EVE’S BITE: Blessed in hell

France, Heavy metal (M&O music, 2024)

Formé à Saint Etienne en 2014 par le guitariste chanteur Olivier Jourget, Eve’s Bite publie 2 Ep (Dive into the vice en 2015 et Holy waters en 2017) avant de voir sa section rythmique jeter l’éponge en 2018. Il faudra à Olivier de la patience, deux années de patience, avant de compléter sa formation aujourd’hui composée de Anthony Coniglio à la seconde guitare, Nicolas Matillon à la basse et Laurent Descours à la batterie. Deux années puis un covid… mais rien ne semble vouloir entamer la volonté du leader dont le groupe revient aujourd’hui avec un album complet, Blessed in hell. Amoureux du heavy 80’s, foncez! Car si les influences sont évidentes – au hasard, Iron Maiden, Judas Priest, Metallica, Megadeth, Motley Crue, Ratt, sans parler de Skid Row (ce chant à la Sebastian Bach qui manque cependant parfois d’un peu de précision mais quand même…), voire même l’influence d’un Existance de plus en plus en vue – elles sont parfaitement intégrées à un ensemble entrainant. Ce Blessed in hell monte en puissance, fait taper du pied et secouer la tête. Alors s’il y a quelques défauts (une ballade pas forcément nécessaire, un chant parfois mal maitrisé, des arrangements qui pourraient être mieux arrangés), si les Stéphanois ne réinventent rien, on se laisse facilement prendre au jeu de Eve’s Bite. C’est frais, ça déménage et on n’en demande pas plus. De l’envie et du plaisir.

Interview: MASS HYSTERIA

MASS HYSTERIA @L’astrolabe, Orléans, 1er fév 2024

Interview MASS HYSTERIA. Entretien avec Mouss (chant) et Fred Duquesne (guitare). Propos recueillis le 1er février 2024 à l’Astrolabe d’Orléans

Après avoir reçu un appel de l’attachée de presse du groupe m’annonçant que Mouss et Yann sont tous deux HS et préfèrent se reposer et me proposant de faire l’interview avec un autre membre du groupe, c’est finalement le chanteur de Mass Hysteria qui insiste pour cet échange. Il est finalement en forme, même s’il veut préserver sa voix pour cette date de reprise. Il n’en est pas moins bavard qu’à son habitude, et c’est tant mieux ! Et quand tu discutes avec Mouss, tu es certain qu’on va aborder des sujets variés, de la musique, à la politique. Engagé ? Non, si peu… Le recadrer, parfois ? Pour quoi faire ?

Mouss, vous donnez ce soir le premier concert de la seconde partie de la tournée Tenace. Tout d’abord, comment s’est déroulée cette première partie ?

Wouah ! C’était intense… En fait, avec cette tournée, on vit quelque chose qu’on n’a jamais vécu avant : des salles complètes tous les soirs… Il n’y a peut-être que 3 ou 4 dates qui ne le sont pas encore. C’est honteux de dire ça, presque : avant c’était le contraire, il y avait 3 date complètes sur 30 et on disait « waow ! C’est cool ! » (rires).  En 2023, toutes les dates étaient complètes. Première partie, excellente, complètement folle. Au-delà de ça, il y a l’énergie qui s’en dégage. Quand une date affiche complet, il y a les gens, le public qui dégage cette énergie, il y a une dimension supplémentaire, tu ajoutes une étincelle et tout peut s’embraser…

Justement, y a-t-il ce soir, parce que c’est la première date de l’année, un peu de pression ?

Non, en tout cas, pas moi. Je n’angoisse jamais avant un concert, que ce soit l’Astrolabe ou le Hellfest, je n’ai jamais de crampe d’estomac avant de monter sur scène. Jacques Brel, il vomissait de trac avant chaque concert… dans Mass Hysteria, il y en a quelques un qui ont le trac, pas jusqu’à vomir…

Mais j’imagine que c’est un trac sain…

Exactement. Moi, j’arrive à ne pas y penser, je n’anticipe rien, je rentre dans l’arène. Une fois que je suis sur le plongeoir, ben… je vais plonger !

Avez-vous apporté quelques modifications par rapport à la première partie de la tournée, dans la setlist, le jeu de lumières, de scène… ?

Oui, notre lighteux a apporté quelques modifications, il a changé le… comme on dit maintenant, le light design. Un tableau, comme ils appellent-ça. Il y a des créations pures pour certains morceaux. Et on a intégré deux nouveaux morceaux, qu’on a encore répétés là, il n’y a pas un quart d’heure. Deux morceaux de Tenace 2 : Le triomphe du réel et L’émotif impérieux. On les a rajoutés à notre setlist, c’est la première fois qu’on va les jouer ce soir.

Parmi les nouveaux titres de Tenace 1, y en a-t-il que vous avez décidé d’écarter parce que vous vous êtes rendu compte qu’ils ne fonctionnent pas aussi bien que ce que vous souhaitiez ?

J’ai une très mauvaise mémoire… Si Rapha était là, il te le dirait immédiatement, c’est lui qui se charge de la setlist. Mais oui, c’est arrivé qu’on se rende compte que sur ce titre ça prend moins, alors on l’écarte. Souvent, c’est un vieux morceau qu’on n’a pas joué depuis longtemps.

Je pensais plus aux nouveaux titres…

Sur les nouveaux titres ? Non. On a eu une appréhension pour Le grand réveil, parce que c’est très chanson française, un peu guinguette, accordéon. On avait un peu peur de la réaction du public, et en fait, non, c’est passé. Mais ça n’a pas pris tout de suite, cet esprit guinguette/metal/guinguette…

Mais ça apporte une variété qui permet de casser le rythme, aussi.

Exactement, c’est le plaisir dans la diversité. Mais ce morceau ne s’est pas imposé tout de suite. Il a mis un peu de temps avant de vraiment prendre.

On ne va pas revenir sur le choix de faire Tenace en deux parties, n sait que la première est plus sombre, la seconde plus lumineuse. Mais il y a un fait : cinq ans séparent Tenace de Maniac. Cinq années pendant lesquelles on a aussi eu deux années de crise sanitaire. Cette crise sanitaire, cette pause forcée, a-t-elle influencée la composition et l’écriture de Tenace ? Est-ce que ce temps qui nous a été « accordé » vous a permis d’améliorer vos compos ?

Les deux à la fois ! Ça m’a influencé, même galvanisé. Ça m’a influencé comme jamais depuis… je vais te dire : depuis 2005. J’avais voté « non » pour l’Europe, pour le traité de Maastricht. 2005 : 58% des Français disent « non ». Sarkozy, lui, dit « ben oui, en fait ». Mais… Ça va pas ou quoi ? On fait un référendum, c’est un vote, souverain… Il a craché dessus. Là, je n’ai plus cru à la politique. On appelle ça une apostasie, tu ne crois plus en la religion ou autre… J’étais un apostat, je ne crois plus du tout à la politique. Même les journaux que je lisais étaient « oui, bon d’accord… » Mais vous rigolez ou quoi ? J’avais 30 ans… La crise sanitaire a révélé encore plus que je n’imaginais à quel point les politiciens de cette Europe là – je parle de l’Europe parce que je m’en fous de Donald Trump, Poutine, Ping et les autres dictateurs. On nous dit de faire gaffe à ces dictateurs mais, avant, on peut parler de ton bilan avant de faire celui des autres ? il faut avoir le cul propre avant de vouloir torcher celui des autres, tu vois ce que je veux dire ? J’ai l’impression que cette Europe… Le bloc de l’Est s’est effondré avec le mur de Berlin, maintenant, j’ai l’impression qu’on a créé le bloc de l’Ouest, avec une Kommandantur – Bruxelles, c’est le parti… On ne peut même plus décider qui rentre en France, ou pas…

Pas que, on le voit aujourd’hui avec les agriculteurs…

Exactement, ils sont en train de tuer les agriculteurs comme ils ont tué le système hospitalier. Macron, depuis 10 ans, avec Hollande… faut pas oublier que Macron il bossait pour Rothchild avant… Il a fait des allers retours entre le privé et le public. Quand il était à Bercy, il a vendu la France en pièces détachées, Thalès aux Américains, Alsthom…

Maintenant, en quoi tout cela t’a-t-il influencé pendant les années de crise sanitaire ?

Je fais un petit flash-back : 2005, on s’est assis sur notre droit souverain de vote et de référendum. 2010, je fais L’armée des ombres. C’est toute l’époque 11 septembre, guerre en Irak – une guerre illégitime, il n’y a jamais eu d’armes de destruction massive. Il y a plus d’un million d’Irakien qui ont été tués… Toute cette clique qui est allée en Irak méritait d’être jugés par la Cour pénale internationale. On tue des hommes, des femmes et des enfants… C’est pas un match de foot avec des hooligans débiles qui se tapent dessus, là on parle de guerre et de mort. Il n’y a pas de mort légitime, quoi…

Sauf la mort naturelle…

Sauf… oui, exactement, merci de me reprendre ! Donc 2010, je dresse un constat assez noir avec L’armée des ombres. Je demande ce qu’ils veulent, nous mettre des puces sous la peau, des QR Code ? Jusqu’où vont-ils aller ? Après le 11 septembre, il y avait le Patriot act, on pouvait venir chez toi si on te soupçonnait de terrorisme… Pas besoin de mandat, tu peux te faire balancer par un connard et être emmerdé… C’était mortifère et stressant. Moi qui ne croyais plus à la politique, j’y croyais encore moins, encore moins les Américains. Je me disais qu’il fallait être en mode résistance, dissidence. Je suis contre la violence, contre le vandalisme, contre cramer des magasins, des banques, des poubelles, des voitures… Ça, pour moi c’est des débiles qui font ça. Vraiment, ces gens-là, je les déteste, c’est de la racaille, des sans cerveau. J’ai eu des problèmes avec ça, il y a des mecs qui sont venus me voir à la sortie d’un concert. Des « antifas »… Je les avais insultés au Hellfest – je crois que c’est dans le DVD – et les mecs il viennent m’emmerder : « ouais, t’as quoi contre les antifas ? » Quoi, les antifas ? Déjà, montre moi où est le fascisme, il est où Mussolini ? « Oui, Le Pen… » Mais arrête, Le Pen, c’est pas un fachiste, c’est une tête de mort, si tu veux, une tête de con, c’est un mec que t’aimes pas, d’accord, mais il n’est pas pour les chemises brunes, il n’a jamais dit vouloir pendre les gens sur la voie publique, place de la Concorde… Il ne pourrait pas faire ça ! Et s’il était fasciste, il n’aurait pas de parti, il n’aurait jamais eu le droit de se présenter, tu vois ce que je veux dire ?

On pourrait en parler pendant des heures…

Des heures ! bon, depuis 2010, ça boue dans ma tête, et là… arrive le covid. Tout le monde flippe, moi le premier. Mais d’où ça vient ? On ne sait pas, d’un laboratoire… On n’en sait rien. D’ailleurs, ils ne cherchent même plus… Normalement, tu cherches la souche, mais là, non… Après il y a eu toute ces mesures. Alors est-ce que le covid a eu une influence ? Oui, il a même rajouté une dimension supplémentaire à ce que je pensais depuis 2010. Et tout s’est articulé. Même si je ne sais pas si tout ça était voulu ou pas, il y a un putain de virus qui nous a fait chier et il y a eu des conséquences. On était tous en danger. Il y a eu des lois liberticides, mais en même temps, on ne savait rien… Ça a été fait dans l’urgence, d’accord. On ne pouvait pas faire des études pendant 6 mois ? Il y a toujours des volontaires pour faire ce genre de choses. Il y a toujours des gens prêts à subir des tests pour la science. Pas moi ! Ah, non, à moins qu’il y ait un groupe placebo et qu’on me dise que j’en fais partie. Mais ça ne marche pas si tu le sais ! Aujourd’hui, il y a des études qui ont été faites qui ont prouvé que la distanciation sociale ne servait à rien. Les Japonais ont fait une étude sur le port du masque : au bout de 4 heures, je ne te dis pas ce qu’ils ont trouvé dedans. Le masque, c’est pour les malades. Celui qui est en bonne santé, il veut porter un masque ? Pas de soucis !

Comme les Japonais, ils portent un masque pour protéger les autres…

Exactement. Maintenant, je comprends qu’on l’ai demandé dans l’urgence, mais il y a des décisions aberrantes… rappelle-toi, à un moment, tu pouvais aller boire un verre au bar. Mais « si vous buvez debout, c’est bon, mais pas assis ». Donc, si tu es un nain, tu ne peux pas aller dans les bars… Je ne connais pas les solutions, mais je demande juste qu’on nous donne des faits.

En tous cas, cette période a impacté ton état d’esprit, ta façon d’écrire, et le résultat c’est en partie Tenace.

Ça m’a rendu fou, oui ! Tenace, ça signifie « toujours là, toujours debout », et encore plus résigné à résister. Le covid m’a amené à cette réflexion : on était à l’apogée de ce qu’on peut appeler « l’état profond », cette espèce de main invisible qui gouverne et qui place ses pions. C’est pas un mal d’avoir de l’argent et de vouloir placer les gens qu’on apprécie à certains postes. Macron, Schiappa et tous ceux-là font partie d’un club qui s’appelle Young Global Leaders, les jeunes leaders du monde. En Angleterre, partout dans le monde il y en a. C’est une élite choisie par qui ? Par le forum économique mondial.

Stop ! Pause, sinon on est là jusqu’à la fin du concert ! Et j’ai d’autres questions…

Oui, tu as raison ! Mais allez faire des recherches sur ce forum et ce « club ». Ils ont dit, écoute-moi bien « en 2030, vous ne posséderez plus rien et vous serez heureux ». En fait, ce qu’ils veulent, c’est que tu sois locataire à vie de tout ce que tu as. Voiture, maison…

Revenons à Mass Hysteria. Le groupe est assez stable depuis quelques années, depuis l’arrivée de Jamie. Comment analyserais-tu l’évolution du groupe entre vos deux derniers albums, Maniac et Tenace ?

Alors… Avec l’arrivée de Jamie à la basse il y a plus de 5 ans et celle de Fred il y a bientôt dix ans… Là, c’est notre dixième album. Au huitième, Matière noire, je pensais arrêter. Je venais de perdre mes parents, c’était le huitième album, pour moi le 8 c’est le signe de l’infini. Je me disais que, symboliquement, il pouvait se passer quelque chose, on a un disque d’or – on est les seuls à en avoir reçu un dans ce style de musique en France avec Trust et No One, je crois. Donc, Matière noire, c’était en… 2012 ? 2014 ?

Non, c’était en 2015… Il y a L’enfer des dieux, titre tristement prémonitoire…

Oui, merci… C’est vrai, il y a des repères mnémotechniques en plus ! Sur cet album, Jamie venait d’arriver, et je dis à Yann, avant le début de la tournée, que je pense que c’est ma dernière. Je sortais d’une période pas facile, j’avais plus mes parents, et je lui dis que c’était peut-être la fin de quelque chose, que je devais peut-être passer à autre chose… C’est une aventure de 20 ans, quand même, ça se réfléchit… Yann me dit « OK, je respecte, pas de soucis… » et tous les week ends, il me pose la question : « alors, tu es sûr, tu arrêtes ? » Oui, oui. Et puis, ça s’est emballé, il y a eu une espèce de truc avec cet album, les salles ont commencé à plus se remplir, c’était le début de ce qu’on connait aujourd’hui… Là, je me suis dit qu’il y avait peut-être un signe… Je suis dans un esprit un peu dissidence, tu sais.

Non, c’est vrai ?

(Rires) oui ! Et donc je me suis dit que ma place était peut-être toujours là. Yann vient me voir au bout de trois ou quatre mois et me demande « alors, tu en es où ? Tu arrêtes toujours ? » Ah, ta gueule, me fais pas chier ! (Rires) Ben non, j’arrête pas ! Là, je planais, j’étais sur un tapis volant, à 30 cm du sol ! J’avais besoin de ça, j’avais perdu mes parents – je n’en parle jamais, ça fait bizarre…

Tu en parles parce que ça explique un état d’esprit, tu vivais quelque chose de difficile, tu avais besoin de remettre les compteurs à zéro, ce qu’il s’est passé…

Grâce au public, et grâce à mon groupe, oui. J’étais porté par le public et mes gars. Dans ma tête, j’avais trouvé mon envie. Je ne veux pas faire de psychologie de bazar, mais quelque part j’avais perdu mes parents et je les ai retrouvés : le public, c’est mon père, le groupe ma mère. Je me suis demandé pourquoi j’avais pensé un jour arrêter. Qu’est-ce qui m’est passé par la tête ?

En fait, la plus grande évolution, c’est plus entre Matière noire et Maniac qu’entre Maniac et Tenace ?

Ouais, absolument !

Entre ces deux derniers, il y a plus une sorte de stabilité, de continuum qu’il n’avait pas sur les albums précédents.

Voilà, c’est ça !

Si tu devais aujourd’hui ne retenir qu’un seul titre des deux volets de Tenace pour expliquer à quelqu’un qui ne vous connais pas ce qu’est Mass Hysteria aujourd’hui, lequel serait-ce ?

De Tenace ? un seul titre ? C’est dur, parce qu’il y a un titre qui nous représente au niveau de l’état d’esprit mais pas forcément au niveau musical : L’art des tranchées. J’explique ce qu’on est, ce que le public metal est. « On ne connait pas l’art, l’art ne nous connait pas ». Le metal n’a pas besoin de télé, de radio, ça n’empêche qu’en France, il y a un des plus gros festivals de metal. Dans les années 90, il y avait encore du metal à la télé, plus maintenant. Pour moi, L’art des tranchées, c’est un des morceaux qui nous représente le plus. Et en plus le titre, c’est aussi l’histoire du metal, qui a avancé pas à pas et creusé son sillon… Metallica a fait beaucoup, c’est un peu les Beatles du metal…

Les Beatles avaient leur album blanc, Metallica (il termine avec moi)…

Leur album noir ! Absolument, merci !

Mass Hysteria est aujourd’hui l’un des plus importants groupes en France. L’industrie musicale est en crise depuis quelques années. Est-ce que ça a eu un impact sur le financement de Tenace ? Est-ce que, comme ce fut le cas il y a encore peu, vous avez un label, Verycords, qui a financé l’enregistrement ou avez-vous dû mettre vos deniers pour cet enregistrement ?

Non. On aurait aimé s’autoproduire, financièrement, on ne l’a jamais fait. Mais on a la chance d’avoir un label qui nous finance. Pas avec des budgets pharaoniques, mais assez confortables. On est entré chez Verycords en 2010 pour L’armée des ombres, album qui a rencontré un certain succès. Ils étaient contents, on a resigné pour un autre album, Matière noire qui a très bien marché, et on a continué. On a un rapport de confiance avec eux depuis cinq albums, même si on n’a pas un budget illimité non plus, il y a une vraie symbiose. Je reviens à ta question de savoir en quoi le covid a influencé Tenace: on a eu plus de temps pour réaliser cet album, d’où les 14 titres. Si on n’avait eu moins de temps, on n’aurait pu enregistrer que 10 morceaux. On a eu plus de temps, et grâce à notre label, on n’a pas eu à s’autofinancer. On gagnerait plus d’argent, en s’autofinançant. Soyons clairs : moins il y a d’intermédiaires, plus il y a de bénéfice. Mais on n’est pas assez bons pour épargner (je ris). C’est vrai, c’est un cauchemar ! Par exemple, le cachet du Hellfest, la dernière fois – en 2019 – on a tout mis dans le show du Hellfest : la vidéo, la pyrotechnie, on avait une équipe de 24 personnes alors qu’en tournée, on est 12. On jouait une heure, on avait 24 techniciens, ça nous a coûté un bras, des dizaines de milliers d’euros. Au lieu de faire un peu moins, de garder un peu de bénéfice, on a tout claqué !

Aujourd’hui, Mass Hysteria a une position enviable, voire enviée, alors est-ce que vous vivez de votre musique ou avez-vous des activités complémentaires annexes. Je sais que Yann a une activité sportive, mais les autres ?

Oui, Yann est coach sportif. Il n’y a que Rapha, le batteur, et moi, qui n’avons pas d’activité annexe. Je suis avec ma femme depuis 30 ans et je pense que si j’étais seul, je serai obligé d’avoir un taf à côté. Grace à elle, je n’en ai pas besoin. On vit raisonnablement. On vit bien avec Mass Hysteria, mais pas assez bien pour vivre à Paris. Si on n’avait pas 2 salaires, on ne pourrait pas vivre à Paris. En plus, la qualité de vie… Je suis Breton, et j’ai envie de rentrer en Bretagne. On est en train de faire les démarches, ça va nous prendre deux, trois ans… Mais oui, on vit de notre musique mais certains ont des activités annexes parce qu’on ne gagne pas assez pour vivre à Paris.

Fred est aussi producteur, très actif dans son domaine. Que fait Jamie ?

Je ne sais pas si j’ai le droit de le dire mais il est technicien à la télé. Pour la Star Ac’, The Voice, par exemple. C’est lui qui se charge d’installer le matos, batterie, guitare…

Le chanteur de Disconnected a aussi d’autres activités de chant hors metal, il est prof et interviens, je crois, dans des comédies musicales plus pop…

Ah ouais ? C’est cool !

Est-ce qu’on parle du 29 juin ?

(longue pause)…Le 29 juin ?

Oui, le 29 juin 2024, Mass Hysteria sera de retour au Hellfest et va jouer avant Metallica. Je dis bien avant, vous serez sur la même scène, Main 1, et pas intermédiaire sur la Main 2… Comment se prépare-t-on à jouer en « ouverture » de Metallica ?

Alors, déjà qu’on s’était mis une pile sur le Hellfest 2019, là on a un cachet confortable donc on va faire pareil. On ne peut pas faire moins, en plus, on va jouer plus longtemps. On est en train de réfléchir à la scénographie.

A ce moment Fred arrive dans la pièce. Je l’invite à nous rejoindre

La question que je posais à Mouss est : comment on se prépare pour une date comme celle du 29 juin qui arrive ? J’imagine que ça met une certaine forme de pression…

Fred : On se prépare déjà un peu mentalement ! On le sait depuis un moment, mais, oui, il y a une pression. On n’a pas encore entamé la partie technique, mais c’est dans 6 mois…

Moins de 5…

Ah, oui, moins de 5 ! Le temps passe vite (rires). On l’a déjà fait, donc on n’est pas perdus, mais oui, tu as raison, il y a une certaine pression. Ça augmentera sur le mois précédent le concert. Mais on a une équipe technique qui est super, à fond sur les lights, la scénographie. La technologie fait qu’on peut préparer un show en avance. Thomas, notre lighteux, bosse beaucoup sur ce genre de choses. On peut voir la gueule du show avant de l’avoir fait. Et avant le concert, on va faire une résidence dans une sorte de hangar assez grand. Je ne sais pas s’il y aura des particularités, des featurings. On va faire le show de Mass Hysteria, point.

Il y a un autre concert qui est important, c’est celui que vous donnerez le 25 janvier 2025 au Zénith de Paris. C’est quand même assez exceptionnel pour un groupe français, dans ce style de musique, d’annoncer un tel concert plus d’un an à l’avance. Ce sera la fin de la tournée, est-ce que pour l’occasion, vous prévoyez quelque chose de particulier ?

On l’avait déjà fait sur la tournée d’avant, mais malheureusement, ce jour-là, il y a eu la grève des transports… On a fait un score malgré tout correct. Les gens sont venus à pieds, se sont débrouillés… On avait fait quelque chose de particulier. Tu sais, ce n’est pas des plateaux qu’on fait tous les jours, mais quand c’est notre show sur une grosse scène, pas un festival, il faut qu’on intègre des choses spéciales. Techniquement, ça nécessite un peu plus de mise en place, mais nous, on déroule le show comme d’habitude. On reste nous-mêmes ? Est-ce que c’est pour ça qu’on arrive à des plateaux aussi gros, je ne sais pas… Je me méfie clairement de la technologie.

C’est bien, c’est le producteur qui dit qu’il se méfie de la technologie !

Je vais voir des groupes modernes, Architects et d’autres il y a peu, et je me suis emmerdé… Le son est parfait, ça part dans tous les sens, il y a 50 voix en même temps, c’est du play-back, c’est froid, il n’y a pas de contact avec les gens. C’est notre maitre mot, le contact humain, ce que ces groupes-là ont un peu oublié. C’est bien beau la technique, d’avoir de belles lumières et tout, mais sans le côté humain, ben… Tu t’emmerdes… C’est quelque chose qui ne se travaille pas, tu l’as ou pas.

Mass Hysteria est suffisamment important aujourd’hui pour s’offrir une tournée des Zéniths. Pourquoi ce choix de tourner intensivement dans des petites salles ?

Mouss : Je ne crois pas qu’on puisse autant remplir les Zéniths que ça. On va faire celui de Paris, l’Arena de Brest, aussi, peut-être celui de Lille. Mais, pour nous, les petites salles ça reste notre format maximum. Tu es proche du public. Si on ne faisait que des Zéniths, ça m’embêterait. Ce n’est pas pareil de faire que des Zéniths ou que des SMAC. On a fait les deux… Par exemple, avec Le gros 4, on n’a fait que des Zéniths, c’était mortel parce qu’il y avait 4 groupes.

Et ce n’était pas tous les soirs la même tête d’affiche…

Voilà, et il y avait une ambiance, on s’est éclatés !

Fred : Et les gens venaient participer à une grosse fête.

Mouss : C’était après le covid, c’était un peu compliqué. On faisait 3.000 personnes par soir il y avait quatre groupes. Je ne sais pas si Mass Hysteria, tout seul, pourrait le faire.

Fred : C’est pas sûr, non… Là, on passe dans les salles locales, avec une moyenne de 1.000 places. Si c’est complet, on est déjà contents. Passer à 6.000, de temps en temps, OK…

Mouss : Comme on fait pour la date à Paris. C’est presque un Zénith pour nos 30 ans. Plus qu’un Zénith pour la tournée Tenace, celui-là va clore la tournée mais il célèbrera aussi nos 30 ans.

Je reviens à une question que j’ai déjà posée à Mouss : Fred, si tu devais ne retenir qu’un seul titre de Tenace 1 et 2 pour expliquer ce qu’est Mass Hysteria aujourd’hui, ce serait lequel ?

Fred : Un seul sur les 14 ? C’est compliqué… Il s’est passé tellement de choses dans le studio que c’est difficile… Tenace, quand on l’a fait (Mouss réagit avec un « aah ! Pas mal, pas mal » approbateur), on sentait qu’il se passait quelque chose de particulier il est accordé comme on ne l’a jamais, fait, il a une texture particulière… Il y a des morceaux, comme L’enfer des dieux, tu les fais et dans l’après-midi, tu sais que tu tiens quelque chose. Oui, Tenace

Mouss : Oui, Tenace, dans le fond et dans la forme, ça peut le faire. Moi, j’ai dit L’art des tranchées, mais je pensais plus au fond, au texte…

Si vous deviez maintenant penser à une devise pour Mass Hysteria, ce serait quoi ?

Mouss (sans hésiter) Positif à bloc…

Fred : Oui, très bien !

Sans surprise… une dernière chose : si aujourd’hui Mass Hysteria devait – pas pouvait, « devait » – réenregistrer avec le line-up actuel un des albums de Mass, ce serait lequel ?

Fred (il rit) : Alors, je sais ce que Yann voudrait…

Mouss : Oui, moi aussi !

Mais vous ? Yann n’est pas là…

Mouss : Ça tombe un peu sous le sens… l’album noir (2005), le quatrième album, celui qui a suivi De cercle en cercle (2001)

Fred : Effectivement, c’est la vision de Yann. Moi, je l’aime bien tel qu’il est. Il aurait voulu que ce soit un son plus moderne, machin truc…

Mouss : Moi aussi, je l’aime bien. Entre nous, je suis sûr que, si on le refaisait, il ne serait pas aussi bien que l’original… (Fred confirme) Rappelle-toi : Suicidal Tendencies, leur premier album avait un son naze. Ils l’ont refait quinze ans après, avec des zicos de ouf… mais… Il n’y a plus le même son, c’est moins bien. Il n’y a plus l’authenticité d’avant.

Mais si tu devais…

Ah, je ferai celui-là !

Fred : Moi, je referais Une somme de détails (2007), parce que c’était ma première fois avec eux en production et que j’entends ce que je pourrais faire sonner mieux. Mais je pense qu’il faut aussi laisser les choses là où elles sont. C’est un peu le syndrome de la démo : tu t’y habitues pendant un an, après tu l’enregistres avec un super son… Oui, mais c’était mieux à tel endroit… Tu l’as écouté plus que l’album, en fait. Il n’y a pas le même charme, tu t’es habitué aux défauts de l’album. L’album noir, pour moi, il n’a pas de défauts, il a une couleur. C’est aussi une partie de l’histoire du groupe, ça monte et ça descend. C’est bien, dans la vie d’un groupe qu’il y ait des hauts et des bas…

Mouss : Au moment d’enregistrer un morceau, tu es en pleine création, dans la psychologie de l’enregistrement de l’album. Si tu le refais 10 ans après, tu ne pourras pas être dans cet état d’esprit, l’intention ne sera pas pareille, ton humeur non plus, tu feras peut-être ça avec un peu de distance… Après, il faudrait qu’on essaye quelques titres pour voir. Après, se lancer sur un album entier ? Ou alors, faire un best-of, mais tu réenregistres tous les morceaux du best-of.

Fred : Ce que vient de faire Tagada Jones…

Mouss : Mais non ?

Fred : Si, je viens de faire 15 titres avec eux, il n’y en a qu’un de nouveau et ils ont réenregistré les 14 autres. Il y en a qui rendent super bien… Certains, ça marche mieux, même !

Avez-vous quelque chose à rajouter, tous les deux ?

Mouss : simplement merci Metal-Eyes, merci aux lecteurs du webzine. Merci de suivre la scène française et les actus musicales. Et, surtout : restez positifs à bloc !

Fred : Très bonne fin…

MASS HYSTERIA live à Orléans: la galerie

Retrouvez ici le live report complet

Retrouvez ici le live report complet

LAST QUARTER: For the hive

France, Doom (Autoproduction, 2024)

C’est lourd, c’est lent, ça s’intitule For the hive et c’est le nouvel Ep des Parisiens de Last Quarter. Il y a de la mélancolie tout au long des 4 titres de ce premier essais du groupe formé en 2018. On se retrouve dans l’univers d’un Black Sabbath déprimé et dépouillé, de sonorités profondes et d’un chant langoureux. Un ensemble qui commence à se faire explosif au milieu du troisième titre, Next morning. Mais l’ensemble reste résolument plus doom que metal, sombre, intriguant et oppressant. We’ll be just fine, qui vient conclure ce disque – dont on ne peut que reprocher un chant dans un anglais presqu’incompréhensible – de façon plus joyeuse, avec sa basse slappée et ses riffs enjoués, même si le propos devient plus noir et rageur. Je verrai bien Last Quarter investir une certaine Temple à un certain festival, l’esprit est en tout les cas là.

6:33 live à Orléans (Dropkick bar, le 26 janvier 2024)

Retrouvez ici la galerie photos du concert

Il s’en sont passées des choses depuis la dernière fois que j’ai pu voir 6:33 en concert. C’était à Orléans, dans la petite salle de l’espace Eiffel (report ici), le groupe était encore masqué, avait deux claviers, un seul chanteur… Depuis, la formation a plus qu’évolué, se débarrassant tout d’abord de ses masques (cf. l’interview de Rorshach en 2021 pour la promo du dernier album), d’un clavier, adoptant une chanteuse et travaillant une autre identité visuelle. Alors, retrouver les ex-monstres sur scène, à Orléans? Forcément, pas possible de les manquer même si je n’ai découvert cette date que tardivement.

Mais une question se pose quand à la tenue de ce concert: alors que les agriculteurs en colère sont aux portes de Paris, le groupe pourra-t-il faire le déplacement? Lorsque j’arrive sur place, le batteur m’indique qu’ils n’ont rencontré aucun blocage, que la route a été fluide. Tout le monde s’affaire pour la mise en place puis file diner avant de recevoir son public.

CHAOS RULES @Dropckick Bar, Orléans, 26 janvier 2024

Les hostilités débutent avec les Orléanais de Chaos Rules, dont le batteur est également chanteur et guiitariste au sein du groupe prog Esprit d’escalier que j’avais découvert en ouverture d’Orpheum Black il y a environ un an (autre live report ici). Dire que les deux projets sont radicalement différents est un euphémisme… Chaos Rules porte bien son nom tant le cyber punk du quatuor se veux explosif et post apocalyptique. Un peu comme le look de son chanteur et du guitariste dont on ne regrettera qu’une chose: qu’il ne soit pas plus élaboré (un mec qui se balade avec des tuyaux d’alimentation en haut et bermuda en bas, ça dénote un peu…) et généralisé à l’ensemble des musiciens de la formation. L’identité visuelle est un élément important de l’image d’un groupe.

CHAOS RULES @Dropckick Bar, Orléans, 26 janvier 2024

Ceci étant, impossible de nier l’énergie de Chaos Rules qui dès le premier titre terminé, joue la franchise et le capital sympathie. Le chanteur nous explique en effet le sens de ce qui est projeté derrière le batteur: le titre de la chanson suivi de lettres et de chiffres.

CHAOS RULES @Dropckick Bar, Orléans, 26 janvier 2024

Les lettres correspondent chacune à un riff, le chiffre, le nombre de fois qu’il reste à jouer ce riff. Riffs numérotés de A à H, soit 8 en tout pour développer le catalogue du groupe. Huit riffs qu’on retrouve donc à chaque titre, et chacun des musicien a son prompteur lui indiquant quoi jouer. J’ai une pensée pour tous nos anciens qui ne peuvent aujourd’hui se passer d’anti-sèches mais ne l’avouent jamais…

CHAOS RULES @Dropckick Bar, Orléans, 26 janvier 2024

Les 45′ qui suivent sont une déflagration continue de guitares furieuses et de rythmiques endiablées qui viennent soutenir le chant peu mélodieux et très virulent du vocaliste. Ce dernier ne tient pas un instant en place et, malgré sa rage vocale, se montre très enjoué et moqueur. On ne compte pas le nombre d’allusion à certains ministres ce soir (« Bon, il nous reste à peu près deux chansons. « A peu près », ouais… On a été à l’école publique nous, alors on ne sait pas compter. Ni lire d’ailleurs… »)

CHAOS RULES @Dropckick Bar, Orléans, 26 janvier 2024

Bien que peu nombreux, le public est réceptif certains n’hésitant pas, à la fin du concert, à rejoindre le groupe sur scène pour une photo. une belle introduction à une soirée déjà bien chaleureuse.

6:33 @Dropkick Bar, Orléans, 26 janvier 2024

Il est proche de 22h30 lorsque 6:33 monte sur scène. A la fois concentrés et joyeux, les musiciens profitent de l’intro pour s’encourager avant d’attaquer avec le très entrainant et cartoonesque Wacky worms. Les amateurs du groupe le savent: la musique de 6:33, pour paraphraser Mass Hysteria, c’est plus que du metal. Tout le monde peut y trouver son compte et ce soir, il y en aura justement pour tout le monde.

6:33 @Dropkick Bar, Orléans, 26 janvier 2024

La complicité entre Flo « Rorschach » et Bénédicte, les deux chanteurs, est d’une telle évidence qu’on pourrait croire que le duo de vocaliste travaille ensemble depuis des années tant ils semblent se connaitre par cœur. Si lui se charge de communiquer avec le public, elle n’est jamais en reste se lançant dans des pas de danse ou des figures plus ou moins grimacières.

6:33 @Dropkick Bar, Orléans, 26 janvier 2024

Si le dernier album en date (Feary tales for strange lullabies: the dome) est naturellement mis en avant avec pas moins de cinq extraits (Wacky worms, Holy golden boner, Party Inc., Release the he-shes et Act like an animal), l’ensemble de la discographie roschachienne est visitée dans une ambiance toujours bon enfant – seul le tout premier album n’est pas représenté.

6:33 @Dropkick Bar, Orléans, 26 janvier 2024

Rorschach entraine sa complice dans un petit tango rapidement interrompu par un bassiste visiblement jaloux, ce qui fait marrer tout le petit monde sur scène, mais il y a plus, bien plus. Car 6:33, c’est non seulement une musique décalée, mais également une mise en scène et en lumières pensée pour ne laisser personne indifférent. Preuve en est, un public qui se fait plus nombreux au gré des titres et qui clame son adhésion au concept du groupe.

6:33 @Dropkick Bar, Orléans, 26 janvier 2024

6:33 aura ce soir fait bien plus que simplement faire monter la température. Une prestation aussi soignée que naturelle qui donne envie de voir cette formation hors normes grandir et grossir afin de jouer sur des scènes plus grandes devant un public plus vaste. On a des pépites en France, alors soignons les. Ce fut en tout cas une excellente soirée.

6:33 @Dropkick Bar, Orléans, 26 janvier 2024

Retrouvez ici la galerie photos du concert

6:33 live à Orléans: la galerie

Retrouvez ici le live report du concert

Retrouvez ici le live report du concert

MESSALINE: Braconniers du silence

France, Hard rock (Brennus, 2024)

A ma connaissance, Braconniers du silence est le premier témoignage live des Burgiens de Messaline (bon, oui, j’ai dû chercher comment s’appellent les habitants de Bourg en Bresse…) Et il ne s’agit que d’un Ep. Enregistré le 30 août 2023 au Parc des Oiseaux de Villards les Dombes lors du festival les Musicales, ce live propose 5 titres (dont deux inédits) revisités et retravaillés à la guitare acoustique (deux en fait), donnant un résultat plus folk que hard rock. Le public connait déjà, tout du moins les amateurs de Messaline, Les 3 stryges, L’aimante religieuse (qui parle d’une nonne nymphomane) et Le jardin des délices qui sont tous trois extraits du dernier album studio de la troupe, Vieux démons, paru en 2022. Les deux inédits traitent pour l’un de l’alchimiste français Nicolas Flamel (Maistre Flamel) et l’autre de Geisha avec toutes les références possibles à la culture japonaise, des katanas aux mangas. Malgré l’omni présence des guitares acoustiques, l’ensemble est enjoué, chaleureux, plein d’entrain et groovy. Eric Martelat, chanteur et maitre d’ouvrage, porte bien son surnom de Chatos tant il communique avec le public, mais il maque dans son ton un peu de cette énergie qui va chercher et transformer son auditoire. Reste que ce dernier est réceptif à cette musique joyeuse et le fait savoir avec force applaudissements. Messaline, s’il a toujours été un groupe de hard rock, a également plus que souvent développé une approche progressive dans sa musique, et cela se ressent ici par la structures des morceaux et l’esprit d’un Ange qui flotte un peu partout. Il ne s’agit certes pas d’un concert de rock, mais bien du témoignage d’un groupe qui sait se réinventer. Prochaine étape, espérons le, un live explosif et moins sage!

HEADS UP: The way of the cure

France, Punk rock (M&O music, 2024)

Avec sa illustration d’un maxi burger géant à la poursuite de 4 énergumènes, on se dit d’emblée que Heads Up n’a rien de très sérieux. Et, une fois l’intro de The way of the cure passée, on replonge dans ce punk rock US festif et enjoué. L’esprit de The Offspring et de Sum 41, voire de la série Friends, plane en effet tout au long de ces 10 chansons qui font taper du pied. Ok, on est en terrain connu, celui d’une musique calibrée pour faire s’agiter les pieds lors d’un spring break, celui d’un rock déconneur et pas prise de tête. Alors on pardonnera volontiers cet accent franchouillard (quoique… pas sûr que ça n’irrite que moi). On identifie en effet immédiatement l’origine du groupe. Car, oui, Heads Up est une formation française, un combo qui a grandi avec les références précitées, et qui, bien que ne réinventant rien, s’en donne à cœur joie. On tape du pied mais est-ce suffisant pour vraiment percer? Il ne fait cependant aucun doute que Heads Up entraine son public dans son délire une fois sur scène, car sa musique est taillée pour.

ELECTRIC SPANISH: Obstacles

France, Rock (Ep autoproduit, 2024)

Qu’attendre de sérieux d’un groupe qui se nomme Electric Spanish, hein? Fondé en 2022 par le duo de guitaristes chanteurs Carlos Alfonso, originaire de Porto Rico et Emmanuel Medioni, Electric Spanish déboule avec Obstacles, un Ep rempli de cette dynamique fraicheur ensoleillée. Tout au long des 6 titres de ce disque, le duo fait preuve d’une variété d’influences et d’envies, de joie de vivre et d’amour du rock. On trouve aussi bien des traces du heavy blues chaleureux de Thin Lizzy (Black jacket) que d’entrain à la Pulp fiction (Electric Spanish qui se termine sur de faux airs de musique de club de vacances) ou des aspirations funky de dance club avec un chant de crooner (Strangers). Une belle variété qui insuffle à ce disque cette énergie entrainante qui donne irrésistiblement envie de bouger. Middle class, dans un esprit plus pop rock est sans doute le morceau que je trouve le moins convainquant, tandis que le « plaintif » Dear Jenny retrouve cet entrain initial. Enfin, le bien nommé Different song nous replonge dans les années 60 – on imagine volontiers Eddy Mitchell déclamer le texte sur l’introduction – avant de s’orienter vers le soft rock. Avec ce premier essai, les Espagnols électriques se positionnent comme de très sérieux challengers de la scène rock hexagonales. Un bel essai qu’il faut maintenant transformer.

ORLEANS METAL NIGHT: Demon Tool, Dreamcatcher et Looking For Medusa, le 6 janvier 2024

Retrouvez ici la galerie photos du concert

A peine les fêtes sont-elles terminées que je prends la direction du très actif Dropkick bar à Orléans pour aller soutenir les copains de Dreamcatcher, ce soir entourés des « revenants qui n’ont jamais vraiment disparu » Demon Tool et de ce qui sera ma première découverte de l’année, Looking For Medusa.

Il n’y a pas grand monde ce soir au Dropkick. On y circule aisément même si l’ambiance est animée. La date choisie, le dernier samedi des vacances de Noël, y est sans doute pour quelque chose. N’empêche, ceux qui sont là vont en avoir plein les mirettes et les esgourdes.

DEMON TOOL live@Dropkick, Orléans le 6 janvier 2024

Il y a des groupes comme ça, tu connais leur musique depuis les débuts mais la vie fait que tu n’as jamais croisé leur chemin, ni vu la formation live. Demon Tool, désormais un « ancien » groupe de la scène hexagonale qui a sorti 2 albums, ouvre les hostilités. Son heavy thrash fait des étincelles, le groupe dégainant des titres entrainants et enjoués.

DEMON TOOL live@Dropkick, Orléans le 6 janvier 2024

Le chanteur, Chris « El tyranno » module entre chant grave et profond qui évoque parfois ADX – une des influences du combo – et agressivité thrash, allant chercher le public toujours avec humour.

DEMON TOOL live@Dropkick, Orléans le 6 janvier 2024

La paire de gratteux composée de Nils « l’ancien » et du plus récemment arrivé mais néanmoins expérimenté barbichu Olivier fait bloc derrière une section rythmique (Nico à la basse et Jéjé à la batterie) qui propose une structure puissante et lourde à la fois.

DEMON TOOL live@Dropkick, Orléans le 6 janvier 2024

Demon Tool nous offre ce soir une dizaine de titres variés dans une ambiance bon enfant. Si les morceaux sont issus des deux albums du groupe (Gladiateur, Abysse, La naissance du mal et Vampires de Soleil rouge, La demeure du diable et Soleil Rouge de Prophétie MMXII) et nous offre un nouveau titre (Médaillé) du troisième album qui est prévu pour… qui sait? Une ambiance qui se termine sur une reprise thrashisée de La salsa du démon qui fait son petit effet auprès du public présent.

DEMON TOOL live@Dropkick, Orléans le 6 janvier 2024

une bonne demie heure de changement de plateau et voici que déboule Dreamcatcher qui est déjà venu en ces lieux en 2019. La formation a beaucoup changé depuis puisque deux guitaristes ne sont devenus qu’un (Bastien, également membre de Stell Rangers) et que la basse est tenue par barbichou, non pas « jumeau de » mais bien le pré-cité Olivier.

DREAMCATCHER live@Dropkick, Orléans le 6 janvier 2024

Là encore, les changements sont notables. On sent un groupe à l’unisson, une formlation qui vise les mêmes objectifs mais… Mais là où Chris, le chanteur (faut croire que les Chris chanteurs sont un critère de cette soirée…) n’hésitait pas à aller chercher le public dans la fosse, ce soir, il me semble que la prestation manque d’un petit quelque chose. Est-ce une guitare en moins, la fin des fêtes, le manque de public? Je ne sais pas, mais je ne suis pas entrainé par la prestation.

DREAMCATCHER live@Dropkick, Orléans le 6 janvier 2024

Dreamcatcher pioche cependant au cœur de ses trois albums, proposant des morceaux heavy et thrash, Chris évoquant des souvenirs récents (Dreamcatcher, dont le chanteur est un inconditionnel de la vierge de fer, a ouvert il y a peu pour un certain Paul Di’Anno) et autres amours de jeunesse pour les indiens d’amérique, X-Files ou certains criminels notoires évoqués dans les chansons du soir (It’s a good day to die, Trustno1, Whitechapell…)

DREAMCATCHER live@Dropkick, Orléans le 6 janvier 2024

La formation conclu son set avec Wrathchild une reprise d’un groupe qui ne saurait aller très loin et Fly away, issu de The road so far, son dernier album en date.

DREAMCATCHER live@Dropkick, Orléans le 6 janvier 2024

Le temps de changer le plateau et voici la claque de la soirée. Je n’ai jamais entendu parler de Looking For Medusa et je pense être passé à coté de quelque chose. Car le groupe propose un heavy metal racé et plus qu’entrainant, le genre qui donne envie de taper du pied et de bouger. D’ailleurs, le chanteur ne tiens pas en place, arpentant la scène de long en large et en travers.

LOOKING FOR MEDUSA live@Dropkick, Orléans le 6 janvier 2024

Les autres musiciens sont plus que complices et personne n’a son pré carré. La scène est piétinée dans son moindre centimètre carré par chacun d’entre eux pendant les 50′ du set.

LOOKING FOR MEDUSA live@Dropkick, Orléans le 6 janvier 2024

Forcément, je cherche des infos sur le groupe… Mais on est en France, alors: un site web pas à jour (« concert à venir: novembre 2021 », aucune bio ni indication de line up…) donc impossible de dire qui fait quoi. Mais le fun est là, et l’ambiance monte d’un cran.

LOOKING FOR MEDUSA live@Dropkick, Orléans le 6 janvier 2024

Looking For Medusa offre donc ce soir une prestation solide et enjouée devant un public malheureusement trop peu nombreux. Reste un bon souvenir d’un groupe qui donne envie d’en savoir et d’en voir plus en live. A suivre dès que possible.

LOOKING FOR MEDUSA live@Dropkick, Orléans le 6 janvier 2024

Malgré une date pas forcément des plus judicieusement choisies, ce premier concert de l’année fut un moment chaleureux et convivial. Après tout, c’est bien là ce qu’on attend d’un concert de rock, et, pour le coup, c’est « mission accomplie ».

LOOKING FOR MEDUSA live@Dropkick, Orléans le 6 janvier 2024

Retrouvez ici la galerie photos du concert