Interview: STRATAGEME

Interview STRATAGEME. Entretien le 5 avril 2025 avec Butcho (chant) et Gérard (basse)

Stratagème 2025

Butcho, tu es le « petit nouveau du groupe » puisque tu es le dernier arrivé. Qu’est-ce qui t’a amené à intégrer Stratagème ?

B : C’est eux qui m’ont contacté. Je n’avais plus de groupe, et je connaissais Stratagème de nom, mais je n’avais pas vraiment écouté ce qu’ils font. Je me suis un peu penché sur leur discographie et j’ai trouvé ça vraiment super. Je ne comprends pas comment j’ai pu passer à côté… Super solos de guitares, super mélodies… Je me suis dit « waow, je veux faire partie de ce groupe ! »

Stratagème a été formé en 1970, a une courte discographie, seulement trois albums dont le premier est sorti en 2013…

G : C’est ça, mais ce n’est pas tout à fait exact. Le groupe est né en 1970 mais pendant plusieurs années, on avait un chanteur de folk/variété. Au départ, j’étais chanteur de Stratagème, pas bassiste. On était deux chanteurs : il y avait Robert Belmonte, le chanteur d’Océan, et moi. Au bout d’un an, Robert a souhaité faire une autre carrière qu’avec Stratagème. Moi, j’ai rencontré une personne, Patrick Abrial, en 1975…

Un lien avec Thibault ?

G : Voilà. Avec lui, on a fait deux albums : Abrial Stratagème group, chez Sonopress, et un second, au château d’Hérouville, en 1979. Il y a eu un troisième album, avec Thibault Abrial à la guitare avant qu’il ne joue pour Halliday.

Ce n’était donc pas encore tout à fait Stratagème…

G : C’était Abrial Stratagème, pas tout à fait Stratagème, mais il avait une certaine notoriété et c’était normal qu’on mette son nom en avant. Le dernier album date de 1982, chez CBS.

Il y a un très long gap entre 19882 et votre retour au début des années 2010…

G : Oui. J’ai arrêté Stratagème parce que, en 1984/85, on avait de grosses conditions de travail avec CBS derrière nous. Grosse tournée avec tout ce qu’il fallait, mais finalement Patrick a souhaité arrêter. Donc, en 1985, j’ai mis Stratagème au repos, parce qu’il fallait bien gagner sa croûte. J’ai fait un autre métier en parallèle. J’ai repris la musique en 2007/2008. Entre 85 et 2008, il s’est passé pas loin de 25 ans, j’ai passé un brevet d’État de coach sportif. En 2008, l’ancien guitariste de Stratagème est venu me voir, me proposant de refaire Stratagème, « comme ça, pour se marrer ». Le problème, c’est que quand tu remets le doigt là-dedans… Lui n’a pas pu continuer pour des problèmes de santé, alors j’ai pris Philippe Kalfon comme guitariste, et avec lui on a un peu parcouru la France pendant onze années. On a arrêté juste avant le Covid. J’ai eu des problèmes de santé qui nous ont poussés à arrêter…

Butcho, tu es arrivé quand ?

B : Il y a un an et demi.

Comment est-ce que, l’un et l’autre, vous décrirez la musique de Stratagème à quelqu’un qui ne connait pas le groupe ?

B : Je dirai que c’est du hard rock classique, avec des mélodies, des guitares. On n’a rien inventé mais on le fait avec cœur. Je me mets toujours à la place des spectateurs qui viennent en concert : qu’est-ce qu’ils voudraient entendre et que chanter pour les faire chanter ? Le plus important, c’est de faire participer le public, et c’est ce qu’on fait !

G : Je rejoins ce qu’a dit Butcho… Ce qui est intéressant dans ce nouveau Stratagème, avec Butcho mais aussi avec les deux guitaristes qui sont beaucoup plus jeunes, c’est qu’ils amènent ce côté un peu moderne, metal dans une musique traditionnelle « hard rock années 80 ». L’avantage, aussi, c’est d’avoir une personne comme Butcho – je ne le dis pas parce qu’il est là – c’est quelqu’un qui échange beaucoup avec le public, le fait participer, et je trouve que c’est vraiment intéressant.

B : C’est ça, en fait… Quand je vois des groupes qui sont scène en mode stress, derrière leurs instruments ou qui se prennent un peu trop au sérieux, ça me fait rire parce que ce n’est que de la musique, c’est un partage. Je me sens privilégié de faire de la musique parce que la musique, ça appartient à tout le monde. Une fois qu’on a créé les morceaux, ils ne nous appartiennent plus, c’est à tout le monde. C’est pour ça que j’aime communiquer, qu’il y ait un véritable échange, et les gens le ressentent quand je suis sur scène… Je m’éclate vraiment, tout le monde s’éclate, je ne me prends pas au sérieux. Même à l’époque de mon ancien groupe, Watcha, je ne me suis jamais pris au sérieux, je me suis toujours amusé. Je ne me prends jamais au sérieux, ce n’est que de la musique. La musique, c’est de l’amour, du partage…

Ce soir, avec Stratagème sur scène, il faut s’attendre à quoi ?

B : Nous, on a fait des concerts dans des conditions vraiment difficile, avec très peu de gens mais on s’est vraiment amusés. Ça ne fait pas de différence, qu’il y ait une personne ou 10.000, c’est pareil, on se donne à fond, avec cœur, et on s’éclate ! On va pas faire la gueule pour les gens qui ne sont pas venus, on s’en fout, ils ne sont pas là !

G : Ce qui est paradoxal, c’est qu’on a fait en septembre le festival de Mennecy. On est passés en milieu d’après-midi, et Butcho, et Stratagème, s’est mis le public dans la poche, malgré la présence de groupes comme ADX.

ADX connait souvent un regain de jeunesse avec ses changements de line-up…

B : Oui, ils ne sont que deux d’origine, dans ADX, le chanteur et le batteur…

Le public metal peut être très exclusif, mais il est aussi très ouvert.

B : Très ouvert, et tu sais quoi, dans le dernier Ep, on a fait une reprise de Celebration de Kool and the Gang en version metal. On voyait tous ces mecs avec des t-shirts de death metal ou de thrash chanter Celebration avec le sourire en plus !

Ça ne marche pas toujours… on se souvient d’un certain Metallica reprenant L’aventurier d’Indochine, le public a chanté mais ce n’était pas ça…

B : Oui, maintenant Indochine n’a rien à prouver. Je voudrais bien avoir leur public, qui est le meilleur public au monde. Je suis allé les voir deux ou trois fois, le public est fidèle, ils sont toujours là, que ça aille bien ou mal, le public est là. Je dis au public d’Indochine : « Respect »… Vraiment. Après on peut critiquer Indochine…

Si on revenait à Stratagème, plutôt ? Parlons de votre discographie : L’avant dernier album est sorti en 2017, c’est ça ?

G : Alors, c’est un peu particulier. Oui… Non… En 2013, il y a eu notre album du retour, en 2018, Memories, comme le Covid est arrivé, il n’y a pas eu de promo sur cet album toujours avec Philippe Kalfon (note de MP : il doit y avoir une confusion sur les dates, la crise sanitaire ayant débuté en 2020…). Un troisième album est sorti, Never stop, avec le batteur d’origine de Stratagème, c’est lui qui avait créé Stratagème, Michel Laplanche, qui fait partie de FTF music et qui s’occupe un peu de Stratagème maintenant. Il m’avait dit que ce serait bien de sortir un dernier album, et avec mon ami Jean-Pierre Paulet, on avait déjà quelques titres de prêts. On lui a dit qu’on avait du matériel, tout ce qu’il faut, qu’on pouvait sortir un album et que ce n’est jamais fini. Moi, je voulais arrêter parce que, bon… Problèmes de santé, je tiens plus debout, je vois plus rien… Il y a des choses qui ne me convenaient pas : le batteur était trop vieux, le guitariste, ça n’allait pas, le chanteur habitait dans les Ardennes… C’était compliqué. Quand j’ai rencontré Pat Cazu, l’actuel batteur, il m’a dit connaitre un guitariste avec qui il avait joué pendant 10 ans, Marc de Lajoncquière. Il nous a présentés, et je suis tombé sur le cul. Il nous en a présenté un second, Sébastien, et pareil…C’est des pointures, un excellent niveau !

Et comment as-tu rencontré Butcho ?

G : Oh, Butcho, je l’ai rencontré plusieurs fois, on se croisait dans les concerts, on en a fait quelques-uns ensemble… Je le connaissais… Pas intimement, mais…

Après, intimement ou pas, ça vous regarde ! (rire général)

G : Ouais… Après, il est rentré dans Last Temptation, avec Farid Medjane – il faut savoir que j’ai joué deux ans avec Farid dans un groupe qui s’appelle TNT. Un jour, alors qu’ils étaient en tournée avec Scorpions, il m’appelle, ils étaient dans le car et il me dit que Butcho est avec lui. Il me l’a passé, on a discuté, et finalement… Je lui avais déjà proposé de rejoindre Stratagème, il ne pouvait pas et un jour, je le rappelle, je lui redemande et il me dit « oui, pourquoi pas, on essaye ». Tout arrive au bon moment.

Comment, en dehors de tous ces changements de line-up, est ce que l’un et l’autre vous analyseriez l’évolution de Stratagème entre ses deux derniers disques ?

B : En travaille sur le mini Lp, je voulais quand même qu’il y ait les racines des deux albums post Abrial. Qu’on garde l’esprit hard rock mais avec une touche moderne – tout le monde veut apporter son petit quelque chose dans les compositions. Chacun met sa patte, ca ne sera jamais comme « l’ancien » Stratagème, mais on en garde l’esprit.

G : On veut garder les racines de Stratagème, mais on a l’apport de ces deux guitaristes. L’un d’eux est fan de Megadeth, et, naturellement, ça change énormément de choses dans la couleur de notre musique. Le second est beaucoup plus bluesy. C’est un grand musicien, il est premier basson dans le plus grand orchestre philarmonique de Paris. Le hard rock, c’est son kiff ! Il amène ce côté très blues, très bizarre !

B : Je dirai qu’il apporte ses influences, très Guns ‘n’Roses, Myles Kennedy, ce genre de chose…

Butcho, toi, je t’ai toujours connu avec plein de projets, que ce soit Showtime, groupe de reprise des années 80, Last Temptation plus récemment et tout à l’heure, tu me parlais de ton groupe tribute à Scorpions. Il s’appelle comment ?

B : Il s’appelle Scorpians, avec un A.

Qu’a-t-il de particulier, ce groupe ?

B : On voulait faire un vrai tribute à l’américaine, avec les mêmes instruments, les mêmes fringues… On s’est vraiment fait cheir à faire les fringues nous-mêmes, mais on voulait vraiment restituer dans le détail la tournée de 1985. D’ailleurs, on reprend les mêmes structures que sur World Wide Live, on reprend jusqu’aux chorégraphies…

Même les pyramides humaines ?

B : Les pyramides et le reste, il y aura tout !

On a des chances de vous voir tourner un peu partout ?

B : Pour l’instant, non, pas partout. On cherche un bon booker, et la première date sera à Mazingarbe, dans le Nord, le 20 juin. Ce sera ne date test, la première de Scorpians. C’est vraiment pour le fun, on fait en sorte de le faire bien.

Comment avez-vous été invités à ce concert,ce soir ?

G : C’est quand FTF a publié la dernière video de Stratagème… Chris Danacker (président de l’asso Crick for Zik et organisateur du Crick Fest) l’a vue, il a appelé FTF et il leur a dit qu’il voulait absolument Stratagème pour cette édition. Tout simplement… J’avais entendu parler du festival, Sortilège, que je connais bien, avait fait salle comble l’année dernière. Je me suis dit que si Sortilège avait joué ici, ça devrait le faire. On a quelques projets avec Chris, j’apprécie beaucoup sa façon de travailler et de penser…