
Par sa programmation, cette troisième journée s’annonce quelque peu plus brutale que les deux précédentes. Mais la météo reste quelque peu incertaine… La matinée est d’ailleurs assez pluvieuse gâchant, malheureusement, les visites locales que nous avions prévues (le château d’Haroué et la reconstitution historique dans le village de Tantonville), mais pour le coup, on a prévu ce qu’il fallait: des épaisseurs à rajouter si la chaleur estivale décide de rester absente!
Nous n’avons pas besoin d’arriver sur le site pour comprendre que le public a répondu présent en ce dimanche. Une longue file de voitures s’étend bien avant d’arriver au Zénith, avançant tranquillement et dans le calme jusqu’à être orientée par les bénévoles présents. Une fois garés, nous voyons une autre longue file, de spectateurs cette fois, s’étirer en arc de cercle sur la totalité du parking PMR/médias alors qu’il n’est encore que 16h. Le public arrive par grappes entières, prenant place dans ce serpent qui louvoie joyeusement. Félicitons ici l’organisation car la foule avance rapidement et n’attend guère – une vingtaine de minutes tout au plus, contrôles de sécurités inclus – avant de pouvoir entrer sur le site.
La fosse et les gradins sont plus que bien fournis – on parle là de plus de 16.000 préventes pour ce dimanche – spectateurs qui, dans un esprit bon enfant, vont et viennent tout au long de la soirée, navigant de la scène aux bars dans un joyeux désordre paradoxalement très organisé. Une marée humaine joyeuse et joviale, déguisée pour nombre de festivaliers à l’image de la tête d’affiche du jour. On ne peut s’y méprendre, Slipknot est dans la place… Sur ce seul nom, le Heavy Week End a réussi son pari, car avant le premier groupe, on retrouve cette ambiance festive de gens heureux de vivre typique d’un festival. Oui, la journée promet d’être belle, d’autant plus que les nuages décident enfin de céder la place au soleil. Pas à la chaleur, mais au soleil. c’est déjà ça!
Du côté médias, on sent aussi une plus grande affluence, notamment du côté des photographes dont le nombre a augmenté d’un bon quart, passant de 30 les deux premiers jours à une bonne quarantaine. Si certains espéraient pouvoir simplement shooter Slipknot – et passer outre le reste du festival – il en seront pour leur frais, la tête d’affiche ayant fait le choix de strictement limiter le nombre de photographes témoins de sa prestation. Ce ne seront finalement qu’une petite demi-douzaine de médias qui seront sélectionnés. Tant pis, nous profiterons ainsi de la totalité du concert en famille.

Une intro country résonne, annonçant l’arrivée des Texans de Nothing More. Quand bien même le groupe formé en 2003 a-t-il une bonne demi douzaine d’albums à son compteur, je n’ai rien entendu ou lu d’autre que le nom du groupe. C’est donc une découverte pour moi, et, même si le neo metal/metal n’est pas mon truc, on ne peut que saluer l’énergie développée par le chanteur Jonny Hawkins, torse nu, pectoraux et abdos seulement voilés par le maquillage noir et or qui orne partiellement son corps. Son chant est varié, se faisant aussi brutal et rageur qu’il peut être modulé, doux ou encore haut perché.

La foule en prend plein les yeux et commence à slammer. La sécu est à pied d’oeuvre et le sait, l’un des agents me glissant à l’oreille que « ça y est, c’est parti… on va bosser aujourd’hui! » Si une bonne partie du public n’a d’yeux que pour le chanteur, les autres musiciens – bien couverts, quant à eux – grimpent sur les plateformes, allant chercher le public autant que possible. Pas un centimètre carré de la scène n’est laissé sans piétinement, et face à une foule au moins aussi importante que la veille, un parterre et des gradins plus que correctement remplis, Nothing More marque ici nombre d’esprits.

Le groupe termine son set, principalement axé sur son dernier album, Carnal, de 2024, en descendant dans la fosse. Jonny s’empare de 2 toms de batterie que les premiers rangs portent tandis qu’ils frappe les peaux entourées de mains levées. Un premier set simplement explosif et prometteur.


La scène est installée, avec un gigantesque backdrop et un kit de batterie ornée d’un cerisier du Japon. Le public s’impatiente et… doit patienter encore un peu, un problème technique faisant craquer et crisser les amplis. Le temps de trouver le problème, de le réparer, voici les mangaka de Rise Of The North Star qui déboulent tranquillement pour prendre aussi rapidement que possible le public à la gorge.

Qui a déjà vu ROTHS live le sait: Vithia, son chanteur, casquette vissée sur la tête, et ses deux compères guitaristes (Air One Menez et Evangelion B Gauthier) ne laissent aucune place au répit. Qu’on aime ou pas le style du groupe, une fusion brutalement furieuse de metal rugueux et de hip-hop énervé, on ne peut que reconnaitre que ça tabasse sévèrement.

Le public se fait entendre et joue le rôle de sixième membre du groupe tant il soutient, s’agite et slame à l’envi. Quelle ambiance de feu! Vithia harangue la foule sans relâche, sa gestuelle rapée et sa rage vocale faisant mouche, d’autant plus lorsqu’il fait au public ce petit cadeau toujours apprécié, en l’occurrence Neo Paris, morceau titre du nouvel album éponyme, interprété ici pour la première fois en live. Une bonne dizaine de morceaux auront en une petite heure fait monter la température corporelle d’un bon cran. Une prestation explosive, ni plus ni moins.


Un M et un H de chaque côté de la batterie, une foule qui se masse dans la fosse, un appel lancé dans la sono demandant si « les furieux, les furieuses, êtes-vous prêts pour Mass Hysteria? », et la folie s’empare du public. L’orga a prévenu es photographes, il va y avoir encore de la pyro, « alors restez bien derrière cette ligne sur le troisième titre, la sécu vous le rappellera ». Oui, mais la sécu, justement, en rajoute une petite couche (« approchez vous de la scène, on va vraiment avoir besoin de place« ). Tout se passera de manière finalement, naturellement organisée.

La fureur de Mass veritas, premier extrait de son dernier album en date (si l’on considère les deux parties de Tenace comme un seul album) voit, déjà, une nuée de slammers surfer sur cette foule immense. Mouss annonce rapidement l’incontournable Positif à bloc et l’on sent déjà l’ensemble des musiciens, Yann, Fred, Jamie et Rapha, très chauds et très en forme. La frappe de Rapha est magistrale et impressionnante, et, désormais parfaitement intégré à Mass Hysteria, Jamie ne rate pas une occasion de s’adresser à la foule, l’incitant à s’exprimer comme elle le souhaite.

Mouss annonce que le groupe fête cette année son trentième anniversaire. Il n’en faut pas plus pour que les premiers rangs entonnent un « joyeux anniversaire » repris en chœur par toute la fosse et va même jusqu’à impressionner les musiciens, émus, Jamie s’emparant de sa caméra pour immortaliser l’instant. Puis arrive Chien de la casse, et le public se voit incité par le vocaliste à se lancer dans des circles pits et répétant ses « Tournez, tournez en rond » (il faudra un jour que Mouss apprenne que « tourner », c’est forcément en rond…).

Il faudra aussi qu’il nous explique sa logique, celle d’avant L’inversion des pôles où il explique au furieux et aux furieuses que « on va parler de complot. Qui dit complot, dit apéro, qui dit apéro dit (…)« . Pas tout compris mais le public ne le rate pas dès qu’il s’empare d’une bière en hurlant « cul sec, cul sec » ce que le chanteur fait rajoutant même « comme ça, maintenant, on boit au travail ?« . Il se re-prêtera à l’exercice un peu plus tard pour le plus grand bonheur de tous.

De tous, même d’un Yann qui vient lui chuchoter que c’est sans doute jusque là le meilleur concert de la tournée. Un mouss aussi qui annonce avoir « une érection pileuse » rajoutant « pour les enfants, une érection c’est…ah! demandez à vos parents ». La set list est parfaite, Nerf de boeuf, Se brûler sûrement (« toute la fosse saute! » lance Mouss), Arômes complexes, Reprendre mes esprits, tout y passe, et le public continue de faire monter pression et température. On a même droit ici, comme au Hellfest, à un fauteuil roulant porté par une nuée de bras.

Incontournable hymne désormais systématiquement joué à la mémoire des victimes des attaques terroristes de 2015, L’enfer des dieux est repris en chœur par la foule et est, judicieusement, suivi d’un Tenace explicite. Puis après Contradiction, Jamie annonce le dernier morceau et demande un nouveau wall of death. Le public s’exécute avec plaisir et Mass termine de l’achever avec Plus que du metal. Achever? Non, the best is sans doute yet to come… Ce soir, toutefois, Mass Hysteria a donné un de ses concerts les plus explosifs qu’il m’ait été donné de les voir jouer. La journée est montée en puissance et en pression et Mass a brillamment enfoncé le clou. Pas étonnant que MH soit aujourd’hui l’une des formations phares du metal français, toutes catégoreis confondues. Une énergie brute jamais mise en défaut doublée d’une réel et visible plaisir de jouer. Mass Hysteria a tout bonnement retourné le Zénith de Nancy. Superbe concert!

Pas de rideau pour cacher la scène, les techniciens de Slipknot s’affairent face au public, installant le décor, sobre, et les deux set de percussion. Le public s’impatiente, attendant ce moment libérateur. Les 16.000 fans présents savent qu’ils vont vivre un moment d’exception. non seulement parce qu’un concert de Slipknot est toujours du grand spectacle, mais aussi parce que cette date en clôture du Heavy Week End est la seule date française de la tournée.
Il est 22h pétantes quand des lumières rouges balayent la scène sur fond de générique de la série K-2000. Une intro un peu longue suivie d’une interminable répétition de « time is generous » avant de voir, enfin, près de 10′ plus tard, les psychopathes masqués débouler sur scène. La guerre est déclarée et les Américains ne feront aucun cadeau au public tout au long des 90′ qui suivent, dotées d’un light show aussi puissant et intense que l’ambiance de ce soir.
Démarrant avec (sic), Slipknot surprend très tôt avec l’incontournable People=shit repris en chœur et avec force par un public déjà déchainé qui saute, hurle et slamme plus fort encore. Corey Taylor est très en voix et il s’adresse souvent et avec bienveillance au public, annonçant que « visiblement, il manque quelqu’un… Clown n’a pas pu être présent, il a dû rester à la maison pour s’occuper de sa famille » Son kit de percussions est en effet vide, utilisé par le petit diable incontrôlable, #3. Mais on ne peut que se poser des questions, Clown étant déjà absent, pour les mêmes raisons à Clisson en 2023…
Il n’empêche, la fureur de Slipknot se traduit par des morceaux ultra efficaces, mélangeant cette brutalité crasse à des passages à chanter en choeur, et le public se fait bien entendre. Psychosocial, The devil in I, un solo de claviers/DJ set qui transforme la fosse en dance floor techno, wall of death… Il y en a pour tout le monde.
Corey Taylor évoque ses souvenirs, rappelant que « Slipknot est venu pour la première fois en France il y a 26 ans et que depuis, à chaque fois, c’est une expérience qui a changé notre vie« . En faut-il plus pour enflammer encore plus le public ? Non, et Slipknot achève ce dernier avec Spit it out, Surfacing et Scissors au cours d’un rappel énorme. Si Mass Hysteria a retourné le Zénith, Slipknot a tout remis en place ! Un concert exceptionnel qui vient clore une journée simplement dantesque.
GDP l’a bien senti, d’ailleurs, puisque les écrans diffusent les dates de la prochaine édition. Celle-ci se tiendra en ce même Zénith de Nancy le premier week-end de juin, soit du 5 au 7 juin 2026. « Petit » festival deviendra grand. Nous serons là, quelle que soit l’affiche!
Le bilan? Si cette seconde édition a eu du mal à se lancer, si l’affiche a mis du temps, trop de temps, à être dévoilée, si la fréquentation est stable par rapport à 2024 (La Charente Libre annonçait un total de 35.000 personnes sur les trois jours), ce Heavy Week End 2025 fut une totale réussite tant d’un point de vue artistique qu’organisationnel. Si des points WC ont été multipliés, on ne peut que constater un réel manque de cabines le dimanche, soit la journée la plus chargée. Egalement, il sera nécessaire de penser à des points d’eau en nombre car même si ce week end fut frais, voire froid, ce ne sera pas toujours le cas début juin. D’autan plus que Nancy étant dans une cuvette, quand il fait chaud, il n’y a pas de vent! Enfin, sans doute surtout, GDP pourrait, comme on le voit ailleurs, organiser des rondes de bénévoles afin de distribuer aux enfants des bouchons d’oreilles. Combien de gamins ai-je vus sans aucune protection auditives? On ne connait que trop bien les dangers d’une longue exposition au bruit pour ne pas avoir conscience des risques que l’on fait subir aux plus jeunes…
Merci à toute l’équipe de GDP (Matthieu Drouot, Nicolas le Bouedec, Oona Rudowski, Anne-Lyse Rieu), à Olivier Garnier, à la sécurité et à tous les bénévoles d’avoir rendu ce week end possible et plus que mémorable.