Interview: LAST TEMPTATION

Interview LAST TEMPTATION. Entretien avec Butcho (chant). Propos recueillis au pub King George à Paris le 10 septembre 2019

Alors que Peter Scheithauer est en train de faire un démo à la guitare pour un magazine spécialisé, je retrouve Butch Vukovic pour parler de ce nouveau projet à l’envergure internationale. Last Temptation pourrait être « the next big thing » en matière de heavy mélodique. Et quand des Américains viennent dégoter un chanteur français, c’est un signe…

 

Metal-Eyes : Ce n’est pas notre première rencontre, en revanche, c’est la première fois que tu vas me parler de Last Temptation. Question classique : comment s’est formé le groupe ?

Butcho : En fait, ça s’est formé, avec Peter et moi, il y a presque 10 ans. C’était une autre formation. A l’époque, j’étais avec Hellectrokuters et il m’avait contacté sur Facebook. Il voulait absolument un chanteur français. Il a regardé plein de vidéo, il en a vu 800, à la lettre H, il est tombé sur Hellectrokuters et il a fait « waow, je veux ce chanteur ! C’est qui ? » Il me contacte, à l’époque il ne connaissait pas Watcha – il était aux Etats Unis. Il me contacte sur Facebook, et à cette époque je lui dit non, parce que j’avais un autre deal qui arrivait avec Hellectrokuters.

 

Metal-Eyes : Qui était, pour rappel, un groupe typiquement hard rock 80’s comme tu aimes tant.

Butcho : Voilà, AC/DC, Motörhead… Je lui ai dit non. Il est revenu plusieurs fois à la charge, et le plan que je devais avoir ne s’est pas fait. Je lui ai demandé de m’envoyer ses morceaux, ce qu’il fait. Je trouve ça super bien, et le jour même, je lui ai enregistré les 3 morceaux. Il a adoré, et c’est parti comme ça. Mais ce n’était pas du tout cette formation de Last Temptation, c’était autre chose. Plus à la Mötley Crüe, des trucs comme ça, et pas du tout le même line-up. Le line-up actuel s’est mis en place il y a à peu près 3 ans. Ça a pris beaucoup de temps parce qu’il y avait des contrats avec les autres : Vinnie Appice qui était avec Last In Line, Bob Daisley, en Australie…

 

Metal-Eyes : Vous êtes tous les deux passionnés par le gros hard rock des années 80. Comment définirais-tu la musique de Last Temptation ?

Butcho : On n’a absolument rien inventé, c’est du hard rock old school des années 70/80, à la Black Sabbath, Ozzy, Dio… C’est du old school, tout simplement.

 

Metal-Eyes : Vous avez joué au Hellfest cette année. C’était ton premier, je crois ?

Butcho : Non, non : j’y ai joué il y a très longtemps, en 2007, avec un groupe de death metal, Scarve.

 

Metal-Eyes : Et ce n’était pas le même esprit qu’aujourd’hui, en 2007.

Butcho : Non, c’était pratiquement les débuts du Hellfest ! Après j’ai joué plusieurs fois avec Showtime, groupe de reprises, mais sur des scènes annexes. Ma première scène, mainstage, sans avoir sorti d’album… c’est juste… incroyable.

 

Metal-Eyes : C’est-à-dire ?

Butcho : Ben… Il y a plein de groupes qui rêveraient de jouer au Hellfest en Main, qui ont déjà plusieurs albums, et qui n’y arrivent pas. Nous, on arrive, sans album et on a réussi à dégoter la Mainstage.

 

Metal-Eyes : Justement, comment avez-vous réussi à dégoter cette place, comment ça s’est fait ?

Butcho : Alors… Il faut dire que Peter a le bras très long. Il connait beaucoup de monde, et un de ses meilleurs potes, c’est Gérard Drout. Qui a une petite partie du Hellfest.

 

Metal-Eyes : C’est donc du relationnel…

Butcho : Oui, et ça ne marche que comme ça. Soit tu connais des gens, soit tu as de l’argent. Je vais te donner mon cas, avec Helelctrokutters : on n’a ni argent, ni relation. Donc, évidemment…

 

Metal-Eyes : Message pour Ben Barbaud : si tu es intéressé, l’année prochaine, Hellectrokuters est dispo ! Quand tu es monté sur scène, tu as ressenti quoi ?

Butcho : Waow ! J’étais… Je me suis dis « c’est juste trop énorme » ; rien que la scène, elel est plus grande qu’un terrain de foot ! C’est énorme !

 

Metal-Eyes : En plus, maintenant, même a cette heure là, il y a du monde.

Butcho : Oui, il y avait du monde. Groupe inconnu, le public était à fond. On a même réussi à les faire chanter ! Super expérience, vraiment.

 

Metal-Eyes : Comment vous êtes-vous préparés pour un événement de cette envergure ?

Butcho : J’ai envie de te dire que c’est un concert. Que ce soit là où dans un plus petit club, c’est beaucoup de répèts. On n’a pas eu beaucoup de temps, là, on a juste eu une semaine avec tout le groupe en studio pour répéter. On ne se connaissait pas encore vraiment, on a vraiment travaillé.

 

Metal-Eyes : Ça veut dire que tu as pu rencontrer certaines de tes idoles des années 80…

Butcho : Oui… J’ai pu rencontrer Stet (Howland) qui joue de la batterie avec Lita Ford, Wasp, il est maintenant ave Metal Church, Steve (Unger, basse) qui est aussi dans Metal Church. Et sur l’album, il y a Bob Daisley, le légendaire Bob Daisley, Vinnie Appice à la batterie, James Lomenzo à la basse… Il y en a tellement, en fait !

 

Metal-Eyes : Revenons justement à cet album, très typé années 80 : que trouves-tu dans cette période que tu ne retrouves pas aujourd’hui ?

Butcho : Je sais pas… Tout se ressemble un peu, soit extrême, soit… J’ai l’impression d’écouter toujours la même chose, sans doute parce que je n’ai pas l’oreille assez aiguisée ppour ça. J’aime bien les trucs avec de la mélodie, du chant… J’ai de la chance, parce que Stet et Steve savent chanter. Ce sont de vrais chanteurs lead, et s’ils me remplacent, aucun problème. Les mecs, ils font des chœurs de malade !

 

Metal-Eyes : Comment avez-vous choisi le nom du groupe ? Pour moi, lorsque j’entends « Last Temptation », ça m’évoque le film de Scorcese, La dernière tentation du Christ.

Butcho : Non, il n’y a aucune connotation religieuse chez nous…

 

Metal-Eyes : La pochette y fait pourtant référence plus d’une fois…

Butcho : En fait, le nom a été trouvé par Peter. Toutes ces personnes qui se disent, avec regrets  « si j’avais su, j’aurais fait ça… Dans ma jeunesse, j’aurais dû faire ça… » En fait, nous, on décide de faire, de prendre des risques. On ne se pose pas de question, on y va. C’est un esprit beaucoup plus positif.

 

Metal-Eyes : Il y a quand même pas mal de références à la religion : le diable, le serpent qui pourrait être Seth, les éclairs dans les nuages qui évoquent la colère divine, le croissant de lune…

Butcho : Oui, mais c’est quoi, le diable, le serpent ? Ca évoque juste la tentation, oui, mais il n’y a aucun texte qui soit connoté religion. Je voulais juste quelque chose qui soit un peu mystique, parce que j’aime ces choses-là. Mais dans les textes, on parle beaucoup de remise en question, de ce qui est existentiel, savoir se battre jusqu’au bout. Ou, parfois, comme Bob Daisley m’a demandé, j’aborde une thématique : lui adore tout qui traite de conspiration, de manipulation des masses… En plus, je la trouve super esthétique, c’est le genre de pochette qui, pour moi, ne vieillira pas. Après, c’est juste l’interprétation de chacun.

 

Metal-Eyes : Et le symbole central, c’est quoi ?

Butcho : En fait, ce ne sont que des L et des T dans tous les sens… Tu peux tourner la roue, tu les trouveras toujours.

 

Metal-Eyes : Avec le signe de l’infini au centre. Autre chose : la dernière fois qu’on s’est vus, tu a fait preuve de beaucoup de naïveté au sujet d’un film, tu t’en souviens ?

Butcho : euh… peut-être… Rappelles-moi…

 

Metal-Eyes : La scène de Wembley, dans Bohemian Rhapsody.

Butcho : Oui ! Je reconfirme, j’ai adoré ce film ! Je l’ai revu, et pour moi, je suis sûr qu’ils ont reconstitué, le public est venu remplir Wembley, j’en suis sûr !

 

Metal-Eyes : Même époque, même réalisateur – en tout cas, il a participé à une partie de Bohemian rhapsody : as-tu vu Rocket man ?

Butcho : Oui, je l’ai vu. J’ai vraiment beaucoup aimé. J’adore l’acteur qui joue Elton John (Taron Egerton), il avait joué dans Kingsman. Mais le seul truc, c’est que j’ai du mal avec les comédies musicale, j’aime moins quand l’histoire est racontée en chantant. J’ai préféré Bohemian Rhapsody parce que l’histoire est racontée. Il y a les concerts, mais le reste est parlé. Jai aimé, mais moins que Bohemian rhapsody. J’adore Elton John, et j’ai découvert des choses. Je ne le connaissais qu’avec I’m still standing ou presque, le reste j’ai fait « waow ». Je redécouvre plein de choses ! Quand t’es jeune, tu n’écoutes qu’un type de chose, et avec l’âge, je m’ouvre beaucoup plus, je découvre, je redécouvre plein de choses. Je redécouvre des trucs que tout le monde connait sauf moi ! Je surprends certaines personnes… « Mais tu sors d’où, là ? Evidemment c’est un super chanteur Elton John ! » Oui, mais bon, je le connaissais pas !

 

Metal-Eyes : Un groupe de rock, c’est aussi la scène, alors quels sont vos projets ? Vous habitez sur des continents différents, logistiquement ce n’est pas évident ?

Butcho : Début octobre, on a une vingtaine de dates aux USA. On y retournera d’ailleurs en janvier et février. Entre les deux, il y aura l’Europe, avec plein de dates, en Allemagne, et un peu partout.

 

Metal-Eyes : Excité à l’idée de jouer aux USA ?

Butcho : Ben ouais, carrément ! En plus ce sera en tête d’affiche. Dans des petits clubs, comme le Whisky-a-gogo, on va à Las Vegas, aussi. En plus, il y a plein d’invités de prestiges qui viendront nous voir, donc ça va être incroyable.

 

Metal-Eyes : Je me souviens de ce que je voulais te demander : Peter voulait un chanteur français. Pour quelle raison, te l’a-t-il expliqué ?

Butcho : Oui, déjà il est Français, même s’il vit aux USA. Il ne voulait pas d’un chanteur déjà connoté, il voulait quelqu’un qui chante bien. Bob Daisley ne voulait pas de quelqu’un déjà connu, même s’il a plein de potes chanteurs. Ils voulaient quelqu’un avec de l’expérience mais pas connu, et Peter voulait que ce soit un Français. Et Bob Daisley a adoré ma voix, il a dit « c’est lui que je veux ! » Il m’a dit, il a dit à Peter : « Butcho me rappelle Ozzy jeune. Mais Ozzy qui chante juste » (rires).

 

Metal-Eyes : La comparaison est flatteuse !

Butcho : Oui, et ça fait d’autant plus plaisir que ça vient d’une personne qui a écrit la plupart des textes d’Ozzy. C’est une légende.