Puisque nous sommes privés de concerts depuis trop longtemps et pour une durée indéterminée, Metal Eyes a décidé de revisiter certains albums live avec cette nouvelle rubrique « Concerts from home ». De grands classiques intemporels à des témoignages plus « locaux » nous pourrons ainsi nous replonger dans le bruit et la fureur de ce qui fait notre univers, sillonner le monde des décibels et du fun sans avoir, puisque de chez nous, à nous soucier de gestes barrières. En attendant de nous retrouver devant les scène locales ou d’arenas. Enjoy!
A tout seigneur, tout honneur…
IRON MAIDEN – Live after death (EMI, 1985)
Leur cinquième album studio n’est pas encore en bacs qu’Iron Maiden est déjà – de nouveau – sur les routes. Le World slavery tour démarre officiellement le 9 août 1984, à Varsovie, en Pologne. Une Pologne encore (« toujours » ?) sous le joug d’un envahisseur de plus en plus décrié. Signe des temps, malgré sa poigne de fer, l’Etat que dirige le général Jaruzelski accepte la tenue de quelques concerts de cette musique tant décriée à l’Est. Iron Maiden visitera ainsi 5 villes polonaises et ira poser ses flight cases en Hongrie et en Yougoslavie avant de s’attaquer à l’Europe, aux USA et à l’Asie dans une tournée qui prendra fin le 5 juillet 1985 en Californie.
Le 3 septembre 1984, Powerslave, le nouvel album de la vierge de fer parait enfin tandis que le groupe donne un concert à Madrid, en Espagne. Sans parler des qualités de cet album depuis entré dans l’histoire, on ne peut que remarquer qu’Iron Maiden semble avoir trouvé l’équilibre : il s’agit du second album d’un line up sans modification aucune. Un groupe qui, en plus, s’est uni, soudé, au cours de la précédente tournée. Et cela a un impact notable sur tout ce que fait Iron Maiden.
Ce groupe va bien au-delà des musiciens – Steve Harris (basse), Bruce Dickinson (chant), Dave Murray et Adrian Smith (guitares) et Nicko Mc Brain (batterie). C’est aussi tout l’entourage, toute l’équipe technique qui forme ce clan, cette famille, à commencer par l’indéboulonnable paire de managers que sont Rod Smallwood et Andy Taylor, mais aussi les fidèles Martin Birch (producteur des albums depuis Killers en 1981), Dave Lights (lumières), Dick Bell, Doug Hall ou encore, comment les oublier, l’illustrateur Derek Riggs et le photographe Ross Halfin.
C’est ce clan qui se retrouve à la maison, à Hammersmith Odeon de Londres les 8, 9, 10 et 12 octobre 1984 alors que l’album caracole en tête des charts (n°2). Le show est rodé et, à domicile, Martin Birch décide d’enregistrer ces concerts à l’aide du Rolling Stones Mobile. Une première étape avant le gros morceau, quelques mois plus tard, où les micros du Record Plant Mobile n°3 capteront les concerts donnés au Long Beach Arena de Los Angeles pendant 4 soirées – du 14 au 17 mars 1985. C’est la première fois qu’un groupe joue soirs d’affilée dans une même ville à guichets fermés ! Dans une salle d’une capacité d’environ 13.500 places… Alors non seulement ces concerts seront enregistrés, mais en plus ils seront filmés. Et il est grand temps pour la Vierge de Fer de proposer un premier live, car, en 1985, Motörhead, Saxon, Judas Priest et tant d’autres se sont déjà, depuis des années, prêtes à l’exercice avec succès. Au tour des nouveaux maitres du metal de se jouer le jeu.
Le résultat de ces captations se nomme Live after death, le tout premier album live d’Iron Maiden qui parait le 26 octobre 1985. Un double, même, composé de 17 titres (plus le speech de Churchill en intro). Martin Birch, en matière de live, n’en est pas à son premier essai. Comme il l’explique dans les notes du disque, le premier live auquel il a apporté son oreille est l’incontournable Maiden In Japan de Deep Purple, en 1972. Un double album, là encore.
Tout au long de ces deux galettes – les trois premières faces sont les enregistrements de Los Angeles, la dernière ceux de Londres) le public (re)découvre un groupe au sommet de sa forme. Iron Maiden va constamment chercher son public, et l’échange d’énergie, la réciprocité dégage une puissance de feu sans pareille. La vidéo, elle, montre, en plus des concerts, le groupe derrière le rideau de fer. Un témoignage rare, dont cette scène où la bande se retrouve embarquée dans un mariage… local.
Si le public se délecte des désormais classiques du genre (Aces High, 2 minutes to midnight, The trooper, Powerslave, The number of the beast…), son plaisir continue avec le produit en lui-même. Derek Riggs a, une nouvelle fois, créé une pochette au mille références et détails, une pochette qui occupe le regard des heures durant. Surtout, au-delà des pochettes papier des galettes, joliment illustrées de nombreuses photo, Iron Maiden offre un livret de 8 pages truffées d’informations diverses, allant de la liste complète des dates de cette tournée à des informations purement techniques. On y apprend ainsi que la tournée de 322 jours a vu le groupe visiter 24 pays ou occuper 7778 chambres d’hôtel…
Arrivé n°2 des charts anglais (la VHS sera n°1), Live after death s’impose bientôt dans la catégorie des live incontournables du rock et devient un témoignage historique. Il sera réédité en CD dans une première version tronquée des titres de l’Hammersmith, avec un livret plu sobre, voire dénué d’intérêt. Il faudra attendre 1998 et la vague de rééditions du back catalogue pour retrouver l’intégralité de ces enregistrements sur un double CD (agrémenté d’une illustration inédite de Riggs) ainsi qu’un livret reprenant l’ensemble des notes de l’album et d’une plage multimédia avec vidéos et autres documents. Si les photos sont moins nombreuses, quelques illustrations inédites viennent compléter le plaisir.