France, Metalcore (Autoproduction, 2022)
Nous avions déjà rencontré Insolvency en 2018 à la sortie de son premier album, Antagonism of the soul. Alors qu’est apparu en début d’année Illusional gates, le nouveau méfait des Troyens, Metal Eyes a pu s’entretenir avec Prosper, leur nouveau batteur qui a « trouvé le groupe complètement par hasard, sur annonce. Je suis allé voir ce qu’il font, et ça m’a beaucoup intéressé parce que je faisais déjà du metal ado. Je suis ensuite parti faire des études de musique pour voir d’autres styles, me diversifier et c’était un peu naturel pour moi de revenir au metal. J’ai intégré le groupe en 2020, en plein Covid. Le deuxième album était déjà écrit, également la batterie. je n’ai eu qu’à apprendre les parties en apportant quelques modifications, mettre ma patte. » Justement, comment lui, le dernier arrivé, analyses-t-il l’évolution de Insolvency entre ces deux albums? » Du fait que je me suis formé à d’autres choses que du metal, je crois avoir apporté une sorte de diversification dans mon jeu. Je peux sans doute apporter quelque chose de plus moderne, dans d’autres styles. J’ai fait du jazz pendant pas mal de temps ce qui m’apporte un regard différent sur le style metalcore qui est déjà, à la base, assez codé. On est tous des individualités qui écoutons des choses très différentes, et on apporte des choses différentes dans la musique du groupe. »
La musique de Insolvency, il est vrai, reste très brute, même si le double chant hurlé et clair apporte une sorte d’équilibre. Seul quelques touches de piano en intro tentent de cacher le mur de brutalité sans merci qui suit. « Je pense que cet album a vraiment évolué. Ce n’est pas du compliqué pour faire compliqué. Il a une variété de styles, de la brutalité comme tu le disais mais aussi un équilibre avec de la mélodie. C’est un disque à écouter dans sa totalité« .
De quoi traitent les paroles? Le titre fait-il référence à la crise sanitaire? « Non, même si on peut le penser, mais l’album était déjà écrit avant et les thèmes abordés l’auraient été, Covid ou pas. On a dû dealer avec cette période, pour aller en studio, nus retrouver. Les thèmes sont plus personnels que sur le premier album, plus liés aux expériences de chacun, à des déceptions professionnelles ou dans la vie personnelle. Illusional gates, ça représente un peu une utopie qu’on se ferait de certaines situations. » Plongeons nous donc directement dans les textes de Mirage et Afterlight, ça nous donnera une idée du contenu! (devinez: ce sont les deux instrumentaux)
Si musicalement le groupe a évolué, visuellement, on reste dans le même esprit bleuté et brumeux avec des ombres fantomatique. « C’est un artwork assez sobre, pour illustrer ce qu’on fait en musique. Le choix des couleurs dit qu’on n’est pas ultra sombres ! On parle de choses qui nous sont arrivées et que d’autres ont sans doute vécues. Et on leur dit que malgré tout, on continue, on est là et on avance. »
Deux invités sont au casting de cet album: Ryan, de Fit For A King, et CJ, de Thy Art Is Murder. Autant dire deux grosses voix qui viennent se mêler à celle du bassiste chanteur Pierre Challouet et de son compère guitariste et chanteur Valentin Gondouin. « Tout s’est fait à distance, on était vraiment dans la période Covid, CJ est Australien, Ryan Américain, donc c’était compliqué d’organiser une vrai rencontre. On a envoyé des pistes, des morceaux, on a même testé plusieurs morceaux avec chacun d’eux, mais on n’a pas eu de vrai échanges humains. On a eu quelques exigences, mais le plus important, c’est que le morceaux leur ont vraiment plu. Ils ont pu apporter leur patte, on a, même à distance, fait un travail commun. Et pour nous, c’est top d’avoir la participation de gens comme ça. Ca nous donne une légitimité, le reconnaissance de nos pairs, si je puis dire. »
Pour me convaincre d’écouter cet album, lequel Prosper considère-t-il comme le plus représentatif de l’identité d’Insolvency qui me convaincrait d’en écouter plus? « Alors, c’est pas mon préféré, mais je pense que c’est le morceau éponyme, Illusional gates qui représente bien toutes les palettes de l’album, musicalement et dans les paroles. »
Avant de nous quitter, quelle pourrait être la devise d’Insolvency? « Attends… Je dirai « Stay strong ». Parce que, comme je le disais, malgré tout ce qu’on peut vivre, on est toujours là, on maintient notre projet, de faire la meilleure musique possible; Et c’est un message qui peut s’adresser à tout le monde« .
Entretien avec Prosper (batteur), propos recueillis le 22 avril au téléphone