard. Côté jardin se trouve une violoncelliste et, derrière elle, sur une estrade, un groupe de 5 choristes. Ce sont donc pas moins de 11 personnes qui, ce soir, vont partager les planches. Sans aucun doute, Orpheum Black a souhaité mettre les petits plats dans les grands pour célébrer la sortie de ce nouvel album, Outer space.

Orpheum Black – Outer Space release party – Saint Jean le Blanc, 4 mai 2023

Deux jours de résidence à Tours auront-ils suffit à répéter ce show que, visiblement, le groupe veut marquant? J’ai vu Greg et Romain dans le passé à de nombreuses reprises, jamais je ne les cependant vus aussi concentrés. J’ai déjà vu, également, Orpheum Black, et le visuel est de plus en plus travaillé. Melody, la chanteuse/claviériste complice vocale de Greg, apporte son regard unique et, si elle porte toujours sa veste unique et indescriptible, c’est par obligation car, ce soir, elle aurait dû en changer et être toute de noir vêtue. Ce sera pour la prochaine fois…

Orpheum Black – Outer Space release party – Saint Jean le Blanc, 4 mai 2023

Le concert que donne ce soir Orpheum Black est simplement exemplaire de bout en bout. Bien sûr, le public découvrant les morceaux est plus attentif et curieux, clamant sa satisfaction et son approbation à la fin de chaque titre. Outer space est ce soir représenté par 6 extraits (Heartbeat, Innerworld, Firefly, Deep blue, The one et, sans doute celui qui est amené à clore chacune des futures prestations du groupe, My tribe, qui a tout d’un hymne fédérateur, tant musicalement que textuellement). Sequels est bien évidement aussi de la partie avec Strangest dream (aucun rapport avec Maiden…), Together and alone, Head on fire et The black tandis que Act 1, son tout premier Ep est rappelé par Midnight. Toute la courte discographie du groupe est ainsi passée en revue.

Orpheum Black – Outer Space release party – Saint Jean le Blanc, 4 mai 2023

Rien ne semble laissé au hasard ce soir, bien que tout se fasse naturellement. Romain est toujours aussi envouté par sa guitare, presque en transe même, Melody est habitée par un personnage multi facette et même parfois inquiétant, Greg communique aisément, comme toujours, avec le public, expliquant son émotion, invitant, incitant à participer, présentant aussi ses complices – Nathan à la basse, Alexis, dernier arrivé, à la batterie, la violoncelliste, Florence, et les choristes. Des plateformes sont placées de chaque côté de la scène, ainsi qu’une avancée dans le pit (oui, il y a un pit!), plateformes qu’investissent régulièrement chacun des musiciens, allant ainsi cherche le public. Les lumières aussi sont dignes des grandes formations, variées et colorées, jouant en alternance avec diverses ambiances.

Orpheum Black – Outer Space release party – Saint Jean le Blanc, 4 mai 2023

Un peu plus d’une heure d’un concert qui se rapproche plus d’un show, d’un vrai spectacle, se clot avec My tribe avant que le groupe ne quitte la scène. Incontestablement, ce soir, on a sans doute assisté à la naissance d’un futur grand. Le prog made in France a de beaux jours devant lui et Orpheum Black (ainsi que Esprit d’Escalier, d’ailleurs) fait partie de ces belles promesses sur lesquelles les labels devraient se pencher. On ne peut que saluer le travail et les efforts de cette formation. En un mot: Bravo. Ce fut une très belle soirée!

Orpheum Black – Outer Space release party – Saint Jean le Blanc, 4 mai 2023

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Merci à Charlotte Hardy (VVMS prod) d’avoir rendu ce report possible et à Elodie Jouault (Aria promo) pour l’interview avec Romain

 

ORPHEUM BLACK live: Outer Space release party à St Jean le Blanc (45) le 4 mai 2023

Retrouvez ici le live report du concert

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ORPHEUM BLACK: Outer space

France, Prog (Autoproduction, 2023)

Sequels, le premier album des Orléanais d’Orpheum Black vit le jour en 2021, deux petites années après la naissance du groupe. Formé par le trio d’amis Greg (guitare et chant) et Romain (guitares), tous deux ex-Wild Dawn, et Mélody (claviers et chant), ex-No Sign Nothing, le line up évolue jusqu’à inclure depuis peu le bassiste Nathan (ex-Hyaena) et le batteur Alexis. Chacun des musiciens a déjà derrière lui un vrai cursus musical et scénique, tous évoluant dans des univers variés et ont pour objectif commun de proposer, avec Orpheum Black, une musique moins brute, plus réfléchie et proche du prog ainsi qu’un univers visuel travaillé. L’esthétisme léché et la sensibilité exacerbée sont les moteurs d’un groupe qui propose aujourd’hui Outer space, son second album composé de 8 chansons dont chaque détail semble travaillé et pensé soigneusement. Aérien, parfois contemplatif, cet ensemble évoque immanquablement l’univers d’Anathema, rock et progressif tout à la fois. Le chant partagé entre Mélody et Greg – deux voix claires et complémentaires – autorise une mise en son presque théâtrale, une complicité qui se traduit sur disque comme sur scène. Orpheum Black se distingue nettement de la scène actuelle en proposant un rock soigné, accessible, à mille lieux de la brutalité extrême quasi omni présente et ça fait du bien tant le combo apporte fraicheur et douceur.  L’univers d’Oprheum Black c’est aussi la scène et, devinez quoi: une belle tournée française est prévue avec Release party à domicile (ou presque) le 4 mai à Saint Jean le Blanc (45). Printemps de Bourges, Motocultor sont aussi au programme… Toutes les dates à consulter ici: https://www.facebook.com/OrpheumBlack

APEX ORIGIN: Beyond a lifetime

France, Prog (Autoproduction, 2023)

Quel dommage… ce chant mélodique gâché par un mix le mettant au second plan et dans un anglais quasi incompréhensible… Dommage car la voix est puissante et atteint des notes haut perchées. Et puis, la lecture du track listing au dos de la pochette est très prometteuse d’un esprit romanesque et inventif, la pochette dépliée mélangeant fantastique et navigation maritime période « gallions majestueux ». Clairement, ce Beyond a lifetime donne envie de se plonger dans l’univers d’Apex Origin. Un album écrit comme une pièce de théâtre ou un opéra en 5 actes précédés d’une Ouverture et conclus par un Final. Les influences du groupes sont à chercher aussi bien du côté des géniteurs du hard rock – Led Zeppelin – dans les fulgurances guitaristiques et bluesy, et des géants du metal progressif – Dream Theater – dans la puissance recherchée et la technique musicale. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si on trouve deux morceaux intitulés Blue Dream (et ses clins d’œil à Satriani) et Blue Zep… Si l’on met ce chant de côté, on ne peut qu’admirer le sens de la composition à la fois complexe et passe partout, dans un esprit démonstratif de technique sans être pour autant donneur de leçons. Apex Origin propose également un titre chanté en français – La haine reine II – qui sonne plus pop rock que profondément progressif. L’album qui dure pas loin d’une heure s’écoute d’une traite. On tient sans doute ici – à un détail près – un futur grand du genre.

Interview SLEEPING ROMANCE

Interview SLEEPING ROMANCE : entretien avec Lina (chant) Propos recueillis par téléphone le 23 janvier 2023.

Metal Eyes : C’est la première fois que nous échangeons, et comme je découvre Sleeping Romance avec ce nouvel album, peux-tu me raconter l’histoire du groupe ?

LinaSleeping Romance est un groupe qui a été fondé en 2013 par Frederico. C’est un groupe italien à la base de metal symphonique, avec une touche de power metal. Deux albums sont sortis et en octobre nous avons publiés le troisième, We are all shadows qui cherche une autre identité musicale, un peu plus new metal. On est un groupe de 5 personnes, deux guitaristes, un bassiste, un batteur, et moi-même au chant depuis 2020.

Ton parcours avant de les rejoindre, c’était quoi ?

J’ai toujours chanté, mais avant j’étais avec un groupe parisien, en 2016. C’était plus un groupe de heavy mélodique, on n’avait pas de grandes ambitions, on jouait avant tout pour nous. Et un moment est arrivé où je me suis posée des questions, je me suis demandé si je n’allais pas approfondir tout ça, et c’est à ce moment que j’ai vu l’annonce qu’ils ont postée, après la séparation avec l’ancienne chanteuse. Jusque-là, tout se passe super bien. Je suis en contact avec eux depuis le premier confinement, on a annoncé que j’avais rejoint le groupe en novembre 2020, mais ça faisait déjà 6 mois qu’on travaillait ensemble. Et tout se passe vraiment bien, tout le monde participe, chacun a son rôle…

We are all shadows est sorti en octobre. Pourquoi n’en faire la promo que maintenant ?

On s’est dit qu’avec toutes les sorties qu’il y a en ce moment, on risquait d’être noyés sous la masse. On n’est pas un gros groupe. Donc on a préféré garder la promo pour le moment où on jouerait en France. Et comme on a des dates les 25, 27 et 28 février, à Nice, Lille et Paris, on a préféré axer la promo maintenant. A Nice, ce sera à l’Alterax, à Lille, la BratCave et à Paris, on sera à l’International. Des petites salles, mais comme ce sont nos premiers concerts en France, on préfère ne pas être trop ambitieux, on fait ça de manière conviviale. On a aussi un concert prévu aux Pays Bas, au Female Metal fest, le 30 avril. On a joué aux Pays bas en 2022, j’ai beaucoup aimé et j’ai hâte d’y retourner. On jouera aussi au festival 666 à Cercoux cet été. Là aussi un festival qui prend de l’ampleur. Et puis il y a un autre festival prévu, mais je n’ai pas encore le droit d’en parler…

Tu n’as pas le droit d’en parler, ok. C’est un festival en France ou ailleurs ?

En France.

Bon, ça nous donne déjà une indication même si on ne va pas tout miser sur un seul nom… Un concert de Sleeping Romance, ça donne quoi ?

Ouf ! On bouge tout le temps, c’est très explosif, il y a beaucoup de headbang. Les nouveaux morceaux prennent une tout autre ampleur en live et je pense vraiment que ça vaut le coup de venir voir ce que ça donne. Ce n’est pas un moment qui vient illustrer l’album, c’est plutôt un moment qui ajoute quelque chose aux morceaux.

Si tu devais décrire la musique de Sleeping Romance à quelqu’un qui ne vous connait pas du tout, que dirais-tu ?

Je dirais que c’est un Evanescence en plus moderne puisqu’il y a aussi, à certains endroits, du chant saturé, avec un peu moins de touches électro qu’Evanescence n’en a. C’est une sorte de mix entre le Evanescence d’avant et d’aujourd’hui en un peu plus saturé.

Il y a aussi des touches de Rammstein selon moi. Qu’en penses-tu ?

Alors… Rammstein n’est pas une influence que m’a citée Frederico, mais les groupes qui l’ont influencé ont, eux, une influence Rammstein. C’est probable qu’il y ait un lien, oui ! Architects, Katatonia, Leprous… Tout se rejoint.

Il y a aussi un peu d’Apocalyptica dans les constructions mélodiques…

Oui, c’est vrai. Maintenant, on a aussi du violoncelle, on a travaillé avec un quatuor à cordes, donc, oui, le lien est normal. Mais il y a tellement de choses dans notre musique. Quand on n’a que quelques minutes pour parler de nous, on préfère mettre l’accent sur ce qui nous réunit.

Vous faites des économies de temps, ok, mais aussi d’encre puisque vous avez décidé d’intituler vos chansons par l’acronyme de chacune d’elle (elle rit). En dehors de l’esprit prog, il y a une raison particulière à ce choix ?

C’est complètement l’esprit prog ! C’est parti d’une réflexion : à chaque fois qu’on parlait des titres entre nous, on ne les appelait jamais par leur nom complet, on n’utilisait que les initiales. Smoke and mirrors, on disait SAM… On a gardé cette habitude et on s’est dit que ce serait marrant de le mettre aussi sur la pochette de l’album. En plus, c’est vrai, ça fait un peu prog !

Si tu devais ne retenir qu’un seul titre de cet album pour présenter votre musique, lequel choisirais-tu ? Pas ton préféré, seulement le plus représentatif de l’esprit de Sleeping Romance.

Sans hésiter Smoke and mirrors. Parce que je pense que c’est le plus efficace et le plus complet de ce que l’on fait, il y a du prog, des passages un peu plus… vulnérables, d’autres plus agressifs, et il montre qu’on ne veut pas rester dans une structure figée. Pour moi, c’est le plus complet tout en restant efficace. Je trouve qu’il y a beaucoup de groupes de prog qui peuvent être difficiles à appréhender pour quelqu’un qui ne s’y connait pas, et ce titre permet cette accessibilité.

SI tu devais maintenant penser à une devise pour le groupe, pas un acronyme, s’il te plait, ce serait quoi ?

Je dirais simplement « surprise ! » Parce que, clairement, depuis que Federico a décidé d’aller dans cette nouvelle direction, il cherche à surprendre, à aller là où on ne l’attend pas. On a dit pendant longtemps sur les réseaux sociaux qu’on allait changer de direction, et les gens ont quand même été surpris quand on a sorti l’album ! Je pense même que les gens ne sont pas au bout de leurs surprises.

 

SLEEPING ROMANCE: We all are shadows

Italie, Metal progressif (Autoproduction, 2022)

Formé en 2013, les progueux italiens de Sleeping Romance nous ont proposé en fin d’année 2022 (octobre, je crois) We all are shadows, leur troisième album dont chaque titre est l’acronyme du nom de la chanson. Une intro narrée par la chanteuse Lina Victoria donne envie de se plonger dans le propos musical qui suit. L’influence d’Evanescence se fait sentir  dès SAM – Smoke And Mirrors – mais le groupe ne se contente pas que d’évidences. La suite mêle puissance et douceur, légèreté vocale et dynamisme musical. Un contrepied vocal est présent en arrière plan avec un chant guttural parfois discret et qui remonte en surface le temps d’une courte colère. Sleeping Romance lorgne ensuite vers les horizons tracés tant par Apocalyptica (la présence de cordes est souvent mise en avant) ou encore l’indus version Rammstein. La production est riche et généreuse mettant en avant chacun des instruments comme il se doit et si l’ensemble est bien foutu et très agréable à écouter, la personnalité de Sleeping Romance mériterait d’être plus encore explorée pour que le groupe se démarque vraiment de ses influences. Voilà toutefois un album que les amoureux de belles mélodies auront plaisir à découvrir.

EVENFLOW: Mediterraneo

Metal progressif, Italie (Autoproduction, 2022)

Les Italiens d’Evenflow n’en sont pas à leur coup d’essai puisque le groupe, formé à la fin des années 90 a déjà publié… 2 albums seulement, ainsi que quelques Ep. Est-ce suffisant pour parler d’une carrière? Certes non. Ils reviennent cette année avec un nouvel Ep au superbe artwork – on admire la pochette d’un certain Mickey avant de se plonger dans le contenu musical de ce Mediterraneo nous proposant 5 titres. Démarrant sur les chapeaux de roues avec un Ocean lies épique et symphonique, violent comme une tempête qui retouren bientôt au calme, le groupe étonne par le chant, mix masculin et féminin semble-t-il. Mais les crédits ne mentionne qu’un chanteur, ce qui, malgré un anglais difficilement compréhensible, force ici le respect. les titres sont variés, allant même jusqu’à des ambiances jazzy et cinématographiques (Leaves et ses cavalcades de piano) Cependant, si la prod est léchée et soignée, si les titres alternent entre douceur et fermeté, si les influences couvrent un panel allant des Who à Dream Theater en passant par Maiden, Evenflow proposent des structure souvent complexes, voire trop complexes. Et à trop vouloir épater, le quatuor noie son propos, et cela au risque de perdre son auditeur en chemin. Aller à l’essentiel et travailler l’anglais sont deux axes à explorer sérieusement avant de proposer un futur album.

FLYING CIRCUS: Seasons 25

Allemagne, Prog (Fastball, 2022)

certains artistes et musiciens savent célébrer certains évènements de manière originale. En 1997, les Allemands de Flying Circus publiaient leur premier album, Seasons. 2022-1997= 25, pas la peine d’aller d’aller plus loin pour trouver un raison valable de faire quelque chose. Alors, ce quelque chose, c’est quoi? plutôt que de proposer une simple version augmentée de titres rares ou inédits, Flying Circus a simplement choisi de réenregistrer l’intégralité de son album et de le réintituler Seasons 25. Mais pas que, puisqu’une version originale remasterisée accompagne ce nouveau disque. Débutant avec un Footprints in the sand dont les claviers évoquent Jon Lord (Deep Purple), le groupe explore des horizons autant rock qu’hispano ou orientaux. Les influences sont variées, allant de Deep Purple à Cat Stevens ou encore Pink Floyd, Fleetwood Mac ou encore Grateful Dead tout en imposant son identité musicale. Les 12 titres du quintette sont aussi mélodiques – aux influences, force du violon, quelque peu symphonique – que dynamiques. la chaleureuse voix de Michael Dorp est accompagnée des guitares envoutantes de Michael Rick; Avec des chansons allant de 3’30 à 10′, Flying Circus ne vise pas les radios. Mais là où cet album est encore plus intéressant, c’est à l’écoute de la version d’origine remasterisée. On se rend compte – parce que rares sont les amateurs du groupe en France, reconnaissons-le – que Flying Circus ne s’est pas contenter de réenregistrer son album. Le groupe a vraiment retravaillé ses chansons, leur apportant de nouvelles couleurs, de nouvelles idées sans jamais les dénaturer. un album double en quelque sorte qui permet aussi de faire le constat de l’évolution du groupe; Une jolie découverte, un quart de siècle plus tard…

Interview: WHEEL

Interview Wheel : entretien avec James Lascelles (chant). Propos recueillis par Skype le 18 février 2021

Photo promo

 

Metal-Eyes : Simplement pour commencer de manière originale puisque c’est la première fois que nous parlons, quelle est l’histoire de Wheel ?

James : « Commencer de manière originale » ? Ah, ah ! Brillant, j’aime ça ! J’ai commencé la musique il y a longtemps, quand j’étais gamin, et j’ai commencé la guitare vers 18 ans. Je suis allé à l’université pour apprendre la musique, et j’ai joué dans plein de projets, dans des groupes de jazz, en solo, dans un projet Doo Wap avec un Finlandais. Notre premier Ep en tant que Wheel est d’ailleurs constitué de titres de cette époque, rien à voir avec ce que Wheel est aujourd’hui. Je suis arrivé au stade où j’ai failli tout arrêter, j’avais mon boulot, j’étais complètement fauché, l’avenir n’était pas radieux… Alors j’ai fini par me trouver ici, en Finlande, à jouer avec des potes locaux. On jouait de la pop. Ce n’est pas mon style, mais je me disais « si je joue de la musique, pourquoi pas ? ». Artistiquement, ce n’était pas très inspirant. Je l’ai fait jusqu’à ce que je sente qu’il était temps de partir et j’ai fondé Wheel. Nous avons trouvé une alchimie, la direction musicale que nous voulions suivre. Artistiquement, parfois, c’est compliqué, mais il y a tant de satisfaction à faire quelque chose que tu veux…

 

Metal-Eyes : Tu dates les débuts de Wheel à quand ?

James : Aux alentours de 2015. Mars 2015.

 

Metal-Eyes : Depuis, vous avez sorti un album, Moving backwards en 2019, c’est bien ça ?

James : Oui, et deux Ep auparavant.

 

Metal-Eyes : L’album, Resident human, débute avec Dissipating, un choix risqué puisque la chanson dure 12’. Elle démarre calmement avant de monter en puissance poru retrouver un certain calme. Avez-vous mis tout ce qui fait Wheel dans cette première chanson ?

James : Ce n’était pas vraiment volontaire, mais sans doute, oui… Il s’agit plus d’un voyage, si tu veux, l’exploration qui se produit lors de la création. Comme tu le dis, 12’, c’est long pour un morceau de musique. Mais il y a une vraie variété, ce calme, et ce riff énorme qui arrive au milieu… Mais, l’ambiance générale nous plaisait. Nous ne voulions pas faire quelque chose de trop complexe – la complexité, ça craint… Nous avons pensé aux harmonies, les changements de clé, même le refrain n’est pas vraiment un refrain puisqu’il n’est présent qu’une fois. Nous avons simplement trouvé intéressant de voir comment nous pouvions produire un tel titre, qui contraste avec le premier album.

 

Metal-Eyes : Je n’ai pas écouté le premier album, donc c’est ma découverte de Wheel. Quels sont les groupes qui vous influencent ? J’en ai un en tête…

James : Vraiment ? Personne n’avoue jamais ce genre de chose (rires). Avant tout, Alice In Chains, Radiohead, Messugah, pour cet album, sans doute Katatonia avec qui nous avons tourné en 2019… Je crois qu’ils ont influencé mon chant. Mais j’écoute tant de styles différents, du hip-hop, du rock, du jazz… Je crois qu’il faut savoir en prendre partout.

 

Metal-Eyes : En continuant l’écoute avec Movement et Ascend, les deux chansons suivantes, j’entends beaucoup Soen. Vous êtes familiers avec ce groupe ?

James : Oui, on a tourné deux fois avec eux, ce sont de bons amis, et, à ce sujet, leur nouvel album Imperial est très bon, si ça intéresse quelqu’un ! Honnêtement, je suis étonné que tu évoques Soen… Sur Movement, nous avons voulu mixer diverses choses, ce n’est pas un titre fondamentalement metal, mais il est bourré de rage…

 

Metal-Eyes : Votre musique reste très influencée par le prog…

James : Absolument… Sur Movement, il y a une batterie très jazzy, la formation de notre batteur, et je crois que, principalement sur les morceaux les plus courts, nous avons voulu répondre aux attentes des auditeurs. Mais nous aimons aussi nous éloigner de ça pour tenter de surprendre et voir où ça nous mène.

 

Metal-Eyes : Le titre de l’album, Resident human fait-il référence aux jeu et films Resident Evil ?

James : D’une certaine manière, oui…Il s’agit plus de faire ressortir l’humanité de chacun, que chacun participe enfin à la vie de tous. C’est quelque chose de particulièrement nécessaire, surtout depuis l’an dernier où chacun regardait par sa fenêtre pour voir ce qu’il se passait. Aussi bien logiquement que cosmiquement, nous n’avons pas le contrôle au-delà de ce que nous choisissons. C’est assez effrayant parce que nous ne pouvons rien y changer…

 

Metal-Eyes : Tu parles de l’an dernier – j’entends « pandémie ». Quel impact la pandémie a-t-elle eu sur l’enregistrement de l’album ?

James : Elle a eu un impact sur absolument tout, de l’enregistrement à l’écriture des textes. Je crois que tout est lié. Quelques temps après le confinement en Finlande, notre guitariste s’est retrouvé coincé chez lui, dans l’impossibilité de venir en studio. On a enregistré la basse et la batterie, on a dû prendre des décisions très rapidement pour gagner du temps. C’est assez thérapeutique d’enregistrer un album en cette période, mais il faut pouvoir le faire. En plus, il y a eu plein de frustration, nous devions tourner, avec Messugah et d’autres, tout a été annulé, Apocalyptica… Au moins, l’enregistrement m’a permis de décompresser. On se sent si désarmé par cette situation…

 

Metal-Eyes : J’ai prononcé le mot de Prog tout à l’heure, mais comment définirais-tu la musique de Wheel à quelqu’un qui ne vous connait pas du tout ?

James : Nous avons un spectre très large. Tu peux appeler ça du prog, ça me va, parce que, après tout, c’est la définition même du mot progressif, tenter des choses. C’est ce que nous faisons, mais j’ai le sentiment que le prog est devenu un genre à part entière avec ses sous-genres. Donc oui, nous sommes absolument un groupe progressif, mais tout réside vraiment dans l’humeur et les ambiances que nous construisons. Un groupe comme Karnivool cherche à travailler ses structures, les ambiances, et c’est ce que nous visons aussi.

 

Metal-Eyes : Et les ambiances que vous développez vont du calme à la tempête, un peu comme des montagnes russes. Elle se terminent même avec Old earth, qui clôt cet album avec un simple piano. Qu’est-ce qui vous a poussés à conclure de cette manière ?

James : Aki, le bassiste, et moi étions en studio et nous tentions divers track listings. Il y avait ce piano, et j’ai joué. Nous nous sommes alors dit que ce serait sympa d’amener le public vers cette fin plus calme. Le studio a ce plafond cathédrale, très haut, le bâtiment date des années 20, je crois. Je crois que c’est une belle suite au morceau précédent, Resident human.

 

Metal-Eyes : Le titre lui-même fait-il allusion au monde d’avant, celui d’il y a un peu plus d’un an, avant la pandémie ?

James : Je n’y avais pas songé… C’est une excellente façon de voir les choses aussi. C’est ce que j’aime avec la musique, nous avons tous nos interprétations de différentes choses, c’est très cool. En fait, la chanson parle d’une Terre qui n’existe plus, et, comme tu le dis, c’est une façon, romantique, de parler du passé.

 

Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’un seul titre de cet album pour décrire ce qu’est Wheel aujourd’hui, ce serait laquelle ?

James : Oh, c’est une question vraiment très difficile…

 

Metal-Eyes : Merci !

James (rires) : Je préfère ça à des questions méchantes… C’est très difficile de n’en choisir qu’une, mais si je devais le faire, je retiendrai Dissipating, simplement parce qu’elle a toutes ces ambiances. Il y a tous ce que nous faisons. Elle est longue et propose beaucoup de choses.

 

Metal-Eyes : Quelle pourrait-être la devise de Wheel en 2021 ?

James : Attends… J’essaie de penser à quelque chose qui implique les autres membres, pas que moi… (il réfléchit très longuement)

 

Metal-Eyes : Je reviens dans 5 minutes…

James : Oui (rires)… Je tiens un truc : je crois que lorsque nous avons démarré ce groupe, les gens ne croyais pas en nous, en notre capacité à vivre de la musique. C’est incroyable ce que tu peux réaliser quand tu y crois, quand tu prends du plaisir. Je me sens si privilégié de pouvoir faire ce que nous faisons, que tant de monde s’intéresse à notre musique. Nous ne prenons rien pour acquis, alors, je pense que la meilleure devise serait « Merci » (rires).