KPTN N3MO: Raz 2 marée

France, Metal indus/Rap metal(M&O 2023)

Après une intro basée sur des extraits d’info, Raz 2 marée débute avec Bateau fantôme et seses furieuses guitares qui évoquent immanquablement l’esprit de Mass Hysteria. Mais rapidement, Kptn N3mo réoriente ses aspiration vers un rap aux intonations celtiques (Oktopus). Les deux genres cohabitent tout au long de cet album volontaire et revendicatif qui invoque le « hip hop à l’ancienne ». Fondé au cœur du Bugey, à Belley, dans le département de l’Ain, Kptn N3mo est aussi inspiré par les précités mass que NTM, Rise Of The North Star, Manu Chao ou toute une vague électro. C’est bien foutu et séduisant pour peu qu’on soit sensible au phrasé vocal du rap. L’énergie et la volonté sont bel et bien là, mais l’amateur de metal sera sans doute frustré par le manque de décibel, même s’il appréciera les clins d’œil à un certain Creeping death de vous savez qui (sur Nouvelle vague). Le message révolté ne sied sans doute pas à l’esprit d’aventures insufflé par Jules Verne dans ses 20.000 lieux sous les mers, mais les références y sont nombreuses (le nom du groupe, Nautylus 2.0, Oktpus…) mais il y a de la volonté qui saura séduire un public amateur de ce genre.

FURIAPOLIS: HOH – Hope Or Hate

France, metal (M&O music, 2023)

Nous avions pu découvrir Furiapolis lors de la sortie de son premier album, Déesses, premier essai rock teinté de pop. C’était il y a 5 ans, déjà… et en quelques années, un groupe a le temps de se réinventer. Démarrant furieusement avec Twister au chant enragé, le groupe se montre rapidement d’humeur variée avec des titres qui mélangent douceur, changement de rythme et de thème, énervement… Les guitares se font à la fois saturées et claires, la rythmique martèle aussi sec qu’elle se fait dansante… Tout au long de ce second album, H-O-H (Hope or hate), Furiapolis honore la première partie de son nom tant la fureur est de mise, malgré certains passages plus doux. Si, sur le premier, album Furiapolis avait fait le choix d’un chant en français, il commet cette fois l’erreur de s’exprimer dans un anglais pas forcément compréhensible. Dommage, car pour le reste, le groupe se forge une jolie identité sonore, alliant grunge, metal moderne, thrash, ballade, rock, swing… Une variété qui interpelle et maintien en éveil mais qui, malgré la variété et la richesse des influences, peut également marquer un manque d’identité musicale et déstabiliser l’auditeur. Il faudra un peu plus d’une écoute pour bien comprendre la démarche de Furiapolis.

IN ELEMENT: Victory or defeat

France, Metal (M&O Music, 2022)

Allez, encore un de ces groupes français qui gueule et qui chante dans un anglais incompréhensible. Un trio masqué mais correctement habillé donnant un visuel assez peu original – hormis la pochette que je trouve superbe. Ceci étant In Element, puisque c’est de lui qu’il s’agit, nous propose un mini album de 7 titres pour 29′, Victory or death, forgé dans un electro metal alternant entre colère rageuse et moments plus calmes et aériens. Scorpions paradox ouvre cet album en présentant les différentes facettes musicales du combo. Clairement pas mon style mais une chose interpelle: In the air 2nite, reprise du tube de Phil Collins quelque peu remaniée version électro furieuse. Le résultat est… surprenant pour le moins. Le chant se calme sur Until your last breath, plus rock (et plus compréhensible, c’est à noter). Is noise reprend le tube pré mentionné en en proposant une autre version plus calme et tout autant retravaillée pour un résultat dancefloor de boite de nuit. Pas mon truc, mais un effort à noter. I will break your neck renoue avec le metalcore hurlant au rythme enlevé et au chant mélangeant voix claire et hurlante, chemin suivi par Fear is the virus. Ca cartonne sec et c’est brutal, très brutal, avant de terminer avec Your own heart, plus léger, proche de la ballade. Sans doute le titre le plus passe partout du lot. Victory or defeat est un patchwork de beaucoup de choses, trop sans doute pour donner une vraie couleur musicale à ses géniteurs. Car à trop vouloir explorer, démontrer l’étendue de ses influences, le groupe ne risque-t-il pas de ne capter aucun public? Ceux qui craqueront pour la reprise ne sont pas forcément sensibles aux aspects les plus brutaux du gang, et inversement. Ok, on pourra prétexter « l’ouverture d’esprit » ou des « esprit étriqués » mais là, clairement on parle de grand écart facial. Et ça, sans entrainement intensif… Pour public averti.

DO(e): Serial killer

France, Metal (M&o music, 2022)

Voilà un album d’approche peu évidente. Do(e), groupe originaire de Créteil, nous propose avec son second album, Serial killer, un disque protéiforme aux inspirations musicales variées. Les 9 titres de ce disque racontent l’histoire, je vous laisse deviner?, d’un tueur en série. Démarrant sur le narratif Just another night, Do(e) se lance dans son propos avec le très hard rock et syncopé The first time. puis arrive une variété de styles et d’influences qui vont du prog avec le long Dream at dusk (plus de 9’15) qui propose diverses ambiances et permet une mise en scène vocale intéressante entre voie masculine et féminine. Seulement, je ne trouve pas de point qui accroche particulièrement mon attention. Sans doute est-ce lié à la construction même des morceaux, peut-être trop « jazz » et pas assez directs pour moi. Les guitares se font cependant plus agressives sur The chase, incisives même, et accompagnent une section rythmique enlevée. Cet instrumental est un pont entre deux parties, la seconde démarrant avec Fame, titre heavy et mélodique. Si Do(e) pêche parfois – ou pour certaines sensibilités comme la mienne – par une forme de approche musicale quelque peu intellectualisée, il propose cependant une musique variée qui fait que chacun des 9 titres peut être pris séparément. En cela, il s’adresse à et peut toucher positivement divers publics.

MAGOYOND: Necropolis

France, Metal (M&O music, 2022)

J’adore. Tout pourrait être dit avec ce simple mot, mais est-ce vraiment suffisant? Certes non, alors laissez moi développer ma pensée concernant Necropolis, la nouvelle oeuvre des Parisiens de Magoyond. Rappelez-vous, en 2019, le groupe nous avait épatés avec Kryptshow, un double album puisant son inspiration dans les séries TV et contes horrifiques dignes d’Halloween. Necropolis, la nouvelle œuvre de Magoyond est sans doute plus aboutie encore que son prédécesseur. Au travers de 10 titres et un bonus, le quatuor, qui s’est adjoint les services de l’orchestre philarmonique de Necropolis, du Neko brass band, d’un orchestre symphonique et d’un quintettes à cordes voit, c’est le moins qu’on puisse dire, les choses en grand. Conçu comme un conte horrifique, cet album s’écoute d’une traite avec un bonheur réel. La voix grave et profonde de Julien Escalas « Le Mago » fait des merveilles, alternant entre narration et chant inquiétant, et, si l’histoire n’est pas faite pour les enfants, il parvient à faire retomber l’auditeur en enfance. Les compositions suffiraient à elles seules, variées et cinématiques, puisant autant dans le heavy pur jus que dans l’alternatif ou le metal symphonique, mais les orchestrations et les arrangements les expédient clairement dans une autre dimension. C’est grand, superbement bien mené et produit et il n’y a simplement jamais rien de trop. Il y a même un esprit Disney qui émaille ce Necropolis – impossible de ne pas penser à Aladin et la chanson Ton meilleur ami en écoutant Goliath paradise…  J’avais déjà évoqué ce même film et son génie sur Kryptshow – ainsi que Harry Potter (un certain mot de passe…) Necropolis est une merveille à écouter et réécouter, un disque qui regorge d’idées généreuses et de trouvailles étonnantes. Un vrai bonheur auditif. Maintenant, avoir autant de monde sur scène est-il simplement imaginable? En tout cas, Necropolis est la parfaite bande son de votre week-end d’Halloween (si vous soutenez cette « fête » commerciale purement made in USA, mais c’est un autre débat)… Je ne sais pas si je l’ai déjà écrit, mais… j’adore!

SPOUT BIG SPACE: Terrestrial love call

Belgique, Rock Punk (M&O music, 2022)

Un peu barrés les gars de Spout Big Space, combo bruxellois ? Grave… Terrestrial love est leur nouvel Ep doté de 6 titres aussi allumés que variés. Fricotant avec les choses de l’espace, le groupe peut aisément être vu comme un ovni musical tant ses compositions sont étonnantes, déjantées décalées. Si Cloclo tape dans un punk énergiques, Spout Big Space sait aussi se faire plus directement rock (All song long, l’irresistible et très chantant Gone gone), doux (Candy queen) ou tout simplement inclassable (U-babe). Bref un groupe pas sérieux pour un rond mais très sérieux dans sa façon de faire et dont e résultat musical interpelle. C’est frais, complètement déjanté, ça déride, et rien que ça, c’est du tout bon. Un groupe à découvrir et à soutenir d’urgence!

CRAZY HAMMER: Roll the dice

France, Heavy metal (M&O music, 2022)

Etonnant parcours que celui de Crazy Hammer. Le groupe a vu le jour en 1987 à Tarbes en 1987, se sépare en 1991 avant de revenir en 2015. Ce n’est pourtant qu’en 2020 qu’il enregistre Résurrection avant de nous proposer aujourd’hui ce Roll the dice explosif. Oh, oui! Loin de renier ses racines, Crazy Hammer propose un heavy metal pur jus, pur 80’s, piochant à loisir dans la grande période du metal teuton et, aussi, européen. Oh, oui, il y en a des influences, Accept et Helloween en tête. Running Wild n’est sans doute pas très loin ni même d’autres européens géants du genre (Maiden, Priest, au hasard…) et reconnaissons que c’est puissant, super bien foutu et carrément entrainant. Si les références sont nombreuses, le groupe ne s’en cache pas, les revendique même, et compose des titres taillés pour la scène (imparable refrain à faire chanter au public que celui de ce We fight qui ferme le ban!) Les guitares speedées rappellent le Helloween période Keeper (Another way, Never show) et l’efficacité brute d’Accept période Metal heart est présente sur Walking over you. All for one (rien à voir avec Raven, et pourtant… ça speede sec) se rapproche sans frémir des premières heures du thrash. Alors Crazy hammer 2022, c’est késakok’sékoi? Le groupe est aujourd’hui composé de Karim Alkama et Matthieu Papon aux guitares, accompagnés du chanteur Didier Delsaux, du bassiste Marc Duffau et du batteur Daniel Pouylau. Oui, 3 anciens Manigance qui ont vécu la très grande époque du groupe – de Signe de vie à Récidive. Trois copains qui se retrouvent, avec l’envie, dans un projet qui pourrait devenir rapidement plus qu’un hobby. Notons ici que le chant anglais de Didier est plus que compréhensible, ouf! Superbement produit, doté d’une illustration remarquable, de 10 titres que tout amateur de metal classique s’empressera de fredonner, Roll the dice est un pari qu’on espère gagnant. Bingo!

TRANK: The ropes – monolith edition

France, rock (M&O, 2021)

Ils osent tout ces gars de Trank! Un album à peine et voici déjà une version de The ropes en « monolith edition » dotée du CD original – je vous en rappelle tout le « mal » que j’ai pu en écrire ici même? – et d’une seconde galette composée de versions alternatives, étonnantes et originales de certains morceaux de l’album. Plutôt que de reprendre l’ensemble des titres de The ropes, Trank a sélectionné des remix variés, travaux de divers ingés son, DJ et tripoteurs de manettes. In troubled times est ainsi revisité deux fois, tout comme Take the money and run ou Bend or brake.  Quel intérêt me demanderez-vous? Eh bien, ceci: Trank propose des versions alternatives plus techno, plus indus aussi sans pour autant renier son propos d’origine. Alors, certes, il faut être amateur de ces styles plus hypnotiques et « dancefloor » pour totalement adhérer à la démarche. Et reconnaissons que c’est un excellent moyen de s’attirer les faveurs d’un public de boites de nuit! Mais pas que, écoutez cette versions très rock/indus/punk – j’y entends même un peu de The Clash – de Take the money and run dans sa version police and thieves, sa basse et son rythme irrésistibles! Ceux qui, comme moi, ont craqué pour The ropes seront forcément interpellés par ces versions alternatives, qui, avouons le, me séduisent assez. Force est de reconnaitre que Trank a une approche originale et joliment décalée de sa musique – et ça fonctionne comme pas deux!

NEEDLE SHARP: Dark lies effects

France, Rock (Ep – M&O music, 2020)

La pochette – une poupée de chiffon destroy, une araignée squelettique qui l’observe – évoque l’univers visuel de Tim Burton, gothique, étrange et sombre. Les premières notes de Feel it, qui introduit Dark lies effects, nouvel Ep de Needle Sharp, avec sa guitare lente et son chant tremblotant, va dans ce même sens. Mais c’est un trompe l’oreille, car les 5 titres de ce disque, paradoxalement, s’ils gardent cet esprit goth sombre, sont souvent joyeux, puisant dans des sonorités orientales et dans un esprit plus lumineux qu’il n’y parait. Les guitares se font trépidantes, le ton enjoué plus qu’à son tour. Needle Sharp parvient ainsi à se distinguer d’une scène souvent répétitive. C’est son originalité et, par conséquent, sa force.

SILENCE OF THE ABYSS: Unease & unfairness

Thrash, France (M&O music, 2020)

Après avoir publié, en 2017, un premier Ep, les Corses de Silence Of The Abyss nous proposent leur premier album, Unease & unfairness. Ce premier essai complet puise aux sources du heavy, carré, puissant et organique. Le son est gras et efficace, le chant est dans un anglais plus que correct. Ok, ça commence bien, d’autant que Amok alterne passages lourds, clames et plus saccadés. Dès ce premier morceau, Silence Of The Abyss met, avec coeur et efficacité beaucoup d’influences. De celles qui ne laissent pas de marbre. Le ton de Nothing at all fait penser à une marche forcée, marche alourdie par les chaines ou autres handicaps. Et c’est un trio qui parvient à ce résultat! Composé du chanteur Jean-Bernard Flores, du guitariste David Santucci et de la batteuse Diane Gianelli, le groupe corse explore le metal sous toutes ses formes, à la fois « traditionnelles » et modernes, visitant autant le heavy metal que le prog ou le thrash. See Arcturus, intermède aux accents plus organiques et orientaux, introduit My fair fury, rapide et enragé. Là aussi, une touche orientale dans le chant nous fait traverser la méditerranée. Matando est un autre intermède, plus hispanisant avant que le groupe ne reparte sur les chapeaux de roues avec The colour of walls, brutal et direct. La guitare cisaille et charcute, la batterie gronde, le break apporte un temps calme bienvenu.  God is dead le bien nommé, est plus heavy, et, malgré le chant parfois enragé, se rapproche d’un doom franc et oppressant. Weak!! relance la machine hypnotique, lourde, rythmée et martiale. Enfin,  Lunar, avec son intro plus légère,  distordue, monte en puissance. Étonnamment, Silence Of The Abyss a choisi cette longue épopée instrumentale, apocalyptique, qui évoque parfois Orion de Metallica. Pour autant, Silence Of The Abysse développe tout au long de Unease & unfairness une vraie personnalité, puissante, mélodique et rugueuse à la fois, et se place dans le peloton des formations prometteuse à suivre. Une belle promesse.