CHTULUMINATI: Tentacula

Pays- Bas, Stoner/Psyché (Autoproduction, 2025)

Des morceaux à rallonge, des guitares lourdes, des riffs hypnotiques, une voix au bord de la rupture quand elle ne flirte pas, rarement, avec la rage du black metal ou, plus souvent, la profondeur du folk/pagan… Pas de doute, Chtuluminati joue sur les terres d’un heavy rock psychédélique qu’on nomme aujourd’hui stoner. Sur les six titres que comporte Tentacula, son second album, quatre dépassent allègrement les 9′ – et un seul, Transformation, sorte d’intermède incantatoire, ne dure qu’1’12. Chtuluminati nous entraine dans des contrées aussi attirantes qu’inquiétantes sur fond de guitares obsessionnelles, lascives et rugueuses, de rythmes lourds et parfois décousus. Cependant, l’ensemble se tient parfaitement, interpelle et intrigue. Il y a dans cet album des influences variées, allant sans surprise de Black Sabbath à Hawkwind, en passant par le côté aérien de Pink Floyd ou celui plus sombre de Pentagram ainsi que de petites escapades en terres black. Si l’ensemble se veut volontairement oppressant, Tentacula tient parfaitement ses promesses, l’auditeur se trouvant piégé dans les tentacules de la bête. Une bête qui, sans surprise, évoque l’univers Lovecraftien, aussi horrifique (cette déconstruction sonore sur Mantra vient clore les débats) qu’attirant (Cthrl qui pose le décor, sorte de sables mouvants, dans lesquels on s’enfonce au fil des titres sans parvenir à s’en extraire). Tentacula est un album qui mélange les codes, et parvient à mêler des ambiances a priori contre nature. Mais ça fonctionne plus que bien. Pour un second album, la bande montée par le chanteur Devi Hisgen, fondateur et unique membre du projet Marquis, ancêtre de Chtumuminati – Rami Wohl (guitare), Stefan Strausz (basse) et, dernier arrivé, Seth van de Loo (batterie) – parvient à repousser les limites du genre avec des titres aussi longs qu’ambitieux.

NEPHYLIM: Circuition

Death mélodique, Pays-Bas (Autoproduction, 2025)

Après avoir publié en 2020 leur premier album, Severance of serenity, les Hollandais de Nephylim reviennent aujourd’hui, 5 ans plus tard, avec Circuition, un album conceptuel qui traite des cycles de la vie et de la fatalité. S’il se définit comme un groupe de death mélodique, il y a bien plus dans la musique de Nephylim que de la simple brutalité. Après une intro très orchestrale, le groupe nous plonge dans des univers sonores qui alternent entre pagan et folk metal, le tout agrémenté d’un chant – Tim Bosters – guttural propre au death annoncé. Circuition, au travers de ses 7 morceaux, se plait également à naviguer sur les contrées du metal symphonique ou du heavy pur jus. Les guitares de Kevin Van Geffen (également responsable du chant clair) et Ralph Lentkin, ici aériennes et à d’autres moment plus rentre-dedans, sont soutenue par une rythmique (Rens van de Ven à la basse et Martjin Paauwe à la batterie) efficace et puissante. Si musicalement comme visuellement Nephylim ne réinvente pas le genre, on sent que le groupe veut exister au travers de compositions et d’orchestrations très bien mise en place et exécutées et parfaitement produites. Un plus qu’intéressante découverte à suivre sans doute de près – si tant est qu’une suite voit le jour avant 5 ans!

ZUBZERO: Perverseverance

Pays-Bas,Thrash/Hardcore (Ep, BigBadWolf/Headbangers records, 2025)

Ils ont la rage, ces Hollandais! Formé en 1999, Zubzero propose un metal hardcore aux relents thrash qui tabasse sévère. Avec Perverseverance, son nouvel Ep, le quatuor explore l’humanité approchant de sa fin (Aftermath) et son avidité financière sans limites (Biopiracy). Le chant hargneux de Ferdinand Wanders dégueule sa rage et sa haine entrainé par les guitares aiguisées rapides, brutales et heavy de Dirk Draaisma. Rythmiquement, Herman Mulder (basse) et Lars Draaisma (batterie) parviennent à proposer des structures speedées et plus foncièrement heavy, parfois presque « doomesques ». Quatre morceaux, quatre ambiancesqui font taper du pied et remuer les cheveux. Produit par WD Glasshouwer (producteur que nous connaissons déjà puisqu’il est vocaliste de Bone Ripper), Perverserance s’écoute de bout en bout sans peine aucune. A (re)découvrir d’urgence par tout amateur de saine brutalité.

Séance de rattrapage: PANDORA’S KEY: Yet I remain

Pays-Bas, Metal symphonique (Autoproduction, 2024)

Forcément, avec un morceau introductif intitulé 1779, on a de quoi s’interroger, et aller explorer le net en quête de réponses. A quoi cette année correspond-elle donc du côté de nos amis néerlandais? Il semble qu’il s’agisse d’un traité signé avec la France révisant les limites territoriales des deux pays. Je n’en suis cependant pas certain, les bruits de canonnades et les chœurs d’église présent tout au long de cette introduction évoquant plus la guerre que la signature d’un tel document, mais la formation semble également, à la lecture des titres des chansons, versée dans l’histoire à plus, sur plus, même, d’un titre. Rapidement, on est plongé dans l’univers musical des Hollandais de Pandora’s Key qui, avec ce premier album, Yet I remain, propose une musique qui, naturellement pourrait-on penser, évoque un croisement entre Nightwish et Epica. Du metal symphonique à deux voix, celle féminine douce et bienveillante contrebalancée par une autre, masculine, plus sombre et rugueuse. De bockereyder démarre avec la narration d’un texte dans la langue natale du groupe avant d’introduire un chant anglais que Pandora’s key ne quittera plus. Tour à tour épique ou plus rentre dedans, les 10 morceaux de cet album varient les plaisirs et vont au-delà de la simple inspiration des groupes mentionnés. Parfois symphonique avec ses claviers et ses chœurs puissants, à d’autres moments plus foncièrement heavy, par instants plus soft folk, le groupe sait aussi casser les rythmes, démarrant pied au plancher pour appuyer brutalement sur le frein. La variété des compos empêche l’auditeur de se lasser et permet de remarquer quelques astuces originales, telles ce passage de relais entre The flying dutchman et, l’une des très grosses réussites de l’album, l’entrainant et metal Icarus – un enregistrement de l’autorisation de mise à feu d’une fusée, comme un lien futuriste entre modernité passé et mythologie ancienne. Avec Yet I remain, Pandora’s Key démontre que, non, le metal symphonique n’a pas encore dit son dernier mot! Une très belle découverte.

DEWOLFF live à Paris: La Maroquinerie, le 28 février 2023

Sous l’empire Romain, le 28 février était le dernier jour de l’année. Alors pour célébrer ça, je me rends à la Maroquinerie de Paris pour soutenir nos voisins néerlandais de DeWolff qui viennent de publier un nouvel album, Love, death and in between, et tournent pour le soutenir à travers l’Europe. Si le concert est annoncé sold-out, le public est accueilli dès l’ouverture des portes par une étonnante première partie. DJ Wim, un sexa/septuagénaire qu’on dirait échappé du far-west avec ses tiags en peau de serpent, son Stettson rivé sur la tête et sa barbe blanche, s’amuse avec ses vinyles à diffuser de vieux standards su rock US – ou typé US. C’est dans ces moments qu’on se dit que notre culture musicale est plus qu’incomplète… Mais le bonhomme ne fait que passer morceau après morceau sans jamais communiquer avec le public, sans jamais l’inciter, l’inviter à danser, bouger, réagir. 45′ durant, le temps que la salle se remplisse… C’est long.

Le changement de plateau se fait en à peine 20′ et lorsque les frangins Van Den Poel (Pablo à la guitare et Luka à la batterie) et leur complice Robin Piso (aux claviers) arrivent sur scène, une scène illustrée du sol au backdrop de la pochette de leur dernier album, la température monte d’un cran. Le trio est ce soir accompagné de deux choristes et d’un bassiste – qui fait le job, guère plus – et dès Nightrain embarque le public avec lui.

L’énergie et la bonne humeur sont les deux constante de ce soir, Pablo nous offrant une incalculable nombre de lancer de jambe et déchanges avec un public ultra réceptif. Témoin cet échange avec cette spectatrice au premier rang qui, après Live like you, se retrouve avec une bière à la main alors que Pablo lance « je crois qu’il est temps de se rafraichir avec une bière! Hey, je croyais que c’était ma bière, ce que tu as entre les mains! Ce soir on est là pour tout vous donner, alors je te la donne. Et je te donne tout, si tu veux! » Et ça repart aussi sec sur  Sugar moon.

L’esprit 70’s transpire de tous les port des musiciens, le trio portant des vestes brodées à la country man, les choristes toutes de rouge vêtues, mini short et bottes, se dandinant en rythme au son de ces morceaux au son vintage mais toujours d’actualité et d’une efficacité sans pareille. Et puis, surtout, le groupe nous offre des solos à faire pâlir de nombreux musiciens…

Pablo à la guitare nous offre un instant d’émotion intense, une leçon de style et de maitrise comme on aimerait plus souvent en entendre, Robin joue avec le touches de son clavier pour en tirer des sons d’un autre âge… Sans jamais s’étendre, DeWolff fait preuve d’un professionnalisme exemplaire. Et l’on se dit que le groupe mérite des salles de plus grande capacité pour pouvoir pleinement s’exprimer. Ce ne serait que justice…

Il est 22 h à peine passées lorsque le rappel a lieu. Un seul titre, Rosita, qui vient conclure un concert inhabituellement long pour cette salle (1h45, quand même) et qui fini de convaincre le public qu’il a assisté à un moment de rock comme on n’en fait (presque) plus. Nous ne sommes plus sous l’empire romain, et ce premier concert de l’année – pour Metal-Eyes – augure de beaux moments à venir. Une superbe soirée!

6

DEWOLFF: Wolff Pack

Pays Bas, Hard rock (Mascot, 2021)

Là, le trio batave De Wolff fait encore mieux qu’avec son déjà remarquable Tascam tapes. Wolff Pack, au visuel si 70’s qu’on ne va pas chercher plus loin où les gaillards puisent leur inspiration, est une expérience temporelle de bout en bout. Tout y passe, de l’esprit Deep Purple (Jon Lord est réincarné sur Yes you do) à celui des Bee Gees en passant par la soul de la Mowtown, au hard rock US… bref, voici un album qui, de bout en bout, se laisse écouter, fait danser et se dandiner, donne envie de ressortir les cols concordes et les pattes d’eph… Amoureux de groove et de sons vintage, foncez!

Interview: DEWOLFF

Interview DeWolff. Rencontre avec Pablo van de Poel (chant, guitare) et Luka van de Poel (batterie). Propos recueillis à l’hôtel Alba Opéra à Paris le 11 décembre 2019

Metal-Eyes : Pablo, avant de parler du nouvel album de Dewolff, Tascam tapes, parlons de son coût, que vous affichez : vous affichez partout qu’il vous a coûté moins de 50 dollars…

Pablo : Vous êtes très attachés au côté financier, on dirait (il rit). On a eu cette idée un peu dingue de mettre ces infos un peu partout. Ce chiffre est en fait fictif, car dans la réalité, ce disque ne nous a rien coûté. Il a été enregistré avec du matériel dont nous disposions déjà.

 

Metal-Eyes : Quand tu parles de matériel, tu parles de chansons que vous aviez déjà composes?

Pablo : Non, on n’avait rien avant, nous avons tout compose sur la route. Tu sais, j’ai acheté cet enregistreur 4 pistes Tascam il y a 8 ans, pour quelque chose comme 35 euros. On a sans doute acheté des câbles ou des trucs comme ça, ce qui fait les 50 dollars qu’on annonce.

 

Metal-Eyes : Vous avez donc enregistré vos morceaux directement sur cet enregistreur Tascam?

Pablo : Oui, et nous avons enregistré partout sur la route: dans le van, dans les chambres d’hôtels, backstage… une grande partie de l’album a été enregistré en France, en tournée, backstage.

 

Metal-Eyes : En tapant le boeuf?

Pablo : Oui, mais nous devions aussi faire les choses assez rapidement, nous ne disposions que d’une heure ou deux pour réaliser quelque chose. C’est le temps dont nous disposions, voyageant d’une salle à l’autre… Le temps entre notre arrivée et l’heure de monter sur scène. Du temps que nous ne consacrions pas à lire, dormir…

 

Metal-Eyes : Que peux-tu dire au sujet de Tascam tapes afin d’inciter le public à filer l’acheter dès sa sortie?

Pablo : Eh bien, il s’agit de Dewolff comme vous ne l’avez jamais entendu auparavant. D’habitude on écrit une chanson, que nous modifions la semaine suivante, puis encore… avant de l’enregistrer et tenter de la capturer de la meilleure manière possible. Ce que nous avons fait là, sur la route, dès qu’on tenait quelque chose, un son, un riff, on se disait qu’il fallait en faire quelque chose. J’y ai ajouté des paroles et nous avons enregistré le plus rapidement possible. Nous n’avons pas cherché à enregistré le plus de choses possible en un minimum de temps, mais nous avons vite pris conscience que nous si nous terminions rapidement une chanson, nous pouvions en capturer l’essence même, brute, nouvelle. Normalement, en enregistrant, tu démarres quelque chose, tu te rends compte que c’est bon, tu veux le perfectionner et développer parce que tu as du temps. Tu retourneras au studio la semaine prochaine pour terminer, si nécessaire. Là, nous avons enregistré les chansons au moment où nous nous disions que « ça, c’est cool ! », au moment où ton inspiration est au top et où nous pensions que c’est ainsi que cette chanson devait sonner.

 

Metal-Eyes : En dehors de cette nouvelle manière d’enregistrer, comment analyserais-tu l’évolution de Dewolff entre vos deux derniers albums studio, Thrust et Tascam tapes ?

Pablo : Avec Thrust, nous nous sommes dit que nous avons cherché à mettre dans nos chansons tout ce qui fait Dewolff, aussi bien le côté jam que le hard rock. Nous avons tout voulu inclure, tandis que pour Tascam tapes, nous avons été beaucoup plus spontané. On a pensé à des groupes comme Little Feet, à leurs qualités de compositeurs. Pour Thrust, nous avons composé les meilleurs titres possibles, et quelques mois après avoir terminé, nous nous sommes demandé ce que nous allions faire ensuite. « Allons-nous nous répéter et dire aux gens que nous avons, encore, enregistré les meilleurs titres possible, ou faisons nous quelque chose de dingue, de différent ? » Nous nous sommes dit que c’était une option assez cool…

 

Metal-Eyes : Comment penses-tu alors aborder vos enregistrements futurs? Sur la route, encore, ou de retour en studio ?

Pablo : Je crois que, sur la tournée à venir, nous allons embarquer le 4 pistes Tascam, enregistrer des trucs avec mais pas forcément sortir ces versions. C’était très amusant de réaliser un album aussi rapidement. Je suis très fier de ce que nous avons réalisé et de la manière de le faire, mais j’aspire aussi à pouvoir passer du temps en studio, tenter de réaliser « un chef-d’œuvre ». Avec ce dernier album, nous n’avons, à aucun moment, ressenti une quelconque pression. Nous avons enregistré ce que nous voulions quand nous le souhaitions. Tu sais, nos retours se trouvaient sous les sièges du van… L’idée c’était d’enregistrer, de tout écouter de retour à la maison, et si nous avions assez de matériel, de sortir un album. Nous n’avons pas perdu de temps, nous nous sommes bien amusés. C’est aussi agréable de se retrouver dans cette bulle du studio, de pouvoir travailler plus longuement sur un album.

 

Metal-Eyes : L’un dans l’autre, tu n’as pas de préférence pour une méthode plus qu’une autre…

Pablo : Non, j’aime l’équilibre entre les deux approches. Et j’aime aussi le traitement de l’art en général, voir ce que le créateur d’une œuvre traverse pour réaliser son œuvre, comment elle évolue. Ce n’est pas statique, ça bouge tout le temps. Regarde les peintres, le tableau change et se développe tout le temps. (Nous sommes rejoints par son frère, le batteur Luka van de Poel). J’aime aussi revenir sur ce que nous avons pu faire et constater notre évolution. Tascam tapes a été enregistré avec des samples de batterie, et d’une certaine manière il ne ressemble en rien à ce que peut faire Dewolff habituellement. Mais, si tu compares avec nos anciens albums, tu reconnaitras Dewolff.

 

Metal-Eyes : Luka, comment analyses-tu l’évolution de Dewolff entre vos deux derniers disques ?

Luka : Je crois que Tascam tapes est très différents mais que ceci est dû à la manière de le composer et de l’enregistrer. Nous avions beaucoup de limitations, enfermé dans un van, nous ne disposions que de quelques instruments et de cet enregistreur cassettes. C’est ce qui le différencie principalement de Thrust, pour lequel nous avions un studio, plein de temps pour le travailler, l’équipement… tout à disposition. Mais la manière dont sonne Tascam tapes, à cause de ces limitations, ça j’aime beaucoup ! Compact. Il fallait aller.

 

Metal-Eyes et Pablo, au même moment: Droit au but…

Pablo : Waow ! pile en même temps (check)

Luka : Et quand nous pensions avoir une chanson, on l’enregistrait. Avant, nous avons peut être sur pensé les choses « Oh, ça c’est cool, mais on devrait peut-être rajouter cela, ceci… »

 

Metal-Eyes : Pablo, tu parlais de réaliser « un chef d’œuvre », mais ce n’est pas en sur réfléchissant qu’on en crée un…

Pablo : Non, en effet. Nous avons beaucoup appris de ces deux albums. Avec Thrust, nous avons réalisé que nous aurions pu moins réfléchir, celui-ci est plus brut, le prochain sera, qui sait, quelque chose entre les deux…

 

Metal-Eyes : Vous tournez beaucoup, quelles sont vos prévisions pour défendre cet album ?

Pablo : Nous célébrons la sortie au Paradisio, à Amsterdam. Le concert est complet, et ensuite nous allons en France, Allemagne, Espagne, Italie, jusqu’en avril. Puis Prague, et…

Luka : Nous allons en Scandinavie, au Royaume-Uni.

 

Metal-Eyes : Si chacun de vous ne devait retenir qu’un titre de ce nouvel album pour expliquer ce qu’est Dewolff en 2020, lequel serait-ce ?

Pablo : Oh… Je peux te dire quelle est ma chanson préférée…

 

Metal-Eyes : Pas ta préféré, celle qui représente le plus le groupe aujourd’hui.

Pablo (il se saisit de l’album et regarde les titres au verso) : Je ne connais aucune de ces chansons… Je dirais It ain’t easy, parce qu’elle s’est mise en place tellement rapidement. Entre le moment où nous avons commencé à l’écrire et celui où nous l’avons enregistrée à l’arrière du van, il ne s’est écoulé que 10 minutes ! Le lendemain, quand nous l’avons réécoutée, nous l’avons trouvée top. Elle saisit l’essence de ce qu’il se passait à ce moment. Mais je crois que ce qui va le mieux représenter Dewolff en 2020, c’est la version live de ces chansons qui seront beaucoup plus rock’n’roll.

Luka : On a commencé à répéter ces titres, et les versions sont déjà très différentes. Tu pourras constater le changement quand tu les entendras live.

 

Metal-Eyes : Quelle est le titre le plus représentatif de qui vous êtes, Luka ?

Luka : Je pense Blood meridian. Cet album est tellement différent de ce que nous avons pu faire dans le passé… Made it to 27 est aussi une parfaite représentation de ce que nous sommes. Mais les concerts restent la meilleure représentation de qui nous sommes…

 

Metal-Eyes : Facile (rire general)

Pablo : Je crois que chacun de nos albums n’est que l’ombre de ce qu’est réellement Dewolff. Si tu veux vraiment nous connaitre, il faut nous voir sur scène

Luka : Ça ferait un bon titre d’album, ça: “Shades of Dewolff”

 

Metal-Eyes : Une dernière chose: quelle pourrait être la devise de Dewolff en 2020 ?

Pablo : Euh… Dewolff: le groupe du people… (rires)

Luka : Travaillez plus dur, courrez mieux, jouez mieux et faites le tout le temps!

 

 

 

JAN AKKERMAN: Close beauty

Progressif, Pays Bas (Music theories recordings, 2019)

Jan Akkerman est un guitariste de jazz/prog/fusion né en 1946 à Amsterdam. Il s’est distingué en faisant notamment partie de Focus avec qui il a connu un certain succès. Depuis, il enregistre encore et toujours, sous son nom ou en tant que musicien de studio. Avec Close beauty, son nouvel album, il démontre tout son savoir faire en matière de jazz progressif. Il m’est difficile de coller ici le terme de rock tant le musicien se laisse guider par ces construction particulières et si chères au jazz. Si l’on ne peut rien dire techniquement – le jeu de Jan est doux et léger, rapide et fluide – si des morceaux comme Spiritual privacy ou Beyond the horizon, qui ouvrent cet album, ont tout du prog avec leurs plus de 7′ (je sais, ce n’est pas à la durée qu’on reconnait le prog, mais c’en est une des caractéristiques, non?), je ne trouve guère de variété au cours de ces instrumentaux assez… contemplatifs, voire répétitifs. Le toucher est certes impressionnant, mais je ne parviens pas à accrocher sur la durée. Trop instrumental pour moi, sans doute, malgré cette intrigante relation avec la France que forme le triptyque Meanwhile in St. Tropez, French pride et Fromage. Mais d’où sortent ces nom de morceaux (même si le bougre a enregistré un Fromage à trois il y a 10 ans…) Bien fait certes, mais simplement pas assez rock pour moi. Les guitaristes apprécieront cependant.

DEWOLFF: Live and outta sight

Pays-Bas, Hard rock (Mascot, 2019) – sorti le 1er mai 2019

Incontestablement, le renouveau du renouveau du rock/hard rock 70’s passe par le trio néerlandais de Dewolff. très orienté rock sudiste, le trio se plie aujourd’hui à l’exercice du témoignage live.  Il était d’ailleurs temps de le faire après l’excellent Thrust paru l’an dernier. Sur Live & outta sight, le trio laisse exploser sa passion du rock old school. De Jimi Hendrix à Deep Purple, en passant par le southern rock, le blues et le psyché, Dewolff offre un concert haut en couleurs et en émotions. Après un Big talk qui met en appétit et en jambe, les frangins Van de Peol, Pablo (chant et guitare) et Luka (batterie) et Robin Piso (chant et claviers) semble se mettre en mode impro dès Sugar moon. Une impression confirmée par Medecine, sur lequel on est persuadé que ce ne sont pas des pilules de médicaments que les gars ont ingurgités… Les choeurs parfaitement américanisés passent superbement bien tout au long de cet album tout en sensibilité et finesse. Avec ce Live & outta sight, Dewolff parvient à faire fonctionner la machine à remonter le temps et nous plonger au coeur de ces concerts uniques des 70’s sans lasser l’auditeur un seul instant, malgré des morceaux à rallonge – Medecine avec ses 8′ étant le plus court d’entre eux: Deceit and woo et Tired of loving you tournent autour des 11′ et Love dimension qui conclue le concert dépasse les 9′! Une expérience à découvrir en urgence.

WITHIN TEMPTATION: Resist

Metal symphonique, Pays-Bas (Vertigo, 2019) – sorti le 1er février 2019

Le voici donc, « enfin! » pourrait-on dire, ce nouvel album de Within Temptation. Originellement prévu en décembre, Resist a vu sa sortie repoussée au 1er février pour des raisons techniques. L’attente en valait la peine, d’autant plus après un Hydra moyennement reçu lors de sa sortie. Un album certainement mal compris d’une certaine frange de fans qui risque de revenir dans le giron familial. Ou pas. Car Within Temptation déroute encore avec des titres certes bien faits et entrainants, mais des aspects pop très, voire trop présent. Reste que… Sombre comme l’illustration de couverture, Resist aborde des thèmes d’une actualité inquiétante (Mad world, Endless war), tout en conservant un esprit particulièrement positif. C’est particulièrement remarquable dans certains arrangement « popisants » (Endless war), voire des touches electro (Supernova) parfois au détriment du metal symphonique et enjoué qui a fait la réputation des Bataves. Il est là, sans toutefois être omni présent. Les aspirations amérindiennes que l’on trouve sur Firelight développent encore cette palette de couleurs. Après avoir dérouté ses fans, Within Temptation repart à leur reconquête avec un album varié, puissant et populaire, au sens noble du terme. Sharon den Adel est en voix, ses compères d’une remarquable efficacité, chacun se partageant une jolie part musicale. Alors même si l’on peut reprocher à WT de beaucoup explorer, on ne peut que les féliciter de ne pas se répéter et de prendre des risques. A retrouver au Hellfest.