Interview: CARCARIASS

Interview CARCARIASS – entretien avec Pascal (guitare) le 28 avril 2023

Retrouvez aussi la chronique d’Afterworld ici

Avant de parler du nouvel album de Carcariass, je voudrais faire un rapide retour en arrière. Planet chaos était sorti fin 2019, j’avais pu en parler avec Raphaël (basse) fin janvier/début février 2020 à Paris et puis, personne ne la vue venir, il y a eu la crise sanitaire. J’imagine que, pile au moment de soutenir un album, ça a dû vous frustrer, ce Covid…

Ça, on peut le dire… C’est arrivé pile au mauvais moment, on avait pas mal de dates de bookées, on était fins prêts pour démarrer les concerts et tout s’est arrêté d’un coup. Maintenant, tous les groupes étaient logés à la même enseigne, bien sûr, mais ça nous a bien frustrés, pas mal démotivés, aussi, surtout que personne ne savait comment ça allait se terminer… Je ne me suis pas découragé, j’ai commencé à travailler sur de nouveaux morceaux, j’ai repris ma gratte, j’ai bossé sur l’ordi… J’ai composé tout Afterworld en quelques mois… C’était assez incroyable, d’autant que je suis vraiment parti d’une page blanche. Autant Planet chaos était plus l’accumulation de plans que j’avais gardés pendant nos 10 ans de break, là c’était la page blanche. Tout est sorti comme ça, c’était incroyable. Comme si j’étais possédé, je ne sais pas ! Quelque chose de magique.

Avant de parler du contenu musical, est-ce que le titre, Afterworld, a quelque chose à voir avec la crise sanitaire ?

Consciemment, je ne sais pas. Inconsciemment, je pense que oui, on a tous vécu la même chose, les mêmes doutes. C’est vrai que le titre et les paroles… Tout a été quelque part influencé par la situation. La musique, aussi, peut-être, pour le côté plus dépressif qu’il y a.

Je n’ai pas vraiment ressenti d’aspect « dépressif ». Tu le traduis par quoi ?

(Il rit) Ok… alors, c’est un échec (rires). C’est un peu lié au feedback que j’ai eu, si tu ne le trouve pas dépressif, tant mieux. C’est plus dans les compositions un peu plus tristes, mélancoliques…

Mélancoliques, peut-être… Mais « dépressif » n’est pas le premier adjectif que j’aurai utilisé.

Chacun a son ressenti. Je le vois un peu dépressif, les autres membres du groupe le verront différemment.

Au-delà de ce terme « dépressif », comment analyserais-tu l’évolution de Carcariass entre vos deux derniers albums ?

Je pense qu’il y a une certaine continuité entre ces deux albums. Sur Planet chaos, la grande nouveauté c’était l’arrivée de Jérôme. Pour celui-ci, on a vraiment exploité ses capacités de chanteur. Quand Jérôme est arrivé pour Planet Chaos, l’album était presque terminé. Ce qui s’est passé, c’est qu’on a fait un test pour un morceau avec lui, et on a été assez enthousiastes par rapport à ce qu’il avait fait et on lui a demandé s’il voulait essayer d’autres morceaux, ce qu’il a accepté. Du coup, on a tout enregistré avec Jérôme, on l’a intégré au groupe. Il ne s’y attendait pas, et ensuite, on a raté plein de concerts, on a travaillé sur cet album et cette fois, j’espère qu’on va pouvoir l’exploiter et le défendre sur scène.

Pour quelqu’un qui ne connaitrait pas Carcariass, comment lui décrirais-tu votre musique pour l’inciter à vous écouter ?

Déjà, il ne faut pas nous coller d’étiquette… On essaie avant tout d’accentuer le côté musical des choses, ce qui passe avant tout. On cherche à faire une musique qui inspire des images aux gens, tout en gardant un certain punch pour que les gens ne s’endorment pas.

On a non seulement ce titre d’album, Afterworld, qui est également la chanson qui clôt l’album, l’illustrations très post apocalyptique, les titres eux-mêmes – No aftermath, Angst, Fallen empire… Quels sont les thèmes principalement abordés par Carcariass dans cet album ?

En règle générale, ça tourne autour de la SF, de la maladie, la drogue, des trucs très joyeux… On n’a rien inventé, on n’essaie pas de faire passer de message particulier.

Dans ce cas, prenons les choses dans le sens inverse ; y a-t-il des thèmes qui n’ont pas leur place au sein de Carcariass ?

Alors, là, oui… Il y a quand même quelques règles : tout ce qui est politique, religieux, qui pourrait être sujet à conflits, on essaie d’éviter. On est là pour faire de la musique, pas pour se prendre la tête. On reste dans un cadre assez neutre, liés à la SF, ce qu’on partage avec tous les membres du groupe. Le sujet est assez vaste…

Est-ce que le fait d’intégrer un nouveau membre a changé votre façon de composer ?

Oui, clairement. Déjà, à l’époque de Planet Chaos j’avais un peu changé mon approche : je composais la musique entièrement et ensuite, avec Raphaël, on posait les lignes de chant. Je cherchais un semblant de structure… Pour le dernier, avec un super chanteur, il fallait vraiment l’impliquer et le mettre en avant. J’ai fait des compos un peu plus « classiques » dans la structure, tout en gardant pas mal de parties mélodiques, et Jérôme a apporté ses lignes. Avant, Raphaël, qui est bassiste, avait une approche plus foncièrement death. Et c’est pas facile de concilier le chant et son instrument. Là, il se concentre sur sa basse et Jérôme se charge du reste, vocalement. De temps en temps, en live, il fait les backing vocals et ça donne un résultat sympathique.

Tu parles de la scène… Quels sont vos projets ?

Pour le moment, on n’a rien de confirmé. La reprise est un peu compliquée, surtout depuis Covid… S’intégrer dans les festivals, c’est difficile, ils sont complètement full… La dernière date qu’on a faite, c’était à Genève en première partie de Samael. C’était très cool, la première fois qu’on présentait Afterworld sur scène et on a eu des retours très positifs du public. Je pense que ça va être encore difficile cette année, peut-être l’année prochaine et pour tous les groupes.

Si tu devais ne retenir qu’un titre de Afterworld pour expliquer à quelqu’un ce qu’est Carcariass aujourd’hui, celui qui est le plus représentatif, ce serait lequel ?

Là c’est difficile… L’album est assez varié ? Lequel serait le plus représentatif ? Je dirais – c’est aussi mon préféré, mais je pense que tu vas aussi me demander quel est mon préféré…

Non, pas du tout, seulement le plus représentatif, c’est tout !

Alors je dirais Identity, parce qu’il a toute la structure des anciens morceaux de Carcariass et tout ce qui fait le Carcariass d’aujourd’hui, avec le chant de Jérôme et des structures actuelles. No aftermath, c’est un titre avec deux plans, ce qu’on n’a jamais fait avant, mais il n’est pas représentatif de l’esprit d’aujourd’hui. Identity est plus adapté. Et c’est celui que je préfère…

Si tu devais penser à une devise pour Carcariass, ce serait quoi ?

« Toujours s’améliorer ». Ça a toujours été le cas, et ça le reste : je travaille toujours mon instrument, je veux que les autres dans le groupe le fasse aussi pour être toujours meilleurs. Toujours faire mieux, et j’espère qu’on ne s’arrêtera pas de si tôt.

 

 

STORMHAVEN: Blindsight

France, Metal (M&O, 2023)

Avec sa pochette très SF, son logo, bref, son visuel très attirant, pas étonnant que je glisse ce Blindsight de Stormhaven dans mon lecteur CD (eh, oui… Il y en a encore…) Mais dès les premiers hurlements enragés de Fracture, le morceau qui introduit cet album (car il s’agit bien d’un album malgré ses seulement 6 titres), je fais demi tour. Cependant, quelque chose me retient… Et rapidement, Stormahaven me surprend. Par la diversité des instrumentations qui composent ce premier titre, par la variété des styles musicaux explorés, aussi. Le death ou le black ne sont jamais loin, certes, mais le groupe démontre rapidement naviguer avec bonheur non pas en eaux troubles mais d’univers en univers variés (certains passages m’évoquent même Rush!) Le brutal frôle souvent le power metal, voire le progressif – ah, tiens, je viens d’en citer un des maitres…). Le prog n’est pas du tout une évidence avec le premier titre, Fracture, remarque qui fait rire Zach (guitare et chant): « en effet, oui! Il faut s’accrocher! Ce que je voulais pour cet album, c’est quelque chose qu’on n’avait pas fait avant: pas d’intro, une explosion et c’est direct dans la gueule. On voulait mélanger ça avec quelque chose de plus énervé que ce qu’on avait fait jusque là, avec des morceaux plus longs, développer des histoires avec le chant tout au long de l’album. L’album précédent, Liquid imagery, je l’avais plus pensé comme un long morceau d’une heure. Là, même si j’ai voulu une cohérence dans l’ordre des titres, chacun peut être pris séparément et tient la route seul« . Le groupe toulousain formé en 2010 pourrait franchir un pas supplémentaire avec ce quatrième album varié et entrainant. Jamais avare de démonstration (dans le bon sens du terme, svp), ce disque est empli de ces petites trouvailles qui font la différence. La période de crise sanitaire a-t-elle d’ailleurs eu un impact sur le groupe qui  n’a pu correctement défendre Liquid imagery, sorti en 2019? « Pas vraiment, je n’attends pas de défendre un album sur scène pour continuer de composer. Blindsight était prêt assez rapidement après Liquid imagery. Mais on ne savait pas trop si on attendait ou pas pour le sortir. Personne ne savait ce qui allait se passer. On a décidé d’avancer, de passer à autre chose. On avance et on vise un peu plus haut en matière de production, de com et de promotion. » Le titre de l’album, Blindsight (aveuglement) fait-il référence à ce manque de vision que nous a offert la crise sanitaire ou est-ce autre chose? « Il se trouve qu’on peut faire pas mal de parallèles, mais ce n’était pas pensé ainsi. L’idée c’est qu’on suit un personnage qui a subi un accident, un évènement marquant assez violent – d’où le premier titre, Fracture. Ensuite, il perd la vue et il développe des pouvoirs un peu plus mystique de clairvoyance et autres. On ne sait pas trop s’il voyage mentalement ou physiquement, il rencontre des personnes… On suit ce voyage tout au long de ‘album« . Bref, une approche conceptuelle qui se rapproche de l’esprit prog. Quand on lui demande comment le groupe a évolué entre ses deux derniers albums, Zach répond d’un « Ouh la!… je dirai que j’assume sans doute plus mon approche rock prog, qui est, pour moi, l’influence majeure que je revendique et que je ne mettais pas autant en avant que je l’aurai voulu. Et d’un point de vue humain, il y a eu un changement de line-up avec l’arrivée d’un nouveau batteur et d’un nouveau claviers, donc un changement d’équilibre, une organisation différente à trouver. Comme je le disais, on se concentre plus sur la promo, la communication, alors qu’à la base on est une bande de mecs qui aiment jouer de la musique ». Zach approuve entièrement le terme de professionnalisation que je lui propose en résumé de ses propos. « On s’est posé la question, au bout de 4 albums: on veut faire quoi? On reste comme ça ou on évolue? Si on veut évoluer, il y a plein d’autres choses à côté qu’il faut faire« . Un groupe qui a donc simplement mûri. Tout au long des titres, longs – tous tournent autour des 7’30, exception faite de Dominion qui culmine à 24′! – on trouve les inspirations aussi brutales que progressives du groupe. Je lui cite le nom de Rush…  Mais il y a plus que de la brutalité et de la technique dans ce disque, bien plus. Si Zach devait ne choisir qu’un seul titre de Blindsight pour expliquer ce qu’est aujourd’hui Stormhaven, lequel retiendrait-il pour inciter quelqu’un à écouter le reste? « Bonne question… Sur ce nouvel album, je choisirai Hellion, un morceau qui permettrait sans doute de toucher un public plus large. On n’a pas l’effet coup de massue qu’il y a avec Fracture. D’ailleurs, il y a un clip qui sort dans quelque semaines. Hellion a une approche moins death, plus prog avec plus de chant clair, plus de place pour les claviers aussi. » Je lui cite le nom de Rush que certains passages de ce même titre m’évoquent. Ils font partie des inspirations de Stormhaven? « Ah, oui! A 100%! Même si on a l’étiquette de metal prog, mon inspiration vient plus du rock progressif que du metal. Du Rush, Kansas, Deep Purple… le tout mélangé à des touches de death » Sera-ce cependant une approche suffisante pour extraire Stormhaven de la masse? Un groupe de rock, c’est aussi la scène, alors, quoi de prévu? « On a pas mal de dates qui sont prévues, principalement dans le sud, en fin d’année et en 2024 on devrait aller en Espagne et dans le nord de la France, là où on n’a pas encore beaucoup joué. Et on vise aussi les festivals d’été… » C’est sans doute en effet là que le groupe pourra le mieux se faire connaitre, aller au contact de son public et faire connaitre son death prog, alors attendons de voir les dates que Stormahaven affichera bientôt sur son site et ses réseaux sociaux.

GOROD: The orb

France, Death technique (Autoproduction, 2023)

L’amateur de death brutal passera son chemin, celui de technique jettera volontiers une oreille sur The orb, la nouvelle déflagration des frenchies de Gorod. Loin d’en être à leur premier essai, les Bordelais nous proposent un nouvel album pas seulement brutal ou technique. Oui, Gorod on les connait pour leur virulence et leurs prestations explosives – une valeur sure de la scène hexagonale. Gorod nous propose ici des moments plus introspectifs (le morceau éponyme) qui se lient à d’autres, plus fréquents, aussi brutaux que techniques. Loin des standards du genre, Gorod se distingue par des structures qu’on pourrait parfois rapprocher d’une certaine complexité du jazz (Megadeth a prouvé que les genres sont loin d’être incompatibles), d’un prog brutal en y mêlant quelques touches qui se rapprochent d’une forme de psychédélisme (pas forcément) hypnotique. The orb, après deux titres directs et simplement « dans ta face » varie son propos et, au bout du compte, intrigue, attire et interpelle. Un album puissant et riche même si pas toujours facile d’accès. Qu’on aime ou pas, c’est bien là ce qu’on demande à un groupe, non?

REDSPHERE: Regnum lupus

France, Death/Thrash (EP, M&O music, 2023)

Redsphere n’est pas une nouveauté sur la scène metal française, mais le groupe issu de nouvelle Calédonie doit encore se frayer un chemin en métropole. Déjà auteur de deux albums, Facts en 2017 et Immrotal voids en 2019, le groupe revient avec Regnum lupus, un court Ep de 4 titres forgé dans un death thrash direct et sans concession. Ou presque. Car, mis à part le « chant » typique au genre, hurlé et rageur, Redsphere nous propose 4 titres aux influences variées. Alors, oui, ça tabasse sec, les blast beats et la double grosse caisse sont légion, mais il y a plus. Princes (memento mori) et A new order, premier et dernier titres, sont clairement d’inspiration thrash à la Exodus ou Death Angel, A vicious century défonce tout sur son passage tandis que War and lies a quelques influences presque symphoniques apportant une touche plus légère à l’ensemble. Alors, hormis ce qui pour moi n’est pas du chant, le reste entraine et casse des cervicales comme il faut.

ACOD: Fourth reign

France, Black/Death (Autoproduction, 2022)

Je m’étais laissé prendre au jeu de la séduction avec le dernier album d’ACOD, on ne m’y reprendra pas… L’intro calme, symphonique et presque bucolique, très cinématographique, pour séduisante qu’elle soit, peine à cacher le contenu sombre et explosif de ce cinquième album des Marseillais. Sur d’anciens chemins… cède la place à 9 titres taillés dans un black/death metal qui sait aller chercher une certaine forme de lumière. Alors, oui, ça hurle et ça frappe vite sur Genus vavcuitatis – et son passage plus doux au milieu du morceau – ça se fait plus heavy à la… oh surprise… Amon Amarth sur The profecy of agony et ses chœurs plus légers, ça speede sur Sulfur winds rituals… Acod, malgré un chant typique black, parvient donc à varier son propos tout au long des plus de 50 minutes de l’album. Pas évident de tout ingurgiter en une fois, mais une exploration de quelques écoutes permet de découvrir quelques… « subtilités » mises en son par Linus Corneliusson qui a mixé l’album (et est connu pour son travail avec, entre autres Dark Tranquility ou Ishanhn) comme ce texte narré en français au sein de Nekyia catharsis. Avec ce Fourth reign – over opacities and beyond, le duo français marque un véritable pas en avant et se pose comme l’un des gros espoirs du genre. Une belle réussite doublée, une nouvelle fois, d’une superbe pochette de Paolo Girardi.

CATALYST: A different painting for a new world

France, Death metal (Non serviam records, 2022)

Bon ceux qui me connaissent savent que le death ce n’est vraiment pas mon style de prédilection. Mais parfois, il faut savoir être curieux et porter un oreille à ce qui, a priori, devrait me rebuter. Catalyst, quatuor français formé en 2014, nous propose A different painting for a new world, son second album (après The great purpose of the lords en 2019). Et les gars ne sont clairement pas là pour enfiler des perles… Ca tabasse sec, ça mouline grave tout en variant le propos. Car loin de ne faire que bourriner de bout en bout, la musique de Catalyst permet des temps de pause et de reprise de souffle bienvenus. Tant musicalement, avec des passages plus mid tempos, que vocalement puisque se mêlent toujours du chant death et black à des voies claires. Et ça fait du bien. Musicalement, les guitares charcutent telles les meilleures heures d’un thrash direct, la section rythmique martelant de son côté comme les Nord Coréens balançant leurs missiles vers leurs voisins du Sud. On trouve aussi des passages assez mélodiques, nouveau souffle bienvenu, mais dans l’ensemble, l’amateur de mélodies sirupeuses passera son chemin là où le craqueur de cervicales se fera un très grand plaisir. Technique, bien produit, varié, si A different painting for a new world s’adresse à un public averti, les amateurs du genre y trouveront largement de quoi se satisfaire.

DROSTE: Chasing the sun

Thrash death, France (EP Autoproduction, 2022)

Ils sont quatre. Ils se réunissent à Bordeaux en 2019 autour du projet de groupe Droste, formation de thrash/death dynamique et explosif. Ce premier Ep, Chasingthe sun, paru en mars dernier comporte cinq titres dont un instrumental. Je passerai sur les voix – ceux qui me connaissent savent que, aussi admirable soient-ils techniquement, je ne suis pas amateur de vocaux gutturaux qui me semblent souvent cacher la pauvreté de l’anglais de nos compatriotes… – mais musicalement, on ne peut que féliciter ce jeune groupe pour ses compositions réussies. Il y a incontestablement du groove et l’envie de faire s’agiter les cervicales tout au long de ces New blood, The passage Show of defiance et Unfinished sanctuary qui alternent entre death pur jus et passages plus hardcore, évoquant entre autres les désormais incontournables Gojira. Le morceau titre, instrumental, présente les diverses palettes développées par Droste qui sait varier, au sein d’un même morceau, rythmes et ambiances. C’est clairement bien foutu et le groupe mérite qu’on se penche sur son cas. Vous pouvez passer commande sur le bandcamp du groupe.

DEATH AWAITS

France, Death (2022, Metal East)

Rappelez-vous: fin 2019 était paru Rapture smile, un album de death thrash brutal, gueulard et violent mais réservant quelques surprises rythmique très efficaces. Death Awaits revient aujourd’hui avec un nouvel album auto-nommé reprenant la même recette en la pimentant plus que de raison. C’est simple, sur les 9 titres de l’album, 6 reçoivent des invités, et pas des moindres: ça av de julien Truchand (Benighted) à Arno (Black Bomb A) en passant par Renato Di Folco (Trepalium, Les Tambours du Bronx) parmi d’autres qui me sont moins familiers. Et bam! de nouvelles claques à tous les étages, des rythmiques rentre dedans doublées de cette brutalité « défouloir » et salvatrice, des compositions burnées à ne pas mettre entre toutes les oreilles. Ok, la rage hurlée me lasse vite, mais une petite injection ici et là ne fait pas de mal. Ca cogne sévère, vous serez prévenus, nom de nom!

DEATH DECLINE: The silent path

Death, France (M&O, 2021)

Il porte bien son nom, ce troisième album des Français de Death Decline. The silent path, troisième album, voit le groupe s’enfoncer dans son univers en proposant plus que de la simple bourrinerie bien orchestrée. Comme dirait Raoul Volfoni, « Faut bien r’connaître, c’est du brutal… » Fabien, le guitariste du combo décrit The silent path comme étant « plus diversifié, plus catchy, plus… tout, en fait. Lebut n’était pas de faire un Thousand faces of lies part 2. Mais il garde vraiment ce qui fait le son de Death Decline« . Et cette brutalité? « Pourquoi pas. On sait qu’on propose une musique rapide, directe, tranchante, mais on a aussi voulu inclure cette part de nuances à notre musique. » Si un troisième album est toujours celui du défi, il permet ici au groupe d’aller « plus loin au niveau des compositions et du rendu sonore« . Force est de constater que la production rend hommage au propos de l’album et sait jouer avec chacun des instruments. On remarquera évidemment le chant si varié d’Alexis Fleury qu’on pourrait croire qu’ils sont plusieurs à jouter vocalement. Mais non, il n’y a bien qu’un seul vocaliste à la palette si large qu’il s’adresse aux amateurs de chant hurlé, growlé, clair, bref à toutes les sensibilités. « C’est aussi quelque chose qu’on a voulu travailler, cette versatilité vocale. Ne pas se borner à un seul type de chant. Le but c’est de rendre justice à la musique« . Le groupe a travaillé avec Arnaud, un nouveau batteur qui « a une approche différente de la batterie, il ne vient pas de la même scène que César. Son style de jeu a forcément contribué à faire de The silent path ce qu’il est par son approche plus groovy, plus percutante te directe« . Résumer la musique de DD à du death est trop réducteur. On y retrouve aussi du thrash old schoo à la Slayer, Testament, Exodus, d’autres moments plus foncièrement hardcore. « ces groupes que tu cites sont très importants pour moi, que ça transpire dans la musique, c’est naturel. On n’a pas forcé les choses, le but était d’écrire les meilleurs morceaux possible, et qu’ils nous plaisent avant tout ». Au delà de la musique, il existe un trait d’union visuel entre chaque album du groupe: cette mascotte, sorte de déesse maléfique, cornue, imposante qui n’a pas de nom. « C’est vrai qu’on a tenu à garder l’identité visuelle qu’on a développée dès le premier album. ça passait par ce personnage qui est ici représenté sous une forme différente de nos deux premiers albums. ça me fait plaisir que tu reconnaisses cette identité visuelle en tout cas! On est tous un peu fan de ces groupes qui ont ce même type de démarches, inutile de les citer, tu t’en doutes… » Sans surprise, c’est encore l’œuvre d’un certain Stan W. Decker avec qui DD travaille depuis les débuts du groupe. Le groupe a terminé l’enregistrement quelque jours avant le second confinement: « Il a fallu rentrer assez vite chez nous… Mais on a pu terminer dans les temps et atteindre l’objectif qu’on s’était fixé, malgré le contexte« . S’il est un titre qui est « peut-être le plus représentatif de l’album, celui qui brasse le plus d’influences, ce serait Jackals. On y retrouve le riffing typique de la scène thrash, des influences plus mélodiques. C’est un morceau qui correspond bien à l’album« .  ça tombe bien, c’est le véritable premier morceau, celui qui suit une intro plus symphonique et qui lance la machine de guerre. une guerre qui trouve une pause avec un Exile plus clame et nuancé, ballon d’air frais au milieu d’une salve d’explosions sans merci. Death Decline est un groupe soudé dont la devise pourrait être celle des mousquetaire : « un pour tous, tous pour un! C’est un peu con, mais ça nous ressemble bien… » Avec The silent path, les amateurs de heavy direct et burné vont se prendre une vraie baffe, celle qui réveille et remet les neurones en place. Imparable!

DEATH AWAITS : Rapture smiles

France, Death (M&O, 2019)

Démarrant sur un discours qui fait un triste constat du monde actuel, Rapture smiles, paru au dernier trimestre 2019,dévoile rapidement son contenu: du death thrash avec quelques accents de chants black. Alors, si comme moi vous êtes hermétiques à ces genre brutaux et extrêmes, vous serez tentés de passer votre chemin. Mais, si comme moi, un soupçon de curiosité vous anime, alors faites fi de ce « chant » growlé et laissé vous porter par ces guitares incisives et directes, par cette rythmique rentre dedans et sans concession. Death awaits parvient à proposer un thrash moderne d’une brutale efficacité tout au long de ces 10 titres pas à la portée de tout le monde, reconnaissons-le mais qui apporte leur dose de head banging et de breakdowns. J’ai du mal à tout écouter d’une traite, mais profite d’une bonne rasade de brutalité avec intermittence. Les amateurs y trouveront certainement, eux, de quoi se rassasier. Et puis, aussi, attardons nous un peu sur cette pochette, ces chevaliers de l’apocalypse qui illustrent parfaitement le propos musical des Français.