Interview ORKHYS. Entretien avec Jean-Yves Châteaux (batterie) le 6 juin 2024.
Jean-Yves, la dernière fois que nous nous sommes vus, c’était pour votre concert au Dropkick d’Orléans. Depuis, vous avez publié Legends, votre nouvel album. Quels sont les premiers retours que vous avez eus ?
Il est sorti le 26 avril. Pour l’instant, les retours sont plutôt positifs. On a eu une chronique d’une personne qui n’a pas trouvé ça bien, il en faut aussi. D’ailleurs, c’est une chronique qu’on a partagée parce qu’on est preneurs de tout ce qui est constructif. Dans l’ensemble, ça a été bien perçu, il se vend plutôt bien. On essaie de le défendre sur scène et ça marche plutôt bien aussi (NdMP : depuis, deux dates ont été annulées indépendamment de la volonté du groupe). Le merch n’est pas encore fait – on n’a pas encore trouvé le graphisme qu’on souhaite, mais ça ne va pas tarder.
C’est un album qui s’appelle Legends et qui contient 9 titres. Quelles sont-elles, ces légendes et qu’est-ce qui vous a poussés à faire un album autour de ces légendes ?
Il y en a plusieurs… En fait, Brice (guitares) s’occupe des compositions et nous soumet les morceaux. Quand il nous les soumet, on les écoute plein de fois pour voir ce que ça nous inspire. Là, Laurène, notre chanteuse qui s’occupe des textes, a proposé ces thèmes-là. On a tous trouvé que ça collait bien à la musique et on a gardé toutes ces thématiques.
Laurène est allée chercher ces légendes pas toutes très connues où ?
Elle est bretonne d’origine, avec une culture celte assez forte, culture qu’on retrouve dans la plupart des morceaux, à part le Draugar qui lui vient de chez les vikings. Ce personnage viking, on le retrouve dans une grande série qu’on a vue il n’y a pas longtemps dans laquelle on parle des marcheurs blancs (NdMP : il s’agit bien sûr de Game of thrones)
Avez-vous changé votre façon de travailler sur cet album, notamment parce que vous avez accueilli un membre supplémentaire : Henri, second guitariste.
On n’a pas fondamentalement chané la façon de travailler. Le seul truc que la présence d’un nouveau guitariste, dans la préparation de l’enregistrement, il a fallu que les deux guitaristes se mettent d’accord entre eux pour savoir exactement qui fait quoi. Brice se sent beaucoup plus confortable sur de la rythmique et Henri se sent mieux en lead. Donc la façon de s’organiser est venue assez spontanément. A part ça, le mode de travail est resté le même : Brice se charge des compositions, chacun échange et propose de changer des choses lorsqu’il pense que c’est nécessaire, la chanteuse définit les thèmes et les textes, et ensuite, on met tout ça dans le même bol pour voir ce qui se passe quand on mélange tout ça. Au fil des petits arrangements, on va enregistrer pour proposer ce qui, on l’espère, va vous plaire.
Brice s’occupe de la grande majorité des compositions. Orkhys présente aussi la particularité d’avoir une harpe. Comment ces arrangements sont-ils envisagés ? Brice pense-t-il d’office aux passages de harpe, Laurène propose-t-elle de l’inclure à tel ou tel moment ou est-ce un travail de groupe ?
Brice s’occupe de 99% des compositions, et il inclut aussi la harpe quand il pense que ça sert le morceau. Il cherche à construire quelque chose et si dans un morceau il y a besoin de la harpe, il compose la ligne de harpe. Parfois, il propose des choses qui sont difficilement jouables à moins d’avoir douze bras et, à ce moment-là, il y a une refonte de ces passages pour que ça fonctionne. Le principe de composition c’est ça : il compose des morceaux, nous les soumets et nous, on fait des propositions de changement si on estime que c’est nécessaire ou techniquement impossible à jouer. On part de là pour voir comment on va structurer les textes et la structure de l’album.
A part l’arrivée de Henri, le second guitariste, il y a une autre différence avec le premier album : vous avez inclus un titre en français. Pourquoi ce choix ?
Laurène, quand on préparait ce morceau, elle a senti que, sur ce morceau, c’est le chant en français qu’il devait y avoir. Au niveau de la prononciation de la langue, de son rythme, de ses sonorités, c’est ce qui collait, ce qu’elle percevait. Et je trouve que sa perception était juste, ça fonctionne bien.
Vous avez testé en anglais ?
Non, parce qu’on sentait que ça ne s’y prêtait pas du tout.
Comment analyserais-tu l’évolution d’Orkhys entre vos deux albums ?
Je pense que nous avons progressé au niveau précision et de la maturité des compositions. On a plus facilement trouvé notre place, et notre rôle dans la structure. On a su tirer des enseignements de ce qu’on considérait être des petits travers, des petites erreurs sur le premier album. Ça n’est peut-être rien pour quelqu’un qui écoute l’album, mais nous, on se dit « ah, oui, il y a ce truc qu’on aurait pu faire comme ça. » Alors on a retravaillé tous ces éléments sur le nouvel album pour qu’on ne retrouve pas ces mêmes erreurs dans nos interprétations.
Ce qui a aussi permis une meilleure cohésion de groupe. Quel a été l’apport d’Henri ? Pour l’avoir vu sur scène, j’ai l’impression qu’il a une sacrée personnalité aussi !
(Rires) Ah, oui, oui ! Quand il est sur scène, il prend de la place ! Mais son jeu, qui vient surtout du death et du thrash, a permis de construire des riffs et des structures dans ces styles. Il y a un peu plus de passages black ou thrash qui n’étaient pas présents sur le disque précédent.
Le côté sombre se retrouve également sur les illustrations de vos pochettes très monochromes et sombres. J’imagine qu’il y a un choix artistique également ?
On était parti d’une page blanche… Brice avait gribouillé un arbre sur la gauche, un lac au milieu avec ce qui avait l’air de ressembler à une forme de cheval mais on n’était pas trop sûrs… On s’est dit qu’on n’allait pas mettre ça directement sur la pochette et on l’a confié à quelqu’un qui savait faire du dessin. Je pense que le résultat correspond à ce qu’on voulait : une pochette sur laquelle il y a plein de petits indices au sujet des légendes qu’on va raconter. 2Videmment, il y a les deux indices principaux au milieu de la pochette, c’est dur de les louper ! Mais il y en a d’autres sur les côtés. On avait même posté un truc sur Facebook où on disait que ceux qui trouverait tous les indices, on leur filait un disque. Personne n’a tout trouvé ! Il y a eu des personnes très proches… mais pas suffisamment.
C’est un album qui contient 9 titres. Si tu devais n’en retenir qu’un seul pour expliquer ce qu’est Orkhys aujourd’hui, ce serait lequel ?
Oh, la, la ! C’est très, très difficile…
C’est pas marrant de n’avoir que des questions faciles…
Ah… si, c’est mieux (rires) ! Je pense que je choisirai le dernier morceau, The infernal Kelpie, parce qu’il commence très gentiment, comme une ballade, et, tranquillement, il fini par s’énerver. Il y a de la harpe, quelques orchestrations, des parties plus énervées, un peu de black, un peu de thrash… C’est un mix relativement soft qui peut plaire à pas mal de monde. Et surtout, il y a dans ce morceau un des contrastes que je trouve vraiment trop bien : le chant est extrêmement doux, posé, calme, et quand on lit le texte, il n’y a que des horreurs (rires) !
On sait bien que, aujourd’hui, un groupe de rock, qui plus est de metal, en France vit très rarement de sa musique. Quelles sont vos autres activités, hors Orkhys ?
A part Laurène qui est prof de chant, prof de harpe et qui vit de la musique, tous les autres avons un job. Je fais le job extrêmement passionnant de responsable informatique. Ça fait maintenant 42 ans que j’use des claviers, et j’en ai un peu marre… Je réfèrerai faire de la musique à temps plein… Brice, lui, travaille pour une petite boutique qu’est la RATP en tant que, je crois, responsable de chantier. Henri, lui switche de job et je ne sais pas trop ce qu’il fait en ce moment, mais ça ne lui plait pas. Julien, notre bassiste est ingénieur dans une entreprise qui fabrique des machines qui servent à faire des prises de mesures.
Si tu devais maintenant penser à une devise pour Orkhys, ce serait quoi ?
Euh… « Libre quoiqu’il en coûte ». C’est d’ailleurs le thème du premier titre de l’album.
As-tu quelque chose à rajouter avant de terminer ?
Je vais dire ce que je dis souvent et que j’estime qu’on ne dit pas assez : je remercie tous les gens qui sont présents lors des concerts, qui achètent nos CD, du merch, qui parlent de nous… Sans eux, on ne serait pas là, et on leur doit le fait d’être là. Donc, oui, c’est normal de les remercier, ainsi que tous ceux qui, comme toi, prennent le temps d’échanger avec nous sur une journée comme aujourd’hui.
On prend aussi du temps sans doute parce qu’on apprécie aussi ce que vous faites…
Oui, mais ce n’est pas un dû, et ça ne coûte rien de dire « merci ».