Festival du PAYS DE BIERE: Louis Bertignac, Manu Lanvin et Clara live

Ce 21 septembre, dernier jour de l’été, aura souri au Festival du Pays de Bière. Pour sa 18ème édition, c’est un soleil plus que radieux qui accueille bénévoles, spectateurs et musiciens et éclaire le stade de Perthes en Gâtinais (77). Il fait chaud, 29°, alors que la veille n’affichait que 22°, et que le lendemain, c’est une rechute doublée de pluie que la météo prévoit. Mais en ce samedi, tout est réuni pour transformer cette journée que les locaux connaissent bien en une vraie fête.

L’organisation sur le site est simple et efficace: tout un côté du stade est bordé de tentes dotées de tables et de chaises, rapidement prises d’assaut par une foule qui s’alimente et s’abreuve joyeusement. De l’autre côté, les tentes des partenaires du festival – qui en compte pas moins de 200! La scène est également remarquable: 140m², une hauteur qui ferait baver d’envie Joel O’Keefe, des éclairages prometteurs dont (attention! humour comique ravageur et déstabilisant à la MP) de superbes led… Bref, tout s’annonce pour le mieux.

Créé par Henri Quinton en 2002, et aujourd’hui organisé par l’association Les concerts du pays de Bière (pas de la bière, même si elle a bien coulé!), le festival vit encore grâce à la passion et à l’investissement d’une centaine de bénévoles. Certains prennent même des congés pour monter la scène! Backstage, c’est une petite brigade qui s’occupe de cuisiner les repas des musiciens et invités, de tenir le bar pour tout le monde; les accès aux parkings backstage sont filtrés par par une petite escouade joyeuse, accueillante et appliquée, d’élèves des métiers de la sécurité du Lycée Joliot-Curie de Dammarie les Lys. Au fil des ans, la scène a vu défiler tout ce que peut faire le rock ou moins rock: Yarol, Bijou, High Voltage (un tribute à AC/DC), Michel Jonasz, Chico & The Gypsies, Au Bonheur Des Dames, Jean-Luc Lahaye ou encore Gérard Lenorman. Certains sont venus plusieurs fois, comme Vigon ou, ce soir, Clara et Louis Bertignac. Ces deux là habitent ici… Et tout cela se fait, rappelons le, gratuitement. Alors pourquoi se priver? Il n’est par conséquent guère étonnant de voir environ 8.000 personnes présentes ce soir.

Jean-François Derec, l’humoriste rendu célèbre grâce à son personnage de Gérard Bouchard, est le maître de cérémonie. Il est le premier à fouler les planches pour honorer les Quinton avant de laisser la parole à Monsieur le Maire. Puis, JFD présente Clara, jeune chanteuse de RnB  qui s’inspire de ses idoles, parmi lesquelles, bien sûr, se trouve Aretha Franklin.

La jeune femme monte sur scène, seule. Pendant 45′, elle distille son RnB auquel le public, malgré quelques anti collés aux barrières qui critiquent sans pudeur, répond poliment. Personnellement, j’ai toujours eu des difficultés avec les chanteurs seuls sur scène, sans musicien pour les soutenir. Obligatoirement, il y a des bandes, ce qui fausse la donne. D’autant que la voix est ici doublée… Clara met du cœur, certes,  cependant, elle ne bouge pas assez, ne va pas suffisamment chercher le public, trop concentrée sur son chant. Je n’accroche pas, ne trouve pas assez de pêche, d’entrain pour m’étonner et me séduire. Le manque d’expérience, sans doute. Peut-être également un style pas assez rock au regard de e ce qui suit.

La batterie est déjà installée, et les techniciens s’affairent quelques minutes avant que Manu Lanvin ne monte sur scène. Sur l’écran de fond de scène, très judicieusement utilisé pour des animations, le public peut lire, sur un fond rouge flamboyant « Manu Lanvin and The Devil Blues – Grand Casino » Tout est dit: le bluesman français est ici pour jouer. Initialement prévu pour un set d’une heure quinze, le trio distille son rock blues avec un enthousiasme non feint dépassant largement le temps alloué. Sans que personne ne trouve rien à redire. Le public se délecte, au delà de l’énergie dégagée par le gaillard, des She’s da bom, Son of the blues et autres The devil does it right (ndMP: en tout cas, il le fait mieux que l’autre, en ce moment!)

L’homme au chapeau, qu’il retire au bout de trois titres, est très en forme. Les amateurs de décibels reconnaîtront une version retravaillée et, somme toute, assez douce de Highway to hell de je ne vous ferais pas l’insulte de dire qui, ainsi qu’une superbe reprise du Red House de Hendrix que le guitariste chanteur introduit en rappelant « qu’à une époque, il y avait de vrais musiciens. Avant la techno, avant la house, avant David Guetta ou Bob Sinclar, des gens écrivaient de la vraie musique ». Oui, et, heureusement, il y en a encore.  On a aussi droit à Wild wild west de Calvin Russell et un imparable Gloria, reprise d’un titre des Them plus tard mondialement popularisé par Patti Smith le tout enrobé d’une énergie entrainante et communicative, d’une ecomplicité et de partgae avec le public qui rend ce set chaleureux jusqu’à son terme. Manu Lanvin termine son concert, énergique en diable de bout en bout, avec son incontournable Je suis le diable avec la rage vocale digne d’un Johnny Haliday Superbe concert, prometteur pour la suite.

 

Backstage, des gendarmes s’amusent à se prendre en photo avec un Louis Bertignac menotté avant de lui demander des autographes. Devant, le public s’impatiente. Puis, enfin, une clameur s’élève alors que les musiciens prennent tranquillement place. Bertignac arrive et lance un Ça, c’est vraiment toi instantanément repris par le public. L’ex-Téléphone laisse faire, affichant un large sourire et se content d’accompagner à la guitare avant de lancer, à la fin du morceau un « Allez, c’est parti! » comme d’autres diraient « bon, ça c’est fait ».

Après Confidence de ma junior, premier de ses titres, il s’adresse au public avec humour, une constante dans la soirée, affirmant son plaisir d’être ici ce soir, chez lui. « D’habitude, on se parle dans la rue. Ce soir, vous me voyez au travail, ben oui, faut bien aussi! Vous entendez bien, c’est pas trop fort pour vous? Moi, dit-il en s’adressant à l’ingé son, je voudrais bien un peu moins entendre Nico (son multi instrumentiste)… Message personnel… ») Puis il continue avec le quasi interlude des Beatles I want to hold your hand, première d’une belle série de reprises que précède Bientôt les clônesCoquine, sa version en français du Cocaïne de JJ Cale, joyeusement reprise par le public, très participatif et totalement acquis à la cause Bertignac (on circule d’ailleurs difficilement sur le site), fait se dandiner la foule qui savoure les Ma guitare (VF de While my guitar gently weeps de George Harrisson) et Gimme shelter (chanté en anglais) des Stones, titre dont la fin se voit gratifiée d’un rideau de feux de Bengale. Après avoir annoncé sa surprise (« Je ne m’y attendais pas, ça surprend!), Bertignac lance « vous n’en avez pas assez des reprises? Allez, une dernière » avec Won’t get fooled again dont les quelques notes ont été mondialement immortalisée par une série télé.

Les musiciens sont au taquet – on ne regrettera que l’immobilisme du bassiste, cloué à sa place, ce qui est dommage pour un concert de rock – et Cendrillon, dans une version longue à la fin retravaillée offre le premier moment d’émotion. A la fin du morceau du fond du stade s’envole une lignée de lanternes qui, portées par le vent, filent vers la scène qu’elles survolent. Les yeux du public suivent ces petites flammes qui, avec le thème de Cendrillon m’évoque un hommage à autant d’âmes d’êtres chers et disparus. Ces lanternes continueront de s’envoler jusqu’à la presque fin du concert. « C’est vachement beau ces machins, ça me déconcentre »…

L’alternance de titres solo et de classiques de Téléphone (Vas-y guitare, New York avec toi, Un autre monde et je ne sais plus) se conclue avec l’invitation faite à Manu Lanvin de venir taper le boeuf pour le plus grand bonheur du public. Cette joyeuse jam précède le final Ces idées-là, qui met un terme à ce concert avec un peu de mélancolie et un rendez-vous: « Merci! On se voit demain matin au marché de Fontainebleau! »

Le public, ravi, quitte ensuite tranquillement le site. A la sortie de la commune, la maréchaussée fait son travail et m’offre mon premier éthylotest. Ma soirée trouve une conclusion avec un « C’est parfait, allez-y » libérateur et un retour la tête pleine de belles images que nous partageons tout le long du (long, long) chemin, persuadés que, l’an prochain, nous reviendrons. Surtout si l’organisatrice parvient à réaliser son rêve…

Merci à Véronique Loquet et à tous les membres de l’Association Les concerts du pays de Bière