Interview: SAXON

Interview Saxon : entretien avec Paul Quinn (guitare). Propos recueillis par téléphone le 3 février 2021

Bien qu’ayant eu plusieurs occasions de le croiser et d’échanger quelques mots avec lui, c’est la première fois que je mène une interview de Paul Quinn, guitariste fondateur de Saxon. Discret et réservé, si le gaillard peut passer pour timide ou peu sur de lui, il n’en reste pas moins une des plus fines gâchettes du milieu, dune courtoisie sans pareille. Un vrai plaisir que d’échanger avec lui à l’occasion de la sortie du premier album de reprises de Saxon, Inspirations.

Paul Quinn à Paris, le Trianon, le 14 nov 2016

Metal-Eyes : Paul, le but de ton appel, c’est de parler du nouvel album de Saxon, Inspirations, c’est bien ça ?

Paul Quinn : Oui, c’est le plan… Mais on peut parler d’autre chose si tu veux (rires). Maintenant, je vais profiter de l’occasion pour parler de notre album de reprises aussi…

 

Metal-Eyes : Et c’est la première fois que vous sortez un album uniquement de covers. Qu’est-ce qui vous a poussés à l’enregistrer.

Paul Quinn : Nous avons préféré repousser notre prochain album jusqu’à ce que nous soyons de nouveau en tournée. Il y a eu une pause pendant le confinement qui nous a permis de nous retrouver ensemble pour travailler. Nous avons maintenu les distances, l’hôtel était sain, donc nous avons pu nous sentir à l’aise et réaliser cet album de reprises. Ce sont des chansons que nous connaissons depuis longtemps, mais que nous n’avions jamais enregistrées. Il y en a même que nous n’avions jamais jouées ensemble !  See my friends, par exemple…

 

Metal-Eyes : Comment avez-vous choisi les chansons qui allaient figurer sur cet album ?

Paul Quinn : Ça n’a pas été trop compliqué : nous en avons chacun choisi 3, des chansons qui reflètent nos caractères. Une quinzaine, donc… Si certaines ne s’intègraient pas à notre style, alors, nous les mettions de côté. Pourquoi s’embêter à les enregistrer ? Il se trouve que la plupart des chansons proposées ont été retenues.

 

Metal-Eyes : Y a-t-il eu des propositions communes dans cette liste ?

Paul Quinn : Oui ! Les Beatles et les Rolling Stones, des groupes avec lesquels nous avons grandis, que nous regardions à la télé. En réalité, nous replongeons dans les 70’s, période à laquelle nous étions aussi influencés par des groupes comme AC/DC ou Toto…

 

Metal-Eyes : D’ailleurs, Toto est un choix assez surprenant.

Paul Quinn : Certains membres du groupe aiment beaucoup ce groupe. En fait, Doug est un grand fan de Steve Lukather, et le rythme de cette chanson, si tu écoutes bien, nous a beaucoup influencés sur And the bands played on.

 

Metal-Eyes : Ce que je remarque aussi, c’est que Saxon reste fidèle à son son, et a rendu ces titres très metal, principalement au niveau des guitares. C’est l’esprit que vous recherchiez en reprenant ces titres ?

Paul Quinn : Oui, le fait que ce style soit devenu le nôtre a influencé ces interprétations. Mais si ces groupes n’avaient pas existés, Saxon ne serait pas là (rires). Led Zeppelin fait partie de notre ADN.

 

Metal-Eyes : Sur la reprise de Evil Woman – une reprise popularisée par Black Sabbath – Biff ressemble vraiment à Ozyy dans son chant…

Paul Quinn (il rit) : La première version que nous avons connue était celles de Black Sabbath, mais l’originale était interprétée par Crow, un groupe de Minneapolis. Nous voulions une version à la Sabbath.

 

Metal-Eyes : En tant que guitariste, lequel des musiciens des groupes repris t’at-il le plus influené ?

Paul Quinn : De cet album ? Il n’y a aucune reprise d’Eric Clapton, donc je ne peux pas le citer (rires). The Kinks ont vraiment eu une grosse influence… Le riff de You really got me… les gens croyaient que c’était Jimmy Page qui jouait, c’était très agressif pour l’époque… Ritchie Blackmore a aussi été une grande influence. Mais Page a vraiment influencé mon jeu en solo. Il est celui qui m’a donné autant envie de jouer en acoustique qu’en électrique. Très formateur pour le jeu aux doigts.

 

Metal-Eyes : Qu’as-tu apporter comme particularité avec ton jeu de guitare à chacun de ces titres ?

Paul Quinn : Mmh… Je pense que mon style est… il y a un mot français pour désigner ça… Ah, je ne m’en souviens plus… J’ai été avec une dame à moitié hollandaise, à moitié française, basque en fait. Ah, quel est le mot français ?

 

Metal-Eyes : Quel est le mot anglais ?

Paul Quinn : Ce serait une expression : relax mais sûr de soi. C’est comme ça que j’aime jouer, je ne suis pas du genre à en faire trop, à chercher à rajouter des subdivisions dans les mesures. Je prends ce que j’aime, il sera très rare que tu m’entendes me presser.

 

Metal-Eyes : Tu peux être agressif, rapide, mais en effet, je ne t’ai jamais vu de presser, si sur ta guitare, si sur scène où tu es tranquille…

Paul Quinn : Bien, je réussis (rires) ! Mais ça dépend, je peux me mettre en rogne si le son n’est pas bon, par exemple, et balancer des trucs…

 

Metal-Eyes : Je préfère ne pas être là à ce moment (il rit) … Vos derniers albums studio ont été produits par Andy Sneap. Vous avez de nouveau fait appel à lui ?

Paul Quinn : Oui. Il est très méticuleux mais il sait quand il y a du groove ou pas.

 

Metal-Eyes : J’imagine que vous avez confiance en son oreille et en ses propositions ou commentaires.

Paul Quinn : C’est la chose principale, oui. Il avait déjà vu Saxon dans les 80’s, donc il sait d’où nous venons. Et nous savons aussi d’où il vient – de quelque part dans le Derby, ha, ha ! C’est le genre de personne qui s’entend à merveille avec les guitaristes – lui-même est guitariste (il remplace depuis plus de deux ans Glenn Tipton au sein de Judas Priest) – et il connait bien les chanteurs aussi.

 

Metal-Eyes : Vous avez laissé certaines chansons de côté, des chansons que vous aviez au départ retenues mais que vous avez décidé de ne pas inclure à Inspirations ?

Paul Quinn : Non, non. Nous les avions testées en répétition pour voir ce qu’elles donnaient.

 

Metal-Eyes : Combien de temps a duré l’enregistrement ?

Paul Quinn : Je crois… 17 jours en tout.

 

Metal-Eyes : Rapide…

Paul Quinn : Oui, comme au bon vieux temps.

 

Metal-Eyes : Sauf qu’au bon vieux temps, des groupes comme Saxon pouvaient sortir deux albums par an, maintenant, c’est un album tous les deux ans… Alors, quid du prochain album studio de Saxon ?

Paul Quinn : C’est la prochaine étape. Il n’est pas encore terminé. On a le chant et les solos de guitare, mais pas le reste. Nous y travaillons et nous y remettrons lorsque nous pourrons de nouveau tourner.

 

Metal-Eyes : Puisque tu abordes le sujet, tu es un des membres fondateurs de Saxon, tu as toujours fait partie de ce groupe et, par conséquent, tu as participé à chacune des tournées. Vous êtes souvent passés à Paris où vous avez joué dans divers endroits : Bataclan, Trianon, Zénith, Locomotive, Elysée Montmartre, et aussi au Pavillon Baltard. Quelle salle t’a particulièrement marquée ?

Paul Quinn : Hum… L’histoire récente du Bataclan est affreuse… Nous y avons joué avant les attentats, et après. La personne qui s’occupait de notre merch a été tuée ce jour-là… C’est une des salles que je préfère, avec l’Elysée Montmartre.

 

Metal-Eyes : Inspirations sortira donc le 20 mars sur le label Silver lining. As-tu quelque chose à rajouter avant que nous ne terminions ?

Paul Quinn : Je pense que le public va apprécier. Nous avons toujours eu un public fidèle en France, ailleurs aussi, mais nous avons toujours passé de bons moments dans les pays francophones, entre autre parce que nous avions signé avec les disques Carrère, un label français. Je crois que ça a attisé la curiosité des gens – un groupe anglais sur un label français ? Ça a aidé, je pense, à construire notre image internationale, et nous en sommes très reconnaissants.

 

Metal-Eyes : Mettons que nous sommes aussi heureux et reconnaissants que vous soyez encore là et en bonne santé !

Paul Quinn : Nous aussi (rires) ! Merci pour tout, et on se verra lors de la prochaine tournée. A bientôt ! (en français)