Interview: HELM

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Interview Helm. Entretien le 3 mars 2025 avec Boris (chant) et Fabien (basse)

Je découvre Helm avec votre Ep, Reflets irisés. Pour commencer, pouvez-vous me raconter l’histoire de Helm ?

B : Nous sommes 4 dans le groupe, Fabien et moi, ainsi que Théo à la guitare et Baptiste, le batteur. On s’est rencontré tous les quatre dans une association qui organise tous les ans des concerts pour les Resto du Cœur. C’est plus que des concerts, même, ce sont des spectacles puisqu’il y a 80 personnes sur scène. Au fil des années, on savait qu’on avait des références communes et on s’est demandé si, en plus du spectacle, on pouvait monter un groupe pour jouer de la musique plus proche de ce qu’on aime et moins « variété ». Le groupe est né en 2022.

Juste après la crise sanitaire.

B : C’est ça, après Covid. L’idée de base, en tout cas pour moi en tant que chanteur : je voulais proposer quelque chose qui se fait peu, c’est-à-dire du chant en français, penser les morceaux et le texte comme de la chanson française pure et dure. Mais une chanson française qui serait plus « extrême ». l’ADN du groupe c’est ce mix entre chanson française et metal, et la colonne vertébrale du style de metal qui nous parle, c’est du prog avec des incursions dans plein d’autres styles qu’on va s’approprier…

Vous êtes originaire d’où ?

B : On est Toulousains. Maintenant, 3 membres du groupe sont héraultais de naissance mais toulousains de cœur.

Le nom de Helm, vous l’avez choisi pourquoi ? De mon côté, ça évoque un peu un gouffre… Avec une musique plus lumineuse cependant.

B : Et ouais ! Un peu…

F : On n’a pas vécu la même histoire militaire que le gouffre de Helm… Pour nous, il y avait aussi la nécessité de trouver un nom qui ne soit pas à connotation française ou anglaise, de ne pas pouvoir directement « catégoriser » le groupe dans du français qui pourrait trop faire écho à « oh, c’est de la variétoche, j’y vais pas », mais pas que ce soit anglais pour ne pas se travestir. Helm, oui, on pense au gouffre, mais c’est court, plutôt accrocheur et ça correspondait à nos aspirations, c’est un nom qui rempli le cahier des charges. Et on trouve que ça nous correspond bien.

Vous venez de sortir un Ep. Il y a eu d’autres choses avant ?

B : C’est notre seconde sortie. Le premier Ep s’appelait Le passeur de corps qu’on a mis un an à préparer, on a tout fait avec nos petites mimines, le mix, le master, etc. Il est sorti en 2023. Le second, on a plus mis les soldats en ordre de bataille et on s’est entourés.

Comment analyseriez vous tous les deux l’évolution de Helm entre ces deux Ep ?

F : Comme Boris a dit, on a mis pas mal de temps à faire le premier. Les deux Ep avaient des objectifs différents : le premier, c’était de se découvrir, de découvrir la musique qu’on voulait faire ensemble. Le deuxième, on s’est dit qu’on avait encore des choses à proposer, on a des morceaux qui sont nés du live – trois morceaux sur cinq, je crois. Pourvoir écumer les scènes, pouvoir jouer, c’est une de nos aspirations principales. On a ajouté ce qu’il n’y avait pas sur ces bases de morceaux et qu’on voulait retrouver dessus. La différence d’approche, c’est au niveau de la manière de composer, qui a été plus dense, sur un temps beaucoup plus court. Humainement, on se connait mieux, on connaissait bien mieux nos rôles.

B : En plus, le second, en termes d’objectif… On a une approche particulière qu’on a voulu étirer au maximum. Je trouve que le second Ep va explorer d’autres choses, on voulait voir jusqu’où on pouvait aller pour atteindre des morceaux uniques, intéressant mais qui ne soient pas décousus.

Il y a 5 titres sur ce nouvel Ep, Reflets irisés. On trouve un peu de tout dans votre musique, du rock, du metal, du prog, des choses qui, pour moi, se rapprochent de la synth wave, de la chanson française aussi, surtout dans le phrasé des textes. Comment un groupe parvient-il à créer autant de diversité ? Vous avez une méthode particulière de composition, chacun participe ?

B : Les morceaux, on les écrit à deux, Baptiste et moi. Fabien et Théo interviennent en tant que « réactifs ». Ils vont réagir sur nos propositions et aiguiller le bateau, ou trancher lorsqu’on arrive à des points de désaccord. On compose beaucoup par « ping pong » : on écrit des morceaux entiers que l’on s’envoie, Baptiste et moi. Chacun le retravaille, l’amène dans une autre direction, et ce qui caractérise notre façon de faire c’est qu’on se pose toujours la question du rythme. Je ne parle pas du rythme de batterie, mais plutôt du flow. On essaie de regarder le morceau dans sa globalité et de déterminer quels sont les moments où on peu venir créer une fracture, une cassure. On joue beaucoup avec ça, ça nous fait plaisir, et souvent, lorsqu’on arrive sur un bridge, on se demande ce qu’on peu mettre comme bonbon qui va surprendre l’auditeur. C’est notre approche. Pourquoi on a autant de changement ? Parce qu’on essaie de visualiser la musique comme étant au service du texte. Nos textes sont assez narratifs donc on cherche, comme dans une BO de film, de souligner certains moments ou des émotions. Pour nous, le style musical est un outil pour souligner ça, on n’a pas peur de switcher radicalement.

Ça va en effet dans tous les sens mais de manière organisée. Quelles sont vos influences principales ?

B : Les miennes c’est Leprous, Maximum The Hormone, Poppy et, forcément, en tant que chanteur, du Starmania, Michel Berger, beaucoup de comédies musicales.

F : De mon côté, et je pense qu’on a tous cette influence en commun, il y a aussi Leprous, dans la manière d’orchestrer certaines parties. Ensuite, il y a du metal prog, du Haiken, du djent…

Si l’un et l’autre ne deviez retenir qu’un seul titre de cet Ep pour expliquer à quelqu’un qui ne vous connait pas ce qu’est l’esprit de Helm, ce serait lequel ?

F : Dans l’idée, je pense que Sacrés idoles peut être représentatif parce que c’est un des morceaux où l’on voit le plus ces cassures dont parlait Boris. Il y a une sorte de folie, il est assez naratif… C’est un bon résumé de ce que peut représenter Helm.

B : Moi, j’aurai dit Multiplier parce que c’est le premier single qu’on a sorti. Mais c’est pour les mêmes arguments que toi, Fabien. Ça marche pour les deux morceaux, mais Multiplier est un peu plus court, donc peut-être un peu plus abordable.

Pourquoi avoir choisi ce format d’Ep pour ces deux premières productions ?

B : Comme je le disais tout à l’heure, on a une formule un peu particulière, et comme le dirait Baptiste, un premier album, on n’en a qu’un seul. Et donc, il nous manquait un maillon avant d’attaquer le format album, on avait besoin de voir ce qu’était le pur jus de ce qu’on peut proposer pour aller vers un album qui sera surement plus… j’allais dire « cohérent », mais ce n’est pas le bon mo. Qui découlera plus d’une idée générale pour avoir une dizaine de morceaux qui feront un tout. Si tu prends Hotmailcore, c’est un morceau très rap – d’ailleurs c’est Fabien qui chante dessus. Ça nous faisait marrer, donc on l’a enregistré tel quel mais peut-être que sur un album on n’irait pas aussi loin… Je sais pas…

L’avantage de ce type de format c’est que vous pouvez, avec 5 titres, présenter une variété de visages, et lorsque l’album sortira, on sait aussi à quoi s’attendre…

B : C’est vrai. Ça nous permet aussi d’orienter vers ce que les gens auront préféré de l’Ep.

Quels sont les premiers retours de votre Ep ?

B : On en a eu quelques-uns et… On est un peu pris à notre propre piège : chacun a son titre préféré, ça dépend des goûts de chacun, mais ça ne m’aide pas à y voir plus clair… Tu en penses quoi, Fabien ?

F : Ce qu’on propose, du coup, est reçu de la même manière par le public. On a plusieurs choses à présenter, on a plusieurs directions qui nous animent et on se rend compte qu’il y a deux, voire trois morceaux différents qui sont les préférés. On n’a pas encore tiré les conclusions et je ne pense pas que ce soit trop grave s’il n’ya pas une direction précise qui se détache. On a le temps de faire vivre cet Ep, on saura tirer es conclusions par la suite.

Un groupe émergent ne vit pas encore de sa musique. Quels sont vos métiers dans vos autres vies à tous les quatre ?

F : On a trois ingénieurs et un développeur, Théo, le guitariste. On s’est rencontrés, on était encore étudiants. On a tous faits le même cursus, il y en a un qui est allé vers d’autres choses.

Pour terminer, quelle pourrait être la devise de Helm ?

B : euh… Ce serait une formule magique qui est dans le premier morceau : « si on pouvait se multiplier ». Pour nous, ce serait pas mal… Je sais pas si tu as mieux, Fabien ?

F : Mieux, là, non… Mais ce que tu dis, Boris, c’est aussi un peu le fil conducteur des thèmes abordés dans l’Ep.