Séance de rattrapage: TRANSPORT AERIAN: Live in Ghent

Belgique, Progressif (Melodic Revolution Records, 2024)

Formé en 2009 en Belgique, Transport Aerian délivre un rock progressif aux évidentes influences jazzy qu’il transcrit au travers de ses premiers albums studio – Bleeding (2013), Darkblue (2015), Therianthrope (2017) et Skywound (2021) – avant de proposer un premier album enregistré en public (lors d’un « concert privé »). Live in Ghent nous fait découvrir un groupe au propos musical captivant et intrigant à la fois. Torturée et sombre, la musique de Transport Aerian ne peut laisser indifférent. Si le groupe semble parfois intellectualiser son propos à l’envi, sa vision musicale interpelle, évoquant tour à tour Van der Graf Generator ou Magma, le chant rappelle par instant Geedy Lee (Rush) en plus torturé, mais il y a plus encore. Etonnamment, l’intro de Shall not be m’évoque The eagle has landed de Saxon, deux univers sans conteste radicalement opposés. Tout au long des 11 titres de l’album, Transport Aerian peint des tableaux étranges, aussi envoutants qu’ils peuvent être inquiétants, à l’image de ce Smirking sirens aux intonations orientales, rythmé comme une marche d’esclaves enchainés. Pas facile d’accès, ce Live in Ghent – dont le public se fait si discret qu’on ne l’entend guère – mérite plusieurs écoutes pour être totalement apprivoisé. Les amateurs du genre seront sans conteste ravis.

SOEN: Memorial

Suède, Metal progressif (Silver lining, 2023)

Avant de vous offrir le report du concert parisien de Soen, réparons un oubli… Car les Suédois (bon, un peu plus un groupe international que purement suédois, maintenant…) tournent pour soutenir leur dernier album, Memorial, paru début septembre. Les amateurs de Soen ne seront nullement déconcertés par ce nouveau disque qui permet au groupe de Joel Ekelof (chant) et Martin Lopez (batterie) de franchir une étape de plus qui les rapproche encore de l’excellence. Soen a créé sa propre identité sonore et pousse le curseur un peu plus loin à chaque nouvelle production. Le chant toujours aussi bienveillant de Jeol est contrebalancé tout au long des Sincere, Violence (pas si violent que ça), Incidiary, Icons… par les guitares rugueuses et la rythmique enlevée et parfois presque éprouvante. Quand lafureur se mèle à la douceur, le résultat avec autant de classe, le résultat ne peut qu’être envoûtant. Une nouvelle fois, le groupe fait le même choix depuis Lykaia de nommer ses chansons d’un mot unique, censé résumer l’ensemble. Une nouvelle fois, aussi, la pochette est d’une sobriété à la fois exemplaire et inquiétante. Le visuel est plus oppressant et inquiétant que le contenu musical (d’autant plus au regard de l’actualité récente européenne et moyen orientale) mais Soen nous plonge dans un univers soigné et léché. Superbe et hypnotisant.

NUMA [7534]: Nénuphar

France, rock (Autoproduction, 2023)

Fondé à la veille des années 2020, Numa [7534] a publié un premier album Mothership down qui parait fin 2020 et  présente un groupe de rock progressif, inspiré par Porcupine Tree qui lorgne du côté de Soundgarden, mais pas que… Nous y reviendrons. Nénuphar, le nouvel Ep, comporte 6 titres qui débutent avec Esodo, un instrumental qui plante le décor. Du rock, oui, du prog aussi avec une production soignée comme l’exige toute composition complexe. Puis, Raising me up débute sur des guitares aériennes bientôt rejointes par un chant doux et presque mélancolique. Le titre monte en puissance, le chant (à l’anglais peu compréhensible, seule faiblesse de cet Ep…) se faisant de plus en plus torturé. Sentieri est un rapide interlude musical qui précède Cold played hope, morceau quelque peu jazzy qui part en vrille assez rapidement avec sa basse slappée et ses changements de rythmes et d’ambiances. Un nouvel instrumental suit, Ira, tout aussi aérien et varié avant que I can’t hold on any longer voit le groupe quelque peu craquer et partir dans une gentille folie bruitiste que ne renierait sans doute pas Faith No More ou Living Colour. Un détail qui mérite explication, cependant: il semble que Numa [7534] voit les choses par groupe de 3. explication: 3 instrumentaux, 3 chansons, certes, mais aussi les 3 premiers titres ne comportent qu’un mot (italien, qui plus est), les 3 derniers, plusieurs… Un nouveau mystère à résoudre, si quelqu’un veut s’y coller… Une jolie découverte rock un peu plus que prog, d’ailleurs (pour ceux qui se demandent quelle est la signification de ce mystérieux [7534]… Basculez la pochette à 90°, vous aurez un premier indice ). A suivre

PLEDGE OF HEALING: One step closer

France, Rock progressif (Autoproduction, 2023)

Pledge Of Healing est né de la rencontre entre Claire Sergue (chant, claviers) et Cyril Devalez (guitare rythmique, claviers) en 2021. Chacun est rapidement séduit par les qualités de l’autre et tous deux décident de monter un groupe qui leur permette de répondre à leurs aspirations musicales. Ce premier album, One step closer, propose 9 titres à la fois tendres et rock, neuf chansons qui cherchent à peindre des ambiances feutrées, rassurantes et bienveillantes. Sans doute le résultat d’une naissance en pleine période de crise sanitaire, prenant le contre-pied de nombre de formations qui ont laissé leur frustration s’exprimer… Ici, tout est thérapeutique, aérien et relaxant. Le chant doux de Claire est superbement accompagné de mélodies tendres sans jamais être sirupeuses. L’ensemble est léger et aérien, Pledge Of Healing s’inspirant de formations comme Anathema ou Pink Floyd pour exprimer ses émotions. L’album a été enregistré avec Alex Soubry (guitare), David Hazak et Laurent Leyder (basse), Cyril s’étant chargé de la programmation batterie. One step closer est l’album réfléchi de musiciens matures et le résultat est une superbe carte de visite dont on attend maintenant de retrouver la retranscription sur scène. Pour les Orléanais, ils seront à l’Astrolabe le 1er juin. C’est gratuit, allez-y!

O’TEMPO FESTIVAL: retour sur la journée du 26 août 2022

Retrouvez ici la galerie photo dédiée O’Tempo Festival

Si l’an dernier la première édition du festival O’Tempo n’a attiré que 1500 spectateurs par jour, sans doute à cause de la « fin  » de la période de crise sanitaire et des craintes du public, c’est « complet » que l’évènement affiche cette année, au grand dam de quelques spectateurs venus dans l’espoir d’acheter une place en dernière minute. Compliqué, surtout que l’organisation a fait les choses intelligemment en proposant des préventes à tarifs réduits disponibles en ligne jusqu’à la veille du festival.

Localisé à Boigny sur Bionne, petite ville de 2000 habitants à quelques kilomètres d’Orléans, le festival propose 2 parkings publics, dont un proche de l’entrée pour les covoitureurs qui arrivent la voiture pleine. Une belle initiative écolo que je réévoquerai sous peu. Les transports en commun sont également prévus notamment réorganisés pour le dimanche afin de permettre aux festivaliers non motorisés d’arriver et retourner à Orléans.

Pendant 3 jours, le site – qui ressemble à un terrain de sport – a accueilli dans une poussière festivalière des artistes de tous horizons, ou presque, allant de la chanson française au set électro en passant par de la soul, de la variété ou du rock progressif.

Le terrain est divisé en trois partie: l’arrivée se fait dans le village où chacun peut charger son cashless (seul point noir à revoir l’an prochain tant les files d’attentes se sont allongées rapidement) afin de se restaurer auprès d’un des nombreux et variés food trucks. (Idée écolo pour l’an prochain: pourquoi ne pas exiger des restaurateurs de n’utiliser que du matériel biodégradable? La plupart le font mais certaines barquettes de frites économiques étaient en plastique non recyclable. Poussez l’esprit « vert » du parking co-voit jusqu’au bout, sans être pour autant jusqu’au boutiste!) C’est également cette partie qui accueille un espace détente très agréable avec ses transats et ses aires de jeux, l’espace sanitaire qui ne pue pas (en fin de première journée en tout cas) et la petite scène qui permet aux artistes de jouer devant un public somme toute assez important. Qu’il se déplace pour voir le groupe, s’abreuve, se restaure ou attende de pouvoir charger son cashless, il y a foule. Le village donne via deux entrées accès à la scène principale, seule au fond d’un terrain qui peut aisément accueillir plus que 5000 personnes (mais espérons que l’orga se limite à ces chiffres, voire ne dépasse pas les 7000 – on se marcherait dessus)

ORPHEUM BLACK

Si l’on va en festival, d’autant plus localement, c’est autant pour l’ambiance que pour croiser des amis, voisins, collègues… que pour y voir des groupes. Aujourd’hui, c’est simple: l’affiche est rock et populaire et la soirée commence dès 19h30 avec les Orléanais de Orpheum Black qui propose un hard rock très progressif. La formation est menée par un duo de chanteurs – Mélodie (Ex No Sign, Nothing), également aux claviers, et Greg, également à la guitare – et propose une musique assez aérienne en rien comparable à celle, beaucoup plus foncièrement rock, que proposait Wild Dawn, ancien groupe de Greg et de son complice, le guitariste épileptique, voire autiste, Romain.

ORPHEUM BLACK

Si j’évoque ce groupe défunt c’est parce que, même si la communication avec le publique est réelle, j’ai connu un Greg qui allait bien plus le chercher et le prendre à la gorge. Ce soir, c’est un leader assez doux qui, lorsqu’il s’adresse au public, parle simplement et sa voix est malheureusement couverte par les quelques notes de claviers.

ORPHEUM BLACK

Romain, quant à lui, est partout, s’agitant dès qu’il joue une note, arpentant la scène dans ce qui peut sembler être son univers. Bien que chacun de ses membres soit à l’aise et en place, sans doute manque-t-il une forme de complicité scénique pour rendre cette expérience vraiment différente. Le public semble réceptif, cependant, preuve en est le monde au merch après le concert, et c’est bien là le principal.

ORPHEUM BLACK

Quelques minutes de pause permettent au public de rejoindre la scène principale et acclamer rapidement les manouches de La Rue Kétanou. Honnêtement, si j’ai entendu beaucoup de bien de cette formation, je n’en suis pas un familier. Alors ce soir, pour moi, c’est une découverte. Et c’est fun.

LA RUE KÉTANOU

Le quatuor propose une musique populaire à base d’accordéon, d’harmonica, de guitares et diverses percussions, ensemble qui rend la musique joyeuse, entrainante et dansante. Très rapidement, les quatre dérivent et parlent de leur chorégraphe et critique n°1 qu’ils invitent sur scène.

LA RUE KÉTANOU

Arrivent une femme et une jeune fille bientôt rejointes par une foule de bénévoles du festival que La Rue Kétanou tient à remercier autant que le public. Parce qu’aujourd’hui, si le festival est complet, c’est grâce à vous, public, et grâce à eux, les bénévoles et l’orga ». Un concert festif, jovial et entrainant très apprécié par l’ensemble du public.

LA RUE KÉTANOU

Une pause permet à Cycix de jouer sur la petite scène avec ses platines. Ici, on s’appelle Metal Eyes et la musique de DJ et de boite de nuit, c’est pas mon truc. Le temps est venu de se restaurer et j’en profite pour écouter de loin et… ça ne m’attire pas. Je le laisse aux amateurs.

TRYO

Il est 22h lorsque Tryo déboule face à un public massif et multigénérationnel déjà tout acquis à sa cause. Qui a déjà vu le groupe live le sait: Tryo, c’est la fête assurée grâce à des hymnes forts et fédérateurs que tout le monde attends – et aura (Désolé pour hier soir, L’hymne de nos campagne, Ce que l’on sème, Yakamonéyé, La main verte…) – des nouveautés (Aimer)et une communion avec le public que Guizmo et Christophe Mali attrapent à la gorge -gentiment dès leur entrée sur scène.

TRYO

Les anecdotes foisonnent, la bonne humeur est de mise, le public est réactif et récréatif sautant, dansant et chantant de concert. Il fait sans doute plus de bruit que la sono, d’ailleurs et ça fait du bien! Les chanteurs sont complices comme jamais, et l’on sent un groupe simplement heureux d’être sur scène face à un public important.

TRYO

Si les gars savent tenir une scène et un public, on ne peut qu’admirer les lights colorées et l’engagement sans faille pour toutes les causes humaines. Cette clameur lorsque Christophe brandit un gigantesque drapeau aux couleurs LGBT! Les tubes défilent et voilà que déjà, programmation oblige, une petite heure et quinze minute plus tard, Tryo quitte la scène. Les demandes de rappel n’y feront rien, les lumières reviennent invitant le public à rejoindre le village où Cycix rejoue avec ses platines jusqu’à la fermeture du site à 1 heure du matin.

TRYO

Cette seconde édition a, pour sa première journée, tenu toutes ses promesses. O’Tempo est un festival à suivre pour qui aime divers styles musicaux, et l’on se doit de féliciter l’organisation pour la tenue d’une après-midi sans faille, parfaitement réglée (malgré un système Cashless à améliorer pour l’an prochain – pourquoi pas installer des bornes à l’accueil du site?) grâce au travail de tous et, notons le, surtout à celui des bénévoles.

Merci à Elodie Berneron d’avoir rendu ce report possible

Retrouvez ici la gallerie photo dédiée O’Tempo Festival

 

VOLA: Live from the pool

Danemark, Rock progressif (Mascot records, 2022)

Vola revient avec son quatrième album, Live from the pool – « Live » à traduire par « Vis » car cet album n’a rien de public… J’ai raté leur précédent opus, Witness paru en 2021, mai sforce estde constater que le quatuor est resté actif en cette période de pandémie qui a vu tant d’autres formations attendre, peaufiner et/ou repousser la sortie d’un « nouvel album ». Le 13 titres que contient ce disque sont autant aériens et légers comme le groupe nous y a habitués que parfois lourds et rapides. Le chant clair, toujours bienveillant, est accompagné des guitares légères ou rapide, d’une rythmique intelligente et de claviers variés donnant à l’ensemble une tessiture particulière qui parfois évoque OMD ou les grandes heures de la New wave des 80’s modernisée mais également Pink Floyd sans renier son identité musicale.. Vola confirme avec cet album son statut d’incontournable du rock progressif. L’album est accompagné d’un Blu Ray tourné dans la piscine désaffectée d’un ancien terrain militaire danois, lieu étonnant où la nature a repris ses droits. Le résultat est aussi intrigant / envoûtant /surprenant au choix que le contenu musical

SOEN: Imperial

Suède, Progressif (Silver Lining, 2020)

Le duo fondateur et pilier de Soen, Joel Ekelöf (chant) et Martin Lopez (batterie) a une nouvelle fois pu compter sur la participation du guitariste Cody Ford, déjà présent sur Lotus en 2019. Ce dernier voyait les Suédois (bon, la formation est aujourd’hui plus internationale que proprement suédoise…) faire un grand pas en avant. Lykaia (2017) avait déjà fait une quasi unanimité au sein de la communauté metal, et Lotus avançait encore plus vers la perfection, offrant des guitares plus rudes sur un fond tout aussi aérien. Ce chemin est tout aussi notable sur Imperial, nouvel album qui porte plus que bien son nom: Cody, désormais bien intégré, apporte un son plus rugueux encore, contrebalancé par la légèreté apparente des mélodies et la voix douce et envoûtante de Joel. Au travers de ces 8 titres, qui mêlent rage et douceur, tempête et accalmie, Soen démontre une nouvelle fois que puissance peut rimer avec excellence. Si l’univers progressif est incontestable, Soen a désormais son propre univers musical, très loin des cadors du genre dont il se détache avec brio. Et puis cette pochette est elle un signe? Imperial, avec sa pochette noire, sa signature vernie et son serpent, pourrait-il devenir à Soen ce qu’un certain Black album fut à vous savez-qui ? C’est en tout cas tout ce qu’on peut lui souhaiter tant Soen s’approche de la perfection. Si seulement ce pouvait être aussi simple…

CONSCIENCE: In the solace of harm’s way

France, Progressif (Different gravuty, 2020)

Musicalement, il n’y a rien à reprocher à Conscience. Son metal/rock progressif a toujours, sur chacun de ses albums précédents, Half sick of shadows en 2006 suivi de Aftermath of a summer snow en 2014. Des titres mystérieux qui posent le décor un peu prog réfléchi, jazz intellectualisé. Mais Conscience évolue bel et bien dans l’univers du metal. Seulement voilà: que penser d’un groupe formé en 2001 qui publie aujourd’hui son seulement troisième album? Et, perso, un truc me fait tiquer: Conscience, sur sa communication, met toujours en avant – et presque en préambule – son passage au Zénith de Paris en ouverture de Nightwish. Certes, c’est flatteur, mais c’était en 2007. Nightwish a depuis investi d’autres salles, tourné partout dans le monde, publié plusieurs albums et DVD, rechangé de chanteuse, accueilli plusieurs autres groupes en première partie… Bref, les Finlandais, comme nombre d’autres, ont continué d’avancer et de grandir. Conscience? Un PMFF, quelques dates ci et là, guère plus… Est-il alors vraiment utile de systématiquement regarder dans le rétro, s’accrocher à un exploit du passé et en faire un argument? Ne vaudrait-il pas simplement mieux regarder devant et parler de son présent, planifier demain ? Et ce présent, c ‘est un nouveau groupe qui propose 16 titres avec In the solace of harm’s way. Enfin, 11 titres plus 4 interludes instrumentaux qui composent, en 4 parties, le titre de l’album et que l’on retrouve réunis en une pièce unique en conclusion du disque, offrant ainsi une autre perspective sonore. Si le morceau titre est épique et digne de faire une belle BO, Conscience se révèle vraiment avec ses chansons. Soft et mélodique (At night), introspectif (Inreach, Life takes a turn), plus rock (Ascending rain), plus léger (See outside) ou doté de grandes orchestrations (The uncertainties of may, les cordes sur Inreach), Conscience explore plusieurs univers. Le groupe pêche cependant, comme tant de ses confrère, avec le chant anglais, souvent difficilement compréhensible. La mélancolie que veut faire transparaître At the hands of clock me parait faussée par un chant plus forcé que naturel, et les chœurs sur There aren’t many nightmares m’agressent. Mais encore une fois, musicalement, Conscience ne peut être pris en défaut, et la variété des ambiances apporte un vrai caractère à la formation française. De l’avant, il faut aller de l’avant pour simplement avancer.

FLYING COLORS – Third degree

Progressif, USA (Music theories, 2019) – Sortie le 4 octobre 2019

Le voici donc ce troisième effort du super groupe de rock progressif Flying Colors. Avec un line-up identique depuis ses début, le combo donne l’impression de simplement se faire plaisir. Third degree nous entraîne dans les méandres des amours musicales de chacun de ses membres. On reconnait le toucher de guitare unique de Steve Morse, qui semble tellement avoir pris son pied avec le final de Birds of prey (sur Infinite de Deep Purple, 2017) qu’il s’en sert à de multiple reprises avec le même bonheur. C’est notamment remarquable sur Cadence, mais pas seulement. Mike Portnoy s’amuse également avec des rythmes qui paraissent simples mais peuvent monter en rage et en puissance, comme sur Guardian. La voix de Neal Morse est toute en finesse et en émotion, le chanteur se faisant parfois émouvant ou à fleur de peau (You are not alone), à d’autres moments plus direct. Sans jamais tomber dans le piège du prog qui veut en faire trop en n’étant que démonstratif, Flying Colors parvient à proposer une musique accessible à tous, bien que parfois plus complexe (cette montée en puissance sur la partie instrumentale de Last train home parle d’elle même). Les inspirations sont à la fois rock (plus Deep Purple que Dream Theater), funk (Geronimo), médiévales, orientales permettant à chacun des 9 titres,  The loss inside, Cadence, You are not alone ou le final Crawl de trouver aisément son public.  Les amateurs de belles mélodies et de grandes et simples orchestrations vont rugir de bonheur.

TERAMAZE: Are we soldiers

Progressif, Australie (Music theories, 2019) – sortie le 21 juin 2019

Malgré 5 albums au compteur depuis la formation du groupe à Melbourne en 1994, je ne découvre Teramaze qu’avec ce Are we soldiers au son résolument moderne. L’album de 10 titres explore au travers de morceaux peu radiophoniques par leur durée (de 5’10 à 11’58!) divers horizons progressifs, certes, mais cependant très orientés modern US metal: un son propre, des mélodies entraînantes et des refrains très faciles à faire chanter au public. Les amateurs trouveront des guitares travaillées à la Satriani, avec les quelques démonstrations que cela implique, de forts accents heavy pop (Are we soldiers) ainsi qu’un peu de rage bienvenue (Control conquer collide, From saviour to assassin). Le chant est souvent très, trop, sage et mériterait par instants un peu plus d’agressivité. L’ensemble propose toutefois un beau relief musical, qui, selon moi, reste trop pop. Ce qui sans aucun doute séduira les amateurs du genre.