GONEZILLA: Aurore

France, Doom (Autoproduction, 2022)

Gonezilla a été formé à Lyon en 2011 et vient de sortir son second album, Aurore. Comme nous l’explique Julien, le guitariste fondateur du groupe, après avoir débuté en tant que « groupe de reprises, on s’est décidé à composer avec le line-up historique, dans un style non encore défini mais avec le chant en français, ce qui est un incontournable chez nous. Quand on a entamé la composition de ce second album, il y a eu un changement important de line-up avec l’arrivée de Karen, notre chanteuse qui vit sur Paris, et un nouveau batteur, également à Paris. » Aurore est en effet marqué par ce chant français dans un style désormais définit : « un univers plus doom, plus affirmé aussi. » Doom, le mot est lâché. Un doom à ne pas mettre dans les mains d’un dépressif tant l’ensemble est lent, lourd et sombre.  Il rit : « la notion de doom, en effet, ne s’applique pas forcément de la même manière à tout le monde… Il y a de la mélancolie, de la noirceur, mais ne va pas croire qu’on ne va jamais à la plage ! On aime ça, aussi ! L’univers doom peut être parfois caricaturé, même si ce qui le caractérise ce sont des univers sombres, des paroles mélancoliques, un tempo assez lent, mais, pour autant, on peut y trouver de l’énergie. On n’est pas là pour faire pleurer les gens mais pour partager quelque chose ». Comme souvent, le chant double apporte une forme de relief entre clarté et agressivité. Je reste étonné par la pochette, une représentation de Narcisse (une œuvre de John William Waterhouse datant de 1903) qui évoque la mélancolie de l’amour autocentré : « ce tableau colle aussi au thème de la mythologie grecque qui nous intéresse, ce rapport philosophique à l’homme, il y a un rapport entre l’analogie des textes et l’allégorie de notre condition même. Et comme tu le dis, ce double chant, on n’est pas les premiers à le faire, ce concept « la belle et la bête », mais on aime ça, on assume complètement ». Tant mieux, et heureusement que le groupe assume ce qu’il crée ! Si six années séparent Aurore de son prédécesseur, Chimères, Julien, malgré les années Covid, voit cette période comme un passage à une professionnalisation du groupe qui, de fait, devient une priorité dans la conception des morceaux, l’approche de la scène et des outils de communication. Des onze titres que comporte l’album, le guitariste estime que l’identité musicale est définie par « Les couleurs de la nuit – qui va de pair avec le dernier, Outre monde, une entrée et une sortie. Mais Les couleurs de la nuit a du contraste, des nappes de claviers, un peu de guitares lead. C’est ce qui représenterait le mieux ce que nous sommes aujourd’hui. Mais les références mythologiques sont omni présentes, même si on ne parle pas de Narcisse à proprement parler, on garde ce regard sur l’humain et la mythologie grecque ». Si l’ensemble de l’album est lourd, Aurore n’est pas facile d’accès. Il faut plusieurs écoutes pour se l’approprier – ou pas en fonction de son état d’esprit. Un album pour personnes averties, à ne pas mettre entre toutes les oreilles…

 

Propos de Julien (guitare) recueillis le 28 avril 2020 au téléphone