6:33 live à Orléans (Dropkick bar, le 26 janvier 2024)

Retrouvez ici la galerie photos du concert

Il s’en sont passées des choses depuis la dernière fois que j’ai pu voir 6:33 en concert. C’était à Orléans, dans la petite salle de l’espace Eiffel (report ici), le groupe était encore masqué, avait deux claviers, un seul chanteur… Depuis, la formation a plus qu’évolué, se débarrassant tout d’abord de ses masques (cf. l’interview de Rorshach en 2021 pour la promo du dernier album), d’un clavier, adoptant une chanteuse et travaillant une autre identité visuelle. Alors, retrouver les ex-monstres sur scène, à Orléans? Forcément, pas possible de les manquer même si je n’ai découvert cette date que tardivement.

Mais une question se pose quand à la tenue de ce concert: alors que les agriculteurs en colère sont aux portes de Paris, le groupe pourra-t-il faire le déplacement? Lorsque j’arrive sur place, le batteur m’indique qu’ils n’ont rencontré aucun blocage, que la route a été fluide. Tout le monde s’affaire pour la mise en place puis file diner avant de recevoir son public.

CHAOS RULES @Dropckick Bar, Orléans, 26 janvier 2024

Les hostilités débutent avec les Orléanais de Chaos Rules, dont le batteur est également chanteur et guiitariste au sein du groupe prog Esprit d’escalier que j’avais découvert en ouverture d’Orpheum Black il y a environ un an (autre live report ici). Dire que les deux projets sont radicalement différents est un euphémisme… Chaos Rules porte bien son nom tant le cyber punk du quatuor se veux explosif et post apocalyptique. Un peu comme le look de son chanteur et du guitariste dont on ne regrettera qu’une chose: qu’il ne soit pas plus élaboré (un mec qui se balade avec des tuyaux d’alimentation en haut et bermuda en bas, ça dénote un peu…) et généralisé à l’ensemble des musiciens de la formation. L’identité visuelle est un élément important de l’image d’un groupe.

CHAOS RULES @Dropckick Bar, Orléans, 26 janvier 2024

Ceci étant, impossible de nier l’énergie de Chaos Rules qui dès le premier titre terminé, joue la franchise et le capital sympathie. Le chanteur nous explique en effet le sens de ce qui est projeté derrière le batteur: le titre de la chanson suivi de lettres et de chiffres.

CHAOS RULES @Dropckick Bar, Orléans, 26 janvier 2024

Les lettres correspondent chacune à un riff, le chiffre, le nombre de fois qu’il reste à jouer ce riff. Riffs numérotés de A à H, soit 8 en tout pour développer le catalogue du groupe. Huit riffs qu’on retrouve donc à chaque titre, et chacun des musicien a son prompteur lui indiquant quoi jouer. J’ai une pensée pour tous nos anciens qui ne peuvent aujourd’hui se passer d’anti-sèches mais ne l’avouent jamais…

CHAOS RULES @Dropckick Bar, Orléans, 26 janvier 2024

Les 45′ qui suivent sont une déflagration continue de guitares furieuses et de rythmiques endiablées qui viennent soutenir le chant peu mélodieux et très virulent du vocaliste. Ce dernier ne tient pas un instant en place et, malgré sa rage vocale, se montre très enjoué et moqueur. On ne compte pas le nombre d’allusion à certains ministres ce soir (« Bon, il nous reste à peu près deux chansons. « A peu près », ouais… On a été à l’école publique nous, alors on ne sait pas compter. Ni lire d’ailleurs… »)

CHAOS RULES @Dropckick Bar, Orléans, 26 janvier 2024

Bien que peu nombreux, le public est réceptif certains n’hésitant pas, à la fin du concert, à rejoindre le groupe sur scène pour une photo. une belle introduction à une soirée déjà bien chaleureuse.

6:33 @Dropkick Bar, Orléans, 26 janvier 2024

Il est proche de 22h30 lorsque 6:33 monte sur scène. A la fois concentrés et joyeux, les musiciens profitent de l’intro pour s’encourager avant d’attaquer avec le très entrainant et cartoonesque Wacky worms. Les amateurs du groupe le savent: la musique de 6:33, pour paraphraser Mass Hysteria, c’est plus que du metal. Tout le monde peut y trouver son compte et ce soir, il y en aura justement pour tout le monde.

6:33 @Dropkick Bar, Orléans, 26 janvier 2024

La complicité entre Flo « Rorschach » et Bénédicte, les deux chanteurs, est d’une telle évidence qu’on pourrait croire que le duo de vocaliste travaille ensemble depuis des années tant ils semblent se connaitre par cœur. Si lui se charge de communiquer avec le public, elle n’est jamais en reste se lançant dans des pas de danse ou des figures plus ou moins grimacières.

6:33 @Dropkick Bar, Orléans, 26 janvier 2024

Si le dernier album en date (Feary tales for strange lullabies: the dome) est naturellement mis en avant avec pas moins de cinq extraits (Wacky worms, Holy golden boner, Party Inc., Release the he-shes et Act like an animal), l’ensemble de la discographie roschachienne est visitée dans une ambiance toujours bon enfant – seul le tout premier album n’est pas représenté.

6:33 @Dropkick Bar, Orléans, 26 janvier 2024

Rorschach entraine sa complice dans un petit tango rapidement interrompu par un bassiste visiblement jaloux, ce qui fait marrer tout le petit monde sur scène, mais il y a plus, bien plus. Car 6:33, c’est non seulement une musique décalée, mais également une mise en scène et en lumières pensée pour ne laisser personne indifférent. Preuve en est, un public qui se fait plus nombreux au gré des titres et qui clame son adhésion au concept du groupe.

6:33 @Dropkick Bar, Orléans, 26 janvier 2024

6:33 aura ce soir fait bien plus que simplement faire monter la température. Une prestation aussi soignée que naturelle qui donne envie de voir cette formation hors normes grandir et grossir afin de jouer sur des scènes plus grandes devant un public plus vaste. On a des pépites en France, alors soignons les. Ce fut en tout cas une excellente soirée.

6:33 @Dropkick Bar, Orléans, 26 janvier 2024

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6:33 live à Orléans: la galerie

Retrouvez ici le live report du concert

Retrouvez ici le live report du concert

Hellterviews Hellfestives: les rencontres du Hellfest XV

Retrouvez les interviews de ces groupes avec ce lien: Hellterviews

HELLTEVIEWS: retour sur les rencontres du Hellfest XV

S’il est un lieu privilégié pour faire des rencontres hors période de promo, c’est bien un festival. Le Hellfest fut l’occasion pour Metal Eyes d’aller questionner nombre de musiciens au cours de ces deux week ends. Retour sur une série d’interviews hellfestives quelque peu différentes d’une séance habituelle. Un exercice qui se fera de nouveau tant les musiciens se sont prêtés au jeu et ont semblé apprécier.

Au cours de ces sept journées, Metal Eyes a pu rencontrer des groupes espoirs autant que des valeurs sûres. Tous se sont prêtés au jeu du questionnaire chinois donnant des réponses aussi variées que, parfois, étonnantes ou, plus souvent, attendues. Pour d’autres (Manigance et Sortilège) le temps imparti n’a pas permis de poser ces questions à réponse spontanée. Nous avons cependant pu découvrir Black Beard (Julien et Jérémy), Tarah Who? (Tarah et Coralie), Heart Attack, As A New Revolt (Manu et Julien), Sorcerer (Anders, Peter et Justin) et Ensiferum (Petri), rediscuter avec Last Temptation (Butcho, Peter et Farid), Dirty Shirt (Leni et Christian), 6:33 (Rorscach, Nico et Vicken), Ayron Jones (punaise qu’il parle vite, celui-là!) ou encore Moly Baron (Camille, Sébastien et Steven) pour des moments de plaisir simple. Retour sur des hellterviews hellfestives! Note: les photos sont présentées dans l’ordre des rencontres. Vous pouvez les retrouver dans la galerie dédiée Hellterviews.

BLACK BEARD

Avant de démarrer ce portrait chinois, une première question est posée à pratiquement tous les musiciens rencontrés:

Dans ton autre vie, quel métier exerces-tu? En réalité, c’était plus « Dans la vraie vie, c’est quoi ton vrai métier, celui qui fait plaisir à ta maman? » Si les réponses varient, nous constatons sans surprise que, à l’exception de Petri Lindoos, leader d’Ensiferum et Farid Medjane, batteur de Last Temptation (et ex-batteur de vous savez qui), aucun ne vit de la musique de son groupe et tous ont une activité annexe. La majeure partie exerce un métier lié à la musique – 1 prof de guitare, 2 profs de batterie, 1 prof de chant/coach scénique – ou est intermittent du spectacle (3 techniciens son/video), certains ont une activité musicale annexe avec des side project (Butcho, chanteur de Last Temptation et l’un des membres de Moly Baron) ou connexe comme pierceur/tatoueur (Nico, guitariste de 6:33) et d’autres ont un métier totalement différent. Ainsi, si l’une des personnes rencontrées « cultive de la beuh« , l’immense majorité des autres a un métier plus reconnu par les autorités. Et cela va du responsable d’affaires dans la commercialisation de systèmes de sécurité (Anders, chanteur de Sorcerer) à intérimaire (Manu, chanteur de As A New Revolt – « parce que trouver un CDI et demander à partir régulièrement 3 ou 4 jours, c’est compliqué« ) en passant par responsable de rayon en grande surface (Chris, batteur de Heart Attack), fabriquant de bracelets pour les festivals (Peter, guitariste et fondateur de Last Temptation) à… médecin légiste pour un hôpital suédois (Justin, bassiste de Sorcerer).

TARAH WHO

Sans entrer dans une analyse psychologique, que peut-il bien se cacher derrière ces brutes de musiciens de hard rock/metal/indus/électro? Le portrait chinois nous révèle, nous le savons tous déjà, des cœurs tendres et amoureux de belles choses. Commençons par les questions posées à tous les musiciens et leurs réponses – parfois argumentées. Si tu étais…  (Note: pour plus de facilité, les deux Peter seront ci-dessous suivi des initiales de leurs groupes respectifs – « Peter LT » et « Peter S »)

HEART ATTACK

… Un animal

Ils ont la cote, nos animaux domestiques. Dans l’ordre des préférences, le chat détrône tout le monde (Butcho, Farid, Steven, Julien et Nico l’un d’eux précisant même être certains que « si tu as été bon dans la vie, je suis sûr que tu te réincarnes en chat« ) contre un seul chien (Petri « un grand chien!« ). Juste derrière nos ronronneurs arrive le singe (Camille, Christian, Julien et Rorschach « entre l’orang-outang et le gorille« ) – on peut même en ajouter un cinquième avec le paresseux (Sébastien) – suivi d’un autre félin, le tigre (Ayron Jones, Manu et Coralie) et de l’ours au caractère bien léché (Chris et Leni). Si, jusque là, il n’y a guère de surprise, certains artistes peuvent étonner: nous avons ainsi un aigle (Jérémy) et un condor (Justin) seuls animaux volants qui surveillent sans doute le seul aquatique cité, le requin (Peter LT qui n’est « pas trop fan de l’eau, alors je voudrais bien savoir ce que c’est de vivre dans l’eau« ). Plus surprenant, on trouve un élan (Peter S), une loutre d’Asie (Vicken) et un… rhinocéros (Anders).

ENSIFERUM

… Un roman

Les musiciens puisent souvent leur inspiration dans d’autres formes d’expression, dont la lecture. Mais pas tous. Ainsi, cinq d’entre eux se sont pas lecteurs du tout (Christian, William, Petri, Justin et Julien). Certains livres ont plus marqué que d’autres toutefois. En tête, l’univers clownesque et cauchemardesque de Ca de Stephen King est cité par Nico, Vicken et Steven. L’auteur est également apprécié pour les Evadés (Rorschach). On retrouve sans surprise l’univers de Tolkien et son Seigneur des anneaux (Chris et Sébastien). De grands classiques sont également cités tels Les Misérables (Julien), Rhinocéros (Peter LT qui avait commencé par citer Comment devenir millionnaire d’un certain Donald Trump avant de se rétracter aussitôt), La gloire de mon père (Manu), Le parfum (Butcho) ou encore Paradis perdus (Peter S) ou des œuvres plus récentes comme Les rivières pourpres (Farid) ou Monsieur Malaussène (Jérémy). Plus surprenant est le choix de Tarah qui opte pour Guérir le stress et l’anxiété sans Freud ni prozac ou celui, plus proche de nous, de son binôme Coralie plus portée sur une biographie de musicien.

LAST TEMPTATION

…Un héros de BD/comics

Ah, ah! On pourrait croire que les super-pouvoirs attireraient aisément nos héros musicaux. Eh bien… Il y en a, bien sûr, de Spiderman (Julien) à Hit Girl (Coralie) en passant par Spawn (Nico), Deadpool (Christian), Rorschach (devinez… Rorschach « C’est mon nom de scène, c’est pas un hasard« ) ou un autre personnage de Watchmen (Vicken), Batman (Ayron Jones, « celui des 90’s qui commence à devenir sombre« ). Visiblement, on lit plus de BD que de romans chez les metalleux dont certains puisent dans le passé avec Le Fantôme (Anders qui se souvient de « sa bague tête de mort qui laisse sa trace quand il cogne« ), le héros de notre enfance, Pif (William, parce que « Hercule, c’est un looser« !)ou plus récent avec Lanfeust de Troy (Camille a qui la référence « Prince Dhellu » a échappé), Thorgal (Jérémy) ou Obélix (Sébastien, « parce qu’il aime bien manger, comme moi« ). Mais ceux qui leur tiennent la dragée haute à tous, ceux qui ont été cités plus d’une fois, sont au nombre de 3 et attention! Nous avons le fils des âges farouches, Rahan (Farid et Leni) et un autre poilu en la personne de Wolverine (Chris et Peter S). Aurions nous pu cependant nous attendre à trouver sur le podium le héros de Franquin, j’ai nommé Gaston Lagaffe (Julien et Peter LT)?

AS A NEW REVOLT

… Un film

A nos classiques! Ils en sont amateurs, les musiciens, de ces films de grand écran. Et nous aussi, alors que partageons nous? Un seul film est répété, sans surprise au regard de l’univers historique: Braveheart (Chris et William). Les autres vont du musical Amadeus (Farid) à la SF avec l’incontournable saga Star Wars (Petri. Il suffit de regarder ses doigts!). On passe en revue la comédie avec The big Lebowski (Jérémy), Sacré Graal (Leni) ou encore La grande vadrouille (Sébastien) aux psycho pétés Iglorious Basterds (Coralie) ou Fight club (tiens, le même acteur principal pour Butcho), Pulp Fiction (tiens, un autre Tarantino pour Christian) ou encore The mask (Julien). Les classiques sont aussi de sortie avec Casablanca (Anders) et le plus récent Angel Heart (Peter LT). Le romantisme gothique de Tim Burton trouve une jolie place avec Edward aux mains d’argent (Nico) et Big Fish (Rorschach) tout comme le western avec Le bon, la brute et le truand (Justin) et Pour quelques dollars de plus (Peter S). Tarah elle préfère le documentaire sur Joan Jett tandis que Camille se projette dans la pellicule de Old Boy (la version coréenne).

DIRTY SHIRT

… Un écrivain

Sans réelle surprise, ceux qui ne lisent pas ne se projettent pas auteur. Pour les autres, ben… guère de surprise non plus. On retrouve naturellement Stephen King (Nico, Vicken, William et Butcho) et Bukowski est cité deux fois (Julien et Rorschach). On trouve un poète, Arthur Rimbaud (Farid qui cite Le dormeur du val, « je ne sais même pas si on l’étudie encore à l’école…« ), et beaucoup d’auteurs contemporains ou récents comme JK Rowling (Ayron Jones), Tolkien (Chris), Jules Verne (Christian), Marcel Pagnol (Manu), Isaac Asimov (Leni) ou encore Piers Paul Read (Sébastien);

6:33

… Un personnage historique

Allez, on se lance? On est au Hellfest alors c’est immanquable: certains seraient Lemmy (Jérémy et Julien) ou Ozzy Osbourne (Steven), là où d’autres seraient mieux dans la peau d’un dictateur: Néron (Farid, « il était dur, le contraire de moi, je suis gentil… »), Napoléon (Petri, qui hésite avec Jules César, et Coralie). Sans surprise, un de nos amis roumains (Leni) cite un certain Vlad , plus connu sous le nom de Dracula. Pas si morbide que ce que l’histoire raconte, mais autoritaire et intransigeant… « Si quelqu’un perdait une pièce d’or, il pouvait revenir une semaine ou un an après, il la retrouvait au même endroit« . Une certaine forme de politique qui en appelle d’autres. Ainsi, Peter LT cite Nixon « plus récent et controversé, mais une époque où on la relation au pouvoir était différente, et il en a payé le prix« , tandis que Rorschach s’imagine en Nelson Mandela. « Le mec, il passe 25 en taule, il sort, il n’est qu’amour. Il est élu et l’Afrique du sud remporte la coupe du monde de rugby… Extraordinaire!« . Peter S cite Olaf Palmer, ce politicien scandinave assassiné dont on n’a toujours pas retrouvé le meurtrier… Tarah, elle, s’imagine en RGB. Vous savez, Ruth Bader Ginsburgh. Allez, faites quelques recherches et vous découvrirez une féministe américaine hors du commun. Mais celui qui revient le plus n’est autre que William Wallace, héros de Braveheart (Julien et Chris). On ne saurait faire l’impasse sur l’apparition de Vercingétorix (Manu), les conquérants Genghis Khan (Butcho) et Christophe Colomb (Sébastien) ou le plus philosophe Homère (Justin). Mais surtout, surtout… rappelons nous de Godefroy de Montmirail (William) ou Jacky du Club Dorothée (qui a aussi co animé des émissions musicales avec Antoine de Caunes, au passage) cité par Nico personnages oh combien non historiques ! A nous de nous replonger dans la vie de tous ces personnages, maintenant!

AYRON JONES

… Un monument

On ne va pas vous faire l’affront de le garder jusqu’à la fin, le monument le plus cité au sein de ce Hellfest XV n’est autre que la statue de Lemmy (Tarah, Christian). Le reste navigue entre le mur de Berlin (« Mais détruit » pour Rorschach), des pyramides (celle de Ghisée pour  Camille et celle du Louvre pour Sébastien pour qui « mettre de l’art moderne au milieu d’architecture ancienne, c’est fabuleux« ), l’obélisque de Washington (Anders) ou Big Ben (« Ca fait du bruit, ça fait chier mais c’est joli quand même » selon Vicken) ou le Colisée (William). Certains se penchent plus sur des monuments naturels comme le grand Canyon (Steven), le mont Rushmore travaillé par la main de l’homme (Petri et Ayron Jones car « j’aime quand on me regarde« ). Manu, lui évoque le Palais idéal du facteur Cheval d’Hauterives dans la Drome tandis que Nico parle du site grec de Knossos (« Ils continuent de fouiller le site et de trouver des choses. « ). Plus proche de nous, Chris mentionne l’Arc de Triomphe « avant le passage des gilets jaunes » tandis que les autres n’ont guère d’idée…

SORCERER

 

… Un pays

On pourrait croire que les musiciens sont attachés à leur pays ou leurs racine, mais pas forcément. Naturellement, beaucoup le sont en ce qui concernent la France (Sébastien, Butcho, William ou Rorschach qui précise « à un moment j’ai eu des doutes, mais on a vraiment beaucoup de chance en France pour beaucoup de choses que les autres n’ont pas…). Les USA, pays de tous les possibles sont cités par trois (Farid, Peter LT – « plus le sud Californie » – et Manu – « j’aime et je déteste. Autant c’est un pays magique, autant, parfois, j’ai envie de les défoncer…« ). La Suède se retrouve aussi sur le podium (Nico et Peter S). De nombreux pays européens sont également cités avec, par ordre alphabétique, l’Allemagne (Camille), l’Autriche (Leni), la Belgique (Julien) la Finlande (Coralie), l’Italie (Jérémy), le Luxembourg (Anders), les Pays Bas (Ayron Jones)le Portugal (Chris) ou la Roumanie (Christian). On termine avec des paysages plus lointains et exotiques comme la Nouvelle Zélande (Steven)le Pérou (Justin), le Japon (Vicken) ou encore, paradis des surfers, Hawaii (Tarah). De quoi commencer à organiser ses prochains voyages…

MOLY BARON

Merci à Alexandre Saba (M&O music) Roger Wessier (Replica promotion), Romain Richez et Elodie Sawicz (Agence Singularités) d’avoir rendu ces rencontres, toutes plus que sympathiques, possibles et merci à l’ensemble des musiciens et artistes de s’être prêtés au jeu. On a vraiment passé des moments très agréables ensemble et j’ai fait de très agréables rencontres. Je n’ai cependant qu’un regrets: le trop faible pourcentage d’interviews de femmes alors qu’elles étaient assez nombreuses cette année sur le site. On verra l’année prochaine…

6:33 : Feary tales for the lullabies: the dome

France, fusion barrée (33 degrees, 2021)

Ils nous avaient laissés en 2015 avec le superbe Deadly scenes, premier album avec le chanteur unique Rorchach, et la tournée qui suivit en 2016. Il aura donc fallu 6 années aux barjots de 6:33 pour venir à bout de ce Feary tales for the lullabies: the dome et retrouver une position dominante sur leur créneau musical. Un créneau simplement inclassable où se mêlent rock, électro, jazz, metal, groove, 80’s, 40’s… Ceux qui connaissent 6:33 le savent, la surprise est partout. Des sons et des arrangements qui interpellent, fun et cartoonesques – les Looney Tunes doivent être aux aguets – et ne lassent jamais. De Wacky worms à Hangover, les 11 titres de ce nouvel album filent à toute allure et distillent une jolie dose de bonne humeur. Le trépidant Holy golden boner se dispute la palme du groove entraînant avec Rabbit in the hat ou Flesh cemetary, voire Release of the he-shes. Chaque chanson a ses particularités et dingueries, 6:33 proposant une musique limite schizophrène. Le groupe a ici décidé de ce recentrer sur l’efficacité de son propos en ne proposant aucun morceau « long » (aucun n’atteint les 10′) mais continue de marier les genre dans l’esprit d’un Faith No More ou d’un Mr Bungle allumés.   Egalement, mais c’est là un « détail » visuel, les masques sont tombés, 6:33 ayant décidé de jouer à visage découvert afin de se rapprocher de son public. Mais le visuel demeure, à l’instar de cette pochette aux couleurs fluo. L’immensité de la mégapole dans laquelle le héros cherche le succès. Et si l’album s’intitule « (…) : the dome » c’est bien parce qu’une suite est prévue. Feary tales est une vrai réussite dont on espère que cette suite promise arrivera rapidement. Pas trop, quand même, laissez nous le temps de nous délecter de cette merveille.

Interview: 6:33

Interview 6:33 – Entretien avec Flo « Rorschach » (chant). Propos recueillis par téléphone le 8 octobre 2021

Photo promo

Metal-Eyes : Nous nous étions rencontrés lors de votre passage en ouverture des locaux de Wild Dawn en 2016 à la salle Eiffel d’Orléans. Votre précédent album remonte à 2015. Que s’est-il passé depuis ?

Rorschach : Il s’est passé deux-trois enfants qui sont arrivés, Nico a aussi déménagé, il a monté son studio, cela plus un confinement, plus une musique assez complexe à composer et à enregistrer… Voilà, ça passe finalement assez vite… On a décidé de se lancer dans la compo fin 2017. Après Deadly scenes, on s’est concentrés sur le live et en 2017 on s’est mis sur les premiers morceaux. Après ça, comme je te le disais, j’ai eu mes enfants, Nico aussi, et on ne peut pas se retrouver à faire autant de musique… On ne s’est, en plus, pas mis de barrière de temps, on voulait aller au bout de ce processus complexe. C’est vrai que sur la fin, le confinement n’a pas arrangé les choses, mais voilà…

 

Metal-Eyes : Que peux-tu nous dire de ce nouvel album, Feary tales for strange lullabies ?

Rorschach : C’est un album qui est dans la continuité de ce que nous avions commencé à créer sur l’album précédent. C’est le troisième album auquel je collabore avec 6:33. Sur The stench from the swelling, il y avait Arno Strobl qui faisait l’intérim entre le premier chanteur et mon arrivée, je n’ai écrit que deux morceaux sur The stench, et c’est pour ça, je pense, qu’on a rapidement voulu écrire plus, Nico et moi et Deadly scenes est né assez vite. Sur cet album, il y a déjà les prémices d’une ville, d’un univers parallèle et on a continué dans ce délire, on a créé cette mégalopole qu’on a appelé The dome. On a monté un nouveau concept, on a raconté l’histoire de ce jeune homme qui monte de sa province et qui veut devenir une star de la musique, essayer, en tout cas. Il va rencontrer des personnages hauts en couleurs. Ça me fait un peu penser à Sin city, avec une histoire et des spin off, des personnages qui forment l’histoire. On a écrit cet album dans cet esprit-là, avec des images et un son très années 80/90 parce qu’est ce qui nous a construits en tant que personnes et en tant qu’artistes. Toute cette pop culture vec laquelle on a grandi, on a voulu la retransmettre à notre manière.

 

Metal-Eyes : C’est ce qui est écrit sur le CD : « un jeune homme en quête de gloire et son voyage initiatique dans le monde du show-biz » : est-ce que c’est autobiographique ?

Rorschach : Complètement ! C’est moi qui écris les textes. Moi aussi, je suis monté de ma province de Haute Savoie, d’un village qui s’appelle Chamonix où la musique n’était pas un sport national. Je suis allé faire une école de musique à Nancy avant de venir à Paris. Oui, c’est autobiographique, mais en même temps les thèmes que j’ai voulu aborder sont aussi différents, même s’il y en a que j’avais à cœur d’exprimer, comme les femmes, ou un groupe de transsexuels qui deviennent des super-héros la nuit pour venger la veuve et l’orphelin… Il y a des thèmes qu’on voulait aborder et qu’on traite de manière un peu parallèle… On raconte des histoires, quoi !

 

Metal-Eyes : sur fond de musique assez indescriptible, ce qui est un peu votre marque de fabrique. Alors, justement, comment décrirais-tu la musique de 6:33 à quelqu’un qui ne vous connais pas pour l’inciter à vous découvrir ?

Rorschach : Ah, c’est toute la question ! Le terme que j’aime bien en ce moment, c’est fun et prog : il y a une base prog avec des trucs qui partent assez loin, mais toujours sur fond joyeux. Il y en a d’autres qui vont appeler ça du nawak metal, une sorte de metal un peu fourre-tout, mais c’est difficile de donner un terme.

 

Metal-Eyes : Et comment analyserais-tu l’évolution de 6:33 entre Deadly scenes et Feary tales ?

Rorschach : On se découvrais vraiment, Nico et moi, avec Deadly scenes, là on se connait mieux, au niveau de la composition. On a affiné tout ça et je pense que la patte du groupe se définit de mieux en mieux, un peu plus léchée, directe aussi. L’album commence avec Wacky world qui entre directement dans le sujet, il n’y a plus de morceau fleuve de 12’ comme on avait avant, donc plus direct, okus accessible tout en étant aussi chargé en information et en… bordel.

 

Metal-Eyes : Je confirme, les deux termes ! C’est aussi ce qui fait que vous maintenez l’auditeur en éveil. C’est aussi très cartoonesque à la Looney tunes… Il ne faut chercher ni le sérieux ni le ridicule, mais il ne faut pas non plus en avoir peur.

Rorschach : C’est exactement ça, le Looney tunes sont dans Whacky world avec du Tim Burton, du Sin City.

 

Metal-Eyes : Le titre de l’album se termine par « : the dome ». Ça évoque la possibilité d’une suite…

Rorschach : Oui, il y aura une suite. Il y aura bientôt les paroles sur internet, utiles parce qu’on comprend mieux ce qu’il se passe, et, en effet, il y aura une suite, un second album qui clôturera l’histoire. Je ne peux pas t’en dire beaucoup plus car on sort à peine de celui-là et on ne s’est pas encore penchés sur la suite. On ne s’est pas encore penché sur le ragga ou le reggae, mais je ne pense pas non plus…

 

Metal-Eyes :  En même temps, vous êtes spécialisés dans les mélanges de genres, alors si ça matche et que ça vous plait…

Rorschach : Exactement, tant que ça nous parle, on y va.

 

Metal-Eyes : Musicalement, les gens qui vous connaissent savent que vous proposez une musique barrée, ceux qui vous ont vus sur scène savent que votre spectacle est très visuel. Vous portiez des masques avec un côté Watchmen, zombie, Anonymous… c’est toujours le cas ?

Rorschach : On a tombé les masques. Il y a plein de raisons, mais surtout, ça nous coupait du public sur scène, ça mettait une sorte de barrière entre nous qui commençait à nous peser. Et il y a eu le Covid, on porte tous des masques, ça a joué aussi. Le line-up a changé un peu et on s’est orienté vers quelque chose de plus… authentique, plus dans l’esprit de groupe – on a un batteur maintenant…

 

Metal-Eyes : Mais vous gardez le même esprit ? J’ai ressorti le report de votre concert d’Orléans et à un moment, tu dis au public « Maintenant qu’on se connait un peu mieux, voici une chanson d’amour. Parce qu’on vous aime et que… on a envie de baiser ! » C’est toujours le même esprit ?

Rorschach : Grave ! L’amour et l’envie de baiser, c’est toujours là (rires) !

 

Metal-Eyes : ce n’est pas que lié à la personnalité un peu schizo de Rorschach ?

Rorschach : Non, les masque faisaient partie du show, on était des super-héros un peu chelous, un peu à la Watchmen. Ce qu’on a créé sur The dome, c’est une esthétique assez visuelle.

 

Metal-Eyes : Alors aujourd’hui, à quoi faut-il s’attendre sur scène ?

Rorschach : On garde l’écran sur scène, mais on s’adapte un peu. Avec des couleurs 80’s, 90’s, des boules à facettes, des néons qui claquent… Au niveau des fringues, on a développé quelque chose d’assez… universitaire. Au niveau du dôme, on a quelque chose avec des casquettes, un logo 6:33…

 

Metal-Eyes : On retrouve ces influences 80’s et 90’s, et la pochette m’évoque même Blade runner…

Rorschach : Ouais, génial ! C’est exactement ça, un mélange de Blade Runner, Metropolis, du Gotham de Tim Burton avec une ambiance pesante un peu à la Ghost in the shell. On voit bien que cette ville est énorme.

 

Metal-Eyes : Et ce personnage, même s’il est plus imposant que les autres, on le sent perdu face à l’immensité de ce dôme devant lui…

Rorschach : C’est ça, l’immensité de la ville de cette mégalopole écrasante. Je suis ravi que ça te parle, c’est exactement ça.

 

Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’un seul titre de cet album pour expliquer à quelqu’un qui ne vous connait pas ce qu’est le groupe aujourd’hui, ce serait lequel ?

Rorschach : Oh, la, la ! La vache… c’est pas simple de répondre à ça… J’ai envie de te dire Rabbit in the hat, parce qu’il y a un peu de tout dans ce morceau. Il y a un bon tempo au début et ensuite ça part dans l’aérien, il y a beaucoup d’émotion dedans. Si tu demandes à Nico, il te répondra autre chose…

 

Metal-Eyes : Pour le moment, on laisse Nico de côté, c’est avec toi que je parle

Rorschach : Ah, ah ! Oui, alors Rabbit in the hat !

 

Metal-Eyes : Une toute dernière chose, si tu devais penser à une devise pour 6:33, ce serait quoi?

Rorschach : Ah… « Ne vous prenez pas au sérieux mais faites-le sérieusement ».

 

Metal-Eyes : Ok, ça me parle, on garde ! Merci pour cet échange, j’espère vous retrouver bientôt sur scène !

Rorschach : Merci à toi, pour ton temps, merci d’apprécier l’album aussi. Ca fait du bien d’avoir ce type de retour de votre part à tous.