Mais comment se fait-il qu’une formation aussi talentueuse que Trank reste encore autant dans l’ombre? Après avoir découvert le groupe en 2021 avec The ropes, un premier album simplement époustouflant, les voilà qui reviennent avec The maze, tout aussi exceptionnel. Au travers de 11 titres, Trank explore divers horizons musicaux, tous aussi entraînants que variés. Car jamais le groupe ne se répète, démarrant avec le très électrique Adrenalin pour terminer avec l’envoûtant The morning after. Au passage, les musiciens s’offrent de petites escapades du côté du punk (Chameleon) dans lequel une vérité est énoncée (« I am what I am told » – « je suis ce qu’on me dit d’être » – qui semble dénoncer le manque de libre arbitre ou d’esprit critique de la société actuelle), explore des aspects qu’on pourrait étiqueter « heavy new wave » (Pray for rain) avec toujours ces fils conducteurs que sont la diversité musicale des sources d’inspirations (dont Pink Floyd dont le groupe reprend Hey you), l’originalité et l’excellence – tant dans l’interprétation que dans la production, irréprochable, grasse, gourmande et généreuse à la fois. Trank a cette capacité à composer des morceaux taillés pour les foules, ce rock fait pour retourner des stades tout entiers. Jamais vulgaire, toujours efficace – d’autant plus que Michel chante dans un anglais parfaitement maitrisé et compréhensible – classieux même, The maze a tout pour mener Trank vers les sommets internationaux . Si seulement on (les majors internationales) daigne lui accorder un peu plus qu’une oreille distraite… On tient peut-être ici un futur géant du stadium rock. Celui qui, comme ils l’écrivent dans leur bio, « fait sauter les foules ET réfléchir ».
Violenta est le troisième album de nos voisins belges de Fabulae Dramatis. Formé au début des années 2010, le groupe a déjà publié deux albums, Om en 2012 et Solar time’s fable en 2017. Quelques changements de line-up expliquent sans doute, en partie tout du moins, le temps passé entre deux albums. Aujourd’hui composé de la chanteuse Isabel Restrepo, du guitariste Daniel Diaz, du bassiste Marco Felix et du batteur Teo Dimitrov, le groupe nous propose ce Violenta, qui parait donc après sept ans de réflexion et qui semble être un album conceptuel (traitant de la colonisation brutale de la Colombie?) De manière intéressante, le groupe propose des textes en espagnol et en anglais, ce qui permet de joliment scénariser son propos. Musicalement, les huit titres puisent dans une variété de styles parfois étonnante. Le plus doux côtoit le plus brutal à l’image du chant qui va du tribal à la rage, évoquant souvent la souffrance d’un peuple opprimé. Si certaines idées de riffs ou de mélodies font immédiatement mouche (le tribal The jungle of ego, le très entrainant River of despair), si le chant évoque une certaine Angela Grossow (Arch Enemy) dans ses colères enragées, Fabulae Dramatis se veut avant-gardiste dans ses compositions et fait, malheureusement, souvent preuve de trop de réflexion dans sa musique. Ainsi, en voulant proposer une musique complexe, la formation perd en efficacité là ou plus de simplicité pourrait offrir un propos direct. Violenta reste cependant mystérieux et évoque un pan de l’histoire de notre décidément éternelle inhumanité.
La pochette parle d’elle même: le monde est livré à la sauvagerie d’êtres abominables et sans merci… Avec Bakounine, les Franco-italiens de Krack nous plongent dans un univers macabre et violent. Les 11 titres de ce disque sont construits comme la bande son d’une série de zombies. Après une intro enragée, l’appel à la révolte est entendu… Si la voix gutturale et grognée donne le ton, le tempo, lui, varie au gré des morceaux. Parfois hardcore direct et dans ta face, à d’autres moments plus électro et martial, ici plus foncièrement metal, toujours ultra énergique, le groupe raconte une histoire qui ferait sans doute une bonne BD ou une série. L’espoir souvent matinal cède cependant rapidement le pas à la réalité de ce monde en état de survie. Les morts-vivants marchent et saccagent dans pitié. La voix mise à part – une voix qui, reconnaissons le, colle parfaitement au propos – l’ensemble est plein de bonnes idées et de petites originalités qui transforment cette expérience qui pourrait être douloureuse en moment assez « fun ».
J’avais pris un tel pied lors de leur concert de l’an dernier dans une grange réaménagée à Talcy (41), que je ne pouvais rater le passage de Robert Jon &The Wreck au Trabendo (malgré la présence au Zénith voisin d’un autre groupe que j’adore…) La file s’allonge sur le chemin qui mène à la petite salle et visiblement, il y aura du monde.
La mise en jambe est assurée par un certain Fat Jeff, un One man blues band. Le gaillard s’installe sur un tabouret, attrape sa guitare et pose le pied sur la pédale de sa grosse caisse. Ainsi préparé, il entame une jolie demi-heure de ce blues chaleureux et intemporel.
Le public, qui semble découvrir Fat Jeff, est attentif et séduit par cette voix rocailleuse et l’entrain du musicien qui, en fin de set, se lève, permettant enfin au public le plus éloigné de voir un peu plus que sa tête! Une bien jolie découverte. Il semble heureux d’être-là, d’autant plus qu’il s’agit de sa première prestation à Paris. Alors ouvrir pour Robert Jon le motive d’autant plus. Après son set, il ne manquera d’ailleurs pas une miette de celui des Américains…
La foule est dense lorsque Robert Jon & The Wreck arrive sur scène. Dès les premières mesures de Hold on, le ton est donné. Le blues rock teinté sudiste fait mouche, et Henry James prend rapidement le public à la gorge avec un premier solo. Si Robert Jon est en voix, il ne se risque pas à l’exercice du solo qu’il laisse volontiers à son complice de 6 cordes.
Chacun est à sa place sur cette scène pas très grande – Andrew Espantaman est tout au fond derrière sa batterie, Jake Abernathie, désormais parfaitement intégré, tranquillement assis derrière ses claviers, soutenu par le bassiste aux éternelles lunettes noires, Warren Murrel – et transforme chaque chanson en un moment de partage généreux.
Croisement naturel (spirituellement, s’entend!) entre Jimi Hendrix, Richie Blackmore et Uli Jon Roth, Henry James ne cesse d’épater par ses interventions plus brillantes et lumineuses les unes que les autres. Un jour viendra où son talent explosera vraiment, mais pour l’heure, contentons nous de nous pâmer en écoutant chacune de ses notes, irréprochablement jouées.
Si Red moon rising, le dernier album, est naturellement à la fête avec 5 extraits (Hold on, Rager, le morceau titre, Life between the lines et Ballad of a broken heated man), Glory bound et Last light on the highway sont également représentés avec 3 morceaux chacun, tandis que Ride into the light et le premier album autonommé le sont avec une chanson chacun.
Si on les apprécie sur album, on se rend vite compte que le Blame it on the whiskey, Bring me back home again ou Oh Miss Carolina et Do you remember – ces deux derniers venant presque clore le concert – sont d’une redoutable efficacité sur scène. Le groupe ne laisse d’ailleurs pas un instant de répit au public avec qui la communication est fréquente et aisée, Robert Jon toujours plaqué sous son Stetson souriant et chaleureux.
Après s’être fait désiré quelques courts instant, RJTW nous offre un seul et unique titre en rappel. Mais quel titre! Un Cold night allongé à l’envi qui se termine sur un duel dantesque, un dialogue fin et racé entre la guitare de Henry et les claviers de Jake qui viennent se taquiner, se répondre et se défier. Un bon quart d’heure de bonheur pour mettre un terme à ce superbe concert. Prochaine étape: le Trianon?
Merci à Sabrina Cohen-Aiello et Veryshow d’avoir rendu ce report possible.
Après 33 ans de bons, loyaux et chaleureux services, le Hard Rock Café Paris a définitivement fermé ses portes. HRC en France, c’est fini… Je l’ai appris par le post d’un copain sur FB et autant dire que j’ai eu le cœur serré. car le HRC, ce n’est pas seulement une marque commerciale, ce n’est pas qu’un restaurant à l’américaine, c’est n’est pas qu’une enseigne qui a ouvert en 1991 et où tout parisien que j’étais alors je devais me rendre rapidement.
Non, c’est aussi, et surtout, un lieu rare de rencontres et d’échanges. Nombre d’entre nous, journalistes amateurs fans de rock et de metal, animateurs de webzines, d’émission radio, de passionnés de musique électriques y avons passé du temps, assisté à des show cases sur la scène du rez-de-chaussée, fait des rencontres, échangé avec d’illustres inconnus aspirant à devenir célèbres et depuis retombés dans l’oubli, de futurs grands devenus depuis incontournables, des stars déjà installées depuis des lustres… Ce sont en effet des interviews par dizaines que j’ai pu mener, le plus souvent à l’étage, Bref, les souvenirs sont là et, en hommage à ce lieu qui est bien plus qu’un musée resto, retour sur quelques une de mes nombreuses rencontres parmi lesquelles je retiens Black Stone Cherry venu avec ses bouteilles de Mountain Dew, Michael Monroe et son accueil à l’harmonica, Joey Tempest qui après sa conférence de presse, se livre à une belle séance de dédicaces, Edguy, mes premières rencontres avec Sabaton ou Danko Jones, les interviews dans la réserve avec Avatar ou Disconnected… Il y en a eu des dizaines tant avec mon ancien webzine qu’avec Metal Eyes. Et ces rencontres au Hard Rock Cafe Paris sont le fait d’une personne en particulier : Roger Wessier que je remercie, ainsi que toute l’équipe du HRC, sacrifiée sur l’autel de la rentabilité, pour tous ces excellents moments.
Recevoir un album de Matthieu Morand, guitariste connu et apprécié pour son travail avec Dusk Of Delusion, ou encore Symakya et avec sa boite de promotion Fantai’zic est toujours une agréable surprise. Le Lorrain – Nancéen, plus précisément – a toujours proposé un metal progressif de qualité, en tout cas, qui me plait, alors découvrir cet album de Bowels Of Suffering, [B.o.S]2.0, me tente bien. Clairement, le groupe a décidé de se lancer dans un projet ambitieux et de créer un univers sonore proche du metal extrême, mêlant sonorités industrielles, froides et martiales, et death au chant rugueux, et visuel qui invite l’amateur à plonger dans un univers fait de piraterie et aventures dignes de jeux vidéo. Seulement voilà… Rapidement, je décroche, je ne parviens pas à me plonger dans cet univers trop froid et trop rugueux et qui ne m’invite guère à foncer toutes oreilles ouvertes dans ce monde-là. Me voici même en train de penser avoir entendu Matthieu plus inspiré dans ses aventures guitaristiques. Alors, certes, BOS est un groupe composé de personnalités de la scène française (en vrac, La Horde, Elvaron, Benighted Soul, Akroma ou encore Symakya en plus du Dusk mentionné plus haut) mais la sauce ne prend pas… Ce n’est simplement pas pour moi, même si d’autres y trouveront certainement leur compte.
Interview Bone Ripper. Entretien avec WD Glashouwer (chant). Propos recueillis par Zoom le 10 octobre 2024.
Comme c’est la première fois que nous échangeons, peux-tu me raconter l’histoire de Bone Ripper ? D’où venez-vous, quand vous êtes-vous formés, pour quelle raison ?
WD : Beaucoup de questions ! Nous venons du nord des Pays-Bas, nous sommes originaires de Harlingen. Bone Ripper est né il y a maintenant deux ans, mais le groupe n’est pas si jeune que ça. Nous faisions partie d’un groupe avant, Manu Armata, un groupe hardcore qui a démarré en 2007. Le groupe était composé de 4 personnes – un batteur, un bassiste, un guitariste et moi au chant. Le guitariste a décidé d’arrêter et on s’est demandé si on cherchait un autre guitariste pour continuer avec Manu Armata ou si on décidait de laisser tomber le groupe pour faire autre chose… Ce que nous avons décidé, c’est d’intégrer deux nouveaux guitaristes, il y a toujours le batteur, le bassiste et le chanteur d’origine. Pour nous, il s’agissait d’une nouvelle opportunité puisque nous avions passés 15 ans avec seulement un guitariste, nous avions développé une certaine forme de hardcore et là, nous avons eu l’occasion de faire les choses… pas différemment, mais avec plus de possibilités puisque nous avons choisi de travailler avec deux guitaristes. On peut explorer d’autres horizons. Aussi, le guitariste de Manu Armata était un membre fondateur, alors on a décidé de ne pas continuer sous ce nom. On ne veut pas finir comme ces groupes qui n’ont plus qu’un membre original et continuent d’utiliser le même nom. Donc, on a choisi de devenir Bone Ripper. Le groupe n’a certes que 2 ans d’existence mais dans la réalité, nous avons près de 17 ans d’expérience !
Comment décrirais-tu la musique de Bone Ripper ?
Nous, on appelle ça du hardcore metallique ! C’est toujours du hardcore mais il y a plus d’éléments, d’influences metal, comme les riffs de guitares, la double grosse caisse… Avant, on était plus dans l’esprit direct des groupes de hardcore new-yorkais.
Quand j’ai écouté votre album, j’ai perçu beaucoup d’influences thrash, Exodus, Metallica, Slayer, tout ce metal de la Bay Area mélangé au hardcore…
Oui, je vois ce que tu veux dire. Je pense que pour beaucoup de ces groupes, le chanteur a une influence sur le genre. Je suis un chanteur hardcore, et j’ai le sentiment d’avoir un certain flow, je cherche des airs sur lesquels le public peut chanter avec nous, on fait souvent ça dans le hardcore. Si tu écoutes le metal plus classique, il y a plus de cris, moins « d’hymnes ». C’est une chose fondamentale dans le hardcore. Notre guitariste vient du metal, et je pense qu’il est très inspiré par ces groupes de thrash old school, comme il est attiré par des groupes plus modernes, bien sûr. Il y a une vraie combinaison de tout ça chez nous, et j’entends souvent les gens me le dire. Je ne peux le nier, il y a des influences thrash. Mais, tu sais, pour moi, il est toujours difficile de placer une étiquette sur ta musique.
C’est en tout cas de l’énergie pure. Cet album est rapide, puissant, énergique et direct. Il dure à peine 25’.
Je sais ! Il y a beaucoup d’albums metal avec de chansons qui durent 5 ou 6’. Dans le hardcore, on peut même avoir des titres qui ne durent qu’un ou deux minutes (rires) ! L’album n’est pas long mais il dure selon moi juste ce qu’il faut.
La première fois que je l’ai écouté, j’en attendais plus. Je me suis dit : « quoi ? Déjà fini ? » J’en voulais plus !
C’est plutôt un bon signe, non ? Je veux quitter les gens quand ils en veulent un peu plus. Je l’ai vécu aussi, il y a des disques dont tu voudrais entendre plus de choses. Mais il y a aussi ceux où, après six ou sept chansons, tu décroches. Il y a tant d’album avec, quoi ? Huit chansons, plus une intro, un interlude, donc il y a dix titres mais seulement huit chansons. Les gens, quand ils aiment, ils en veulent toujours plus, et c’est toujours bon à entendre.
D’après ce que je sais, il y a 3 frères dans le groupe.
C’est exact, oui.
Comment travaillez-vous ensemble ?
Ça va tout seul. Visiblement, je suis un de ces frères (rires) ! L’un des guitaristes est mon frère, et le batteur est mon plus jeune frère. Il était également l’un des fondateurs de Manu Armata, donc je jouais déjà avec lui depuis 15 ans. Avec mon autre frère, je jouais dans un autre groupe en tant que bassiste quelques années. Tu sais, quand il y a ce genre de fratrie, on écoute souvent le même genre de musique, on fait partie de groupes. On n’a jamais vraiment eu l’occasion de faire quelque chose ensemble alors on s’est dit que ça pouvait être l’occasion de pouvoir, enfin, jouer ensemble entre frères ; Le truc marrant, c’est que le guitariste qui a quitté Manu Armata est revenu un an plus tard, a réintégré le groupe parce que le guitariste qui jouait dans Bone Ripper avec mon frère a fait un burn-out et il ne pouvait plus continuer. Donc j’ai demandé à notre ancien guitariste… Tu sais, j’ai bossé avec lui dans deux ou trois groupes, on a commencé ensemble quand j’avais 13 ans, j’en ai aujourd’hui 44… On fait de la musique ensemble depuis près de 30 ans et, en fait, c’est un peu comme si lui aussi était un autre de mes frères.
C’est donc plus une fratrie qu’une dictature, Bone Ripper…
Exactement. Il n’y a pas le big boss du groupe. Quelqu’un doit s’occuper du business et tout le monde suit. Mais si quelqu’un n’est pas d’accord, nous en discutons. Il n’y a jamais de clash, ça marche très bien comme ça.
Un groupe de rock, est aussi destiné à jouer sur scène. Quelle est la situation de Bone Ripper de ce point de vue ? Est-ce que le nom de Bone Ripper a fait son trou et avez-vous la possibilité de donner des concerts et quels types de shows donnez-vous ?
Manu Armata était un nom assez connu sur la scène métal des Pays Bas, on a aussi beaucoup joué en Europe. Maintenant, ce n’est pas comme si on l’avait simplement remplacé, mais c’est plus facile pour nous, en tant que groupe, de ne pas avoir à tout recommencer et jouer dans des pubs ou au bar du coin de la rue devant trois personnes. Non, ça a plus été : « oh, ils ont un nouveau groupe ? Qu’ils viennent jouer ici ! » Ça a donc été relativement plus facile, et on a déjà donné beaucoup de concerts par ici, dont des festivals, mais aussi en Allemagne… Les gens commencent à citer le nom de Bone Ripper grâce à ces concerts.
Avec un album qui ne dure que 25’, j’imagine que vous intégrez aussi quelques titres de Manu Armata dans vos sets ?
Non, non ! En fait, si, on en joue un (rires) ! Mais c’est juste parce que l’ancien guitariste est revenu. En gros, ce que nous sommes aujourd’hui, c’est Manu Armata avec un guitariste de plus ! Lorsqu’il est revenu, nous avons décidé d’intégrer une chanson de notre ancien groupe. Mais nous avons aussi sorti l’an dernier, en janvier, un Ep de 6 titres, donc on a celles-ci et le 8 titres de l’album. Quand on s’est lancé dans l’aventure Bone Ripper, nous devions nous assurer d’avoir suffisamment de nouveau matériel pour pouvoir donner des concerts. Nous ne voulions pas nous retrouver en studio de répètes pendant deux ans avant de pouvoir jouer. Quand on a commencé, on avait déjà des chansons composées et on a décidé de faire un Ep qui permettait aux gens de découvrir le groupe avant de venir en concert. On a immédiatement commencé à travailler sur notre album, World ablaze, immédiatement après.
De quoi traitent les paroles de l’album ? Son titre est déjà très explicite…
Je parle de beaucoup de choses… Le titre de l’album est, comme tu le dis, un message en soi. Les guerres qu’il y a dans le monde, les politiques de droites qui montent partout, le réchauffement climatique, la discrimination… Je travaille ces thèmes individuellement et il y a une autre partie de mes paroles qui sont assez négatives mais je ne veux pas que les gens ne voient que le côté négatif. Alors j’écris aussi des textes au sujet de victoires dans nos vies, de victoires dans nos combats, face à l’adversité. Ce ne sont que des choses que je vis et rencontre, des évènements qui se produisent autour de moi, dans le monde…
Y a-t-il des paroles ou des thèmes qui n’ont pas leur place chez Bone Ripper ?
Non, je ne crois pas. J’écris sur des thèmes qui me concernent. Je n’évite rien, je ne me dis pas que je ne peux aborder tel sujet… J’écris avec mon cœur.
Et les autres membres du groupe, de cette fratrie, ont-ils un mot à dire s’ils ne sont pas d’accord avec les paroles ?
Oui, bien sûr, s’ils ne sont pas d’accord, on peut en parler. Mais jusqu’à présent, ils sont d’accord avec ce que j’écris. Aussi, lorsque j’écris, on se retrouve et je leur explique le thème, ce que les paroles signifient pour moi, le pourquoi et le comment de ce texte. Tu sais, on est 5 dans ce groupe et chacun, naturellement, a son opinion. Nous allons cependant dans le même sens, ce n’est pas comme si dans le groupe il y avait quelqu’un d’extrême droite et quelqu’un d’extrême gauche. Il y a des perceptions différentes, mais on a des idées communes à la base. Depuis tout ce temps, ils me connaissent et savent ce que je pense. Bien sûr, si je commençais à écrire des texte sur la suprématie blanche, ils me demanderaient tous « mais c’est quoi cette merde ? » (rires) !
Pour quelqu’un qui ne vous connait pas, si tu devais ne retenir qu’un seul titre de World ablaze pour expliquer ce qu’est Bone Ripper aujourd’hui, ce serait lequel ? Celui qui vous représente le plus.
Je pense que ce serait Fear of death. Il y a tous les éléments musicaux qu’on trouve chez nous, et, en ce qui concerne les paroles, elles semblent sombres mais dans l’ensemble c’est une chanson assez positive. L’un dans l’autre, c’est un choix qui montre ce qu’on cherche à faire la plupart du temps.
Je ne connais pas la situation musicale aux Pays-Bas excepté pour certains groupes. Vous vivez de votre musique ou avez-vous d’autres métiers à côté ?
Bien sûr, on travaille à côté. Personnellement, j’ai un studio d’enregistrement à côté, c’est ma principale source de revenus, mon occupation principale. Les autres ont aussi un travail régulier. Notre batteur est graphic designer, il travaille pour une agence marketing, il réalise des logos et des sites web. Eric, notre guitariste, travaille pour une entreprise qui fabrique des gros appareils frigorifiques. Mon frère, l’autre guitariste est un manager pour une industrie agro-alimentaire, des produits laitiers…Le bassiste fait différentes choses : on partage le studio d’enregistrement, il fait aussi du commerce en ligne dans la fabrication de mobilier en bois, et il travaille en free-lance pour une entreprise qui fabrique des gobelets en plastique, ceux que tu trouves en festivals. C’est une entreprise qui collabore avec la plupart des grandes équipes de foot aux Pays-Bas et de grands festivals.
Quels sont maintenant les 5 albums que tu as le plus écoutés dans ta vie ?
Waow ! Pour moi, tout a commencé avec Madball, Demonstrating my style. Un autre album qui m’a beaucoup influencé, c’est In this defiance de Strife. Ensuite… j’écoute beaucoup de hardcore des 90’s, mais ces 2 dernières années j’ai vraiment craqué pour Straight From The Path, Lionheart est aussi un des groupes que j’apprécie. Comme je fais beaucoup de production, j’écoute beaucoup d’albums dont j’aime le son. Oh, c’est une question difficile (rires) !
Je l’aime bien ! Retourne dans ton passé, c’est là qu’on les trouve généralement…
Oui… Il y a bien les premiers albums de Terror… Hatebreed, aussi, j’écoute beaucoup Hatebreed. Mais j’écoute aussi beaucoup de punk et de skate punk… Maintenant, le plus important pour moi reste Madball, c’est le groupe qui m’a donné envie de me lancer.
Quels sont les projets de Bone Ripper pour 2025 ?
Le principal, comme toujours, c’est de pouvoir donner de bons concerts et rencontrer des gens. Nous sommes 5 avec chacun des obligations, ce qui nous empêche d’organiser une grande tournée. Mais pour 2025, on voudrait faire quelques festivals, ce qui est en cours, et on voudrait aussi pouvoir tourner en Allemagne, au Danemark, un peu plus à l’étranger, un ou deux week-ends.
Vous avez signé avec une agence de booking ?
Non… Manu Armata avait signé avec un label français je crois, mais avec Bone Ripper, nous avons décidé de tout faire nous-mêmes. Nous avons simplement recruté Mike (Mikede Coene, Hard Life Promotion) pour s’occuper des relation médias pour nous. Pour le reste, c’est nous qui faisons tout.
As-tu quelque chose à rajouter ?
Non, merci pour cette interview, c’était une conversation sympa. J’invite simplement les gens à écouter notre album – on peut le trouver sur Spotify…
Et achetez l’album !
Oui, achetez-le, mais si vous ne le pouvez pas, écoutez-le sur Spotify, ça nous rapportera 0,0001 euro. Si les gens apprécient l’album, c’est le principal. Si vous pouvez venir nous voir en concert, si vous pouvez nous booker pour un concert aussi, nous serons là !
The Dead Daisies continue son ascension et c’est ce soir à l’Élysée Montmartre que le gang protéiforme de David Lowy pose ses flightcases. Il y a cependant un grand absent, puisque Doug Aldrich a dû renoncer à cette tournée européenne pour subir des soins à la suite de la découverte d’un cancer de la gorge, heureusement traitable. C’est donc plein de pensées positives pour son rétablissement que nous assisterons ce soir à une nouvelle formule de TDD puisque Doug a été remplacé au pied levé par son complice au sein de Whitesnake, Reb Beach.
Mike Tramp @Élysée Montmartre, Paris
Voici bien longtemps que je n’ai vu Mike Tramp sur scène. Le Danois revient ce soir en duo pour continuer de donner vie à White Lion. Accompagné de Markus Mann à la seconde guitare, le chanteur se montre toujours aussi jovial et, le temps de 25 petites minutes, nous offre un bond dans son glorieux passé.
Mike Tramp @Élysée Montmartre, Paris
Living on the edge lance les débats et le public, aux âges variés mais principalement composé de jeunes quinquas/sexagénaires, accompagne avec bonheur Mike dans ses réinterprétations de certains classiques du lion blanc.
Mike Tramp @Élysée Montmartre, Paris
Il communique facilement et avec humour, se rappelant de ses venues parisiennes autant avec White Lion que Freak Of Nature ou en solo. Oui, il a encore de la mémoire, comme il le précise. La version de Little fighter – qui traite du sabotage du Rainbow warrior, vaisseau amiral de Greenpeace coulé par les services secrets français – donnerait envie de hurler Free Paul Watson tant le thème est d’actualité…
Mike Tramp @Élysée Montmartre, Paris
On fini avec les beaux sentiments de Tell me et une version sans doute moins « prise aux tripes » de When the childre cry qui, elle aussi est d’une cruelle et affligeante actualité comme le rappelle le chanteur: « j’ai écrit cette chanson il y a plus de 30 ans. Je ne pensais pas que le monde serait encore un tel sac à merde »… Une version épurée pour une première partie soft. La suite va rebattre les cartes.
Mike Tramp @Élysée Montmartre, Paris
Beasto Blanco @Élysée Montmartre, Paris
Avec Beasto Blanco, on change littéralement de registre. Once a Coop, always a Coop pourrait-on même penser puisque le groupe formé en 2012 compte en son sein rien moins que Chuck Garric bassiste de Alice Cooper et ici guitariste et chanteur, et Calico Cooper, la fille de Vincent Furnier, également infirmière SM et tortionaire d’Alice Cooper et ici chanteuse horrifique et sexy. Autant dire que ces deux-là auront été très présents en France en 2024, mais ils viennent pour assurer la promotion de Kinetica, dernier album en date du groupe.
Beasto Blanco @Élysée Montmartre, Paris
La voix rocailleuse de Chuck, son sourire sadique, le jeu de scène de Calico, l’esprit musical en général, tout le décorum shock rock évoque l’univers cooperien. Les autres musiciens tiennent la structure de l’ensemble mais force est de reconnaitre qu’en simple tenue de rockeur, les regards sont plus centrés sur les deux vocalistes qui font le show.
Beasto Blanco @Élysée Montmartre, Paris
A mi-parcours, d’ailleurs, et sans réelle surprise, Beasto Blanco se frotte à Feed my Frankenstein, rappelant ainsi, s’il en était besoin, certaines origines de ses membres. Le public connait et reprend en choeur le refrain et les « oh, ouhoh » toujours efficace.
Beasto Blanco @Élysée Montmartre, Paris
Ce n’est qu’ensuite que Calico s’arme d’une batte cloutée et vien menacer chaque musicien en faisant tourner son instrument, le frappant au sol… Pas vraiment envie de contredire la donzelle à ce moment-là tant elle a l’air d’en vouloir à tout le monde.
Beasto Blanco @Élysée Montmartre, Paris
Avant de clore ce show calibré à l’américaine, et dans l’ensemble efficace et plaisant, Chuck invite le public à hurler avec lui une série de « We are Beasto Blanco » fédérateurs; Un set sans réelle surprise, cependant exécuté avec l’efficacité que requiert le genre.
Beasto Blanco @Élysée Montmartre, Paris
The Dead Daisies @Élysée Montmartre, Paris
The Dead Daisies live, c’est toujours la garantie de passer un bon et chaleureux moment de rock. Ce soir confirme la règle dès l’arrivée sur la nouveauté Light ’em up, extrait de l’album du même nom. Derrière sa tignasse, John Corabi rugit comme un lion, et David Lowy, capitaine du navire, est en pleine forme.
The Dead Daisies @Élysée Montmartre, Paris
Naturellement, les regards se tournent vers Reb Beach qui, sur le tronçon européen de la tournée, remplace Doug Aldrich. Le choix de l’ex-Winger et ex-Whitesnake semble évident tant le gaillard est à l’aise et donc à sa place au sein du groupe. En même temps, il se retrouve avec son complice de Whitesnake, le bassiste Michael Devin qui, lui aussi et malgré un certaine discrétion, a totalement trouvé sa place dans le groupe même s’il est difficile de faire oublier un certain Mendoza et sa complicité avec Corabi.
The Dead Daisies @Élysée Montmartre, Paris
Les titres défilent tous aussi efficaces, TDD puisant principalement dans la période Corabi qui, c’est une évidence, Born to fly mis à part, est bien plus taillée pour la scène que les extraits de la période Glenn Hughes (Unspoken, Bustle and flow).
The Dead Daisies @Élysée Montmartre, Paris
Tommy Clufetos nous offre un intense solo de batterie qui, malheureusement, nécessite l’intervention de son technicien à 3 reprises! Ce qui ne semble pas perturber le batteur plus que ça qui, debout, frappe ses toms avec énergie et entrain. Le seul hic, à ce stade du concert, est cette désagréable impression qu’un technicien s’est endormi sur la machine à fumée tant la scène et les musiciens sont derrière un voile gris
The Dead Daisies @Élysée Montmartre, Paris
Malgré une discographie désormais plus que bien fournie qui permettrait au groupe de ne proposer que ses compostions, The Dead Daisies a toujours aimé les reprises et nous en offre ce soir un beau panel, titres qui sont devenus des incontournables du groupe (on a même eu droit à Bitch, des Rolling Stones en guise de pré-intro).
The Dead Daisies @Élysée Montmartre, Paris
Présenté comme telle, Corabi demandant si « c’est OK qu’on joue une autre nouvelle chanson?« , on commence avec le superbe Take a long line de The Angels/Angel City et ses éclairages multicolore dignes de Pink Floyd. Vient ensuite la présentation des musiciens, avec mini reprise en guise d’identité: David Lowy « qui a eu l’idée de monter ce groupe il y a 13 ans » (Dirty deeds done dirt cheap, AC/DC), Tommy Clufetos, « celui qui crève les peaux de batterie, surnommé le Motor City Maniac » (Seven nation army, The White Stripes), Michael Devin « que vous connaissez au sein de Witesnake, avec qui on a vraiment partagé une femme… C’était sa barbe, ma barbe, sa barbe à elle! » (Children of the grave, Black Sabbath)… Puis il annonce: « vous l’avez remarqué, quelqu’un manque » et il nous donne des nouvelles de Doug « qui se porte très bien » avant de présenter son remplaçant, Reb Beach très acclamé (Living after midnight, Judas Priest). C’est ensuite David Lowy qui présente simplement John Corabi sur fond de Join together (The Who).
The Dead Daisies @Élysée Montmartre, Paris
Avant d’entamer la dernière partie du concert, TDD nous offre une reprise blues, une version très électrifiée de I’m ready de Muddy Waters pour continuer avec l’incontournable Fortunate son (Creedence Clearwater Revival). On sent la fin du show approcher lorsque Jon Corabi nous invite à voyager. Destination? Une seule possible, Mexico et ses éclairages vert et rouge qui précède Midnight Moses (The Sensational Aex Harvey Band) avant que TDD ne quitte la scène.
The Dead Daisies @Élysée Montmartre, Paris
Fut une époque où le groupe ne s’encombrait pas de rappel… Mais le passage semble obligatoire, alors les 5 reviennent rapidement pour clore avec le toujours d’actualité Long way to go suivi de Helker skelter (The Beatles). Ce soir, The Dead Daisies a une nouvelle fois su séduire le public par un concert plus que chaleureux (bien que voilé…) Si on ne peut que regretter le manque d’affluence, le public présent ressort comme toujours ravi. Une vraie valeur sure et une vraie bonne soirée aussi.
The Dead Daisies @Élysée Montmartre, Paris
Merci à Olivier Garnier et Base Productions d’avoir rendu ce live report possible.
Quoiqu’on en pense ou en dise, quand on veut écouter en live la musique d’artistes ou de groupes qui ont disparu ou simplement décidé de mettre un vrai terme à leur carrière, assister au concert de tribute bands est un palliatif plus qu’appréciable. Parce que quand c’est bien fait, que ça ne dénature pas l’esprit originel du groupe, l’hommage est bien réel. Alors ce soir, direction le Zénith d’Orléans pour aller voir et écouter The Dire Straits Experience. Un Zénith, comme souvent pour ce genre de concert, en petite configuration puisque ce sont environ 2.000 spectateurs qui sont attendus ce soir.
Gaëlle Buswel @Zénith Orléans
En première partie, je découvre, seule en scène, Gaëlle Buswel qui s’empare de sa guitare, s’installe sur son tabouret et, déjà, armée d’un simple et éclatant sourire, harangue le public avec un direct « ça va, Orléans? » Tout au long de son set – bien trop court au final – la jeune femme va démontrer plus que son talent avec des titres folks et reprises rock.
Gaëlle Buswel @Zénith Orléans
Persuadée que le public connait son second titre, elle entame Cryin‘ (Aerosmith) avec sa seule guitare comme amie. Et clairement, elle fait le job. Non seulement musicalement – ils sont, d’habitude 5 sur scène, rappelle-t-elle (NdMP: le bon côté, c’est que ça fait des économies en factures d’hôtels, non?) – mais aussi en matière de relations publiques puisque tout est sujet à séduire les quelques 2.000 spectateurs présents ce soir.
Gaëlle Buswel @Zénith Orléans
Après avoir invitée son amie Aymen (qui a déjà participé, précise-t-elle, à deux tournées de la tête d’affiche) à la rejoindre le temps d’une chanson, une reprise de What’s going on (4 non blondes) Gaëlle Buswel conclu son set avec un exceptionnel gospel après avoir demandé au public, qu’elle va constamment chercher et solliciter, de « faire trembler le Zénith » . Lâchant sa guitare, debout, elle invite le public à taper des mains et chanter alors qu’en contre-temps elle tape du pied sur une peau de batterie donnant ainsi un effet proche d’un certain We will rock you. Exceptionnel moment de partage avant que la jeune femme (qui a notamment ouvert avec son groupe pour ZZ Top a Paris en 2019) ne quitte, trop tôt, la scène. Pour moi, Gaëlle Buswel fut une superbe découverte que j’espère revoir bientôt.
Gaëlle Buswel @Zénith Orléans
Il n’est pas encore 21 heures lorsque le Zénith est replongé dans le noir. The Dire Straits Experience est un projet qui a vu le jour sous l’impulsion de Chris White, saxophoniste – et plus encore – ayant rejoint le groupe de Mark Knopfler en 1986 pour l’album Brothers in arms et a accompagné le Dire Straits originel quelques années durant et souhaite perpétuer l’héritage de ce groupe incontournable ayant cessé ses activités en 1995.
The Dire Straits Experience @Zénith, Orléans
Ce soir, pendant un peu plus de deux heures, The Dire Straits Experience va combler un public autant fin connaisseur que simplement amateur qui attend les hits incontournables. Et là, on est servis, car des incontournables, il y en a, à commencer par Telegraph road qui lance superbement ce concert sobre et efficace tout à la fois avec force éclairs et tonnerre.
The Dire Straits Experience @Zénith, Orléans
La musique, quand elle est aussi bien interprétée, se suffit à elle même. Il n’y a pas d’artifices ni de décor, seuls les éclairages, superbes, viennent illustrer les chansons. Chris White a, comme il le dira à la fin du concert, trouvé une perle en la personne de Terence Reis qui tient le role de Mark Knopfler. « Jamais je ne pensais pouvoir un jour travailler avec quelqu’un qui ait la moitié du talent de Mark, et l’ai découvert Terence qui m’a prouvé le contraire« . Car, oui, sans pour autant égaler Knopfler, Reis parvient à convaincre par un jeu de guitare et un chant ultra fidèles à l’original.
The Dire Straits Experience @Zénith, Orléans
Si ces deux-là attirent tous les regards et les oreilles, ils sont superbement entourés du second guitariste, Richard Barrett, de deux claviers, John Maul et Michael Bramwell, du discret Yoyo Buys à la basse et du batteur Luke Naimi.
The Dire Straits Experience @Zénith, Orléans
Le public, assis, est sur sa réserve jusqu’à l’arrivée de Walk of life qui voit deux ou trois personnes quitter leur siège pour danser dans les travées. Et retourner s’assoir sagement dès la fin du titre laissant Romeo and Juliet continuer plus tranquillement. Si le public reste attentif sur The man’s too strong, il se réveille sur le final explosif de Private investigations mondialement connu.
The Dire Straits Experience @Zénith, Orléans
On retrouve un quatuor, tel que le fut Dire Straits à ses débuts, sur Wild west end et le moins connu Lady writer avant que le groupe ne se retrouve une nouvelle fois au complet pour entamer le final du concert avec Ride across the river suivi du très rock 60’s et ultra festif Two young lovers.
The Dire Straits Experience @Zénith, Orléans
Place au tiercé gagnant qui verra ensuite DSE quitter la scène, On every street, Brothers in arms et Sultans of swing qui voient, enfin, une grande partie du public se lever et rejoindre la fosse pour acclamer les héros du soir, présentés un à un par Chris White qui rappelle, non sans humour, que le groupe a récemment donné des concerts en Australie, en Nouvelle Zélande et même à Tahiti, précisant, sourire en coin, que « il faut bien que quelqu’un s’y colle, non? ».
The Dire Straits Experience @Zénith, Orléans
Mais il manque l’indispensable, l’incontournable hit qui fit mondialement exploser Dire Straits au milieu des années 80, qui permit, grâce (dans une moindre mesure, convenons en) à la participation de Sting, et au soutien plus que massif de MTV, à Knopfler et les siens de définitivement faire tomber les USA. Alors, après quelques courtes minutes d’absence, DSE offre Money for nothing avec une bonne part de liberté fun prise sur les paroles, suivi de l’instrumental Going home: theme of the local hero.
The Dire Straits Experience @Zénith, Orléans
Ce soir, The Dire Straits Experience a plus que fait le job. Je l’ai écrit, je réitère: même s’il ne s’agit « que » d’un tribute band, quand on souhaite écouter la musique d’un groupe disparu, qu’on ne pourra jamais voir en concert, des formations comme celles-ci sont un parfait substitut. Ce n’est pas et ne sera jamais l’original, mais en fermant les yeux, on s’y croirait. Alors ne boudons pas notre plaisir et sachons profiter aussi de ces moments de communion que nous offrent des musiciens de haut vol comme a su le faire ce soir The Dire Straits Experience.
The Dire Straits Experience @Zénith, Orléans
Merci à Oona et Gérard Drouot Production d’avoir rendu ce report possible
Asylum Pyre: Fabien, Ombeline, Yohann, Clément et Thomas
Interview Asylum Pyre. Propos recueillis au Dropkick Bar d’Orléans le 27 septembre 2024. Entretien avec Ombeline Duprat (chant), Yohann Cadot (guitare, chant), Thomas Calegari (batterie) et Clément Botz (Attractive Chaos, remplaçant exceptionnel de Pierre Emmanuel Pelisson, guitare) et, à la fin, Fabien Mira (basse)
La dernière fois que nous avons échangé, c’était pour la sortie de votre précédent album, N°4. Le nouvel album, Call me inhuman est sorti il y a quelques mois. Quels sont les retours que vous en avez eus ?
OD : Globalement, très positifs et enthousiastes. Les gens étaient vraiment très contents…
« Ils étaient »… Ça veut dire qu’ils ne le sont plus ?
OD : Si, si, ils le sont toujours (rires) ! La sortie de l’album remonte déjà à l’année dernière. On a eu de très bonnes chroniques dans la presse, donc ça a été un succès critique.
YC : Album du mois dans Rock Hard, Italie et Allemagne, et quelques classements dans les meilleurs albums de l’année aussi… On n’a jamais eu ça avant…
Et on se sent comment dans ces moments-là ? Je ne le demande pas à Clément… (rire général)
YC : Ah… L’égo est satisfait, au moins du point de vue « travail bien fait ».
La suite est pour quand, alors ?
OD : Justement, ce matin encore, on était en train de travailler sur le prochain. Pas de date à annoncer parce que ça reste compliqué pour nous de se voir et d’avancer sur l’album… Mais qui sait ? L’enregistrement sera sans doute l’année prochaine ? On n’a jamais vraiment arrêté… De toutes façons, Yohann… On a coutume de dire qu’une fois qu’on en termine un, il a déjà dix autres albums prévus derrière. Un poil moins, mais il y en a trois ou quatre (rires)
YC : Oui, c’est un peu ça… Après, aujourd’hui se pose la question du format… Album ou pas ? Petite partie par petite partie ? Moi, je suis amoureux du format album, autour de 45/50’… Est-ce que c’est la bonne chose aujourd’hui ?
Aujourd’hui, peut-être pas, mais dans votre cas, il y a une histoire qui se suit, donc le format album parait logique…
OD : Oui, ça parait logique mais derrière… C’est la question de la pertinence de sortir un album… S’il n’y a pas de tournée derrière, un album a deux semaines de durée de vie, et encore ! Ça veut dire travailler dessus pendant 3 ou 4 ans sur quelque chose dont, au final, tu ne fais plus rien deux semaines plus tard…
Justement, vous avez fait quoi depuis la sortie de Call me inhuman ?
JC : On a donné quelques concerts, on n’a pas eu l’occasion de faire une vraie tournée de 10/15 dates, pour des raisons financières, d’organisation, de support… Sinon, on serait partis avec plaisir.
Visuellement, sur N°4, il y avait une princesse qui se protégeait avec un masque à gaz. Là, il s’agit de la même princesse devenue carnivore, anthropophage même ?
JC : Depuis le début, en fait, cette image féminine, c’est celle de Gaïa, Mère Nature. Elle est représentée avec le masque… D’ailleurs, on le rappelle à chaque fois, c’était bien avant Covid (rire général)…
OD : On aurait dû mettre un pangolin…
YC : Cette femme, c’est notre « mascotte » qui vit différentes aventures. Elle est plus apeurée sur N°4 tandis que sur Call me inhuman, on sent qu’elle s’énerve un peu.
Vous abordez quoi comme thèmes sur ce dernier album ? Toujours l’environnement, mais j’ai aussi l’impression que vous mettez un peu plus le doigt sur notre inhumanité…
YC : C’est ça. Déjà, c’est la suite des albums précédents puisqu’il y a une histoire depuis le début, on installe les personnages petit à petit. Il y a une sorte d’armée de résistants, les Fighters, avec d’autres gens autour qui nous aident. Là, le « inhuman » est résumé avec le dernier titre de l’album, Call me inhuman, dans lequel il y a cette phrase : « si tout ce que je vois est humain, alors je veux être inhumain ».
En gros, si Dieu a fait l’homme à son image, on peut se poser des questions…
YC : Voilà, exactement…
Il y a eu Covid entre temps, cependant, comment analysez-vous l’évolution du groupe entre ces deux derniers albums ?
TC : Je trouve que N°4 a défini une sorte de nouveau départ. Je suis arrivé pour défendre l’album en tournée et au niveau des gens qui sont restés dans le groupe, ça a amené Yohann à écrire la musique un peu différemment, lié avec les gens qui étaient là. Là, ça fait deux albums de suite avec une formation plutôt stable. Ça s’est affiné autour d’un noyau de gens qui sont là. Personnellement, j’amène ce que je peux, ce que je sais faire et Yohann se dépatouille pour faire quelque chose. Au final, ça donne deux albums cohérents avec une évolution. Il y avait une patte avant, il y a quelque chose de neuf sur N°4 qui reste sur Call me inhuman. Qu’est-ce qu’on va faire sur le suivant ? Yohann nous a parlé de séances de travail basse/batterie en plus de ses séances avec Ombeline, donc nous aussi on va faire des choses, se laisser porter.
Ombeline, on a suivi tes aventures bosniennes. Est-ce que ça a eu un impact sur l’écriture, la composition ou l’enregistrement de cet album ?
OD : Mmhh… Non, pas du tout je pense.
YC : Pour le prochain, probablement un peu, oui…
OD : Oui, parce qu’il y a des thématiques qu’on va évoquer, on va faire des parallèles avec des vies de personnes qui existent vraiment, mais en soit, non, ça n’a pas changé grand-chose.
Je trouve qu’il y a musicalement quelques influences de ce côté…
OD : Pour le coup, ça, ce sont mes propres influences musicales mais que j’avais bien avant d’aller vivre en Bosnie. Comme le disais Thomas, on vient chacun avec un bagage musical particulier, ensuite, on dit à Yohann « je voudrais essayer ça » et il se débrouille ! Parfois ça colle, d’autres fois, non…
TC : Il est plutôt preneur de propositions… Il fait avec et on voit ce que ça donne…
Donc, il y a une sorte de pot commun d’idées (Ombeline approuve) avec une sorte de chef d’orchestre qui met le tout en forme. Dictateur ou pas ?
Tous : Non… non…
Vous avez un discours très écolo, avec un discours proche de l’Homme. Y a-t-il des sujets particuliers que vous avez abordés sur cet album ?
YC : Oui, et qu’on va encore plus aborder sur le prochain album. Maintenant, c’est très, très compliqué d’en parler juste comme ça en quelques mots… Globalement, dit comme ça, ça peut paraitre simple : si tu prends The nowhere dance qui parle de gens qui vont être happés par certaines choses complètement futiles en dansant sur de futurs cadavres, c’est un peu ça la thématique. Maintenant, il y a une note d’espoir sur Virtual guns ou Fighters. Je ne suis pas super optimiste dans l’ensemble, mais il y a quand même des gens bien (il sourit). Autant essayer de construire avec ces gens.
Il y a un certain engagement dans les textes… Tout le monde participe à l’écriture des paroles ?
OD : Là aussi, c’est ouvert (rires) !
YC : C’est pareil, on discute beaucoup. Parfois on est d’accord, parfois pas, donc ça alimente les thématiques. Pour le prochain album, Ombeline m’a parlé de certaines personnes qu’elle a rencontrées, ce qu’elle disait tout à l’heure. Ça peut être vraiment inspirant de parler d’histoires ancrées dans le réel, de parler de vrais fighters…
D’autant plus avec des cultures différentes…
YC : Oui, il y a ce pont entre différentes cultures, c’est quelque chose d’imoirtant pour nous.
OD : Ça fait de vraies histoires à raconter. Ce qui a été écrit, cette espèce de dystopie, ça fait une histoire qu’on raconte depuis plusieurs albums, sauf que là on commence à varier avec des choses qui se passent dans la vie réelle. Alors, ce n’est pas dit tel quel, mais il y a une vraie inspiration, il y a des gens qui font des choses, vraiment. On trouvait intéressant d’ancrer ce réel dan la musique, de parler, de rendre hommage à ces personnes-là qui, du coup, risquent leur vie.
YC : Parfois, lorsque j’écris certaines choses qui peuvent être vues par certains comme extrêmes, je demande à Ombeline si elle se sent de chanter ça…
OD : Ah, c’est moi la caution ?
YC : Ouais (rire général).
Y a-t-il, au contraire, des thèmes que vous n’aborderez pas, qui n’ont pas leur place dans le groupe ?
YC : Ouais… des trucs à la con, « I love you machin, mon amour machin »…
OD : Tu vois, il est très optimiste !
YC : Des choses qui ont été faites 50 milliards de fois, des love ballads…
Il y en a qui marchent encore…
YC : Oui, mais ça a été fait et très bien fait par d’autres. On ne va pas refaire ce qui existe déjà. On veut faire quelque chose avec notre propre identité. C’est une thématique dont on pourrait se demander ce qu’elle vient faire chez nous…
Vous avez cet engagement sur disque. Est-ce qu’il se traduit aussi à l’extérieur ?
OD : Je l’ai fait pendant des années, avec le WWF et d’autres, et c’est vrai que je n’ai pas repris depuis que je suis partie en Bosnie.
YC : Encore une fois, c’est difficile à expliciter. Oui et non, on a tous nos contradictions… pour moi, c’est la limitation de la viande, des déplacements, même si ce sont des choses à faible impact. J’ai un travail scientifique à côté et je bosse sur des projets qui ont pour objectif de limiter certains impacts. On peut avoir des discours extrêmes, mais il faut aussi avoir des discours de réalisme. On ne peut pas dire demain aux gens que l’avion ou la voiture, c’est fini. Si on doit continuer de les utiliser, on peut peut-être le faire d’une autre façon, d’une meillleure façon, en limitant l’impact. Modestement, dans mon travail, j’essaie d’inclure ces limitations…
TC : Moi, je fais régulièrement des maraudes la nuit avec les gens de ma ville. On bosse avec une asso et on distribue de la nourriture, des boissons. Ça s’est présenté, et ce qui est marrant, c’est qu’il y a une grosse liste d’attente de gens qui veulent aller aider. C’est même pas évident de pouvoir aller faire ces maraudes !
Et toi, Clément ?
CB : J’ai un certain engagement dans la vie de tous les jours, plutôt vegan, et de façon générale, je fait tout en télétravail pour limiter au maximum mes déplacements (NdMP : à ce moment, le soudcheck baterie redouble) Ah, ouais, on entend bien la batterie, tu va pouvoir enregistrer ?
Normalement, oui, mais je ferai le tri si nécessaire, j’ai eu pire !
CB : Je fais donc en sorte de limiter l’impact de mes déplacements.
YC : Je voudrais rebondir là-dessus, parce que c’est vrai que la thématique sociale est peut-être moins évidente dans les paroles. Elle est liée aussi aux gens qui n’ont vraiment aps eu de pot… Si on pouvait aussi citer l’association Chapitre 2 qui œuvre pour les gens qui sont en très grande précarité. J’ai eu l’occasion de les côtoyer, ils sont vraiment très investis.
On a commencé à aborder le sujet, quelles sont vos autres activités ? Un groupe comme Asylum Pyre ne vit pas de sa musique.
OD : Je suis journaliste, et j’ai aussi d’autres projets à l’étranger, en Bosnie, dans le secteur culturel.
YC : Je suis architecte système et systémique.
TC : Je suis musicien professionnel, je fais des installations techniques vidéo et je bosse pour une municipalité, je gère le local de répètes.
CB : Je suis chef de projet numérique et développeur.
Concernant l’album, qui est sorti il y a quelques temps, si vous deviez ne retenir qu’un seul titre de Call me inhuman pour expliquer ce qu’est l’esprit de Asylum Pyre à quelqu’un qui ne vous connait pas, ce serait lequel ? Pas le meilleur, pas votre préféré mais le plus représentatif ? Et ce n’est pas forcément le même pour tous…
OD : Le plus représentatif ? J’aime bien The true crown (I seek your war), parce que d’un point de vue musical, il y a un peu de tout. Maintenant, je vais parler en tant que chanteuse, mais c’est aussi là que j’ai pu expérimenter différentes voix. J’ai une affinité particulière aussi avec ce titre, le fait que je vive en Bosnie, avec des gens qui ont tous connu la guerre… « I seek your war », je me le suis approprié différemment. Être avec des gens qui ont souffert, avoir des amis proches, je l’interprète différemment. Il y a une réalité qui s’est greffée sur ce titre qui n’était pas présente au début.
YC : Aujourd’hui, je vais dire Sand paths. Il est assez varié, un peu prog, il y a des passages plus soft, un passage plus dur. Il ne se sufift pas à lui-même pour l’ensemble de l’album mais il y a un peut tout…
TC : Pour moi, ce serait – on ne l’a pas jouée hier à Paris, d’ailleurs – There, I could die. Juste parce que je la trouve super belle. L’ambiance, la voix, c’est un titre un peu différent des autres, peut-être un peu moins violent, mais il y a une ambiance…
Il a fait l’objet d’un clip aussi.
TC : Absolument. C’est un titre très chouette, vraiment.
CB : Je trouve que celui qui est le plus représentatif, c’est Virtual guns. Il y a plein de choses, entre les ambiances, les riffs…
YC : Excellent choix, excellent ! Et Fabien, le bassiste est arrivé…
Alors, Fabien, je ne vais pas reprendre toutes les questions, simplement, quel est pour toi le titre le plus représentatif de l’album ? 5Ombeline se marre) Alors… Fabien s’en va…
YC : Attends, Fabien, reprend les titres !
OD : Bonjour Fabien !
FM : Virtual guns évidemment. C’est le plus varié, plein d’influences, le début est très tribal et après, ça s’énerve… C’est un condensé de tout l’album.
Profitons maintenant du silence qui revient pour une question plus personnelle : quels sont les 5 albums que vous avez le plus écoutés dans votre vie ?
TC : Iron Maiden, Killers, Queensrÿche, Rage for order, un album de Yes dont j’ai oublié le titre… (il le retrouvera plus tard : Big generator), King Crimson, Thrakattak et un des deniers lives de Frank Zappa, The best band you never heard.
YC: Cradle Of Filth, Cruelty and the beast…
OD: Ah… Je voulais le citer aussi…
YC : Tu peux. Helloween, Keeper of the seven keys part 2, Blind Guardian, ah… j’hésite entre Somewhere far beyond et Imaginations from the other side… Loreena McKennitt, The book of secrets et Mistral gagnant de Renaud.
OD: Ben… Je ne connais pas le nom des albums… En gros : Mylène Farmer, Goran Bregovic, Champagen for gyspies, Cruelty and the beast aussi de Cradle Of Filth. J’aime beaucoup aussi Honeymoon de Lana Del Rey. Après, il y a des influences diverses, beaucoup de musique classique, surtout du baroque, mais je ne sais même pas quoi citer…
CB : Master of puppets de Metallica, euh… Ah, j’avais tout en tête, j’ai tout oublié (rire général) ! Images and words de Dream Theater, The perpetual motion de The Old Dead Tree, L’école du micro d’argent d’Iam et Sonder de Tesseract.
FM : Moi, c’est principalement helvétique, avec l’album qui s’appelle The origins(NdMP : va trouver de seul groupe il s’agit avec un titre aussi peu courant…), Epica avec TheQuantum enigma, Nightwish avec Once, après, c’est différentes parties de vie… Il y a une époque j’écoutais énormément System Of A Down, Toxicicty, Bullet For My Valentine…
Maintenant, si vous deviez penser à une devise pour le groupe, ce serait quoi ?
YC : Ah, ben on l’a!
OD: Harder, faster, lourdeur (elle explose de rire) ! On en a plusieurs…
YC : Et celle qu’on écrit partout : Tree your mind.