SOEN live à Paris: Élysée Montmartre, le 15 octobre 2023 (avec Terra et Molybaron)

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Difficile choix qu’un concert parisien en ce 15 octobre, entre Larkin Poe à l’Olympia, Pain et Ensiferum à la Machine du Moulin Rouge et Soen à l’Elsée Montmartre… Ce sera Soen, d’autant plus que je découvre tardivement que les Suédois sont accompagnés sur cette tournée par Molybaron – que j’avais malheureusement ratés au Hellfest 2022 – et les Italiens de Terra que je découvre aujourd’hui.

Avec un tel choix, il n’est guère étonnant que l’Elysée Montmartre n’affiche pas complet ce soir -d’autant plus que, au delà des concerts, un certain quart de finale attire du monde… Et pourtant, l’affiche est aussi prometteuse que variée.

Terra live@Paris, Elysée Montmartre 15 oct 23

A 19h15, Terra investit la scène. Au centre, la batterie est entourée de deux toms devant lesquels son disposés des micros. Une intro atmosphérique accompagnent chacun des musicien qui se met en place puis le groupe attaque avec une intro frappée. Les peaux, rien que les peaux, donnent le ton: un univers tribal. Puis retentissent guitares et basse.

Terra live@Paris, Elysée Montmartre 15 oct 23

Le batteur est également le chanteur du groupe. Son chant m’évoque parfois Peter Gabriel mais il est parfois – souvent – presque faux. Dommage parce que la musique cherche l’originalité avec l’apport de flutes, djembé qui viennent compléter les autres percussions.

Terra live@Paris, Elysée Montmartre 15 oct 23

Terra propose donc une musique écolo, tribale avec quelques fulgurances heavy. Avant de conclure, le chanteur, tout sourire, lance un « Give me a scream for Molybaron! » que lui donne volontiers le public, suivi d’un « Give me a scream for Soen! » qui reçoit un écho plus grand encore. Le set se termine au rythme des percussions tribales qui reçoivent une ovation du public.

Terra live@Paris, Elysée Montmartre 15 oct 23

Quelques minutes suffisent pour changer le plateau. Molybaron semble ce soir très attendu par un public impatient. D’autant que, ce soir, le public parisien va faire connaissance avec Florian Soum qui remplace le démissionnaire Steve André qui avait pourtant participé aux tous débuts du groupe. Les plus assidus des fans savent déjà ce dont est capable Florian qui a enregistré Something ominious, le dernier album en date de Molybaron. Mais que donne-t-il scéniquement?

Molybaron live@Paris, Elysée Montmartre 15 oct 23

C’est simple… Dès son arrivée sur les planches, Molybaron prend le public à la gorge. Le nouveau venu s’impose avec force, allant chercher le public, le dominant du haut des plateformes en devant de scène. Gary Kelly, chanteur guitariste fondateur du groupe, est très en voix. Et il en veut. Et la rythmique n’est pas en reste: Sébastien de Saint-Angel fait ronfler sa basse et affiche une complicité de tous les instants avec Florian tandis que, derrière ses fûts, Camille Greneron martèle comme un diable avec une précision redoutable.

Molybaron live@Paris, Elysée Montmartre 15 oct 23

Le groupe est à l’unisson, Gary communiquant aisément avec le public, dans un français très limité au début précisant qu’il a atteint les limite de sa maitrise du français… Dommage pour quelqu’un qui réside dans le pays de Voltaire, mais le public le suit. Après Breakdown, par exemple, il précise « qu’il s’agit du 19ème concert de la tournée. Notre boulot principal, c’est de chauffer cette scène pour le mythique Soen. Est-ce que vous êtes chauds? Voici Lucifer! »

Molybaron live@Paris, Elysée Montmartre 15 oct 23

Le concert se termine avec Vampires, titre après lequel Gary remercie « Terra ainsi que les gars au son et aux lights », et Incognito, titre qui ne convient pas au stand de merch du groupe, les musiciens passant tout le concert de Soen à signer disques et CD et se faire prendre en photo avec les fans. Superbe concert d’un groupe qui doit franchir un nouveau cap!

Molybaron live@Paris, Elysée Montmartre 15 oct 23

La batterie de Martin Lopez est installée côté jardin – à gauche de la scène vue du public, donc – une estrade de l’autre côté avec de discrets claviers. Soen arrive sous une ovation du public et attaque son set avec Sincere. incontestablement, la scène de L’Élysée Montmartre convient mieux aux Suédois que celle de la Maroquinerie où le groupe est passé en septembre 2022. Ce soir, les musiciens sont à leur aise et offre un concert exemplaire de bout en bout.

Soen live@Paris, Elysée Montmartre 15 oct 23

Si Molybaron fut brut de décoffrage, Soen propose un concert d’une élégance et d’un raffinement sans pareil. Deux termes sans doute étonnants pour un groupe de metal mais qui sont particulièrement adapté sce soir. Joel Ekelhöf est vêtu d’une veste de smoking, se déplace avec douceur et tranquillité, tout en allant chercher le public, toujours avec sourire et bienveillance.

Soen live@Paris, Elysée Montmartre 15 oct 23

Il n’a pas à chercher bien loin puisque dès le second morceau, Martyrs, il incite le public à sauter avec lui. Puis la setlist se déroule sans temps mort ni accroc, faisant naturellement la part belle au dernier album en date, ravissant le millier de personnes présentes ce soir.

Soen live@Paris, Elysée Montmartre 15 oct 23

Non seulement la setlist est elle impeccable, mais également le light show, chaleureux et plein d’effets guerriers ou romantiques. Les chansons sont aussi joliment mises en lumière qu’en son, lui aussi excellent.

Joel communique facilement avec le public et apporte une précision après Unbreakable, nouveau titre déjà dans le coeur des fans qui le reprennent en chœur : « cette chanson vient d’être bannie en Iran. Alors, on sait qu’on fait quelque chose de bien. Liberté pour les femmes! » avant d’enchainer avec Deceiver. Ce n’est pas la seule fois que Joel intervient sur un sujet iranien, d’ailleurs puisqu’il dédie Illusion à Masha Amini, cette jeune étudiante assassinée par la police iranienne pour avoir « mal » porté le voile…

Soen live@Paris, Elysée Montmartre 15 oct 23

Modesty et Lotus viennent clore cette première partie du concert avant que Soen ne revienne pour le rappel. Ce dernier débute avec Antagonist suivi d’un titre choisi par le public. Le « vote » désigne Lunacy comme vainqueur de la soirée qui se conclue avec le pas si violent Violence.

Soen live@Paris, Elysée Montmartre 15 oct 23

Si Soen luttait contre la chaleur au Hellfest (cf. interview à venir), le groupe a ce soir, en salle, été exemplaire, simple et direct à la fois. Soen a offert un très beau concert à son public qui quitte l’Élysée Montmartre le sourire aux lèvres. Une très belle soirée, merci!

Soen live@Paris, Elysée Montmartre 15 oct 23

Merci à Olivier Garnier d’avoir rendu ce live report possible

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L’IRA DEL BACCANO: Cosmic evoked potentials

Italie, Doom/prog instrumental (Subsound rec., 2023)

Quelle découverte que ce L’Ira Del Baccano! Le quatuor italien nous régale avec ce nouvel album – qui semble être le troisième effort studio – Cosmic evoked potential. Composé de seulement 5 titres. certains seraient tentés d’appeler ça un Ep, mais avec quelques 40′ de musique, il s’agit en effet plus d’un album véritable. Quoiqu’il en soit, ce CD est une merveille d’instrumental progressif à laquelle la simple étiquette Doom ne rend pas justice. Il y a tant de pépites et de trouvailles musicales tout au long des 5 titres… Tout comme l’illustration de couverture – une œuvre signée Fabio Listrani qui évoque un univers dominé et observé par un Zeus qui ressemble étrangement à Rob Zombie… Débutant avec un The strange dream of my old sun, le groupe nous plonge dans son univers sonore à la fois spatial (Hawkwind et tout la vague psyché sont évoqués à plus d’une reprise) et heavy, se faisant ici puissant et là simplement envoûtant. On plonge dans cet univers sonore d’une remarquable et indiciblement attirante beauté sans pouvoir y opposer la moindre forme de résistance. On retrouve aussi des traces d’inspiration Pink Floydienne ainsi que d’autres plus proche de Dream Theater. La construction en plusieurs tableaux de chacun des titres fait que jamais l’auditeur ne se lasse, passant d’un univers sonore à un autre, d’une ambiance clame et feutrée à un décor de science fiction sans que L’ira Del Baccano ne se – nous – perde dans son propos. Une réussite de bout en bout et un coup de maitre instrumental pour un groupe qui mérite bien plus qu’une reconnaissance polie.

Interview SLEEPING ROMANCE

Interview SLEEPING ROMANCE : entretien avec Lina (chant) Propos recueillis par téléphone le 23 janvier 2023.

Metal Eyes : C’est la première fois que nous échangeons, et comme je découvre Sleeping Romance avec ce nouvel album, peux-tu me raconter l’histoire du groupe ?

LinaSleeping Romance est un groupe qui a été fondé en 2013 par Frederico. C’est un groupe italien à la base de metal symphonique, avec une touche de power metal. Deux albums sont sortis et en octobre nous avons publiés le troisième, We are all shadows qui cherche une autre identité musicale, un peu plus new metal. On est un groupe de 5 personnes, deux guitaristes, un bassiste, un batteur, et moi-même au chant depuis 2020.

Ton parcours avant de les rejoindre, c’était quoi ?

J’ai toujours chanté, mais avant j’étais avec un groupe parisien, en 2016. C’était plus un groupe de heavy mélodique, on n’avait pas de grandes ambitions, on jouait avant tout pour nous. Et un moment est arrivé où je me suis posée des questions, je me suis demandé si je n’allais pas approfondir tout ça, et c’est à ce moment que j’ai vu l’annonce qu’ils ont postée, après la séparation avec l’ancienne chanteuse. Jusque-là, tout se passe super bien. Je suis en contact avec eux depuis le premier confinement, on a annoncé que j’avais rejoint le groupe en novembre 2020, mais ça faisait déjà 6 mois qu’on travaillait ensemble. Et tout se passe vraiment bien, tout le monde participe, chacun a son rôle…

We are all shadows est sorti en octobre. Pourquoi n’en faire la promo que maintenant ?

On s’est dit qu’avec toutes les sorties qu’il y a en ce moment, on risquait d’être noyés sous la masse. On n’est pas un gros groupe. Donc on a préféré garder la promo pour le moment où on jouerait en France. Et comme on a des dates les 25, 27 et 28 février, à Nice, Lille et Paris, on a préféré axer la promo maintenant. A Nice, ce sera à l’Alterax, à Lille, la BratCave et à Paris, on sera à l’International. Des petites salles, mais comme ce sont nos premiers concerts en France, on préfère ne pas être trop ambitieux, on fait ça de manière conviviale. On a aussi un concert prévu aux Pays Bas, au Female Metal fest, le 30 avril. On a joué aux Pays bas en 2022, j’ai beaucoup aimé et j’ai hâte d’y retourner. On jouera aussi au festival 666 à Cercoux cet été. Là aussi un festival qui prend de l’ampleur. Et puis il y a un autre festival prévu, mais je n’ai pas encore le droit d’en parler…

Tu n’as pas le droit d’en parler, ok. C’est un festival en France ou ailleurs ?

En France.

Bon, ça nous donne déjà une indication même si on ne va pas tout miser sur un seul nom… Un concert de Sleeping Romance, ça donne quoi ?

Ouf ! On bouge tout le temps, c’est très explosif, il y a beaucoup de headbang. Les nouveaux morceaux prennent une tout autre ampleur en live et je pense vraiment que ça vaut le coup de venir voir ce que ça donne. Ce n’est pas un moment qui vient illustrer l’album, c’est plutôt un moment qui ajoute quelque chose aux morceaux.

Si tu devais décrire la musique de Sleeping Romance à quelqu’un qui ne vous connait pas du tout, que dirais-tu ?

Je dirais que c’est un Evanescence en plus moderne puisqu’il y a aussi, à certains endroits, du chant saturé, avec un peu moins de touches électro qu’Evanescence n’en a. C’est une sorte de mix entre le Evanescence d’avant et d’aujourd’hui en un peu plus saturé.

Il y a aussi des touches de Rammstein selon moi. Qu’en penses-tu ?

Alors… Rammstein n’est pas une influence que m’a citée Frederico, mais les groupes qui l’ont influencé ont, eux, une influence Rammstein. C’est probable qu’il y ait un lien, oui ! Architects, Katatonia, Leprous… Tout se rejoint.

Il y a aussi un peu d’Apocalyptica dans les constructions mélodiques…

Oui, c’est vrai. Maintenant, on a aussi du violoncelle, on a travaillé avec un quatuor à cordes, donc, oui, le lien est normal. Mais il y a tellement de choses dans notre musique. Quand on n’a que quelques minutes pour parler de nous, on préfère mettre l’accent sur ce qui nous réunit.

Vous faites des économies de temps, ok, mais aussi d’encre puisque vous avez décidé d’intituler vos chansons par l’acronyme de chacune d’elle (elle rit). En dehors de l’esprit prog, il y a une raison particulière à ce choix ?

C’est complètement l’esprit prog ! C’est parti d’une réflexion : à chaque fois qu’on parlait des titres entre nous, on ne les appelait jamais par leur nom complet, on n’utilisait que les initiales. Smoke and mirrors, on disait SAM… On a gardé cette habitude et on s’est dit que ce serait marrant de le mettre aussi sur la pochette de l’album. En plus, c’est vrai, ça fait un peu prog !

Si tu devais ne retenir qu’un seul titre de cet album pour présenter votre musique, lequel choisirais-tu ? Pas ton préféré, seulement le plus représentatif de l’esprit de Sleeping Romance.

Sans hésiter Smoke and mirrors. Parce que je pense que c’est le plus efficace et le plus complet de ce que l’on fait, il y a du prog, des passages un peu plus… vulnérables, d’autres plus agressifs, et il montre qu’on ne veut pas rester dans une structure figée. Pour moi, c’est le plus complet tout en restant efficace. Je trouve qu’il y a beaucoup de groupes de prog qui peuvent être difficiles à appréhender pour quelqu’un qui ne s’y connait pas, et ce titre permet cette accessibilité.

SI tu devais maintenant penser à une devise pour le groupe, pas un acronyme, s’il te plait, ce serait quoi ?

Je dirais simplement « surprise ! » Parce que, clairement, depuis que Federico a décidé d’aller dans cette nouvelle direction, il cherche à surprendre, à aller là où on ne l’attend pas. On a dit pendant longtemps sur les réseaux sociaux qu’on allait changer de direction, et les gens ont quand même été surpris quand on a sorti l’album ! Je pense même que les gens ne sont pas au bout de leurs surprises.

 

SLEEPING ROMANCE: We all are shadows

Italie, Metal progressif (Autoproduction, 2022)

Formé en 2013, les progueux italiens de Sleeping Romance nous ont proposé en fin d’année 2022 (octobre, je crois) We all are shadows, leur troisième album dont chaque titre est l’acronyme du nom de la chanson. Une intro narrée par la chanteuse Lina Victoria donne envie de se plonger dans le propos musical qui suit. L’influence d’Evanescence se fait sentir  dès SAM – Smoke And Mirrors – mais le groupe ne se contente pas que d’évidences. La suite mêle puissance et douceur, légèreté vocale et dynamisme musical. Un contrepied vocal est présent en arrière plan avec un chant guttural parfois discret et qui remonte en surface le temps d’une courte colère. Sleeping Romance lorgne ensuite vers les horizons tracés tant par Apocalyptica (la présence de cordes est souvent mise en avant) ou encore l’indus version Rammstein. La production est riche et généreuse mettant en avant chacun des instruments comme il se doit et si l’ensemble est bien foutu et très agréable à écouter, la personnalité de Sleeping Romance mériterait d’être plus encore explorée pour que le groupe se démarque vraiment de ses influences. Voilà toutefois un album que les amoureux de belles mélodies auront plaisir à découvrir.

EVENFLOW: Mediterraneo

Metal progressif, Italie (Autoproduction, 2022)

Les Italiens d’Evenflow n’en sont pas à leur coup d’essai puisque le groupe, formé à la fin des années 90 a déjà publié… 2 albums seulement, ainsi que quelques Ep. Est-ce suffisant pour parler d’une carrière? Certes non. Ils reviennent cette année avec un nouvel Ep au superbe artwork – on admire la pochette d’un certain Mickey avant de se plonger dans le contenu musical de ce Mediterraneo nous proposant 5 titres. Démarrant sur les chapeaux de roues avec un Ocean lies épique et symphonique, violent comme une tempête qui retouren bientôt au calme, le groupe étonne par le chant, mix masculin et féminin semble-t-il. Mais les crédits ne mentionne qu’un chanteur, ce qui, malgré un anglais difficilement compréhensible, force ici le respect. les titres sont variés, allant même jusqu’à des ambiances jazzy et cinématographiques (Leaves et ses cavalcades de piano) Cependant, si la prod est léchée et soignée, si les titres alternent entre douceur et fermeté, si les influences couvrent un panel allant des Who à Dream Theater en passant par Maiden, Evenflow proposent des structure souvent complexes, voire trop complexes. Et à trop vouloir épater, le quatuor noie son propos, et cela au risque de perdre son auditeur en chemin. Aller à l’essentiel et travailler l’anglais sont deux axes à explorer sérieusement avant de proposer un futur album.

Daniele MAZZA: Immortals

Italie, instrumental (Limb music, 2021)

Les amoureux de grandes épopées et d’heroic fantasy vont craquer avec ce « filmscore », cette œuvre épique de Daniele Mazza. Immortals, c’est le type de BOF qui n’en est pourtant pas une qui s’écoute comme une grande œuvre, avec plaisir et entrain. Tous les ingrédients sont réunis pour entrainer l’auditeur dans de grandes chevauchées et cavalcades terrestres, dans des fuites et batailles navales, le perdre au milieu des forges d’un village… Les aspects symphoniques rappellent à la fois Nightwish et (ses inspirations…) l’opéra. A ce titre, In the heart of the battle réunit tout ce qui fait une grande oeuvre: des tempi et ambiances variés, un partage judicieux du rôle de chaque instrument – ces soli et envolées de guitares ! – et la visualisation de décors qui vont de ma mythologie grecque à l’univers des supers heros de Marvel. Les 11 titres de cet album (plus deux bonus pour la version CD) qui constituent Immortals sont une totale réussite pour un album qui accompagnera nos jeux de plateaux lors de ces belles et longues soirées de fin d’année.

WONDERS: The fragments of wonder

Italie, Power metal (Limb music, 2021)

Wonders, c’est le nouveau projet des frangins Giorgio et Pietro Paolo Lunesu (ex EvenFlow), respectivement batteur et guitare,  et de l’ex-Firewind Bob Katsionis aux claviers, également producteur à ses heures. Le trio se lance en 2020 dans l’aventure du power metal, inspiré de ce que pouvait proposer Stratovarius dans ses anciens jours. Le résultat de leur premier album, The fragments of wonder (remarquez le singulier qui ne peut se confondre avec le nom pluriel de la formation), est un condensé de puissance et de mélodie au travers de 10 titres hauts en couleurs, aux tempi variés et accrocheurs. Pour atteindre ce résultat de haute volé, Wonders s’est adjoint les services du bassiste Luca Negro et du chanteur Marco Pastorani, tous deux issus de Temperance. Les envolées lyriques côtoient allègrement les rythmes martelés à coup de double grosse caisse sans que Wonders ne se perde dans de futiles démonstrations techniques. The fragments of wonder  est un album puissant qui entraîne son auditeur dans une variété mélodique irréprochable. Puissance et mélodie font de ce premier album une pépite d’efficacité.

DRAGONFORCE live à Paris (La Machine, le 11 février 2020)

DragonForce semble attendu en cette froide et pluvieuse soirée… La file qui s’étend devant l’entrée de la Machine du Moulin Rouge indique que les Anglais sont, malgré le départ du jovial et frenchie bassiste Fred Leclerc, parti chez Kreator (mais ça, qui ne le sait pas?), sur une pente ascendante. Le mystère reste cependant de savoir qui ouvre ce soir. Il y a en fait deux groupes, les Américains de Athanasia ainsi que les Italiens de Frozen Crown.

La difficulté de cette salle, pour les photographes mais aussi pour une grande partie du public, réside en sa configuration. C’est simple, si tu n’arrives pas suffisamment tôt, tu te retrouve en haut des marches et tu ne voies rien. Donc, on fonce pour s’installer sur les entresols d’où 1/ nous pouvons voir le show et 2/ nous pouvons obtenir quelques clichés*.

A 19h, l’hymne américain retentit totalement désaccordé mais reconnaissable entre mille. Puis Athanasia, dont le nom s’inscrit sur l’énorme écran de fond de scène, investit les lieux. Le trio de Los Angeles prend place de chaque côté de l’estrade . La formation pourrait évoquer une sorte de Venom avec ses tenues de cuir (souple) clouté. Pendant trente minute, le trio délivre un heavy classique au chant parfois presque black, à d’autres moments plus traditionnel, avec beaucoup d’envie mais pas toujours convainquant. Sans doute est-ce le résultat de trop peu d’espace, bien que le bassiste, Brandon Miller décide à plusieurs reprises de grimper sur l’estrade afin de taquiner le public, parfois rejoint par Caleb Bingham, le chanteur guitariste. Athanasia nous offre un set sympatique sans être extraordinaire d’un heavy grandement inspiré des 80’s.

*Dommage que ma carte mémoire m’ait joué des tours et rendu impossible de shooter ce groupe au look travaillé… Les techniciens s’affairent sur scène afin de, semble-t-il réparer la batterie. Temps pendant lequel Virginie devient ma nouvelle best friend forever lorsque, alors que je lui montre ma carte mémoire, plonge la main dans son sac afin de me tendre une carte SD vide qui va sauver le reste de ma soirée. Mille merci pour ce coup de main quelque peu inespéré.

Reste que Frozen Crown prend du retard et monte sur scène avec un bon quart d’heure de retard. Bien que disposant d’un double atout charme (la chanteuse Giada Etro et la guitariste Talia Bellazecca qui la détrône rapidement au niveau de la prestance), le groupe est serré sur cetet scène, mais saura utiliser tout l’espace autant que possible. Son Heavy très mélodique séduit rapidement une grande partie du public et, au regard du nombre de mains levées et de signes d’approbation divers, ce second groupe séduit bien plus que le trio qui a précédé. Formé en 2017, Frozen Crown, qui a déjà deux albums à son actif, est encore parfois mal à l’aise sur scène (Giada gagnerait à être plus détendue et naturelle) mais laisse entrevoir un bel avenir.

Un groupe à suivre, incontestablement. On saluera également la bienveillante attention de DragonForce qui permet à Frozen Crown de jouer, malgré son retard, l’intégralité de son set, grignotant ainsi sur l’horaire de la tête d’affiche.

Le changement de plateau se fait par conséquent bien plus rapidement que prévu. Coté jardin trône une immense tête de… ben oui, on ne va pas se la jouer « mystère et compagnie », une tête de dragon, tandis que la scène est entourée de chaque côté de gigantesques consoles de jeu vidéo, celles qu’on trouvait dans les bars à la fin des années 80 pour jouer à Donkey Kong, Pac Man et autres sources d’inspiration pour les maîtres de cérémonies, DragonForce.

Le fond de scène est doté d’un écran géant qui va diffuser tout au long du concert des images d’époques, des extraits de jeux et des pubs de consoles. Tron n’a qu’à bien se tenir, d’autant que ce soir, les Anglais, accompagnés de la bassiste Alicia Vigil (son intégration n’est pas encore officialisée, elle n’est là que le temps de la tournée, pour le moment) sont très en forme. Herman Li nous en parlera plus tard.

Dès Highway to Oblivion, premier des 5 extraits de Extreme power metal, le dernier album en date, il est clair que la bande est en joyeuse forme. Postés en haut des consoles géantes qui servent de plateformes, Sam Totman, toujours caché derrière ses lunettes et Herman Li dominent un public déjà en transe. D’ailleurs, pour mettre les choses au clair, ce premier titre est accompagné de jets de confettis et de fumées, artifices que l’on retrouvera tout au long du concert – ainsi que quelques feux de Bengale – comme pour dire « pas la peine d’attendre la fin pour faire la fête ».  La suite ne sera, comme toujours, que démonstration de facilité et d’agilité instrumentale, toujours au service d’une bonne humeur simplement contagieuse.

Les écrans diffusent nombre de jeux vidéo que les moins de 40 ans ne peuvent pas avoir physiquement connu, le groupe s’offre quelques pauses, intermèdes pendant lesquels sont projetées de vieilles pub Sega (« c’est plus fort que toi », vous vous souvenez? ») et autre propositions commerciales prônant telle console. Souvenirs souvenirs…

Alors que les musiciens s’offrent une nouvelle courte pause, Herman prend la parole, s’adressant au public dans un français impeccable. Il évoque le souvenir de Fred (« c’était plus marrant quand il était là, non? ») et rappelant que lui aussi a passé quelques années en région parisienne, à Clamart. Quelques minutes de détente avant que le gaillard demande si le public se souvient de tel et tel jeu. Et c’est au tour de Marc Hudson, le chanteur, de s’emparer d’une guitare le temps d’interpréter quelques airs tirés de jeux video.

Puis le moment délire… L’arrivée d’un joueur de banjo en bottes vertes, suivi des deux guitaristes de Frozen Crown après que Herman rappelle quel est le jeu n°1 en Allemagne… Et les voilà tous partis pour cette interprétation de Farming simulator… Bonne ambiance garantie! Un autre moment fun et mémorable.

Mémorable comme ce premier rappel, toujours dans l’esprit « trop sérieux s’abstenir ». Une reprise toute personnelle de My heart will go on, popularisé par Céline Dion, et suivi du classique Through the fire and flames. DragonForce a ce soir mis les petits plats dans les grands et clairement mérite de jouer dans des environnements plus vastes devant une foule plus importante. Quand on se proclame amuseur public et apporteur de joyeuse humeur, c’est mérité. Merci pour cette belle soirée!

Merci à Sabrina, Anne-Lyse et l’équipe de Veryshow 

 

 

 

Michael ROMEO: War of the worlds PT.1

Metal symphonique, USA (Mascot, 2018)

Le guitariste de Symphony X, quand il n’enregistre ou ne tourne pas avec son groupe – absent depuis quelques temps déjà – se fait des petits plaisirs. Généreusement, il les partage avec nous, et c’est fort bien ainsi! Car ce War of the worlds – pt.1 est une opetite merveille de mélodie et d’efficacité. Bien sûr, on retrouve les clichés cher au metal symphonique, et Michael Romeo ne se renie en rien. Au contraire, il explore des univers très cinématographiques au travers de ces 10 morceaux, rendant un hommage à peine voilé aux géants de l’illustration sonore du cinéma tels John Williams. Rien de surprenant ici, le titre de l’album étant piqué à La guerre des mondes, roman de SF de HG Wells, qui est un terrain parfaitement adapté aux délires musicaux de Romeo. Fear the unknown, F*cking robots, War machine, Oblivion, s’ils évoquent aussi la dextérité d’un Malmsteen ou rappelle le… Symphony X du début du siècle, se révèlent d’une puissance et d’un envoûtement imparables. Jamais trop brutal malgré la rapidité d’exécution, ce disque est la perle de ce début d’été. Reste que ce disque s’intitule « pt. 1 », et cela laisse sous entendre une suite prochaine. Pourvu que ce soit plus rapidement!