Interview: TARAH WHO?

Tarah Who? au Hellfest 2024

Interview Tarah Who ? Entretien avec Tarah (chant), Nico (batterie), Ash (basse) et Vincent (claviers, percussions). Propos recueillis au Hellfest le 29 juin 2024.

Ça a donné quoi votre concert d’hier sur la Hell stage ?

T : C’était bien fun…

Même si un peu en retard ?

T : Mais, c’est pas nous !

A : Il y a eu un peu de retard sur la journée, mais c’était bien cool d’être présents sur la Hell stage, vraiment !

Une question pour toi, Tarah, puisque la dernière fois qu’on s’est rencontrés, ici-même, le groupe n’était pas du tout le même. Alors que s’est-il passé et comme as-tu déniché ces quatre musiciens ?

T : En fait, on était toutes les deux à Los Angeles et Coralie est rentrée en France. Moi, j’avais écrit un nouvel album, The collaboration project, et quand on a eu la tournée avec Life Of Agony, je cherchais déjà quelqu’un à la batterie. J’ai demandé à Ash s’il voulait tenir la basse, le sortir un peu de son projet personnel… Explique lui, Ash…

A : Ça fait des années que je connais Tarah, on bossait ensemble, on s’est rencontrés, sur d’autres projets il y a plus de dix ans, moi à la basse et elle à la batterie. On a tout de suite accroché et on a continué de jammer ensemble avec des projets qui ont plus ou moins abouti. On est restés en contact et, quand elle est repartie aux Etats-Unis, elle m’aproposé de venir aussi et c’est comme ça que j’ai intégré la première fois Tarah Who ? Mais à ce moment, j’avais aussi mon projet et elle a trouvé un autre bassiste à ce moment. Et Nico…

Ben… Nico va parler de lui alors… (rires)

N : Ce qui est drôle, c’est que Tarah et moi on a joué ensemble il y a une dizaine d’années, mais on s’est un peu perdus de vue. On s’est recroisés au Hellfest – c’est pour ça aussi que c’est un festival un peu particulier pour nous – elle jouait au Off il y a deux ans, et je faisais des verres avec Kraken, entre autre au VIP et on s’est recroisés à ce moment-là et on a gardé contact. Dans l’évolution de nos projets, on a pu recommencer à jouer ensemble.

Et toi, Vincent ?

V : On s’est rencontrés il y a un peu plus d’un an, Tarah et moi. On est partis en tournée ensemble en mars 2023. Je suis batteur à la base et ils avaient besoin d’un batteur, donc j’ai été sorti de mon groupe du jour au lendemain et j’ai eu 7 morceaux à apprendre en un week-end. On a répété 3 jours et on est partis en tournée pendant deux semaines. Après ça, j’avais du travail à la rentrée et je n’ai pas pu assurer la tournée avec Life Of Agony et Prong. C’est Nico qui a absolument assuré…

T : Et L7 aussi…

V : Aussi… Après, j’ai toujours voulu pouvoir jouer des synthés, et Tarah aime bien ma présence, mon humour douteux et je ne sais pas quoi d’autre… (Tarah confirme) et elle m’a proposé de rejoindre le groupe sur des sets un peu plus longs. Il y a eu une tournée à la fin du mois d’avril 2024 et je suis venu en support avec des claviers, des textures pour les morceaux. Une tournée qui s’est terminée assez magnifiquement par un plateau Tarah Who ? Patron et Alain Johannes au Petit Bain à Paris (NdMP : le 30 avril 2024) et maintenant… I’m around s’il y a besoin !

L’actualité c’est aussi un album à venir, The last chase, qui sort le 20 septembre. Tarah, comment analyserais-tu l’évolution musicale de Tarah Who ? entre The collaboration project et The last chase ?

T : The collaboration project, je l’ai beaucoup plus fait toute seule, Coco étant partie. Même quand delle était encore là, je travaillais beaucoup plus en amont les démos parce qu’elle était à côté. Je lui présentais ce que je voulais à la batterie, et quand on arrivait en studio, tout était déjà prêt. Là, on a tout fait à distance : je leur envoyais les démos, Vince ou Ash me renvoyaient leurs versions avec des idées qu’ils avaient eues en plus. Ensuite, on les jouait pour la première fois en studio. La patte d’Alain a beaucoup joué aussi, Alain Johannes. Après The collaboration project, je voulais travailler avec une productrice, et finalement, avec l’écriture, je me suis rendue compte que ce que je voulais c’était plus un style que je savais qu’Alain allait comprendre. Quand je l’ai contacté pour demander quand on allait pouvoir le faire, c’était trop loin – il était en tournée, nous, on avait des dates en Europe… Donc on a fait quelques jours là et là, à Lisbonne et Barcelone. Le courant passe vraiment entre nous, c’est très naturel. Il a tout de suite compris ce que je voulais faire et rester fidèle aux démos. J’avais suffisamment confiance en lui pour le laisser faire, et c’est vraiment un poids en moins pour moi. Sur The collaboration project, quand Coco est partie, j’ai dû me mettre à la guitare, batterie et la basse, et c’était trop. En plus, il fallait que je sorte l’album à une certaine date… Là, le fait d’avoir Vince et Ash m’a vraiment permis de me décharger.

C’est sans doute la plus grosse évolution, ce travail partagé…

T : Oui, complètement. Parce que je n’ai pas eu à m’occuper des basses, de la batterie. Alain, je savais que je n’avais pas besoin d’être là…

Je n’ai pas pu écouter l’album dans son intégralité, mais ce que j’ai entendu est à la fois très rock et très varié. Comment décririez-vous la musique de The last chase ?

T : J’écris toujours au ressenti, je n’ai pas d’intention au départ. Si ça sort punk ou grunge… Par exemple, il y a une chanson que j’avais plus écrite en pensant à la tournée qu’on va faire avec The Exploited parce que je ne veux pas jouer que des anciennes chansons, il faut qu’on soit un peu plus punks dans notre approche pour cette tournée. Finalement, ce qui est sorti, c’est un album beaucoup plus rock que punk… J’aime beaucoup la direction que ça a pris naturellement…

Vous rejoignez ce que dit Tarah ? Vous aviez connaissance de ce qu’elle faisait précédemment, j’imagine…

A : Oui, et comme le dit Tarah, on ne se soucie pas vraiment du genre qu’on fait. Ce qui est important, c’est ce qu’elle a envie de sortir comme émotion sur ses chansons, de se fier à ça. Si c’est du punk qui se transforme en grunge ou un autre style de rock… Moi, je dis qu’on fait du rock, du rock énervé et ça, ça englobe beaucoup de choses. Je préfère que les autres jugent du style.

T : De toute façon, à la base je ne me suis jamais sentie punk dans le sens où on ne fait pas du poum-tchack poum-tchack… On a été catégorisés punk juste parce que quand on nous voit live, c’est beaucoup plus vénère, mias ce qui est enregistré, pour moi, ça n’a jamais été punk UK…

Ce n’est pas non plus le premier mot qui me serait venu à l’esprit…

T : Pourtant, les reports de nos concerts, ce n’est que ça.

A : Je pense qu’il n’y a jamais une voloté de jouer un style en particulier quand tu fais de la musique. Effectivement, ça s’inscrit dans une veine rock, parfois grunge, parfois punk…

N : Et sur scène, il y a une énergie différente. Tarah, effectivement, s’entoure de gens qui ont des expériences différentes, et quand ça fonctionne bien, ça délivre une énergie au-delà d’un message ou de ce qu’il se passe sur scène. Je pense qu’il n’y a jamais une volonté de vouloir correspondre à tel style ou rentrer dans telle case.

En tous cas, pas en ce qui vous concerne. Pour certains, c’est une marque de fabrique…

A : Oui, mais dans notre cas… Nous, on fait de la musique, si ça doit partir dans un autre sens, on ne va pas se freiner sous prétexte que ce n’est pas ce qu’on voulait…

Justement, est-ce que vous avez eu chacun votre mot à dire dans le processus d’enregistrement et de finalisation de ce disque ? La matière brute, c’est toi, Tarah, qui la crée et l’envoie (elle confirme). Est-ce qu’ensuite, pour les arrangements ou différentes choses, vous dites « ça, ça ne va pas passer, on pourrait le faire comme ça » ?

T : Juste avant, je peux dire un truc ? S’ils sont là, ce n’est pas par hasard, c’est parce que j’aime leur personnalité en tant qu’humains, mais aussi, quand ils jouent, j’entends vraiment la différence. Ils sont là, pour une raison…

Ecoutez-bien, hein ! C’est là qu’on cite La Fontaine : Tout flatteur vit au dépend de celui qui l’écoute (rire général, l’un d’eux ajoutant « du coup, on l’écoute ! »)

A : maintenant, on la connait, on sait à quoi s’attendre. Il n’y a pas d’égo de musicien en mode « si j’enregistre, il faut que j’ai mes lignes et ce sera comme ça ». En revanche, elle propose des démos, on les écoute, on essaie de reproduire et si on a des idées par rapport à ça on lui présente. Ensuite, c’est elle qui nous dit « oui », « non », « ça c’est cool », « ca, on verra », « peut-être pas » ou d’autres un non catégorique. L’idée, c’est qu’on échange, qu’on puisse proposer des trucs mais en tant que musicien, sur la partie studio, enregistrement, on est là pour reproduire ce qu’elle veut et ce qu’elle entend. On propose, il y a un échange, mais on ne cherche pas à imposer parce qu’on pense que c’est mieux ou que…

Sur The last chase, si vous ne deviez retenir qu’un titre pour expliquer à quelqu’un ce qu’est Tara Who ?, ce serait lequel ?

T : Je dirai Safe zone, parce que c’est un message qui dit : « venez comme vous êtes et éclatez vous ». En fait, tous les messages de Tarah Who ? c’est plus ou moins pour expliquer qu’il faut arrêter de se cogner dessus, c’est débile…

A : Je suis d’accord, et c’est un titre qui représente bien la musique du groupe

V : j’aime bien Do you believe in Santa Claus parce qu’est c’est très fun. Mais c’est vrai que j’aime beaucoup Safe zone pour ce que ça veut dire… Live, Santa Claus va être très fun à jouer !

N : Je dirais aussi Safe zone, c’est un morceau très rock, avec des parties très énervées, mais au final, il y a des parties presque disco à la batterie, quelques éléments presque électroniques qu’il y avait déjà dans d’autres titres. Je pense que ça couvre très largement l’univers de Tarah Who ?

Avez-vous quelque chose à rajouter avant qu’on ne termine ?

A : Simplement, continuez à nous soutenir en venant nous voir en concert et en achetant nos albums. Dont The last chase