AVATAR live à Paris, le Trianon (14 mars 2018)

Avatar country ayant marqué ce début d’année, Avatar a décidé de pousser son concept jusqu’au bout. C’est entouré de sa cour, de son bouffon et de saltimbanques divers que Sa Majesté Kungen pose ses flight cases en diverses villes. Ce soir, c’est le Trianon qui accueille le grand cirque, et rien que le stand de merch, à l’esprit médiéval, vaut le détour : une roue de la bonne fortune est installée à côté d’une roulotte qui fait office de stand.

En ouverture du concert de ce soir, le public découvre Old Kerry McKee, un homme orchestre mesurant pas loin de deux mètres et qui s’installe une vingtaine de minutes derrière une petite batterie, armé de sa guitare et d’un tambourin accroché à son pied gauche par une immense chaine… Le folk que propose le gaillard est doux et rock et évoque ici Dylan et là Bruce Springsteen. Sympathique mise en bouche appréciée du public. Ça, c’est la partie soft…

Pour l’amuser et le distraire, sa Majesté fait ensuite monter sur scène une troupe de véritables freaks. Un spectacle de monstres comme on en faisait en nos contrées voilà quelques siècles ou, plus récemment, au siècle dernier, aux Etats-Unis. Âmes sensible, s’abstenir, c’est un défilé éprouvant que nous propose Hellzapoppin : présentée par un Monsieur Loyal complètement déjanté, qui viendra jouer à s’enfoncer divers objets dans les narines (tournevis, capote, perceuse, un homme tronc qui marche avec ses mains, fait des acrobaties, saute sur du verre pillé précède un adepte de la maltraitance de son propre corps qui, aidé d’un personnage mi homme-mi femme, commence par attacher des poids à ses paupières, puis glisse un crochet dans son nez avant d’avaler divers types de lames.

Un nain se charge d’avaler un ballon de baudruche… Difficilement supportable, ce « spectacle » est émaillé des cris horrifiés d’un public qui ne s’attendait pas à cela et voit une bonne moitié des photographes, exceptionnellement autorisés à rester tout au long de la prestation, jeter l’éponge… Eprouvant, vous-dis-je.

Un vaste rideau aux couleurs rouge et or d’Avatar vient cacher la scène. Lorsque les lumières s’éteignent et que le rideau tombe, Tim Öhrström (guitare) et Henrick Sandelin (basse) prennent place autour de la batterie derrière laquelle apparaît, assise sur son trône qui s’élève dans les airs, sa Majesté Kungen, accueilli par son bouffon chanteur Johannes Eckeström.

Avec son logo qui flashe en fond de scène, avec ses éclairages et la folie générale de son univers, impossible de ne pas penser aux débuts de Kiss – et d’espérer un parcours aussi grandiose que celui des Américains. Avatar c’est peut-être la relève du spectacle à l’américaine, grandiose et démesuré qu’on attend, qui sait ? Chaque détail est pensé, jusqu’aux pieds de micros, installés à un système à bascule.

Puisant principalement dans sa plus récente discographie (Avatar country est naturellement grandement passé en revue, ainsi que Feathers and flesh et Hail the apocalypse, ravissant un public tout acquis. La force de la setlist n’est rien comparée à l’excellence d’une prestation en tout point remarquable : les lumières, extraordinaires accompagnent des musiciens qui se donnent, tous, à 200%. Là où certains profitent du concept de leur spectacle pour en dire le moins possible, Johannes se lâche sur la seconde moitié, complimentant le public, et remontant le temps. Ainsi, au fur et à mesure qu’il demande « qui nous as vus en 2016 ? 2015 ? 2006 ? », les réponses se font moins nombreuses. Normal, et ça dynamise d’autant plus le public, à fond et sixième homme de ce concert.

Le vocaliste propose même une démonstration de trombone juste après The king wants you, dans un esprit très forain. Johannes présente alors le premier morceau » qu’a écrit notre roi, le premier morceau qui ne craigne pas, en fait » avant de revenir dans une tenue évoquant la bête sans sa belle.

Après avoir tenu un joli discours sur le regard des autres pour présenter Smells like a freakshow, il continue avec un discours flatteur :  « Quand on donne autant de concerts, on a tendance à en oublier. Mais, Paris, je n’oublie pas ! Je me souviens de chaque concert que nous avons donné à Paris. Et je n’ai pas peur, jamais je n’aurais peur ! » avant de conclure avec un énorme Hail the apocalypse de circonstances…

Ce soir, Avatar a plus que marqué les esprits. Il s’impose comme l’un des meilleurs performers de sa génération. Il est temps de voir cette formation exploser et rencontrer le grand public. A revoir sans faute lors de son unique passage en festival en France, au Download Paris (pour ma part, j’irai les revoir dans une semaine àNimes, nouveau report à suivre !)