SATURE: Secrets

France, Rock (Ep, M&O music, 2024)

Au travers des 4 titres de Secrets, les Français de Sature nous proposent une jolie palette de leurs influences et de leur savoir faire musical au travers d’un rock alternatif direct et sans fioriture. Quatre titres, c’est rapide. Il n’empêche, Secrets est varié et va à l’essentiel: le morceau titre nous plonge dans un rock/punk festif et entrainant. Il est suivi de Shattered dreams, plus pop rock, morceaux doté d’un riff épuré qui monte en puissance. Home alterne les plaisirs, alternant rock doux, enragé et allant aux limite du neo metal. Enfin, Dear diary vient clore cet Ep. Avec ses deux facettes opposées, le morceau se distingue et sort du lot. Démarrant comme une chanson rap US – qui m’évoque le film Ecrire pour exister (superbe film réalisé en 2007 par Richard LaGravanese avec, notamment, Hillary Swank et docteur Mamour – Patrick Dempsey) ainsi qu’une chanson que je n’arrive plus à nommer… Si ça merevient, je vous le signale – le morceau devient sur sa seconde moitié carrément rock et enragé. Un morceau envoutant, clairement mon préféré de cette carte de visite plus que prometteuse. A suivre de près !

Séance de rattrapage: BONE RIPPER: World ablaze

Pays-Bas, Thrash/Hardcore (Autoproduction, 2024)

Amis mélomanes amateurs de douces harmonies, laissez moi, je vous prie, cordialement vous inviter à passer votre chemin. Car en à peine 25′, les Néerlandais de Bone Ripper – un nom parfaitement adapté – parviennent à transformer votre salon en antre des enfers. Comment ça tabasse sévère! Composé de 10 titres ravageurs, World ablaze a tous les ingrédients pour briser des nuques: des titres expéditifs – pas un n’atteint les 3′ – savamment brutaux et entrainants à la fois, un chant rugueux et rageur, des riffs qui cisaillent et taillent dans le gras… Si le groupe des frères Glashouwer (WD au chant, Jeljer à la guitare et Kees-Jan à la batterie) se définit comme hardcore, les références au thrash des vieux jours sont omniprésentes et parfaitement intégrées. On pense en effet à plus d’une reprise à Slayer (cette batterie à la Dave Lombardo!), Testament , Death Angel ou encore Exodus. L’album laisse l’auditeur exsangue… et on en redemande, un peu frustrés par cette fin qui arrive aussi brutalement que les morceaux nous démontent la tête. Il va sans aucun doute falloir suivre de près ce groupe à qui on ne peut que souhaiter un avenir musical sanglant.

THE DEAD DAISIES: Light ’em up

Australie/USA, Hard rock (Autoproduction, 2024)

Après le retour salué de John Corabi au micro du groupe de hard rock le plus malléable et protéiforme qui soit, après avoir publié un double Best of et retrouvé la scène de manière assez intensive, The Dead Daisies retrouve le chemin des studios pour nous proposer enfin un nouvel album. Comme un clin d’œil (enflammé) au dernier effort studio avec Corabi (Burn it down en 2018), Light ’em up remet le groupe de David Lowy sur des rails solides. TDD ne cache plus ni ses origines, ni ses influences australiennes. Démarrant pied au plancher, le groupe nous propose des moments d’un rock dur direct aux relents AC/DCiens (Light ’em up, I’m gonna ride, la reprise de The Angels/Angel City Take a long line) et sait aussi varier ses plaisirs. Parfois narquois (Times are changing), à d’autres moments plus mystérieux (Back to zero) ou simplement et directement rock (Way back home) sans oublier un peu de sentimentalisme (la ballade Love that’ll never be), ou de blues (Take my soul), je retrouve les Daisies que je préfère avec ce son et cette accroche particuliers. Light ’em up est l’album du plaisir retrouvé, celui d’un groupe à l’unisson qui a envie de vivre et s’éclater. Chacun est à sa place, complémentaire des autres, de la paire de bretteurs désormais si complice (David Lowy et Doug Aldrich) à la section rythmique (la basse ronflante de Michael Devin et la frappe infaillible de Tommy Clufetos) et un Corabi particulièrement en voix, rien n’est à jeter. Vivement la scène!

Séance de rattrapage: TRANSPORT AERIAN: Live in Ghent

Belgique, Progressif (Melodic Revolution Records, 2024)

Formé en 2009 en Belgique, Transport Aerian délivre un rock progressif aux évidentes influences jazzy qu’il transcrit au travers de ses premiers albums studio – Bleeding (2013), Darkblue (2015), Therianthrope (2017) et Skywound (2021) – avant de proposer un premier album enregistré en public (lors d’un « concert privé »). Live in Ghent nous fait découvrir un groupe au propos musical captivant et intrigant à la fois. Torturée et sombre, la musique de Transport Aerian ne peut laisser indifférent. Si le groupe semble parfois intellectualiser son propos à l’envi, sa vision musicale interpelle, évoquant tour à tour Van der Graf Generator ou Magma, le chant rappelle par instant Geedy Lee (Rush) en plus torturé, mais il y a plus encore. Etonnamment, l’intro de Shall not be m’évoque The eagle has landed de Saxon, deux univers sans conteste radicalement opposés. Tout au long des 11 titres de l’album, Transport Aerian peint des tableaux étranges, aussi envoutants qu’ils peuvent être inquiétants, à l’image de ce Smirking sirens aux intonations orientales, rythmé comme une marche d’esclaves enchainés. Pas facile d’accès, ce Live in Ghent – dont le public se fait si discret qu’on ne l’entend guère – mérite plusieurs écoutes pour être totalement apprivoisé. Les amateurs du genre seront sans conteste ravis.

MATW: Endless loop

France, Metal (Autoproduction, 2024)

Avec son précédent opus, Through the looking glass paru il y a un an à peine (en septembre 2023), MATW avait marqué quelques points avec son metal varié, allant du heavy traditionel au metalcore en passant par un esprit punk US. Et voila que le quatuor – Yanis Kateb (chant et guitare), Florian Cedard (guitares), Léo Capon (basse) et Thomas Niziolek (batterie) – revient avec un Endless loop tout aussi réussi. Avant même de glisser le CD dans le lecteur, la pochette interpelle: le groupe a en effet choisi de reprendre le visuel de son précédent album et de le présenter comme une sorte de reflet. Les couleurs dont différentes, le carrousel a vieilli, les arbres ont perdu leur sève… et les titres sont également intimement liés puisque si l’on met les pochette dos à dos, on revient toujours à la même chose, un avant et un après – le titre lui-même se traduit par « cycle sans fin ». Une suite logique donc, d’autant que MATW (pour rappel, acronyme de Me Against The World) a pensé ces deux albums comme un seul de 15 titres qu’il a préfér sciender en deux parties. On retrouve donc ici les même ingrédients, l’album démarrant par une guitare claire qui m’évoque un passage de Never look down II (sur le précédent album) avant de s’enfoncer dans une saine fureur aux rythmes variés. Là encore, on retrouve des inspirations lourdes et agresives autant que plus légères, voire festives. Le chant est aussi agressif qu’il sait se faire entrainant… Endless loop est l’album mature d’un groupe qui a tout l’avenir devant lui et qui propose une musique puissante et populaire à la fois. Voilà un groupe qui a tout pour séduire et se forger un vrai nom dans le metal pas que français.

FLOGGING MOLLY live à Paris, Le Bataclan, le 27 août 2024

C’est un Bataclan étonnamment peu rempli dans lequel je pénètre vers 19h sans avoir fait la queue… Pourtant, les vacances touchent à leur fin, les gens sont de retour, certains, conversations du métro à l’appui, se préparant déjà à la rentrée scolaire. Une demi heure plus tard, on continue de circuler aisément tandis que les lumières s’éteignent et que quatre énergumènes habillés on se demande par qui investissent la scène. The Scratch va pourtant mettre rapidement tout le monde d’accord.

The Scratch @Paris Bataclan le 27 août 2024

Pendant un peu plus d’une demi heure, le groupe irlandais délivre une énergie, tant musicale que physique, d’ailleurs, sans pareil. Le chanteur installé derrière une sorte de boom box faite maison, le pied placé sur la pédale d’une grosse caisse, tient dans chacune de ses mains des baguettes en forme de boomerang tandis que le bassiste, incapable de tenir en place, fait de son tabouret un lieu où s’assoir ou le transforme en promontoire. De chaque côté de la scène leurs compagnons jouent sur une guitare acoustique. Ce que les quatre parviennent à produire reste un rock improbable mais totalement envoutant. Tout y passe, des influences punks à d’autres irlandaises, des rythmes tribaux à riffs thrashisants, le tout dans une parfaite alchimie festive comme il faut.

The Scratch @Paris Bataclan le 27 août 2024

Le public présent – qui grossit tranquillement – suit The Scratch et soutient avec force les quatre hurluberlus tout au long des 6 titres que comporte ce set d’apparence décousu et cependant tellement cohérent. Une très belle découverte.

The Scratch @Paris Bataclan le 27 août 2024
Flogging Molly @Paris Bataclan le 27 août 2024

C’est toujours un plaisir d’assister à un concert de Flogging Molly. Le punk celtique de la formation de Dave King est là, comme le chanteur le rappellera à plus d’une reprise – pour délivrer un message positif et festif. C’est donc face à un public désormais dense que le groupe arrive tranquillement sur scène avant de démarrer son set avec le désormais incontournable Drunken lullabies (issu de l’album du même nom, le plus représenté ce soir avec 5 extraits) suivi du jovial et festif The hand of John L. Sullivan à l’issue duquel King entame ses joyeuses facéties, à commencer par présenter un ami irlandais qui a fait le déplacement et demande au public de le saluer. Les connaisseurs accompagnent le chanteur en tendant un gros doigt à l’ami en question.

Flogging Molly @Paris Bataclan le 27 août 2024

La plupart des albums sont représentés par au minimum un titre, souvent illustrés de propos « personnalisés » comme Rebels of the sacred heart (« quand on joue cette chanson en France, c’est comme si on la jouait à la maison ») ou cette dédicace à « toutes ces personnes que j’ai croisées portant un T-Shirt Hillbilly… Hein? Ah! Hellfest! Vous avez un putain de festival ici, en France! » qui introduit Crushed (hostile nations). Il n’oublie pas non plus de rappeler que c’est ici, en France qu’il a, il y a maintenant 20 ans, rencontré celle qui est désormais son épouse adorée, la flutiste et violoniste Bridget Regan.

Flogging Molly @Paris Bataclan le 27 août 2024

Le public est à fond, les slammers donnant tout au long du concert de plus en plus de travail à une sécurité toujours au taquet et jamais débordée. On chante, on danse, et la température continue de monter. Et on suit les salutations de King qui désigne deux jeunes femmes venant d’Ukraine ainsi que d’autres personnes (dont une nouvelle salutation à son ami du balcon avant What’s left of the flag (« une chanson qui parle d’amitié« )

Flogging Molly @Paris Bataclan le 27 août 2024

Alors que le groupe revient sur scène pour le rappel, King voit un panneau se lever du public, un panneau en carton qui arbore une sorte de drapeau avec un dessin « no pickles », ce que King approuve en hurlant qu’il déteste les cornichons et que l’un des musiciens vient récupérer pour faire le tour de la scène et le fixer au dessus des enceintes. Jolie introduction à un final jovial et festif composé de Black friday rules et Salty dog, avant que les lumières du Bataclan ne se rallument et que retentisse le classique des Monty Python, Always look on the bright side of life qui accompagne le public vers la sortie.

Flogging Molly @Paris Bataclan le 27 août 2024

Encore une fois, Flogging Molly a su transformer une soirée en fête avce un concert haut en couleurs et en énergie. Superbe soirée.

Flogging Molly @Paris Bataclan le 27 août 2024

Merci à Diane Houziaux et Céline Guigner d’AEG Presents d’avoir rendu ce report possible.