CARBONIC FIELDS: Ite est

France, metal (autoproduction, 2021)

Faites comme la bonne fée, et penchez vous sur Carbonic Fields. Ce groupe formé au Havre en 2018 par le guitariste protéiforme Mathieu Méheust  bientôt rejoint par le vocaliste Thomas d’Herbomez. Le duo est ensuite rejoint par un certain Franky Constanza (le temps de cet album), batteur qu’on ne présente plus, dont le seul nom devrait être un gage de qualité du groupe où figurent également aujourd’hui  Elliot Raveau (basse) et JB Romeo (guitare). Dès les premières mesures de ce premier album Ite est, il est clair que les Havrais visent de lointains horizons. Puisant dans le metal pur et dur, le groupe varie les plaisir. L’introductif Terria et ses influences orientales ouvre le bal d’un metal furieux et rageur. Tout au long des Sad words, invitation à une correction des cervicales, A bluer shade rentre dedans ou même de la reprise explosive C’est toi que je t’aime (Les Inconnus), rien n’est laissé au hasard. Carbonic Fields joue sur les ambiances lourdes, speed, oppressantes, s’inspirant autant des Slayer ou Judas Priest pour ne laisser place à aucun ennui. Même le look qui évoque un Malemort flirtant avec Slipknot, c’est dire… Le morceau titre – seul morceau chanté en français – évoque même Lofofora. Premier essai qu’on espère voir vite être transformé avec une pochette aussi belle en plus.

 

 

ESQUYS: Instinct

Folk Metal Symphonique, France (Autoproduction 2021)

Nouveau venu sur la scène du metal, Esquys se montre avec Instinct, un premier album très ouvert d’esprit. Explorant tout à la fois les univers du metal symphonique que du folk metal, le « groupe » (?) nous propose 8 titres, dont 3 instrumentaux. Disons le tout de go: je suis bien plus sensible à ces derniers, fouillés et travaillés, qui entraînent l’auditeur dans des paysages médiévaux et bucoliques. Ah, qu’il est magnifique ce Ddansiwr! Si les chansons sont efficaces, variés et puissantes, elles souffrent trop souvent de comparaisons si évidentes qu’elles en perdent en qualité. Le chant d’Anna Fiori – chanteuse mexicaine déjà auteure de 2 albums – s’il est de très haut niveau, évoque d’une telle évidence Amy Lee (Evanescence) sur Open your Eyes, celui de la soprano Ranthiel ressemble comme deux gouttes d’eau à une certaine Tarja sur Ghosts, certaines parties de Frozen rappelant quant à elles Bon Jovi down tempo… de ces évidences résultent une perte d’efficacité. Dommage, car cet album préfigure de grandes possibilités musicales qui pourraient se résumer en trois mots: épique, médiéval et aérien. Hey, je retrouve même quelques traces de Mike Oldfield et de ses Tubular bells orchestra sur Your smile, mais c’est ici assez… hypnotique. Instinct nous propose donc une jolie variété de sons et tonalités et présente une formation plus que prometteuse qui pourrait trouver sa place en se démarquant de trop évidentes influences et, conséquence logique, en affirmant ou en se découvrant une identité vocale.

HELL OF A RIDE: Nine of cups

France, Heavy rock (Autoproduction, 2019)

Prenez des cow-boys modernes, de grosses bagnoles et un esprit castagneur à la Tarantino. Vous aurez une idée de ce rock lourd et direct que nous propose Hell Of A Ride avec son second album, Nine of cups. Le groupe reprend les aventures de ses héros déjantés. John Ringsdale, « Mad Dog », a disparu, et les Pussy Riders (!) partent à sa recherche. Sur fond de metal moderne très influencé par le gros son US actuel, HOAR parvient une nouvelle fois à créer un univers sonore puissant et enjoué, chantant et entraînant. Dès les premières mesures de Stand up, le ton est donné: de la rage et de la puissance qui, après quelques hurlements de colère, font place à une voix puissante, rauque et rugueuse. Certains titres évoquent ouvertement Sixx A.M., d’autres lorgnent plus du côté d’un punk US stylé, mais toujours HOAR vise l’efficacité. Reste un mystère: la signification de ce titre, Nine of cups, forcément lié à l’univers du tarot… Reste qu’on embarque volontiers à bord de cet amas de metal, de bruit et de fureur. Hell Of A Ride a un vrai potentiel international, alors faisons croire que le groupe est américain et bénéficie du soutien d’un gros label, voulez-vous?

SMOKEHEAD: From the abyss

Heavy metal, France (Autoproduction, 2017)

Le soleil brille encore sur la côte d’Azur, d’où arrive Smokehead avec son heavy gras comme un kebab. Les guitares rugueuses et la voix puissante et étouffées – notons un chant en anglais, perfectible mais enfin compréhensible ! – les rythmes enlevés prennent l’auditeur à la gorge dès les premières mesures de The Dakota fire hole. Ca sent le soleil et le désert, sans conteste. Crave et ses « bang bang » à reprendre live est tout aussi efficace, tandis que Fire, plus ambiancé, à la basse groovy, montre une autre facette du groupe. Cette variété est promesse d’efficacité, et la suite répond à nos attentes. Rapide et direct (Black & white), lent et aérien (Would you wait for me), le clin d’oeil ensoleillé à la région d’origine (Riviera), sentimental (Desire)… Si l’on parle volontiers de Stoner – la production étouffée y est pour beaucoup – Smokehead est avant tout un groupe de heavy rock sauce metal. L’esprit US est présent et l’on écoute volontiers cet album à fond au volant sur le highway. Maintenant, qui tombe sur une photo du groupe peut douter du caractère sérieusement heavy des gaillards. Et pourtant… Laissez vous surprendre, vous ne serez pas déçus par les 14 compos de ce From the abyss plus que prometteur.

BARE TEETH: First the town, then the world

Heavy metal, France (Autoproduction, 2017)

Avoir les dents longues et acérées, c’est normal pour un groupe de rock. Les Français de Bare Teeth l’ont bien compris pour intituler leur premier album First the town, then the world. Affichez votre ambition les gars! Et n’hésitez pas, en effet, à montrer les crocs à la concurrence histoire de la décourager. Pensez, au passage à ajouter quelques brûlots à cet album. Le morceau éponyme qui introduit donne une bonne idée de l’envie du quatuor: c’est explosif, assez punk limite thrash, et ça ne passe pas par quatre chemins. Les guitares sont aussi dynamiques que recherchées, la rythmique pose un mur sonore efficace, et le chant est puissant. Seulement, on n’y comprend rien sans avoir le texte sous les yeux! L’accent semble correct, mais cette voix n’est pas assez mise en avant, et se noie dans la masse sonore. Reste que l’ensemble puise ses guitares aussi bien du côté du punk US des années 90 que du metal classique d’Iron Maiden ou Metallica ainsi que, moins souvent mais plus remarquablement, d’AC/DC. Globalement, cependant, Bare Teeth veut se forger une identité  propre, et y parvient sans toutefois réussir à maintenir mon attention au delà des 4 premier titres. La suite donne l’impression de se répéter, de manquer d’aisance aussi, à l’exception du morceau bonus, une version acoustique de Behind the wall, dont l’original est explosif. Deux univers, en somme. Bare Teeth, s’il souhaite se distinguer, doit franchir un pas et trouver comment combler ce manque. En travaillant la voix, certes, mais aussi en osant être encore plus différent. De belle promesses qui n’attendent que leur transformation.

Note: 7/10

BABYLON PRESSION: Heureux d’être content

Punk, France (Autoproduction, 2017)

Formé en 2007 à Marseille, Babylon Pression revient avec Heureux d’être content, son 6ème album, taillé dans un punk explosif, enragé, aux paroles totalement décalées. Les guitares thrash évoquent naturellement le metal, mais la rage vocale et les propos je m’en foutistes sont clairement un héritage des Pistols et autres anarchistes de la fin des 70’s. Violent, direct, et, somme toute, distrayant – si je puis dire – on se laisse emporter par cet ensemble brut, brutal aux éructations et crachats (ah, ce glaviot qui introduit Toutes des mères sauf ma pute!) d’un autre temps! La production est, en revanche, totalement d’actualité, claire, grasse et d’une incontestable efficacité. Elle fait ressortir le côté crade et la volonté de Babylon Pression de déranger. Ca ne va pas bien loin, mais c’est globalement réussi.

Note: 7,5/10

OUR BLOND COVERS: Die and retry

our-blond-covers-2016Rock, France (autoproduction, 2016)

Il y a quelque mois, nous découvrions Our Blond Covers par le biais de son premier effort, The lost side of the world (chroniqué ici même). Quelques mois à peine, là où la plupart des groupes mettent deux ans à sortir un nouvel album! Rien que pour cet effort « à l’ancienne » OBC mérite toute notre attention et nos félicitations. Maintenant, qu’en est-il musicalement? Le groupe évolue dans un registre rock 90’s dans lequel se glissent quelques influences new wave. OBC propose une variété de genres, alternant entre morceaux mid tempo ou lents et chansons plus hard, rapides et directes.  Le morceau titre, qui introduit cet album, est à la fois léger tout en proposant un refrain dynamique et chantant. Il est suivi d’un Maniac plus rentre dedans, plus hard, au chant rageur, tandis que Left away without a trace se rapproche de la ballade romantique US. Deaf tones mixe lourdeur et lenteur – sans que l’on puisse parler de doom, loin s’en faut! Artificial est syncopé et hypnotique avec ses parties répétitives, tandis que Something wrong tape à l’opposé avec ses aspirations plus jazzy. Enfin, Voices, s’il évoque ouvertement AC/DC au démarrage se fait rapidement simple et direct, allant à l’essentiel. Malgré cette variété qui peut en dérouter certains – prétextant que le groupe ne sait pas quel style choisir? – Our Blond Covers semble savoir où se diriger: vers un public large et varié, malgré un chant anglais difficilement compréhensible (bien que le phrasé soit agréable). Si l’on excepte un livret absolument inutile (seule la page 4 sert pour les crédits, le reste n’est même pas du remplissage), on appréciera justement cette variété et ces vocaux qui ratissent large. Il y en a pour tous les goûts. C’est, finalement, à la fois la force et la faiblesse de ce disque.

Note: 7,5/10

Titre que je retiens: Artificial

TOMY LOBO: Golden birds

tomy-lobo-2016Rock, France (Autoproduction, 2016)

En 1988, lors de sa sortie, le premier album de Kingdom Come fut immédiatement comparé à Led Zeppelin. Son chanteur, Lenny Wolf, pouvait clamer n’avoir jamais entendu parler de ce groupe, personne ne le croyait. Tomy Lobo peut-il aujourd’hui clamer haut et fort que la pochette de New Horizon de The Answer lui est inconnue? on peut en douter tant les similitudes contraires sont nombreuses. Je vous laisse juger par vous même. Car le propos est ici musical. Golden birds est un Ep de 6 chansons inspirées tant par la new wave (Viperine au chant doux et écorché, ou Night prism, alliant new wave et rap) que par un romantisme torturé (It starts with fire) ou plus léger et aérien (Golden birds). Erase it all est, au milieu du disque, plus proche des années 80, tandis que le groupe s’approche de l’esprit gospel sur Light all blue. Nous avons donc droit à une jolie variété qui cependant mériterait plus de profondeur et, malheureusement et encore, souffre d’un accent anglais difficilement compréhensible rendant l’écoute peu attractive. L’ensemble ne parvient pas à me faire vibrer hormi le morceau titre et Light all blue. Rien d’étonnant, donc, à lire que le groupe « est une désorganisation autogérée ».

Note: 6,5/10

Titre que je retiens: Golden birds

WOLVE: Lazare

wolve-lazareRock, France (Ep – Autoproduction, 2016)

Wolve, le nom idéal pour un groupe aux dents longues, au son tranchant et saignant, pourrait-on croire. Le trio s’est formé en 2014 et a déjà publié un premier album, Sleepwalker, remarqué par certains médias. Les franciliens reviennent aujourd’hui avec Lazare, un Ep 4 titres de 18′ qui propose de découvrir différentes facettes de la formation. Car Wolve peut se faire autant romantique et mélancolique sur le long et alambiqué, intrigant et accessible, Lazare, ou le délicat Porcelain que rageur sur l’expéditif Inferno (moins d’une minute!) qui pourrait servir d’introduction au Far, morceau qui démarre calmeent avant de monter en puissance et prendre un virage psychédélique et – logique – hypnotique. Quatre titres, c’est peu. S’il s’agit d’un amuse bouche en prévision d’un album, alors c’est réussi: on a envie d’en connaitre plus.

Note: 8/10

Titre que je retiens: Far

SONIC WINTER: Party war on the killing floor

sonic-winter-2016Rock, France (Autoproduction, 2016)

Que voici une bizarrerie… Un ovni déjanté qui intrigue, interpelle et est à la fois étonnant et familier. Etonnant car Sonic Winter ose tout. Familier parce que les 14 chansons puisent dans la culture populaire, rock, hard, dance et plus encore. On y trouve des influenceS 70 (Black Sabbath ou Deep Purple sur Year zero, Straight in your face ou Beautiful queen of the golden east), 80’s avec des inspirations new wave et new age (Dead brain century carnival, I lose control), une époque où l’on découvrait les immenses possibilités offertes par l’abus de claviers et de synthé… Le chant est doux, pas vraiment rock, d’ailleurs, mais suffisamment agréable pour accrocher l’auditeur, bien que parfois on puisse se poser des questions (comme sur Saturday on Earth). Oui, Sonic Winter est un ovni musical, inclassable, voulu par les maîtres penseurs du groupe que sont Jean-Marc Millière (chant et guitare) et Francis Girola (claviers et chant) mentionné comme sound designer. Là, pardon, mais l’ensemble est sourd, mais on s’y fait. Les deux se sont entourés d’une pléiade d’invités venus de France, d’Ecosse, de Suède, d’Ukraine, du Canada, de Géorgie ou d’Italie. Z’imaginez bien que chacun a dû apporter sa touche pour créer un ensemble varié. Bizarre, vous avez dit bizarre? Et, finalement, fun. Eh, il y a même une reprise du Fils de Lucifer, titre culte de Vulcain, tout autant revisité que respectueux de l’original! Musique de boite de nuit et de concerts mélangés à recommander à tous les curieux.

Note: 8/10

Titre que je retiens: Le fils de Lucifer (forcément…)