ORPHEUM BLACK et HYAENA live à Orléans – Blue Devils, le 10 octobre 2019

Le 31 mai 2018, à Saint Jean de Braye (45), j’assistais au dernier concert  de Wild Dawn qui jouait en tête d’affiche en lieu et place d’un No One Is Innocent se trouvant bien et à l’aise entre deux groupes. Depuis, quelques news sur Facebook d’un Romain offrant quelques démonstrations à la guitare, de retrouvailles avec Greg et d’autres musiciens dans le cadre d’un projet qui ne voit pas le jour.

Jusqu’à la naissance de cet Orpheum Black qui voit Greg (chant et guitare) et Romain (guitare) s’unir à Mélodie (chant et claviers), ex-No Sign Nothing (si je me souviens bien, elle tenait alors la guitare), qui avait croisé la route de Wild Dawn à quelques reprises. Ils sont rejoint par la section rythmique composée de l’ex bassiste de The Lunatiks, Gauthier, et du batteur Paskal. Ensemble, les 5 s’éloignent des influences ancestrales de chacun pour tenter de se forger une nouvelle identité sonore et visuelle.

Après une résidence à Blois, ce concert au Blue Devil’s d’Orléans est la première véritable représentation d’Orpheum Black en ses terres. Un test grandeur nature pour voir si le public répondra présent. Il semble bien que oui, car, en ce 10 octobre, hormis les familles de chacun, ce sont environ 150 spectateurs qui se retrouvent en ce temple du rock qu’est le Blue Devil’s. Si c’est le premier concert d’Orpheum Black dans cette salle, ce n’est pas la première fois que les musiciens jouent en ces lieux puisqu’ils y ont donnés plusieurs représentations à l’époque de l’Infrared.

A 21h, le groupe monte enfin sur scène. Adieu les chemise à carreaux qui faisait la particularité visuelle des bûcherons de Wild Dawn. Bonjour, cependant, la chemise noire ouverte sur un T-shirt blanc. Rien de tel que la sobriété. Seulement, au lieu de balancer directement un bon gros riff, le concert commence par un mauvais branchement… Montée de stress qui voit Greg, Romain, Mélo chercher d’où ça vient. Quelques minutes qui prennent fin. Le groupe se recentre et s’offre 50′ de plaisir avec un public présent et réceptif, qui se fait plus massif encore dès que résonnent les premières notes.

Dès ses premières notes, Romain se lâche. Habité par son jeu, il déploie une énergie sans pareille et maltraite sa guitare, tapant du pied, tournoyant, allant se coller à Mélodie, Greg, arpentant la (petite) scène de long en large. Le chant, ceux qui ont vu la première vidéo le savent, les autres le découvrent, est partagé entre la voix puissante de Greg et celle plus douce de Mélodie. Un choix qui permet d’offrir une plus large palette émotionnelle pour un rock qui se révèle rapidement plus progressif que purement hard.

D’ailleurs, Orpheum Black – c’est osé et courageux sur un premier concert, même si le répertoire n’est pas assez fourni pour ne proposer que du matériel original – offre au public une reprise de Untouchable d’Anathema. Pas le groupe le plus aisé à reprendre mais le toucher de Romain, léger et aérien, fait le job. Et si, au cours du concerts, quelques couacs et pains viennent perturber les musiciens, Greg a tôt fait de rappeler que c’est une première, rien de grave.

Et pour une première, Orpheum Black a su séduire son auditoire, démontrer être en capacité à sortir du carcan Wild Dawn (d’ailleurs Romain n’est pas descendu dans le public au cours de son solo comme il le faisait systématiquement naguère) et d’offrir un concert efficace et dynamique. Une affaire à suivre.

Le temps de changer le plateau, ce sont d’autres Orléanais qui investissent la scène. La tête d’affiche de ce soir a beau être plus ancienne (le groupe s’est formé en 2010), Hyaena semble attirer moins de monde que sa première partie. Bien que la salle se remplisse de nouveau dès les premiers accords et hurlements du chanteurs, on circule assez facilement dans la fosse.

Hyaena propose un metal hard core assez technique. Peut-on pour autant parler de hard core progressif? On pourrait, teinté de death, de hard core et autres styles extrêmes. Nathan, le bassiste qui évolue pieds nus, exhibe une belle 6 cordes. Il est le seul dont le look attire, avec le chauve batteur Christophe, les autres étant ce soir vêtus comme à la ville. Rien de visuellement marquant, donc. Les guitaristes sont très concentrés sur leur jeu, et le résultat s’en fait sentir: il y a un manque de partage, de complicité avec les gens présents. Un peu plus de spontanéité serait à ce stade bienvenue.

 

Vocalement, le style de Kevin, le nouveau chanteur, est extrême. Lui n’hésite pas à chercher le public, et s’adresse à ceux présents: « Vous êtes prêts pour la bagarre? Orléans, vous êtes prêts à retourner le Blue Devils? » Oui, mais la salle est-elle suffisamment remplie pour cela?

Je n’ai jamais, à quelques exceptions près, aimé le chant hurlé, grunté, le vocaux gutturaux. Le death n’est pas mon truc. Même si le groupe est présent pou présenter son nouvel album, Poison pen, je ne parviens pas à accrocher. Je remonte donc prendre l’air, constate que du monde s’abreuve au bar et en terrasse. Le connaisseurs et amateurs restent en bas, profitant de ce concert. Clairement, le public est ce soir venu découvrir Orpheum Black. Chose faite, il a déserté la salle au détriment de Hyeana. Un tel plateau, en semaine, se révèle à double tranchant. Tant mieux pour les uns, tant pis pour les autres…