Eddie Van Halen, guitariste de génie, vient de nous quitter. Puisque nous sommes encore privés de concerts, et que, c’est désormais certain, Van Halen ne sera plus jamais tête d’affiche où que ce soit, replongeons nous dans ce premier live du quatuor US. RIP, Eddie.
VAN HALEN – Live : right here, right now. (Warner, 1993)
6 octobre 2020, la nouvelle tombe : Eddie Van Halen vient de mourir. Nouvelle victime de ce cancer qu’on n’ose pas appeler autrement que « une longue maladie ». Il n’avait que 65 ans. Pour autant, l’héritage musical et guitaristique qu’il laisse derrière lui est immense. Mais il existe malheureusement peu de témoignages des performances live du quatuor. Après la scission d’avec Diamond Dave, le groupe se réinvente avec le Red Rocker (qui, visiblement, a mis ce dada coloré de côté), Sammy Hagar avec qui les 2 premiers albums – 5150 et OU812 – font sensation mais seulement pour un temps. Le suivant, For Unlawful Carnal Knowledge replace VH parmi les groupes les plus importants de son époque. Il est grand temps, sans doute, de proposer un live aux fans, chose aisée puisque Van Halen n’a de cesse de tourner. Ou presque… Pour l’occasion, le quatuor sillonne son pays de long en large. La tournée F.U.C.K. démarre le 16 août 1991 à Atlanta, en Géorgie, et s’étire jusqu’au 24 mai 1992 avec deux date à Mexico city, avant de reprendre, l’année suivante, juste après la sortie de ce Live : right here right now qui parait le 23 février 1993 et qui donne son nom à ce nouveau segment. Puisque le groupe a décidé de tourner en soutien à son album live, le public connait par avance la setlist, sans surprise véritable…C’est toutefois, pour Van Halen, une bonne occasion de se refaire un nom sur le vieux continent. C’est le 30 mars 1993 (après un concert de reprise au Whisky a Gogo de LA le 3 mars) que, sous le nom de Right here right now tour, Van Halen retourne en Europe pour une quinzaine de dates, démarrant à Munich, en Allemagne, et se terminant en Angleterre par un Wembley arena de Londres le 29 avril. Le groupe retrouve sa terre natale qu’il revisite jusqu’au 28 août 1993. Mais revenons en arrière, sur la première partie de cette tournée…En 1992, le quatuor fait une halte de deux jours à Fresno, en Californie, et investit le Selland arena les, 14 et 15 mai. Construite en 1966, et depuis agrandie, la salle est, pour un groupe de l’envergure de VH, de capacité moyenne puisqu’elle peut accueillir, dans sa configuration « concerts », 11.000 spectateurs. A l’extérieur, se trouve un studio mobile, le Westwood one manipulé par Biff Dawes. La salle est comble, le public, qu’on devine légèrement retravaillé au mixage, chaud. Et le groupe se donne autant que possible, principalement, c’est dommage, sur l’ère Hagar, le chanteur étant plus que mis en avant. Hell ! il y a même certains de ses morceaux (One way to rock et Give to live). De l’ère David Lee Roth ? Impossible de faire l’impasse sur Panama ou Jump, issus de 1984 ou de Ain’t talkin’ bout love et de la reprise des Kinks, You really got me, des débuts du groupe. Van Halen surprend également en jouant When it’s love, semblant de ballade aux quelques relents enjoués, en guise de troisième morceau… A peine on chauffe la foule qu’il faut ralentir le tempo ? Etonnant choix… Cependant, chacun des musiciens a droit à son moment, Eddie, naturellement, avec ses envolées sans pareil, joue les maîtres de cérémonies, même si l’on souhaiterait parfois un peu plus de risque, de pêche aussi. Son frère Alex est à la fête avec un solo de batterie tel que seul lui sait (savait) les concocter – d’ailleurs, pourquoi n’y a-t-il pas une seule photo correcte de lui dans le livret ? – et Michael Anthony nous offre un moment d’Ultra bass. Répartis sur deux CD (avec respectivement 13 et 11 titres), l’album a clairement été réarrangé, réorganisé. Les setlists qui circulent sur le net de ces deux soirées n’ont pas le même ordonnancement. Que penser, dès lors ? Que comme tant d’autres formations, Van Halen veut se montrer sous son meilleur jour, et cela, c’est le résultat du travail commun réalisé entre le groupe et son producteur Andy Johns (décédé en 2013), qui a notamment travaillé sur le F.U.C.K de VH ainsi qu’avec les Rolling Stones, Led Zeppelin, Chickenfoot (tiens, un autre projet de Sammy H.) et, chez nous, Trust. Bref, un CV long comme le bras mais voilà… Sans doute, certainement, pas assez axé sur la première période de Van Halen (DLR, donc) le disque peine à vraiment trouver son public. Pas que Sammy ne plaise pas, au contraire, il a même parfaitement su trouver sa place, mais il manque cette petite flamme qui transforme un concert en un moment mémorable et magique. Il reste un musicien sérieux, là où David Lee Roth, même en solo, a toujours laissé exploser plus qu’un brin de folie. Right here right now est certes un album plaisant qui se laisse facilement écouter mais, ne serait-ce la flamboyance de Monsieur Eddie, il ne se démarque guère d’autres productions. D’autant plus qu’en 1991 la concurrence est rude, et le deviendra plus encore, discographiquement, en 1993 : Metallica a sorti son Black album et, décidé à conquérir le monde, n’a aucune pitié pour les anciens. Van Halen, en 1992/1993 n’a simplement plus cette même aura séductrice qui a émaillé ses jeunes années. Eddie Van Halen fait simplement désormais parties des légendes, des fondateurs, des incontournables pour tout amateur de rock et, plus encore, pour tout musiciens. Son héritage est immense, rien de moins.