SAXON: Hell, fire and damnation

Heavy metal, Angleterre (Silver lining, 2024)

Productif et régulier, c’est le moins qu’on puisse dire de Saxon, qui pourrait pourtant commencer – depuis quelques temps – à songer à une retraite bien méritée. Mais les Anglais menés par l’indéboulonnable Biff Byford sont plus en forme que jamais et le prouvent une nouvelle fois avec Hell, fire and damnation. C’est désormais un fait connu de tous, Paul Quinn a décidé de quitter le groupe, en tout cas de cesser ses tournées qui l’épuisaient pour se consacrer aux enregistrements studios de Saxon. Il a depuis été remplacé par un vétéran de la scène metal, Brian Tatler, fondateur du mythique Diamond Head, guitariste de la même génération et avec la même culture musicale que Biff. Tatler a cependant plus apporté à ce nouvel album que prévu, l’approche de la tournée commune avec Judas Priest obligeant Saxon a accélérer la réalisation de ce disque dont la production a été confiée à un certain Andy Sneap, producteur émérite et, tiens donc, également guitariste live au sein de… Judas Priest. Parlez de familles recomposées… Mais revenons à Hell, fire and damnation, le 24ème album studio (26ème si l’on compte les 2 albums de reprises Inspirations) qui démarre par une sombre et inquiétante intro (The prophecy) avant d’attaquer pied au plancher avec le morceau titre dont le refrain sera incontestablement repris en chœur par le public en concert. Visiblement inspiré par des thèmes historiques (à commencer par la pochette qui, comme le titre, évoque l’Enfer de Dante), Saxon déploie un arsenal de puissance porté par des riffs aussi féroces que modulés. Le plus calme Madame Guillotine avec son break qui rappelle les premiers jours du groupe précède un Fire and steel speedé qui voit un Biff chanter avec une rage folle, avant que le plus heavy Something in Rosewell, ses sonorités électro en intro et son esprit légèrement décalé en fasse le titre « ovni » de l’album. Saxon explore diverses périodes de l’histoire mondiale, passant ainsi de la révolution française à l’empire mongol (le rapide et aérien Kubla Khan and the merchant of Venice), les premiers pirates de la radio anglaise (Pirates of the airwaves) qui ont permis à toute une jeunesse (dont Biff lui même « just a teenage boy underneath the covers listening to the radio ») de découvrir nombre de nouveautés rock et qui ont suscité des carrières en passant par Guillaume le Conquérant (1066) et les sorcières de Salem (Witches of Salem). Saxon se montre ici plus en forme que jamais avec un album de pur heavy, puissant et mélodique dont on ne peut que vanter l’exemplarité tant y trouver un défaut est difficile. Le contenu musical est aussi inspiré que la pochette (qui relève vraiment le niveau de la précédente…) Biff, qui vient de célébrer ses 73 ans est dans une éblouissante forme vocale, et ses compagnons de route plus affutés que jamais. On admirera le travail aussi rentre dedans que tout en finesse du batteur Nigel Gloker, la puissance du bassiste Nibs Carter et la réelle complicité guitaristique entre Brian Tatler et Doug Scarratt qui, ensemble forment non pas un groupe uni – ce qu’ils sont – mais une vraie machine de guerre. Un groupe à ne pas manquer à Lyon et au Zénith de Paris, ni même au Hellfest où Saxon nous offrira, enfin, son show Castles and Eagles – avec promesse de faire revoler le Fuckin’ pigeon.

SAXON: More inspirations

Angleterre, Rock/Hard rock (Silver lining, 2023)

A peine deux ans après Inspirations, Saxon revient – est revenu, l’album étant sorti en mars dernier – avec une nouvel album de reprises, More Inspirations. Les Anglais ne misent certes pas sur ce disque pour remporter de l’or mais cherche simplement à se faire plaisir en reprenant ce qui, naguère et aujourd’hui encore, peut être considéré comme des standards ou des classiques du Rock avec un grand R. La première partie de l’album revisite ainsi The Animals (We’ve gotta get out of this place) ou The Sensational Alex Harvey Band (The faith healer). Le moins qu’on puisse dire est que Saxon interpelle avec sa version et c’est bien tout l’intérêt de ce type d’exercice. La suite est puisée dans un registre plus « dur » puisqu’on retrouve, en vrac, The Who (The subsitute), Alice Cooper (From the inside), Kiss (Detroit rock city), une superbe version du Man on the silver moutain de Rainbow, mais aussi Cream (Tales of brave Ulysses), Nazareth (Razaranaz) ou un clin d’oeil aux belles cylindrées avec ZZ Top et sa Chevrolet. En se faisant simplement plaisir, Saxon permet aussi à ses fans de (re)découvrir certains des classiques entrés dans l’histoire du rock. Sans prétention mais tellement rafraichissant, cet album ouvre-t-il la voie à une troisième source d’inspirations?

SAXON: Paul QUINN dit « stop » aux tournées

L’annonce est  discrètement parue sur la page Facebook du groupe: Paul Quinn, le guitariste historique et cofondateur avec Biff Byford de Saxon a décidé d’arrêter les tournées intensives avec ses vieux complices – le groupe a un line up inchangé depuis 2009.

« Après beaucoup de réflexion, notre bon ami et compagnon guerrier Paul Quinn a décidé de se retirer des tournées de Saxon. Après de nombreuses années sur la route, avec son lot de stress et de fatigue qui accompagnent de longues tournées, Paul ne souhaite pas que sa performance en pâtisse et laisser tomber ses compagnons de routes et ses fans » – La suite du communiqué ci-dessous.

C’est donc un des piliers de Saxon, membre plus qu’actif depuis la création du groupe en 1976 et compositeur de riffs qui ont fait la légende des Anglais – inutile de les rappeler, j’espère – qui met un terme à ces longues tournées. Ceci ne remet donc nullement en cause la participation de Paul, aujourd’hui âgé de 71 ans (il est né à Barnsley le 26 décembre 1951), à la création de futurs albums, dont on attend désormais le successeurs de Carpe diem, très bien nommé en l’occurrence.

J’ai vu Saxon pour la première fois en 1981, au Pavillon Baltard, sur la tournée Wheels of steel, puis sur presque chaque tournée exception faite de la période que j’ai passée dans le Midi au cours des années 90 – période la plus creuse pour le groupe. Jamais le groupe ne m’a déçu live, donnant toujours, même aux plus jeunes, de vraies leçons de performances scéniques. J’ai pu rencontrer cet homme charmant et un peu perdu sur la tournée Call to arms – il n’en revenait pas que Saxon en soit déjà à son 19ème album… D’autres albums ont suivi depuis, et pas des moindres, quelques studios et de nombreux live – et je me suis entretenu avec lui pour la dernière fois lors de la promo du premier album de reprises, Inspirations, en pleine période de pandémie. Car même là, jamais Saxon, jamais Paul ni Saxon n’ont baissé les bras. Il arrive pourtant i moment où il faut savoir se retirer, et Paul estime visiblement que ce temps est arrivé.

En un mot comme en cent: Paul, merci pour ces plus de quatre décennies à nous concocter certains des hymnes les plus fédérateurs du heavy metal. Take care! On attend la suite avec impatience.

1er fév 2009 Paris Bataclan

12 mai 2011-Paris, Bataclan

24 nov 2014 – Paris, Bataclan

11 juin 2016- Download Paris

14 nov 2016 – Paris, Trianon

17 juin 2017 – Clisson, Hellfest

9 déc 2022 – Paris, Trianon

 

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SAXON live à Paris: la galerie

retrouvez ici le live report du concert

 

SAXON live à Paris: Le Trianon, 9 décembre 2022 (avec Victory)

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La file qui s’étend sur plus de 150m devant le Trianon à 30′ du début du concert est impressionnante. Pourtant, les agents de sécurité font leur inspection rapidement et il ne faut au final que quelques minutes pour se retrouver à l’intérieur de cette superbe salle. Initialement programmé le 2 octobre dernier, le concert de Saxon a été repositionné en ce 9 décembre la salle ayant subi des fuites forçant le groupe à annuler sa prestation initiale. Fort heureusement, les fans – multigénérationnels – sont présents en nombre, le Trianon affichant complet ou presque, les dernières places se vendant directement au guichet.

VICTORY

Initialement prévus en ouverture, les Anglais de Diamond Head qui ont ouvert pour leurs compatriotes sur le reste de la tournée n’ont pu ce soir rejoindre la bande de Biff Byford et Paul Quinn. Vraiment dommage mais Saxon a trouvé un remplaçant de choix avec Victory, groupe allemand formé en 1984 récemment (re)reformé (encore un groupe au parcours quelque peu chaotique) qui a publié en 2021 le superbe Gods of tomorrow, quelque peu, naturellement, mis à l’honneur ce soir.

VICTORY

Là encore, nous voici en présence d’un groupe multigénérationnel: la jeune garde, fraiche et affamée, est représenté par Gianni Pontillo, chanteur à la voix d’or puissante et chaleureuse, le guitariste Mike Pesin et le bassiste « à fond dans ce que je fais » Malte Burkert, tous trois affichant une belle complicité et soutenant le travail d’orfèvre du concentré batteur Mike Stein, et du guitariste bien connu des fans de Sinner et d’Accept – entre autres – Herman Franck, tous deux membres historique et piliers actuels de la maison Victory.

VICTORY

Contrairement à d’autres, Saxon a été particulièrement généreux avec Victory qui bénéficie d’une superbe mise en son et de lumières magnifiques. Les Allemands bénéficient également de 45 bonnes minutes pour séduire et convaincre le public qui grossit au fil du temps, malgré de nombreux absents bien massés devant le stand de merchandising.

VICTORY

Victory propose un heavy metal traditionnel et varié, inspiré du metal US des 80’s avec ses superbes mélodies et ses refrains entrainants et du Heavy européen (allemand autant qu’anglais) et sa puissance de feu. La diversités des rythmes se révèle rapidement d’une grande efficacité – il y a de la place pour tout, mid et soft-tempo inclus – et le public présent se montre bientôt très réceptif.

VICTORY

Les musiciens sont très mobiles et Herman Frank semble particulièrement heureux de retrouver le public parisien, affichant sourires et envie d’aller chercher de nouveaux fans. Etant donné l’accueil et les réactions, on peut dire que c’est, ce soir, mission accomplie!

SAXON

Le kit de batterie étant déjà installé, le changement de plateau est assez rapide. Il est 20h15 lorsque les lumière s’éteignent et que l’intro du dernier album envahit le Trianon. Nigel Glocker s’installe discrètement derrière son kit, acclamé par la foule, rapidement suivi, dans la pénombre, de Tim Nibbs Carter, Doug Scarrat et Paul Quinn avant que Biff Byford ne déboule tel un père tranquille prêt à attaquer son public.

SAXON

Si Saxon fait ce soir naturellement honneur à son dernier superbe album, Carpe diem, en en proposant pas moins de 6 titres, si les classiques sont aussi, naturellement, de sortie (au nombre de 9), le groupe surprend avec une setlist osée qui propose aussi de jolies surprises et raretés faisant de ce concert, classique dans sa forme (Nibbs qui se démonte les cervicales, Doug reste concentré et appliqué…), un moment rare dans la carrière des ancêtres du British Heavy Metal. Car, oui, quel plaisir de pouvoir écouter The Thin red line, issu de Unleash the beast ou encore Metalhead que le groupe a récemment remis au goût du jour en le réintégrant à sa setlist!

SAXON

La scène est aux couleurs du dernier album, la batterie surélevée et Saxon a même prévu quelques effets, dont de beaux jets de fumée sur un Sacrifice teinté d’un rouge, donnant à Biff un regard quelque peu maléfique. Peu d’artifices au delà de celui-ci, la fumée revenant régulièrement au gré des titres dont les plus attendus sont judicieusement placés entre deux nouveautés/raretés.

SAXON

Si les Anglais affichent une forme resplendissante, le show est aussi dans le public. Rarement ai-je pu assister à des pogos et (mini) circles pit avec Saxon. Que penser de ce parterre qui ressemble rapidement à un trampoline tant le public saute ! Public qui comprend, Biff le note à quelques reprises, différentes générations, et ça, ça fait plaisir pour un groupe de cette ancienneté.

SAXON

Après And the bands played on, le chanteur tend le bras vers un spectateur qui lui donne un tissus flanqué de la couveture de l’album mythique (un des…) Wheels of steel avant d’annoncer que « c’est justement le prochain morceau ». Las une fois ce classique indémodable terminé, le groupe quitte la scène. A peine une heure et quinze minutes se sont écoulées depuis le début du show mais…

SAXON

Rapidement les 5 réinvestissent les lieux pour un long rappel. Unique rappel mais suffisamment long pour décocher quelques dernières perles classiques de chez classiques. The pilgrammage, superbe, précède ainsi Strong arm of the law, Solid ball of rock, 747 (strangers in the night), denim and leather et Princess of the night qui achèvent de nous convaincre tous que, même si la fin est plus proche que le début, Saxon a encore de très belles années devant lui. Je rajoute un pari sur le Hellfest en 2023…

SAXON

Plus de 40 ans de carrière, imaginez un peu! Et toujours pas de retraite annoncée! Une superbe soirée que celle que nous ont offerts les 5 Anglais, et une très belle manière de terminer cette année de reprise de concerts.

Merci à Olivier Garnier (réplica promo) et GDP d’avoir rendu ce report possible.

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SAXON: Carpe diem

Heavy metal, Angleterre (Silver lining, 2022)

Même avec la pandémie, Biff Byford ne semble pas savoir ce que c’est que de rester inactif… Un album de reprises avec Saxon (Inspirations en 2020) histoire d’occuper le temps, un autre avec son fils Seb (Red brick city sous le nom de groupe Heavy Water en 2021) et maintenant voici que déboule Carpe diem, le nouvel effort collectif desdits Saxon. Clairement, Biff et sa bande – inchangée depuis maintenant 2007 et le retour de Nigel Gloker pour The inner sanctum – ont les crocs. Si Paul Graham (éternel guitariste du groupe) expliquait il y a quelques temps à Metal Eyes (cf l’interview de mars 2021) que le nouvel album studio de Saxon sortirait lorsque le groupe pourrait reprendre la route, la durée prolongée de la crise sanitaire semble en avoir décidé autrement, poussant les Anglais à publier ce bien nommé Carpe diem maintenant. « Vis l’instant présent »… oui, pas d’autre choix possible. Illustré par Paul Raymond Gregory (responsable de nombreux visuels du groupe depuis les années 80 – Crusader, Rock the nations, The inner sanctum, Into the labyrinth…), et une nouvelle fois produit par Andy Sneap, ce disque propose dix nouveaux brulots forgés dans le plus pur et traditionnel metal made in chez Saxon. Toujours aussi puissants et mélodiques, ces nouveaux titres démontrent une nouvelle fois, dès l’explosif morceau titre – superbe entrée en matière qui met les pendules à l’heure – que les anciens n’ont rien à prouver et qu’en se faisant simplement plaisir, ils parviennent à offrir à leurs fans du renouveau tout en restant eux mêmes. La paire de bretteurs composée de Paul Quinn et Doug Scarrat fait montre d’une complicité sans équivalent, le duo restant malheureusement bien trop sous estimé. Le chant de Biff est comme un bon vin, puissant et gouleyant, la frappe de Nigel Glocker ferme et plus solide que jamais soutenant le travail solide et puissant d’un Nibbs Carter comme les autres au top de sa forme. . Rapides, enlevés ou heavy, la ligne directrice reste toujours celle de la mélodie catchy et entrainante. Impossible de résister au morceau titre, de ne pas chanter en chœur le refrain de Age of steam, de ne pas headbanger sur Supernova ou de vibre sur The pilgramage (qui tel un Crusader en son temps  risque de voir les portes de certains pays se fermer plutôt que d’accueillir le groupe…) Si Lady in gray est sans aucun doute le morceau le plus faible ou le moins marquant du lot, l’ensemble est toujours aussi redoutable et nous montre un Saxon fier, qui garde crânement la tête haute. Moderne tout en proposant quelques références à son glorieux passé, Saxon nous offre rien de moins qu’une de ses meilleures productions de ces dernières années. Vétéran de la NWOBHM, Saxon est avant tout, aujourd’hui, le gardien du temple d’un genre qui se bonifie en vieillissant. Reste à savoir quand le groupe pourra retrouver le chemin des concerts… La bonne nouvelle c’est que Saxon a pu lancer son Seize the day tour à domicile et que, en France, les concerts debout sont de nouveau autorisés sans jauge. A suivre!

 

SAXON: Inspirations

Hard rock, Angleterre (Silver lining, 2021)

Coincés, comme nous tous, à domicile, sans autre choix que de s’occuper comme ils peuvent, les 5 de Saxon se sont retrouvés autour d’un projet commun qui a germé à cause du confinement. Même si un nouvel album est prévu, pour le moment dans l’impossibilité de le défendre, Biff et sa bande ont choisi de se faire plaisir en enregistrant un album de reprises, celles qui furent, comme nous en informe le titre de l’album, leurs Inspirations. Sans surprise, on retrouve un bon paquet de hit des 70’s, et quelques extrapolations. Sans surprise non plus, ce sont de grands noms auxquels Saxon a choisi de rendre hommage: des Rolling Stones (Paint it black) à AC/DC (Problem child), le groupe pioche dans le lourd et l’efficace. De Motörhead à Led Zeppelin, en passant par Deep Purple (Bomber, Speed King, Immigrant song) ou la reprise version Black Sabbath de Evil woman font partie des plus heavy. POur se faire plus original, sans toutefois aller explorer des terres surprenantes – on reste dans la zone de confort et les repères du rock – Saxon reprend également les Beatles ou Thin Lizzy. Pas de gros risque, donc, pas de grande surprise non plus. Sauf cette version de Hold the line de Toto à laquelle d’aucun n’aurait pas forcément pensé. Ok, les Anglais choisissent la sécurité et ne prennent pas de risques particulier mais réussissent à respecter les VO tout en apportant un son typique de Saxon. Heavy, gras, on reconnait la patte du quintette même si on dirait que c’est Ozzy qui s’égosille sur Evil woman. Et, franchement, en plein lockdown, alors que personne ou presque ne peut voyager… quelle bonne idée de conclure sur ce See my friends. Un joli clin d’oeil plein de cet humour typiquement anglais, non?

Interview: SAXON

Interview Saxon : entretien avec Paul Quinn (guitare). Propos recueillis par téléphone le 3 février 2021

Bien qu’ayant eu plusieurs occasions de le croiser et d’échanger quelques mots avec lui, c’est la première fois que je mène une interview de Paul Quinn, guitariste fondateur de Saxon. Discret et réservé, si le gaillard peut passer pour timide ou peu sur de lui, il n’en reste pas moins une des plus fines gâchettes du milieu, dune courtoisie sans pareille. Un vrai plaisir que d’échanger avec lui à l’occasion de la sortie du premier album de reprises de Saxon, Inspirations.

Paul Quinn à Paris, le Trianon, le 14 nov 2016

Metal-Eyes : Paul, le but de ton appel, c’est de parler du nouvel album de Saxon, Inspirations, c’est bien ça ?

Paul Quinn : Oui, c’est le plan… Mais on peut parler d’autre chose si tu veux (rires). Maintenant, je vais profiter de l’occasion pour parler de notre album de reprises aussi…

 

Metal-Eyes : Et c’est la première fois que vous sortez un album uniquement de covers. Qu’est-ce qui vous a poussés à l’enregistrer.

Paul Quinn : Nous avons préféré repousser notre prochain album jusqu’à ce que nous soyons de nouveau en tournée. Il y a eu une pause pendant le confinement qui nous a permis de nous retrouver ensemble pour travailler. Nous avons maintenu les distances, l’hôtel était sain, donc nous avons pu nous sentir à l’aise et réaliser cet album de reprises. Ce sont des chansons que nous connaissons depuis longtemps, mais que nous n’avions jamais enregistrées. Il y en a même que nous n’avions jamais jouées ensemble !  See my friends, par exemple…

 

Metal-Eyes : Comment avez-vous choisi les chansons qui allaient figurer sur cet album ?

Paul Quinn : Ça n’a pas été trop compliqué : nous en avons chacun choisi 3, des chansons qui reflètent nos caractères. Une quinzaine, donc… Si certaines ne s’intègraient pas à notre style, alors, nous les mettions de côté. Pourquoi s’embêter à les enregistrer ? Il se trouve que la plupart des chansons proposées ont été retenues.

 

Metal-Eyes : Y a-t-il eu des propositions communes dans cette liste ?

Paul Quinn : Oui ! Les Beatles et les Rolling Stones, des groupes avec lesquels nous avons grandis, que nous regardions à la télé. En réalité, nous replongeons dans les 70’s, période à laquelle nous étions aussi influencés par des groupes comme AC/DC ou Toto…

 

Metal-Eyes : D’ailleurs, Toto est un choix assez surprenant.

Paul Quinn : Certains membres du groupe aiment beaucoup ce groupe. En fait, Doug est un grand fan de Steve Lukather, et le rythme de cette chanson, si tu écoutes bien, nous a beaucoup influencés sur And the bands played on.

 

Metal-Eyes : Ce que je remarque aussi, c’est que Saxon reste fidèle à son son, et a rendu ces titres très metal, principalement au niveau des guitares. C’est l’esprit que vous recherchiez en reprenant ces titres ?

Paul Quinn : Oui, le fait que ce style soit devenu le nôtre a influencé ces interprétations. Mais si ces groupes n’avaient pas existés, Saxon ne serait pas là (rires). Led Zeppelin fait partie de notre ADN.

 

Metal-Eyes : Sur la reprise de Evil Woman – une reprise popularisée par Black Sabbath – Biff ressemble vraiment à Ozyy dans son chant…

Paul Quinn (il rit) : La première version que nous avons connue était celles de Black Sabbath, mais l’originale était interprétée par Crow, un groupe de Minneapolis. Nous voulions une version à la Sabbath.

 

Metal-Eyes : En tant que guitariste, lequel des musiciens des groupes repris t’at-il le plus influené ?

Paul Quinn : De cet album ? Il n’y a aucune reprise d’Eric Clapton, donc je ne peux pas le citer (rires). The Kinks ont vraiment eu une grosse influence… Le riff de You really got me… les gens croyaient que c’était Jimmy Page qui jouait, c’était très agressif pour l’époque… Ritchie Blackmore a aussi été une grande influence. Mais Page a vraiment influencé mon jeu en solo. Il est celui qui m’a donné autant envie de jouer en acoustique qu’en électrique. Très formateur pour le jeu aux doigts.

 

Metal-Eyes : Qu’as-tu apporter comme particularité avec ton jeu de guitare à chacun de ces titres ?

Paul Quinn : Mmh… Je pense que mon style est… il y a un mot français pour désigner ça… Ah, je ne m’en souviens plus… J’ai été avec une dame à moitié hollandaise, à moitié française, basque en fait. Ah, quel est le mot français ?

 

Metal-Eyes : Quel est le mot anglais ?

Paul Quinn : Ce serait une expression : relax mais sûr de soi. C’est comme ça que j’aime jouer, je ne suis pas du genre à en faire trop, à chercher à rajouter des subdivisions dans les mesures. Je prends ce que j’aime, il sera très rare que tu m’entendes me presser.

 

Metal-Eyes : Tu peux être agressif, rapide, mais en effet, je ne t’ai jamais vu de presser, si sur ta guitare, si sur scène où tu es tranquille…

Paul Quinn : Bien, je réussis (rires) ! Mais ça dépend, je peux me mettre en rogne si le son n’est pas bon, par exemple, et balancer des trucs…

 

Metal-Eyes : Je préfère ne pas être là à ce moment (il rit) … Vos derniers albums studio ont été produits par Andy Sneap. Vous avez de nouveau fait appel à lui ?

Paul Quinn : Oui. Il est très méticuleux mais il sait quand il y a du groove ou pas.

 

Metal-Eyes : J’imagine que vous avez confiance en son oreille et en ses propositions ou commentaires.

Paul Quinn : C’est la chose principale, oui. Il avait déjà vu Saxon dans les 80’s, donc il sait d’où nous venons. Et nous savons aussi d’où il vient – de quelque part dans le Derby, ha, ha ! C’est le genre de personne qui s’entend à merveille avec les guitaristes – lui-même est guitariste (il remplace depuis plus de deux ans Glenn Tipton au sein de Judas Priest) – et il connait bien les chanteurs aussi.

 

Metal-Eyes : Vous avez laissé certaines chansons de côté, des chansons que vous aviez au départ retenues mais que vous avez décidé de ne pas inclure à Inspirations ?

Paul Quinn : Non, non. Nous les avions testées en répétition pour voir ce qu’elles donnaient.

 

Metal-Eyes : Combien de temps a duré l’enregistrement ?

Paul Quinn : Je crois… 17 jours en tout.

 

Metal-Eyes : Rapide…

Paul Quinn : Oui, comme au bon vieux temps.

 

Metal-Eyes : Sauf qu’au bon vieux temps, des groupes comme Saxon pouvaient sortir deux albums par an, maintenant, c’est un album tous les deux ans… Alors, quid du prochain album studio de Saxon ?

Paul Quinn : C’est la prochaine étape. Il n’est pas encore terminé. On a le chant et les solos de guitare, mais pas le reste. Nous y travaillons et nous y remettrons lorsque nous pourrons de nouveau tourner.

 

Metal-Eyes : Puisque tu abordes le sujet, tu es un des membres fondateurs de Saxon, tu as toujours fait partie de ce groupe et, par conséquent, tu as participé à chacune des tournées. Vous êtes souvent passés à Paris où vous avez joué dans divers endroits : Bataclan, Trianon, Zénith, Locomotive, Elysée Montmartre, et aussi au Pavillon Baltard. Quelle salle t’a particulièrement marquée ?

Paul Quinn : Hum… L’histoire récente du Bataclan est affreuse… Nous y avons joué avant les attentats, et après. La personne qui s’occupait de notre merch a été tuée ce jour-là… C’est une des salles que je préfère, avec l’Elysée Montmartre.

 

Metal-Eyes : Inspirations sortira donc le 20 mars sur le label Silver lining. As-tu quelque chose à rajouter avant que nous ne terminions ?

Paul Quinn : Je pense que le public va apprécier. Nous avons toujours eu un public fidèle en France, ailleurs aussi, mais nous avons toujours passé de bons moments dans les pays francophones, entre autre parce que nous avions signé avec les disques Carrère, un label français. Je crois que ça a attisé la curiosité des gens – un groupe anglais sur un label français ? Ça a aidé, je pense, à construire notre image internationale, et nous en sommes très reconnaissants.

 

Metal-Eyes : Mettons que nous sommes aussi heureux et reconnaissants que vous soyez encore là et en bonne santé !

Paul Quinn : Nous aussi (rires) ! Merci pour tout, et on se verra lors de la prochaine tournée. A bientôt ! (en français)

 

Concerts from home: SAXON

Puisque nous sommes privés de concerts depuis trop longtemps et pour une durée indéterminée, Metal Eyes a décidé de revisiter certains albums live avec cette nouvelle rubrique « Concerts from home ». De grands classiques intemporels à des témoignages plus « locaux » ou intimistes nous pourrons ainsi nous replonger dans le bruit et la fureur de ce qui fait notre monde, sillonner le monde des décibels et du fun sans avoir, puisque de chez nous, à nous soucier de gestes barrières. En attendant de nous retrouver devant les scène locales ou d’arenas. Enjoy!

Saxon fut un acteur majeur de l’histoire de la NWOBHM. Il est naturel de retrouver le grand Biff et sa bande pour ce quatrième volet de notre série avec un album depuis entré dans l’histoire des meilleurs enregistrements publics de tous les temps.

SAXONThe eagle has landed (Carrère, 1982)

En 1981, Saxon a déjà publié 4 albums (Saxon en 79, Wheels of steel et Strong arm of the law en 1980 et Denim and leather en 1981). Biff Byford (chant), Paul Quinn et Graham Oliver (guitares), Steve Dawson (basse) et le récemment intégré Nigel Glocker (batterie) qui remplace Pete Gill, croyant bien faire en allant rejoindre Motörhead, sont au top de leur forme et de leur créativité. Saxon et Iron Maiden se tirent la bourre dans une saine concurrence, ces derniers n’ayant, lorsque Saxon part sur les routes européennes en 1981, que 2 albums à leur actif. Le monde du metal est en pleine renaissance et Saxon, soutenu par le label français Carrère, trop heureux d’avoir signé les Anglais, veut sa part du gâteau. Quoi de mieux pour enfoncer le clou que de faire rugir les moteurs et mettre son public, croissant, à genou ? Dans le même esprit que ses grands frères de Motörhead, Saxon décide d’enregistrer plusieurs dates de sa tournée de 1981 et d’en conserver les meilleurs moments, les plus intenses. La tournée démarre le 7 octobre 1981 à Brighton, en Angleterre. Elle prendra fin un an plus tard avec une date à l’incontournable Hammersmith Odeon de Londres après presque 120 concerts (dont un passage aux Monsters of rock le 21 août 1982, festival pour lequel Saxon fait un saut éclair en plein milieu de sa tournée US – entre Dallas, le 18, et New York, le 23…) Saxon démarre sur les terres du vieux continent et visite, jusqu’au 16 décembre le Royaume-Uni, la Belgique , les Pays-Bas, la France, l’Allemagne et l’Italie avant de s’envoler, son show désormais bien rodé (show dont le point d’orgue est un gigantesque aigle aux ailes bardées de spots – artifice qui évoque le bombardier de Motörhead – et que le groupe surnommera bientôt son « fuckin’ pigeon »). En direction des USA pour une soixantaine de dates sur deux segments (février/mars puis mai à août 1982). Saxon s’attelle à la sélection des meilleures versions, les plus puissantes, ses préférées de ses morceaux devenus emblématiques. Lorsque The eagle has landed parait au mois de mai 1982, le succès est immédiat – seulement freiné dans sa conquête du podium par un certain The number of the beast, paru un mois plus tôt et qui est grimpé à la première place…. L’album live, qui propose 10 déflagrations d’une irréprochable efficacité, se hisse à la 5ème place des charts. Ceux qui sont déjà des classiques du metal international sont de la fête : Motorcycle man, 747 (strangers in the night), Princess of the night, Strong arm of the law… Tout n’y est pas, bien sûr, un double album aurait été nécessaire mais qu’importe ! Mieux vaut un album simple et explosif de bout en bout sur lequel l’auditeur se sent faire partie de ce public ? Dommage seulement que ne figurent pas plus d’informations que ces données techniques (qui ont sans doute inspiré Maiden trois années plus tard sur son premier live – cf. le premier live de cette rubrique) qui stipulent entre autres : « Mission : Saxon live volume number one ». Bien vu : quelques décennies plus tard, les Eagle has landed sont au nombre de 4 et Saxon a publié une ribambelle d’autres enregistrements publics, qui ne retrouverons jamais toute la puissance d’un groupe alors touché par la grâce, au sommet de sa forme. Ce premier The eagle has landed bénéficie cependant de toute cette énergie juvénile d’un Saxon encore débutant, affamé et enragé. S’il existe une version picture disc publié à la sortie, l’album fut réédité une première fois par EMI (qui a signé le groupe depuis Crusader) sans aucun document complémentaire au début des années 90, c’est surtout la version de 2018 sous format livret ou booklet proposé par BMG qui retiendra l’attention pour ses photos, textes, quelques commentaires du groupe mais surtout pour les 6 titres supplémentaires enregistrés à l’Hammersmith Odeon en fin de tournée, titres qui viennent parfaitement compléter cette expérience dantesque d’une époque où le metal se réinventait. NWOBHM ? On est en plein dedans !

SAXON: The eagle has landed – 40 live

Heavy metal, Angleterre (Silver lining, 2019)

Saxon est sans doute plus fidèle à ses fans que ses fans ne l’ont été au fil des décennies. Le groupe de Biff Byford (dont la santé semble retrouvée et qui proposera en février 2020 son premier album solo) tourne inlassablement, enregistrant de nombreux témoignages. Alors que le groupe de Barnsley célèbre cette année 40 ans de carrière, Silver lining a publié au milieu de l’été ce superbe triple album qui reprend la série des live d’origines: The eagle has landed 40 live. Trois CD  regroupant la bagatelle symbolique de 40 titres enregistrés lors de divers concerts et festivals entre 2007 et 2018 (chaque CD couvrant respectivement les périodes 2007-2011, 2013-2014 et 2015-2018). Si ce nouveau live renferme évidemment les indispensables classiques des années 80 (principalement sur le second CD avec un gros morceau du Wacken de 2014 doté d’orchestrations symphoniques),  l’album se concentre aussi sur les réalisations les plus récentes du groupe, depuis son retour en force depuis Lionheart en 2004, et plus encore depuis le retour à la stabilité du line-up en 2007, année de sortie de The inner sanctum. Mais on n’en veut pas à Saxon de zapper quelque peu les « années sans » tant sa carrière est riche et Saxon très en forme ces dernières années. Le groupe reste même une des plus sûres valeurs du circuit. Normal, me direz-vous, ce n’est pas au vieux singe qu’on apprend à faire la grimace. Quiconque a vu Saxon live sait quelle claque on peut prendre, et cette compilation est là pour nous le rappeler. 40 titres donc pour 40 ans de bons et loyaux loyaux services avec une seule incartade (qui aurait presque pu être proposée en bonus): une reprise de Ace of spades de Moörhead interprétée en compagnie de Fast Eddie. Un morceau qui sonne comme un hommage. Saxon, un des derniers monstres sacrés de la planète Heavy metal? Cela ne fait aucun doute!