EUROCKEENNES DE BELFORT: Iron Maiden, Avatar et The Raven Age: report de la première journée – jeudi 3 juillet 2025.

Pour fêter son 35ème anniversaire, l’incontournable festival Les Eurockéennes a décroché la timbale avec une tête d’affiche de choix, Iron Maiden, qui, de son côté, célèbre 50 ans d’existence. C’était pour Metal Eyes l’occasion de se déplacer pour la première fois à Belfort et découvrir ce mythique festival. J’arrive malheureusement trop tard pour faire l’interview prévue de The Raven Age (qui va s’avérer être mon groupe maudit de la journée!)

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Après une longue route, c’est une très tout aussi longue file de voitures qui s’étend le long d’une simple voie. Une fois enfin installé sur le parking – le terrain de l’aérodrome transformé comme tous les ans en lieu d’accueil de véhicules – nous rejoignons une autre file, celles des festivaliers qui attendent tranquillement de pouvoir monter dans une des très nombreuses navettes nous menant à l’entrée du site. Arrivé sur place, je découvre un lieu qui, en temps normal, doit être paisible. La presqu’ile du Malsaucy est située sur un vaste plan d’eau qui offre un décor exceptionnel.

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Jusque-là, l’organisation est parfaite. Avant même d’entamer le voyage, l’accueil et la communication sont au top. C’est ma première venue, et à peine ai-je demandé à Ephélide, en charge des RP du festival (et aussi de Rock en Seine, de Solidays et d’autres évènements) s’il était possible de venir couvrir le festival que je reçois une réponse des plus chaleureuses. Puis, quelques jour avant, je reçois par mail confirmations des interviews planifiées. La veille au soir, c’est un mail expliquant les conditions photos et, enfin, le jeudi matin, premier jour du festival, une des attachée de presse d’Ephélide communique les noms des photographes accrédités pour le concert d’Iron Maiden. Des réponses par mail rapides, pas de stress, pas d’attente, c’est clair, efficace, et plus qu’appréciable et apprécié. plus encore, bien que nous soyons, médias, privilégiés, nous sommes tous conviés, le premier soir, à un « pot metal ». L’occasion de faire connaissance avec les journalistes et photographes que nous ne connaissons pas encore, d’échanger avec Kem, l’organisateur et de passer un moment simplement convivial.

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Alors que je m’apprête à aller photographier The Raven Age, premier des 3 groupes à jouer aujourd’hui, je réalise que l’accueil ne m’a pas donné mon pass photo… Il faut donc qu’un des membres du service médias file à vélo pour le récupérer à l’autre bout du site mais… Lorsqu’il me remet enfin le sésame, il est trop tard, les trois premiers titres sont terminés. Dommage car si musicalement The Raven Age propose un metal à la fois moderne et classique, la formation a travaillé son look, les musiciens apparaissant tous le corps grimé de noir, du torse jusque sous la mâchoire. L’effet interpelle sans détourner pour autant l’attention du propos musical.

Le public semble réceptif mais, on le sait, même s’il s’agit du groupe fondé par George Harris, le fils de Steve, la foule est présente uniquement pour Iron Maiden. Tant et si bien que, le lendemain, L’Est Républicain rapportera cet « incident surprise » (et, heureusement, sans conséquence) lié à l’ouverture des portes: c’est devenu une tradition que le directeur du festival accueille le premier festivalier à accéder aux Eurockéennes pour lui offrir des cadeaux. Là, il s’est retrouvé face à des fans courant pour arriver au premier rang lui disant « on n’a pas le temps« ! Le sac de goodies sera donc offert au premier festivalier le lendemain.

IRON MAIDEN @EUROCKEENNES 2025

Ceux qui sont au premier rang ne bougent pas. Le reste de la foule s’éparpille quelque peu le temps du changement de plateau. La colline faisant face à la Grande Scène se remplit de nouveau à l’approche de l’heure tant attendue. Quelques spectateurs, proches du malaise ou simplement trop serrées par la foule compacte, sont évacués par la sécu juste avant que ne retentissent les premières mesures de Doctor, doctor (UFO). C’est parti, la folie s’empare de la marée humaine qui hurle sa joie. Puis, en intro, The ides of march, l’instrumental qui introduit l’album Killers retentit tandis que le gigantesque écran de fond de scène diffuse des animations relatant les premières années de la Vierge de Fer.

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La folie s’empare du public dès l’arrivée des six sur scène pour un premier moment d’anthologie, un Murders in the rue Morgue pas joué depuis 2005 suivi de Wrathchild, quant à lui bien intégré aux setlists. Puis c’es au tour de Killers, plus rare encore puisque sorti des setlist depuis… 1999! Et voici la première apparition d’Eddie, gigantesque monstre en colère qui vient, armé d’une hache, tenter de s’en prendre aux musiciens. Heureusement, super Bruce est là qui vient lui glisser une main dans l’entrejambe, ce qui perturbe la mascotte qui se plie et se retire.

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Bruce s’adresse ensuite au public, annonçant, en français évidemment, que « ce soir, c’est une naissance et un anniversaire! Une naissance parceque c’est la première fois qu’on joue à ce festival, et un anniversaire parce qu’on fête les 50 ans d’Iron Maiden« . En faut-il plus pour que le public entame un « Joyeux anniversaire » avant que Maiden enchaine sur Phantom of the opera pas joué depuis une bonne décennie?

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Chacun se montre dans une forme éblouissante, Janick Gers toujours aussi virevoltant, Adrian Smith concentré dans un esprit « force tranquille », Steve Harris, maitre de cérémonie, allant chercher le public, Dave Murray toujours souriant et simplement heureux d’être là, et, s’il saute moins dans tous les sens qu’il y a quelques années, Bruce Dickinson continue d’arpenter la scène en tous sens et d’haranguer la foule qui lui mange dans la main! Et puis, aussi, il y a le nouveau batteur, Simon Dawson que les fans connaissent déjà pour être le compagnon de scène de Steve Harris au sein de British Lion. Si j’ai maintenant vu le groupe plus de 20 fois, c’est mon premier témoignage avec ce line-up (la seule formation que je n’ai jamais vue est celle de 1981 marquant l’arrivée de Smith), et on ne peux que constater que si le batteur n’a pas le charisme ni la côte de popularité de Nicko McBrain, sa frappe est redoutable et efficace. Mieux, il apporte de temps à autres une touche personnelle.

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L’écran géant diffuse des animations complémentaires aux chansons et pendant deux heures, Iron Maiden revisite ses premières années, de Iron Maiden jusqu’à Fear of the dark. Powerslave est particulièrement à l’honneur avec 4 titres (d’affilée, Powerslave avec un énorme Eddie sphinx en 3D qui envahi l’écran tandis que Bruce revêt un masque à plumes comme sur le World slavery tour de 84/85, 2 minutes to midnight, sur lequel la pluie commence à tomber, et le gigantesque Rime of the ancient mariner, Aces high arrivant quant à lui en rappel). Killers fait part égale avec The number of the beast, ce dernier alignant également 3 extraits ( le morceau titre, Run to the hills et Hallowed be thy name avec Bruce enfermé dans une cage sombre et inquiétante).

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Iron Maiden a certes décidé de ressortir quelques morceaux plus joués depuis des lustres, dont The Clairvoyant de nouveau disparu après la tournée Maiden England de 2014, mais reste fidèle à ses classiques. The trooper voit un nouvel Eddie tunique rouge débouler, celui-ci, bien connu du public, Bruce portant la même tunique mais allant échanger son drapeau anglais pour revenir avec celui de notre pays, ce qui ne manque naturellement pas de faire hurler la foule.

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Avec Iron Maiden, on le sait, le concert touche à sa fin. Le groupe quitte quelques instants la scène, puis le discours de Churchill annonce la rappel qui débute avec Aces high. Là encore, Iron Maiden surprend en interprétant Fear of the dark à la suite, là où cet hymne faisait partie du corps principal du show. Mais plus encore, le concert se termine, étonnamment selon moi, avec le superbe Wasted years… Que veut nous dire Iron Maiden? Que ces 50 ans ont été gâchés? ou alors que cette tournée marque un nouveau départ? Peu impporte au final, car Iron Maiden a livré ce soir, pour sa première date française du Run for your lives tour, un concert dantesque qui prouve une fois de plus que le groupe est encore dans une forme olympique. Superbe concert de bout en bout!

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Alors que retentit le désormais incontournable Always look on the bright side of life qui accompagne les spectateurs vers la sortie, nous filons vers la Plage pour le concert d’Avatar. Au fil des ans et de leurs nombreux concerts en France, les Suédois se sont eu aussi forgés une solide fan base. Une bonne partie du public est grimée comme le Joker représenté par le chanteur Johannes Eckestrom. Qui a déjà vu Avatar live le sait, là encore, le spectacle est plus qu’une promesse.

AVATAR @EUROCKEENNES 2025

Un serviteur (ou serait-ce un bourreau?) quelque peu mal à l’aise arrive sur scène transportant une grosse boite cadeau, la pose devant la batterie. Satisfait, il en retire le chapeau, le pose et se retourne vers le public, incitant ce dernier à applaudir. résultat: un ballon rouge s’élève au bout d’une corde, suivi d’un chapeau et du chanteur qui sort tranquillement, le regard à la fois interpellé et narquois. Il s’avance vers le micro, malaxe le ballon qui explose, transformant instantanément le personnage en fou furieux incontrôlable. Dance devil dance lance les hostilités et donne le top départ aux slammers qui vont occuper la sécu tout le long du concert.

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The eagle has landed (et ses « ladies and gentlemen… » chantants et repris en chœur par le public) offre un premier moment plus… calme suivi d’une nouveauté étonnante et efficace, Captain goat, titre à l’issue duquel Johannes informe le public que, ce soir, c’est le premier concert d’Avatar depuis bientôt 9 mois et que c’est la première fois qu’ils interprètent ce morceau sur scène. « On n’a jamais joué ce morceau live… Peut-être devrions nous en jouer un autre? » In the airwaves, vraisemblablement prévu au prochain album est une exclu du soir et se révèle tout aussi efficace et furieux que ce qu’on attend maintenant d’Avatar.

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Les désormais classiques sont aussi au rendez-vous, principalement issus du gigantesque Hail the apocalypse (Bloody angel, Tower et le morceau titre qui vient clore le concert) mais c’est l’ensemble de la discographie du groupe qui est passée en revue, même le quelque peu décalé Avatar country qui lance le rappel avec, après le chant fédérateur Glory to our king, Welcome to Avatar country.

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Ce soir encore, Avatar a livré une prestation exceptionnelle, un spectacle de haut niveau comme le groupe en a désormais l’habitude. Et si ce premier concert n’était qu’un « tour de chauffe », alors on attend la suite avec impatience. rendez-vous au Zénith de Paris? En tout cas, ce set d’Avatar est une très belle manière de terminer cette longue journée. Un dodo s’impose avant de revenir demain!

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Report de la seconde journée à suivre…

Interview: PRAETOR

Interview PRAETOR. Entretien avec Noémie (gtr) le 16 juin 2025

The spiral of addiction, votre nouvel album est paru il y a quelques semaines. Que pourrais-tu m’en dire pour me convaincre de filer l’acheter dès la fin de cet entretien ?

Déjà, as-tu déjà écouté le premier album ?

Le premier qui était un album de hard FM ? Oui, je l’ai écouté…

(Rires) Tout à fait ! Donc, puisque tu l’as écouté… Ce nouvel album est différent du premier – on reste sur les mêmes bases, des influences thrash old school avec des influences plus modernes – mais autant sur le premier album j’avais composé la plupart des morceaux, ici c’est Hugo qui a composé la majorité des morceaux. On a tous les deux des styles, une manière d’aborder la musique, différents. Cet album est dans la continuité du premier avec une belle évolution. Hugo a une approche de la composition différente parce qu’il a déjà en tête toutes les harmonisations qu’il veut. J’ai un style qui reste simple et efficace, en 4/4, très rock dans la construction des morceaux. Hugo a une approche un peu plus…  « prog », on va dire, mais on reste dans du thrash. Je sais que les deux termes mis côte à côte peuvent surprendre…

Oui et non, certains ont démontré que c’est faisable, je pense, au hasard, à un certain … And justice for all…

Ben voilà, Hugo est un énorme fan de Metallica, et ça s’entend sur son chant et sur sa manière d’envisager les morceaux. Il y a, comme sur le premier album, 10 morceaux, une durée équivalente avec quelques changements. On a tenté de nouvelles choses sans changer du tout au tout.

Alex m’expliquait lorsque nous avions échangé pour le premier album que tu arrivais avec les riffs des morceaux, que vous en discutiez et que Hugo ajoutait ses idées et ses paroles. Donc là, si je comprends bien, le changement principal c’est que tu es arrivée avec moins de matière et c’est lui qui est à l’origine des titres ?

C’est principalement Hugo qui a composé, sachant que quand il compose, il envisage déjà les deux guitares, la batterie, il a déjà ses idées de chant… Le travail de composition se fait un peu différemment.

Puisqu’il a ces trames en têtes, arrive-t-il avec les textes des chansons ou écrit-il les paroles en fonction de la musique ?

C’est lui qui t’en parlerait le mieux, mais parfois il sait déjà de quoi il a envie de parler. D’autres fois, il compose le morceau et écrit après. Il a les mélodies mais les paroles viennent ensuite, parfois il change les paroles, ou les sujets qu’il souhaite aborder… Au niveau des paroles, cet album est un peu plus personnel au niveau des sujets abordés.

J’allais y venir, justement. Le titre de l’album, The spiral of addiction est très parlant… Est-ce lié à des expériences personnelles d’un ou plusieurs membres du groupe ou à des témoignages extérieurs ? Qu’y a-t-il derrière ce titre ?

Le morceau The spiral of addiction est le premier qui a été composé pour cet album. Il a même été en partie composé avant que le premier album ne sorte. Hugo voulait dès le début que ce soit le nom de l’album et avoir un artwork qui soit en rapport. Ce n’est pas non plus un fil rouge, ce n’est pas un concept album qui ne parlerait que d’addiction, loin de là ! Par contre, il y a cette idée qui revient régulièrement, sans parler d’une expérience en particulier. C’est lié à plein de choses…

Il y a certaines choses qui me marquent sur les deux albums, notamment au niveau des pochettes qui sont toutes deux en noir et blanc…

Oui. En fait, la première pochette devait être en couleurs mais on s’est rendu compte qu’elle était mieux en noir et blanc. Là, on a travaillé avec un autre artiste qui travaille au crayon. La pochette, il l’a dessinée sur papier avant de tout numériser. Il travaille avec du noir, du blanc, ce côté très crayonné… Du coup, nos deux albums sont e noir et blancs, pas les mêmes teintes… Ça ne veut pas dire qu’on imagine tous nos albums en noir et blanc, mais au final, on trouve que c’est assez chouette.

Il y a un côté un peu malsain à ce dessin, qui évoque aussi le titre… Comment est-ce que tu décrirais la musique du groupe à quelqu’un qui ne vous connait pas ? On a évoqué le thrash, mais ce n’est pas tout…

Si je devais nous décrire, ce serait « énervé », « énergique » et « hargneux ». C’est ce qui décrit le mieux notre musique. Notre point fort, c’est la scène, on fait de la musique pour ça. Enregistrer des albums, c’est bien, mais ce n’est pas ce qui nous fait le plus rêver. Notre vrai point fort, c’est notre énergie sur scène, énergie qui est liée à nos morceaux.

Est-ce que ça signifie que vous composez vos morceaux en pensant d’abord à ce qu’ils donneront sur scène, et si vous sentez que ça ne va pas passer, vous mettez le titre de côté ?

Pas vraiment… On ne s’est jamais vraiment posé la question parce que nos morceaux sont énergiques… La question, on se la pose plus par rapport au choix des morceaux qui vont le plus fonctionner en live, sur la façon dont on créé nos setlists pour garder tout le temps cette énergie. Mais au moment de la composition, on ne se pose pas cette question. On se demande surtout si c’est assez bien ou pas.

Si vous vous rendez compte qu’un titre ne fonctionne pas comme vous le souhaitiez, vous le retirez de la setlist, j’imagine ?

Oui, mais c’est assez difficile d’analyser l’impact des morceaux… Pour la sortie de cet album, on a fait une tournée en Europe et on a essayé de voir ce qui fonctionnait, ce qui fonctionnait moins bien, au niveau de l’agencement des morceaux, etc. Et c’est assez difficile parce que d’un soir à l’autre, en fonction des publics, on n’a pas forcément les mêmes retours. Ça se fera avec le temps… Pour le premier album, on arrive à voir un peu les morceaux qu’on peut mettre de côté et ceux qu’on doit absolument intégrer à la setlist. Pour ce second album, c’est encore un peu difficile mais, oui, on ajuste en fonction de la réaction du public.

Maintenant, si tu devais ne retenir qu’un seul titre de cet album pour expliquer ce qu’est Praetor aujourd’hui, ce serait lequel ?

Alors… J’ai envie de dire Carefully selected qui est assez brutal. Tout l’album n’a pas ce niveau de brutalité, mais ce titre représente assez bien l’esprit du groupe. Forcément, ce n’est qu’un morceau sur les dix mais c’est l’esprit du groupe et ce qu’on a envie de transmettre.

L’ensemble de l’album est assez rapide, ça ne doit pas être facile de trouver des moments de respiration en concert…

Non, en effet. On parlait des setlist. Forcément, c’est en fonction de ce qui marche bien ou moins bien, mais aussi de quel morceau peut être enchainé à tel autre. Il y a aussi les deux questions de Alex à la batterie et Hugo au chant, parce que, pour l’un comme pour l’autre, il y a une exigence physique… Alex, on le voit jouer, mais Hugo, il met une telle énergie dans son chant qu’il a besoin de moments pour récupérer. Ils n’hésitent pas à nous dire que, non, là ils ont besoin de récupérer et qu’on ne peut pas enchainer certains titres. Quand on a envie d’enchainer des moments d’énergie à chaque concert, d’éviter de trop prendre de moments de repos, on sait qu’à tel moment on peut faire une pause de 10 secondes pour se rafraichir, qu’avec tel autre on peut enchainer directement.

Quelles sont vos prévisions de concerts ?

On repart en juillet pour une dizaine de dates en Espagne et au Portugal, sur des festivals et des concerts, et après, on a pas mal de dates – 3 à 4 concerts par mois – en France, en Allemagne, en Belgique aussi. On a un peu plus de concerts en France, c’est vrai que jusque-là, on ne jouait pas trop en France, mais il y a quelques dates qui arrivent…

Vous êtes un groupe franco-luxembourgeois, ce serait bien aussi de jouer un peu en France (elle rit) ! Maintenant, certains ont visé l’étranger avec succès… C’est important aussi.

Oui, c’est important, et on le voit, qu’on a un public à l’étranger. Quand on regarde nos statistiques – où on est écoutés, où les clips sont visionnés – on a du public à l’étranger. On l’a constaté sur cette tournée, on a joué dans des pays où on n’avait jamais joué avant, en Italie, en Hongrie, et des gens nous attendaient. On sait qu’il faut qu’on joue plus en France, et on y remédie !

Est-ce que Metal East a un rôle à jouer sur l’impact du groupe à l’étranger ?

Grace à Metal East on est distribués à l’étranger. Pour le reste, c’est le fait de jouer, d’utiliser les réseaux sociaux, il y a un vrai travail de promotion qui est conséquent, et ça, c’est nous qui nous en chargeons. Il faut jouer, jouer, jouer, et trouver des moyens de se faire écouter, en jouant et en allant à la rencontre d’un public.

Quels sont justement les retours médiatiques que vous avez eu pour The spiral of addiction ?

Pour le moment, on a des retours qui sont bons, voire très bons. La plupart soulignent l’évolution entre les deux albums. Certains préfèrent le premier, d’autres le second album, mais c’est assez classique. Nous, on est très fiers de ce qu’on a produit et on va continuer sur cette lancée.

On parlait plus tôt de l’évolution musicale du groupe. Quelle a été l’évolution d’un point de vue humain ? Le premier album était sorti en 2023, le groupe s’est formé en 2019, et a donc subi la crise sanitaire, mais quid depuis ?

On n’a pas eu de crise sanitaire mais des crises quand même, notamment de mon côté puisque j’ai subi un accident de voiture il y a bientôt un an. J’ai été conduite aux urgences avec une fracture du poignet. Je suis restée 13 mois sans pouvoir jouer de guitare et ça a modifié la façon dont on a terminé de composer l’album, notamment là où je devais composer des solos, ce que je ne pouvais pas faire puisque je ne pouvais pas jouer. C’est Hugo qui a dû enregistrer toutes mes parties de guitare, j’ai dû être remplacée sur scène pendant un peu plus d’un an, et on continue de le faire parce que je ne suis toujours pas capable de faire un concert en entier. On repart en tournée et j’ai mon double qui vient avec nous et qui fera la moitié du concert. Il s’appelle Axel Limonier, et c’est un ami de très longue date, il est très proche du groupe. Il a appris tous les morceaux au pied levé et l’impact qu’il a eu sur Praetor cette dernière année est vraiment conséquent. Il a fait la sortie de l’album avec nous, les concerts aussi et jusqu’à la fin de l’année, lorsque je serai capable de jouer seule, il continue de nous suivre. Donc, forcément, ça a impacté le groupe parce qu’il y a eu plein de modification, ça a impacté au niveau de la logistique, au niveau de l’enregistrement aussi puisque Hugo a enregistré les deux guitares… Ça a été un peu compliqué, et plein d’autres petites choses aussi. Ça fait partie de la vie, de la vie d’un groupe. On compare souvent un groupe à une famille, ben… on est là dans les choses positives comme dans les moments moins positifs.

Ce qui signifie que l’album aurait pu sortir plus tôt sans cet accident ?

Non, non, pas du tout (rires) ! On a eu deux ans entre les deux albums, ce qui est très court maintenant, sachant qu’on continuait de défendre le premier album. La composition, l’enregistrement, la post production… c’est énormément de boulot. Déjà, là, c’était intense, et la date de sortie était déjà prévue à la sortie du premier album. On avait calé cette date avant, l’enregistrement aussi, et même si je n’avais pas eu cet accident, ça ne changeait pas grand-chose…

Alors ce que tu dis signifie-t-il que vous avez déjà calé la date de sortie du troisième album ?

Non ! Justement parce que là, on s’est rendu compte que c’était une source de stress colossale, pas seulement à cause de mon accident. L’année 2024, pour les Prateor, a été compliquée pour chacun, individuellement. Au niveau personnel, et on s’est rendu compte que, quand c’est compliqué d’un point de vue perso, faire avancer le groupe c’est extrêmement difficile… En plus, quand on a sorti le premier album, on avait déjà pas mal avancé sur la composition du second. Là, ce n’est pas le cas, et on ne veut pas se mettre ce stress. On va commencer par défendre ce second album et reprendre le processus de composition, et une fois qu’on aura suffisamment avancé, on pourra envisager une période de sortie pour le troisième album.  

Ce qui parait raisonnable, d’autant plus pour un jeune groupe. Et on sait que, souvent, le troisième album est celui de tous les défis, celui de la transition. On sait bien, d’ailleurs, qu’un groupe de rock, d’autant plus dans ce style de metal, ne vit pas de sa musique. Quels sont vos autres activités en dehors de Praetor ? Tu m’as dit au début que tu écris des romans, que font les autres ?

Alex est prof de batterie et coach sportif, Seb est ingénieur dans l’automobile et Hugo travaille grosso modo dans un poste de secrétariat pour une entreprise au Luxembourg.

Si tu devais penser à une devise pour Prateor, ce serait quoi ?

Euh… Ce genre d’exercice… je suis extrêmement nulle… Autant je peux trouver un mot qui nous définit, des choses qui sont importantes pour nous, autant une devise… Je n’en ai pas la moindre idée (rires) !

As-tu quelque chose à rajouter pour conclure cet entretien ?

Simplement ce que j’ai déjà dit, que nous sommes très fiers de ce second album, et c’est important d’être fier de ce qu’on produit. On voit le chemin parcouru depuis le début, on voit aussi celui qui nous reste à parcourir même s’il est forcément plus flou. Même si on sait dans quelle direction on veut aller, il n’y a pas de destination. On est contents des opportunités qu’on a, de pouvoir jouer comme on le fait, que cet album soit aussi bien reçu, par les chroniques ou le public en concerts. On va faire en sorte que ça ne s’arrête pas maintenant !

GABRIEL PALMIERI: A portrait of existence

France, Metal instrumental (Autoproduction, 2025)

C’est, semble-t-il, la saison des albums instrumentaux qui est déclarée ouverte! Gabriel Palmieri est bien connu des métalleux puisqu’il joue au sein de Deficiency, mais c’est bien mal le connaitre si l’on s’en arrête à ça. Car le guitariste a bien plus que le thrash metal en réserve. Heureusement, d ‘ailleurs pour quelqu’un qui est passé par la MAI (Music Academy International) de Nancy. Avec ce premier album solo, A portrait of existence, il a, naturellement, pour intention de démontrer tout son savoir faire en matière de 6 cordes et plus. Débutant avec une Introduction très cinématique, le guitariste se lance dans plus de démonstration avec Beyond heaven. Ok, jusque là, rien de bien neuf, me direz-vous, « encore un clone de Satriani qui veut nous donner des leçons ». Oui, mais en fait, non… Car, sans jamais quitter des yeux le metal, Gabriel Palmieri sait se montrer versatile, alliant dextérité, vitesse, précision et, surtout, feeling. Il y a de la rage par instants, mais d’autres se font plus foncièrement jazzy et groovy. Loin de n’être qu’un album de guitare, A portrait of existence, l’album en cause, sait aller tailler le bout de gras avec les autres instruments, à commencer par les claviers (Groovin’ through waves) ou la basse/batterie sur le joyeux et aérien Crystal skies rappeler le bon gros hard rock bien gras (Timeless universe). On a même droit à un voyage dans le temps médiéval avec le très bien nommé Bard on the green. Avec A portrait of existence, Gabriel Palmieri nous présente diverses facettes de sa personnalité et de ses influences/amours musicales. Un album très riche à découvrir et à soutenir. Oui, on a des grands instrumentistes en France!